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My legacy only you can see • BENJAMIN&RYAN
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
Ryan Helsbury

Ryan Helsbury
Extraterrestre
More about you :
My legacy only you can see • BENJAMIN&RYAN Xcls

Codename : Dilwizit
Pouvoirs : C'EST UN MEC VIRIL UN VRAI!

My legacy only you can see • BENJAMIN&RYAN 53ui
Emergence :
My legacy only you can see • BENJAMIN&RYAN Fonddr115 / 55 / 5My legacy only you can see • BENJAMIN&RYAN Fonddr11
Maitrise :
My legacy only you can see • BENJAMIN&RYAN Fonddr110 / 50 / 5My legacy only you can see • BENJAMIN&RYAN Fonddr11
Messages : 337
DCs : Amaury, Morgan, Hailey, Moran, Eames, Nathan, Terrence, Lena, Eden, Karsten & Adrian
Pseudo : Holmesienne

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Jeu 28 Fév - 2:52

My legacy only you can see
Ben & Ryan
♠ ♣ Wanna break all the clocks and the mirrors. Go back to a time that was different. A time when I didn't feel like there was something missing. Now my body and mind are so distant. Don't know how to escape from this prison. How can I free my mind ? How can I live in the moment ? When my thoughts never feel like my own and I don't know how to admit that I'm broke. Cause I can't breathe. ♥ ♦

Des échos résonnent dans le bureau, en un rythme cadencé. Des clics à répétition, qui ne font que l'agacer. Un bruit dérangeant, qui a tôt fait d'avoir raison de lui. Ryan soupire, blasé par ce bug informatique qui a décidé de ne tourmenter que cet ordi en particulier. Celui qu'il garde précieusement dans son bureau en cas d'ennui. Même l'ordinateur portable qu'il ramène parfois ne peut apaiser ses geignements plaintifs, accompagnés de grognements dubitatifs. Incapacité à se connecter au réseau avec le nouveau, il s'est rabattu sur l'ancien, qui trône fièrement sur son bureau. Un vestige des temps passés, quand bien même il estime préférer les appareils dernier cri dans les autres pièces. Celui-ci, fidèlement utile depuis des années, se retrouve complètement à la ramasse, alors que son propriétaire est tout autant paumé. Dépité même, tandis qu'il continue de cliquer sur le fichier qui ne s'ouvre décidément point. Une simple vidéo, transmise par un collègue d'une autre boîte. Afin qu'il puisse estimer la qualité et donner son avis, quant à une probable entente entre les partis. Tant qu'à faire, il pourra établir une critique, si jamais l'ordinateur n'en fait pas tout un plat. Mais depuis plusieurs minutes déjà, il en fait des siennes, agaçant le brun qui, frustré, se retient de tout balancer à terre. À la place, il se redresse, passe une main lasse sur son visage et grogne encore. Sa gorge le picote tandis qu'il se fait la remarque silencieuse qu'une petite pause lui serait bénéfique. Son bras effleure ses flancs lorsqu'il le rabaisse, et par instinct, Ryan se dirige vers sa veste. Dans laquelle il garde ses joints improvisés et son briquet. En un geste expert, le brun en extirpe un du paquet, et le glisse entre ses lèvres pincées. Jouant avec le briquet tout en se prostrant près de la baie vitrée. A l'étage, il peut se permettre de fumer, surtout lorsqu'il a une telle vue sur la cité, avec un petit espace à disposition. Rien que pour lui, un petit balcon délimité par des rambardes métalliques, l'empêchant de tomber. Il s'y adosse, fait rouler la pierre entre ses doigts, et apporte la flamme au bout de son joint. Tirant plusieurs fois sur le filtre, savourant la fragrance des herbes séchées, alors que le poison s'embrase. Le goût particulier chatouille sa gorge tandis qu'il range son briquet dans sa poche, se retournant pour contempler la ville.

Le temps passe ainsi, alors qu'il se perd dans ses propres pensées. Perdu à même son esprit, légèrement troublé. Les images imprimées en son crâne, de ses cauchemars qu'il ne peut arrêter. La mort, la sienne. Jay et Wylan en arrière plan, avec ses parents. C'en est presque une séquence inédite d'un film jamais projeté. Et pourtant c'est bien la vérité. C'est arrivé, il en est quasiment certain. Ce sentiment de vide, de creux étendu ne peut être réel, sans l'avoir vécu. Ryan ferme les yeux, souffle la fumée qui glisse sur sa langue. Un poids lourd comprime sa poitrine alors que sa gorge se serre. La douleur l'empoigne, tel un toucher fantôme qu'il persiste à ressentir. Succombant à nouveau à cette noirceur qui détruit son esprit, à mesure qu'il revoit la scène. Qu'il repense à ce souvenir si déstructuré. Ce n'est pas le moment, ça ne l'est jamais. Et pourtant. Un soupir, qui s'échappe d'entre ses lèvres, tandis qu'il secoue la tête. Rouvrant les paupières, ses iris s'attardant en contrebas, alors que ses yeux rougissent de la fumée empoisonnée. Les effets du venin toxique et pourtant si salvateur, lui recouvrant le blanc de ses orbes. Ryan n'en a que faire. Mais son cœur n'est pas du même avis. Un pincement, qui l'éprend. Lui faisant claquer sa langue contre son palais. Un second, plus long. Pas maintenant... Un troisième assaut, brutal et imposant le chaos. Il grogne, siffle entre ses dents serrées. Éteint rapidement le joint qu'il a quasiment terminé. Ses pas hasardeux l'entraînent à sa veste, lui permettant de remettre le reste en sûreté. Le quatrième pincement est plus insidieux et sinueux. Lui arrache un geignement, lui coupe le souffle brusquement. Il tremble, s'avançant avec précaution vers son bureau. Cherchant son portable du bout des doigts, malgré ses paumes échauffées. La douleur est telle qu'il en a la nausée. Les échos ratés battant sans cesse, la souffrance résultant au moindre épanchement. Le brun titube, tente de se rattraper. Essaye de contourner le bureau pour s'asseoir quelques secondes et souffler. Mais le vertige qui lui vrille l'esprit le maintient à peine à la surface. Le faisant chanceler, tandis que sa respiration meurt à même sa gorge. Sa vision se trouble lorsqu'il bute enfin sur son téléphone. Ryan n'a pas le temps de composer un seul numéro, que déjà il se voit sombrer. Non, non non... Son corps tombant sur son siège, au même rythme que sa conscience effilochée ne s'enlise dans un onirisme improvisé. Espace dénué de couleur et de vie, alors qu'il effleure l'agonie. Un seul ton discerné parmi l'opacité ambiante. Les capillaires garnis de celui qu'il considère presque comme un fils, un membre de sa famille. Benjamin Reilly.


Ayaraven

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Benjamin Reilly

Benjamin Reilly
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My legacy only you can see • BENJAMIN&RYAN IuucpHT
« So many people come through here to begin a new life. Find a new chance. Start everything over again. Why not me, then? »
Codename : Scarlet Spider // Spider-Man
Pouvoirs : Tu vois Peter Parker ? Bah c'est pareil. La différence, c'est qu'il a un lance-toile à impact. Sinon, le reste, c'est tout comme Peter. Il peut même pas se rendre invisible et parler aux araignées comme Kaine ou balancer des décharges électriques comme Miles. Il est juste la banale copie de Peter Parker, rien de plus, rien de moins.

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Mar 9 Avr - 23:06
my legacy only you can see
We drive on and don't look back. It doesn't mean we can't learn from our past. All the things that we mighta done wrong we could've been doing this all along
Il y a des jours où il y a tant de client que j’ai à peine le temps de souffler. Une file d’attente longue, une centaine de « vous avez une réduction ?» balancé aux visages qui changent. La même rengaine que je répète inlassablement jusqu’à la fin de mon service. Et il y a des jours comme ceux-ci. Des jours où c’est si calme que j’ai le temps de compter les motifs du plafond et de calculer le nombre de carré par dalle. Je ne me plains pas. Parce que ce job me permet ne pas devenir dingue. La tranquillité, dans l’état actuel de ma vie, ça ne fait pas de mal. Et puis les clients réguliers ont enfin arrêté de me regarder comme le pauvre employé qui s’est fait rafler par la garde rouge, ou l’idiot qui a ouvert son bec, en fonction de qui j’ai en face de moi. J’ai toujours mes déboires avec Hydra qui me collent à la peau mais pour des raisons de santé mentale, j’ai décidé de ne pas y penser quand je suis au cinéma. Ce n’est pas comme si j’avais la fâcheuse tendance de paniquer pour tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi. Je m’ennuie tellement que j’en suis au point où je me balance sur ma chaise. En équilibre sur deux pieds, parce que j’ai rien de mieux à foutre que de risque une commotion cérébrale en tombant en arrière.  Une vie sans risque, c’est quoi, au fond ? Je regarde les heures qui défilent. Dans à peu près quarante-cinq minutes, je serais censé raccrocher et rentrer chez moi. Même si j’en ai pas envie, parce que j’ai de plus en plus de mal à affronter le regard de mon frère que j’ai embarqué dans mes histoires sans réfléchir une seule seconde. Peut-être que si je convaincs Ryan de me laisser rester un peu plus, sans me payer mes heures supplémentaires, il me laissera rester davantage. C’est avantageux, non ? Fuir un problème au lieu de l’affronter, c’est aussi un truc que je maîtrise pas mal. Au pire, si je ne peux pas rester, j’irais embêter Paige. Je continue de me balancer, comme si j’avais deux ans d’âge mental. J’ai envie qu’un client se pointe, tout de suite maintenant. Un peu d’animation, que diable.

Et comme pour répondre à mes prières, le téléphone de l’accueil se met à sonner de sa sonnerie stridente. Amen, mon frère ! Je remets la chaise dans sa position initiale, celle qu’elle est censée avoir quand il n’y pas un demeuré qui se balance dessus, pour attraper l’appareil et le coller à mon oreille en prenant une voix professionnelle. J’énonce le texte que j’ai appris à réciter. Cinéma La Comète, bonjour ! Que puis-je faire pour vous ? Le tout avec la voix enjouée qui va avec. Mon interlocuteur est visiblement un homme qui cherche à parler à Ryan. Soit. La distraction aura duré quelques secondes. J’appuie sur le bouton destiné à transférer l’appel et je raccroche. Je suppose que je suis bon pour continuer à faire de la balançoire. Ou peut-être pas en fait, puisque le téléphone sonne de nouveau. Soit c’est la même personne, soit ils se sont passé le mot. Je décroche, prêt à ressortir la rengaine habituelle quand la voix m’interrompt. C’est le mec d’avant. Qui me dit que ça ne répond pas dans le bureau de mon patron. « Euh… Comment ça ? » Je sais que Ryan est là et je sais aussi que s’il ne répond pas, c’est qu’il a en général une très bonne raison. Même si la personne à l’autre bout du fil ne me voit pas, j’hausse un sourcil. « Ne quittez pas.» Je le mets en attente, en transférant une nouvelle fois l’appel. J’espère qu’il aime bien Vivaldi. Peut-être que Ryan n’a simplement pas entendu la sonnerie. Cela arrive, des fois. Au troisième appel et à la voix irritée du type, je comprends qu’il y a un truc de pas normal. Je me dépatouille comme je peux du client pas content et je quitte ma place. Pour que Ryan ne réponde pas au téléphone, il doit y avoir quelque chose. Devant la porte de son bureau, j’hésite un peu. Est-ce que je dois le déranger ? Peut-être qu’il est simplement trop occupé pour décrocher. C’est déjà arrivé à… Non, c’est jamais arrivé, en fait. Je prends une grande inspiration pour taper timidement  quelques coups à la porte. « Ryan ? C’est Ben, je peux entrer ? » Silence. Peut-être que je m’inquiètes pour rien. Mais genre… vraiment pour rien. Pourtant, alors que je m’apprête à faire demi-tour, un doute me dévore les entrailles. Je suis du genre à m’en faire pour pas grand chose, d’accord. Je me fais des films et finalement la réalité est loin de ce que j’imagine. Mais là, je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression qu’un truc cloche. Je fixe la poignée une seconde avant de pester mentalement. Je préfère risquer de me faire engueuler mais en avoir le coeur net. « J’entre, Ryan ! » J’annonce, au cas où. J’espère vraiment que je me fais des films.

Au premier abord, je ne le vois pas. Le bureau est vide. Je m’arrête sur le seuil, surpris. Je ne l’ai même pas vu partir. Et j’ai pourtant passé ma journée à l’accueil. Sans compter qu’il ferme à clé, avant de s’en aller. « Ryan ? » Et là, venant de nulle part, l’étrange sensation qui me fait hérisser les poils dans ma nuque. Qui me pousse à tourner la tête vers un endroit en particulier. Je découvre avec horreur pourquoi Ryan ne pouvait pas répondre. Une exclamation s’échappe de ma gorge au moment où je me précipite vers lui. Là, je peux commencer à paniquer. Je ne sais pas ce qui lui arrive, ni ce que je dois faire. « Ryan ! » Mes mains se posent sur son épaule. Je… je sais pas ! Qu’est-ce que je suis censé faire, là ? Appeler les secours ? Le téléphone du bureau sonne. Comme si c’était bien le moment. « Ne bouges pas, Ryan, je vais appeler une ambulance, d’accord ? » Comme s’il pouvait bouger, té. Crétin que je suis. J’ai entendu dire qu’il fallait parler à un blessé. Énoncer ce qu’on fait, pour leur faire comprendre qu’on est là. Dans ce cas précis, je suis incapable de dire si c’est Ryan que je tente de rassurer ou si c’est moi. Toujours est-il que je me jette sur le téléphone en renversant à moitié le contenu du bureau. Je décroche rapidement pour entendre l’autre imbécile qui me tape sur les nerfs. « Ryan est un peu occupé pour le moment, merci, au revoir ! » Libère la ligne, andouille ! J’ai besoin d’appeler les secours, moi. Je suis tellement au bord de la panique que je dois m’y reprendre à trois fois pour composer le numéro. Je me déplace à côté de Ryan, pour lui montrer que je suis là. Une voix féminine me répond, d’un timbre monotone qui tranche avec ma voix hystérique. Je tente d’expliquer du mieux que je peux alors que je vois l’état de Ryan empirer de seconde en seconde. J'espère que ce sera rapide, pitié. « L’ambulance sera là dans quarante-cinq minutes.» « QUARANTE-CINQ MINUTES ?! » « Il y a une manifestation en ville, ce qui fait que nos services sont surchargés. Nous faisons du mieux que- » « Il n’a pas quarante-cinq minutes ! Il est en train de me claquer dans les pattes, espèce de grognasse ! » Oui, je suis en panique au point que je m’en prenne à une pauvre nana qui n’a rien fait. Je le regretterais sans doute plus tard. Mais pour l’instant, c’est sur elle que ça tombe. « Calmez-vous, nous comprenons toute l’urgence de la situation, mais nous ne pouvons pas fa-» « Oh, va te faire voir ! » Puisque les services de secours de cette fichue île ne sont pas foutus de m’aider, je vais devoir prendre la situation en main moi-même.

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Ryan Helsbury

Ryan Helsbury
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DCs : Amaury, Morgan, Hailey, Moran, Eames, Nathan, Terrence, Lena, Eden, Karsten & Adrian
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Mer 1 Mai - 20:06

My legacy only you can see
Ben & Ryan
♠ ♣ Wanna break all the clocks and the mirrors. Go back to a time that was different. A time when I didn't feel like there was something missing. Now my body and mind are so distant. Don't know how to escape from this prison. How can I free my mind ? How can I live in the moment ? When my thoughts never feel like my own and I don't know how to admit that I'm broke. Cause I can't breathe. ♥ ♦

La silhouette de Benjamin s'imprime en son esprit, tandis qu'il cligne des yeux rapidement. Ses iris se brouillant sensiblement de par la crise qui l'empoigne insidieusement. Ses pensées s'entremêlent et se répercutent contre les parois de son crâne alors qu'il réprime les plaintes qui manquent de s'échapper. Images incohérentes qui s'embrument plus encore, lorsque ses membres se crispent brusquement. Son corps se tendant abruptement au moment où Ben s'avance en sa direction. Sa cage thoracique l'enserre, ses poumons se compressent, une pression qui l'étouffe à chaque instant. Une crise qui semble toute aussi sérieuse et dangereuse que les autres, mais à laquelle il espère échapper. Évincer la douleur qui l'empoigne par les techniques qu'il a employées durant des années. Sans réel grand succès. Alors il ne peut que la laisser passer, sans mot dire, sans respirer. Rouvrant les yeux, ses pupilles voilées d'une fine membrane de perles salées, pour accrocher son regard sur le sauveur de l'instant. Ce jeune employé, en qui l'homme a une totale confiance, et le seul sur qui il peut littéralement compter en ce moment. Il l'entend parler, mais sa voix semble si lointaine, comme étouffée, comme hurlée sous l'eau et emportée par les vagues. Un écho grésille en son esprit et ses tympans bourdonnent, alors que Ryan grimace en entendant la sonnerie de téléphone qui ne cesse de résonner. Il referme les yeux, serre les dents et fronce les sourcils. Mâchoire crispée alors qu'un point se compresse plus encore sur l'organe sous ses côtes. La douleur le laisse silencieux, muet sous la pression exercée par la crise désignée. Les mains de Ben se posent sur ses épaules, ce qui le retient sensiblement à la réalité. Un ancrage auquel il persiste à se raccrocher malgré la souffrance encensée. Un phare illuminé, en pleine mer déchaînée. Symbole d'accalmie et de sûreté au cœur de la tourmente, de la tempête qui gronde.

Des bruits s'élèvent parmi le chaos silencé, une voix qui se mêle à tous ces échos réverbérés alentour. Des mots qu'il peine à comprendre complètement, qu'il discerne à peine en réalité. Sa conscience s'effrite lentement, comme endormie doucement. Les recoins de sa vision deviennent plus sombres, et son attention s'éparpille tels des tessons de porcelaines. Ryan peine à rester concentré alors que son esprit semble sur le point de s'estomper. Son corps sombrant déjà dangeureusement vers l'inanité, un néant qu'il a déjà côtoyé par le passé. Toutes ces fois où il a délibérément accordé à son intérêt, la douce léthargie provoquée par les saveurs empoisonnées. Fragrances qui embaument sous son palais. A présent, il n'est que victime de ce qu'il n'a jamais souhaité. Jamais voulu pour lui, ni à autrui. Ce pincement qui le déchire au creux de son être, provenant de nulle part et intervenant sans prévenir. Une attaque qui peut lui être fatale par moment, selon l'intensité. Qui provoquera sa perte et qui signera sûrement sa fin. Mais pas tout de suite. Pas maintenant. Pas encore aujourd'hui. Ce n'est pas la plus forte qu'il a ressenti au cours de sa vie, mais elle est suffisemment importante pour qu'il la considère sérieusement. Qu'il l'estime à sa juste valeur. Et parce que même si renier ses états-d'âmes est un trait de caractère pour le Helsbury, il sait aussi qu'il vaut mieux réagir au plus vite en ces circonstances et laisser de côté les doutes assaillants. Respecter ce qui peut lui sauver la vie, avant qu'il ne soit trop tard. Alors il inspire longuement, comme il le peut malgré les soupirs entrecoupés. Bloque un instant sa respiration avant d'expirer, tout en tentant de se redresser. Il tremble encore, ses muscles crispés l'aidant à peine à se maintenir relevé. Il n'a même pas la force de jurer, seulement de lever lentement son bras en désignant fébrilement son téléphone portable. Ce n'est qu'à ce moment qu'il remarque que Benjamin est déjà au téléphone en train de hurler. Justifié. Et Ryan n'arrive même pas à s'exprimer, à parler pour attirer son attention. Pour lui intimer de prendre son téléphone portable et d'appeler son frère, ou son père. Quelqu'un qui puisse être prévenu en cas d'urgence, avant que les ambulances n'arrivent pour le ramener au service des urgences. Secteur spécialisé qu'il connaît bien à force, à l'hôpital central de Hammer Bay. Il sait qu'il va devoir y passer. L'intensité de la crise est bien trop importante. Douleur trop poignante. Inévitable.

La scène semble tourner au ralenti, alors que Ben raccroche en se tournant vers lui. Ryan accroche ses iris floués sur les traits de visage de Reilly, cherchant à faire passer un message. A faire transparaître le besoin, la nécessité, de prévenir la famille. Un proche qui pourra venir signer les papiers et toutes ces conneries administratives une fois arrivé au centre hospitalier. Le brun pince les lèvres, expire doucement. Sa langue est lourde sous son palais alors qu'il désigne toujours son portable d'une main tremblante. A-... Appelle... Mouvement fébrile qu'il ne peut maintenir plus longuement. Son bras retombe mollement contre la chaise et il a du mal à articuler. Mais Benjamin semble comprendre le problème, et s'empare du téléphone. Son air ahuri et dépassé, complètement paniqué aurait pu faire rire Ryan s'il n'était pas en un état déplorable. En vérité, son for intérieur trouve l'attention digne d'un ricanement. Mais sa santé prévaut sur ses idées tordues sur la conception de l'inquiétude. J-Jay. Le numéro d'urgence enregistré dans son téléphone, c'est celui de son frère. Pas même sa mère, bien plus prompte à réagir en cas d'incident. Pas son père, tout aussi décalé sur la santé que lui. Pas Wylan, désormais en vadrouille hors de l'Île. Non, seulement le plus jeune de la famille. Ce frère qu'il chérit et apprécie. Il fait confiance à Ben, de le tenir au courant, de l'appeler et le prévenir de la situation. Mais il n'a pas le temps de réellement saisir que l'appel sera retardé, que le jeune homme se met à l'attraper. Ben?! A le relever, son bras entourant à présent les épaules de son employé. Benjamin le redresse prestemment, le maintenant avec difficulté. Mais qu'est-ce que tu fous? Ryan se doute qu'il doit bien peser son poids face au plus jeune, mais en l'instant, même s'il est étonné, il est également rassuré de comprendre et de le voir tenir le coup. Contrairement à lui, qui a pourtant plus l'habitude de ces crises que Reilly.

Le brun se fait ainsi escorter en dehors du bureau, le plus jeune récupérant au passage les affaires du plus âgé. Le chemin est long, mais ils empruntent un couloir plus reculé. Un endroit calme où ils ne risquent pas de se faire voir, ou de croiser les clients du cinéma. Ryan est à moitié conscient de l'avancée, sa tête dodelinant de tous côtés. Elle tourne sensiblement, son crâne l'enlaçant étangement. Vertige empoigné qui le laisse désespérément hébété. Hmpf... A moitié à l'agonie, la surface effleurée semblant lui échapper entre ses doigts, s'envolant comme de la fumée. Respiration hachurée, membres tremblants, muscles et mâchoire crispés, il parvient à se laisser guider par les soins de ce visage familier. Peinant à avancer, malgré les efforts combinés des deux êtres enlacés dans l'éteinte qui les maintient encore debout. Ses paupières se ferment par à-coups, de temps à autre. Il les rouvre difficilement, grimaçant à chaque élancement en sa poitrine. Espace confiné qui semble se percer à chaque battement effréné. Expirations perturbées et soupirs désordonnés. Chaos incessant en son esprit, et en son corps à l'agonie. Désespoir sanglant et cinglant qui l'encense distraitement, alors qu'il se concentre sur sa respiration. Sur la douleur qui s'acharne, tentant de faire rempart, d'ériger une barrière autour du point souffrant. De l'isoler un instant, pour se laisser souffler. Espoir qu'il garde secret et silencieux, que personne n'a jamais su. Que personne ne saura jamais en vérité. Ryan ne parle pas de sa peine, de sa souffrance ou sa douleur. Il maintient le silence autour de cela, le temps qu'il faudra. Benjamin finit par le ramener à sa voiture, déverrouillant les portières. Il en profite pour placer le brun du côté passager, et Ryan se laisse faire docilement. Incapable de réagir autrement. La porte se referme sur un claquement sec, et Helsbury réalise enfin ce qu'il se passe. De un, il a une putain de crise. De deux, Ben a tout vu. Et de trois, il se fait embarquer d'urgence à l'hosto sans pouvoir mot dire. Merde... Sortant de sa léthargie, comprenant l'impact et le poids de la situation alors que tout autour de lui s'imprègne en la réalité. Que tout se joue en l'instant, en ce moment décisif et perdu dans le temps. P'tin non... Battement et flottement qui se brise insidieusement lorsque Ben s'installe du côté conducteur et démarre le moteur. Ugh... Désolé... que t'aies... assisté à... ça. Il s'en veut d'avoir laissé Benjamin assister à cela, de l'avoir embarqué là-dedans sans préavis. Le brun n'a jamais voulu que d'autres puissent voir cet aspect là de lui. Il ne veut pas qu'une fois parti, des images faussées sur son état n'affluent sous les effluves de prétendus regrets. Si les gens veulent se souvenir de lui, cela sera par son sourire débauché et ses conneries décalées. Pas par sa maladie ou ses crises. Et pourtant, rien que ça, c'est déjà mal parti.



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Lun 27 Mai - 2:02
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Dire que je suis en train de stresser est un euphémisme. Je ne stresse pas, non. Je suis littéralement en train de paniquer. La seule chose qui m’empêche de courir dans toute la pièce en m’arrachant les cheveux, c’est que je me dis qu’étrangement, ça ne va pas grandement aider Ryan. Je fais donc ce que toute personne normale ferait dans mon cas. Appeler les urgences, chercher de l’aide chez des gens compétents. Sauf qu’à cause de ces fichues manifestations en ville, pas moyen d’obtenir une ambulance rapidement. Alors que mon patron est littéralement en train d’agoniser sous mes yeux. Et comme je suis quelqu’un d’absolument rationnel, je finis par houspiller la pauvre standardiste et l’insulter - alors qu’étant moi-même standardiste à mes heures perdues, je pourrais compatir à sa peine. Ironie, quand tu nous tiens. Après avoir raccroché, je me retrouve avec le téléphone dans la main, me mordant les lèvres. Une idée fait son chemin. Un peu folle, certes. Mais est-ce que j’ai bien le choix ? Ryan est en train de mourir devant moi et je ne peux compter que sur moi-même. Et alors qu’il articule difficilement pour me dire d’appeler Jay, son frère,  ma décision est déjà prise. Je me redresse vivement, glissant une main sous le bras de Ryan, me servant de l’autre pour aggriper son vêtement et le mettre debout. Je m’attendais à ne pas réussir, pour être honnête. Pour rappel, je suis pas très épais et pas très fort. Pourtant, sans savoir pourquoi ni comment, je réussis à glisser le bras de Ryan par-dessus mon épaule sans trop de difficulté. Aurais-je fais plus d’exercice que prévu ces derniers mois ? Ou bien peut-être que Ryan est moins lourd qu’il en a l’air. Je prends une grande inspiration, cherchant le courage de continuer. Maintenant que j’ai commencé, je peux pas changer d’avis. De ma main libre, j’attrape quelques affaires de Ryan, dont on pourrait avoir besoin. Pas grand chose, parce que je n’ai qu’une seule main et que je dois aussi tenir mon patron qui est, rappelons-le, plus grand et mieux bâti que moi.

- Puisque l’ambulance n’arrivera pas avant un moment, je vais t’emmener moi-même. On appelera Jay sur le chemin.

Le film finit dans vingt minutes. Personne ne devrait se trouver dans les couloirs. Même si j’aurais effectivement besoin d’aide, quelque chose me dit que Ryan n’a pas envie que les clients et le personne du cinéma n’assiste à ça. Avec Ryan accroché à moi ou plutôt l’inverse, nous réussissons à traverser le couloir. Et c’est comme si la panique qui m’a saisi un peu plus tôt n’existe plus maintenant que j’ai un objectif précis et une bonne raison de le faire. Aussi parce que courir dans tous les sens en hurlant d’une voix suraïgue n’aidera pas, mais ça encore, c’est un détail. Comme ma voiture est garée sur le parking des employés, je choisis le chemin le plus rapide pour y accéder. Je me surprends à penser de façon mécanique, sans partir dans tous les sens. L’état de Ryan m’inquiète et m’oblige à rester calme pour ne pas empirer la situation. Un pas après l’autre, rapidement mais calmement. Je l’entends parfois grogner. Je prends quand même, parce que ça veut dire qu’il est vivant. On parvient enfin à l’extérieur et j’aperçois ma voiture non loin. Quelques mètres à faire encore et ce sera bon. Arrivé devant la portière, je me retrouve à lutter de ma seule main qui n’est plus libre, l’autre servant à tenir Ryan. Je m’acharne dessus en grognant et pestant. Avec seulement deux doigts, c’est pas évident d’actionner la poignée et de tirer le battant sans se le prendre dans le nez. Et ça, c’est seulement une fois que j’ai réussis à insérer ma clé dans la serrure. Note pour moi-même, donc : je prendrais une voiture à ouverture automatique la prochaine fois.

- Saloperie…. Saloperie… Putain de…

Je lâche un dernier juron avant de réussir à ouvrir cette maudite portière, poussant presque un cri de soulagement. J’installe Ryan sur le siège, en m’assurant qu’il est toujours conscient. Okay. Il respire toujours. C’est déjà ça. Je referme la portière sur lui, mettant la main sur mon téléphone portable. Je dois appeler Jay, maintenant. En collant l’appareil à mon oreille, je fais le tour du véhicule d’un pas vif, accompagné par la sonnerie. Je me place derrière le volant en serrant les dents quand je comprends que je vais tomber sur la messagerie. Et merde. Pardonnez encore une fois mon langage mais ouais, c’est clairement la merde.  Je lâche entre mes dents :

- Putain !

Pas de panique, Ben. Tu peux le faire. Pour commencer, je laisse un message sur le répondeur de Jay pour lui expliquer la situation en mettant la clé dans le contact. Et une fois seulement que c’est fait et que j’ai raccroché, je démarre, parce que même si la situation est des plus urgentes, je veux nous éviter un accident. Enfin, je dis ça, mais je ne compte pas rester sous la limite de vitesse autorisée, qu’on se le dise franchement. Et alors que je sors du parking, j’entends enfin la voix de Ryan. Qui a l’air d’aller un peu mieux mais c’est pas tout à fait ça, non plus. Il s’excuse ? S’excuser de quoi ? Ah, je vois. Mes soupçons étaient donc fondés. Ryan ne veut pas qu’on le voit ainsi. Je jette un regard dans le rétro avant de reporter mon regard sur la route.

- Tu t’excuseras quand tu iras mieux.

Okay, c’est un peu plus sec que je ne l’aurais voulu. Je secoue la tête et je me reprends.

- Non, ne t’excuses pas. Je t’amène à l’hôpital et on verra à ce moment-là, d’accord ?

Et allez, encore mieux. Juste… ferme ta gueule une bonne putain de fois, Ben. J’ai envie de pleurer devant ma nullité certaine. Je roule trop vite, je parle mal à Ryan qui ne va pas bien et la panique revient. Ça commence très bien cette affaire. Je m’aperçois aussi que je viens de griller un feu rouge, sans la moindre pression. Je fais n’importe quoi, pour changer. Je me concentre sur la route mais encore une fois, mon esprit dérive. Notamment sur certains détails. Ryan voulait que j’appelle Jay directement et non les urgences. Pour quelle raison ? Pourquoi Jay ? Parce que son frère sait comment gérer la situation ? Je ne devrais pas demander, parce que ça me regarde pas. Je devrais juste me contenter de faire le taxi et de l’amener le plus vite possible entre les mains des gens expérimentés.

- Ryan ? C’est… c’est la première fois que ça t’arrive ? Je finis par demander d’une voix hésitante. Tu n’es pas obligé de me le dire si tu n’as pas envie, hein. C’est juste que… t’as l’air de… Enfin, tu vois, quoi ? On dirait que t’as l’habitude.

Ouais, bon, ça me regarde pas mais je peux pas m’en empêcher, apparemment.
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Ryan Helsbury

Ryan Helsbury
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Dim 30 Juin - 0:50

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♠ ♣ Wanna break all the clocks and the mirrors. Go back to a time that was different. A time when I didn't feel like there was something missing. Now my body and mind are so distant. Don't know how to escape from this prison. How can I free my mind ? How can I live in the moment ? When my thoughts never feel like my own and I don't know how to admit that I'm broke. Cause I can't breathe. ♥ ♦

La réalité s'imprègne à lui, alors que la fatalité s'inscrit. La situation lui échappe telle de la fumée entre les doigts et il peine à se ressaisir. Dans son état de crise, il parvient à peine à s'excuser auprès de Ben. Sa voix est faible et il est pris de tressautements. Des tremblements qui perdurent inlassablement. Ses propres muscles se contractent sous l'assaut des pics de douleur qui l'assaillent. Et il grimace, à chaque plissement interne qu'il se prend. Un pincement, tel un impact, qui le laisse à l'agonie. Une maladie dont les symptômes se sont à peine déclarés il y a peu. Mais dont il semble être touché depuis tout petit. Une certaine ironie. Lui qui aime profiter de la vie se retrouve cloué au sol sans pouvoir bouger au moindre bruissement. Un inconvénient cardio-vasculaire qui l'empoigne, le laisse muet face à la souffrance instaurée mais injustement imposée. Une empreinte qui l'enserre et délaisse sur son sillage ces compressions qui limitent les afflux de sang parvenant à son cœur. Palpitant douloureux qui bat ardemment et semble cogner contre sa cage thoracique. Martelant ses côtes comprimées par les muscles endoloris et crispés. Le brun a bien des comprimés, doit se soigner, mais l'intensité du choc le surprend toujours et encore. Le fatiguant plus que de raison, sa tête lui semblant plus légère qu'à l'accoutumée. Symptômes définis d'une maladie dont le nom persiste sur les papiers mais dont il semble douter. Son subconscient listant aléatoirement les faits crisés bien qu'il tente de ne pas y penser. Sifflant entre ses dents en chassant les effluves embrumées qui enfument son esprit. Il tente de se concentrer sur ce qui se passe autour de lui, en grimaçant à chaque pincement prononcé. Les tiraillements ne cessent qu'au bout d'un certain temps, mais finissent par revenir, inlassablement. Et Ryan espère au plus profond de lui que cette crise ne va pas s'éterniser. Elle est bien plus intense que celles vécues précédemment, que n'importe laquelle ayant survenue au cours de son existence. Il s'agit de la plus perfide et insidieuse qu'il a eue au cours de sa vie. Et malgré son syndrome de super-héros qui le pousse à agir parfois sans réfléchir pour venir en aide à autrui, manquant de le faire crever au passage, il ne souhaite ironiquement et contradictoirement pas mourir de sa maladie. Ne veut pas se laisser abattre par ce qu'il a, se laisser battre par un adversaire qu'il ne peut pas déjouer de ses poings. Il veut continuer à vivre, ne serait-ce que pour remporter cette victoire contre lui-même. Et foutre ses symptômes au tapis. S'avouer vainqueur plutôt que vaincu, sur le ring représenté par sa propre personne. Le terrain, son propre corps, qu'il veut regagner.

Le brun est déterminé malgré les plissements qui alternent. S'intensifient avant de se calmer. S’amoindrissent avant d'empirer. Il peste en silence, grimaçant sans pouvoir s'en empêcher. Relève de justesse la remarque et le ton sec de Ben, qui lui ordonne presque de se la fermer. Une tirade qui a le don de faire ricaner Helsbury, malgré ses dents serrés. A travers la douleur, il peut encore rigoler. Et ça, c'est déjà une victoire dont il se réjouit. Et qu'il apprécie. Parce que cela veut dire qu'il n'en a pas fini. Et qu'il y a encore de l'espoir pour lui. Qu'il peut s'en tirer, et profiter du reste de sa vie. Même si elle s'en retrouve raccourcie. Ryan se laisse donc emporter par l'amusement qui l'éprend, son rire s'essoufflant pourtant rapidement. Sonorité étouffée par l'atmosphère quelque peu alourdie par la situation empirée. Un déglutissement précipité et un raclement de gorge pour faire passer l'inconfort qui s'amène brusquement. Lèvres pincées avant qu'il ne claque sa langue contre son palais. Hochant seulement la tête en réponse à ce que Reilly lui a dit. Mouvement silencieux pour ne pas le brusquer, alors que lui aussi ne doit pas être très serein face à la situation. Coup d’œil porté en sa direction, son profil concerné et concentré sur la route tirant un sourire peiné au plus âgé. Le fin plissement de lèvres de Ryan se fanant rapidement, alors qu'une certaine amertume embaumait contre son palais. Ses iris se portant sur le paysage qui défile à ses côtés. Il se perd dans ses pensées, sa respiration restant quelque peu saccadée. Seuls les bruits émanant de son mal s'épanchent alentour, et perturbe le silence autrement imprégné. À moitié dans le coaltar, il percute un peu en retard que Ben a grillé un feu rouge. L'appel du danger et de l'adrénaline le fait légèrement ricaner alors qu'il le fait remarquer à cette figure qu'il connaît. Moins 4 points sur ton permis. Petit rire qui perdure, aucunement interrompu cette fois-ci. Sa voix mourant naturellement par manque d'écho, de répercussion. Son ton retrouvant quelque peu de superbe et de sérieux, alors que Ben perturbe le silence ensuivi, en lui posant une question. Osant demander quelques informations sur ce qui s'est passé dans son bureau. Un air d'authenticité marquant ses traits, une sincérité imprégnant son timbre qui se fait pourtant hésitant.

Ryan passe sa langue sur ses lèvres avant de soupirer doucement. Se redressant quelque peu sur le siège passager, afin de se trouver en une position plus confortable pour lui. Supporter la crise est plus aisé lorsqu'il n'est pas comprimé par une ceinture, mais il n'a pas réellement le luxe de s'accorder cela. Notamment quand son employé est en train de le ramener à l'hôpital derrière. Il serait con d'avoir un accident alors qu'ils se trouvent déjà sur la route vers les urgences. Ryan cligne des yeux en pinçant les lèvres et garde le silence quelques instants. Organisant ses pensées déstructurées pour offrir une réponse concise à Reilly. Il expire lourdement, et soupire tristement avant d'enfin s'exprimer. Non. Il inspire longuement, avant de pencher la tête en arrière, replongeant dans ses souvenirs. C'est pas la première fois. Il se sent quelque peu désarmé, de se dévoiler ainsi à celui qui, dans une autre vie, aurait pu être comme un fils pour lui. Un fils qu'il n'aurait jamais vu grandir, du fait de sa mort précipitée. L'amertume peint ses traits tandis qu'il ferme les yeux quelques secondes. Les rouvrant seulement pour se perdre dans une contemplation éloignée, éthérée. Ça a commencé il y a bien trois, quatre ans de cela. C'était banal au début, juste quelques sensations dérangeantes quelques fois dans le mois mais qui finissaient par disparaître. Les images de ces dernières années, passées à se dire que la pression s'en irait. Que ce n'est rien d'anormal ou de grave, qu'il n'y a rien de dangereux. Que rien ne peut le toucher. Ô combien il s'est trompé. Sur toute la ligne. Dans toutes ses vies. La même rengaine. Qui cause sa perte. Ça a empiré l'année dernière. Les impressions se sont transformées en crises qui intervenaient toutes les semaines. Elles devenaient plus longues, plus intenses. Plus persistantes et insidieuses. Il reprend sa respiration, tente même de la calmer. Sans grand succès. Patiente quelques instants, se recomposant. Les médecins pensent que c'est une coronaropathie. Ils m'ont refilés un traitement qui a fait effet un temps. Mais c'est revenu au bout d'un moment. Il sourit tristement, baissant la tête pour reporter son regard sur le tableau de bord. Je saurai même pas te dire si ça a empiré ou si ça n'a pas développé autre chose. Mais dans tous les cas c'est encore là. Et ça part pas. Soupir doucereux, voix affaiblie, presque inaudible, incertaine. Teintée par la vulnérabilité, qu'il ne montre pourtant jamais. Donc ouais, on peut dire que j'ai l'habitude de cette saleté. Et il n'a pas plus le temps de s'attarder et de se languir dans son malheur, qu'un écho particulier se met à résonner derrière eux. Une sirène qu'il reconnaît, pour l'avoir entendu plusieurs fois durant son existence. Un regard précipité dans le rétroviseur dévoile ainsi des keufs qui leur collent au cul, et bien lourdement. Les poulets aux basques, il ne peut réprimer un sévère agacement alors que son souffle dépité lui échappe non prudemment. Manquait plus qu'eux...



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Sam 28 Sep - 23:00
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Je soupire longuement en fixant la route. J’aimerais bien avoir assez de sang-froid pour ne pas aggraver la situation. Je devrais pourtant être habitué aux situations stressantes, ce n’est pas comme si la vie sur Genosha est des plus paisibles depuis quelques temps. J’ignore ce qui arrive à mon boss et je ne suis pas un expert dans le domaine. J’ai juste compris que c’était assez sérieux pour que je m’en préoccupe et que si je ne faisais pas rapidement quelque chose, ça allait devenir beaucoup plus grave. Alors me voilà, conduisant comme un dératé en direction de l’hôpital, en dépit de ses protestations et faisant fi de ses excuses. Lui parlant plus sèchement que je ne le devrais, parce que je suis un abruti qui n’est pas capable de prendre du recul. M’excusant platement quand je me rends compte que je m’en prends à lui alors que ce n’est pas de sa faute. Je ne suis qu’un fichu imbécile.

Malgré tout, j’arrive à rire quand il me fait comprendre que ma conduite laisse à désirer avec une petit blague. C’est suffisant pour que mes épaules se dénouent et que je lève le pieds. Oui, c’est vrai que je pourrais conduire un peu moins vite. Beaucoup moins vite, même. Et puis, il finit par répondre à ma question. Même si je me concentre sur la route, je tends l’oreille. Son comportement indique que ce n’est pas la première fois et quand je l’entends confirmer, je me félicite d’avoir vu juste. Me mordant la lèvre, je continue d’écouter ses explications. Je me doute intérieurement qu’il n’avait aucune envie que j’assiste à ça. J’ai appris grâce à l’expérience que beaucoup de personnes sont assez pudiques vis-à-vis de certaines complications liés à la santé physique ou mentale. Parce que beaucoup préfèrent qu’on garde d’eux une image joyeuse. Je comprends. Je serais mal placé pour juger, vu que j’ai tendance moi-même à refouler mes émotions et faire comme si tout allait bien alors que non, je suis loin d’aller bien. Je continue de l’écouter, me mordant la lèvre de plus belle. C’est bien plus grave que ça en a l’air. Une crise toute les semaines. Je n’ose pas imaginer ce qu’il doit se passer dans la tête de Ryan à ce moment-là. Je tique en entendant le terme médical exact. Je ne connais pas et je ne sais pas ce que ça implique mais je me note mentalement de faire des recherches sur le sujet plus tard. Ne serait-ce que pour m’informer et me tenir prêt au cas où je suis témoin d’une nouvelle crise. On ne sait jamais, après tout.

C’est impressionnant d’y assister mais ça doit l’être encore plus de le vivre. Et il dit qu’il a l’habitude, avec une lassitude non-feinte. Mince alors. Je le regarde du coin de l’oeil, sans lâcher la route des yeux. Vu qu’il m’a demandé d’appeler Jay, ça doit vouloir dire que son frère est au courant et est sans doute la personne la plus à même d’intervenir en cas de crise. Perdu dans mes pensées, ce n’est que lorsque la voix de Ryan résonne dans l’habitacle que mon regard accroche le rétroviseur. Pour m’apercevoir des jolies couleurs rouges et bleues d’un gyrophare.

- Bordel de merde…

Les flics. Une nouvelle vague de panique. Est-ce que j’ai bien mes papiers ? Est-ce que ça va pas nous faire perdre du temps ? Est-ce que… Je secoue la tête et serre mes mains sur le volant. J’ai, durant un instant, la folle idée d’appuyer sur l’accélérateur et de tenter de les semer. Voilà ce qui arrive quand on regarde trop de film d’action. Sagement, du coup, je me déporte sur le côté et m’arrête. La voiture de police se stoppe juste derrière moi, lentement. J’ai le coeur qui bat à mille à l’heure. Quelqu’un qui a un casier chargé comme le mien devrait pourtant s’en foutre mais j’avais promis d’arrêter les conneries avec les flics à mon retour sur l’île. Et puis, plus important, je ne peux pas me permettre de perdre du temps à expliquer la situation alors que Ryan est en crise sur mon siège passager.

La lampe de poche que l’agent braque sur moi m’aveugle et je ne peux m’empêcher de grimacer. Avec le rire nerveux qui avec. Bonsoir, monsieur l’agent. Belle soirée, hein ?

- Papiers du véhicule, s’il vous plait ?

Et là, je réponds probablement la chose la plus stupide qui peut me traverser l’esprit. Je ne peux même pas l’arrêter, parce que mon cerveau est en mort cérébrale depuis ma naissance :

- Ciseaux ?

Avec le rire bien débile qui va avec. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi, bordel ? Je peux presque voir la version miniature de moi se facepalm dans ma tête et me hurler d’arrêter mes conneries. Je peux voir la tronche du flic se décomposer et je me maudis encore plus. Je vais me faire embarquer au poste et Ryan va mourir dans cette voiture à cause de moi.

- Oui, désolé, je vous donne ça tout de suite.

Imbécile. Fichu crétin. Il braque sa lampe sur Ryan alors que je fouille dans mes affaires avec précipitation. Mon manège ne lui échappe pas.

- On est pressé ?

Je pense un : A ton avis, connard ? mais je réponds platement :

- Oui, désolé. Mon ami sur le siège passager a…un malaise et je l’emmène à l’hôpital.

Et alors que je lui tends mes papiers, je le vois prendre bien son temps pour regarder. J’ai l’impression que ça dure trois heures. Ma nervosité augmente au fil des secondes, car c’est une perte de temps incroyable.

- Je veux pas donner l’impression d’être impatient mais… C’est assez urgent, en fait. C’est un malaise cardiaque, quoi…

Et il s’en branle. Littéralement, il s’en tamponne le coquillard avec une barquette de petits beurres. Je dois prendre sur moi pour ne pas lui hurler dessus, parce que ça n’aidera personne. Je grince des dents, sans me départir de mon sourire forcé. Accélère, connard !

- Benjamin Reilly, hein ? On se connait, non ?

Et là, malgré moi, j’explose :

- OH BORDEL. C’est vraiment le moment ? Je vous dis qu’il est en train de me claquer dans les pattes, alors si vous voulez m’arrêter pour un motif débile sorti du fond de votre cul, soit vous le faites maintenant, histoire qu’on en finisse, soit vous attendez que j’emmène mon ami à l’hôpital !

Je le vois porter sa main à sa ceinture. Dans quelques secondes, il va me demander de sortir. Je vais me faire embarquer, c’est sûr. Un outrage à agent de plus, hein. A moins d'un miracle, je ne sais vraiment pas comment je vais m'en sortir, ce coup-ci.
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Ryan Helsbury

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Mer 1 Jan - 15:41

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Son regard se porte sur les gyrophares qu’il peut apercevoir dans le rétroviseur extérieur. Ses paupières se plissent et ses sourcils se froncent tandis que ses traits s’étirent en une grimace dépassée. Il n’est pas dans le mood pour assister à un énième contrôle et encore moins dans l’état d’attendre que l’intervention des keufs se termine. Voire même qu’elle soit entamée, à ce stade. Il pousse un soupir dépité mais finit par pincer les lèvres par après. Constatant qu’il ne peut rien faire d’autre que de rester assis sur le siège passager. Sans espoir de s’en tirer ou de se barrer en quatrième vitesse pour y échapper. Il expire le plus doucement possible au moment où Benjamin se décale sur le côté de la route. Une main sur sa ceinture au niveau de son torse, l’autre accrochée à la poignée en hauteur. Le véhicule est arrêté et le brun lance un regard à son employé. Une moue quelque peu contrite sur le visage, alors que celle du plus jeune est bien différenciée. Il semble nerveux, et en soi, le brun peut en comprendre une partie de la raison. La situation n’est pas la plus appréciée pour le coup et l’urgence actuelle ne va rajouter que de l’empressement à en finir avec ça. De l’agacement également, si ce n’est pas bâclé en deux minutes. Sans compter la nervosité dès l’interpellation entamée. Le flic demande les papiers au conducteur, et tout ce que Benjamin trouve à répondre, est une boutade plaisantée. L’audace de la blague n’échappe pas au brun, qui se mord les lèvres pour réprimer le ricanement ayant manqué de s’exprimer. Des tressautements en sa poitrine, cette fois non pas de douleur mais du fait de l’euphorie. Son rire est silencieux et bien gardé pour lui. Même si la crise finit par le rattraper. Sa respiration se bloque à même ses poumons, sa gorge picotant de dérangement. Il tousse dans sa main, le plus discrètement possible. Tente de contrôler la quinte de toux qui le prend soudainement.

Ryan peine à prendre connaissance de ce qui se déroule alentour. Son attention focalisée sur son état qu’il essaye de maintenir à un certain seuil. Une stabilité précaire, malgré son habitude depuis les années. Cela reste toujours une plaie, même si elle fait partie intégrante de lui. Il ne peut rien y faire, c’est ainsi désormais. Il soupire en appréciant l’accalmie qui finit par le gracier. Mais le policier braque sa lampe de poche sur lui, le faisant grimacer. Le brun garde une main sur son coeur pour vérifier les battements, et s’assurer que la prochaine crise ne va pas trop s’emporter. Mais ces gestes précis n’ont pas l’air d’intriguer le flic qui lâche une simple question des plus basiques, mais déplacée en cet instant. Bien teintée d’un ton qui veut narguer. Benjamin lui sauve la mise et répond avant que Ryan n’ait le temps de répliquer qu’il va manquer de crever s’il se magne pas, et qu’il peut au passage ravaler ses remarques hautaines pour se les carrer là où le soleil ne brille jamais. La condescendance ça va bien deux minutes, mais quand il y a un type à l’agonie devant ta tronche, ce serait pas mal de s’inquiéter pour son état en fait. Il soupire en se calant un peu plus confortablement dans le siège. La tête penchée en arrière, le regard vers le plafond de la voiture, contemplant l’habitacle tandis que le keuf vérifie les papiers. Et le temps se rallonge, alors qu’il prend trois plombes pour checker. Mais c’est qu’il se presse pas en plus, celui-là ! Ben essaye de le faire se bouger mais cela n’a pas l’effet escompté. Alors Ryan pousse un énième soupir et grogne en lâchant sa frustration sans la tempérer. Vous pouvez pas accélérer un peu ? Je dois me rendre à l’hôpital le plus rapidement possible et vous n’aidez pas réellement en prenant tout votre temps, vous savez. Ton quelque peu glacé, empli de reproches à peine refrénés. C’est de la non assistance à personne en danger là. Il force un peu sa chance. Pas le moins du monde gêné ou dérangé de hausser la voix et d’emprunter un ton rude à l’encontre du policier. Après tout, ce n’est pas la première fois qu’il se retrouve confronté à eux. Et ce ne sera sûrement pas la dernière.

Mais quand on se frotte à l’autorité, on finit toujours par en payer le prix. Et faut pas trop rêver pour ce cas-ci. Le poulet prend son temps pour les faire mariner, et lorsqu’enfin il daigne s’exprimer, c’est pour balancer une suspicion sur l’employé. A ce moment là, tout le monde perd son calme, et chacun s’exclame avec véhémence et ardeur. En coeur. RAH MAIS C’EST PAS VRAI ! Ryan se redresse sur le siège, et fouille dans sa veste qu’ils ont emportés avec eux avant de partir. Cherchant son porte-feuille dans ses poches pour en sortir quelques billets. A défaut de laisser sa carte ou d’autres papiers dont il aura besoin à l’hôpital, il peut toujours marchander avec ce qu’il lui reste. Ou plutôt, ne pas laisser le choix au flic, que d’obtempérer. Ryan grimace en se penchant vers Benjamin. Se tournant le plus possible du côté conducteur pour observer le tocard d’officier qui a déjà la main à proximité de son arme. Avec ferveur, le brun lui balance la liasse de billets en pleine tronche et se met à lui pester dessus. Là, prenez ça en avance et cessez de nous gonfler. J’payerai la caution et les dédommagements plus tard. Dans la foulée, il profite du moment d’étonnement du flic pour lui arracher les papiers de Benjamin des mains. Maintenant si vous voulez nous excuser, on est pressés, et vous nous retardez. Le brun ferme la fenêtre au quart de tour et se replace sur son siège prestement, n’appréciant que peu la position. Mais la colère qui bouillonne en lui et le fait fulminer est plus présente que la nécessité de son propre confort. Avec un mouvement fluide du poignet, il bazarde les papiers de Ben sur la banquette arrière. Le regard perdu droit devant lui sur la route à peine éclairée dans la nuit, et un air dur ancré sur ses traits, il lâche, d’un ton sans appel. Démarre. Son coeur s’emballe presque autant que lui. L’adrénaline pulsant en ses veines gonflées. Il a l’impression d’exploser, et la sensation familière de flotter. Le sentiment de revivre, alors qu’il est à deux doigts de crever. Ironie.



Slythbitch

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Benjamin Reilly

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Jeu 20 Aoû - 0:48
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We drive on and don't look back. It doesn't mean we can't learn from our past. All the things that we mighta done wrong we could've been doing this all along
Je sais bien, que je devrais apprendre à me taire. Ce n’est pas faute de l’entendre de la bouche tous les jours. Ni de payer relativement souvent le prix de ma langue trop acérée. Mais j’en suis incapable. Mon incapacité à garder ma bouche fermée et mes pensées pour moi se combine avec la panique et le sentiment d’urgence. Comment suis-je censé réagir, là ? Mon patron - et ami - est en train de me claquer dans les pattes et si je suis en train de griller des feux et aller trop vite, c’est bien parce que je suis la seule personne à l’heure actuelle qui puisse l’emmener à temps à l’hôpital. Si seulement l’agent Débile McRigide pouvait le comprendre au lieu de m’aveugler à moitié avec le faisceau de sa lampe. Alors certes, j’ai légèrement perdu patience. J’ai beau lui expliquer, il ne semble s’intéresser qu’au fait qu’il connaisse mon nom. Oui, tu connais mon nom. Parce qu’à une époque, j’étais un sale môme en colère contre le monde et l’autorité qui méritait une bonne paire de claque. Mais on ne peut pas faire ça plus tard ? Je lui ai quand même que c’était urgent. Et il n’y a pas besoin d’être Sherlock Holmes pour voir que l’état de Ryan est inquiétant. Bien entendu mes mots ont dépassé ma pensée et évidemment que ça va mal tourner. Je vais me faire embarquer dans peu de temps à cause de mes bêtises et Ryan va en faire les frais. Mes mains serrent le volant. L’idée d’appuyer sur l’accélérateur et de planter cet officier de mes deux sur le bord de la route me traverse une nouvelle fois l’esprit. Si ce n’était pas une question de vie ou de mort, je ne l’aurais pas fait. J’ai mis la délinquance volontaire et assumée de côté depuis mon retour sur l’île. Si on ne prend pas Hydra en compte, bien entendu.

Et je vais le faire. Parce qu’on perd du temps, que ça rime à rien et qu’il vaut mieux, de toute façon, demander pardon que la permission. De plus, l’idée de faire perdre de sa superbe à cet agent de police à la noix est plutôt alléchante. Ryan tue mes plans dans l’oeuf en intervenant. Il lui lance une liasse de billets. Carrément. J’écarquille les yeux en manquant de m’étouffer. De mieux en mieux, on va vraiment finir au poste tous les deux à ce rythme. L’envie de rire me prend, parce que la réaction outrée de l’officier ainsi que la désinvolture de Ryan dressent un tableau des plus improbables. Et moi, je me trouve au milieu, les mains sur le volant, avec le pied sur l’accélérateur et prêt à détaler si ça part en vrille. J’en oublie carrément que ce flic tient mes papiers et que Ryan s’empresse de lui prendre des mains. Ah bah d’accord. Je suppose que ça veut dire qu’on se casse ? Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je tourne la tête en direction de l’officier et hausse les épaules alors que mon passager remonte la fenêtre pour couper court à la conversation. On dégage et tu vas rien faire. J’appuies enfin sur l’accélérateur à la demande de Ryan et la voiture démarre en trombe. Je perds mon sourire à mesure qu’on s’éloigne, gardant un œil à la fois sur la route mais également sur le rétroviseur, des fois que cet abruti décide de nous suivre. Une fois que je suis assuré que nous sommes assez loin et qu’il n’est pas lancé à nos trousses, je m’empresse de vérifier l’état de Ryan. Qui ne s’arrange pas, soyons honnêtes.

- Okay, euh… On est bientôt arrivé, d’accord ?

On y serait déjà si l’autre ne nous avait pas retardé, en vérité. Je vois bien que Ryan décline et que la situation devient de de plus urgente. Mais je ne peux pas aller plus vite sous peine de causer accident. Je conduit déjà bien au-dessus de la limite autorisé et je n’ai pas envie qu’un autre flic nous arrête. Je vais parler, donc, pour garder Ryan éveillé le plus longtemps possible. Je vais également tenter d’appeler son frère, encore une fois. Mon téléphone est sur le tableau de bord et d’une main, je tente un nouvel appel chez Jay. Ça sonne dans le vide, comme tout à l’heure. Je grimace en jurant entre mes dents. Mais pourquoi Jay n'est pas joignable ? Ça ne va pas, mais alors pas du tout.

- Ça évolue comment de ton côté ? Désolé, je parle pour te maintenir éveillé, donc m’en veux pas, okay ? On y est bientôt, donc il faut que tu tiennes le coup encore un peu. Je m’en voudrais si tu me claquais dans les pattes et que le dernier souvenir que tu emportais de moi soit une blague raté avec un flic. Merci, au fait. Sa tête valait son pesant de cacahuète. Par contre, tu me réponds pas et ça m’inquiète un peu. Pas que j’étais déjà pas paniqué avant mais t’as compris l’idée. Ryan ?

Je lui tapote l’épaule pour le faire réagir sans quitter la route des yeux. On y est presque. Bientôt sauvé. Toujours sans le regarder, je parle plus un peu plus fort, d’une voix mal assurée :

- Ryan, tu peux me répondre s’il te plait ?

Bon, crotte. Je tourne la tête une brève seconde pour voir s’il a toujours les yeux ouverts. Non. Enfin, je sais pas. Il est contre la portière et je ne peux pas voir son visage. Mon cœur manque un battement. Me dites pas que… A nouveau, la panique qui grimpe d’un cran et qui me fait parler d’une voix plus aiguë que d’habitude.

- Vraiment, ça m’arrangerait que tu fasses un son. N’importe lequel.

Est-ce que je sais faire un massage cardiaque, déjà ?

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