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Colleen & Connor

Par l'intermédiaire de quelques affiches accrochées au mur, Connor avait entendu parler de ce dojo, de cet endroit où on pouvait apprendre et pratiquer les arts martiaux. Il était tenu par une certaine Colleen  Wing, sensei du Dragon d'or. Le jeune garde avait longtemps réfléchi à la question, à la possibilité de prendre des cours afin de canaliser au mieux son énergie et l'utiliser à bon escient.

Pour tout avouer, c'était grâce à Poppy qu'il s'était un peu penché sur le problème. D'après elle, il avait grand besoin d'apprendre à relâcher la pression, à se détendre, à ne plus être stresser en permanence avec toujours cette perspective, cette angoisse silencieuse, que quelque chose de grave allait se produire. Et elle n'avait pas tord. Il était toujours en état d'hypervigilance. Surtout depuis ce qui s'était passé au Pegasus. Bien qu'il était de nature calme et posé, il ne pouvait s'empêcher de penser au pire. D'écouter le moindre bruit et de les analyser, point par point, ne mettant jamais complètement son esprit en repos.

Pour lui, c'était quasiment impossible : de lâcher prise et de ne plus faire attention à ce qui se passait autour de lui. Les inconvénients de la guerre, sûrement. Il avait vu assez de mort, de massacre, d'attaque surprise pour arriver enfin à faire abstraction du danger.

Alors oui, Poppy lui avait bien parlé de yoga et de méditation. Mais Connor ne se voyait pas choisir ce genre d'activité. Il préférait quelque chose de plus physique, moins statique. Un sport qui allierait concentration et force corporelle. Un moyen pour lui de calmer son esprit, tout en restant en mouvement. Le mieux aurait été que sa petite sœur puisse l'accompagner, afin de s'y mettre aussi mais le jeune militaire s'était rétracté à la dernière minute, connaissant déjà la réponse. Quoi qu'il fasse, Poppy ne voudra jamais apprendre à se battre. Elle le lui avait fait plus ou moins comprendre lors de cette journée passée tout les deux dans ce parc, à côté de la maison familiale.

Son côté surprotecteur voulait qu'elle finisse par changer d'avis et qu'elle accepte enfin de prendre quelques cours de self défense avec lui or, le côté plus fraternel, celui qui ne pouvait rien lui refuser, lui disait cependant de la laisser tranquille. Et d'accepter ses choix comme elle acceptait les siens.

C'est pourquoi, l'homme se retrouva seul en cette fin d'après-midi dans cette ruelle, où se trouvait en haut d'un escalier, le dojo en question. Arrivé près de la porte, il s'immobilisa quelques instants, juste le temps de laisser plusieurs personnes sortir du bâtiment. Des élèves, probablement. Certains étaient d'ailleurs assez jeune tandis que d'autres, plus vieux, avaient approximativement son âge. Une fois le dernier sortit, Connor le salua d'un signe de tête et finit enfin par entrer, jetant un bref coup d'oeil autour de lui.

C'était un endroit plutôt simple mais bien cadré. Il faisait assez sombre mais l'ambiance qui s'en dégageait était plutôt apaisante, dans le style asiatique d'où venait cet art martial. Son regard se posa alors sur une jeune femme, en train de ranger ses affaires au plus profond de la pièce.
- Excusez-moi, l'interpella-t-il d'une voix rauque mais douce. Mademoiselle Wing?

Il se rapprocha d'elle, présentant sa main comme pour se présenter.
- Connor Coleman. Je me permets de me présenter à vous car j'aimerai éventuellement m'inscrire à vos cours. Serait-il possible de vous demander quelques renseignements?


 

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Je saluais mes élèves tout en leur annonçant que la leçon d’aujourd’hui était finie. Avec une certaine admiration, je les regardais tous se relever, ranger leurs affaires, discuter entre eux et quitter le dojo après m’avoir salué respectueusement une dernière fois. Je leur souris tout en m’inclinant quasiment autant de fois que j’avais d’élève. Je passe une main dans ma chevelure désordonnée en lâchant un léger soupire alors que la porte se ferme une dernière fois. Je sens une certaine fatigue et lassitude m’envahir comme souvent après un cours comme celui-ci. C’était un cours que j’avais organisé autour du niveau des élèves, alors que d’habitude ils venaient plutôt par classe d’âge. Mais ceux-ci étaient des élèves motivés, des élèves qui avaient envie… mais qui n’était vraiment pas doués pour l’instant. Et leur apprendre méthodiquement, avec le plus de lenteur possible pour qu’ils puissent caller leur mouvement sur les miens tout en essayant de les rendre naturels et fluides…. C’était assez compliqué. Ca me demandait beaucoup plus de concentration. Chez moi, tous ses mouvements étaient naturels et je ne pouvais pas forcément leur expliquer de façon détaillé et découpé chaque geste que j’effectuais pour faire un long mouvement de taïchi. Je le faisais depuis toujours et ils étaient tant inscrits dans ma mémoire musculaire que je me demandais si je ne saurais pas toujours les faire même si je perdais la mémoire. Retirant la veste de mon kimino, qui me tenait un peu trop chaud d’ailleurs, j’étire le haut de mon corps. Je tire sur mes épaules tout en effectuant des mouvements circulaires. Je me dirigeais vers le fond de la salle pour récupérer ma bouteille d’eau que je vidais en seulement quelques gorgées. Parce que franchement, ça donne soif et en plus, pour avoir essayé, pas boire après l’entrainement c’est pas une super idée parce qu’on a plus de courbature. Et ma capacité à faire du sport était mon gagne-pain alors autant dire que les courbatures on évité à tout prix. J’attrape une épée d’entrainement, un simple bâton de bois taillé pour avoir la forme d’une épée. Un sourire aux lèvres, j’effectue quelques mouvements avant de me laisser aller et de tourner sur moi-même en me battant contre des adversaires invisibles. Mais très vite, j’entends des bruits dans le couloir. Un élève qui avait oublié quelques choses. Je me stoppe dans mes mouvements et jette un coup d’œil circulaire autour de moi. Non, je ne voyais rien que quelqu’un aurait oublié. Je fronce les sourcils et repasse une main dans mes mèches folles qui veulent pas rester en place visiblement et pas rester dans ma queue de cheval. Pliant un bras, je pose mon épée sur mon épaule et me dirige à nouveau vers le fond du dojo pour reposer mon arme et laisser glisser ma main sur mon katana, prise d’un instinct de survie qui me disait que je pourrais en avoir besoin. J’entends une voix rauque, quelqu’un qui s’excuse en m’appelant Mademoiselle Wing. Je relâche ma respiration et lâche mon arme en me retournant. Je pose un sourire sur mes lèvres et me tourne vers un jeune homme blond, probablement un peu plus âgé que moi, d’apparence sportive. Colleen fera l’affaire. Ou senseï si vous venez pour les cours. Je m’approche et m’incline avant prend la main qu’il me tend pour la serrer. Enchanté Monsieur Coleman. Je souris en repassant encore une main dans mes cheveux pour dégager mon visage de mes cheveux. Bien entendu, posez vos questions ! Et si vous venez pour les cours, définitivement pas Mademoiselle Wing. Je souris doucement et me retourne pour aller attraper un petit flyer que je lui tendis. Qu’est-ce que vous voulez savoir ? Savez-vous par quel art martial vous serez intéressé ? Et votre niveau dans celui-ci ?

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Colleen & Connor

Tandis que la jeune femme lui disait plutôt d'opter pour Colleen ou Senseï, Connor l'observa brièvement. Elle devait être un peu plus jeune que lui. Trois, quatre ou cinq ans de moins tout au plus. Pourtant, elle dégageait quelque chose de particulier. Une assurance ou un fort caractère qui imposait une forme de respect. Cela ne devait pas être facile, d'enseigner une discipline, parfois à des jeunes personnes livrées à eux-même.

Le jeune garde avait entendu quelques histoires de ce quartier. La plupart cherchait à fuir des parents trop strict ou au contraire, bien trop laxistes. Trop pauvre aussi. Certains se tournaient alors vers la drogue ou des combats de rues pour apporter un peu d'argent à la maison. Ce lieu devait faire office à la fois d'échapatoire mais également, d'école. De lieu de vie où il y avait une forme d'éducation, de respect mutuel. Où ils n'étaient pas obligé de faire semblant. Et où ils pouvaient devenir quelqu'un, sans sombrer dans la délinquance ou se mettre en danger.

Connor trouvait que c'était noble, de s'occuper d'un endroit comme celui-ci. Un fin sourire étira ses lèvres alors qu'elle acceptait volontiers, de répondre à ses questions.
- Enchanté également de vous connaitre. C'est noté. Dans ce cas, je vais opter pour Senseï.

Tout en disant ces mots, le jeune garde s'inclina légèrement, laissant un bref silence couler entre eux.
- Pour tout avouer, je ne sais pas encore quel genre d'art martiaux me conviendrait. Je cherche surtout une discipline qui pourrait canaliser mon 'esprit'. Quelque chose de ne pas trop statique.

Comme le yoga par exemple, ou la méditation qui imposait une trop forte concentration ou un calme implacable. Ce qui n'était pas son cas. Car il devait se faire à l'idée mais la guerre avait laissé bien trop de trace indélébiles pour permettre à son esprit, de lâcher prise. Il ne le disait pas, ne le montrait pas or, il était bien plus traumatisé qu'il ne le voulait se l'avouer. Une fois de plus, Poppy avait raison. Il était stressé et commençait de plus en plus à voir le mal partout. Mais quelque part, il préférait se voiler la face, en oubliant parfois que tout homme n'était pas infaillible. Et qu'un jour, il en payerait le prix.
- Une idée à me conseiller?

Quittant le court de ses pensées, Connor reporta bien vite son attention sur Colleen, l'interrogeant du regard. Cette dernière le questionna alors sur son  éventuel niveau. Ce à quoi l'homme répondit, passant brièvement une main dans ses cheveux comme pour y réfléchir.
- Débutant en la matière mais je sais cependant tenir une arme et me battre au corps à corps. Je ne sais pas vraiment si cela compte.

Un nouveau sourire étira ses lèvres, ses bras tombant le long de son corps. Il ne lui parla pas de la Garde. Il ne l'informa pas qu'il en faisait parti. Pour la simple et bonne raison qu'il ne voulait en aucun cas jouer là-dessus. Il ne s'estimait pas plus fort qu'un autre. Il savait qu'il avait encore beaucoup à apprendre, même s'il avait passé des années à s'entrainer. Que ce soit à l'armée ou à la Garde Rouge.

Ici, il n'était qu'un débutant. Un simple homme qui demandait de l'aide à un maître, pour lui apprendre à canaliser ses peurs. Ses craintes les plus profondes et les plus enfouies, ne serais-ce que pour faire plaisir à Poppy. À sa petite soeur pour qui, il serait capable du pire comme du meilleur.

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Je souris quand le jeune homme choisit très vite de m’appeler plutôt Senseï que Colleen. A vrai dire, au vu de sa posture un peu rigide comme celle d’un militaire ou un pompier, je n’étais pas spécialement étonnée. J’étais plus surprise par le fait qu’il incline le buste dans une pseudo salutation asiatique, assez mal imitée mais imitée avec bonne foi. Je m’incline en miroir, de façon bien plus réglementaire mais… s’il venait pour suivre des cours, ce que j’avais cru comprendre et ce que je sentais qu’il allait faire, il aurait tout le temps d’apprendre les choses plus réglementaires. Je souris en lui demandant s’il savait déjà ce qu’il voudrait faire comme sport de combat. Et la réponse me fait sourire. Il ne sait pas… il est encore brut, comme une pierre précieuse. Sans apriori à sa façon de me faire part de ce qu’il voudrait sans pour autant formuler réellement une question ou une demande. Il est encore quelque chose de brut mais je sens qu’il est déjà bien plus que cela. Je sens que j’ai déjà affaire à quelqu’un qui sait se battre, ça s’est certain. Parce que ça se sent mais aussi dans cette façon de demander quelque chose de pas trop statique. C’est assez masculin comme demande mais aussi typique des personnes déjà sportives, déjà appréciatrices de sport de combat. Je souris quand il me demande clairement cette fois-ci mon avis. Une seule non. Plusieurs. Je vous proposerais deux catégories d’idées : les sports à mains nues comme le karaté, aïkido ou même la boxe thaï. Et la seconde catégorie des sports comme le kendo. Je peux vous en faire essayer plusieurs pour trouver ce qui vous correspond le mieux. Cela ne sert à rien de s’acharner si la pratique n’est pas la bonne. Je souris simplement. Je me voyais encore petite en essayant d’apprendre des routines d’Aïkido quand à l’époque je ne rêvais que de taï-chi. Il m’avait été beaucoup plus simple de me mettre à ce sport quelques années plus tard quand j’avais moi-même mûri et fait le tour des pratiques que je maîtrisais déjà. Curieusement, je demande tout de même à ce Connor son niveau. Après tout, il ne sait pas quel sport il veut pratiquer mais il a peut être déjà fait des essais dans l’un ou l’autre. Et comme je le pensais il me confirme être déjà un combattant. Combat à main nue et une arme… peut-être avais-je raison en ayant supposé qu’il était militaire ou quelque chose du genre. Vous êtes bons en combat à mains nues ? Et je vous parle pas dans votre cours ou auprès de vos camarades d’entrainement mais de façons plus globale. On a toujours tendance à nous trouver peu bon face à notre senseï. Je souris doucement. Je vous demande cela parce que si vous êtes déjà d’un certain niveau je n’aurais pas le même cours à vous donner et je vous conseillerais peut être autre chose que le karaté, qui n’est pas si éloigné des sports occidentaux. Aussi parce que le karaté ou le judo étaient devenus très populaire en orient. Et que finalement des sports de combats comme la boxe ou le krav maga leur ressemblaient pas mal. Mais sachez que dans les pratiques asiatiques, même les sports de combats ont une certaine partie statique. C’est pas seulement un sport mais un état d’esprit, une vision du monde et de soi-même. J’espérais ne pas le faire fuir en disant cela mais je n’étais pas un senseï à renoncer à apprendre cela à mes élèves. S’il ne voulait pas jouer avec la carte de la spiritualité, il était venu au mauvais endroit. A moins que vous vouliez l’inverse, bien entendu, je vous conseillerais de choisir pour commencer un sport à mains nues. Les routines vous seront peut-être moins étrangères et il sera plus simple de faire progresser l’esprit si le corps comprend.

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Colleen & Connor

Le corps particulièrement droit, Connor resta immobile, les yeux posés sur Colleen dans l'attente d'une réponse. Elle lui conseilla plusieurs disciplines, en deux catégories d'idées. D'abord le sport à main nu : comme le karaté, l'aïkido ou la boxe thaï. Ensuite, les sports où on faisait l'usage d'un sable, comme le kando par exemple qui était autrefois pratiqué par les samouraïs.

Le jeune militaire ne les connaissait que brièvement. Jusqu'à présent, il n'avait jamais eu l'occasion de tenter l'expérience et il devait avouer que la dernière proposition lui plaisait bien. Or, Senseï avait raison. Il était préférable de tous les essayer avant, histoire de voir lequel lui correspondrait le mieux.

C'est pourquoi, il hocha lentement la tête. Dans un geste instinctif, sa main vint même se poser sur sa nuque et il la massa légèrement, murmurant dans un sourire :
- Vous avez raison. Comme ça, je pourrais m'en faire une idée et choisir plus facilement.

Tout en terminant sa phrase, il laissa retomber son bras le long de son corps. Puis, sans quitter la jeune femme des yeux, il l'écouta attentivement, celle-ci lui demandant à présent son niveau en combat à mains nues. En lui expliquant les raisons.

Comme il s'était fait la réflexion un peu plus tôt, il était plutôt bon en la matière. Le fait de travailler à la Garde était un atout et les exercices étaient réguliers. Ce qui les empêchait plus ou moins de se ramollir. De plus, il était entré à l'armée à l'âge de dix-huit ans. Il avait reçut un entrainement strict. Difficile aussi. Il avait même dû endurcir son caractère et apprendre à réagir vite, au détriment de ses propres faiblesses. Même s'il ne le disait pas, n'en parlait pas, pour ne pas succomber à la dépression et à l'alcoolisme, Connor avait une certaine expérience en la matière. Mais, le jeune militaire n'était pas vraiment de ceux qui aimait s'en vanter. Il marqua un temps de réflexion, réprimant un rire cependant lorsque Colleen fit la réflexion qu'on avait toujours tendance à se trouver moins bon devant la senseï.

Et elle avait raison. Il était vrai que face au maitre, forcément, il était plus facile de se sous-estimer. Même si certains, avec un égo démesuré, devait vouloir se confronter à elle en oubliant particulièrement à qui ils avaient à faire.
- Pour tout avouer, j'ai reçu une instruction militaire. J'ai travaillé à la Navy Seals, pour des missions en Irak. Et mon métier actuel est toujours dans un cadre combatif. Je pense avoir un bon niveau mais je préfère vous laissez en juger par vous-même.

Car il ne permettrait jamais de louer ses compétences. Surtout quand il se considérait comme débutant dans des disciples telles que celles-ci. Il acquiesça lentement lorsque cette dernière lui informa que de toute façon, dans toutes les pratiques asiatiques, il y avait forcément une partie statique. Le corps et l'esprit se combinaient ensemble, et non individuellement. Il comprenait où elle venait en venir et il l'acceptait.
- Je vois.

Cela allait probablement être la tâche la plus difficile toutefois, il était prêt à apprendre. A faire des efforts. A moins penser et à façonner son esprit de telle manière, qu'il arrivera enfin à le contrôler. Et non à le fuir ou à le laisser le détruire, comme il le faisait sans rien dire. Il l'avait promis à Poppy. Il savait, inconsciemment, qu'il en avait besoin. C'est pourquoi, il ne comptait pas revenir en arrière. Il était venu ici pour une raison particulière et même s'il était encore bien loin d'imaginer que ses démons lui reviendraient bientôt en pleine figure,  il voulait lutter contre. S'initier à cet art et en ressortir plus vivant. Plus détendu aussi.

Passant une main brève dans ses cheveux, Connor répondit alors, un léger sourire aux coins des lèvres.
- J'admets que ça serait peut-être mieux pour commencer. Mais à vrai dire, si je suis venu ici c'est pour cette raison. Apprendre à canaliser mon esprit et à être plus en phase avec moi-même. C'est une faiblesse que j'aimerai vraiment travailler. Et je suis prêts à tout pour ça. Quitte à m'entrainer durement.

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Totalement rentrée dans mon rôle de senseï et d’enseignante, je propose plusieurs sports de combat au jeune homme, probablement plus vieux que moi d’ailleurs, qui est venu demander des renseignements. Je ne peux m’empêcher pendant que je le fais, et comme avant, de noter sa façon de se tenir, typique de la rigueur de ce genre de pratique sportive, ou de l’aristocratie mais je vois mal ce qu’un artisto viendrait faire dans mon quartier et encore moins dans mon dojo. Quoique j’avais bien Danny comme client. Je finissais mon explication par lui dire qu’il serait assez intéressant de lui faire essayer plusieurs disciplines. Comment cela il pourrait voir par lui-même ce que c’était, sentir ce que cela ferait à son corps, et savoir si cela avait une chance de lui convenir ou pas. Il dit que j’avais raison et je souris. Je suis la senseï j’espère bien avoir raison. Mais ce que je proposais je savais que tout le monde l’acceptait pas et cela se comprenait. J’aurais pas apprécié venir prendre des cours de karaté pour qu’on me force à tester l’aïkido. Mais comme il m’avait dit dès le début qu’il ne savait pas quel sport il voulait pratiquer je m’étais permise de lui proposer cette méthode de testes, en me doutant que la réponse serait positive. Je me permets aussi de continuer à lui poser des questions. Le genre de choses que je n’oserais jamais faire en dehors de mon rôle de senseï. Si les gens voulaient me raconter des choses, j’étais toujours prête à les écouter mais je n’étais pas le genre de femme à questionner parce que j’avais trop peur de me montrer indiscrète en m’introduisant dans leur vie. Sauf que là, j’étais le senseï et je posais des questions très factuelle comme son niveau de combat tout en lui expliquant les raisons de ma demande pour qu’il puisse entre autre y répondre au plus proche. Navy Seal… Je restais en bug quelques secondes. Sérieusement ? Un Navy Seal dans mon dojo ? Je me sentis soudainement… toute petite et pas très à l’aise. Qu’est-ce que je pouvais bien avoir à apprendre à ce genre de personne ? Comment elle pouvait avoir besoin de moi pour combattre ? Je souris tout de même en hochant la tête quand il me dit que ça serait à moi d’en juger. Si vous êtes un ex-Navy Seal, vous n’avez pas un bon niveau. Vous avez un excellent niveau. Je secoue la tête, me retenant de lever les yeux au ciel pour ne pas lui paraitre irrespectueuse. Un Navy Seal qui doute de son niveau. Mais qu’est-ce qu’on avait pas vu dis donc. Toutefois je continuais mon explication, ne voulant pas me laisser déconcentrer, lui disant que le genre de pratique que je proposais à mon dojo ne comprenait pas seulement le corps mais aussi l’esprit. Il me dit qu’il voyait et je ne peux m’empêcher de sourire. Je suppose que les Seal en connaissent quelque chose, non ? J’avais, comme tout le monde, entendu un certain nombre de rumeur sur l’armée et ce corps là de l’armée. Je doutais qu’ils soient juste de simples soldats sans un mental d’acier habitué à l’art de la guerre sous toutes ses coutures. Je lui propose de commencer par le combat à main nu, en lui disant que cela devrait plus lui rappeler des choses qu’il connait déjà et que ce serait donc plus simple de rentrer dedans, que l’esprit suivait plus facilement quand le corps comprend. Il m’explique que c’est pour cela qu’il était venu. Pour dompter son esprit, pour avoir un meilleur contrôle dessus. Je hoche la tête lentement, montrant que j’avais compris ce qu’il me disait. J’espère pouvoir dire sans trop de vantardise que vous êtes venus au bon endroit pour cela. Quant à s’entrainer durement… je ne pousse jamais mes élèves plus qu’ils ne peuvent l’encaisser. Parce que je savais que la chute n’était pas agréable. J’avais pas l’impression d’avoir été poussé que jusqu’à mes limites et non beaucoup plus loin enfant. Et je savais que ce n’était pas agréable. Je préférais enseigner dans un état d’esprit plus doux, qui correspondait plus à ma nature et à ce que je voulais transmettre à mes élèves. Je voulais les apaiser, les aider, les guider vers un meilleur avenir pour eux et pour tout le monde. Les détruire n’était pas vraiment dans ma façon de faire. On pourrait commencer par le karaté, même si pour le coup cela sera très proche de ce que vous devez déjà connaitre. Mais cela me permettra d’évaluer votre niveau. Après on pourra aller vers l’aïkido, la boxe thaï ou encore le krav maga, moins typiquement asiatique mais très efficace aussi. Surement plus proche de ce qu’il connaissait mais je trouvais que le krav maga façonnait l’esprit encore différemment, étant à l’origine un sport de défense. Et du coup, je vous proposerais aussi un parcours en individuel. Je doute que vous vous plaisiez dans un cours avec les adolescents du quartier dont les talents de guerrier sont… assez limités. Et encore les adolescents étaient du genre à s’y mettre à fond pour la plus part. Ce qui n’était vraiment pas le cas de tous. Mais j’allais au rythme de mes élèves. Voulez-vous commencer maintenant ou revenir une autre fois ? Cela pourra vous laisser le temps de réfléchir si vous en sentez le besoin.

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Colleen & Connor

"Si vous êtes un ex-Navy Seal, vous n’avez pas un bon niveau. Vous avez un excellent niveau." A ses dires, Connor laissa échapper un rire avant de porter une main à sa nuque, légèrement mal à l'aise. Car oui, il n'était pas de ceux qui s'en ventait. Certes, pour entrer dans la Navy, il s'était entrainé durement. Tout comme pour intégrer la Garde Rouge, il avait suivi un entrainement des plus poussé et avait passé les tests physiques et psychologiques avec brio. Or, il ne se permettrait jamais de s'estimer plus fort qu'un autre. Et pourquoi? Non seulement, il lui restera toujours des choses à apprendre et à maitriser. Mais en plus, il en payait le prix ces derniers temps. Son esprit était mis à rudes épreuves, le rendant instable, tourmenté et inquiet en permanence. Malgré qu'il se refusait encore à l'admettre complètement.

C'est pourquoi, il ne fit aucun commentaire à ce sujet. Quand la Senseï du Dojo ajouta que les Seal devaient s'y connaitre en matière de corps et d'esprit, il se redressa, laissant tomber simplement son bras le long de son corps musclé.
- On peut dire ça. D'une certaine manière.

Sur le terrain, ils maitrisaient l'esprit mais peut-être pas de la meilleure façon qu'il soit. Ils restaient fixé sur leurs objectifs. Ils apprenaient à être maître de la situation et rester calme, en toutes circonstances. Ils gardaient l'esprit en alerte, en permanence et les rendaient insensible au danger et à la mort qui les entourait. Toutefois, une fois rentré, les images, les souvenirs qui restaient irrévocablement gravé dans leurs têtes finissaient le plus souvent par avoir raison d'eux. La plupart se tournait vers l'alcool, pour oublier. Tandis que d'autres changeaient radicalement de personnalité, de comportement pour souvent, finir par se suicider dans les cas les plus extrêmes. L'esprit était maitrisé mais déchiré, traumatisé. Ils n'étaient pas en paix avec eux-même. A partir du moment où ils avaient frôlé la mort de près. A partir du moment où ils avaient volé une vie et assisté aux meurtres d'un citoyen ou pire, l'un des leurs, ils se perdaient chaque jour un peu plus.
- Disons qu'on nous apprends juste à ne pas trop réfléchir, finit-il par murmurer d'une voix grave.

Tout ça, Connor en avait conscience. Lui aussi était dévoré de l'intérieur. Lui aussi, sentait que les choses étaient de plus en plus difficile à gérer. Il arrivait encore à garder la tête hors de l'eau mais pour combien de temps? Il suffisait de le voir avec Poppy pour comprendre qu'il voyait le mal partout, à chaque coin de rue, au point de finir par l'étouffer.

Tout en brisant le court de ses pensées, le jeune Garde marqua un silence et reporta toute son attention sur Colleen. Elle lui avoua dans un sourire qu'il était venu au bon endroit. Un propre sourire étira ses lèvres et il inclina légèrement la tête, sentant déjà un profond respect pour cette femme. Elle lui expliqua ensuite qu'ils pourraient commencer par le karaté, histoire d'évaluer son niveau avant de poursuivre vers l'aïkido, la boxe thaï ou le krav maga.
- Tout cela me semble très intéressant.

Et motivant aussi. Finalement, sa petite sœur adorée avait bien eu raison de le pousser vers une activité qui pourrait contrôler son état d’extrême vigilance. La Senseï le mettait en confiance et lorsqu'elle lui proposa un parcours individuel, doutant qu'il se plaise dans un cours collectif avec des adolescents dont la capacité à se battre était très limité, il ne put s'empêcher d'émettre un léger rire avant de hocher le menton quand cette dernière lui demanda enfin s'il voulait commencer maintenant ou remettre le cours à plus tard.
- Je crois que vous m'avez bien convaincu. On peut commencer maintenant. Si vous avez du temps devant vous bien entendu. Je ne souhaite pas non plus bouleverser votre emploi du temps si vous aviez autre chose à faire.