“ It was like inhaling knives. The loss of you... „
Les secours étaient éventuellement arrivés. L’attente avait été atroce, chaque seconde était une occasion de plus à la mort de s’emparer de son frère. Il voulait voir Alex se battre contre cette probabilité, le voir résister. Accroupis près de son corps, ses bras tendus, comptant le nombre de fois qu’il appuyait sur son torse hésitant, Scott avait continué et continué sans jamais s’arrêter de lui parler. Il lui avait fait des promesses qu’il n’était pas sûr de pouvoir garder, lui avait dit que tout allait bien se passer, qu’il devait tenir bon, que les secours seraient bientôt là. Il avait essayé d’attirer son attention, d’entendre un son s’échapper de sa bouche, n’importe quoi. Il avait appelé son nom une bonne centaine de fois sans jamais obtenir de réponse.
Quand les secours étaient arrivés et avaient embarqué Alex et Ororo, Scott était resté à leurs côtés, les dents serrées, montrant et refusant de les laisser seuls. Il n’avait suffi que de quelques minutes pour convaincre les infirmiers de le laisser monter. Il avait joué la carte du frère, du meilleur ami, avait même sorti son badge de Garde pour s’assurer un aller direct à l’Hôpital de Hammer Bay sans jamais quitter son petit frère des yeux. Les infirmiers avaient profité du trajet pour jeter un œil à sa blessure. Scott avait d’abord râlé, les poussant à s’occuper davantage de ses proches : il pouvait attendre, eux non ! Avec davantage d’autorité, il s’était fait scander et avait finalement accepté l’observation. Quelques points de sutures seraient obligatoires mais le tout serait guérit rapidement. "A surveiller…", l'infirmier avait dit. Mais qu’est-ce que cela voulait dire vraiment… Pour l’instant les deux seules personnes qu’il fallait surveiller étaient Alex et Ro. Il n’était pas médecin, ne connaissait que les bases mais rien que leurs visages étaient suffisants pour savoir que leurs cas étaient graves. Il ne s’agissait pas de simples blessures…
Scott fut séparé de son frère en arrivant à l’hôpital. Posé sur un brancard, il l’avait perdu de vue quand des infirmiers et des docteurs s’étaient penchés dessus en hurlant des ordres et des diagnostics. Ils avaient traversé le grand couloir avant même que Scott ait eu le temps de mettre pied à terre. Impuissant, Scott l’avait regardé partir en vitesse sans pouvoir dire un mot. Désormais assis sur un siège dans un couloir, il se sentait vidé, n'ayant plus aucune énergie qui lui traversait les veines. Ses mains tremblaient du choc et de la peur qui venait de retomber mais il ne se sentait pas fatigué. Il était passé faire ses points ─ sa peau le tiraillait ─, avait donné son sang pour aider Alex et avait goûté à un de ces cafés abjects qu’ils vous servaient dans les machines. L’endroit de la pique où l’infirmière avait collecté son sang pour le donner à Alex le démangeait mais il se retiennait de gratter. Le coude sur les genoux, la tête soutenu par sa main, il regardait dans le vide, le sol de l’hôpital, essayant de donner une suite à ses idées. Il était sonné par ce qui s’était passé à la fête foraine, inquiet du sort d’Alex et d’Ororo, en colère contre toutes ces choses qu’il n’avait pas pu prévoir. Ils étaient tous les deux en salle d’opération pour le moment et il n'y avait rien qu'il pouvait faire.
Il se leva alors, indécis sur la destination qu’il allait emprunter. Il ne pouvait pas rentrer à la Garde sans être certain que… Alex… Il regarda à droite et à gauche, croisa le regard d’une infirmière et baissa le sien immédiatement. Scott avait l’impression que ses yeux livraient tout ce qu’il pensait et ressentait et il n’avait envie que personne ne sache la douleur qui le tiraillait de l’intérieur à ce moment-là... Il fit quelques pas en direction de la sortie : il devait être dans les 3h du matin et il avait besoin d’air. Soudain une équipe arriva dans sa direction et il reconnut instantanément la personne qui était allongée dans le lit et son cœur manqua de lâcher une énième fois.
Ne lâchant pas de vue le petit groupe de personne, Scott se glissa dans la chambre plongée dans le noir lorsqu’elles évacuèrent la pièce. Il n'hésita pas à entrer dans la chambre à leur suite, plus silencieux qu'elles ne l'avaient été. Ses yeux se froncèrent à la vision de Jean dans le lit d’hôpital. Le jeune homme s’approcha doucement au-dessus, son souffle se faisant plus discret mais pas moins erratique. Elle avait les yeux clos, sa peau était terriblement blanche en contraste avec sa chevelure et des traces violettes étaient venues se loger sous ses yeux. Il aurait voulu la toucher, lui caresser la joue, la prendre dans ses bras, lui transmettre un peu de la chaleur pour revoir ses joues se rosir comme elles avaient l'habitude de la faire mais il n’osa pas de peur de réveiller une douleur endormie. Il se contenta de remettre une de ses mèches le long de son visage et de tirer une chaise près du lit. Il ouvrit la bouche une fois, puis la referma à court de paroles. Il tenta une seconde fois mais n’eut pas plus de chance. La douleur le paralysait. Il y avait tant à perdre…
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Lun 5 Sep - 0:03
Inhaling Knives
Scott & Jean
Tu flottais dans un ciel blanc. Il n’y avait rien de plus à l’horizon que du blanc. La sensation était agréable, douce. Tu ne sentais pas grand chose en réalité. Tu ne voyais que cette immensité blanche s’étendre autour de toi. Blanche ? Ce détail clochait. Un vague souvenir, un rêve peut-être, te revoit les images de ténèbres noires. Oui. C’était ça. Cette noirceur t’avait enveloppé et garder bien cachée. Te chérissant et ne voulant pas te laisser filer. Alors pourquoi, maintenant, tout semblait être pur et rassurant ? Lentement des sensations de picotement se réveillent dans le corps. Les courbes de ton corps reprenent vie dans ton esprit. Tu ne flottais pas. Oh non, tu étais allongée. Tu semblais toujours à moitié perdu dans ce monde irréel, trop impeccable. Tes yeux lourds, refusaient de s’ouvrirent. Tu te concentres sur cet objectif, cherchant à comprendre ce qui t’arrivait. Cela ne ressemblait pas à un rêve habituel. Ca ne pouvait en être un, c’était autre chose. Et tu voulais savoir ce que c’était. Ta première tentative se solde d’un échec et tu te fais aper une nouvelle fois par ce songe blanc.
Une nouvelle vague de lucidité se drape autour de toi. Ton corps semble reprendre vie, se réveiller, mais de quoi ? Tu te sens bizarre, droguée, fatiguée. Ce n’est pas normal. Ta tête est plus lourde et ton visage meurtri. Tu as l’impression d’avoir été roué de coups. Tes yeux sont toujours clos, tu n’arrives pas à les ouvrir. Tu bouges délicatement les doigts de tes mains. Tu ne comprends toujours pas où tu es et ce qui se passe. Tu tentes de relever ton bras mais celui-ci tombe lourdement sur le matelas qui te soutient. Tu te concentres davantage pour réussir à ouvrir les yeux. Cela te demande un effort tellement grand, qu’à peine tu as réussis, ceux-ci se referment et te voilà reparti dans cette douce chimère.
Une nouvelle fois ton esprit se fraye un chemin vers le retour de la réalité. Cette fois tu sens mieux tes membres, tu entends ta respiration et le rythme régulier de ton coeur. Tout cela s’accompagne d’une atroce douleur qui te vrille le corps. Tu fronces les sourcils et cela aggrave la peine déjà présente dans ta tête. Tu sens ton coeur battre derrière tes tempes et tu as envie de hurler pour que cela s’arrête. Cependant tu serres les dents. Tu encaisses la douleur comme tu peux. Tu ne comprends toujours pas ce qui t’arrive et tes yeux s’ouvrent une fois de plus. Cette fois tu distingues les contours d’une pièce plus ou moins plongée dans l’obscurité. Ta vision est floue et tu papillonnes plusieurs fois des paupières pour réussir à la rendre plus nette. C’était une chambre d’hôpital. Tu étais à l’hôpital ? Tu n'arrives pas à te souvenir ce qui s’était passé, tes souvenirs sont encore trop flous. Des cris, de la panique. De la poussière. Tout ça était trop vague et la douleur dans ta tête trop vive pour que tu arrives à y démêler quelque chose.
Tu avais mis plus de temps à t’en rendre compte, certainement engourdis par ton état mais la pièce n’était pas vide. Il y avait quelqu’un près de toi, sur une chaise. Scott. Une pensée te frappes immédiatement. Ses lèvres contre les tiennes. Il t’a embrassé ? Ca te semblait tellement réel mais ça ne peut pas être le cas. Tu bouges ta main vers lui et ouvres la bouche. Aucun son n’en sort. Tu n'arrives pas à parler, la bouche trop sèche et la gorge douloureuse. Tu arrives rapidement à la conclusion qu’un tube devait s’y trouver il y a peu de temps encore. Tu t’agites sur place. Tu veux comprendre ce qui s’est passée. Tu as besoin d'explications et s’il est là, c’est qu’il sait ce qui t’est arrivé. Il semble endormi, tu n’as aucune notion du temps. Tu déplaces ta main dans sa direction. Elle flotte dans l’air et tu n’arrives pas à l’atteindre. Tu es frustrée. Il ne manque que quelques centimètres avant que tu ne puisses le toucher. Il te suffit juste de te relever, ce que tu tentes de faire.
Une douleur insupportable te cloue au lit et un hurlement s’échappe de tes lèvres. Tu fermes les yeux, crispé par la douleur qui t’assaille. Tes mains viennent par réflexe encadrer ta tête. La peau de ta main te brûle, tu n’avais pas pensé à la perfusion que tu sens à présent très bien. Tu as l’impression que ton crâne va exploser. Tu ressens les battements de ton corps à une cadence élevée dans ta tête, comme le compte à rebord d’une bombe qui va bientôt exploser. Tu veux que ça s’arrête. Un second gémissement sort de tes lèvres. Tu supplies que ça s’arrête. Tu ne veux plus rien ressentir. Tu yeux s'entrouvrent quand il te semble distinguer des sons autour de toi. Scott est là, penché sur toi, éveillé et apeuré. Quand tes yeux croisent les siens tout te revient. La grande roue. La fête foraine. C’est toi. Tu as causé tout ça. C’est ta faute. Ta respiration se fait saccadée, tu suffoques. Tu es un monstre, un démon. Tu as causé tout ce malheur, toute cette peine. Ton corps est secoué de soubresauts, à-coup causé par ta respiration difficile. Des larmes commencent à s’écouler sur tes joues. La peine qui t'envahie, bien supérieur à la douleur, remplace aisément ta souffrance physique.
“ It was like inhaling knives. The loss of you... „
Le corps de Scott ne s’effondra pas tout de suite de fatigue. Ses mains tremblantes, son esprit exténué, son maintien affaiblit par tous les chocs qu’il avait eus dans la même journée… Tout cela n’était rien comparé à la vision dont il ne pouvait se séparer. Il avait tiré la petite chaise près du grand lit blanc, s’y était assis et ne quittait jamais des yeux la silhouette immobile de Jean. La douleur et le chagrin le tenait au corps, le saisissant plus violemment à chaque fois qu’il rencontrait le visage abimé de la jeune femme. Il observait ses traits attentivement dans l’obscurité de la chambre, se sentant toujours plus affligé quand il découvrait un hématome supplémentaire. Elle avait le visage creusé, la peau blanche et froide, toute chaleur l’avait abandonné. Personne n’avait dit à Scott d’où elle venait, pourquoi est-ce qu’elle était ici, dans cet hôpital, dans cette grande chambre mais le jeune homme avait vite fait le rapprochement entre les cas d’Alex et de Ro et le sien. Tout comme toutes ces personnes qui attendaient d’être prises en charge dans le sas, Jean faisait partie des nombreuses victimes de la fête foraine. Quel désastre cette nuit là…
Il lança un regard à la machine à côté de Jean lorsque le petit bip répétitif de son rythme cardiaque s’accéléra. Ecarquillant les yeux, son cœur battant la chamade, il se mit sur ses jambes chuchotant le nom de Jean encore et encore. Il observa sa poitrine inspirer et expirer d’une manière plus saccadée et murmura quelques mots qui ne trouvèrent aucune réponse. Le regard du jeune homme s’arrêta sur les paupières closes de Jean, se demandant si elles allaient révéler les yeux verts qu’elles cachaient. Il voulait revoir leur éclat, ils sauraient le rassurer, lui redonner de la force, une pointe d’espoir. Les traits de son visage se tendirent légèrement, se crispèrent faiblement avant de se relâcher et d’adopter le rythme régulier qu’elle avait précédemment. Il devinait la douleur que subissait le corps de Jean à ce moment même, et aurait souhaité plus que tout pouvoir la soulager. Comme un réflexe, ses doigts étaient allés trouver ceux de la jeune femme, se nouant à eux. La peau de la jeune femme était glaciale mais il avait besoin de ce contact, il avait besoin de se raccrocher à elle. S’il pouvait encore la tenir, recueillir ses doigts au creux des siens, elle avait peut-être une chance. La tenir, c’était se rassurer et il avait besoin d’elle.
Et pour cela, il aurait voulu lui dire qu’elle n’était pas seule, qu’il ne la laisserait pas, qu’il veillerait sur elle. Parce que c’était tout ce qu’il pouvait faire : il se sentait tellement inutile et impuissant, assis dans cette chambre. La colère le brûlait ; il détestait ce sentiment de vulnérabilité qu’il ressentait et qui l’avait pris à la gorge. Se laissant doucement retomber sur le siège à côté du lui, il ne rompit pas le contact qu’il avait trouvé entre ses doigts. Son pouce ne s’aventura pas sur le dos de sa main, empêché par la perfusion qu’on lui avait glissé sous la peau. Dans cette situation, confronté au corps brisé de Jean et à son propre silence, Scott repensa à tout ce qu’elle signifiait pour lui, à qui elle était. A tout ce qu’elle lui avait montré et tout ce qui restait encore à faire. Il avait peur de la perdre, terrifié à l’idée de quitter cette chambre sans être certain qu’il la suivrait dans ce chemin. Il savait qu’elle pouvait le mettre à terre en un rien de temps, sans pitié, sans retenue, mais là dans ce lit, les yeux clos, il ne pouvait s’empêcher de douter. La silhouette de Jean lui paraissait si fragile, si vulnérable.
Elle était pourtant celle qui parvenait à le surprendre à toute heure de la journée, qui le laissait sans voix à chaque fois qu’elle riait. Il était captivé par la jeune femme, curieux et avide d’en savoir plus. Il chérissait les moments qu’ils passaient tous les deux, détestait les heures où ils étaient séparés. Elle rendait ses journées meilleures, ses heures plus courtes, le jour à venir plus convoité. Chaque jour il la cherchait du regard, déçu quand il ne la trouvait pas, comblé quand il la croisait. Il la dévorait des yeux en silence, embarrassé quand elle le prenait sur le fait. Il s’était dit qu’il oserait un jour lui demander si… mais il n’avait jamais trouvé le courage, trop peureux de tout gâcher. Mais la voir là, sur ce lit, immobile, froide, sans être parfaitement certain si elle verrait un lendemain, il regrettait. Il regrettait les jours où il ne l’avait pas cherché plus longtemps, les paroles qu’il n’avait pas prononcé en se disant qu’il les lui avouerait un jour. A cette pensée, une larme tombe discrètement sur le matelas. Une larme qu’il n’a pas envie de sécher, qu’il n’a pas besoin de cacher.
Au fil de ces pensées, Scott avait trouvé le sommeil. Son corps s’était relâché sur le fauteuil, endormi dans une position inconfortable sur cette chaise trop petite pour lui. Il n’avait aucune notion du temps, perdu entre hier et aujourd’hui, entre la nuit et le matin. Ses points de suture sous son tee-shirt tâché du sang d’Alex l’empêchèrent de réellement s’étirer. Il s’était endormi avec un air brisé sur le visage, signe de cette inquiétude qui ne le lâchait jamais. C’est un cri de douleur qui le tira de son état de somnolence. Le corps dans le lit à côté de lui s’agitait, les draps se plissèrent, les machines s’emballèrent.
Il n’en faut pas plus à Scott pour être tirer du sommeil. L’écho de sa douleur est insupportable, cisaillant et martelant le jeune homme. Il ne sait pas quoi faire pour soulager ses souffrances, ses mains hésitent, ne sachant où se poser sans lui faire mal et retombent vainement sur le côté du matelas. Les yeux de la jeune femme papillonnent, s’ouvrent, se ferment tandis que sa bouche se tord dans un rictus douloureux. Un second glapissement de souffrance échappe les lèvres de Jean. Doucement, Scott se penche au-dessus d’elle, ses doigts cherchant le contact des siens. « Jean. », il murmure doucement, espérant la calmer, lui donner quelque chose sur lequel se concentrer. Ses yeux s’affolent puis se calment quand elle croise son regard. Une nouvelle expression se dessine sur le visage de la jeune femme, une expression que Scott a longtemps vu dans son propre miroir : celle de la culpabilité. Il était né en se pointant du doigt, s’en voulant pour toutes les choses qui ne se passaient pas correctement. Il se sentait coupable de l’extinction des espèces menacées et du trou dans la couche d’ozone. Mais voir ce sentiment déformer le visage de Jean, il n’osait l’imaginer, ne pouvait le comprendre. Un sanglot agita la jeune femme et des larmes commencèrent à rouler le long de ses joues. Décontenancé par cette nouvelle peine, Scott s’assit une petite partie du matelas, s’assurant au préalable qu’il ne toucherait ni aux machines, ni ne s’appuierait contre le corps de Jean. Sa main se pose délicatement, légère comme une plume, le long du visage de la jeune femme, effleurant la peau de sa joue froide, séchant une de ses larmes d’un mouvement du pouce. « Du calme, ça va aller. », Scott murmura. « Je suis là… » Il ne sait pas pourquoi il dit cela, ne sait pas en quoi cela changerait grand-chose. Il est juste là. Immobile, inquiet, terrifié à l’idée de la perdre.
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Lun 5 Sep - 22:24
Inhaling Knives
Scott & Jean
Tu avais voulu quitter ton petit cocon blanc réconfortant et maintenant tu donnerais tout pour y retourner. Cet endroit, bien qu’irréel, situé entre le monde des rêves et l'inconscient était indolore. Il était paisible et calme. Tu t’étais sentie bien là-bas. Pourtant tu voulais t’y échapper. C’est ce que tu avais fait. Tu avais repris tes esprits et la réalité venait de te fouetter de plein fouet. Elle était brutale et sans pitié. Tu regrettais à présent l’immensité blanche à laquelle tu avais tourné le dos. La douleur, déferlait en toi, sauvage et brutale. Comme la mer les jours d’orage. Les hautes vagues viennent se fracasser contre les falaises de l’île. Ce spectacle est magnifique mais dévastateur. Et à ce moment, tu étais ces falaises. La douleur se déferlait sur toi férocement, ne te laissant pas une minute de répit. Si tu flanchais, elle t’engloutirait et tu sombrerais dans les flots. Tu devais résister de toutes tes forces pour ne pas te laisser engloutir. Le mal semblait redoublé d’intensité plus ta lutte se faisait opposante. Ses assauts étaient plus acharnés à chaque seconde qui passait. Tu ne voulais pas lâcher prise mais tu n’arriverais pas à lutter éternellement. Tu gémis, supplie pour que ça se stoppe, que tout s’arrête. A travers la tempête tu distingues une voix. Sa voix. Ton corps crispé depuis que la douleur t’avait saisie, se relâche tandis que tu prends une inspiration. Cela dure une fraction de seconde. La douleur est toujours là, continuant son agression sur ton corps.
Il est là. Tu veux le voir. Tu ouvres les yeux, tu le cherches. Tu as du mal à te concentrer sur ta vision, trop dominer par la souffrance qui s’acharne encore sur toi. Les battements de ton coeur s’accélèrent. Tu as besoin de le voir. Le soulagement t’envahit quand tu croises ses prunelles bleues. Tu espérais, non, tu étais persuadé que de pouvoir plonger à travers son regard t’aurait apporté le réconfort et la force nécessaire pour faire face à ce qui t’arrivait… Il t’aurait aidé à surpasser tout ça. Seulement, au moment où tes yeux se posent sur les siens, ta mémoire semble se réveiller et les souvenirs surgissent avec. Le grincement de la structure métallique résonne à nouveau dans tes oreilles. Tu entends le cri de la foule en panique et tu te rappelles que Logan et Kurt se trouvaient près de toi. Tu es responsable. Les larmes s’échappent incontrôlables de tes yeux, cherchant à évacuer l’émotion qui t’assiège. Ce n’est plus la douleur qui t’inquiète et te mutile. Tu semble avoir trouvé une autre distraction, plus puissante et ravageuse encore. Tu es coupable. C’est ta faute. Tu te sens oppressée, ta respiration est difficile. Tu ignores comment apaiser le poids qui écrase ton coeur. Cela te semble bien trop lourd à porter.
Le calme se fait autour de toi, mais pas en toi. Les contours de ta vision s'effacent, disparaîssent et la pression sur ton coeur est la seule chose qui te rappelle que tu es encore consciente. Jusqu’à ce qu’une caresse t'effleure. Légère et douce, une main se pose sur ta joue. La chaleur qui en émane te brûle l’épiderme. C’est sa main. Tu te focalises dessus. Tu ne veux penser à rien d’autre qu’à sa main contre ton visage. Sa peau contre la tienne. Tu te noyais et il vient de t’offrir quelque chose à quoi te raccrocher. Lui. A Scott. Il vient t’apporter ce dont il te manquait cruellement. Un but. Une raison pour te battre, pour vouloir t’en sortir. Et cette raison c’est lui. Tu te concentres davantage sur lui. Puis sur ta respiration, que tu cherches à la ralentir. Tu as besoin de te calmer. Tes yeux sont toujours clos et malgré ça tu arrives à le sentir. Il est là, tout près de toi. Juste à tes côtés. « Je suis là… » Le timbre de sa voix et ses mots apaisent ton coeur, le soulage et le réconforte. Tu glisses ta main jusqu’à la sienne, la recouvrant du mieux que tu peux. Cherchant à puiser dans les quelques forces qui te restes tu serres ses doigts, du mieux que tu peux. Tu as besoin de lui, c’est une certitude. Tu es effrayée à l’idée qu’il puisse disparaître et ne jamais revenir… Tu ne le supporterais pas.
Bien qu’encore submergé par tes larmes, tu ouvres les yeux. Ta peine est toujours là, tu la sens au fond de toi embraser les cellules de ton coeur, mais avec lui à tes côtés elle semble moins lourde à porter. La douleur aussi est encore là. Tu la sens, constante et toujours aussi fugace. Prête à bondir au moindre signe de faiblesse pour te faire sombrer une nouvelle fois. Pas encore. Tu n’es pas prête à lui laisser le champ libre. Pas encore. Ta respiration reste irrégulière et tes battements de coeur toujours fredonnés par la machine à côté de ton lit. C’est un cauchemar. Non, ce n’en est pas un, Scott est là. Tes lèvres s’étirent, tu tentes un sourire car tu le distingues à travers le brouillard de tes larmes. D’un battement de cils tu te débarrasses des dernières qui perlaient aux coins de tes yeux. Son visage est plus net. Ses traits tirés par l’inquiétude. Sa peau est pâle ce qui accentue les cernes qui sont logés sous ses yeux. Son pouce continu doucement de repousser les larmes qui se frayent un chemin sur ta joue. Ta main libre s’approche de son visage et dessine les contours de ses traits, s’attardant sur ses sourcils froncés. « Tu vas bien ? ». Ta voix est étrange, tu ne la reconnais pas. Elle est rauque et faible. Elle dépeint à la perfection le manque d’énergie que tu ressens. Tes yeux se portent sur lui, tu veux le voir en entier, le juger, être certaine qu’il va bien. Des traces de sang maculent son T-shirt et il semble déchiré à certains endroits. Ton rythme cardiaque et ta respiration s’emballent. Ce pourrait-il que ... ? « Tu y étais ? Tu es blessé ? »
Les conséquences de tes actes s'abattent une nouvelle fois sur toi, ravivement la sensation d'étouffement que tu avais eue. Tu suffoques encore. Tu le visualises, à la fête foraine, au milieu de la foule en panique. La grande roue vacillante s’écrasant sur le sol, sur lui. L’air vient à te manquer. Tu le sens se raréfier et un autre sanglot t’échappe. Tu ne voulais pas faire ça. Ce n’est pas ta faute, tu étais dominé par… ta colère ? Non, c’était bien toi. « C’est ma faute. C’était moi. » Tu n’arrives pas à le regarder davantage. Tu ne cesses de l’imaginer étendue sous les décombres. Puis tu ne veux pas voir son visage, ses yeux. Ta culpabilité est déjà trop lourde pour que tu puisses faire face à son expression. Tu es un monstre, incontrôlable. Tu veux le repousser, tu bouges la tête mais sa main contre ta joue est la seule chose à laquelle tu peux te cramponner. Tes pleurs reprennent et ta bouche s’ouvre à nouveau. « C’était moi Scott. La grande roue. » Un gémissement se faufile entre tes lèvres. Tu dois le dire. Lui dire. Tu ne peux pas garder ça pour toi. « C’était moi. » Ta poitrine te fait mal, ton coeur y bat trop vite. Trop d’émotions t’assaillent et tu n’es pas en mesure d’y faire le tri. C’est trop pour toi. Beaucoup trop. Tes membres hurlent de douleur et ton coeur saigne. Tu te remets une fois de plus à supplier pour que la chimère blanche t’accueille à bras ouverts, tout sauf ce que tu vis actuellement, tu ne peux en supporter davantage.
“ It was like inhaling knives. The loss of you... „
Ses larmes roulent toujours dans le creux de ta main posée sur sa joue. Tu ne supportes pas de la voir pleurer, de la voir consumée par ce chagrin qui lui draine son énergie, qui déforme ses traits apeurés, d’ordinaire si doux, si joyeux. Dans ses yeux tu as l'impression de voir défiler un amoncellement d’émotions et de visions d’horreur auxquelles tu n’as pas accès. Elle gémit, se souvient sans doute, cherche des réponses dans ce silence qui vous enferme tous les deux... Tu ne veux pas lui parler de ce qui s’est passé. Les événements sont étranges, dangereux, imprévisibles… Pas ce qu’ils semblent être à l’origine. Un endroit synonyme de festivité et d’amusement qui se transforme en cimetière… Des forains et des invités, qui se découvrent victimes, s’éveillant dans des lits d’hôpitaux, loin de leurs proches, loin de cette vie tranquille, sans rythme dans laquelle ils s’étaient conformés. Mais tu ne veux pas lui faire oublier non plus. Parce que la raison pour laquelle elle est ici, c’est celle-ci, et lui cacher la vérité serait un terrible sort.
Le chagrin te traverse, se miroir et s’adapte en fonction de son visage et des signes qu’elle te présente. Tu vois dans ses yeux sa désorientation, sa perte de repère. Sa poitrine se soulève à intervalles irréguliers, s’arrête un moment, répare de plus belle, incapable de se contrôler. Elle prend son souffle comme après avoir couru trop vite. Elle suffoque, panique. Elle court à travers sa mémoire, à travers ce dont elle tente de se rappeler. De nouvelles larmes s’écoulent le long de ses joues et tu les essuies d’un revers de doigts. Ton regard cherche le sien, tes lèvres murmurant son nom, comme on fredonne une chanson. Il s’agit d’une note qui résonne dans ton cœur, une note qui cache derrière elle toute une symphonie et tout une cacophonie ; tout un parchemin de souvenir et de significations. Elle renferme tout ce qu’il y a de meilleur, tout ce que tu crains perdre, tout ce que tu espères.
Son corps allongé à côté du tien semble se calmer, rassuré par cette proximité, cette distance de séparation qui se réduit entre vous. Tu as eu tellement peur, tu es toujours inquiet, rongé par le chagrin. Tes yeux se perdent dans les siens. Tes doigts ne quittent pas sa joue et tu la sens esquisser un sourire léger qui a pour effet de calmer sa respiration. Tu tentes de l’imiter et y parvient faiblement. Pas ce à quoi tu l’avais habitué mais tu avais du mal à voir le bonheur dans cette salle, à ce moment là. Pas quand elle était toujours allongée dans son lit d’hôpital, grimaçant de douleur à chaque fois qu’elle bougeait d’un millimètre. Ses sanglots se calment, se ralentissent. Sa poitrine reprend un rythme plus régulier et la machine réduit son bip infernal. Tu fais glisser ta main le long de son visage, lui remet une de ses mèches de cheveux en place, en profite pour explorer ce contact de tes doigts sur sa peau. Tu avais toujours était curieux de faire ça, n'avait jamais osé t'y aventurer. Même si le moment ne se prête pas vraiment à satisfaire cette idée que tu avais, tu profites de l’occasion pour attiser ta curiosité. Au moment où tu te recules, sa paume libre t’en empêche, enveloppant la tienne. Docilement, tu la laisses faire, une vague de chaleur réchauffant ta main. « J’ai eu tellement peur. », tu murmures. Ta voix est courte, tu crains qu'elle ne se brise en sanglot. « Je… » Ta mâchoire se serre, tes sourcils se froncent… Ta voix manque de se briser. Tu te souviens de l’avoir vu passer dans son brancard, inanimée comme une poupée, blanche comme un linge, le souffle court, reliée à des machines pour l’aider à vivre. Ton cœur tambourine à la vision, tes lèvres se pincent en réponse à la douleur.
Une de ses mains se pose sur ton visage et la surprise l’emporte sur les pensées qui te capturaient précédemment. Son contact est léger, faible… le bout de ses doigts explore ta peau qui se réchauffe sous son toucher. Tu fermes les yeux, absorbant, intériorisant toute l’intention de son geste, sa douceur, tout ce qu’il cache et recèle. Tu ne voudrais jamais qu’elle cesse. Elle parvient finalement à murmurer quelques mots d’une voix rauque qui n’est pas la sienne. Tu hoches la tête mais ses yeux évaluent le tee-shirt maculé de sang que tu portes toujours. Sang qui n’est pas le tien, sang qui appartient à une autre personne à qui tu tiens, une autre personne dont le sort vacille entre la vie et la mort. « Je vais bien. Ce n’est pas le mien. Ce n'est rien. », tu lui dit en désignant le sang. Ce n’est pas tout à fait vrai. Une petite partie sur le côté est bien à toi. Le reste… Son rythme cardiaque s’accélère. « Doucement… ça va aller. Ne t’inquiète pas. »
Mais soudain, la voilà hors de contrôle. Son souffle s’accélère, ses yeux ne trouvent pas un point fixe, un nouveau sanglot la parcoure. Ses traits s’étirent, se brisent, combinaison de douleur et de culpabilité. « C’est ma faute. C’était moi. », elle murmure, donnant à ses mots le poids d’une grande vérité, le besoin d’une confession. Tu secoues la tête, refusant d’admettre ce qu’elle prononce, mettant ses paroles en doute, l’assurant qu’il s’agit du choc et de la surprise. « Non, Jean. S’îl-te-plaît… », tu lui demandes, refusant de la voir s’accabler de la sorte. Tu sais ce que le poids de la culpabilité pèse, tu connais le refrain, les regrets, le prix à payer. Tu ne veux pas la voir supporter la même peine, tu refuses de la voir une fois de plus prononcer ces mots qui suffiraient à la condamner. Tu ignores même pourquoi elle y penserait. « Jean, tu n’y es pour rien. » Tu ignores ce qui s’est passé au loin, place de la Grande Roue, tu ne sais pas ce qui la pousse à prononcer ces ignominies, ces absurdités. Mais ses supplications continuent, d’une voix toujours plus brisée, toujours plus coupable. Elle croit à ce qu’elle raconte et tu as peur de sa sincérité. Tu ne veux pas y croire. « C’était moi Scott. La grande roue. » Tu vois la culpabilité et la peur qui se dessine sur ses traits. Ses sourcils se froncent, ses yeux papillonnent tandis que de nouvelles larmes se forment. De chaudes larmes, des larmes d’horreurs. Elle va se perdre dans cette version des faits, se concentrer sur sa culpabilité plutôt que sur retrouver la santé… Un nouveau gémissement lui échappe mais tu refuses de l’entendre. Tu refuses de penser à plus tard, à aujourd’hui, à ce qui est arrivé, à ce qui arrivera. Tu ne veux plus rien que l’assurance d’elle contre toi. Et juste au moment où elle s’apprête à se délayer une fois de plus, à s'enfermer dans cette souffrance dénuée de sens, tu te penches vers elle et absorbe ses mots de tes lèvres.
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Mar 6 Sep - 21:53
Inhaling Knives
Scott & Jean
Même s’il était la preuve en chair et os qu’il n’avait rien, la culpabilité révoquait toute trace de logique. Elle t'étouffait, te privait de l’air qui t’était tant précieux, t’oppressait. Elle était ton bourreau et tu étais sa marionnette. Elle tirait les ficelles dans l’ombre et ton corps réagissait à chacun de ses ordres. Ton coeur s’emballait, ta respiration s’écourtait, ta tête s'électrisait. Tu étais son jouet, incapable de se défaire de ses filets. Esclave silencieuse d’un démon invisible. Aujourd’hui tu savais que l’enfer avait un visage. Enfer qui se délectait de la peine et de la souffrance. Tu venais de l’effleurer du bout des doigts et tu perdais ton combat. Il te dominait, te surpassait. C’était un adversaire infâme, qui se nourrissait de vos peurs et de vos angoisses, bien plus fort que toi. Tes traits se déforment, des gémissements t’échappent. Tu es piégée et tu n’as nulle part où aller. Tu ne sais pas comment te sortir de cette prison, cette cage qui te retient. Tu dois t’évader. Évacuer ce qui te pèse tant. La vérité. La vérité sur ce que tu es vraiment et sur ce que tu as fait. Les mots sont graves, accablants. Tu es coupable et il ne peut rien dire pour l'innocenter. Pourtant il refuse de le concevoir.
Tes yeux clos ne t’empêche pas de savoir qu’il est là et qu’il nie. Tu aurais hurlé si tu l’avais pu mais chaque fois que tu desserre les dents un gémissement se faufilait. Tu ne veux plus être dominé de la sorte par ta souffrance, par ta peine. Tu te mets à espérer, à supplier que tu replonges dans ce songe, cet endroit en paix où tu pourrais vivre tranquillement. Qu'était-ce la vie au juste. Cette souffrance ? Ce poids qui ne faisait que balayer la personne que tu étais ? Cette culpabilité si oppressante qu’elle te rongeait entièrement, te délaissant de ce que tu avais de plus beau à offrir au monde ? Tu n’en voulais plus, tu ne voulais plus de tout ça. Tu voulais oublier, t'anesthésier. Arrêter de souffrir, te perdre. Abandonné. Tu es prête à cet instant à renoncer à tout. Prête à abdiquer face au mal qui te dévore. Subtilement une lumière vient t’éclairer dans cette obscurité. Un contact affolant. Ses lèvres sur les tiennes, t’offrant un faible baiser. Une fois de plus, il te réanime, te sort de la torpeur qui s’est emparé de toi. Tu ne peux pas abandonner, pas maintenant. Ton corps à moitié englouti par les profondeurs se réveille partiellement, ramené à la vie. Si ton coeur avait eu un rythme régulier il se serait emballé. A cet instant c’est tout l’inverse qui se produit. Il ralentit, se console et s’attendrit.
Vos lèvres se séparent après ce chaste baiser. Tu n’arrives plus vraiment à savoir ce que tes sens te hurlent. Bouleversée par le choc, meurtrie par le traumatisme de ton corps et cajolé par les lèvres de Scott. Tu en avais rêvé. Seulement ce baiser te semble à demi teinte. Tu ne semble pas en mesure de l'apprécier entièrement, trop déchirer par toutes tes émotions. La peur, la peine et la culpabilité. Tu le cherches, tes mains emprisonnent son visage toujours près du tien. Tu ne veux pas qu’il s'éloigne. Jamais. Surtout pas maintenant. Tu disparais, ton corps sombre. Il s’engourdit subtilement, chatouillé par l’anesthésie qui se répand comme une fumée, légère et aérienne autour de toi. Tu l’avais réclamé. Tu avais désiré ce néant, cette absence. Tu l'aurais accueilli à bras ouverts si l’homme à tes côtés ne venait pas de t’offrir ses lèvres. Son souffle balaye ta peau à chacune de ses respirations, effleurant ta peau, ta bouche. « Restes avec moi. » Tu l’implores et pourtant c’est toi qui t’en vas. Tu t’effaces doucement, bientôt envolé. Vos lèvres s'effleurent, se frôlent tandis que tu lui parles. Cette caresse te rappelle l’agréable picotement de ta peau sur la sienne. « Scott, reste avec moi ». Ta voix n’est qu’un faible murmure, elle s'éteint. Tu as compris et tu l’acceptes. Tu es prête à t'abandonner à l’infini une seconde fois. Avant d’y jeter ton âme, tu désires une seule chose. Tu as besoin de chérir quelque chose, quelque chose d’assez fort pour te rappeler que la vie est douce et qu’il faut se battre pour elle. Tu attires son visage près du tien et viens chercher un autre baiser sur ses lèvres avenantes. Elles consument les tiennes et tu mémorises chaque sensation qui te parcourt, les gardant jalousement ancrés dans ton esprit. Tu en voudrais plus, tu aimerais en réclamer plus mais tu n’en as plus la force. Déjà tes mains lâchent son visage et tes bras retombes lourdement de part et d’autre de ton corps. Tu lâches enfin prise, arriver au bout de tes dernières forces. Tu te dérobes à la réalité, étourdit, chutant dans un trou sans fin.
“ It was like inhaling knives. The loss of you... „
Ses mots meurent sur tes lèvres. Pas d’écho, pas de reste, tu ignores ses syllabes, son souffle qui s’écrase le long de ta bouche comme une vague s’écrase sur le sable. Tu fermes les yeux, absorbe ses paroles, t’en abreuve, les aspire. Elle ne les prononcera pas seule, n’y fera pas face seule, ne dira rien d’autre qui puisse lui faire monter les larmes. Qu’elle partage son chagrin, ses sanglots, ce qu’elle dit être son infamie, le poids sur ses épaules. Elle n’est pas frêle mais le chemin de l'acceptation est long. Elle n’a pas besoin de s’isoler pour faire passer la culpabilité ; partout où il ira, tu la suivras. Si elle se cache, tu la chercheras. Si elle se fait petite, tu lui montreras les grandeurs déjà accomplies. Parce que peu importe ce qui pouvait se passer dans les prochaines heures ou les prochains jours, à partir de maintenant tu ne la quitterais pas.
Tes lèvres contre les siennes, elles scellent ce serment invisible que tu lui fais. Tu retiens ton souffle, émerveillé, un peu effrayé par ce geste que tu as osé tenter. Tu pensais être plus contrôlé, plus sage mais la voir ainsi, se rabaisser, s’accuser, s’excuser… Tu n’étais pas assez fort, pas assez fou pour entendre ces mots, ces balivernes. Tendrement tu goûtes à la saveur amère de ses larmes qui ont roulé. Tu caresses ses lèvres des tiennes avant de te rappeler de respirer. Le baiser s’écourte, mais c’est à contrecœur que l’écart entre vos bouches se creuse. Tu pousses un petit soupir, déchiré entre l’ombre et la lumière, entre l’anxiété et le contentement. Tu la regardes tendrement, la couve du regard, l’admire candidement. Le contact de ta main sur ton visage se fait plus bouillonnant, empêchent un mouvement de fuite auquel tu ne penses même pas. Tu avais laissé passer trop de temps, trop d’occasions lors desquels tu avais eu envie d’essayer ça, où tu avais été curieux de savoir comment elle réagirait, quel serait le goût de ses lèvres... Ton cœur battait la chamade, tambourinait dans ta poitrine tandis que son contact s’affaiblissait contre ta joue. Tu sens ses doigts qui perdent de leurs forces, qui commencent à trembler et tu les couvres des tiens, tentes de lui transmettre un peu de ton énergie. Ne me laisse pas, tu as envie de lui chuchoter. Ne me laisse pas. Mais tu la sais fatiguée, exténuée, son corps se battant pour retrouver des forces qu’elle utilisait pour te conforter.
Tu poses délicatement ton front contre le sien, partageant chacune de ses respirations, ton cœur ratant un battement quand tu repenses à cette envie que tu as de réitérer le baiser. « Reste avec moi. », elle chuchote. Ses mots ne sont que murmure, ils percent pourtant dans le silence de la chambre. Tu hoches à peine la tête, trouvant ce serment évident. Se liant aux siens, tu combles l’espace entre ses doigts. « Scott, reste avec moi » Elle a peur que tu t’échappes, que tu t’évanouisses, de se réveiller sans ta présence à ses côtés. Elle ne sait pas que ces peurs ne sont pas nécessaires. « Je ne te quitterais pas », tu lui promets, donnant à tes mots un entrain nécessaire pour lui faire comprendre qu’elle n’a pas à s’inquiéter. Dans le creux de ta main, ses doigts se relâchent délicatement, un à un, engourdis par la fatigue, par cette énergie endormie attirant son corps dans le sommeil.
L’espace est infime entre vos visages ; le geste, lui, reste grand. Puisant dans le peu de force qui lui reste et qui tente de l’engloutir, Jean se hisse jusqu’à tes lèvres et les recouvre des siennes. Le contact t’électrise, te brûle et t’enveloppe d’une chaleur intense. Tu frissonnes à son contact, touché par le geste et par ces sentiments qui s’embrasent dans ta poitrine. Tu voudrais que le contact ne se rompt jamais, tu voudrais figer l’instant, savourer pour toujours le délice sur ses lèvres. Tes bras accompagnent la chute des siens, les faisant doucement trouver les draps plissés sur le matelas. Les yeux de Jean se closent, la faisant dériver dans un sommeil tranquille et que tu espères, sera réparateur. « Repose toi», tu lui chuchotes. Déposant un ultime baiser sur son front, tu t’écartes de son visage, gardant le contact de sa main. Tu restes quelques minutes à la regarder silencieusement. Jean Grey… Elle venait de t’ensorceler…
Regagnant la chaise froide sur le côté, tu restais là, tranquillement à l’observer, à veiller sur elle... C’est un vibrement discret qui te sortit de ta stupeur. Cherchant d'abord l’origine du bruit, tu te levais lestement pour t’approcher de la veste posé sur une table d’hôpital en plastique. Découvrant le portable de Jean dans l’une des poches de l'habit, tu l’en tirais. Gamora. La situation avait changé, l’heure n’était pas à la confrontation, la nouvelle était importante et tu n'hésites pas un instant. Arrêtant le buzz du téléphone, tu décrochais et amenais l’appareil à ton oreille. D'une voix basse et lente, tu parles à l'interlocutrice à l'autre bout du fil. « Gamora, c’est Scott… Je suis à l’hôpital. C’est Jean, elle était à la fête foraine et… » Tu fermais les yeux, te donnant un peu de courage pour finir ta phrase. « … Il y a eu un accident. »
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▒ inhaling knives /w jean&scott
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