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I'm not bulletproof when it comes to you | Skyrol
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
Amaury Torres

Amaury Torres
Extraterrestre
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Codename : TOR.A.2
Pouvoirs : Altération négative. Co-hôte d'un symbiote.

I'm not bulletproof when it comes to you | Skyrol Ky0m
Emergence :
I'm not bulletproof when it comes to you | Skyrol Fonddr113 / 53 / 5I'm not bulletproof when it comes to you | Skyrol Fonddr11
Maitrise :
I'm not bulletproof when it comes to you | Skyrol Fonddr112 / 52 / 5I'm not bulletproof when it comes to you | Skyrol Fonddr11
Messages : 641
DCs : Morgan, Ryan, Hailey, Moran, Eames, Nathan, Terrence, Lena, Eden, Karsten & Adrian
Pseudo : Holmesienne

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Lun 18 Sep - 17:33

I'm not bulletproof when it comes to you
Skye & Carol
♠ ♣ Don't know what to say when you made me the enemy. After the war is won there's always the next one. Maybe I'll crash into you, maybe we will open these wounds. We're only alive if we bruise so I lay down this armor. ♥ ♦

Ses pas martelaient le sol bétonné, alors qu'elle foulait les pavés de ses bottes de service rutilantes. Sa chevelure ondulait en cascade dans son dos, tressautant contre ses épaules, au gré du vent. Mâchouillant ses lèvres craquelées, la blonde scrutait l'horizon de ses iris brillants, le sang pulsant à ses tempes. Ses doigts se fermaient en un poing par à coups, tandis qu'elle avançait vers le bâtiment qui se dessinait au loin. Sa respiration était plus fébrile et elle pouvait sentir les regards écœurés des passants devant son uniforme de service. Serrant la mâchoire, Carol jurait intérieurement, comprenant parfaitement leur aversion. Elle-même n'avait plus d'estime pour son travail qui lui avait déjà coûté bien trop cher. Un frisson parcouru son dos tandis que sa cicatrice la tiraillait soudainement au souvenir de ce festival complètement raté. Gâché par ses propres collègues, alors qu'elle avait failli cramer sa position. Les séquelles étant bien plus grave qu'elle ne le pensait. Elle ferma un instant les yeux, soupirant bruyamment, insatisfaite et dégoûtée. Elle qui voulait passer un bon moment en compagnie de sa belle, elle avait plutôt vécu l'enfer. Et ces quelques semaines à l'hôpital ne l'avaient pas du tout rassurée. Jessica avait pété les plombs à son retour et maintenant elle se sentait quelque peu éloignée de toutes les personnes qu'elle aimait, amis comme famille. Y compris son amoureuse que Carol n'avait plus vue depuis quelques jours. Elle lui manquait énormément et elle avait prévu un petit quelque chose pour le week-end. Rien que toutes les deux, entre amoureuses. Même si Daisy n'était pas encore au courant, bien évidemment. Une surprise ne faisait jamais de mal.

Concernant sa famille, elle avait décidé de changer cela et avait prévu de passer voir son frangin au boulot pendant sa pause, histoire d'avoir son quota familial pour la semaine. Elle avait téléphoné à son plus jeune frère la veille et Joe Jr allait déjà bien mieux, mais avec les parents elle se doutait bien qu'il y avait de quoi avoir peur, alors elle craignait le pire pour Steven. Sortant tout droit du boulot, elle avait eu la flemme de se changer, et vu que le S.H.I.E.L.D. connaissait les membres de la Garde Rouge, elle n'avait donc pas eu de raison de se désaper pour arriver en civil au sein de la bâtisse sécurisée. De toute façon, elle était de garde le soir même, et n'avait donc pas eu envie de se changer. Enfin. Bien vite elle repéra l'entrée du bâtiment et pénétra à l'intérieur sans plus de ménagement, son pass enfouit dans sa poche. La blonde inspira un bon coup et darda son regard dans le hall, où les standardistes s'occupaient des civils et des appels incessants. Elle avala sa salive difficilement en sentant son cœur pulser plus rapidement. Le stress s'emparant doucement d'elle depuis quelques jours dès qu'elle pensait à son boulot où qu'elle y foutait les pieds. Autant dire que ça n'arrêtait pas depuis son retour, et même avant. Et ses cachets s'accumulaient sans cesse à cause de cela, même s'ils ne changeaient pas grand chose à son problème. Carol avait juste besoin de s'éloigner un peu, de prendre l'air au loin. De prendre le large, de parcourir de nouveaux horizons afin de se purifier, de se revigorer. Mais elle ne cessait de penser à ces émergés qui avaient besoin d'aide, qui se sentaient oppressés dans la société, et en proie à tous ces mauvais regards. Elle ne pouvait pas les laisser tomber, surtout avec tous les nouveaux changements gouvernementaux. Ils étaient traqués, les rafles étaient plus puissantes et destructrices. La blonde ne pouvait pas penser à sa santé et à ses envies alors que le monde ne tournait pas rond et qu'elle pouvait tenter d'y faire quelque chose. Même si ce n'était qu'un petit geste.

Marchant dans le hall, la belle grimpa quelques marches d'un des escaliers avant de s'arrêter en croisant Jin Parson. Le fils adoptif de son meilleur ami. Carol lui offrit un doux sourire et le salua d'un signe de la main. Il semblait occupé mais lui souriait également et ils échangèrent quelques paroles. La blonde lui demandant comment se sentait Gavin depuis l'incident. Elle lui  avait brièvement parlé et avait bien remarqué son humeur n'était pas des plus joyeuse. De toute façon, c'était pareil pour à peu près tout le monde avec cette foutu rafle surprise. Soupirant, elle le remercia d'un signe de tête avant d'entendre une voix familière juste derrière elle. Son sang se glaça dans ses veines lorsqu'elle reconnu sa belle. Elle ne pensait pas la croiser ici, et surtout pas dans son uniforme de la Garde Rouge. Carol pris son temps pour se retourner vers elle, voulant se faire toute petite, une vague de stress broyant ses entrailles. Elle n'avait jamais parlé de son travail à Skye, prétextant toujours un imprévu ou une excuse pour ne pas se dévoiler. Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle faisait partie de la Garde Rouge. Qu'elle travaillait pour Magnus en personne. Ni que tout ceci était une couverture alors qu'elle essayait d'aider les émergés par derrière. Non elle ne pouvait vraiment rien lui dire. Surtout pas ici et pas maintenant alors qu'elle était mise à mal et qu'on pointait une cible sur son dos. Ses épaules s'affaissèrent lorsqu'elle rencontra le regard perturbé de Daisy. Ses yeux écarquillés, voilés de colère lui transperçaient littéralement le cœur et elle se retrouva sans voix devant l'incompréhension qui se lisait sur son visage. Pinçant les lèvres, Carol détourna le regard sur le côté, baissant la tête. Les mains enfouies dans les poches, elle balbutia beaucoup trop faiblement pour qu'on l'entende. Salut... L'aversion des autres elle pouvait passer au dessus. Mais elle ne pouvait pas supporter la confrontation avec sa douce et tendre. Après tous ces merveilleux instants passés à ses côtés, Carol se retrouvait face à l'inévitable et aurait espéré ne devoir jamais affronter cette réalité. Celle qui rendait la tension palpable dès la première seconde, et ses résolutions tangibles devant le regard de sa belle. Comme un monde qui s'écroulait sous son propre poids, le sien s'effondrait sur lui-même, sujet aux remords et à la haine qui embrumait son esprit. Mais aussi à cause de ce regard si démuni qui cherchait tant à s'accrocher au sien, comme un phare en pleine tempête, une ancre en pleine mer déchaînée de sentiments contradictoires.


Ayaraven

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Daisy Skye Johnson

Daisy Skye Johnson
Inhumain
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Codename : Quake
Pouvoirs : Inhumaine : génération d'ondes et vibrations sismiques. V'la le séisme dans ta gueule.
Immunité contre lesdites vibrations qui peuvent jusqu'à prendre la vie des personnes touchées. Limitation pour le moment déterminée à 3.2 de magnitude sur l'échelle de Richter.

Skills : experte en informatique - tireuse surentraînée - maîtrise des combats rapprochés et à mains nues - spécialisation dans l'espionnage et l'infiltration

I'm not bulletproof when it comes to you | Skyrol Y436aq9m
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Mar 26 Sep - 20:02

Carol & Skye

I'm not bulletproof when it comes to you


Où était Maria Hill quand on avait besoin d’elle ? Skye commençait à désespérer de la trouver. Oh, pas qu’elle venait de trouver une faille compromettante dans un des nombreux pare-feux du SHIELD, ça, elle s’en était occupée en moins de trois minutes. Mais elle avait envie de… de plus peut-être ? L’informatique, c’était son dada, pour sûr. Mais depuis les événements du festival de Prenova, depuis la disparition de Peter et son portrait affiché sur tous les murs de la ville, Daisy Johnson se sentait impuissante. Elle n’avait pas pu nier l’adrénaline qui avait coulé dans ses veines ce soir-là. Elle n’avait pas pu ignorer cette excitation qui l’avait prise par les tripes lorsqu’elle avait osé entamer un combat. Pas des plus équitable et pas très beau à voir de loin certainement, mais ce soir-là, elle s’était découverte quelque chose. Et ce quelque chose, si elle l’avait réalisé plus tôt, peut-être qu’elle aurait pu être aux côtés de Carol quand sa belle avait eu besoin d’elle. Peut-être qu’elle aurait pu lui éviter de se prendre une balle, de la voir s’effondrer dans ses bras et d’avoir craint pour sa vie. Ce soir-là, il s’était passé beaucoup de choses, mais Skye avait beaucoup appris. Premièrement, elle aimait Carol plus que n’importe qui d’autre en ce monde, et avait enfin osé lui dire je t’aime. Même si elle doutait que sa blonde ait vraiment eu vent de cette déclaration. Deuxièmement, elle refusait désormais de n’être que la petite geek à fourrer derrière un écran et un clavier. Elle voulait plus, elle voulait agir. Pour les siens, pour les protéger. Pour se sentir utile, faire son devoir, faire ce qu’elle avait envie de faire non de dieu. Elle ne voulait plus être cette jeune femme bonne à blaguer. Elle était plus que ça. Et le SHIELD pouvait bien le lui accorder.

« Simmons ! Dis-moi que tu sais où est Hill, s’il te plaiiit ! J’ai entendu dire que ça se passait pas trop bien pour certains Agents mais là faut vraiment, vraiment que je la vois ! » Toute la matinée, elle avait essayé de la chercher. Elle avait entendu des rumeurs. Qu’il y aurait du changement dans la chaîne de commandement, qu’avec ce qu’il s’était passé au festival, c’était à prévoir. Mais Skye n’avait pas confiance naturellement en tout le monde au SHIELD. Mais Maria… Ouais, Hill, elle la croyait. C’était elle qui était venue la chercher, et elle appréciait la commandante plus que quiconque. Enfin, peut-être pas plus, pas qu’elle pouvait se comparer face à des anciens agents expérimentés de plusieurs années de plus qu’elle, mais l’idée était là. « Alleeeez, elle doit bien être quelque part ! » Simmons lui répondait à son tour par la négative. Sa meilleure amie était, en plus de ça, prise par des analyses dont les termes scientifiques lui échappaient, aussi n’était-elle certainement pas la mieux placée pour l’aiguiller. Soupirant de désespoir, Skye salua Simmons et tourna la tête, un sourire frustré aux lèvres. Sourire… qui s’agrandit, avant de se faner lentement, comme au ralenti. Sa belle dulcinée lui faisait face. Elle lui reconnaissait la blondeur sans égal de ses cheveux soyeux. Ses yeux dont la couleur azur avait plus d’une fois fait chavirer son coeur. Ses lèvres qu’elle ne cessait de vouloir embrasser délicatement. Elle reconnaissait ses courbes sublimes, elle connaissait même ses cicatrices à force de l’admirer. Mais ça là… ce qu’elle portait et qui couvrait ce corps, elle ne le reconnaissait pas. Cet uniforme, qui pourrait s’apprêter au sien, basique tenue du SHIELD qu’elle portait, non, cet uniforme, avec ce pantalon rouge, ce haut noir, blanc et rouge, non elle ne le reconnaissait décidément pas. Pas sur elle, pas sur celle qu’elle aimait. Pas sur celle qui avait été tirée dessus par un de ceux qui portaient habituellement cet uniforme.

Skye affichait un regard effaré, là, au milieu de ce couloir où d’autres agents les dévisageaient l’air curieux. « Salut.. » Salut ? Vraiment ? L’informaticienne se reprit aussitôt. « Sa...salut ? Salut ? C’est tout ce que tu as à me dire, là, tout de suite ? » La voix de Daisy se brisa sur les derniers mots alors qu’elle désigna ses habits d’un signe de la main. Agacée par les bruits de pas qui résonnaient dans sa tête, aux côtés d’elles, l’empêchant de penser clairement, Skye avança à son tour, dépassant Carol, lui tournant le dos. « Bon ben salut alors. » Elle avançait l’air remontée, mais elle entendit sa belle la suivre précipitamment. Elle en profita pour les isoler un peu alors qu’elle fit volte-face quelques secondes plus tard. Incapable de dire un mot, elle affichait une expression confuse sur le visage, ne cessant de dévisager Carol de la tête aux pieds. La Garde. La Garde Rouge. « Tu...tu es... » Un nouveau signe du bras, impuissant, désespéré. Elle ne comprenait pas. La brunette bredouilla quelques mots inaudibles, le rouge lui montant aux joues alors qu’elle sentait un énervement la prendre par la gorge. Croisant les bras sur son torse, elle se mordilla la lèvre en affichant une mine déçue. Après quelques secondes à secouer la tête, aussi bien pour désapprouver que pour se reprendre un minimum, Daisy s’exprima enfin : « La Garde Rouge, hein ? Et tu le vis comment d’avoir été tirée dessus par un des tiens ? D'avoir failli mourir grâce à tes collègues ? » La Garde était peut-être une branche du SHIELD, mais au moins, les collègues qui étaient présents ce soir-là avaient eu tous tôt fait de se révolter contre la Garde. Au moins Daisy n’avait pas à se dire qu’elle faisait partie de cette branche là. « Tu le vis comment de m’avoir caché tout un pan de ta vie ? Hein, tu le vis comment, Carol ? » Sa voix baissa d’un ton, devenant un chuchotement tremblant alors qu’elle essayait de comprendre. Pourquoi est-ce qu’elle ne le lui avait pas dit ? Etait-elle donc si pathétique que sa propre compagne lui ait caché une chose pareille ?

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Amaury Torres

Amaury Torres
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Ven 29 Sep - 19:01

I'm not bulletproof when it comes to you
Skye & Carol
♠ ♣ Don't know what to say when you made me the enemy. After the war is won there's always the next one. Maybe I'll crash into you, maybe we will open these wounds. We're only alive if we bruise so I lay down this armor. ♥ ♦

Fuir, s'échapper à tout prix, étaient les seules pensées de la blonde en cet instant fatidique. Elle sentait le poids de la réalité s'abattre sur ses épaules à présent frêles, et ses entrailles se tordaient de part la tension qui l'empoignait. Sa gorge la brûlait et elle voulait juste tout effacer. Oublier ce moment percutant et juste retourner à sa vie d'avant. Là où elle ne risquait pas de croiser Skye à tout bout de champ. Elle avait eu de la chance jusque là, que sa belle n'ait pas fouillé dans son passé pour découvrir son secret. Son lourd secret. Carol ne saurait même pas dire ce qui a été le pire. Ce moment tangible où la brunette découvre son affiliation à la Garde Rouge, ou ce jour abominable qui la confrontée à un émergé en proie à un désespoir si intense qu'il s'est suicidé juste sous ses yeux écarquillés. Les lèvres tremblantes, la blonde frissonna, la sensation désagréable sur son dos alors qu'elle baissait le regard sous le coup d'une impulsion. Elle se sentait vraiment mal, là, exposée, mise à nue devant la plus importante personne à ses yeux. Celle qui comptait le plus, pour qui elle aurait pu tout abandonner, juste pour succomber dans ses bras. Celle pour qui elle s'était sûrement battue au festival, se montant contre ses collègues, dans un instinct précaire pour aller la retrouver et tenter de la protéger. Celle pour qui elle semblait à présent avoir tout foiré. Juste en lui cachant un pan de la vérité.

Carol s'en voulait terriblement. De se tenir là devant elle. Dans cet affreux uniforme rouge, noir et blanc. Ces couleurs lui semblaient attrayantes autrefois, lorsqu'on lui avait proposé de s'engager. Et maintenant elle regrettait amèrement cette décision. La blonde adorait vraiment ses collègues, qu'elle considérait presque comme sa deuxième famille. Et de constater que les rangs étaient divisés au sein même de sa deuxième maison lui faisaient l'effet d'une bombe. Son cœur se serrait, empoigné si fort au point d'éclater, ne laissant que des éclats et des bribes colorés dans son sillon. La division déchirait ses entrailles et la belle ne se sentait plus que tiraillée. Les derniers événements lui avaient ouvert les yeux, et elle avait réagi avec son instinct, plus qu'avec sa tête. Carol aurait pu se mettre en danger, en se rebellant au festival, elle aurait pu mettre à mal sa couverture. Elle, qui depuis peu, faisait en sorte d'aider quelques émergés à ne pas se faire embarquer par la Garde Rouge. A présent que Jake s'était enfui, elle n'avait quasiment plus personne à qui se confier. Aucune épaule sur laquelle pleurer. Aucune oreille attentive qui la comprendrait. Gavin, c'était déjà impossible pour qu'elle réussisse à l'approcher dernièrement, alors se dévoiler, c'était peine perdue. Carol se sentait affreusement seule au monde, à porter le poids de son secret. Si lourd secret qu'il fracturait petit à petit ses épaules fragiles. La blonde était persuadée que Skye ne pouvait pas comprendre. Pas maintenant du moins. Pas comme ça. Et sa voix tranchante lui faisait l'effet d'un poignard en plein cœur. Bien qu'elle imaginait assez que la situation donnait la même impression à son amoureuse. S'aimer pour mieux se déchirer. L'amour dans les larmes et les cris. La déception et la perte. La rupture de ces deux cœurs qui battaient furieusement.pour l'autre. La solitude et la fin. Le noir.

Sa voix se brisait et Carol se mordillait les lèvres, brusquement, et la douleur, même intense, ne pouvait estomper celle qui pulsait au creux de sa cage thoracique. Lorsqu'elle passa juste à côté d'elle, la blonde ne nota même pas la douce fragrance qui l'accompagnait, trop obnubilée par sa faute. Ses traits, d'habitude si doux, son sourire si magnétisant, rien de tout cela ne pouvait atteindre le visage de Skye, ou le cœur de Carol. La colère, la détresse, elles suintaient des pores de leur peaux, et la blonde avait l'impression de se noyer dans son propre corps. Les larmes ne coulaient pas, mais sa gorge se serrait de plus en plus, au point que sa respiration était complètement perturbée, hachurée. Bloquée à même ses poumons en feu. La panique et le stress fondant en ses entrailles comme un brasier qui calcine tout sur son passage. D'un mouvement vif, la blonde se retourna pour suivre Skye au travers des couloirs. Elle ne pouvait pas laisser l'instant se terminer comme cela. A présent que son secret était découvert, elle n'avait plus qu'à tenter de tout mettre de son côté. Expliquer, sans trop rentrer dans le sujet, faire comprendre, sans prendre par la pitié. Montrer qu'elle n'était pas comme eux. Même si, au fond, elle avait du mal à y croire elle-même. Se mordillant toujours les lèvres, Carol agrippait son coude gauche de sa paume droite, tête toujours tournée vers le sol. Le temps semblait se figer, inlassablement, et le couloir interminable l'enfonçait à chacun de ses pas. La chute angoissante vers le gouffre qui se rapprochait de plus en plus ne cessait de la tirailler. L'impact allait être fatal, le choc brutal. Les conséquences, terribles et dévastatrices.

Au bout de quelques minutes, Skye se retourna enfin vers Carol, et la blonde remarqua à peine qu'elles étaient à présent un peu plus isolées. Ses sens, d'habitude en alertes, étaient complètement endormis par sa hantise. La paume de son amoureuse qui la désigne semblait si froide, presque aussi claquante qu'une gifle en plein sur la joue. L'effet était immédiat, et tandis que la voix de Daisy se perdait, la blonde ne pouvait que confirmer. De la Garde Rouge... Oui... Carol n'osait même pas relever les yeux sur la brune, son regard cherchait un ancrage sur la moquette de la salle. Partout sauf sur celle qui faisait battre son cœur. Elle n'avait d'yeux que pour elle, et pourtant, en cet instant figé dans le temps, elle ne pouvait se résoudre à poser sur elle, ses iris dénués de teintes. Le silence était absolument étouffant et la blonde ne remarqua qu'elle avait retenu sa respiration que lorsque la voix de Daisy résonna à nouveau. Les reproches, l'amertume et le dégoût s'imprégnaient dans ses propos, au point que Carol serrait alors ses doigts contre sa peau si fortement que sa peau blanchissait. La douleur n'était rien comparée à celle que devait ressentir la brune en cet instant, et c'était sûrement cela qui empêchait la blonde de s'emporter. Qui empêchait la belle de devenir la bête. Je... Silence, à nouveau. Sa gorge à vif, ses tempes pulsant à tout va. Ses mots se noyaient dans sa bouche et sa langue était si lourde que parler ne devenait qu'un véritable supplice. Le cauchemar continuait de plus belle, les remontrances affluant une fois de plus. Et comme prévu, Daisy ne comprenait pas. Que Carol le vivait mal. Terriblement mal. Le souvenir du festival vrillait son esprit à la mention de ce qui aurait pu arriver. L'instant où elle sombrait dans ses bras si réconfortants. Elle aurait pu mourir dans un rêve éveillé, à demi-consciente, mais à la place, elle vivait dans ce cauchemar saisissant et poignant. Skye, je... La blonde se mordillait encore les lèvres, son sang pulsant trop bruyamment contre ses tempes que le silence devenait assourdissant. Ses oreilles bourdonnaient et ses blessures lui transcendaient la peau tandis qu'elle essayait de reprendre contenance. Enfin, elle osa relever la tête vers celle qui la lui faisait tourner. Ses iris voilés se perdaient dans ceux complètement désabusés de la brune. Je suis désolée... De ne pas te l'avoir dit plus tôt. Et de... t'avoir caché ça. Elle regarda ailleurs, quelques secondes, la voix tremblante, grave et lourde. Je ne voulais pas... Elle ferma les yeux brutalement, serrant les dents. Après avoir expiré sa détresse, elle reprit. Que tu subisses ça... Elle soupira, levant le bras devant elle. Tout ça... Ce collègue, le boulot... Silence. Je le vis très mal... Son bras retomba mollement contre ses flancs, comme si la flamme qui l'animait venait de s'éteindre. Je ne peux pas tout t'expliquer et.. Silence. Ça me tue beaucoup plus que tu ne peux l'imaginer. Ça n'allait plus rien changer à présent, qu'elle s'excusait ou non, qu'elle lui disait la vérité ou pas. Les mensonges brisaient les promesses les plus folles et intimes, mettant le temps en suspension, les sentiments tenus en haleine et l'amour dans une cage en chute libre. La liberté n'était plus qu'illusion. S'en sortir une utopie.


Ayaraven

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Daisy Skye Johnson

Daisy Skye Johnson
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Sam 7 Oct - 16:14

Carol & Skye

I'm not bulletproof when it comes to you


Tomber des nues. Tomber de haut, si haut, que la chute n’en prend jamais fin. Que la mort vous trouve avant même que vous ne touchiez le sol. Il n’y avait pas d’autres mots pour décrire en l’instant présent ce que ressentait Skye, muette face à la découverte. La révélation qui n’était ni plus ni moins qu’une trahison. Trahie, soufflée, salie, voilà ce qu’elle était. Couverte par un mensonge si énorme qu’il ne lui avait jamais sauté à la tronche, jusque là. Recouverte par une omission volontaire qui la détruisait de l’intérieur, écrasant ses entrailles sans pitié. Sa respiration était coupée, ses mots entravés dans sa gorge. Il n’y avait rien. Rien de suffisamment puissant qui puisse décrire ce qu’elle vivait, en ce moment précis. Ses iris, d’habitudes si chaleureuses, fondantes d’amour pour la belle blonde, ne dégageaient plus qu’un aspect terne et voilé. Son sourire, si apte à naître sur son visage et à ne plus le quitter, ne ressemblait plus qu’à un rictus ironique, attristé. Les plis aux commissures de ses lèvres étaient la seule preuve tangible qu’elle était en proie à une contradiction intérieure, entre peine et colère, amour et déception. Elle voulait fuir, s’enfoncer six pieds sous terre. Mieux, elle voulait se pincer, se réveiller de ce mauvais cauchemar où sa dulcinée n’aurait pas passé son temps à lui mentir, à se jouer d’elle. Oh, Skye, il devait forcément y avoir du malheur dans ton bonheur soudain, n’est-ce pas ? Elle aurait dû s’y attendre. Personne ne pouvait vraiment aimer Daisy pour ce qu’elle était, lui accorder sa confiance. Elle avait fait trop d’erreurs dans le passé, elle avait été abandonnée de si nombreuses fois. Qu’avait-elle cru, enfin ?

Aujourd’hui, malgré la présence de Carol qui lui faisait face, elle se sentait seule. Plus seule que jamais, abandonnée et trahie de tous, une nouvelle fois. Peter, son ami, n’était plus là pour riposter à ses blagues. Jemma passait son temps à bosser pour le SHIELD, ce même SHIELD qui l’avait recruté mais qui l’a laissait si incertaine depuis le festival de Prenova. Et Carol… ô, sa belle et si douce Carol, voilà qu’elle lui découvrait une facette, un inconnu dans une équation impensée, tout un masque qu’elle ne lui aurait jamais apprêté. Elle retombait des années en arrière, Skye, où on l’a trimballait, de famille en famille. On ne croyait pas en elle, on ne lui donnait pas suffisamment d’importance pour tout lui dire. Tous avait fini par la quitter, par lui mentir. Et le scénario se répétait, inlassablement. Aujourd’hui, l’histoire était rejouée, elle perdait entièrement pied. Quelle raison lui restait-il de ne pas s’enfuir de ce lieu à tout jamais, si ce n’était sa dignité et ses questionnements sans fin ? Skye n’arrivait même pas à regarder sa bien-aimée dans les yeux. Elle avait ce ricanement chagriné qu’elle retenait de dévoiler. Elle revivait ce qu’Anna lui avait infligé. Sa rupture soudaine suivie de son arrestation. Les mauvais souvenirs, les uns après les autres, lui revenaient en mémoire. Etait-ce donc tout ce qu’elle représentait aux yeux des autres ? Un vulgaire jouet, une poupée qu’on peut briser sans crainte, parce que tout le monde sait qu’on peut trouver mieux ailleurs ? Elle, qui avait eu si à coeur de reprendre confiance en elle, elle, informaticienne du SHIELD prête à en découdre, la voici prête à mettre genou à terre. A supplier que le sort arrête de s’acharner sur elle. Pourquoi, ô pourquoi ? Pourquoi n’était-elle pas digne d’être estimée par ses proches ? Pourquoi cet amour qu’elle vouait aux siens ne pouvait-il être récompensé ? Pourquoi passait-on son temps à lui mentir et à la fuir ? La brune ne savait plus, ne savait rien. A quoi bon lutter contre la triste vérité, celle qu’elle ne sera jamais à la hauteur aux yeux des autres, celle qu’elle ne mérite pas d’être égal aux autres. L’histoire de toute sa vie, tout simplement.

Le silence suivant ses questions la terrassait. Les réponses évasives l’achevaient, ne cessaient de lui donner de nouveaux coups, encore et encore. L’incertitude qui se peignait sur ses traits finissait par laisser place à une douleur sans nom. Son visage était tordu par la souffrance et le chagrin à n’en plus finir, alors qu’une de ses mains tremblantes chercha un appui, n’importe quoi, qui puisse la soutenir. Le mur fut tout ce qui trouva à sa portée, et la brune se cala contre celui-ci, en proie à une vive douleur. Les maux de tête reflétant son incompréhension, les jambes tremblantes refusant de la porter un peu plus. Carol la tuait, à petits feux. Ses phrases entrecoupées faisaient naître des larmes au creux de ses yeux. Larmes qu’elle effaçait d’un mouvement rageur de sa main libre. La geek se sentait si ridicule, si pathétique. Par respect, elle avait décidé de ne plus jamais renouer avec ses mauvaises habitudes. De ne pas chercher à trop savoir, de ne pas pourrir le passé mystérieux de Carol, quand bien même elle se doutait que la blonde avait ses secrets. Et voici ce qu’elle récoltait. A suivre les règles inculquées de force, à suivre un code qui n’était pas le sien. A vouloir être parfaite, à vouloir être aimée. Elle ne recevait qu’une gifle de plus, elle n’était qu’une laissée pour compte, une nouvelle fois, par une nouvelle personne. Par quelqu’un qui lui avait arraché son coeur, qui l’avait fait sienne en quelques mots, en quelques gestes, en quelques caresses et doux baisers. Trahie, Skye, voilà ce que tu étais, encore.

Ne pas sangloter. Ne pas paraître faible devant elle, pas alors qu’elle était celle qui méritait la vérité, au moins une fois dans sa vie. « C… ça ? C’est comme ça que tu décris ton métier, quasiment toute ta vie ? » Un rire, bref, qui mourut aussitôt. Un rire qui ressemblait à un couinement d’animal blessé. Au fond du trou, voilà où elle était. Dans un puit si profond que ses cris résonnaient en écho à l’infini. Qu’elle avait beau regarder au-dessus d’elle, aucune lumière ne filtrait. Une noirceur soudaine l’envahissait. « Comment… tu peux dire ça ? Com..  » Ses mots ne se terminaient jamais. Sa voix lui manquait autant que son courage, mais il fallait bien qu’elle l’affronte. Sa tête se releva doucement, ses yeux embués rencontrèrent ceux clairs et similaires aux siens. Est-ce qu’elle aussi, elle pouvait ressentir ce trou qui se creusait à l’intérieur de sa cage thoracique ? Le sang avait beau ne pas perler, le résultat en était le même. Les hésitations de sa dulcinée, ses piteuses justifications lui faisaient l’effet d’une douche froide. Sa main accrochée au mur se referma sur elle-même, crissant des ongles alors qu’elle se remettait plus droite, plus haute, plus digne. Qu’elle essayait du moins. La brune oscillait entre abattement et fureur, entre résignation et révolte. Elle ne savait où se placer, ni quelles réactions justifiées pouvait-elle s’autoriser à avoir. Ses sentiments prenaient le dessus, et ils étaient si intenses, si déchirants que les lumières au-dessus des deux femmes clignotèrent à plusieurs reprises, alors qu’un tremblement se faisait ressentir à l’intérieur même du sol. Mais Skye ne se laissait pas totalement aveugler par sa colère, trop quémandeuse, de réponses, d’explications. Le tremblement cessa alors qu’elle reprenait la parole, ses poings se serrant convulsivement. « Tu ne peux pas ? Je ne suis pas assez digne de confiance ? Je n’étais pas suffisamment haut placée pour mériter la vérité ? » Le venin, ni plus ni moins. Elle crachait, de désespoir, prise d’une hantise vieille de longues années. « Tu croyais quoi ? Que j’allais te jeter au bûcher ? Tu croyais… que j’allais… ne pas t’aimer, c’est ça ? Pour qui tu m’as prise, Carol, pour qui ? » Une vulgaire couverture ? Une vulgaire marionnette, bonne à jeter ? « Et dire que… Je croyais avoir enfin trouvé la bonne personne. Celle qui ne verrait pas seulement la ratée en moi. Celle qui saurait m’aimer et me faire confiance, qui pourrait se confier à moi sans crainte, sans jugement. Je pensais qu’on avait dépassé ce stade. J’ai été aveugle. » Tellement aveugle. A quoi bon vouloir plaire ? Elle ne faisait que déplaire, et son histoire ne cessait de se défaire. A chaque avancée, à chaque nouveau pas effectué, elle reculait de plusieurs centaines de mètres. Qu’avait-elle cru, Skye, qu’avait-elle osé croire ? « Il y a quelques jours encore, je te rendais visite à l’hôpital. Je croyais t’avoir perdue, je croyais que mon monde prendrait fin, sans toi. J’ai été idiote, à croire que tu pouvais ressentir la même chose. Je n’ai même pas eu droit à ta confiance. » Sa voix se brisa, une ultime fois. Skye se laissa aller contre le mur, sanglotant doucement. Tant pis pour l’honneur, elle ne pouvait pas se contenir. Ses limites étaient atteintes.

AVENGEDINCHAINS
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Amaury Torres

Amaury Torres
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Jeu 12 Oct - 14:20

I'm not bulletproof when it comes to you
Skye & Carol
♠ ♣ Don't know what to say when you made me the enemy. After the war is won there's always the next one. Maybe I'll crash into you, maybe we will open these wounds. We're only alive if we bruise so I lay down this armor. ♥ ♦


Sa gorge était sèche, enserrée. Sa respiration étouffée alors que sa poitrine se compressait douloureusement. Son crâne lui vrillait, un étau se refermant doucement tout autour d'elle. La blonde se sentait prise au piège, en plein tourment dans un océan de sentiments déchaînés. La tempête allait faire rage, le tonnerre grondait au fond de son esprit, et les éclairs faisaient briller ses yeux. Un voile opaque obstruait sa vision alors que Carol baissait la tête, honteuse, presque, d'avoir été prise sur le fait. Telle une biche aveuglée par les phares lumineux en pleine nuit, sur le bord de la route. Elle s'en voulait. D'avoir gardé ce secret en elle. D'avoir éloigné sa belle de ses propres soucis pour ne pas la surcharger, pour ne pas l'inquiéter. Elle n'avait jamais voulu la blesser, ni même la rendre triste, mais là, tout était de sa faute. Carol mordilla sa lèvre inférieure, fermant les yeux brusquement, les bras croisés sur sa poitrine. Ses mains tremblaient, et elle s'empressa de les fermer en des poings serrés, ses phalanges devenant blanches. Le poids de l'instant pesait lourdement sur ses épaules à présent affaissées, et elle ne pouvait voir le bout du tunnel. Il n'y avait qu'une issue pour elle, tout arrêter, là, tout de suite, et partir. Retourner à sa vie d'avant. Mais le secret continuerait de la ronger, et la peine infligée à Skye serait beaucoup trop importante pour qu'elle puisse seulement considérer cette option. Elle qui ne lui vouait aucun mal, était à présent devenue sa Némésis. Le pire cauchemar pour la bulle de bonheur, si douce et fragile, qui les représentait. Elle allait briser Skye de la pire des manières, à cause d'un silence trop lourd à porter. D'un poids trop bruyant dans son esprit. Carol était devenu l'ennemie de sa propre petite-amie.

Une vague désagréable s'épanchait en ses entrailles, comme un acide qui la rongeait de l'intérieur. Bien plus corrosif que ce secret qui la tuait chaque jour un peu plus. La blonde rouvrit les yeux, osant jeter un regard à la belle brune qui avait volé son cœur, et son expression lui fendit le cœur sur place. Sa face se brisait petit à petit, son cœur éclatant en un millier de morceau à chaque seconde qui passait. Carol succombait à chaque tressaillement de la part de Daisy, discernant le moindre changement au cours de la descente abrupte de la pente qu'elles empruntaient. Un vent glacial soufflait en elle, la figeant sur place quand sa belle reprit la parole. La blonde dévia son regard, ne pouvant supporter les accusations et le mépris sous-jacents de la brune, cachés par la peine qui l'empoignait. Ce n'est pas toute ma vie... Ça ne le sera jamais... Elle laissait son regard embué se perdre sur le mur épuré, et baissa la tête, soumise à la fatalité. Carol n'avait jamais participé de bon cœur aux rafles de la Garde Rouge. Sa première fois sur le terrain l'avait tout de suite percutée, et la confrontation avec l'émergé l'avait tellement chamboulée qu'elle avait gardé sous silence cette rencontre ayant résulté sur le suicide de l'individu. Elle n'avait pas voulu appuyer sur la queue de détente. Elle n'avait pas pu se résoudre à le tuer, en voyant la détresse dans son regard, le chagrin qui émanait de lui par vagues et la solitude qui l'empoignait. Elle n'avait pas dormi de la nuit, ressassant inlassablement la scène dans son esprit. L'image de l'homme ancré sur ses paupières dès qu'elle fermait les yeux. La blonde s'était demandé chaque jours après cela, si c'était toujours pareil, pour chaque émergé. Egalement, elle s'était demandé si quelque chose clochait chez elle, et avait repris ses activités quotidiennes, aux côtés de Jessica et Gavin. Elle se mordit les joues en repensant à Gavin, à présent éloigné d'elle. La belle voudrait tellement lui parler, depuis le départ de Gillian il n'avait plus été le même. Et à présent, elle ne serait plus la même non plus si Skye devait s'éloigner d'elle. Cette simple pensée brouilla son regard encore plus, le voile s'intensifiant constamment. Elle avait beau cligner des yeux, les perles salées revenait toujours, chaudes et humides, dévalant ses joues pâles.

Elle pesta soudainement, silencieusement, son corps tremblant subrepticement alors qu'elle faisait passer le poids de son corps d'un pied à l'autre. Comment pouvait-elle lui dire, que dès le début, elle avait été en proie aux questionnements ? Aux remises en questions sur son travail ? Comment pouvait-elle lui dire qu'elle avait dû se forcer à agir comme les autres ? Sans passer pour la vilaine dans l'histoire ? C'était tout bonnement impossible. Elle aurait dû quitter la Garde Rouge dès le début, dès ses premiers jours. Mais elle n'avait pu s'y résoudre. Elle avait réussi à s'accommoder, à avancer, entourée de ces gens qu'elle aimait. Ils n'étaient pas parfaits, mais c'était tout ce qu'elle avait eu au début. Jessica, Cindy, Raven, Ororo, Jean... Même d'autres, mais qui n'étaient plus là à présent. Ils avaient été son rocher, ceux qui lui avaient permis de s'accrocher, de tenir bon, dans ce brouillard qui l'entourait, ce brasier qui la consumait. Ses remords avaient été un tant soi peu apaisés, sa peine réduite. Mais la confrontation actuelle avec Daisy la ramenait à ces premiers jours. A ses doutes, à ses chagrins, à toutes ces possibilités qu'elle avait eu pour partir et ne plus remettre les pieds dans l'organisation. Ni à la Garde Rouge, ni au S.H.I.E.L.D. Mais si elle avait fait cela, si elle était partie, qui aurait permis aux émergés de s'échapper ? L'image de Jake lui vint à l'esprit et elle entrouvrit les lèvres, une expiration douloureuse résonnant à ses oreilles. Jake aurait continué à les aider, et Carol aurait tout fait pour lui donner un coup de main, pour secourir ces âmes en peine qui n'avaient rien demander. Elle aurait fait rempart de son corps pour eux, pour les sauver, face à ses collègues récalcitrants. Et ça, comment pouvait-elle l'annoncer à sa belle, qui la voyait comme une ennemie ? Comment pouvait-elle lui avouer qu'elle jouait un double jeu, au sein même des locaux de l'organisation mère ? Tout était fichu. C'était fini. Terminé.

La blonde osa regarder sa belle une ultime fois, sachant pertinemment qu'elle allait prendre très cher et qu'elle allait finir déchirée, éparpillée au sol, son cœur éclaté comme du verre. Elle contempla son visage, ancrant les moindres détails dans son esprit, se souvenant de la chaleur de ses bras alors qu'elle ne pouvait, à présent, que scruter son regard glacial. Les lumières clignotaient au dessus d'elle, mais la blonde n'y faisait pas attention, contemplant à la place les jeux d'ombres sur son visage déchiré. Le sol tremblait sous ses pieds, et Carol pensait que c'était son monde qui venait de s'effondrer, littéralement, en rythme avec ses propres secousses corporelles. La voix de Daisy caressa brutalement ses tympans et fit frissonner la belle, qui serrait de plus en plus ses poings meurtris. Ses paumes étaient rougies, et son regard vidé de tout bonheur, ses yeux sans vie la fixaient, comme si elle acceptait la sentence sans broncher. Ces mots lui faisaient extrêmement mal, mais elle ne montrait rien, son visage dénué d'émotions. Sa gorge sèche et amère avait un goût fade, alors que ses propres mots glissaient sur sa langue, franchissant la barrière de ses lèvres. Bien sûr que si. Seulement... Silence. Daisy lui renvoyait des remontrances, ses mots comme des poignards en plein cœur. Elle le méritait. Carol méritait de souffrir pour ce qu'elle avait infligée à sa belle. Et encore plus pour ce qui allait suivre. Je... Son souffle était coupé, la respiration hachurée. Ses poumons la brûlaient alors qu'elle avait juste envie de crier. De hurler que tout cela était un malentendu, qu'elle n'était pas de la Garde Rouge, qu'elle n'y avait jamais cru. Mais c'était beaucoup trop tard, et le tonnerre grondait encore plus bruyamment en ses entrailles, les éclairs frappant le champ de bataille entre ses sentiments. Skye était son amoureuse, mais Daisy maintenait la barrière que Carol venait d'instaurer. La blonde hurlait silencieusement en son esprit, au sein même de son âme, sa souffrance la transcendait et elle voulait frapper son propre corps pour la faire avancer. Pour la rapprocher de Skye qui hurlait tout autant qu'elle, et réunir ces deux âmes en peine, à la dérive, en proie à la perdition.

Elle l'aimait, terriblement, et bien évidemment qu'elle lui aurait tout avouer. Carol n'aurait jamais abandonné Skye, ni même Daisy, combien même celle-ci semblait la haïr à présent. Elle la prenait pour son âme sœur, sa belle amoureuse, sa moitié. Et là, elles se déchiraient mutuellement, les lambeaux des sentiments flottant encore alentours. La blonde ne s'est jamais joué d'elle, et la toujours considérée comme une personne merveilleuse, à la joie de vivre contagieuse. Elle a toujours vu en elle cette beauté que d'autres ne pouvaient percevoir. Skye s'était ouvert à elle, et Carol n'aurait jamais tenté de l'enfermer malgré qu'elle lui ait volé son cœur. Emprisonnée dans cette cage thoracique, à l'organe battant, faisant pulser ce liquide carmin qui gonflait dans ses veines dès qu'elle posait ses iris pétillants sur elle. Jamais elle n'aurait pu la détester, même là, alors que les reproches fusaient et que la colère grondait. La voix de la brune, craquée, perdue, résonna une nouvelle fois, et ces mots empoignèrent le cœur de la blonde qui voulu mourir sur l'instant. Skye venait de lui avouer qu'elle pensait avoir trouvé la bonne personne en elle. Carol flancha, son regard embrumé brillant soudainement à cette révélation. Sa respiration était à nouveau hachurée, et elle expira difficilement, sa langue était lourde dans sa bouche. Une chape de plomb l'attirant vers le fond du gouffre, de cet abîme destructeur, de l'abysse tentatrice. La vision de Skye envers elle-même rendait Carol complètement folle, mais elle ne pouvait que se réduire au silence alors qu'elle avait envie de la prendre contre elle et de lui murmurer qu'elle était loin d'être une ratée. Sa belle était tout pour elle, et elle était parfaite. Ses défauts la rendaient humaine, sa peine la rendait vivante. Le reste faisait d'elle ce qu'elle était, et c'était de tout cet assemblement que la blonde était tombée amoureuse. De Skye, et de tout ce qui allait avec elle. Carol la prenait entièrement, avec ses complexes et ses défauts, l'aimant encore plus à chaque seconde. A chaque toucher, à chaque baiser. La déchirure qu'elle ressentait ne pouvait surplomber ou compresser ses sentiments envers elle, quoiqu'il arrive. Ils étaient bien trop forts pour la brune.

La blonde écoutait encore, silencieusement, Daisy, alors qu'elle s'épanchait sous ses yeux. Le stress empoignait Carol à chaque mot prononcé, dès que sa voix résonnait à ses oreilles, et la rendait malade. Skye pouvait compter sur elle, mais la blonde avait besoin de temps pour lui confesser tout ce qu'elle avait sur le cœur. Elle lui faisait confiance. Terriblement confiance. Elle lui confierait sa vie, les yeux fermés, en une fraction de seconde si elle le lui demandait. Putain elle donnerait tout pour elle. La blonde tuerait pour elle. Même si Carol était elle-même la cible. Elle tirerait sans hésiter, le canon pointant vers sa tempe, ou son cœur, pour l'empêcher de battre trop bruyamment alors qu'elle se prendrait la vie. Tout pour elle, jusqu'à sa propre existence. Elle retint un gémissement plaintif, une larme dévalant sur sa joue. Elle n'avait pas le droit de dire ça. Skye n'était pas aveugle, Carol ne lui avait juste pas assez ouvert les yeux. Et elle ne voulait plus que ça, lui faire comprendre ce qui résidait dans son cœur, ce qui plombait son esprit, et ce qui chargeait son âme au point de rupture. Mais elle ne pouvait pas. Pas ici, pas maintenant, même si elle en avait furieusement envie. La prendre dans ses bras pour la calmer, l'embrasser jusqu'à ce qu'elle manque d'air, quitte à étouffer sous les baisers plutôt que le chagrin, tout lui avouer, partir avec elle à l'autre bout de l'île, tout abandonner. Pour elle. Mais Daisy se confessa, confia qu'elle croyait l'avoir perdue à l'hôpital. Le souvenir glissa dans son esprit alors qu'elle fermait les yeux, et elle osa un timide sourire, le coin de ses lèvres se relevant doucement, quand l'image de Skye lui tenant la main sur son lit blanc imprégna ses paupières. Nostalgie. Elle trembla sous le poids de la confession, ses convictions se brisant de plus en plus, les morceaux s'éparpillant à mesure que sa couverture se déchirait. Et la retombée ne fut que plus brutale, alors que ses défenses faiblissaient. La phrase résonnait en un écho imperturbable, cognant contre les parois de son crâne. Ses oreilles bourdonnaient et elle rouvrit les yeux, le désespoir voilant ses iris brillants de larmes. Tu n'es... Tu n'es pas une ratée. Elle inspira, la gorge nouée, les lèvres craquelées. Tu n'es pas une idiote. Silence. Tu as ma confiance. Ma totale confiance. Elle ravala difficilement sa salive. Tu as absolument toute ma vie entre tes mains. Mon futur repose sur toi, mon passé se perd dans l'ombre. Toute mon âme ancrée à la tienne, tout mon être près de toi. Je... Elle décroisa les bras, sa main passant sur son visage avant de se perdre dans ses cheveux. Je croyais t'avoir perdue, là-bas... Au Festival. J'ai traversé les stands et les foules pour te retrouver parce que...Parce que je croyais qu'ils t'avaient emmenée. Elle souffla, le cœur lourd et douloureux. J'ai eu peur pour toi, j'ai... pensé ne plus jamais te revoir. Sa voix craqua à la fin de sa tirade et elle osa s'approcher d'un pas, minutieuse.

Elle devait le lui dire. Ils s'attaquaient à tout le monde, aux civils innocents. Silence. Mes collègues attaquaient des gens sans défense, juste sous mes yeux. Elle murmura. Je n'ai pas pu les laisser faire. Elle déglutissait, la lèvre tremblante. J'ai... J'ai tenté de les arrêter. J'ai foutu un gars à terre, quand il s'en est pris à une civile, et... J'ai vu.. Elle cligna des yeux, inspirant longuement. J'ai vu une amie déclencher ses pouvoirs. Carol inspira par à-coups, en proie aux souvenirs percutants. J'ai vu mon collègue lever son arme sur elle et... Je.. Et j'ai... J'ai... Les larmes déferlaient sur ses joues, alors que son visage se tordait de chagrin. Je me suis interposée quand il a tiré. J'ai foncé sur mon amie. J'ai voulu la protéger et... Je me suis fait tirer dessus. Pour avoir voulu sauver quelqu'un. La belle se mordillait les lèvres, ses iris voilés par les perles salées. Elle tremblait encore plus qu'auparavant, sa carapace ayant volée en éclat. Et après ça... Malgré avoir reçue une balle par quelqu'un que... Que je considérai comme un membre de ma deuxième famille, je t'ai cherchée... Toi. Parmi tous les autres. Elle entrouvrit les lèvres. C'est toi que je suis allée voir. Silence. C'est toi. Rien que toi et seulement toi, que... j'aime. Que j'ai voulu retrouver dans cet enfer. Elle renifla, reculant de deux pas en secouant la tête. Tu as vécu la rafle, même si j'aurai souhaité que tu ne subisses jamais cela. Tu sais maintenant ce que ça fait d'être de ce côté. Mais... Elle essuya ses larmes d'un revers de la main, sa voix plus ferme mais toujours tremblante. Tu ne sauras peut-être jamais ce que j'ai pu ressentir, de l'autre côté. Quand tu as les émergés en face, qui ne comprennent pas plus que toi ce qui se passe ou ce qui leur arrive. Tu... Silence. Tu ne sais pas à quel point ça m'a déchiré de les voir se débattre quand les autres les ont emmenés. De les voir être balancés dans les fourgons comme du bétail vers l'abattoir. Elle inspira difficilement, encore, la respiration hachurée, chaotique. Tu n'as pas vu tout ce que j'ai vu, et j'espère sincèrement que tu n'auras jamais à le faire.

Elle détourna le regard un instant, avant de finalement se décider à rajouter quelque chose. Elle allait lui confier son plus grand secret, quitte à se faire attraper et tant pis pour les conséquences. Je ne devais être que pilote, à la base. Mais on m'a assignée à une mission de terrain, et c'est là-bas que j'ai rencontré mon premier émergé. Elle croisa les bras encore une fois contre sa poitrine. Il s'est suicidé. Il s'est tiré une putain de balle parce qu'il croyait être devenu complètement fou... Elle ancra son regard dans celui de la brune. Et je n'ai jamais pu dire à mes supérieurs la vérité. Parce que je devais l'appréhender mais que j'ai... Silence. J'ai eu la frousse de ma vie, je me suis sentie misérable face à lui. Je ne pouvais RIEN faire. La belle renifla. J'en ai pas dormi de la nuit, et chaque jour, je me demandais si ça valait encore la peine. La blonde jeta un coup d’œil au plafond, vérifiant l'absence de caméra avant de se lancer. Elle souffla, se rendant compte de l'instant, de la tension tangible et de ce moment qui allait éclater. Au bout d'un moment, je n'ai plus jamais cru aux idéaux de la Garde Rouge. Alors.. J'ai commencé à trahir ma famille. J'ai aidé des émergés à passer sous les radars quand j'étais de garde. J'ai évacué plus d'une dizaine d'émergés sur le terrain, avant que mes collègues ne viennent les rafler. Elle soupira longuement. J'ai peur chaque jour des représailles. Mais je ne peux pas partir. J'ai la frousse de me faire prendre et exécuter. Mais je ne crains pas pour moi. Ses poings se serraient douloureusement. J'ai peur pour ces émergés, qui n'auront plus personne pour les sauver... Carol passa le poids de son corps sur son autre pied et mordillait sa lèvre, détournant le regard à présent. Elle en profita pour soupirer, essuyer les perles salées restantes et recula encore. Tu voulais de la confiance? La voilà. De la sincérité ? La vérité ? La voici. Sa gorge était encore nouée et elle sentait les larmes refaire surface, embuant ses iris azurés. Je voulais t'emmener avec moi ce week-end, dans un petit coin calme pour qu'on soit que toutes les deux et j'allais même... Putain j'allais te proposer de prendre un appartement ensemble et maintenant... Elle bougeait sa main entre elles. Et elle recula, jusqu'à ce qu'elle rencontre le mur, jusqu'à ce que son dos cogne et qu'elle s’appuie sur lui pour ne pas s'écrouler tant elle tremblait. Pour ne pas sombrer alors que ses mains venaient cacher son visage, et qu'elle rendait les armes. Maintenant c'est trop tard.


Ayaraven

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Daisy Skye Johnson

Daisy Skye Johnson
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Immunité contre lesdites vibrations qui peuvent jusqu'à prendre la vie des personnes touchées. Limitation pour le moment déterminée à 3.2 de magnitude sur l'échelle de Richter.

Skills : experte en informatique - tireuse surentraînée - maîtrise des combats rapprochés et à mains nues - spécialisation dans l'espionnage et l'infiltration

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Ven 3 Nov - 22:34

Carol & Skye

I'm not bulletproof when it comes to you


Le silence était assourdissant. Il explosait les tympans de Skye, qui se noyait, victime d’une confusion, victime d’une absence de mots tout aussi tranchante qu’une lame de couteau. La brune était incapable de tenir debout, incapable de supporter le regard de sa bien-aimée. Elle avait ce sentiment qu’on tournait et retournait le couteau dans la plaie, la plaie que la blonde venait de lui infliger, volontairement. Son silence avait été équivalent à une sentence de mort, et c’est ainsi qu’elle se sentait, Daisy. Vidée, de toute émotion, de toute énergie, de tout intérêt de vivre. Son désir lié à la blonde, celui de ne plus jamais la quitter, venait de se muer en une étrange peine meurtrière, dressant une barrière entre elles deux. La jeune femme n’était plus capable de poser son regard sur le visage angélique de l’être aimée, pas plus qu’elle n’était capable de contrôler les tremblements dont elle était victime. Parce qu’au final, c’était ce mot, en l’instant présent, qui la définissait le mieux. Victime. D’un coup-monté, d’une tentative d’assassinat. Carol était le couteau qui avait été inséré au point stratégique résidant à l’intérieur de sa cage thoracique, et elle s’était contentée d’écarter les bras, prête à accueillir, grande ouverte, celle qui aurait raison de toute son existence. Daisy n’était plus, plus rien qu’un voile déchiré par des mots inexistants, un voile issu d’un bateau dont la coque brisée reposait encore dans les vagues d’une mer déchaînée, en morceaux.

La brune était aveuglée, par tant de sentiments contradictoires qu’elle n’était plus jamais certaine de recouvrer la vue. Elle n’était même plus certaine de le vouloir, tant la simple vision de sa belle blonde suffisait à la meurtrir chaque seconde un peu plus. Elle avait voulu paraître déterminée et forte, mais elle se découvrait incertaine et faible. Elle doutait de tout, et de tout le monde, peut-être d’elle-même la première. La geek ne comprenait pas quand, exactement, la descente aux enfers avait été entamée, et quand, précisément, la blonde avait pris part à sa chute. Daisy se prenait une gifle, une enclume sur la tête, elle se rétamait sur le sol, se ratatinait devant le poids des révélations non-dites. Elle avait le sentiment que ces derniers mois de bonheur aux côtés de la belle Carol n’avait été qu’une usurpation, un mensonge de plus. Toutes ces années durant, elle avait été seule, affrontant à chaque fois un nouveau supplice, supportant de plus en plus le poids de toutes les peines accumulées. Une désolation intérieure rongeait ses entrailles, déchirait son petit coeur qui semblait vouloir cesser de battre. D’abord sa famille biologique, puis les autres, dites adoptives. Suivi de son premier véritable amour, qui s’était débarrassée d’elle avant de se faire emmener par les autorités, celles-là même pour lesquelles elle travaillait à ce jour. Et désormais, l’amour de sa vie, celle qui, elle le savait, était sa destinée depuis toujours, la trahissait à son tour. Comme si l’enchaînement des choses était d’une logique implacable, et que celles-ci suivaient leur voie toute tracée, celle de tourmenter la brune aux yeux si enjoués, au sourire si cajoleur.

Daisy Johnson avait toujours refusé de mettre pied à terre, jusqu’à ce jour. Elle avait toujours refusé d’endosser cette identité, de porter ce prénom de petite fille apeurée, de supporter ce nom rempli d’amertume et de désespoir. Elle avait toujours refusé de céder à cette affliction qui pesait sur elle, se renouvelant à chacune de ses peines, adoptant cette identité de Skye, de petite hacktiviste rebelle qui voulait se montrer plus forte que ce monde, que cette société qui s’acharnait sur elle. Elle s’était voilée la face pendant des années, niant cette faiblesse en elle, repoussant cette rage et la transformant en une arme, en un soutien, peut-être immoral, mais qui lui avait toujours permit de tenir le coup. Et voici que la réalité se rappelait à elle, adoptant les traits parfaits d’une blonde au regard azuré, d’un bleu si pur qu’il avait eu instantanément raison d’elle. La réalité lui rappelait qu’elle n’était qu’une simple mortelle, qu’on pouvait facilement éradiquer, qu’on pouvait effacer d’un simple revers de main. Parce qu’elle n’était rien, en ce jour, la jeune Skye. Rien qu’une rêveuse à l’esprit combatif, qui avait cru être capable de déjouer sa propre malédiction, et convier les habitants de Genosha à faire de même, en devenant un membre du SHIELD.

Aujourd’hui, elle remettait tout en cause, Skye. Aussi bien son existence que ce monde entier. Aussi bien son coeur qui battait encore, de manière irrégulière, que celui de Carol, qu’elle croyait lui appartenir. A travers les larmes qui embuaient ses iris assombries, Skye essayait de discerner le vrai du faux, le faux du vrai. La vérité et le mensonge ne faisaient plus qu’un, ils entouraient Daisy de leurs lianes solidifiées, et s’assuraient qu’elle se complaisait dans le mélange des deux. L’éclatement de sa bulle inventée lui apparaissait brutal, injuste peut-être. Le choc n’arrivait pas à être encaissé, et celle qui faisait pulser son coeur au niveau de ses tempes ne cessait de l’enfoncer dans un tourbillon d’émotions opposées, terriblement lourdes à éprouver. Son amour profond et loyal se mêlait à une rage incommensurable, sa colère prenait difficilement le dessus sur sa consternation. Celle-ci remplaçait avec peine son dévouement envers la belle blonde, alors qu’il se fissurait, conséquence de sa confiance trahie et bafouée. Daisy, en l’instant présent, ne semblait n’être plus que l’ombre d’elle-même, une ombre dont le noir coutumier brillait, renforcé par de nouvelles ténèbres impensables. La geek n’était plus rien qu’un dommage collatéral de cette guerre qui existait depuis toujours, celle qui opposait mensonge et vérité, sentiment et raison.

Les premiers mots de Carol sonnèrent si proches des siens que Daisy en eut le souffle coupé. Sa langue fourchait comme la sienne, l’hésitation et l’émotion siégeaient dans chacun de ses mots, ceux qui ne signifiaient rien tant qu’ils étaient incomplets, mais qui en dévoilaient tellement. Si peu, mais tellement tout de même. L’intérieur du corps de Skye se faisait creux, et si elle avait demandé des explications, elle n’était pas certaine de vouloir les entendre. Qui voulait se faire asséner de ne pas être digne de confiance, en pleine face ? Elle se refusait à croiser les yeux embrumés de sa belle, ne voulait se donner une nouvelle raison de craquer, de maudire cette Terre entière. Elle voulait se boucher les oreilles pour ne plus que sa voix mélodieuse résonne au creux de celles-ci, pour ne plus qu’elle ne se mordille les lèvres, inondée d’un puissant désir, celui de se lover auprès de sa belle, de coller ses lèvres aux siennes en une pression amoureuse et délicate. Daisy ne voulait plus être envahie de cette illusion paradisiaque, qui s’effilochait à mesure que les secondes s’égrenaient, à mesure que son regard restait obstinément fixé au plafond, sur le mur d’en face ou encore sur le sol, partout tant que sa belle restait en dehors de son champ de vision. Mais elle entendit celle-ci se rapprocher, comme un nouvel affront dont elle ne pouvait se défiler, et au fond d’elle-même, elle le savait. Elle n’avait jamais fuit jusqu’alors, et elle ne pouvait pas commencer aujourd’hui, Daisy, malgré toute sa mauvaise volonté. Elle pouvait éviter ses yeux enchanteurs, elle pouvait prétendre que la voix céleste de sa blonde était déformée, il demeurait que la vérité, elle, voulait s’accaparer Daisy, elle et son bonheur.

Tant d’interrogations attendaient des réponses, et pourtant, entre-temps, le monde de chacune des belles s’écroulait. Elles s’étaient construit des édifices, dont la base fragile reposait sur un bonheur atténué, du moins en ce jour. Pas une seule seconde Skye n’avait douté de ses sentiments, et si ce n’était depuis aujourd’hui, elle n’avait jamais cru un seul instant que Carol puisse prétendre, cacher une vérité insensée. Mais à l’heure des révélations, le cerveau de la geek était tout retourné, tout autant que cet organe qui agrippait sa vie, et qui semblait si insignifiant, soudainement. Comment avait-elle pu, ainsi effrontément, lui mentir ? Omettre la vérité, ne pas parler, tout ceci s’attrayait à des faux-semblants que Daisy ne comprenait pas. Elle ne retenait que l’absence de volonté, que le manque d’envie de tout lui avouer. Peut-être que Carol souffrait, peut-être qu’elle avait ses raisons, mais Skye n’était pas certaine de vouloir les comprendre. Depuis toujours, on l’avait trompé, on l’avait déçu. Elle se croyait à l’abri en s’approchant de Carol, en se liant à la belle blonde, et voilà qu’elle tombait des nues. Ses mots absents, éloquents, creusaient un fossé entre elles, peut-être même creusaient-ils la tombe de leur bonheur si bref, mais si vindicatif, si puissant. Pourtant, intérieurement, il y avait cette âme esseulée, qui ne demandait qu’à être secourue. Elle voulait être repêchée par la femme qu’elle avait toujours envisagée comme irréprochable et d’une volonté à toutes épreuves, voulait baigner dans son amour  démesuré. Elle voulait que ses intonations attristées et tranchantes cessent leur massacre pour chantonner à nouveau. Mais les hésitations, les interruptions multipliées de Carol ramenaient Daisy dans le monde présent, dans cette petite pièce où elles se croyaient à l’écart des autres agents, presque en sécurité.

La belle Danvers, la Garde Danvers, devrait-elle penser, reprenait ainsi la parole, d’une voix hachée, tremblotante, une voix si opposée à l’image forte qu’elle lui avait toujours renvoyée que Skye peinait à la reconnaître. Mais elle se refusait à une compassion, pas maintenant, pas tout de suite. Elle était celle qui s’émiettait sur le sol, à genoux, et non celle qui avait vendu sa moitié, qui avait pactisé avec le diable. Skye se croyait du bon côté, quand bien même le SHIELD et la Garde ne faisaient qu’un, d’une certaine manière. Elle tâchait de voir l’aspect positif de son nouveau métier, mais se retrouvait un couteau sous la gorge alors que son amante, son élue, se révélait être l’ennemi. Comme si le Yin et le Yang se devaient d’être réunis, et que cette réunion devait avoir lieu précisément en ce jour, explosive. Parce que leur relation éclatait, et rien ne pouvait prédire si elles allaient s’en relever ou non. Son regard, lui, osa enfin se poser sur la silhouette évasive de Carol. La blonde lui apparaissait floue, sa présence relative, alors que ses mots trouvaient leur destinataire, l’ébranlaient une nouvelle fois. « Si… si je le suis ! » Elle insistait, secouait la tête. Comment sa bien-aimée osait-elle prétendre le contraire, après ce qu’elle venait de lui infliger ? Skye se refusait à gober une nouvelle fois les mensonges si bienvenus de sa douce, elle ne voulait pas accepter la vision idéale qu’elle lui renvoyait d’elle-même, rendue amère par la révélation du jour. La geek voulait être dure, mais plus les mots glissaient sur elle, plus elle sentait ses résolutions lui échapper. Carol lui parlait, elle mentionnait ce festival, ce jour tragique où Skye avait cru avoir tout perdu. Où elle avait pensé que son amour s’envolerait au loin, dans ces cieux voleurs de belles âmes. « Tu...tu sais ? » Daisy hoqueta, face à l’inquiétude que la briseuse de sentiments lui dévoilait. Elle réagissait involontairement, parce qu’elle avait mis, il y avait peu, des mots sur l’étrangeté qui l’habitait, et dont sa douce semblait avoir eu vent de son existence. La Garde Rouge n’aurait pu emmener Daisy que pour une seule raison, celle-là même qui lui avait retiré son meilleur ami du voisinage, celle-là même qui l’avait convaincu de devenir plus qu’une simple informaticienne au sein du SHIELD. Je suis une émergée.. Cette pensée, Skye n’arrivait pas à la prononcer à voix haute. Elle aurait voulu se confier à sa dulcinée, mais celle-ci se révélait être l’arme supposée, destinée à mettre un terme à ceux qu’elle appelait victime d’une émergence. Et si l’élue de son coeur sous-entendait à demi-mots sa crainte pour elle, la brunette ne pouvait se permettre de s’ouvrir une nouvelle fois, au risque d’être écrasée, encore. « Mais ce n’est pas moi qu’ils ont emmené. C’est d’autres gens, des innocents. Des amis. Des personnes chères à mon coeur. » Sa voix craqua. Elle pensa à Peter, à tous les autres qui avaient soit été capturés, soit qui avaient dû fuir. Elle pensa à Carol, celle-là même qui lui faisait face, qui s’était vidée de son sang, sous ses yeux éberlués. Daisy revoyait tout ce qu’elle avait perdu et failli perdre. Et se tenait devant elle l’habit même de la responsabilité de toute cette horreur.

Comme en écho à ses pensées, à cette haine qui l'étreignait malgré elle, Carol se rapprocha, Carol se confia. Chacune de ses paroles sonnait à la fois fausse et froidement véridique, résultat des sentiments complexes contre lesquels luttait Skye. Elle avait senti les tremblements qui avaient émané d’une source inconnue, elle avait compris que sa confusion en avait été la cause. Elle cherchait à se contrôler, mais plus sa belle parlait, moins elle ne se maîtrisait. La geek fermait les yeux et s’imaginait la scène, celle où le propre collègue de Carol tirait sur l’un des siens. Les remords la prirent par la gorge alors qu’elle se voyait quelques minutes avant le drame, quand elles s’étaient séparées d’un commun accord, quand elle avait laissé le poignet de sa douce échapper à ses doigts possessifs. Elle eut la brûlante envie de se jeter à son cou, mais cela n’était pas assez. Cela n’expliquait pas comment elle avait pu cacher, tout ce temps durant, un pan de sa vie entière à Daisy. Cela n’expliquait pas pourquoi elle s’était sentie obligée de la tenir à l’écart, elle qui avait accepté la blonde dans son entièreté, et qui n’aurait jamais rejeté sa dulcinée. Skye effaça rapidement les larmes qui perlaient au coin de ses yeux, en proie à une émotion intense. Elle avait l’impression que des ondes la parcourait alors qu’elle tremblait de tout son long, et elle posa un instant l’arrière de son crâne contre le mur qui supportait son poids, les yeux à demi-clos. Elle se sentait si malheureuse, en cet instant. Pourtant, elle ne voulait pas demeurer silencieuse face à l’aveu de sa douce, malgré sa rancoeur du moment. Elle ne voulait pas la laisser seule dans cette noirceur, dans ce débat intérieur qui faisait rage. Il n’était pas ici question que d’une omission, il était question de vivre, tout bonnement. « Tu sais, à l’Alpha House… » Sa voix était rauque, mais elle se forçait à parler. « Quand… quand il s’est passé, ce je ne sais quoi avec les hallucinations… » Et qu’elle avait empiété sur la vie de quelqu’un d’autre. Qu’elle avait ressenti ce que quelqu’un d’autre avait ressenti. Qu’elle ressentait d’ailleurs encore maintenant ce que l’homme pouvait ressentir. Mais ce n’était pas le sujet. « Je me suis souvenue, ce jour-là, de quelque chose que je n’ai pas compris. Je ne suis pas sûre de comprendre encore aujourd’hui d’ailleurs. » Elle eut un rire nerveux à cette déclaration. « Je… je crois que c’était pour mes proches, pour des gens que j’aimais que j’ai fais ça. Ou que j’ai voulu être l’héroïne du moment, me prouver que je n’étais pas la ratée qu’on voyait en moi. » Daisy tourna ses yeux larmoyant vers Carol, en proie à des émotions troubles. « Je… je me souviens de la douleur que j’avais ressentie. De cette trahison éprouvée, de cette douleur fulgurante qui m’avait immobilisée sur le sol. » Alors qu’elle se vidait de son sang, touchée par un projectile à bout portant. Mais elle ne tenait pas à mettre des mots sur ce cauchemar. « Je ne sais pas quand ça c’était passé, mais je sais que c’était réel. Mais à ce moment-là j’étais si…  » Sa voix craqua, mais elle se força à chuchoter le dernier mot : « Seule. » Daisy n’était pas certaine que sa douce comprenne où elle voulait en venir, et même elle se perdait dans son chagrin. « Tu n’étais pas là. Je ne sais pas comment je le sais, mais tu n’étais pas … là. » Les larmes coulaient le long de ses joues, et elle ne cherchait pas à les arrêter. « Quand j’ai quitté ce mauvais cauchemar, je n’arrêtais pas de penser à toi. Combien je ne voulais pas vivre sans toi, combien je ne voulais pas te perdre. » Ses yeux brillaient, d’un éclat attristé, alors que la brunette peinait à contenir ses émotions. « Et quand tu..quand au festival tu… » Tu es devenu mon souvenir, voulait-elle dire. « Tu es arrivée, devant moi, avec cette blessure, tout ce sang qui te couvrait, je… » Daisy s’interrompit, avalant difficilement sa salive. « C’est là que j’ai compris. Que sans toi, je ne serais plus rien, que mon monde s’arrêterait de tourner. Parce que je.. » t’aime. Mais pouvait-elle l’avouer, maintenant alors que tout volait en éclats ? « .. tiens à toi plus qu’à toute autre personne en ce monde. Et l’idée de te perdre m’était insupportable tout comme… » Silence. « Celle que je ne représente rien qu’une poupée de chiffon à tes yeux. »

Parce qu’il s’agissait exactement de son ressenti, en cet instant précis. Malgré les belles paroles de la blonde, la geek peinait à croire à son amour véritable. Comment le pouvait-elle ? Depuis des mois qu’elles se fréquentaient, jamais Carol n’avait eu la présence d’esprit de confesser son métier à Skye. Celle-ci, pourtant, de son côté, ne s’était jamais cachée sur rien. Elle ne s’était pas épanchée sur son passé, certes, mais jamais elle n’avait prétendu être quelqu’un d’autre, jamais elle n’avait tenu sa dulcinée à l’écart de sa vie. Même quand elle avait été recrutée par le SHIELD. Elle était censée le lui dire après le festival, mais la Garde Rouge avait tout gâché. A cette pensée, la brunette grimaça, désabusée. Tous ses plans avaient été sapés, tous ses désirs avaient brûlé, mais pas dans le bon sens du terme. Au fond, Skye était piquée au vif. Son honneur était bafoué, son égo lacéré. Sa confiance, d’ores et déjà ébranlée, devenait désormais invisible, portée disparue. « La rafle ce… ce n’est rien. Tu crois vraiment que c’est ça le problème ? » Pendant un instant, elle regarda sa douce, éberluée. Une vague de colère la submergeait, quand bien même les deux jeunes femmes venaient de partager leur peur de mourir, et leur peur de perdre l’autre. « Bordel ! Je suis une hackeuse, Carol ! Tu comprends ce que ça veut dire ? » Silence bref. Elle était loin d’être quelqu’un de bien, selon la loi, Skye, mais elle avait voulu devenir meilleure. Pour Carol. « J’aurais pu fouiller ton passé à la moindre occasion, profiter de l’opportunité d’être ici pour voir si le SHIELD possédait un dossier sur toi. J’étais comme ça avant, méfiante de tout, et de tout le monde. Mais je l’ai pas fait, putain, je l’ai pas fait ! » Ses yeux lançaient des éclairs, et pourtant, sur le moment, elle ne savait contre qui elle était le plus énervée. Carol ou bien elle-même ? « Parce que j’avais confiance. Confiance en toi. Et aujourd’hui, j’ai plus ça. Tu me l’as enlevé, cette confiance. Aussi bien celle que j’avais placée en toi que celle que j’avais en moi. » Elle n’avait jamais eu foi en grand chose, mais en ce jour, Skye se sentait plus démunie que jamais. Les secrets, pourtant, Daisy connaissait. Mais elle se sentait abusée, dès lors qu’elle avait posé les yeux sur l’uniforme de Carol. « Le problème n’est pas que tu sois de la Garde, même si ces… merde, même si ces soldats détruisent des vies. Le problème, c’est toi. » Sa voix vira dans les aiguës alors qu’elle le reconnaissait enfin. « Tu m’as menti. Impunément. Tu m’as… éjectée de toute une partie de ta vie. » Elle n’était plus certaine d’être jamais capable de porter un regard insouciant sur elle, tout simplement amoureux. Elle n’allait cesser de craindre qu’elle ne lui mente à nouveau, si sa blonde ne se décidait à répondre à ses questions.

Pourtant, de nouvelles paroles furent annoncées. Inconsciemment, Skye se rapprocha sensiblement de sa belle, bien qu’elle tenait à rester près du mur, à s’appuyer sur celui-ci. Les lumières au-dessus de leurs têtes avaient peut-être cessé de clignoter, mais la geek n’était pas couverte en cas de perte de contrôle d’elle-même, bien qu’elle ne se rendait pas vraiment compte. La brune garda le silence pendant que celle qui détenait la clé de son coeur se balançait sur ses deux jambes, et évoquait le passé. Skye restait muette, de stupeur, de malaise, de peine, peut-être. Pour cet émergé, pour ce qu’avait vécu Carol, pour sa première mission. « Carol, je… » Elle ne termina pas sa phrase. A quoi bon ? Elle ne pouvait être à la place de Carol. En revanche, elle pouvait ressentir ce qu’avait traversé l’émergé. Mais il était trop tard pour lui venir en aide. Néanmoins, les autres, comme elle, pouvaient encore s’en sortir. Sa douce semblait avoir eu la même réflexion, alors qu’elle jeta un regard au plafond. Concernée, Skye fronça les sourcils en la regardant faire, soucieuse. Ses larmes s’étaient taries, pour le moment. Elle était toujours atterrée, mais elle n’avait plus de pleurs à verser. Carol narra, alors, ce pan de l’histoire qui lui manquait. La pièce manquante du puzzle. Skye eut l’impression d’être en chute libre, alors qu’elle réalisait tout ce qu’avait fait Carol. Dans son dos, elle était passée à côté de nombreux indices. De son stress permanent, de ses angoisses à être jetée un jour en prison pour ce qu’elle avait fait. De sa peur, de son coeur battant parfois à tout rompre alors qu’elles se retrouvaient le soir. La geek se sentait misérable. De nouvelles larmes se manifestèrent au coin de ses yeux, et elle grimaça, irritée. Elle laissa sa bien-aimée imiter sa position, et elle se décala du mur, pour la première fois depuis que Carol avait osé tout lui déballer. La colère de Skye était encore palpable, pourtant, lorsqu’elle plongea les yeux dans ceux de sa douce, elle tressaillit. De ses deux mains, elle saisit ses poignets, avec retenue toutefois, et caressa ceux-ci de ses pouces. « Carol… ma belle. » Sa tonalité avait changé, bien que sa colère grondait toujours, en son for intérieur. « Depuis quand est-ce que… tu gardes ça pour toi ? » Son interrogation avait été chuchotée. « Pourquoi tu… j’aurais pu t’aider. Je peux t’aider. » Son ton n’était plus accusateur, mais il restait déterminé. « Parce que si toi tu veilles sur les émergés… qui est là pour toi quand tu te mets en danger pour eux, hein ? » Elle continuait de murmurer. A son tour, elle avait vérifié s’il n’y avait aucun système de surveillance dans la pièce, mais gardait un ton bas et mesuré volontairement. « Tu n’es pas seule, dans ce combat. » Skye était de la partie, à sa manière, et depuis un moment déjà.  « Et puis, qu’est-ce qui est pas clair quand je dis ne pas vouloir te perdre ? » Elle avait bredouillé ces mots d’une voix à nouveau anéantie, alors que de nouvelles larmes ruisselaient sur ses joues. Le silence de Carol ne passait toujours pas, mais Skye n’arrivait plus à laisser éclater sa rage alors que les déclarations s’accumulaient. Elle était tout simplement assaillie sous le poids des révélations, tant et si bien qu’il n’y avait plus de place pour qu’elle hurle à son tour, se contentant d’encaisser, et de réagir comme elle le pouvait malgré les difficultés de la situation. Et maintenant ? « Je ne sais pas, Carol… Je ne sais pas. » Elle souffla, indécise. Skye glissa les mains de Carol sur ses avant-bras, alors que le clignotement des lumières reprenaient, au dessus de leurs têtes. La brune se préparait à avouer son secret, mais la pression était si intense qu’elle n’arrivait pas à se pondérer.  « Je… j’ai moi aussi quelque chose à te dire. » Sa voix se fendit, tandis que sa douce pouvait sentir ses bras trembler anormalement, les ondes se déclencher en son intérieur. Et bientôt en son extérieur, si Skye ne se reprenait pas tout de suite. Mais ça, elle ne pouvait vraiment l’appréhender.

AVENGEDINCHAINS
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Amaury Torres

Amaury Torres
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Codename : TOR.A.2
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Lun 15 Jan - 0:27

I'm not bulletproof when it comes to you
Skye & Carol
♠ ♣ Don't know what to say when you made me the enemy. After the war is won there's always the next one. Maybe I'll crash into you, maybe we will open these wounds. We're only alive if we bruise so I lay down this armor. ♥ ♦

Des larmes cerclaient ses joues, un voile hantant ses yeux embrumés, l'azur de ses iris fade face à l'incertitude, la crainte, la peur qu'elle ressentait. Le doute s'emparant d'elle tel un venin coulant dans ses veines. L'abandon, le rejet, l'exclusion, des sensations qui n'avaient jamais eu autant d'impact qu'à cet instant. Le regard hanté et pourtant si brut de la brune ancré au sein même de son esprit. Une image destructrice, qui l'ébranlait dans ses propres retranchements, et au plus profond de son être. Son âme brisée par les larmes qu'elle apportait, la trahison dont elle était responsable envers sa bien aimée. Sa poitrine l'oppressait, la compressait et sa respiration se bloquait à même sa gorge, brûlant à même ses poumons. La vision d'un cauchemar éveillé la percutait de plein fouet, transcendant la moindre parcelle de son être jusqu'à la rendre impuissante. Immuable devant le fait accompli, ses barrières fêlées, comme de la porcelaine. Fendue de part en part, la blonde tremblait subrepticement, beaucoup trop sensible aux ressentis de sa belle. Ses propos tranchaient l'air, sa voix fendait l'atmosphère et s'écrasait contre ses tympans, la faisant frissonner. Le regret pulsait dans ses veines, la honte glaçait ses muscles à chaque percussion de son organe vital au creux de sa cage thoracique.

La blonde tremblait, soumise au regard accusateur et aux reproches de l'amour de sa vie, celle qu'elle considérait comme sa moitié, son âme sœur, celle qui partageait sa vie depuis quelques mois déjà. Celle qui avait toujours été derrière elle pour l'épauler, pour la rassurer lors de ses nuits chaotiques, où les souvenirs de l'armée refaisaient surface. Tout ce sang qu'elle voyait une fois les yeux fermés, Daisy arrivait à le nettoyer, à le remplacer par un rouge plus doux, plus vivant. Le sang qui battait à même ses tempes lorsqu'elle déposait ses lèvres sur les siennes et que Carol la déclarait sienne sur l'instant. L'adrénaline qui parcourait son corps, pulsait en elle aux moindres caresses, au toucher si doux et apaisant de la brune. Ses doigts fins qui caressaient sa peau marquée de cicatrices, son amour qui choyait son esprit marqué par les stigmates. Beaucoup trop d'empreintes de haine et de colère imprégnées sur son corps balafré, entaillé, scarifié. Et jamais Carol n'avait osé lui raconter la vérité. Et cela la détruisait en cet instant. La blonde serrait les dents, fermant les paupières brutalement. Elle aurait dû le lui dire, Skye méritait la vérité. Mais elle n'avait jamais voulu la blesser. Lui faire autant de mal qu'en lui disant qu'elle travaillait sous l'égide d'un gouvernement xénophobe et spéciste. C'était bien trop cruel pour la douce Skye, la jolie fleur que Carol souhaitait entretenir pour le reste de sa vie. Et pourtant le destin, l'univers tout entier se jouait d'elle. Cruelle ironie que de se retrouver l'ennemi de sa belle, que de rester planter là, et la voir la regarder avec mépris sans pouvoir y changer quoique ce soit. Cette colère au fond de son regard, la blonde n'avait jamais vu quelque chose d'aussi puissant émaner de la brune. Ressortir du plus profond de ses entrailles, de son passé enfoui jusqu'à la moelle. Elle aurait dû y faire plus attention. Et c'était là son erreur.

Le poids de la réalité l'empêchait de réfléchir correctement, d'avoir les idées claires et de cerner la situation. Les remords grignotaient sa poitrine et l'écho douloureux de son cœur déchiré fendait son âme encore plus intensément. C'était bien trop poignant pour une seule personne, ô combien elle pouvait être résistante et forte. C'en était trop pour la blonde qui craqua une fois de plus. S'approcher de la brune, précautionneusement, sa voix s'élevant, étrangère à ses oreilles. Elle ne reconnaissait même plus son timbre si particulier, étouffé par les larmes et les regrets. Les souvenirs affluaient à son esprit, images aux couleurs vives, sensations vivifiantes, sentiments percutants dansant sous ses paupières closes. L'incompréhension et le désarroi à l'Alpha House, les cris et la confusion au Pegasus. Un enchaînement indescriptible qui l'avait menée tout droit à sa belle, en ces lieux stérilisés. La quarantaine ne lui avait même pas permis de se reposer comme elle l'aurait souhaité, mais au moins, toute cette merde l'avait rapprochée encore plus de Daisy. Ce baiser qu'elles avaient échangé, le souvenir fugace de ses lèvres contre les siennes picotant la peau de la blonde. L'amertume pesait lourdement sur sa langue alors qu'elle scrutait le visage de la brune, tandis qu'elle exposait ses propres souvenirs. Carol détourna le regard, pensant ne pas avoir le droit d'entendre ce qui avait tant ébranlé sa bien aimée. Ne pensant pas mériter d'écouter les plus sombres secrets qui étaient ancrés si profondément en elle. A l'entente de ses souvenirs, de ce qu'elle avait pu ressentir, la garde tiqua, frissonnant à ces mots poignants. Se mordant la langue et baissant la tête, la blonde se faisait rage pour ne pas la contredire sur l'instant. Peu importe le nombre de fois où Carol pourrait lui prouver qu'elle n'était pas une ratée, que Skye avait de la valeur à ses yeux, elle était pourtant certaine que la brune ne la croirait pas. Ne la croirait plus. Plus comme avant. Même avec toute la volonté du monde.

Croisant les bras contre sa poitrine, la blonde hoqueta, respirant difficilement sous le poids de ces sensations qui tiraillaient son corps brisé. Les lambeaux de son esprit défragmenté la hantaient pourtant toujours autant. La tirant vers le gouffre abyssal qui appelait son nom, la condamnant à une peine éternelle, un chagrin intemporel. Les mots de Daisy se répercutaient en un écho bruyant contre les parois de son crâne, s'acharnant à entailler son âme de par chaque émotions transmises au travers de ses paroles. Telles des pointes piquantes qui perçaient sa peau, son derme à vif. Plus aucun bouclier ne la protégeait, elle ne tenait plus la position. Ses remparts extérieurs affaiblis par son état de détresse et ce qui la rongeait. Carol flanchait, en émoi, en proie à la brusque réalité qui la tourmentait. Elle se retrouvait dans l'écho provoqué par Skye. Par cette réalisation qu'elle venait de lui imposer. Clignant des paupières, la blonde murmura, les lèvres tremblantes, et les iris voilés. Tu représentes bien plus que tu ne l'imagines. Sa voix s'étrangla à même sa gorge, à présent nouée. Des perles salées glissaient sur ses joues, descendant librement en cascade le long de son cou, se perdant dans le tissu de son uniforme. Que pouvait-elle bien dire d'autre ? Que pouvait-elle partager de plus pour faire comprendre à sa dulcinée qu'elle n'avait d'yeux que pour elle ? Que pouvait-elle offrir à la brune pour qu'elle puisse voir au travers de son regard que Carol ne voulait que d'elle ? Elle ne pouvait rien faire, rien dire sur ce que la belle pensait. Mordant ses lèvres, la blonde comprit que c'était bien légitime et qu'elle n'avait aucun droit de lui retirer cela. Ô combien elle en avait envie, ça elle savait pourtant qu'il était trop tard pour la faire changer d'avis. Alors elle secoua juste la tête, relevant doucement le visage vers Skye. Un refus silencieux de la laisser pantoise et en proie à ses propres démons.

Ses doigts la brûlaient, alors qu'elle voulait seulement les tendre vers sa belle, pouvoir la rassurer d'une douce caresse, effacer d'un contact ce qui venait de se passer. Oublier le chagrin, la peine, et recommencer depuis le début. Tout reprendre à zéro sans lui cacher quoique ce soit. Sans omettre ces années sombres de sa vie, où tout partait en vrille. L'intégrer à son passé en une promesse inébranlable, regagner sa confiance perdue et retrouver ses bras réconfortants. Un souffle glissa d'entre ses lèvres entrouvertes, alors qu'elle clignait des yeux, enserrant de ses paumes ses bras tremblants. Je suis désolée, Daisy... Un soubresaut s'empara d'elle, sa voix brisée étranglée à même la gorge. Que tu aies dû subir ça. Que tu aies traversé ce cauchemar. Un silence, et Carol inspira difficilement, l'écho de sa respiration hachurée transcendant les airs. Et surtout, que tu aies ressenti ce mal-être. Que tu te sentes comme une moins que rien à cause de moi... Elle serra les dents, ses jointures blanchissant de plus en plus. Je ne devrai pas te faire te sentir ainsi... Elle grimaça. Tu es tout pour moi, tu... sa voix tremblante était chaotique, tendant bien trop dans les aigus pour son propre bien. Son souffle se répercutait alentours alors qu'elle ne trouvait plus les bons mots. Immobilisée dans l'instant par le poids de la réalité. Ses doigts finirent par se décrisper, et la blonde relâcha quelque peu la pression, sans toutefois laisser ses lèvres tranquilles. Les triturant toujours, elle pencha la tête sur le côté, iris brillants par le voile opaque de ses larmes. Je ne veux pas te perdre, Skye... Des frissons glacés glissèrent le long de son échine, faisant trembler ses membres engourdis. L'Alpha House, le Festival... tout ce qui est arrivé nous ont rapprochées. Malgré les circonstances, je n'aurai jamais changé ma place pendant ces moments. Puisque j'aurai toujours été avec toi. Près de toi. Un silence, lourd de sens. Tension palpable et instant pesant. Une larme glissait sur sa joue. Et je serais toujours revenue vers toi, si par malheur nous avions été loin l'une de l'autre. Peu importe la distance. Clignant des paupières, Carol délaissa finalement ses lèvres tremblantes et releva le visage, ses iris cherchant ceux de celle qui possédait son cœur. Tout ce chaos m'a fait réaliser une chose... Elle renifla, passant distraitement une main sur son visage. C'est que j'ai besoin de toi, plus que tout au monde, Daisy Skye Johnson.

Ravalant sa salive, un silence se mit à résonner à ses oreilles alors qu'elle riva son regard au loin, sa voix plus faible. Quand je te vois, ce n'est pas une ratée que j'ai en face de moi, ni même une poupée de chiffon. Sa voix s'adoucit subitement, son regard plus doux, ses traits plus relaxés. C'est la plus merveilleuse femme que j'ai jamais vu... Sa déclaration se coupa avant la fin, le poids de ses ressentis beaucoup trop oppressant pour qu'elle ne puisse continuer. Une perle salée s'échappa de sa prison de cils, et s'écrasa sur la peau échauffée de ses joues. Rosies par sa peine et son sang qui pulsait au creux de ses veines. Fermant les paupières, mordant sa mâchoire, la blonde se laissa submerger par ses propres sentiments envers Daisy. Assaillie par des vagues bien trop abruptes, elle coulait sur place, engloutie sous les frissons, la rancœur envers elle-même, l'amour qu'elle portait à sa belle. Son corps tremblait, ses mains ne lui répondaient plus tandis qu'elle serrait les poings comme elle le pouvait. Baissant la tête, comme pour se recroqueviller sur soi-même. Elles déferlaient toujours sur son âme à la dérive, et ses soubresauts ne cessaient de la faucher. Brisée, en morceaux, éclatée contre le rivage, elle rouvrit les yeux, sa voix résonnant de plus belle. Ses souvenirs énumérés alors même qu'ils lui revenaient en tête. Carol lui raconta la rafle, sa douleur de voir tant de civils maltraités par ceux qu'elle considérait comme sa famille. Débiter autant de paroles, se déposséder de ce poids qui lui enserrait la poitrine, la rendait plus légère, mais ses remords s'arrachaient toujours ses entrailles. Et l'écho de la voix de Daisy, lui déchirait toujours plus son cœur bien trop abîmé par ses propres remontrances. Bien sûr qu'elle comprenait. Elle ne le comprenait que trop bien. Daisy aurait pu aller fouiller dans son passé. Elle aurait pu hacker n'importe quel système et trouver le dossier de ses années à l'armée. Elle aurait pu pirater le S.H.I.E.L.D. et découvrir son affectation à la Garde Rouge. Mais elle ne l'avait pas fait. Et Carol lui en était extrêmement reconnaissante, et à la fois elle l'admirait pour cela. Skye n'avait rien recherché sur elle, parce qu'elle devait estimer qu'elle en valait la peine. Et Carol pensait qu'elle ne l'avait pas fait, car il était de son devoir de le lui annoncer quand elle se serait sentie prête. C'est à elle seule de faire sortir de leurs tombes, ses plus sombres secrets, d'exposer à la lumière du jour ce qu'elle cachait au plus profond d'elle-même.

La colère de Skye était justifiée, légitime, authentique, et elle enfonçait de plus belle Carol qui ne souhaitait rien d'autre que de juste effacer cet instant de sa mémoire. Voir la brune dans un état aussi épouvantable, part sa faute, n'était nullement joyeux pour elle. Et elle se doutait que Skye aurait aimé ne pas l'affronter ainsi, ni même l'apprendre sur le tas. La blonde s'en voulait terriblement pour ce qu'elle lui avait infligé. Les secrets n'avaient jamais vraiment fait bon ménage dans sa famille, mais à vrai dire, la vérité non plus. Depuis qu'elle était entrée à l'armée, Carol avait dû garder certaines choses pour elle. Malgré son envie d'en parler à Steven, et parfois même à ses parents. Mais jamais elle n'avait craqué à ce sujet. Jamais elle n'avait franchi la limite et tout balancé à ses proches. Ils méritaient une protection, une vie simple et sans dangers, et Carol n'allait pas la leur amener en commençant à raconter des secrets militaires. Sans compter qu'une fois au S.H.I.E.L.D., ça n'avait pas été de tout repos également. Passer des nuits entières au boulot dans l'attente du signal, du feu vert pour aller chercher ses collègues dans la mouise. Un quotidien stressant et oppressant, mais qui l'avait préparée à ce qu'elle faisait à présent. Au sein de la Garde Rouge, surveiller ses arrières, constamment regarder derrière soi et attendre le bon moment. C'était tout ce dont elle avait eu besoin. Tout ce dont elle aurait eu besoin pour annoncer à Skye qu'elle faisait partie de cette organisation. Et aussi qu'elle était en train de se rebeller également, mais ça c'était inhérent à son caractère. La blonde ne pouvait pas laisser quiconque étant dans le besoin, sans intervenir. Ne serait-ce qu'aider pour une tâche, ou passer du temps avec certains individus à la stabilité mentale précaire. Il y avait toujours un petit quelque chose d'elle qu'elle laissait en chacune des personnes qu'elle pouvait rencontrer. Et lorsqu'elle avait connu Skye, Carol lui avait laissé son cœur, au creux des mains. Sa totale confiance, sa vie, sans cligner des yeux.

Envolée sa confiance, à présent. Elle avait une fois de plus, foiré en voulant protéger Skye de cette partie de sa vie qui la rongeait. Qui la bousillait au fur et à mesure qu'elle avançait. A chaque pas de plus qu'elle faisait, les lambeaux de son être décharné s'envolaient derrière elle. Une partie d'elle-même la quittait dès lors qu'elle avait une mission orchestrée par la Garde Rouge. Elle savait à quoi s'attendre au niveau des représailles, elle savait qu'il n'y avait pas réellement d'issue si elle s'en allait. Et surtout, elle savait ce qu'elle laissait derrière elle en préférant son confort personnel. Soit elle délaissait Skye mais pouvait sauver au moins un émergé à chaque fois qu'elle allait sur le terrain. Soit elle déballait tout à sa bien aimée et pouvait dire adieu aux victimes de la Garde Rouge. Bien que cornélien, le choix avait été simple au début. Mais là, en cet instant, Carol regrettait plus que tout au monde sa décision. Peut-être qu'elle aurait dû lui en parler, mais peut-être qu'elle n'avait plus le temps. Je sais, Skye. Je sais que tu ne l'as pas fait... Elle renifla en se reculant légèrement, regard brouillé par ce voile opaque qui obstruait sa vision. Et ça me tue de te mettre dans un tel état... Que par ma faute tu n'aies plus confiance en toi... Un sanglot résonna en écho dans la pièce vide, mais tout ce que pouvait entendre la blonde était les battements de son propre cœur qui tambourinait au creux de sa poitrine. 'Le problème, c'est toi'. Cette phrase martelait son esprit, claquait dans sa tête, résonnait dans son crâne. La douleur qui l'empoignait était telle qu'elle recula de quelques pas, son cœur ayant cessé de battre un instant. Le temps sembla se figer sous ses yeux, et le vide qu'elle ressenti dans sa poitrine la percuta de plein fouet. Carol avait l'impression de brûler sous le venin craché par Skye. De mourir de par sa main d'habitude si douce. Sa vie n'était plus rien sans elle, et la blonde lui avait menti. Pour la protéger. Mais la brune ne se souciait que du mensonge en lui-même. Carol avait omis un pan de sa vie, afin de l'en tenir éloignée, de la garder en sécurité, si jamais elle se faisait prendre par ses collègues. Et voilà que maintenant, elle se mettait à tout lui avouer. Débattre du pour ou du contre ne valait plus rien dire en cet instant. Tant pis pour sa carrière, tant pis pour sa réputation déjà bancale. Tant pis pour elle, mais Skye devait savoir à présent.

Les mots fusaient, sortant de sa bouche comme des missiles. Ils frappaient là où ils devaient. La blonde savait que ternir la chose ne la rendrait que plus flagrante. Alors elle lui raconta tout. Son premier émergé, sa réaction, son désarroi. Sa solitude, son changement de camp. Tout défilait devant elle, sous ses yeux, les souvenirs prenant forme comme superposés à la scène qui lui faisait face. Les larmes coulaient sans retenue, les sanglots étouffés par sa voix tremblante. La blonde ne maintenait plus les apparences trompeuses. Déchirée de toute part, son salut n'avait tenu qu'à s'ouvrir enfin à sa belle, en espérant qu'elle la comprenne, et surtout, qu'elle la croit sincère. Carol savait bien qu'elle jouait à un jeu dangereux. Si Daisy décidait de partir, et d'en parler à quelqu'un, sa vie serait fichue. Pire, des émergés risqueraient de ne plus pouvoir être sauvés. Cela la rendait folle. D'imaginer quelqu'un rester de marbre face à ces pauvres gens sans défense dont la vie venait de s'écrouler sous leur yeux. Elle était hors d'elle, rien que d'avoir l'idée en tête, mais elle ne pouvait pas hurler contre sa bien aimée. Cela n'en vaudrait pas la peine, et puis ce serait également injuste. Elle n'avait voulu que la vérité. De la sincérité. Et voilà que la blonde lui confiait son plus gros secret. Il n'en tenait qu'à Daisy de choisir de l'issue de cet instant tangible. De cette situation précaire. Lorsque sa voix finit dans un sanglot, Carol se recula contre le mur, défaite, anéantie. Ses plans tombaient à l'eau, sa vie était en morceaux, son âme étalée en des tessons à même le sol. Ses mains cachaient son visage, alors qu'elle tremblait toujours, secouée par ses propres paroles. Par ce qu'elle avait caché depuis tout ce temps et qu'elle avait enfin osé avouer à la lumière du jour. Ce secret qui lui pesait tant, venait d'être libéré de ses chaînes, et pourtant, il semblait ne toujours pas vouloir la quitter, alors que Skye s'avançait vers elle.

La colère, elle pouvait toujours la sentir. Comme un tintement dans le fond de sa voix. Mais un autre ton prenait le dessus, et la chaleur de sa bien aimée picotait ses poignets. Là même où elle l'avait attrapée quelques secondes auparavant. Sa respiration s'était coupée, mais Carol ne pouvait relever la tête. Elle ne voulait pas voir ce qui se trouvait dans le regard de sa douce. Elle ne voulait pas voir de la haine. De l'incertitude. De la peine. Et même si le ton avait changé, son regard était peut-être toujours de glace. Il aurait à tous les coups brisé le corps bouillonnant de la blonde, dont le sang pulsait à ses tempes. Carol renifla lorsque Skye lui demanda depuis combien de temps elle gardait cela pour elle. Ses lèvres tremblaient beaucoup trop, sa gorge l'enserrait et lui faisait mal. Elle ne pouvait pas parler sans risquer une autre crise de larmes. Sa belle voulait l'aider, alors même que la blonde avait tout fait pour la tenir éloigné de ses problèmes. L'ironie du sort. Mais cela lui fit un pincement au cœur, mais une douce chaleur s'empara tout de même de sa cage thoracique. Sa voix finit par s'élever, timide, faible, et rauque. Personne n'est vraiment là... Carol renifla, regardant ses mains, son regard glissant sur les doigts fins de Daisy qui encerclaient ses poignets. Je voulais t'en parler. Je t'assure. Je voulais vraiment te le dire... Mais seulement quand je me serais sentie prête. La blonde mordilla l'intérieur de ses joues, son regard fuyant celui de la brune, mais appréciant tout de même le contact. Je ne voulais pas t'entraîner là-dedans. Un ricanement amère lui échappa. Regarde-moi maintenant. Je t'ai tout dit... Elle souffla, ravalant difficilement sa salive. Je gardais ça pour te protéger et maintenant tu es dans la confidence. Carol osa enfin relever son visage, ancrant ses iris voilés dans ceux de sa belle. Ce qu'elle y vit la fit frissonner. Je sais qu'il y a bien d'autre personnes qui veulent aider. Qui aident à leur manière. Et vraiment... Elle hocha la tête. Je leur en suis reconnaissante. Mais il y a tant de monde à aider encore. Tant de gens à sauver... Sa voix craqua sur la fin, ses lèvres tordues en une grimace, ses sourcils froncés. Une mimique désolée, qui marquait ses propres pensées. Carol ne pouvait sauver tout le monde, et cette pensée la détruisait.

Lorsque la voix de Skye résonna à nouveau, Carol se laissa choir au sol, entraînant la belle avec elle. Ses genoux claquèrent contre le sol, et son dos percuta une nouvelle fois le mur, sa tête relevée en arrière, le regard perdu sur le plafond. Des perles salées silencieuses roulèrent sur ses joues. Serrant les dents, la blonde tentait de contrôler ses tremblements, en vain. Les lumières clignotaient au dessus de sa tête, mais Skye ne cessait de toucher sa peau. Ses paumes caressant ses avant-bras. Maintenant il était trop tard, mais peut-être qu'elles pouvaient encore changer la donne. Peut-être qu'une lueur d'espoir brillait au fond du tunnel, pour toutes les deux. Peut-être que la flamme de leur amour allait les consumer, brûler et dévaster tout sur leur passage, ne laissant derrière elles que les cendres et la poussière de ce qu'elles avaient à oublier. Rien n'était encore joué, mais en même temps, Carol avait l'impression que les dés étaient tout de même jetés. Seul l'avenir pouvait leur conter leur futur, si tant était qu'il y en avait encore un ensemble. Se mordant les lèvres, la blonde retint une nouvelle vague de larmes, les perles salées prisonnières dans les cils de l'agente. Peu importe ce qui se tramait en cet instant, Carol savait que c'était décisif. Alors elle se laissa bercer par la brune. Par son contact apaisant, ses caresses douces et sa peau parfaite. Elle savoura l'échange, le moment présent, se répétant que cela pouvait bien être la dernière fois que de telles affections seraient échangées entre elles. Même si elle ne le souhaitait aucunement. Mais peut-être que sa bien aimée avait besoin d'espace, après ce qu'elle venait de lui faire. Peut-être qu'elle avait besoin de respirer et donc de prendre un peu ses distances. Malgré l'amour qui les liait toujours.

Plus le silence durait entre elles, plus le cœur de Carol s'enserrait. Comme si une main invisible empoignait l'organe et le réduisait en bouillie. Faisait cramer les lambeaux du muscle cardiaque pour ne laisser qu'un sentiment diffus et désagréable au fond d'elle. L'amertume glissait sur sa langue lourde, et la voix de Skye la tira de la précarité. Elle-même avait un secret à partager. Mais la blonde ne se sentait pas désireuse, ni méritante. Elle n'avait aucun droit d'entendre les secrets de Skye si elle ne se sentait pas prête. Et encore moins de les écouter alors même qu'elle-même avait été forcée à déballer ses poids morts. Non, Carol ne s'en sentait pas d'avoir le droit. Mais si Skye voulait s'ouvrir à elle, alors elle l'écouterait d'une oreille attentive, lui prêterait une épaule sur laquelle se reposer, et lui tendrait la main pour la soutenir et la tenir près d'elle pour la réconforter. La blonde lui donnerait tout ce dont elle n'a pas eu, pour que cela se passe en douceur, et que la brune ne se sente pas prise au piège dans son propre corps, entre son âme et ses actions. Entre son esprit et ses ressentis. Tu n'es pas obligée... Ne te force pas à me dire quelque chose en échange de ce que je viens de t'avouer. La blonde souffla doucement, ses iris parcourant son visage qu'elle connaissait par cœur. Ses doigts la picotaient alors qu'elle voulait caresser son visage, mais sa main s'arrêta à quelques millimètres seulement, frôlant sa peau. Mais quoique tu veuilles me dire, je t'écouterai toujours, ma douce. Elle souffla en lui remettant une mèche de cheveux derrière l'oreille. Skye méritait d'avoir le meilleur. Et elle faisait de Carol quelqu'un de meilleur. Une meilleure personne, une femme bien plus ordonnée et méticuleuse, une personne plus droite et plus sensible, une femme plus à l'écoute et plus attentive. Un être humain plus tolérant, plus à même d'aider quiconque. Et surtout, Skye la rendait plus amoureuse chaque jour qui passait. Elle l'attirait tout le temps dans son sillage, tel un astre qui faisait venir à lui une météorite. La blonde croulait sous ses sentiments pour la brune, et elle s'était crashée sur elle dès le premier regard. Elle était son rayon de soleil, et la lune qui éclairait ses nuits. Elle était celle vers qui elle savait qu'elle pouvait se tourner. Elle était celle qu'elle aimait. Et qu'elle aimera encore et toujours.



Ayaraven

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Daisy Skye Johnson

Daisy Skye Johnson
Inhumain
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Codename : Quake
Pouvoirs : Inhumaine : génération d'ondes et vibrations sismiques. V'la le séisme dans ta gueule.
Immunité contre lesdites vibrations qui peuvent jusqu'à prendre la vie des personnes touchées. Limitation pour le moment déterminée à 3.2 de magnitude sur l'échelle de Richter.

Skills : experte en informatique - tireuse surentraînée - maîtrise des combats rapprochés et à mains nues - spécialisation dans l'espionnage et l'infiltration

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Pseudo : Renescence

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Dim 11 Fév - 1:31

Carol & Skye

I'm not bulletproof when it comes to you


Tout allait trop vite. Trop fort. Elle était prise de court tandis que les mots fusaient, et Skye ployait le genoux, assaillie par le poids des révélations, écrasée par un trop plein d’émotions qui brisaient ses os comme du verre. La brune mettait pied à terre, enterrée par sa belle en personne. Elle se voyait enfermée à tout jamais dans son cercueil, visionnait la blonde être celle qui le cloutait pour l’éternité. Dernière image qui la hanterait, jusque dans l'au-delà. Mais le paradis, elle n'était pas certaine de le trouver, Skye. Même si elle avait le sentiment que sa vie était aspirée par l'être aimé, elle ne se voyait pas pacifiée. Bien trop torturée par les morceaux de son âme éparpillée, pièces brisées par les mensonges des autres, par les mauvaises actions qui en ont découlées. Daisy peinait seulement à respirer en l'instant présent, à regarder celle qui confessait son passé comme son présent, et probablement son futur à venir. Elle souffrait trop, la geek, pour seulement mesurer les aveux. Le poids des confessions la transperçant, littéralement, de toute part. Elle ne sentait plus son coeur, ne ressentait plus aucune joie à ainsi déceler la présence de sa belle à ses côtés. Elle aurait pu être dans la même pièce ou à des kilomètres d'elle, sa réaction serait la même. Se rouler en boule pour ne serrer que le néant dans ses bras, pour ne trouver que du vide autour d'elle-même.

Parce qu'elle était vidée, épuisée. Tremblante, comme une feuille, alors que les larmes ne voulaient plus se tarir.  Ses iris, d'habitude si pétillantes, ne laissaient plus entrevoir une seule flamme. Comme éteintes, Carol ayant décidé de l'éliminer, de couvrir son flambeau. Il y en avait trop. Des mots, et même des maux. Souffrances verbales comme physiques, Skye ne se reconnaissait plus, était comme dépossédée, que ce soit de son enveloppe corporelle que de son âme intemporelle. L'environnement était flou, le lieu où elle se trouvait invisible. Plus rien ne comptait que la gravure qu'elle avait en tête, celle de son élue dans le camp adverse, celui qui opposait le mensonge à la vérité. Ses secrets tuant à petits feux la jeune femme, les flammes caressant son corps, d'abord dans une délicate étreinte, ensuite dans une poigne bien trop raffermie. Son corps se disloquant sous la chaleur intensive, ses résolutions et ses émotions fondant en quelques secondes. Parce qu'elle ne savait plus, Skye. Aimer, ou détester. Se laisser tomber ou demeurer debout, se relever malgré l'affront. Oscillant dans un état vaseux, à semi-consciente que la blonde était toujours là, presque à lui tendre les bras. La geek n'était cependant plus qu'une poupée de porcelaine brisée. Si elle avait été fissurée, il y a bien longtemps, si elle avait été réparée, tout récemment, désormais, tout était à refaire. La Garde l'ayant achevé, en un seul coup, fatalité qu'elle avait presque accepté.

Presque. L'espoir éclairant faiblement ses pensées assombries, à mesure que Carol laissait ses paroles filtrer ses secrets dissimulés. Quelque part, Daisy la détestait. Elle la haïssait pour lui imposer ce manège, attraction horrifique qu'elle n'avait jamais voulu découvrir. La tenant par la main dans ces montagnes russes déchaînées, lui faisant entrapercevoir son amour pour mieux le rejeter par la suite. Pas par sa voix, mais par ses actes, ce qui était encore pire. La geek était maudite, elle en était certaine maintenant. Anna d'abord, Carol ensuite. Etrange mais peut-être bien juste retour des choses alors qu'elle avait tant de fois défié les limites et les lois. Mauvais karma qui l'avait condamné à souffrir, à être déchirée par la personne qui détenait la clé de son coeur. Une fois n'était pas coutume, elle était faite pour être déçue. Pour être trahie, pour être secouée, trouée de toutes parts. Aussi bien par l'amour qui pulsait son coeur que par la détresse qui détenait ses actuelles peurs. De quel droit Carol avait ainsi osé se jouer d'elle, de son petit coeur désormais en miettes ? Pourquoi, de tous ses proches, avait-il fallu que ce soit elle ? L'unique destinée de son coeur, déterminée à la détruire de l'intérieur. Pourquoi ?

Ricanement qui manque de se faire entendre, lèvres ourlées qui finissent par se resserrer aussitôt. Elle n'avait plus la force de s'opposer, de contester les déclarations de sa belle. Elle voulait y croire, aveuglément, encore et encore. Mais maintenant qu'elle se savait dupée, qu'il était dur de s'accrocher à une illusion, quand bien même idyllique. Perfection renvoyée qui n'était plus qu'un reflet faussé. Etait-elle morte aujourd'hui, Skye ? « J'aimerais tellement te croire, tu sais. » Reniflement, tout ce qu'il y avait de plus charmant. Elle releva son visage, essaya de croiser, mais surtout, de soutenir le regard de celle qu'elle aimait. A la folie. « Tes belles paroles. Tes belles déclarations. » Amertume, incertitude. « J'ai envie de gober tout ça, et de me perdre dans tes bras. Juste ici, juste là. » Et peu importait que le lieu soit inapproprié. « Mais tout ce qui me marque maintenant, c'est que tu m'as éjectée de toute une partie de ta vie. Tu m'as menti et même si.. même si je peux comprendre les raisons, je n'arrive pas à passer au-dessus comme ça. Parce que je n'ai pas été suffisamment à la hauteur pour que tu me laisses entrer, pour que tu ne me confies la vérité ne serait-ce qu'un tout petit peu. » A fleur de peau, la révélation était encore bien trop saignante. « Et putain, ça... ça me tue, de dire ça, tu sais. Parce que tu es juste.. tout. Toute ma vie, ma raison de vivre. » Elle ne pouvait plus se retenir, la geek. « Je revois encore la scène, la première fois que je t'ai vu. Ta vision avait tout d'un mirage, et pourtant, je ne pouvais plus effacer ton visage de mon esprit après ce moment. » Petit rire étranglé. « Je sens encore le bleu qui m'a fait mal pendant des jours après ça. Parce que je m'étais cassé la tronche à ta simple vue. » Glamour, Skye, c'est ce qu'elle avait toujours été. Son ordinateur en main ayant manqué de finir dans un triste état, alors qu'elle était tombée en avant, glissant sur un obstacle invisible. L'amour en devenir. « A partir de ce jour, il n'y avait plus que toi qui comptais. Toi et toi seule. » Et encore aujourd'hui, c'était le cas, malgré les barrières qu'elle se devait d'ériger pour se protéger. « Mais regarde nous maintenant. » Ricamenent qu'elle ne cherche plus, cette fois-ci, à contenir. « Après l'Alpha House, après le Festival... on aurait pu se croire invincibles, liées contre le monde. Mais c'est finalement un silence qui aura raison de nous. » Quelle ironie. Une balle chacune, qui ne les aura pas tué. Seulement une erreur humaine, qui les aura effacé. « Tu représentes tout mon monde aussi, Carol. Sauf qu'aujourd'hui, mon monde vient de s'écrouler. » A son tour, d'avouer, de dévoiler ce qu'elle avait sur le coeur. Ce petit organe qui battait si fort qu'il en cognait sa poitrine, presque mortellement.

Les phrases se multipliaient, d'un côté comme de l'autre. Et Daisy s'enfonçait, toujours un peu plus, en proie à un état tout bonnement apathique. Tentée de se laisser aller ainsi, à même le sol, et en même temps obligée de se relever, de se remettre debout malgré tout. Parce qu'elle ne pouvait demeurer dans cet état indéfiniment, parce qu'elle désirait rencontrer les bras de Carol. Que sa peau entoure la sienne, que son corps se love contre elle. Et par le même temps, elle pensait devoir la fuir, se détourner pour enfin tolérer. Faire avec l'idée qu'elle n'avait pas été entière, pas méritante de la confiance de sa belle. Confiance qui était désormais accordée comme pour se rattraper, comme par peur de la perdre. Effroi malheureusement partagé par la jeune femme. « Je ne veux pas te perdre, je ne veux pas que ça se finisse entre nous. » Mais voilà. « Mais je ne sais juste pas comment faire maintenant que... » tout a été dit. « ... tu oses enfin me parler. Je n'ai pas l'impression d'avoir mérité cette honnêteté, alors que je viens de te forcer à enfin me dire quelque chose. » Elle l'avait mit devant le fait accompli, Skye. Même si Carol avait entamé le processus d'elle-même, en la croisant dans ces habits si caractéristiques et reconnaissables. Si honteux mais si nécessaires, d'une certaine manière.

Souffle qui se fait plus fort, bras qui serrent ses épaules. Elle n'arrivait plus à faire bonne figure, Skye. Elle ne l'avait jamais fait, mais jusque là, elle avait tenté de maîtriser ce qui faisait tant trembler les murs. Pourtant, ce n'était pas fini. Carol revenant à elle, lui assurant de ses bonnes intentions. Des actions qui n'auront jamais eu Daisy comme témoin, contrainte d'apprendre la vérité par un moyen hasardeux, par une simple coïncidence. Chute donc, elle se laissa choir avec sa belle. Ecoutant à nouveau la douce voix de son amour, ses raisons, toujours plus altruistes, mais également toujours aussi égoïstes. Le mélange improbable n'étant pourtant pas impensable. « Tu ne comprends pas. » Murmure, d'où perçait une tension. Plus de reproche, seulement une désolation certaine. « Tu n'as pas à me protéger. » Ou peut-être que si, l'aimant cherchant toujours à vouloir aider l'aimé. « Pas quand l'enjeu est si énorme, pas quand... » Bref arrêt. « Pas quand c'est ta propre vie qui est en danger. » Qu'aurait fait Skye, si on lui avait annoncé la mort de Carol ? Si on avait demandé à la questionner après que sa belle ait fini par être démasquée ? « Le danger est omniprésent. Que ce soit vis-à-vis de la Garde que de la vie quotidienne. C'est bête à dire, mais c'est le cas. » Elle tourna son visage, son front allant se poser contre celui de la blonde. Elle l'aimait tellement, malgré sa souffrance. Elle ne pouvait la laisser agir ainsi, si stupidement, malgré sa bienfaisance. « Une épreuve comme ça, ça s'affronte à deux. Après tout, c'est pas pour ça qu'on est un couple, non ? Pour partager le meilleur comme le pire. » Non, elle ne la demandait pas en mariage. Son coeur encore bien trop affecté pour ça. Mais ses doigts caressèrent distraitement le visage de la belle Danvers, avant qu'elle ne joigne ses mains aux siennes. « J'ai signé pour ça. Pour être toujours à tes côtés. » Acidité dans les mots qui suivirent, bien malgré elle. « Dommage que tu ne l'ai pas vu en moi. » Tête baissée, regard perdu dans le vide sur ces mains entrelacées.

« Et on va les sauver. Ensemble. » Reprise, parce que leurs sentiments n'étaient pas la seule chose à discuter dans l'affaire. Parce que tant de vies reposaient sur des sacrifices tels que celui-ci. Elle porta un baiser, léger, sur la paume de Carol. Ne se forçant pas à lui avouer, en ressentant seulement le besoin. Trop de poids reposaient sur leurs frêles et individuelles épaules. Il était temps d'échanger, véritablement. « A vrai dire, je suis bien placée pour aider les émergés. » Entame, assez maladroite. Skye ne serait pas Skye si elle n'accomplissait pas au moins une bourde dans la journée. « Je ne me force pas à te dire ça, crois-moi. Je pense qu'il est juste temps. » Son souffle se hâcha, la peur se lisant dans ses pupilles dilatées. Ses tremblements s'étant légèrement calmés, mais se ressentant toujours autant. « Je suis une émergée, Carol. » Les mots se décidèrent enfin à sortir de sa bouche encore hébétée. Ils résonnaient, dans ses oreilles, vérité à double tranchant. Elle était responsable, Daisy. Du pire comme du meilleur. « Ces tremblements, que tu ressens. Contre les murs, à l'intérieur du sol et même du plafond. » Sa main guida les doigts de Carol vers ses poignets, l'obligeant à les enserrer. Pour que les ondes lui parviennent enfin, pour que sa peau en subisse les effets. « C'est moi qui les provoque. Et je ne sais pas comment contrôler ça. » Voix brisée, fin de phrase qui est à peine prononcée. C'était à Carol qu'il appartenait d'appréhender ce secret, désormais. « Je suis comme eux et... je ne sais pas ce qui peut arriver ensuite. » Elle avait peur, Skye. Peur du mal qu'elle pourrait faire. Peur du danger qu'elle représentait, pour elle comme pour les autres, comme pour les aimés. Menace pesante sur sa propre moitié, sur Carol, l'être aimé.

AVENGEDINCHAINS
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Amaury Torres

Amaury Torres
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Mer 7 Mar - 11:33

I'm not bulletproof when it comes to you
Skye & Carol
♠ ♣ Don't know what to say when you made me the enemy. After the war is won there's always the next one. Maybe I'll crash into you, maybe we will open these wounds. We're only alive if we bruise so I lay down this armor. ♥ ♦

Elle n'en pouvait plus. Ces paroles qui sonnaient creuses, dénuées de sentiments, et pourtant remplies d'aversion. De poison qui glissait sur sa langue et qui perçait les tympans de la blonde. Carol se prenait un coup en pleine poitrine et une claque à la gueule à chaque mot énoncé, chaque tremblement de voix, chaque intonation différente. Daisy avait percé à jour son terrible secret, et le cœur de l'agent se serrait de plus en plus. Organe empoigné par cette main si douce qu'elle aimait caresser, déchiré par ces sentiments qui la transcendaient. Désarticulée, Carol n'était plus qu'une poupée de chiffon, en proie à ces sensations conflictuelles qui l'assaillaient de toutes parts. Tombée à même le sol, genoux tremblants et muscles tendus, comme un soldat au front. Elle n'en pouvait plus de se battre, de se voiler la face, de penser pouvoir protéger ceux qu'elle aimait avec ses secrets. Sous couverts de bonnes actions, la belle avait en vérité complètement bousillé la confiance de ses proches. Elle avait brisé Daisy en voulant faire barrière, pour l'empêcher de sombrer avec elle dans cette houle fougueuse qu'était sa vie. Mais au lieu de cela, elle l'avait emportée avec elle, dans le sillage de cette tornade qui dévastait ses remparts. Cette bourrasque qui claquait brutalement à la porte de son âme pour lui rappeler qu'elle jouait à un jeu dangereux, et qu'elle marchait sur un fil en hauteur chaque jour qui passait. En contrebas, le vide, la réalisation, ce qu'elle ne voulait pas regarder en face, et pourtant, aujourd'hui, elle avait chuté. Et elle s'écrasait contre le bitume, le craquement retentissant encore en un écho imperturbable dans l'atmosphère.

Daisy, oh, douce Daisy qui emportait le cœur de Carol, elle l'enfonçait également, creusant pour sa belle le trou qui lui servirait de tombeau. La blonde voulait s'y terrer en cet instant même, s'y rouler en boule et ne plus jamais en ressortir. Affronter la réalité, la vérité en face était bien trop dur pour elle. Surtout quand la balance et le juge prenaient le visage de sa belle, la sentence n'en étant que plus douloureuse. La brune lui disait qu'elle était toute sa vie, qu'elle était cet ancrage qui lui maintenait la tête hors de l'eau. Carol se tût, son cœur s'enserrant encore plus, meurtri par ces fils barbelés qui le cisaillait. Les larmes s'échouaient sur ses joues, ses iris voilés par les perles salées qui ne cessaient de s'écouler, encore et encore. Le hasard s'acharnait sur elle, destin tragique qui la hantait chaque nuit et la persécutait dès qu'elle ouvrait les yeux. Vivant dans la crainte et la peur pour ces gens si démunis, au bord de la folie, sans jamais penser à elle, à ce qu'elle encourait. La lame de la guillotine se rapprochait de plus en plus, et sa nuque sentait déjà le coup arriver, les frissons glacés glissant sur son échine, la faisant grimacer. Perdre Daisy, la délaisser, pour s'occuper de ces émergés avait été la pire erreur de sa vie. La brune lui apportait tant de choses, dont elle n'aurait jamais espéré pouvoir ressentir, ou posséder, et voilà comment elle la remerciait. En lui cachant cette vérité bien trop lourde à porter pour ses propres épaules. Cette vérité qui cachait autant de démons qu'il n'y avait d'astres dans le firmament.

Elle s'en voulait, terriblement, et n'osait répondre aux paroles doucereuses de sa belle, de celle qui empoignait son cœur. En cet instant, elle le tenait fermement dans sa poigne et l'enserrait à chaque mot qu'elle lui envoyait en pleine face. Carol ne voulait plus se battre, plus se défendre. Elle avait expliquer tout ce qui l'avait poussé à faire cela et agir ainsi. Il n'y avait rien de plus à dire, à donner. Plus d'adrénaline pour la pousser à se redresser. Plus de feu pour la pousser à argumenter. Plus de passion pour la pousser à vivre. La blonde s'échouait, sur elle-même, l'écume claquant en elle en rythme avec les battements ratés de son cœur qui pulsait contre ses côtes. Les douces paroles de la brune n'apaisèrent aucunement le désespoir et le chagrin de Carol. Leur première rencontre. Au lieu de sourire tendrement à l'évocation de ce moment de bonheur, ses lèvres se pincèrent, tremblantes, et son âme se déchira, fendue en deux, à l'agonie. Et les propos de sa belle ne cessaient de meurtrir son esprit, de la faire culpabiliser. A chaque inspiration, le souffle brutal s'écrasait contre sa peau, tel un coup de fouet qui fendait l'air. La torture que la situation lui infligeait était insupportable, les cicatrices sur son être tout entier la marquant à vif. L'épreuve touchait peut-être à sa fin, un jour, elle en verrait sans doute le bout. Mais pour l'instant, elle subissait encore le regard accusateur et les reproches teintant la voix de son âme sœur. Pire symbole au monde, pire sensation que de se sentir pris au piège par sa propre faute. A cause de ses propres choix. Mais en avait-elle vraiment d'autres ? Carol avait vécu bien des choses dans sa vie, et tout ce qu'elle avait pu voir et ressentir l'avaient amenée à cet instant précis. A ces choix qu'elle avait fait dans le passé, et dont la répercussion dans le présent était bien pire que tout. Pire même que la simple idée d'être arrêtée pour trahison ou d'être foutue sur une chaise électrique. Ou de se prendre une balle, mais pas entre les côtes cette fois. Parce que ces mots qui sortaient de la bouche de Daisy, qui glissaient sur ses lèvres, n'était autre que des munitions qui la touchaient en plein cœur.

La fatalité s'approchait, elle le sentait dans l'air. Dans la tension qui s'emparait d'elle et dans l'atmosphère étouffante et oppressante qui les entourait. Ses paumes vinrent se poser sur son visage, cachant la honte et le regret du mieux qu'elle le pouvait. Ses joues rougies, témoignaient de son déshonneur, de son humiliation. Son regard fade était éteint, paupières closes sur la tangible réalité qui la vrillait sans cesse, la mettant à bout, à genoux. Le monde de Daisy s'était écroulé en ce jour, et l'âme de Carol venait de se déchirer pour de bon. Les tessons de son être éparpillés à même le sol, glissant hors de son corps, hors d'elle-même pour s'échouer dans le néant. Sa voix, éteinte, ne résonnait plus, n'éclatait plus en un écho hachuré à ses oreilles. Elle ne parvenait plus à articuler, à oser répondre quelque chose, n'importe quoi. Ses forces la quittaient, comme ce fameux jour au festival, où elle avait sombré dans les bras de Daisy. L'ironie voulait qu'elle s'épanche à nouveau dans ce gouffre obscure qui l'appelait, qui voulait dévorer son esprit. Cet abîme qui se trouvait dans les bras de sa belle. A nouveau, le destin s'acharnait, l'emportant avec lui dans ces jeux de miroirs qui constituaient sa vie. Miroirs qui ne reflétaient que le malheur et le désespoir. La honte et l'horreur. Le regret et l'amertume.

Ses dents se serraient, sa mâchoire se crispait et tout son corps tremblait lorsque Daisy lui avoua ne pas vouloir la perdre. L'énergie du désespoir, l'ultime regain de force lui donna la foi de laisser tomber ses bras et de porter son regard embué sur celle qui faisait battre son cœur. Elle non plus ne sait pas comment faire, ni quoi faire en réalité. La vérité était exposée au grand jour, et maintenant quoi ? Elle pouvait avancer, elle pouvait reculer. Merde, elle pouvait même faire du surplace et jouer à la statue de cire si elle le voulait. Mais là, plus rien ne parvenait à la sortir de sa torpeur, à la faire sourire, ou même la faire espérer quelque chose de meilleur. Toute flamme d'espoir avait été soufflée, étouffée avant même de pouvoir flamber. Le feu salvateur n'avait pas dévoré ses entrailles. Seul le vent glacé et le souffle froid de la rancœur empoignaient ses organes, pinçant et tiraillant sous sa poitrine. Elle gelait sur place, figée dans son élan, dans ses propres ressentis qui logeaient, immuables, au creux de son âme. Elle aurait pu exploser, d'une simple pression sur sa peau tendue, mais étrangement, les mains de Daisy qui enserraient ses poignets la maintenaient en place. Rassemblant les morceaux uns par uns, reconstituant l'être brisé qui jonchait le sol en s'échouant dans ses bras. Elle avait raison, Daisy. Le danger était partout, omniprésent, autour de chacun d'eux, mais aussi en eux. Et Carol se mettait en danger elle-même et voulait à tout prix éviter que cela puisse toucher ses proches, quitte à s'éloigner d'eux. Mais elle n'avait jamais compris, Carol, que laisser les autres à l'écart de la vérité n'allait pas les protéger. Et elle en payait le prix à l'heure actuelle. La note était salée, tout autant que ses larmes qui se tarissaient à présent. Daisy méritait bien mieux qu'un tissu de mensonges érigés pour l'éloigner de cette vérité qui blesse. Qui empoigne et qui témoigne.

A deux. Ensemble. En couple. L'idée était alléchante, bien trop belle image qui l'attendait en hauteur. Remontant la pente, lentement, Carol se mit à voir la beauté du spectacle qui pouvait prendre vie si elle y parvenait. Si elle arrivait à retrouver contenance, à retrouver la foi et le goût de vivre, de continuer à espérer. Et en quelques mots, elle glissa, rechuta en pleine tempête. Ils résonnaient encore à travers elle, tandis qu'elle se mordait l'intérieur des jours, fermant les paupières pour ne pas pleurer une fois de plus. Elle n'avait même plus la force de se laisser aller, de s'épancher pour soulager ses regrets. Pendue au bord du gouffre, les pieds dans le vide, Daisy relâchait sa main pour la laisser tomber, la regarder s'échouer en contrebas. Telle était l'impression qui s'ancrait dans l'esprit résigné de la blonde. Elle était foutue, pour de bon. Et les morceaux de son être ne pourraient plus se recoller. Plus jamais. Daisy pouvait bien essayer, elle-même pouvait bien essayer, rien ni personne ne pourrait lui redonner ce sourire. Ni éclairer son visage ou faire pétiller son regard. Elle était perdue, éteinte pour de bon. Et ne voulait même plus s'allumer, ne croyant plus pouvoir subir cela à nouveau. Carol ne voulait plus se perdre une fois de plus, croire et tomber de haut. La chute étant beaucoup trop poignante, l'impact trop brutal. Et pourtant, en quelques mots, son cœur s'emballa. Une vague douloureuse glissa sur elle, s'échoua en ses entrailles comme l'écume sur la berge. Daisy voulait également saucer ces personnes, leur redonner de l'espoir et la force de vivre. Et elle voulait le faire avec Carol. En couple. Ensemble. A deux.

C'était bien trop beau pour être vrai, bien trop réel pourtant. Ses lèvres tremblaient, et Carol pencha la tête sur le côté, regard embrumé, voix brisée. Qu...Quoi ? Daisy enchaîna, les flots de ses paroles glissant sur l'air comme des vagues en pleine mer. Et elles lui firent l'effet d'une claque en plein dans la gueule lorsque la révélation fut exposée en plein jour. Daisy était une émergée. Carol se figea, corps tendu et muscles meurtris. Son cœur rate plusieurs battements, et l'écho étouffé résonnait faiblement dans le creux de sa cage thoracique. Elle décrivit ses pouvoirs, ses souvenirs, ces événements inexpliqués qui ne prenaient sens qu'en cet instant. Uniquement à ce moment précis, où la vérité éclatait enfin. Tu... Tu es.. Ses doigts enserraient les poignets de la brune, et les tremblements reprirent de plus belle. Mais cette fois, ils provenaient de Daisy. Alors même qu'elle ne bougeait pas. Écarquillant les yeux, Carol sursauta, son dos raclant le mur qui la maintenait de manière précaire. Son regard chercha celui de son amour de toujours, lèvres entrouvertes, le souffle coupé. Elle pouvait voir tout ce qui se passait en elle. Sa peur, son chagrin, les doutes. Et la blonde comprit. Daisy avait fait son choix, et elle ne pouvait plus reculer à présent, ni même lui dire quoique ce soit pour la faire changer d'avis. Tu es une émergée... Le vide se fit dans son esprit, presque instinctivement. Son regard était plongé dans les iris de Daisy, mais il tait si fuyant, qu'il se perdait dans ces orbes chocolatés. Ses doigts approfondissaient leurs prises sur les poignets fins et délicats de la brune, ses pouces caressant doucement la peau offerte. Elle attira délicatement la belle vers elle, s'avançant légèrement tout en posant son front contre le sien. Fermant les yeux, elle se mordillait les lèvres, la respiration courte et hachurée. Tu n'as pas à partir. Ces mots résonnaient en boucle dans son crâne. Mais si c'est ce que tu souhaites, je ne vais pas te retenir. Elle avait raison. Un silence, poignant, oppressant. Elle cligna des paupières, délaissant les poignets de sa belle pour poser ses paumes sur son visage échauffé. Ta décision est déjà prise, je le sais. Je... Elle soupira, plongeant son regard dans celui de Daisy. Ses iris s'ancrant à son âme débordante de sentiments et d'émotions. Je le sens. Et je te soutiendrai. Lèvres entrouvertes, son souffle glissa sur sa langue lourde. Quoiqu'il arrive. Elle ne savait pas jusqu'où tout cela allait les mener, si leur couple tenait toujours, si elles deux ensemble étaient toujours un tout. Carol ne savait plus rien en cet instant, si ce n'était que Daisy est, et serait à jamais une constante dans sa vie. Même de loin, même après des années éloignées l'une de l'autre. Elle serait toujours la seule et l'unique.



Ayaraven

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Daisy Skye Johnson

Daisy Skye Johnson
Inhumain
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Pouvoirs : Inhumaine : génération d'ondes et vibrations sismiques. V'la le séisme dans ta gueule.
Immunité contre lesdites vibrations qui peuvent jusqu'à prendre la vie des personnes touchées. Limitation pour le moment déterminée à 3.2 de magnitude sur l'échelle de Richter.

Skills : experte en informatique - tireuse surentraînée - maîtrise des combats rapprochés et à mains nues - spécialisation dans l'espionnage et l'infiltration

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Lun 19 Mar - 2:03

Carol & Skye

I'm not bulletproof when it comes to you


Tout. Tout qui partait en vrille, son propre monde qui volait en éclats. A l'instant même où elle avait prononcé ce terme tant récrié, elle avait su. Ses paroles étaient léthales, et le coup bien trop fatal. Ni elle ni sa belle ne pourraient se relever d'une telle vérité. Le mot "émergé" flottant désormais entre elles, comme une flèche qui hésitait encore sur la cible à transpercer. Le coeur était déjà bien trop meurtri chez Daisy, pour qu'elle subisse une nouvelle agression. Mais cette fois-ci, elle était l'attaquant, celle qui n'avait pu s'arrêter dans les temps. Forcée d'avouer désormais sa si triste condition, elle devait bien constater qu'il n'y avait pas de solution. Aucune magie, aucun tour exorcisé par son amour ne pourrait la sauver de cette destruction qui vibrait à l'intérieur même de tout son être. Cette capacité qui ne cherchait qu'à s'étendre et toucher tout ce qui l'entourait. Elle était le mal incarné, la geek, une des causes perdues pour lesquelles se battait tant son aimée, au détriment de leur couple pourtant si soudé. Du moins, jadis. Car aujourd'hui, leurs sentiments ne pourraient suffire. Ou plutôt, ils le pouvaient, si seulement elles y croyaient.

Mais ce n'était pas le cas. Ou si ça l'avait été, ça n'avait pas duré. Skye devenant douchée alors que Carol pensait savoir, se douter. La vérité ? La geek ne savait rien, ne savait plus. Elle était un danger mais elle était surtout éparpillée. De par les révélations de son amour mais aussi du fait de sa propre existence. Elle savait que son temps était compté. Que le SHIELD avait probablement dû repérer les tremblements qui étaient tous centrés à un même point. Et que d'ici peu, ils sauraient où se diriger. Vers cette pièce qui l'avait vu s'enfermer pour écouter sa belle lui mentir puis lui avouer. Journée de malheur qui lui volait tout son bonheur. Daisy ne pouvait que réaliser qu'elle s'était baignée de fausses illusions. Être heureuse ne faisait pas partie du programme de sa vie. Elle devait faire un trait sur son coeur qui battait à tout rompre, quand elle n'était ni plus ni moins qu'un séïsme ambulant. De nouvelles larmes perlèrent au coin de ses yeux alors que Carol disait la soutenir. La poussant inconsciemment vers une sortie que la brunette ne voulait pas franchir. Elle voulait rester aux côtés de sa belle, lui prouver que se battre à deux, que ses mots et ses promesses étaient vrais. Mais un mur s'était érigé, en même temps qu'un fossé s'était creusé.  Séparation invisible à l'oeil nu mais pourtant bien trop tangible que même ses dons ne pouvaient conquérir. Et voici que son front reposait doucereusement contre celui de sa blonde, contact qui était si rassurant et si inconvenant. Parce que son coeur était broyé par l'apparente compréhension de la belle, qui la repoussait bien malgré elle. Faisant prendre conscience à Daisy que les mots qu'elle avait prononcé auparavant avait été bien trop durs et intransigeants. Pourtant, se retenir de dire la vérité n'avait jamais été une option aux yeux maintenant larmoyants de la geek. « J-je... Je suis désolée. » Elle ne savait pas quoi dire d'autres, la brune, alors que ses épaules s'affaissaient. Ses mains quittant les poignets de la Garde découverte pour entourer sa poitrine. Comme si elle pouvait contenir la bombe à retardement qu'elle était, dont le compte à rebours dépendait de tremblements bien trop indépendant de sa volonté.

Daisy n'avait rien décidé, pourtant, aux mots tranchants de sa bien-aimée, elle ne put retenir son regard de se tourner vers la porte. Cette unique porte qui gardait clos leurs secrets éventés et leurs hurlements désormais éteints. Un soupir alourdit la poitrine de la geek qui ne pouvait décemment demeurer ainsi. Si vulnérable et pourtant si redoutable. Ses émotions prenant le dessus sur ce contrôle qu'elle ne voulait pas perdre. Les lumières clignotant au dessus de leurs têtes, guirlande improvisée qui éclairait de temps à autres les visages rendus défaits et déformés du couple. Couple, qui n'en était plus un. Du moins, qui ne semblait plus l'être, alors que les yeux chocolatés de la brune cherchait un ancrage. Quelque chose à quoi s'accrocher dans les yeux azurs de sa belle, dont le bleu apparaissait néanmoins terni. Les mensonges et les vérités avaient finalement eu raison de leur lien si unique, de cette petite bulle de bonheur qui les avaient si fièrement protégé du monde extérieur, pour seulement quelques instants. Chacune se plongeait dans les bras de l'autre pour au final mieux se repousser. Les retrouvailles espérées ne laissaient place qu'à une séparation désormais inévitable. Pour leurs biens respectifs, ou encore pour protéger leurs arrières. Quand bien même il s'agissait d'une piètre justification qui simplifiait bien trop de mots et bien trop d'actes. Daisy baissait la tête alors qu'elle se rapprochait de sa dulcinée. Une dernière fois. Une phrase de trois mois illuminant son esprit nébuleux, telle une lanterne un peu trop insistante.

La tête en avant, Skye se pencha un peu plus. Ses lèvres effleurant celles de la blonde, le goût salé des larmes restant coincé dans sa gorge déjà bien étranglée. Elle voulait goûter une dernière fois à sa belle, se remémorer sa saveur alors qu'elle savait que leurs chemins, désormais, s'opposeraient. Ils se croiseraient, pour sûr, mais le SHIELD n'avait plus de place pour les deux femmes. L'une devait protéger sa couverture avant que l'autre ne la fasse voler en éclat. Et même si Daisy lui en voulait, affreusement, elle pleurait, intérieurement. Rendue à un état primitif où son coeur se retrouvait érigé de remparts impénétrables, froideur qui devrait la prémunir des tentations du passé et futur mélangés. « Je... » Je t'aime. Terriblement, effrontément.  De tout mon être. Elle aurait pu lui dire, la geek. Mais à quoi bon ? L'exit l'attendait, les bras grands ouverts. « ..te remercie, de me soutenir. »  Soutien qui l'horripilait alors que jamais elle n'avait envisagé ce départ précipité. Son souffle s'entremêla une dernière fois à la respiration de sa belle, avant qu'elle ne se recule, enfin. Ses jambes fébriles la portant nerveusement, tandis qu'elle se relevait et se détournait de la blonde. Le visage strié de larmes que Carol ne pouvait, cette fois, plus apercevoir. « A bientôt, Carol. » Sa main se pose sur la poignée, l'enserra, quelques secondes seulement. Ultime hésitation qui la fit hoqueter de douleur. Mais finalement, elle la presse=a, cette anse, et entre-ouvra la porte, juste un tout petit peu.  Suffisamment pour se précipiter au dehors de cette pièce, tombeau de leurs paroles clandestines, et pour la refermer aussitôt, la claquant abruptement. Skye se laissant aller contre cette même porte, à genoux. Sa tête enfoncée entre ses mains alors qu'elle profitait des derniers instants de libertés qu'il lui restait. Pleurant, une dernière fois, la perte de son aimée. Toutes les larmes de son corps jaillissant sans pouvoir s'arrêter, tandis que de l'autre côté reposait encore sa dulcinée. Coeur fracassé et âme démolie, elle n'était plus qu'une enveloppe vacillante, Skye. En vrac, amenée à affronter un sort qu'elle n'avait jamais souhaité. Qu'il était cruel, ce destin imposé.

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I'm not bulletproof when it comes to you | Skyrol
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