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Is it working out for you ?~Peter
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Sam 4 Fév - 0:13

Peter & Lukas

Struggling to pretend this is alright

La table de la salle de réunion est recouverte d'une myriade de couleurs, comme une mosaïque composée uniquement de photos. Le plus étonnant la dedans, c'est qu'aucune d'entre elles n'a été prise en tenant compte des autres et pourtant, je trouve qu'il y a une certaine harmonie dans leur agencement. Non pas que ce soit important, après tout si je me tiens accompagné de Reinier aujourd'hui, ce n'est pas pour admirer les oeuvres, mais plutôt en sélectionner une pour qu'elle devienne la couverture de son nouveau livre. J'aime beaucoup travailler avec lui, il est calme, sans cette exubérance qui semble être commune à tous les auteurs ou presque (principalement aux mauvais auteurs, en fait), et surtout il sait ce qu'il veut. C'est d'ailleurs lui qui a suggéré que l'on choisisse la couverture du livre de cette manière peu conventionnelle, et ça ne m'étonne pas vraiment : il a toujours eu un je-ne-sais-quoi de fantaisiste, une certaine bienveillance de l'artiste. Et ça me va très bien, parce que choisir une couverture parmi des photos prises par des amateurs pour le concours que nous avons lancé est bénéfique pour tout le monde ; Reinier peut suivre son délire créatif, l'heureux élu a son moment de gloire et la somme d'argent qui va avec, et mon entreprise économise en s'épargnant les services onéreux d'un professionnel tout en se créant une base de futurs collaborateurs. S'il ne peut y avoir qu'un seul gagnant pour cette couverture, ça ne veut pas dire que je n'ai pas repéré de mon côté des photographes auxquels je pourrais faire appel par la suite. Si tant est qu'il y a un gagnant, évidemment. Il se peut très bien que Reinier ne trouve pas son bonheur. Dans ces cas-là, il y a toujours la couverture proposée par l'entreprise et qui a déjà été approuvée, on n'aura plus qu'à prendre un stagiaire comme pseudo gagnant et tout le monde n'y verra que du feu. Mais tout ce petit manège ne sera pas nécessaire, parce qu'il semblerait que Reinier ait fait son choix : il se penche sur la table pendant quelques secondes, pose son doigt sur un des clichés et tourne la tête vers moi, tout sourire. Bon, le choix est fait, son travail ici est terminé et le mien ne fait que commencer.

***

Mes doigts volent sur le clavier de mon ordinateur, tapant au rythme de mes pensées avec une précision mortelle, mes lunettes vissées sur le bout de mon nez et mes sourcils froncés : la posture d'un PDG en pleine action. Je suis absolument débordé aujourd'hui, un des responsables est malade et je me retrouve à devoir traiter ses dossiers pour ne pas prendre de retard avec des clients importants, en plus de mes charges de directeur, le téléphone n'arrêter pas de sonner, mon secrétaire Chandler m'interrompt sans arrêt pour me faire passer des messages de mes collaborateurs qui se sont donnés le mot pour tous venir m'emmerder avec leurs problèmes, et je ne sais même pas si j'ai des réunions aujourd'hui, et si j'en ai, j'espère que ce n'est rien d'important, parce que je ne suis absolument pas préparé.

"M. Quincy, un jeune homme est là pour vous voir." La voix grésillante de Chandler me parvient par l'interphone et me fait sursauter. Il m'irrite au plus haut point aujourd'hui, parce qu'il n'arrête pas de me faire perdre le fil, et qu'il n'est même pas foutu de me dire exactement pourquoi il me dérange, me forçant à chaque fois à lui demander des explications. "Il dit qu'il est là pour le concours photo de M. Eichenwalde. Il a rendez-vous." Merde. Le gagnant du concours photo. Effectivement, c'était aujourd'hui que je devais le recevoir, ça m'était complètement sorti de l'esprit... "Ah, oui, je l'attendais, faites le monter, qu'il frappe à mon bureau. Merci Chandler."

Un petit mensonge de rien du tout, mais ce n'est pas comme si j'avais besoin de beaucoup de préparation pour le recevoir : le petit entretien habituel pour poser deux trois questions histoire de lui faire croire qu'il doit lutter pour que je décide de choisir son oeuvre et qu'il baisse ses attentes, un accord sur un prix mirobolant pour lui et insignifiant pour moi, des papiers qui ne sont qu'une formalité, un petit discours de félicitations, un contrat signé, et en un quart d'heure c'est plié. Voilà une affaire rondement menée. Je cherche dans mon ordinateur le dossier dudit gagnant parce que je ne me rappelle que vaguement de lui, c'est surtout son cliché qui m'importe. Je le trouve, l'ouvre, mais n'ait pas le temps de le regarder parce que je suis interrompu par quelqu'un qui frappe à la porte. Trop rapide pour que ce soit lui, ça c'est certain. "Oui ?" Becky, la directrice marketing apparaît dans l'encadrement et me demande si je compte me joindre à elle pour un rendez-vous avec un de nos auteurs. "Bien sûr, je n'en ai pas pour longtemps avec le gagnant du concours, tu sais comment sont les amateurs. Je te retrouve dans une demie heure tout au plus."

Mon téléphone sonne alors que Becky ferme la porte. L'imprimeur. Encore un qui a bien choisi son jour pour venir me les briser... Je suis en pleine conversation, dos à la porte, regardant par la baie vitrée l'activité urbaine de Hammer Bay, quand j'entends une nouvelle fois toquer à la porte. Cette fois, ce doit être le jeune prodige. Sans me retourner, je lui demande d'entrer et je me dépêche d'en finir avec l'imprimeur. Poussant un soupir, je me retourne et dévisage pour la première fois le jeune homme : la première chose qui me frappe, c'est ce qu'il dégage. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la désagréable sensation de le connaître. Je précise désagréable, parce que je sais que je ne suis pas sensé l'aimer. Une sorte de sixième sens, ça arrive parfois, mais je trouve ça complètement stupide. D'autant qu'il n'a rien de particulièrement désagréable, ce jeune homme... Je me pare de mon plus beau sourire et fais le tour du bureau pour lui serrer la main.

"Enchanté Monsieur..." Je n'ai pas eu le temps de regarder son dossier. Je ne connais absolument rien de lui. Avec tout ce qui s'est passé aujourd'hui, j'avais complètement oublié sa venue. Ce n'est pas une situation désespérée, ça m'arrive très fréquemment vu le nombre de gens que je rencontre chaque semaine. Il me suffirait de jeter un coup d'oeil discret à l'écran de mon ordinateur sur son dossier, pour prétendre que je connais son nom, comme je l'ai si souvent fait. Pourtant, cette fois, je maintiens son regard sans sourciller, mes yeux fixant les siens, presque envoûté par ce charme malsain que je n'arrive pas à m'expliquer. "...Parker. Lukas Quincy." Oui, je connais son nom. Nous échangeons une poignée de main pendant laquelle je ne peux m'empêcher de me tendre imperceptiblement. Je l'invite à s'asseoir d'un geste de la main et retourne à ma place derrière le bureau, bizarrement soulagé de mettre de la distance entre lui et moi. "Alors, j'imagine que vous devez vous douter de la raison de ce rendez-vous, n'est-ce pas ?" Je n'arrive pas à passer outre ma première impression de malaise, mais j'espère que ça va changer quand il va parler. Après tout, il n'y a pas de raison d'être mal à l'aise, non ?
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Sam 4 Fév - 22:15
Bon. Honnêtement, quand j’ai répondu à ce concours et que j’ai envoyé une photo, c’était plus par passion que par espoir de le remporter, même si je sais que mes photos peuvent être belles malgré ce qu’en pense cet imbécile qui me sert de patron. Et puis, il dit ça, mais comme par hasard, il finit toujours par les publier avec les articles, même s’il crache dessus à chaque cliché que je lui apporte. Je me rappelle qu’il était précisé “ amateur ” pour le concours, mais je n’en suis pas vraiment un. J'espérais que ça ne pose pas trop de problèmes… Mais j’ai eu la surprise de recevoir un coup de téléphone m’informant d’un rendez-vous avec le PDG de Uchronia Print. Un sourire a éclairé mon visage alors que je notais l’heure et la date à laquelle il souhaitait me recevoir. Et même si je n’ai aucune idée de ce qu’il va me dire, ça ne m’étonnerait pas qu’il m’annonce que j’ai gagné. Vu le nombre de photos qu’ils ont du recevoir, ils ne vont pas s’embêter à donner rendez-vous à tous les photographes amateurs qui ont répondu à l’annonce.

Du coup, je me prépare, assez confiant. Une chemise et ma veste habituelle. J’ai réussi tant bien que mal à ôter cette tâche de café. Je me remémore un instant cette soirée et un nouveau sourire éclaire mes traits, mais ce n’est pas l’heure d’y repenser. Là, je bascule en mode boulot. J’attrape ma sacoche, y fourre mon appareil, et sort de mon immeuble pour arriver un peu en avance. Je parcours les rues l’esprit léger, les mains dans les poches, avant d’arriver en vue du bâtiment où je suis censé me rendre. J’y entre, cherchant d’un regard un éventuel bureau d’accueil, mais je n’ai pas le temps de le trouver qu’une secrétaire vient à me rencontre et me demande ce que je fais ici. Je lui donne mon nom et la raison de ma venue, alors qu’elle me demande de patienter un instant. Pas vraiment stressé, je fais quelques pas en observant l’architecture des lieux. Ca dure quelques minutes, mais ça ne me dérange pas. Au contraire, ça me conforte dans mon idée que je dois être le seul à avoir eu le privilège d’avoir rendez-vous. Finalement, je sursaute légèrement quand une femme me demande de monter dans le bureau du PDG et de toquer à la porte quand j’y suis. Je la remercie d’un sourire et d’un signe de tête avant de prendre la direction des ascenseurs.

J’y entre avec la main sur ma sacoche, prêt à rencontrer la personne qui va me payer. J’espère que la récompense est assez conséquente pour que ça couvre mes frais de vie, parce que Jameson m’a encore payé avec des clous pour mes derniers boulots et je vais avoir un peu de mal à payer mon loyer ce mois-ci. Comme d’habitude. Un peu d’air à ce niveau-là me ferait le plus grand bien, je dois dire. Et puis, avec un chèque à la clé, je pourrais retourner manger chez Lorenzo. Ca fait un moment que je n’y suis pas retourné et sa cuisine me manque.

Je finis par arriver dans un couloir au mur blanc, assez élégant. C’est épuré, mais j’aime l’ambiance qui s’en dégage. Des personnes vont et viennent sans arrêt. Ca travaille dur, ici. J’ai l’impression de me retrouver dans les locaux du journal, mais c’est presque le même genre de boulot alors ça ne m’étonne pas vraiment. Je finis devant la porte susmentionnée et frappe énergiquement. J’entends une voix m’invitant à entrer et j’ouvre le battant, me retrouvant dans un grand bureau que je détaille avec attention en quelques secondes, laissant mon interlocuteur en finir avec sa conversation téléphonique.

Oui. Mes impressions se confirment. Jamais il n’aurait eu le temps de recevoir des dizaines de photographes. Il finit par se retourner, et sa carrure me frappe. Il est grand, costaud, tout le contraire de ce que j’aurai pu imaginer. Je lui rends son sourire et sa poignée de main. Avant de prendre la parole pour répondre.

“- Enchanté, Mr.Quincy.

Avant de lâcher ses doigts, je sens une tension incompréhensible s’emparer de lui, et je fronce les sourcils. Je me demande ce qui se passe, mais j’oublie bien vite cette sensation alors qu’il me demande de m’asseoir, mettant ça sur le compte du stress. Ce n’est pas un boulot simple, ce qu’il fait. Toujours être sur la brèche… Je retire ma veste et ma sacoche, posant la première sur le dossier de la chaise et la seconde sur le sol, à côté du fauteuil. Je m’y installe alors qu’il se place en face de moi, et il me pose la première question. J’ai l’impression qu’on va jouer à un petit jeu pour se jauger mutuellement avant d’aborder le sujet principal, mais je ne suis pas décidé à me laisser marcher sur les pieds. Alors j’attaque directement avec un grand sourire.

“- Effectivement. Vous avez choisi ma photo comme gagnante de votre concours et nous sommes là pour discuter d’un éventuel contrat pour de futures collaborations. Si nous parvenons à trouver un accord, évidemment.

Je le fixe en souriant toujours. Je veux qu’il comprenne que je ne suis pas un amateur qui en est à son premier rodéo. Depuis que je travaille pour Jameson, ce genre de joute est devenu mon pain quotidien. Et à force, je suis devenu beaucoup plus à l’aise et confiant que lors de nos premières confrontations. Je regarde son bureau et sourit à nouveau avant de le fixer à nouveau.

“- Ne vous en faites pas, je vois que vous êtes extrêmement occupé, je ne compte pas user de votre temps trop longtemps.

J’ai ajouté cette petite phrase pour lui faire comprendre que s’il y a négociations je risque de lui faire perdre un temps qu’il pourrait utiliser pour autre chose, et qu’il vaudrait mieux qu’il n’essaie pas de me rouler. Je sais que ma photo a gagné, je sais ce qu’elle vaut, et il doit lire dans mes yeux que je suis prêt à tout pour obtenir mon dû.
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Sam 11 Fév - 23:07

Peter & Lukas

Struggling to pretend this is alright
Je ne sais pas du tout ce qui me prend, je n'arrive absolument pas à me relaxer. Normalement, ce genre d'entretien avec un inconnu ne me stresse absolument pas, que ce soit avec un auteur professionnel en extérieur, ou ici même dans mon bureau quand je joue à domicile, surtout quand mon interlocuteur est un particulier qui est relativement peu rôder à ce genre d'exercice. Pourtant, avec Parker, je sens une sorte de tension presque palpable, bien que je ne suis pas certain qu'il la sente aussi.

En général, quand je sens que le courant ne passe avec l'un de mes clients ou collaborateurs, j'essaie tout de même de faire le maximum pour détendre l'atmosphère, passant un accord tacite avec mon interlocuteur pour rendre un entretien nécessaire aussi supportable que possible. En temps normal, par exemple, sa réponse m'aurait fait sourire. J'aurais tout de suite compris qu'un beau duel s'annonçait, que la personne en face de moi n'allait pas se laisser impressionner. Que c'est quelqu'un qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui a le sens de la répartie, en bref, tout ce que j'aime. Mais pas cette fois. Cette fois, j'entends cette petite voix au fond de moi qui me souffle que ce jeune homme à l'allure pourtant inoffensive et somme toute assez banale n'est qu'une nuisance dans ma vie. C'est ridicule, complètement absurde et injustifié mais ça ne suffit pas à faire disparaître cette impression de mal-être.

Alors, plutôt que d'être amusé par ses remarques très habilement tournées, je fais mine de ne pas être pour le moins du monde impressionné, hausse un sourcil pour plus d'effet dramatique, et presse l'interphone sans jamais lâché le photographe des yeux, calculant le moindre de mes mouvements. "Chandler, prévenez Becky que je n'assisterai finalement pas au rendez-vous. Et notez que je ne suis disponible pour personne, ne me contactez que s'il y a une urgence et rien d'autre." Je relâche le bouton sans attendre une confirmation quelconque de mon secrétaire, ne pouvant supporter sa voix grésillante une nouvelle fois aujourd'hui. J'ouvre un tiroir de mon bureau, en sors une enveloppe et attrape les deux clichés qui s'y trouvent. Le premier est évidemment celui de Parker, le véritable gagnant. Le second, c'est celui créé par la boîte au cas où aucunes des propositions du concours n'attirent l'oeil de Reinier. Je les regarde quelques secondes avant de les pousser vers le jeune homme délicatement. Avant de reprendre les négociations, j'ai un dernier effet dramatique à rendre, appuyant une nouvelle fois sur l'interphone : "Oh, et Chandler ? Faîtes apporter quelque chose à manger dans mon bureau d'ici un quart d'heure, mon entretien risque d'empiété sur ma pause déjeuné."

Je défie le jeune photographe du regard avant de m'adresser à lui : je ne sais vraiment pas ce qui ne me plaît pas, chez lui. Il a l'air assez gentil, il n'est pas désagréable à regarder et il a surtout l'air de ne pas avoir une tête vide, la qualité première pour tous mes collaborateurs. Pourtant, sa tête ne me revient toujours pas. Je hausse imperceptiblement les épaules comme pour me signifier qu'il n'y a rien à faire, que ce doit être une de ces rencontres vouées à l’échec. Je me râcle la gorge pour me donner de l'importance avant de reprendre. "Monsieur Parker, bien que j'admire votre assurance, vous n'êtes pas encore considéré comme le grand gagnant du concours. Si je vous ai fait venir aujourd'hui, c'est pour vous départager avec un autre candidat." D'un geste de la main, je désigne les deux clichés sur le bureau. "Comme vous pouvez le constater, j'ai là votre cliché mais également le second qui a retenu l'attention de M. Eichenwalde. C'est à moi que revient la lourde tâche de les départager pour lui, et je pense qu'il n'y a rien de mieux pour cela que d'entendre les arguments de vente des deux photographes en personne. Prenez votre temps pour regarder de plus près votre concurrent, et dîtes moi pourquoi je devrais vous choisi vous, plutôt qu'elle." J'ai délibérément laissé transparaître l'identité de la concurrente fictive, histoire d'ajouter plus de réalisme. Je tourne sur mon fauteuil, me lève et m'écarte un peu pour venir m'appuyer sur le rebord de la fenêtre.

"Ensuite, seulement si je suis convaincu, nous parlons accord." C'est un dur, mais ce genre de petit test est tout à fait possible. Bon, en l'occurence, là, ce n'était pas nécessaire, mais il n'a pas besoin de le savoir.
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Jeu 9 Mar - 17:09
Il reste de marbre. Il est aussi rôdé à ce genre d’exercice, mais ça ne m’étonne pas. On n’obtient pas une place aussi haut placée sans avoir un minimum de talents et être rompu à la négociation. Nous nous fixons dans les yeux alors qu’il appuie sur son interphone pour parler à sa secrétaire. Il essaie de m’intimider et de me faire comprendre que la discussion risque de durer et d’être délicate pour moi. Je dois dire que je ne tombe pas vraiment dans le panneau, mais je ne le montre pas, le regardant avec le même air fermé et confiant. Toujours le même. Ce n’est pas à moi de montrer le premier signe de faiblesse. Je suis convaincu d’avoir été choisi, c’est donc à lui de ne pas faire de faux pas. Il sort deux photos d’un tiroir. La mienne et une seconde que je fais glisser du doigt jusqu’à moi pour l’observer. Elle est intéressante. Mais elle ne fait pas vraiment amateur, du peu que je puisse en juger. Et surtout, j’estime qu’elle n’est pas à la hauteur de celle que j’ai envoyé. Pendant que j’observe les photos avec intérêt, il joint à nouveau sa secrétaire et insiste sur le fait que l’entretien risque de durer. Une extension de sa technique d’intimidation un peu plus tôt. Il est doué dans son genre, mais il insiste un peu trop, je trouve.

Je m’adosse dans mon siège après avoir repoussé les photos dans sa direction. Il joue la comédie, hausse les épaules, soupire. J’admire son jeu. Il abat ses cartes comme un maître en la matière. Et il parle. Là, c’est à mon tour d’être très attentif. Il va me sortir ses arguments, et même si je doute qu’il fasse un faux pas, je ne le laisserai pas s’en tirer si c’est le cas. Me départager avec un autre candidat. La deuxième photo, donc. Parfait. Il désigne les clichés. Un peu trop surjoué, mais c’est pas vraiment une erreur, juste un autre artifice pour la suite de son discours. Je hoche la tête à sa phrase suivante. C’est à lui de décider, donc. J’écoute ce qu’il a à dire, et avant qu’il ne se lève, sa dernière phrase me fait tiquer. Il a fait son faux pas. Je ne sais pas si c’est conscient de sa part et il y a une possibilité qu’il contre mon argument ensuite, mais c’est tout de même significatif.

Il finit par se retourner sur sa chaise, avant de se lever et d’aller s’appuyer à la fenêtre. Il prend de la hauteur alors que je suis assis. Belle technique, encore une fois. Il tente de prendre l’ascendant sur moi par sa posture. La dernière phrase qu’il lance est le signal que c’est à mon tour de m’exprimer.

Parfait. Je me penche légèrement en avant, continuant de le regarder sans même accorder un regard aux deux clichés. Je laisse un petit sourire taquin accrocher mon visage, avant de lui lancer ma première attaque.

“- Mr.Quincy, avant tout, je pense que vous venez de faire une petite erreur. Vous m’avez dit en premier lieu m’avoir fait venir pour me départager avec un autre candidat. Mais vous venez de laisser entendre qu’il s’agissait d’une femme. Pourquoi ne pas avoir dit une autre candidate, dans ce cas ?

Je continue de le regarder dans les yeux, le défiant du regard. Je reste silencieux une seconde avant de reprendre.

“- Vous êtes PDG, ici. Vous choisissez vos mots avec soin. Ca fait parti du job. Cette erreur m’étonne mais je ne démords pas de ma première pensée. J’ai déjà gagné les faveurs de Mr.Eichenwalde, et vous voulez négocier pour me donner l’impression d’avoir à me battre alors que nous savons tout les deux que c’est le choix de votre client qui importe, et qu’il a déjà fait son choix.

Je finis par le quitter des yeux pour pointer l’autre cliché du bout du doigt sur le bureau. Je le fixe une seconde avant de revenir sur mon interlocuteur.

“- Mais si vous voulez un argumentaire, je ne pense pas être réellement convaincant. Par contre, je peux vous expliquer pourquoi je suis certain que ce deuxième cliché n’est pas dans l’équation. Je me redresse sur ma chaise, prenant un peu de hauteur. Je ne veux pas me lever. Il faut qu’il ait toujours l’impression d’être maître de la discussion malgré l’erreur que j’ai pointé plus tôt. Je reprends la parole. Contrairement à ce que vous pourriez penser, je ne suis pas vraiment un amateur. Pas un professionnel non plus, mais pas un débutant. Je suis journaliste au Daily Buggle. Je connais le monde de la photo. Et ce deuxième cliché, ce n’est pas un cliché amateur. S’il existe vraiment un candidat, ou une candidate, puisque vous ne semblez pas être sûr de son identité… Il n’aurait pas fourni une photographie aussi propre. Et votre concours était adressé aux amateurs. Il n’y a pas de négociations ou d’argumentations. Mon cliché est meilleur, dans tous les cas. Que ce soit au niveau de la lumière, du thème, de l’angle…

Je m’adosse à nouveau à mon siège et remarque finalement son regard. Il a l’air méfiant, et ça me perturbe un peu. C’est pas normal. Il se passe quelque chose. Mais je secoue la tête. Ce n’est pas le moment de penser à ça. Je vais abattre ma dernière carte et je verrais comment il y réagit.

“- Et si vous voulez me prouver qu’effectivement je suis encore en compétition avec quelqu’un d’autre, prouvez-le moi. Appelez Mr.Eichenwalde. Mettez la conversation en haut parleur. Et nous verrons.

Je conclue ma tirade par un sourire confiant, avant de le perdre en remarquant que mon interlocuteur est tendu. Mais je ne sais pas pourquoi, je sens que ce ne sont pas mes mots qui posent problème. C’est étrange. Je me racle la gorge avant de reprendre la parole une dernière fois en plongeant mon regard dans le sien.

“- Vous avez un problème avec moi, Mr.Quincy ?...
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Lun 20 Mar - 23:10

Peter & Lukas

Struggling to pretend this is alright
Je suis toujours adossé à la fenêtre quand il me regarde d'un air de défi sans même daigner inspecter les deux clichés que je lui ai balancé sous le nez. Pour peu que j'ai voulu faire mon malin, il pourrait très bien avoir des photos de chatons en face de lui qu'il ne s'en rentrait pas compte. Tiens, j'aurais peut-être du faire ça, c'est pas mal pour piéger les candidats. Je me fais une petite note mentale pour mon prochain entretien du genre. C'est un peu sadique, mais j'aime bien.

Ce que j'apprécie moins, en revanche, c'est la petite tirade à laquelle ce M. Parker est en train de s'adonner. Je serre les dents tout en me maudissant pour mon erreur de débutant, il faut bien le dire. Ce qui m'énerve encore plus, c'est le soucis du détail qu'a le jeune homme devant moi : il ne laisse rien passer, et ça me pose beaucoup de problème. Déjà que je n'aime pas sa tête, si en plus il se met à prendre l'ascendant sur moi, ça ne va pas marcher cette histoire. Pourtant d'habitude, je suis bon perdant, et une petite joute verbale rondement menée m'amuse au plus haut point. J'aurais ri avec lui, nous aurions partagé un café dans une atmosphère plus que décontractée et le contrat aurait été signé dans la foulée. Seulement aujourd'hui, pour une raison que je n'arrive décidément pas à m'expliquer, je ne suis pas d'humeur à faire ces petites acrobaties verbales. Je m'adosse un peu plus à la fenêtre, cherchant à calmer ma bouffée de chaleur grâce au froid qui filtre à travers mon costume, mais ça n'aide pas beaucoup.

Le photographe, lui, est toujours en train de prouver par A plus B que c'est lui qui a gagné et qu'il en est persuadé. Il s'attaque au cliché qui se trouve devant lui, mais je ne le quitte pas des yeux, fronçant les sourcils à mesure que son discours progresse. Petit à petit un sourire se dessine sur mes lèvres, et j'attends patiemment qu'il termine pour pouvoir à mon tour me lancer dans l'arène. Sauf que la fin de son discours change radicalement mon optique. D'une part, parce que je ne supporte pas être mis au pied du mur, surtout par un gamin arrogant qui se pavane comme s'il était le roi du monde alors qu'il a simplement gagné un stupide concours photo. Et d'autre part, parce que sa question me désarçonne tellement elle est inattendue. Est-ce que c'est si évident que ça ? Je ne pensais pas laisser transparaître le malaise autant, mais maintenant que c'est fait, je n'ai guère le choix. Je me détache de la fenêtre, enlève mon veston parce que j'ai bien trop chaud, et me plante debout devant lui, avec pour seule séparation le bureau sur lequel je m'appuie.

"Très bien," petite merde "nous allons arrêter les petits jeux tout de suite. Je vois que vous ne vous laissez pas marcher sur les pieds et que vous avez confiance en vous." Trop confiance. "Vous avez raison, au moins sur une chose : j'ai effectivement inventé ce candidat fictif. Il faut bien quelque chose au cas où aucune des photos n'est satisfaisante. En revanche..." On va t'écraser. Je suspends ma phrase, le temps de me reconcentrer. Je ne sais pas d'où me viennent ces éclats de haine, j'ai l'impression que quelqu'un me les chuchote à l'oreille, même si je sais pertinemment qu'une telle chose n'est pas possible. Je tousse un peu pour me donner une contenance puis refixe mon regard brûlant sur lui.

"En revanche, sachez que même si M. Eichenwalde a effectivement choisi votre photo, je me réserve tout à fait le droit en tant qu'éditeur de refuser de l'utiliser, quelle qu'en soit la raison. Mon client et moi nous connaissons depuis assez longtemps pour qu'il ne s'en incommode pas. C'est bien pour ça que je voulais entendre votre plaidoirie. Pour vous tester et voir si je peux vous considérer comme un collaborateur de choix." Voilà des termes que je connais. Familiers. Bizarrement, parler business me calme au plus haut point, et j'arrive peu à peu à me détendre. "Le but d'Uchronia Print, autre le fait de dénicher de grands auteurs, c'est de promouvoir les jeunes talents. Ceux qui ne sont pas connus, à qui on ne donne pas leur chance. Alors quand une occasion comme celle-ci se présente, je ne passe pas à côté et je veux m'assurer que tout est aussi parfait que possible. D'où le test."

Je me rassois calmement en soupirant légèrement : je me retrouve à sa hauteur, sans le quitter du regard. Je joins les mains dans un effort pour paraître serein. "Je n'ai pas de problème particulier avec vous, M. Parker. Disons simplement que j'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part, et que si c'est le cas, votre tête ne m'a pas laissé une bonne impression. Mais les a priori ne compte pas. Si je devais arrêter de travailler avec tous ceux dont la tête ne me revient pas, il y a longtemps que j'aurai mis la clé sous la porte." Je laisse mes bras retomber sur le bureau et me penche un peu vers mon interlocuteur, comme pour lui confier un secret important : "Vous êtes doué, M. Parker. Seul un idiot le nierai. Et à parler avec vous, je vois bien que vous avez la tête sur les épaules. Que vous êtes intelligent. Je me demande juste si je dois écouter mon instinct qui me souffle de vous laisser votre chance, malgré mon impression que votre vivacité d'esprit frise l'arrogance."

Je laisse quelques secondes s'écouler, cette fois parce que je suis réellement en train de réfléchir, et non par effet dramatique. Je décide qu'il a encore quelque chose à me prouver. Que c'est à lui de me décider, réellement, en sachant ce qu'il en est.

"Au fait," je saisis la photo qui n'est pas la sienne et l'examine, l'air amusé. "Vous avez raison. Cette photo ne vient pas d'un amateur. C'est moi qui l'aies prise."
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