Je fus l’union d’un mafieux incarcéré pour trafic de drogue et d’une junkie qui se prostituait pour payer sa came. Dois-je vous faire un schéma pour expliquer comment ils ont eu une môme ou pas. Oui, bon ba c’est simple, mon père a proposé de la drogue à ma mère, elle l’a payée avec une passe et elle m’a pondu 9 mois plus tard, ni plus, ni moins. Triste histoire pour certains, pour moi rien de spécial. Dès que je fus en âge de marcher, je dus me débrouiller seule, mendiant dans les débuts grâce à ma bouille enfantine avant de me mettre à voler quand je devins plus grande. Avec ma génitrice on avait fait un marché, 50% pour elle, 50% pour moi. Mais je ne tardai pas à développer l’art du mensonge, ne lui redonnant plus que 10% de la somme que je gagnais. Cela lui suffisait pour payer sa dose quotidienne et moi je gardais le reste pour sortir de ce trou à rat. Il était hors de question que je m’éternise et finisse comme celle qui m’avait mis au monde, oh que non. J'aurais pu me laisser embarquer par les services sociaux, mais je ne voulait pas. La rumeur circulait que souvent les fratries étaient séparés, et moi je ne voulais être séparer de mon frère. Oui ma génitrice avait remis le couvert avec cette fois un dealeur. Dès que mon frère était né, je l’avais pris sous mon aile, l’entrainant avec moi dans mes coups. Je ne pouvais pas décemment le laisser seul à la maison avec ma mère qui amenait des hommes. J’avais certes une famille de bras cassé, mais je devais prendre soin de mon frère. On se soutenait tous les deux, liés comme deux doigts d’une même main. C'était ma seule famille qui me restait. Et puis un jour alors que j’avais 13 ans, j’intégrai un groupe de caïd de mon âge avec mon frère de 11 ans. Ce groupe était dirigé par un adulte, qui avait fait de nous ses petites mains pour ne pas salir les siennes. Au début les caïds voulurent le martyriser et m’humilier, mais cela ne dura pas longtemps. Tout d’abord car je ne les laissais pas faire, mais également car leur chef nous pris sous son aile, ayant un faible sur moi. Et moi pour assurer notre position, je jouais avec lui, soufflant le chaud et le froid en fonction de ses avances.Il était hors de question que je laisse un homme qui pouvait être mon grand frère me mettre dans son lit. Bientôt ce fut moi qui gouvernais le groupe en utilisant le leader comme une vulgaire marionnette. Et puis un jour, en ayant marre d’être dans l’ombre, et de ses avances qui devenait de plus en plus pressante, je fis croire à une trahison de sa part et son second le descendit de sang-froid, sans aucun remord avant de prendre officiellement le contrôle du groupe. Pour l’occasion, je m’émancipais avec mon frère, quittant définitivement mon domicile, n’ayant plus rien à faire avec ma ratée de mère. En fait je n’avais tellement plus rien à faire avec elle que je la descendis d’une balle dans la nuque, rapide, mortel, sans douleur. A partir de là, nos actions se radicalisèrent et le petit groupe de caïd de base devint un groupe très organisés ou chacun avait sa place. Il s'avérait en effet que l'ancien second avait des idées plus figées sur comment gouverner notre petit groupe. Les membres du premier groupe devinrent ses seconds, moi et mon frère avec . A nous tous nous fîmes régner l’ordre et semèrent la terreur dans les ghettos de notre ville de naissance. Je n’avais que 14 ans à ce moment-là. Et chaque jour je prouvais ma valeur pour ne pas perdre ma place au profit de d'autres enfants.

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de ma famille biologique, l’ayant perdu lors de mes 4 ans, soit il y a 11 ans. Mais je vais tout de même vous la raconter avec ce que l’on m’a dit et ce dont je me souviens. Apparemment mon père était un ancien vendeur de tapis reconverti dans la téléphonie alors que ma mère était mère au foyer pour s’occuper de moi et mes deux grands frères. Nous menions donc une vie tout ce qu’il y a de plus heureuse. Notre jeu préféré était de jouer à cache-cache dans la maison. Et ça finissait toujours en un « On bloque Lina dans sa cachette ». Le jeu consistait à me garder bloquée dans ma cachette pour que je ne puisse pas sortir. Et moi, automatiquement, je hurlais pour que maman vienne m’aider, ce qui ne manquait jamais d’arriver et mes deux frères se faisaient toujours gronder sur leur incapacité à comprendre que j’étais trop petite pour jouer à leur jeu avec eux.
Apparemment papa avait des problèmes au travail mais moi je ne l’ai jamais remarqué quand il était à la maison. Et puis la guerre fit son apparition dans ma vie. Seth disais qu’elle était là depuis longtemps, mais moi je ne l’avais jamais vu. En fait je sus qu’elle était là car maman décida qu’on devait rejoindre la campagne les garçons et moi. Mais moi je ne voulais pas partir loin de papa et maman, je voulais rester à la maison. Mais je dus me résigner et faire moi aussi ma petite valise pour le grand départ à la campagne, de l’autre côté de l’océan. Mes peluches préférées, mes plus beaux dessins et tous mes souvenirs de petite fille finirent dans ma petite mallette rose. Mais on n’arriva jamais à destination, en fait, on ne partis même pas de la maison. Alors qu’une nuit tout le monde dormais, je fis un cauchemar et me réveillas en hurlant, les joues trempées par mes larmes. Je n’eus pas le temps d’appeler maman avant que tout notre monde explose autour de moi. Mais je ne le vis pas partir en lambeaux car dès que tout explosa, moi je tombai dans les méandres de l’inconscience, le mur de ma chambre étant mitoyen avec la maison qui a explosé. Apparemment, sous le souffle de l’explosion, les murs se sont fissurés, sont tombés en morceaux comme s'ils étaient fait de sucre, les poutres ont explosé à moitié sous le poids du toit et notre maison, ou plutôt tout le quartier, s'est changé en un monstre de décombres et de feu. Tout n’était plus que décombre, on ne pensait pas retrouver des vies humaines. En fait, le fait que j’ai survécu tins du miracle car j’étais ensevelie, à quelques mètres de l’épicentre de l’explosion. Mais j’étais vivante. Et j’en fis la dure expérience quand je me réveillais dans une pièce blanche qui ne sentait pas bon. J'était dans une chambre de l'hôpital de Genosha. Ne me demandez pas comment j'avais réussi à passer de l'Egypte à Genosha, je ne sais pas. Apeurée, je martyrisais le bouton d’appel posée à côté de mon lit tout en pleurant, effrayé, hurlant à maman de venir me chercher. Mais elle ne vint jamais. A la place ce fut une infirmière qui accourut pour me consoler et me berça durant un long moment. Elle me tendit ensuite ma petite mallette rose que l’on avait retrouvée également dans les décombres, quelques peu abimés mais son contenu sauf. Et c’est là que je pris conscience de tout ce qu’il se passait, j’avais quatre ans et j’étais orpheline. Triste début de vie, avouons-le. A partir de cette constatation, je ne décrochais plus un mot, plus une larme, rien. J’étais telle une coquille vide d’émotion, me laissant balloter. Une fois que je fus soignée, mais toujours mutique, on m’envoya à l’orphelinat, mais j’en ressortis très rapidement entouré de mes nouveaux parents. Je fus élevé par eux, et ne manqua jamais de rien, ayant toujours tout ce dont j’avais besoin. En fait j’étais une petite fille qui avait tout pour être heureuse, mais je ne parlais toujours pas. En fait, personne n’as entendu ma voix depuis onze ans maintenant. La dernière personne à l’avoir entendue est l’infirmière qui est venue me consoler à mon réveil, sinon je n’ai plus décroché un mot. C’est comme si j’avais oublié comment on parle.