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Gimme A Shot To Remember
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Mar 17 Jan - 14:39



Gimme a shot to remember


Sortir dans les bars ne te réussit pas toujours, et pourtant, tu recommences, inlassablement. Des bagarres mémorables à imputer à cette chimie neurocérébrale qui se déséquilibre si facilement, tu en as eu des tas ces derniers jours. Tu t’es senti fort, indomptable, puissant, surhumain. Tu avais à la place des mains des machines à broyer des os, et des muscles aussi résistants que de l’acier. Tu te sentais si bien que tu étais oublieux, tu n’as pas réalisé ce qu’il se passait. C’est toujours comme ça, pour tout. Il n’y a que dans la descente qu’on se rend compte que quelque chose cloche depuis le début. L’état de grâce s’était évanoui, ne laissant derrière lui qu’un manuscrit décousu mais bien entamé et des ecchymoses sur ton corps et ton visage.

L’épuisement t’as emporté dans son courant irrésistible, et tu t’étais enterré vivant dans ton lit. Tu n’en es sorti que parce que tu sais exactement ce qu’il se passe et que tu refuses que ça ne guide de nouveau ta vie. Tu détestes ça mais tu es reparti chez le psy. Tu as repris de nouvelles doses de sels de lithium. T’es toujours mort à l’intérieur, mais au moins maintenant tu t’en fous. Et tu risques pas de tuer quelqu’un par inadvertance, en proie à la joie extatique d’avoir du pouvoir sur autrui.

Tu refuses encore d’admettre que la personne qui est le plus à même d’être tuée dans l’histoire, c’est toi. C’est trop déprimant. De toute façon, tout le monde sait que tout le monde ment, tout le monde meurt et tout le monde va en enfer. C’est pas si grave, dans le fond. Rien n’est vraiment grave, puisque rien ne compte réellement. Réellement. La réalité, c’est quoi ? Pff. Du vent.

Les médocs te font sentir assez bien pour aller voir comment va le monde extérieur, cette illusion. Tu es un courant d’air dans le vide intergalactique, intangible. Tu ne sens plus ton corps, ton cerveau trop court-circuité, détaché de lui-même, tournant à vide comme un vélo d’appartement sur lequel un fantôme pédale. Le moment idéal pour t’asseoir derrière un comptoir, et commander une bière.

Tu ne connais pas cet établissement, mais le nom t’a attiré. Si tout le monde va en enfer, tu préfères te pointer en avance au Hell’s Verse. Il est encore tôt et l’ambiance n’est pas au rendez-vous, mais ça te va. Pas besoin de foule pour te prouver que ton existence, comme celle des autres, est vaine et n’a aucun sens. Étrangement, dans cet état d’esprit où rien ne t’intéresse, c’est précisément ce dont tu te fous autrement qui finit par avoir de l’importance. T’es pas du genre à flirter, encore moins à coucher. T’es pas vierge pourtant, mais depuis quelques temps, c’est devenu si secondaire que c’en était sûrement tertiaire. Mais ce soir, à cet instant précis, tu voulais te sentir vivant, et pas en tabassant quelqu’un. Tu ferais mieux de repartir dans ton appart à Prénova mais non. Pas tout seul. Ça fait trop longtemps, putain.

Pour ça, t’aurais pu aller au Sleipnir, mais t’es pas sûr qu’on veuille encore de toi là-bas. Tes mains tremblent quand tu les poses sur ta choppe, tu lèves les yeux pour mater le barman. Nan, ça se fait pas de faire du gringue au mec qui bosse là. Bordel. a) tu dois juste être le millionnième à faire ça et b) il est sûrement hétéro, comme tout le monde. Tu te fous une tarte mentale à cette pensée, et tu ris doucement, pour toi-même. Voilà, tu vas passer pour un cinglé alors que bon, t’es juste bipolaire. T’as le droit de devoir lutter contre ta dépression au risque de tomber dans l’excitation la plus totale, hein, non !? What the… Sérieusement. Tu te prends le front entre le pouce et l’index après une gorgée de ta bière, et en relevant la tête, tu ne peux pas t’empêcher de t’adresser au barman.

— Je vous rassure, je vais pas super bien mais j’suis pas dangereux. Vous devez en avoir treize à la douzaine, des connards dans mon genre.

Tu ricanes mentalement à une blague tout aussi mentale. Ça te fait toujours autant marrer de jouer sur les sens du mot “genre”, mais tu épargnes ça à ce pauvre barman.

— Je m’appelle Prosper. J’aime bien ce bar.

Tu lui demandes pas son nom : il a le droit le garder pour lui s’il le veut. T’as aucun droit de le draguer lui, alors que tu pourrais juste amputer ton salaire pour pallier ta solitude, sans faire chier personne. Bon, sauf les victimes d’un système prostitutionnel duquel tu te rendrais complice alors qu’en temps normal, tu le dénonces volontiers. T’es pas encore assez désespéré pour être hypocrite. Non, tu l’es juste assez pour être réaliste et parvenir à la conclusion logique qu’en temps que monstruosité slash erreur de la nature slash cinglé, c’est normal que tu restes seul.

AVENGEDINCHAINS

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Mar 17 Jan - 20:06




Sortir ? Quel drôle d'idée. La sortie de son apparrement ne l'appelait que pour aller s'occuper de son bar la plupart du temps. Non pas qu'il était antisocial mais, il avait assez que les poivreaux de comptoir à s'occuper pour aller se mêler à la triste vie des autres. Ou alors, peut-être que si, il était réellement antisocial. Dans tous les cas, sa journée n'avait fait que commencer malgré les heures accumulées depuis qu'il s'était levé. Jonathan attendait et répétait les mêmes gestes depuis le début de la journée. Pour autant, il ne s'ennuyait pas. Bien au contraire, le rouquin avait profité de la tranquillité de l'après-midi pour reposer sa tête. Des migraines et des fièvres, les médoc's ne pouvaient plus rien faire pour l'aider. De temps en temps, il allait s'évader dans l'arrière cuisine en laissant la surveillance de l'établissement à la serveuse. Une serveuse qu'il n'aimait pas spécialement. En faites, il s'en foutait. Il l'avait pris en pitié une fois alors qu'elle dormait à la porte du Hell's Verse et depuis, c'était devenu un peu sa maison. Elle le remerciait quasiment tous les jours et pourtant, Jo' ne montrait aucun empathie à son égard. Ou alors, c'était peut-être autre chose. De la reconnaissance ? En quelque sorte. Depuis qu'elle était là, le rouquin se piquait de moins en moins en douce parce qu'elle l'occupait à autre chose. Mais, elle avait fini son service depuis maintenant une heure et, il était seul. Dans sa bulle du moins.
Des gens qui rentraient du boulot étaient venus se détendre. Les premiers fêtards étaient arrivés aussi mais, ils étaient tranquilles. Suffisamment pour ne pas sonner Jonathan toutes les cinq minutes pour un autre verre en tout cas. Chose qui ne durera pas dans quelques heures. Un peu de Juda Priest en guise de musique de fond, le barman essuyait ses verres tandis qu'un autre client s'était installé au comptoir. Un client dépressif. Ou alors, sa tête était trompeuse. Il ne respirait pas la joie de vivre mais, le petit con qu'il était ne l'avait pas spécialement pris en pitié. Il s'était contenté de le servir comme il le faisait pour tout le monde.

Pas de traitement de faveur, c'était son code d'honneur. Ce point et aussi celui où il se permettait d’éjecter les troubles-fêtes si jamais quelques braves faisaient trop de bruits. Il se sentait méchamment observé par cet homme. Comme dit, ça ne serait pas le premier. Il avait créé cet espèce de carapace digne de résister aux plus belles créatures. Masculins inclus. Ce n'était pas quelques choses de récurrents mais, sa condition de vie lui avait permis de se faire une raison et de ne plus courir les jupons. Ce n'était pas franchement agréable de vivre avec un gars qui pouvait s'enflammer à tout moment et sans aucuns contrôles. C'est un truc à finir en barbecue juste parce qu'il avait trop stressé. Le calme était devenu sa façon de résister et de ne pas céder à la tentation. Un espèce de devoir qu'il s'était imposé. Pour autant, lorsque le commentaire de cet homme était partit, il ne pu s'empêcher de décrocher un sourire. A croire que la carapace avait quelques brèches tout de même.

-Si je devais avoir peur de toutes les personnes qui me reluquent, ça ferait longtemps que j'aurais fermé boutique. Donc non, je n'ai pas peur de toi. Et tu peux me tutoyer, je suis pas ton père.

Trop jeune pour ça et pas trop la possibilité de l'être. Ne serait-ce que pour la carrure. Il aurait hérité de sa dégaine de crevette si vraiment ça aurait été son paternel. Et peut-être de son amabilité à faire pâlir Gandhi au passage. Il ne fallait pas en tenir rigueur à Johnny. La fatigue commençait à grignoter son calme et le fait que le bar allait être plus bruyant à l'avenir le mettait sur la défensif.

-Dans ton genre, non. J'en vois pas tant que ça. C'est plutôt le genre couguar dégueulasse que je vois le plus souvent. Pas de peau pour elle, c'est pas mon préféré. Un autre verre ?

Il en avait besoin. Son regard criait "Oui, please, sers moi encore !". Un verre, hein ? On ne s'emballe pas. Quoi que, s'il était gentil, il serait pas contre à lui faire un câlin mais, c'est loin d'être un bisournous. Prosper donc ... Charmant. Le tact de ce gars le faisait sourire. Et, foi de créateur, le sourire sincère de Jo' était aussi rare qu'une poule avec des dents. Quand il se mettait à sourire, c'était souvent lorsqu'il était en Bad Trip. Ce qu'il croit être un Bad Trip du moins. Et comme ça serait impoli de ne pas renvoyer la politesse, le rouquin avait de nouveau ouvert la bouche.

-Enchanté et merci. Fais comme chez toi tant que ce n'est pas le désordre. Jonathan. Mais je préfère qu'on m'appelle Johnny.

C'est plus cool et moins gamin que Jonathan à son gout. Et puis, aussi loin qu'il se souvienne, on l'appelait toujours ainsi. Un peu plus et, il aurait oublié son vrai nom comme un idiot. Il ne serait pas contre cela dit.

© charney
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Mer 18 Jan - 0:38



Gimme a shot to remember


Tu dois pas avoir une tête trop effrayante, car le barman te sourit. Il est mieux comme ça, mais tu te retiens de le lui faire remarquer. Non, tu lui rends juste son sourire, sans te rendre compte que le tien se teinte d’une pointe de tristesse. La désillusion, le désespoir, l’absence totale d’attente dans cet échange qui restera vain quoi qu’il arrive. Infructueux, mais pas désagréable pour autant. Rien que pour ça, ça valait le coup de le prolonger autant que faire se peut.

Alors ouais, c’est vrai qu’il est pas ton père, mais dans le doute, tu préfères toujours être poli. On n’allait pas t’en vouloir pour autant, quand même ? Tu inclines la tête pour montrer que tu as compris, mais tu ne peux t’empêcher de répondre :

— Mon père n’a pas des cheveux si flamboyants. Ni ton sourire.

P’tain c’est pitoyable. Tu fais du gringue au barman comme un débutant, tu fonces tête la première comme un rhinocéros laineux des collines de l’ouest, et t’espères vraiment ne pas te prendre un mur ? L’espoir fait vivre. Tu ponctues ta punchline minable par une autre gorgée, une très longue gorgée. En fait, tu viens de finir ton verre, mais c’est pas grave : le barman te demande si t’en veux un nouveau. Il a bien compris pourquoi t’étais venu dans son bar. Pas l’temps d’niaiser.

— Ouais.

T’es pas une cougar mais il te considère peut-être comme dégueulasse, t’en sais rien. T’as taillé ta barbe il y a quelques jours, t’as eu le courage de te coiffer avant de sortir, et t’as des fringues propres, mais ça ne veut pas dire qu’il ne voit pas en toi un autre clodo en manque de compagnie. Tu détournes le regard, soudainement absorbé par les rayonnages de bouteilles. Tellement de couleurs, tellement de possibilités…

Et puis tu te décides à te présenter. Tu demandes pas au barman d’en faire de même, et c’est peut-être ça qui le pousse à le faire. Psychologie inversée. Il s’appelle Jonathan mais ne semble pas apprécier son prénom de base, ce que tu trouves assez étonnant. Tu préfères Jonathan à Johnny, mais tu ne fais aucun commentaire. Chacun a bien le droit de choisir comment se désigner.

— Ok, Johnny. T’en fais pas, j’suis plutôt du genre maniaque.

Damn, cette vanne pourrait être drôle si seulement c’était pas si vrai. T’es littéralement maniaque quand t’es pas dépressif : tu dors plus, tu t’agites parfois (souvent) en vain, tu fais plein de trucs comme si t’étais le roi du monde, t’es shooté à la cocaïne en ayant les veines et les narines clean.

— C’est ton bar, ou t’es juste employé ici ? J’aime bien, c’est cool…

Fait gaffe Prosp, tu te répètes.

— La musique surtout.

Un autre sourire naît sur ton visage : tu trouves toujours dommage qu’un cadre sympa soit souvent pourri par une musique trop commerciale, sans âme, jetable comme la capote qu’elle t’encourage à sortir. Là, c’est un peu plus… pour les connaisseurs.


AVENGEDINCHAINS

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Sam 28 Jan - 17:17




Johnny avait vu tellement pire que ce pauvre bougre venu noyer sa perte totale dans son bar, ce n'est pas lui qui allait l'effrayer. Ou du moins, pas encore. Il n'était pas doué avec les autres de bases. Ce qui peut être considéré comme un handicape quand on a son boulot, on est d'accord. Mais, tout lui échappait. À moins que lui-même soit effrayé de l'admettre ? Il enviait ses personnes qui se baladaient dans la rue sans complexe tout comme il enviait ceux qu'avaient une bonne raison de se soûler la gueule à trois heures du mat' parce que la copine avait décidé de se casser. Bon, même s'il n'est pas d'accord à admettre que ceci soit une raison pour se foutre en l'air mais bon, passons. Après tout, ça lui remplit sa caisse, il n'allait pas s'en plaindre. Dire que son boulot n'était pas loin de celui de croque-mort, à tirer profit du malheur des autres. Ouai, sauf que Jo', il avait tout de même le petit truc en plus. Son impartialité lui permettait aussi de pouvoir tenir la confession sans jugement. En plein cœur d'un bar qu'à les Enfers dans son nom, paye ta subtilité ! Il a bien du mal à croire à un bon dieu là-haut sur son petit nuage alors, il n'y pas de raisons qu'il s'en veuille parce que les mecs préfèrent venir se confesser dans son bar plutôt qu'à la maison de Dieu. Il a qu'à mieux faire son boulot après tout.
Faut pas lui en vouloir à Johnny, les cadors qui entraient dans son bar avaient renforcé sa carapace et son tact. Dans le mauvais sens du terme. Il était très exigeant sur les distances dans son bar. De montrer que, malgré sa bonne tête, c'était lui le patron. Après, à l'extérieur, c'est la fête du slip, il s'en contrefout. Mais en attendant, le petit compliment sans aucune subtilité lui avait cloué le bec. Pour ne pas dire déstabilisé. Il avait un peu bugué mais, avec le sourire avant de reprendre.

-C'est bien renvoyé, j’admets. Mais …. c'est trop facile.

Trop facile pour qui, pour lui ou pour l'autre ? C'est trop facile tout court en faites de lancer ce genre de choses. Ça ne faisait qu'augmenter la méfiance de Jonathan qui ne savait pas dans quel but ce nouveau client faisait ça. Enfin si, il savait. Mais pour le bien de sa notoriété entre ses murs et pour éviter les joues rouges, il préférait l'ignorer. Un petit signe de nervosité et puis, plus rien. Il devait se calmer au plus vite s'il ne voulait pas avoir ces putains de bouffer de chaleurs. Qui n'étaient pas forcément à l'origine de la gêne, qu'on soit d'accord. Le rouquin avait repris très vite ses esprits quand il lui avait répondu oui à sa proposition. Le barman avait alors repris un verre propre et son regard échangeait entre Prosper et le rayonnage de bouteille.

-Tu veux quoi ? La même chose ou t'as le goût du risque ?

C'était lancé sur la plaisanterie cette affaire alors, autant continuer dans le même ton. Le barman ne souriait plus trop. Enfin si mais, une légère esquisse sur le coin des lèvres. Il se présentait comme Prosper. C'est plutôt originale comme nom, ça doit être la première fois qu'il l'entend. Pas comme Jonathan où c'était mit à toutes les sauces. À tel point que c'était chiant d'ailleurs. Sans parler de Johnny. P'tain, même son surnom est bourré de clicher autant que lui de médoc', c'était nul. Il allait finir par faire un sondage pour avoir un nouveau pseudonyme à se donner. Prosper était maniaque donc ? Ça tombait plutôt bien, ce n'était pas le cas de tout le monde ici. Le plus souvent, ça puait l'huile de vidange et la clope parce que la moitié de ses clients étaient des bikers. Paye ta séance fantasme avec cuir et moustache. C'est les demoiselles qui devaient être ravis. Le barman n'avait pas le temps de se marrer à de telles pensées. Et puis, ça ne ferait pas sérieux du tout.

-Cool parce que des bordéliques, y en a ici. Ça me changera ! Son sourire s'était élargit, sincère avant qu'il ne reprenne pour répondre à la question. C'est mon bar et j'ai juste une employé en faites.  Ravis que ça te plaise en tout cas. Et toi, tu bosses dans quoi ?

Bordel, il était décidément trop sensible aux compliments de cet homme. Pourquoi ? Il en savait rien. Ce type avait l'air malheureux tout seul. En temps normal, il aurait torché les compliments avec un intérêt inexistant pour éviter toutes dérives. Là non, ce n'était pas pareil. Il avait l'air suffisamment bouffé par le chagrin pour que Jo' se montre vraiment désagréable. Oui parce que là, il ne l'était pas encore.

© charney
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Mer 1 Fév - 13:16



Gimme a shot to remember


Dire que tu n’es pas d’humeur à être subtil serait faux : tu es littéralement incapable de l’être. En plus de ne pas en avoir l’envie, tu dois bien avouer. Tu dis ce qui te passe par la tête sans réfléchir, sans filtre ou presque, parce qu’au final t’espères pas grand-chose. Si le barman finit par appeler un videur pour te foutre dehors, tu l’auras bien mérité. Tu sais bien que t’es lourd, tu sais juste pas comment changer ça, ni si ça vaut vraiment le coup d’essayer. Autant qu’on te prenne comme tu es, ou pas du tout. Tu soupires et tu ne peux t’empêcher de sourire à la remarque du barman. Ouais, c’était beaucoup trop facile, tu le savais. Tu hausses les épaules en signe d’excuse.

— Pourquoi toujours vouloir faire compliqué ?

Tu te penses déjà beaucoup trop compliqué pour la majorité des gens, tu n’as pas envie de jouer les retors et les mystérieux dans tes paroles. Surtout qu’apparemment, t’arrives quand même à le faire, sans que ce soit volontaire. Un nouveau soupir. Quand le barman te propose un nouveau verre, tu hésites un court moment avant de répondre seulement :

— Ce que tu veux, surprends-moi.

Après tout, c’est lui le spécialiste des boissons, autant lui faire confiance, à lui et à sa gueule d’ange. Elle est peut-être mensongère, mais ça t’es égal : tu as appris à ne pas croire aux apparences en travaillant à Hydra, mais tu ne peux pas t’empêcher d’espérer qu’enfin, quelqu’un soit ce dont il a l’air. Chercher derrière les façades est putain de fatigant et t’as bien besoin de vacances.

Façades. C’est drôle en fait, parce que t’es architecte et que justement, Johnny vient de te demander dans quoi tu bossais. T’es pas assez fou pour parler de Hydra, bien sûr, du coup comme d’habitude, tu restes vague.

— Architecte. Je sais, j’ai pas trop la gueule de l’emploi, mais bon. J’écris aussi, à mes heures perdues.

Ça te passe le temps et avec un peu de chance, un jour tu en feras peut-être quelque chose. Tu n’as rien trouvé de mieux pour canaliser les flots de mots qui te surgissent parfois dans la tête quand tu te sens “bien” sans pour autant l’être réellement. Après ta dernière crise de manie, tu avais retrouvé un manuscrit de 200 pages mais tu avais renoncé aussi sec à le relire. La moitié est sûrement bonne à jeter et l’autre va être une horreur à remanier et à réécrire. Rien que d’y penser, t’es épuisé.

AVENGEDINCHAINS

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Sam 4 Fév - 22:42




Il ne disait ça que pour taquiner ce pauvre Prosper. Ou bien simplement lui renvoyer la balle, dresser les barrières et … Pourquoi faire d'ailleurs ? Il est majeur et vacciné, il n'aurait pas de quoi s'en faire normalement. Un petit soupir intérieur s'était échappé de la bouche silencieuse de Jonathan. Par moment, il se disait souvent qu'il est trop con et qu'il devrait arrêter de parler avec cette voix dans sa tête. Sa conscience, on ne s'emballe pas, il n'est pas schizophrène. Quoi que, depuis peu, il a quelques petits doutes quand même. Il a bien essayé d'en parler à ses parents mais, rien à faire. Il n'avait pas eu le courage ni l'envie de pousser le vice avec ces deux connards qui lui avaient foutu leur pied au cul pour qu'il dégage de la maison. Il ferait mieux de discuter plus souvent avec sa petite voix, ouai. Au moins, quand on discute avec soi-même, on est souvent d'accord. Ou alors, tout ça n'est que le fruit d'une longue réflexion parce que Johnny était embarrassé de se faire draguer dans son propre bar. Il a chaud d'un coup. Pas encore cette fièvre ! Ah non, ce n'était pas ça, c'était autre chose. Pourtant, c'était aussi le champion du self-contrôle étant donné qu'il s'était retourné vers ce nouveau client qui répondait à sa remarque.

-Hum, je sais pas. Parce que personne s'est posé la question avant peut-être ?

Le monde en lui-même était compliqué, pourquoi ses habitants seraient plus simple que lui ? Et puis, ce n'était qu'une stupide réplique qu'il avait balancé pour pas que sa coquille défensive ne soit percée. Le regard un peu ailleurs, il s'était rapidement concentré de nouveau pour écouter la réponse de Prosper. Ce qu'il voulait ? Oh … En voilà un bon dilemme. Jonathan n'était pas dans la tête de ses clients en général. Pour autant, il avait une petite idée en tête. Le rouquin avait sortit une flûte et les bouteilles de Cognac, de Curaçao, de liqueur de menthe vertes, crème fruit de la passion et sirop de grenadine. Ça faisait un petit moment qu'il n'avait pas fais ce cocktail alors, pourquoi pas essayer. Et puis, il fallait un message positif pour ce pauvre barbue alors, quoi de mieux que Wolrd Champion ? N'y voyait aucune ironie dans son message, c'est un encouragement.
Johnny faisait particulièrement attention à ce que les étages soient bien visible et une fois terminée, c'était aux couleurs de la Jamaïque que le verre se paraît. Et on ne dira pas que c'est ce qu'il s'enfilait par dizaine tous les soirs pour déshydrater la bouche devenue seiche à cause des joints fumants dans le cendrier.

-Tiens, ça s’appelle World Champion, prend pas ça comme une moquerie. Plutôt comme … un message positif. Le barman avait haussé les épaules, riant doucement en sentant que son histoire allait être pris pour une grosse connerie.

Allons bon, si ça détendait l'atmosphère, ce n'était pas grave. Au moins, il aura réussi à redonner le sourire à quelqu'un à défaut de pouvoir avoir le sien sur commande. Rangeant les bouteilles à leurs places, Jonathan sentait pertinemment que ce soir, la conversation était à l'honneur et c'est pour cette raison qu'il s'était permit de poser la question de son job. Juste pour avoir de quoi supposer et expliquer cette état de cadavre délavé. Architecte ? Pourquoi pas, Johnny ne connaissait pas beaucoup ce métier. Hormis les motos, donc la mécanique, et son bar à gérer, il n'avait jamais réellement chercher à faire quelque chose d'autre. Si, le commencer, en dealant de la beuh mais, comme c'est un bien piètre négociant et un bon fumeur, ça n'avait pas duré.

-C'est pas dégueu comme boulot ? J'écris un peu aussi, ça m'aide à souffler. Et toi, c'est pour quoi que tu écris ? Pour raconter des trucs ou pour vider ton sac ? Est-ce que les questions étaient trop personnelles ? Hum … Si on joue là-dessus, on ne peut pas dire que pour le moment, c'est Johnny qui remporte la coupe du mec le moins tact du monde.

© charney
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