Are you insane like me ?- Mai ? Mai ? Maiwen ?- Arrête de t’acharner Jazz, tu vois bien qu’elle répond plus...- Et ça vous inquiète pas ? Temperance, tu peux bien faire quelque chose ?- Non. Ca me plait pas mais non.- Mais ça fait trois jours qu’elle est comme ça ! On peut pas la laisser et…Gémissant, j’attrape le coussin le plus proche de moi et je tente d’enfouir ma tête dedans. Mais cela n’atténue pas le bruit. Jamais. Toujours pas. Je sens les larmes qui recommencent à me monter aux yeux alors que je fais en quelques secondes preuve de plus d’activité que je ne l’avais fait pour plusieurs jours. Ou plusieurs heures. Ou seulement quelques secondes.
Non plusieurs jours. Tellement que tu as réussi à épuiser ta réserve d’alcool. Je n’avais plus notion du temps qui passait. Il y avait juste ce bruit, ce hurlement permanent dans ma tête, celui qui avait commencé y a quelques jours. Et mon incapacité à le faire taire.
Tu peux y arriver si tu veux… Il hurlait tellement fort depuis quelques temps. Il hurlait tellement fort que j’avais d’abord penser que tout le monde l’entendait, que tout Genosha se figerait devant ce cri du désespoir. Avant de comprendre qu’il n’y avait que moi qui l’entendait. Et ça hurlait, ça hurlait de douleur, de peine, de triste, de désespoir. Ca hurlait, encore et encore. Depuis ma dispute avec Marc. Depuis que Jake était recherché par la moitié du pays. Depuis ce visage plus familier qu’un autre que j’avais croisé dans la rue. Depuis que j’avais retrouvé, enfouie dans une de mes poches, cette alliance que je ne savais pas d’où elle venait. Je ne savais pas exactement ce qui m’avait fait partir en vrille. J’avais aucune putain d’idée de comment c’était parti en vrille.
Nous non plus. C’était sur que les derniers temps n’avaient pas spécialement été cool. Il y avait eu cette affaire avec Meryl, Mercy qui débarquait à la maison. Mais ça je gérais. Ca j’arrivais à vivre avec. Sauf qu’il y avait eu cette dispute avec Marc, ces reproches, ces mots blessants qu’il avait dit seulement pour faire mal. Et ça je gérais beaucoup moins. Mais j’avais pas forcément non plus l’impression que ça venait de là. Comme si ça venait de partout en même temps. Il y avait ces images, ces scènes qui se rejouaient devant mes yeux et qui bousculaient tous les souvenirs que je pouvais avoir. Je revoyais les coups, les violences, les pleures, les marques sur mon corps, les yeux vides dans la glace. Je revoyais aussi des moments de joie, de joie intense, d’amour, d’amitié, de rire… et étrangement ces souvenirs là étaient peut être encore plus douloureux. Je perdais la tête.
Mais non. Je savais que je perdais la tête. Je l’avais vu chez Meryl, il y a des années de ça. Je reconnaissais les signes.
Ce n’est pas la même chose. Je le savais quand j’avais cru voir quelqu’un dans mon salon, que je lui avais jeter dessus le premier truc qui me passait sous la main avant de voir ma télécommande simplement rencontré le mur. Je le savais parce qu’il était tout sauf normal d’entendre hurler en discontinu quand personne ne hurlait.
Ca, c’est vrai que c’est pas le comble de la normalité. J’avais essayé de boire à en perdre conscience mais ça n’avait pas marché, j’avais seulement régurgité une bonne partie de l’alcool ingéré.
C’était pas une bonne idée. J’avais trouvé une autre méthode, avalant une dose bien au dessus de la limite prévue de morphine et autres calmants.
C’était une encore moins bonne idée. J’étais stone depuis, un peu plus délirante de ces souvenirs, un peu plus perdue mais le hurlement semblait plus lointain. Et j’ignorais ces voix qui commentaient tout ce que je faisais, tout ce que je disais, tout ce que je pensais. Je me souvenais avoir tenté d’appeler Marc mais qu’il ne réponde pas. Je me souvenais avoir renoncer à appeler ma famille, me disant que cela n’arrangerait pas les choses. Je me souvenais avoir appeler Alkis mais je me souvenais même pas de ce que je lui avais dit. Je me redressais et tentais de sortir de mon lit. Je tombais une première fois avant de trouver mon équilibre. Lentement, et prudemment, je me glissais jusqu’à la douche que je prenais brûlante, me rendant même pas compte de la chaleur de celle ci et des marques rouges qui apparaissaient sur ma peau. Alors que je me savonnais ma main glissait sur cette cicatrice sur mes côtés. Un autre flash m’arrive en plein visage. Je vacille, m’appuie sur la paroie de la douche. J’entends la détonation, son caractéristique. Je ressens la douleur comme si je l’avais déjà vécu. Les larmes me montent aux yeux.
Respire Mai. Respire. J’attend que ça passe et je sors de la douche, n’ayant plus le goût à ça. Revenant dans ma chambre, je vois la loupiotte de mon téléphone qui clignote. Alkis, qui dit être arrivé. Un peu plus rapidement, dans des geste désordonnés parce que mon esprit est encore dans le brouillard, j’enfile des vêtements sans regarder ce que je mets. J’attrape mon sac à main, mes clefs qui avaient atterrit sous le canapé et un paquet de clope. Puis je descends dans la rue. Je tombe bien une ou deux fois dans mes escaliers sur le chemin. Je repérai sans trop de mal la voiture de Alkis, la connaissant plutôt bien et ayant un souvenir assez… désagréable de la dernière fois qu’on avait fait un tour dedans.
Hey… Ma voix est cassée, je le sais. J’ai hurlé à un moment je crois. Je m’en souvenais pas bien. Alkis ne répond pas, se contentant de démarrer la voiture. Je me laisse aller contre le siège passager, attendant qu’il dise quelque chose. Ca ne tarde pas. Une voix froide, une voix que je lui connaissais pas forcément beaucoup. Parce que je perds la boule Alkis. Parce que j’ai besoin d’aide et que je n’ai personne d’autres à qui la demander. Parce que tu es le seul qui fera ce qu’il y a à faire. Parce que je ne vais pas y arriver seule. Je sens les larmes qui me montent aux yeux. J’entends le hurlement de plus en plus proches. Ces cris qu’on dirait un seul et même mais qui sont plusieurs quand j’arrive à l’écouter un peu. Des voix, des milliers de voix, qui hurlent. Aller nulle part… Je savais même pas où je voulais aller. Dans le silence. Un putain de silence. Je voulais juste un putain de silence.
Je… je sais plus. Je sais plus quoi faire, quoi essayer pour que ça s’arrête. Je veux juste que ça s’arrête. Je… S’il te plait Alkis. Faut que ça s’arrête, j’en peux plus. J’avais aucunement conscience que ce que je racontais ne voulais rien dire.