✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Mar 22 Nov - 7:13
One more bed.
ça te dérange si j'débarque chez toi ? Les réflexions, les cris, les pleurs. J’avais vraiment passé une nuit de merde, j’avais pas pu arrêter d’y penser. À la relation pourrie que j’entretenais avec mon père et qui je le sentais n’était pas prête de s’améliorer, à ce qu’elle allait devenir, à ce qu’on allait devenir. On s’entendait pas, plus comme avant. Notre quotidien n’était plus que cri, insultes, moqueries. J’en avais marre, on en avait tous les deux marre. Je le dérangeais, je l’empêchais de vivre sa vie, je le savais très bien. Il l’avait dit : « J’aurais moi aussi souhaité que tu sois pas là. » Ça raisonnait dans ma tête, putain. Il l’avait vraiment dit, c’était pas un cauchemar, une hallucination. Mon père m’avait vraiment avoué qu’il aurait souhaité que je ne vienne pas au monde. J’avais du mal à le digérer, j’aurais préféré que tout ça ne soit jamais arrivé, et pourtant… Je me devais de partir, pour notre bien à tous les deux. Peut-être que je reviendrais, peut-être que je resterais loin de lui. On devait réfléchir chacun de notre côté, penser à nos erreurs et à notre avenir. Et j’étais clairement pas l’avenir de mon père…
Je me levais du lit dans lequel j’avais passé une bonne partie de la soirée à pleurer, à penser, quittant mes couvertures pour sortir de ma chambre et me diriger vers la cuisine où je pris mon petit-déjeuner comme chaque matin. Un bol de céréales au chocolat avec du lait, basique. Je déjeunais silencieusement, les chaussures de mon père étaient toujours dans l’entrée, il devait probablement commencer plus tard ce jour-là.
Mon ventre un peu rempli, je mettais mon bol dans l’évier puis je filais dans la salle de bain pour prendre une bonne douche qui ne dura pas plus de dix minutes puis, une fois sèche, j’enfilais une belle chemise avec un jean bleu. Je coiffais mes quelques cheveux courts avec du gel que j’empruntais à mon père puis je retournais dans ma chambre. Je me penchais pour sortir mon sac à dos de collège, vide (j’ai cramé mes cours de collège, quel intérêt de les garder ?) puis je me suis mise à vider mes placards, prenant un peu de tout. Hauts, bas, sous-vêtements, chaussettes : ce dont j’aurais probablement besoin durant les jours qui suivraient, loin d’ici. Vu la quantité d’affaires que je pouvais prendre dans ce petit sac scolaire, je devrais probablement revenir en chercher.
Mon sac prêt, j’enfilais mes chaussures ainsi qu’une petite veste pour me tenir à l’écart du froid puis je quittais ma chambre sans oublier mon sac de lycée et le sac dans lequel j’avais mes fringues. Je fermais la porte derrière moi puis quittait mon appart. Je marchais dans les rues sans vraiment savoir où j’allais. En tout cas, il était hors de question que j’aille chez Vanessa. Elle était cool, hein, j’dis pas le contraire, mais j’l’avais déjà assez supportée en tant que baby-sitter quand j’étais petite… J’avais beau avoir quinze ans, mon père continuait parfois de l’appeler pour qu’elle vienne me surveiller, et ça se passait pas toujours comme il le fallait. Je réfléchissais. Qui pouvait bien m’héberger ? Kamala, non, elle avait déjà bien assez d’emmerdes pour que je vienne m’installer chez elle. Mes potes, clairement pas. Leurs parents pouvaient pas me voir, et je sais clairement que ses mecs pourraient pas se tenir s’ils avaient une fille dans un lit à portée d’eux… Francis ! Ouais. Le pote de mon père, mon pote aussi d’ailleurs. Il a toujours été cool avec moi, il m’a toujours ramené des bonbons, de la bouffe quand il venait à la maison rendre visite à papa parce qu’il sait très bien que j’aime ça. J’l’aime bien. Sans même réfléchir aux conséquences que ça pourrait avoir, je suis allée à pied jusqu’à chez lui, puis une fois arrivée à destination, j’ai tapé à la porte, un petit sourire aux lèvres. « Fraaaancis ? » j’haussais le ton, continuant de toquer jusqu’à ce qu’il m’ouvre. « Salut, dis… moi et papa, ça va pas trop. Genre vraiment pas. Il a dit des trucs pas cools, j’ai un peu été une connasse avec lui… Tu crois que je pourrais rester chez toi quelques jours ? », puis sans même attendre son approbation, je me glissais à l’intérieur, posant mes deux sacs dans l’entrée. Je commençais à me déchausser. « On se prend souvent la tête, mais là, c’est vraiment parti en cacahuètes… » je lui racontais, me frottant un peu les yeux. La nuit avait été affreuse, on pouvait clairement voir que j'avais bien chialé.
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Dim 27 Nov - 19:29
One more bed
Elie & Ajax
Sweet dreams are made of this
Francis avait très peu dormi ce soir-là, il s'était couché tard -ou tôt, selon sa conception- pour bosser sur un dossier et n'avait pas vu l'heure quand il était parti au lit. Il ne travaillait pas le lendemain, tant mieux d'un côté, il pouvait profiter d'un petit week-end tranquille. Et même s'il n'aimait pas l'ambiance chez lui, il aimait quand même profiter d'une bonne nuit, et d'une grasse mat bien méritée ! C'était pour cette raison qu'il n'avait pas mis de réveil pour le jour suivant. Il pourrait penser à autre chose qu'à ce stupide dossier. Mais, c'était sans compté sur des voisins bruyants et son corps qui avait décidé d'être apte à se lever dès... 6h du mat', sérieux ? Putain... Il remercia gracieusement ses voisins en leur donnant des noms d'oiseaux très fleuris, tandis qu'il se levait. Il avait pris une douche froide pour se réveiller et s'était rasé la barbe avant d'aller manger. Des restants de mousse au niveau des oreilles, il se grattouilla le menton alors qu'il réfléchissait à quoi manger. Il regarda dans le frigo, vérifiant les dates de péremption. Il n'avait plus fait les courses depuis un moment, cela se voyait au contenu du frigo. Quelques œufs, du bacon et des restants de pâtes. Bon bah, pas le choix ! Il fit chauffer une poêle et y déposa les tranches de bacon, les retournant de temps en temps pour qu'elles prennent bien. Il craqua ensuite deux œufs par dessus et attendit que la texture visqueuse et transparente finisse par blanchir. Il sala ses œufs et éteignit le gaz, plaçant une grosse planche en bois sur la table. Il mis la poêle par dessus et se découpa quelques tranches de pain durci, et se prépara un café. Un grand café. Il alla ensuite s'installer et trempa son pain dans le jaune encore moelleux, savourant le goût de son petit déjeuner à caractère anglais. Il prit une gorgée de son café, ce qui le réveilla encore plus. Malgré ses yeux plein de fatigue, il se sentait bien. Il savait déjà qu'il allait passer sa journée à ne rien faire, alors il valait mieux qu'il prenne son temps, savourant chaque instant de son jour de congé. Après avoir mangé à sa faim, il fit la vaisselle qui traînait dans l'évier depuis quelques jours et en profita pour faire un brin de ménage. Déjà qu'il n'avait pas le temps quand il travaillait, alors autant en profiter pendant un jour de congé. Au moins il se sentirait déjà un petit peu mieux dans son taudis. En vrai, son appartement il n'était pas si délabré que cela, mais c'était le fait d'y être tout seul, enfermé pendant une période indéterminé qui l'embêtait. Son appartement était sombre, peu équipé et vieux. Il n'avait pas mis de décoration ou de touche personnelle dans son logement. Il ne se sentait pas prêt, pas tant qu'il se sentirait chez lui. Et ce jour-là, s'il arrivait, ne serait pas avant un long moment. Il ne se sentirait jamais chez lui ici, et il le savait. Mais il avait fini par s'accommoder un peu, et acceptait son sort, celui d'être le prisonnier de son appartement, qui représentait sa prison. Quel ironie, quand on savait que son boulot était d'enfermer les trafiquants, dealer et autre en tout genre. Il en rirait de dépit, mais il avait sans doute mieux à faire. Alors qu'il finissait de passer le balais, il entendit toquer à sa porte, suivi d'un « Fraaaancis ? » jovial. Il connaissait cette voix et s'interrogeait sur sa venue ici, lorsqu'il lui ouvrit.
« Elie ? Qu'est-ce que tu fais là ? - Salut, dis... moi et papa, ça va pas trop. Genre vraiment pas. Il a dit des trucs pas cools, et j'ai un peu été une connasse avec lui.... Tu crois que je pourrais rester chez toi quelques jours ? »
Les yeux de Francis s'exhorbitèrent, si bien qu'il dû les fermer pour ne pas qu'ils soient trop voyant. Il comprenait la venue d'Eleanore maintenant. Et il se doutait que pour qu'elle en arrive là, il avait fallu qu'elle traverse masse de choses. Et puis Wade qui devait lui en avoir claqué plein la tronche. La pauvre petite... Elle n'avait que fait de se défendre.. Et puis, il n'avait pas son mot à dire, même s'il se doutait qu'il allait devoir régler quelques comptes avec son collègue.
« Oui bien sûr, rentre. Fais comme chez toi ma jolie, lui dit-il en lui faisant signe d'entrer. - On se prend souvent la tête, mais là, c'était vraiment parti en cacahuètes... expliqua-t-elle en se frottant les yeux. - Tu veux en parler ? Lui demanda-t-il, inquiet. Si tu ne veux pas tout de suite, c'est pas grave, mais ce serait bien qu'on puisse en discuter quand même, un jour. »
Tandis qu'elle se déchaussait, Francis alla lui déposer ses sacs dans sa chambre. Il dormirait sur son canapé, pas question qu'Elie dorme sur cette chose qui donnait des maux de dos instantanés. Il se rendit ensuite à la cuisine et lança assez fort pour qu'elle entende.
« Un chocolat chaud, ça te tente ? »
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Mar 13 Déc - 1:12
One more bed.
ça te dérange si j'débarque chez toi ? Inutile de me demander pourquoi j’ai choisi de débarquer chez Francis ce jour-là, parce que même-moi, je sais toujours pas pourquoi je suis allé là-bas. Je sais pas, je me suis toujours bien entendu avec lui, malgré cette grosse différence d’âge qu’il y a entre nous. Il a toujours été sympa avec moi, a toujours été hyper mignon en m’amenant quelques petits trucs en venant à la maison passer la soirée avec papa. Puis il est objectif, aussi. Quand j’ai des embrouilles, ça peut être bête mais c’est souvent le premier vers lequel je me tourne. Parce qu’il est objectif et qu’il sait me dire quand j’ai raison ou non, parce qu’il sait comment me calmer, m’aérer les pensées, et ça, y a pas beaucoup de monde qui sait s’y prendre… alors rien que pour ça, chapeau Francis ! « Merci… » je souris alors que Francis, sans surprise, me propose d’entrer chez lui. Je le savais, il me proposerait de lui expliquer ce qu’il s’était passé en détails pour qu’il comprenne un peu la raison de ma venue… mais j’en avais pas vraiment envie. J’étais crevée, j’étais pas d’humeur, alors si on pouvait éviter de toucher à ce sujet sensible…
Je posais mes deux sacs dans l’entrée, me débarrassant ainsi de ma veste que j’accrochais directement au porte-manteau. J’entrais ensuite dans le salon pour m’asseoir dans le canapé comme j’avais l’habitude de le faire habituellement : comme si j’étais chez moi. Bon, c’était souvent Francis qui passait à la maison, mais il arrivait quand même qu’on passe parfois lui rendre visite chez lui. Même si j’essayais de ne pas le faire, je ne pouvais m’empêcher de penser à la façon dont j’avais terriblement merdé la veille. Mon père… Si j’avais su, j’me tiendrais constamment à carreau… Il a fallu d’un appel du proviseur et d’une petite balade en voiture pour qu’il mette un câble. Des cris, des pleurs, j’y avais souvent le droit. Mais des mots aussi durs à entendre… c’était sûrement une première fois. En tout cas, si c’était déjà arrivé auparavant, je ne m’en rappelais pas. « J’ai même pas envie d’en parler, en fait… mais je suppose que tu vas appeler mon père pour le lui demander, si j’te dis rien, hein… ? », ouais… J’allais crécher chez le meilleur pote de mon père. J’aurais pas pu mieux choisir…
« Je veux bien, s’teuplaît Francis. » Un chocolat chaud ? J’en aurais bien envie, j’avoue. Surtout que j’ai pas déjeuné ce matin-là… J’allumais la télévision du salon, baissant un peu le son quand même pour qu’on puisse s’entendre l’un et l’autre. « J’ai encore fait des conneries… » je disais, assez fort pour qu’il puisse m’entendre de la cuisine. « Le proviseur l’a appelé. Il a été convoqué, j’ai été exclue du lycée. On s’est pris la tête avec papa dans la voiture, puis… il m’a dit qu’il aurait préféré que je sois pas là. Je m’y attendais pas, j’te jure. J’me suis prise une énorme claque dans la gueule, abusé. » C’était mon ressenti. Enfin, j’en pensais bien plus, mais j’pense que ce serait vachement mieux si j’me taisais. Parfois, vaut vraiment mieux rien dire… « Je suis pas innocente, Francis, vraiment. J’ai aussi fait pleins de conneries, mais… je sais pas, ça, c’est vraiment pas passé. C’est hyper douloureux. » je soufflais, me raclant la gorge… J’espérais juste que les choses se calmeraient rapidement, qu’il y ait des excuses et que, peut-être, on ait enfin une bonne relation. Ça me manque, énormément.
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Sam 17 Déc - 22:58
One more bed
Elie & Ajax
Who am I to desagree
Elie était rentrée dans son appartement avec une mine triste et légèrement sombre, malgré son sourire étendu sur les lèvres. Francis sut au premier coup d’œil que la fille de son collègue n'allait pas bien. Déjà, parce qu'elle débarquait chez lui, et aussi parce qu'il la connaissait quand même. Il ferma la porte derrière elle, lui proposant gentiment de tout lui expliquer, ce à quoi Elie répondit par la négative.
« J'ai même pas envie d'en parler, en fait... mais je suppose que tu vas appeler mon père pour le lui demander, si j'te dis rien, hein... ? »
Le regard que le flic lui lança fût assez subtil pour confirmer les pensées de la jeune fille. Il lâcha un petit sourire et lui posa la main sur son épaule, en un petit geste réconfortant. Elle savait très bien ce qu'il allait faire, et Francis savait aussi que la jeune fille ne voulait pas cela. Malgré tout, il attendrait, parce qu'il savait que c'était parfois tendu entre son collègue et sa fille, comme dans chaque famille, ça pouvait arriver. Mais aussi parce qu'il ne voulait pas entendre qu'une version de l'histoire, et qu'il préférerait attendre qu'on lui en parle de soi-même. Il prendrait Wade à part pour lui en parler, une prochaine fois, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, c'était Elie qui avait besoin d'aide. Et Wade était bien assez grand pour se démerder tout seul.
Francis rejoignit la cuisine et sorti une bouteille de lait d'en dessous son évier. C'était là qu'il avait sa petite réserve de bouteilles non alcoolisée. Il fit chauffer une casserole dans laquelle il versa un peu de liquide et entendit Eleanore s'asseoir sur le canapé et allumer la télé. Alors qu'il s'affairait dans la cuisine et qu'il sorti une boîte dans laquelle se trouvait un fond de cacao, Elie finit par craquer et se confesser. Francis tendit l'oreille, bien qu'elle ait baissé le son de la télévision, il n'était pas facile de tout entendre. Malgré tout, le blond avait une bonne ouïe et se contenta donc de ne pas bouger pendant qu'elle parlait.
« J'ai encore fait des conneries... »
Ohla, quoi donc comme conneries ? Pour en arriver là, il avait fallu que ce soit assez énorme pour mettre non seulement Elie en colère, mais aussi Wade. Et ça... ça c'était ce que craignait Francis. Que les deux s'énervent tellement que ça parte en couille totale. Au fond, Francis espérait vraiment que tout allait s'arranger pour les deux, parce qu'Elie avait malgré tout besoin de son père. Et puis, c'était quand même son seul représentant légal, et ça c'était quelque chose que le père et la fille ne devaient surtout pas oublier.
« Le proviseur l'a appelé. Il a été convoqué, j'ai été exclue du lycée. On s'est pris la tête avec papa dans la voiture, puis... il m'a dit qu'il aurait préféré que je sois pas là. Je m'y attendais pas, j'te jure. J'me suis prise une énorme claque dans la gueule, abusé. »
Francis jura doucement en entendant le récit. A ce point ? Ca avait merdé à ce point entre eux. Mais qu'avait donc fait Elie pour que le proviseur se devait d'appeler son père ? Et puis, pourquoi Wade avait réagi ainsi ? OK, gérer une ado c'était pas du gâteau, mais bon sang ! C'était sa fille quoi !
« Je suis pas innocente, Francis, vraiment. J'ai aussi fait pleins de conneries, mais... je sais pas, ça, c'est vraiment pas passé. C'est hyper douloureux, souffla-t-elle depuis le salon. »
Francis termina de préparer le chocolat chaud, versant le reste de cacao dans le lait qui chauffait doucement. Il mélangea un petit moment avant de le verser dans un bol et de le ramener à Elie, assise tranquillement sur le canapé, le regard perdu sur le poste de télévision. Il s'assit à côté d'elle et se permit de lui faire une petite bise sur le front. Comme pour la bercer, l'apaiser.
« Tu sais, peu importe ce que tu as fait, au final. On fait tous des conneries. Ton père le premier. Et … confia Francis sur le ton de la confidence. Je suis persuadé que si ton père a réagi comme ça, c'est surtout parce qu'il a aussi des problèmes de son côté et qu'il ne peut pas se permettre de concilier les siens et les tiens en même temps. »
Francis s'enfonça dans le canapé, plaçant un coussin derrière son dos et passa une main derrière Elie, l'invitant à s'installer plus confortablement.
« Je connais pas la galère dans laquelle il s'est foutu en ayant un enfant, mais eh. Tu es sa fille après tout, vous êtes de la même famille, que vous le vouliez ou non, tu as hérité de son caractère de merde. Alors quand tu as deux gros parleurs en train de hausser le ton, tu sais bien qu'il y aura des dégâts. Il faut laisser faire le temps. Tout finira par se remettre en marche, un jour où l'autre. Il faut juste prendre conscience de ses erreurs et savoir accepter d'avoir tort parfois. Il soupira doucement. Ton père c'est un sacré connard des fois, faut l'avouer. Mais c'est aussi quelqu'un qui a pas mal de qualité et qui t'aime, malgré tout ce qu'il a pu dire. »
Francis ne s'était pas souvent vu dans cette position, celui de protecteur, de présence rassurante. Et pourtant, le voilà qui sortait des phrases à la limite du dégoulinant. Mais, si ça pouvait aider Elie, alors il continuerait, parce que là, elle avait vraiment besoin de ça. Et Wade devait sûrement en avoir besoin lui aussi.
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Dim 26 Fév - 22:28
One more bed.
ça te dérange si j'débarque chez toi ? Il avait quand même pas mal de chance Francis. Il vivait seul, il avait pas à supporter qui que ce soit au quotidien. Il mangeait ce qu'il voulait, il faisait ce qu'il voulait et il n'y avait personne pour l'emmerder, pour lui dicter quoi faire. Ah, la majorité... qu'est-ce que j'ai hâte d'être majeure pour pouvoir me casser de chez moi et être libre comme un petit oiseau. Avoir un travail, une belle caisse, une maison pour moi toute seule. J'en rêve depuis longtemps, et ça sera enfin le cas d'ici quelques ans... j'ai hâte. Je peux comprendre mon père quand il pète des câbles au quotidien, ça doit être dur de devoir gérer travail, problèmes et vie de famille... Mais même si tout ça n'est pas forcément de sa faute, il a une certaine part de responsabilité dans tout ça, et certaines choses n'auraient pas dû être dites. C'est lui l'adulte, non ? C'est lui le flic qui se lève tôt chaque matin pour aller combattre le crime pendant que sa fille de quinze ans va passer huit heures, parfois plus assise derrière une putain de table en bois à écrire des choses qui ne lui serviront jamais à rien sur une feuille. Il a plus vécu que moi, il a plus d'expérience dans pratiquement tous les domaines... J'arrive pas à comprendre qu'il ait autant merdé avec moi ce jour-là. Peut-être qu'il ne le pensait pas, mais en tout cas, ça a été entendu et ça prendra un peu de temps avant que je ne le pardonne.
Enfin... J'suis peut-être de mauvaise humeur avec le coeur complètement déchiré, heureusement que Francis est là pour me remonter le moral. Ça a beau être le meilleur pote de mon père, je sais très bien que j'peux me confier à lui sans qu'il aille toujours tout lui raconter, il est réglo. Et en me rendant chez lui, même si ça le ferait probablement chier intérieurement, je savais d'avance qu'il m'accueillerait comme il le fallait et qu'il me filerait même un endroit où dormir. C'est un gars bien.
Je lui ai tout raconté d'un coup, du moins, j'ai essayé en lui disant ce que je pensais être le plus important. La convocation chez le principal, la dispute dans la voiture, les mots blessants. Puis il m'a écouté et m'a préparé un chocolat chaud qu'il m'a posé sur la table basse du salon avant de s'installer près de moi et de m'embrasser le front... comme mon père le faisait encore il y a quelques années, quand j'étais encore qu'une gamine, innocente, joyeuse, mignonne. Putain, qu'est-ce que j'ai changé.
"Mes problèmes sont censés être les siens, nan... ? J'veux dire, c'est mon père. Même s'il fait pas mal de conneries, il gère quand même. Il a toujours été là pour m'éloigner de mes mauvaises fréquentations, pour m'empêcher de commencer à fumer ou de faire un tas de conneries. C'est quand même qu'il se préoccupe de moi, pas vrai ? Alors, je sais pas mais il aurait pas dû dire tout ce qu'il a dit. J'aurais préféré qu'il y aille plus en douceur, qu'il ne me parle pas comme si j'étais... que dalle, en fait." Ouais, j'aurais préféré la méthode douce. Et pourtant, tout le monde sait que j'suis loin d'être une fille douce.
Je me suis laissée tomber dans les bras de Francis, ma tête sur son épaule. C'était pas un père, c'était pas forcément le gars le plus responsable que je connaissais mais il savait comment m'apaiser, me calmer. "Je sais que c'est quelqu'un de bien et que ça ira peut-être mieux d'ici quelques temps, mais même si j'me comporte toujours comme une petite conne avec lui et que j'mets jamais ma fierté de côté pour régler les choses, j'aime pas qu'on soit en froid. Quand on est rentré, j'suis allée dans ma chambre et on s'est même plus adressé un seul mot. Vraiment, j'avais l'impression d'être un fantôme, de pas être importante. J'sais qu'il sait pas faire certaines choses, qu'il a besoin d'aide pour être le papa parfait, mais j'ai pas envie qu'il soit un père irréprochable. Tant qu'il est là pour moi et qu'il me fait comprendre qu'il tient à moi, ça me va..." Je disais d'une petite voix. C'était probablement la première fois que j'disais ce genre de choses sur mon père. J'ai beau toujours parler de lui comme si c'était qu'un simple papa, Wade c'est tellement plus que ça. Mais vu que j'suis pas habitué à le montrer quand j'aime quelqu'un, bah... j'le dis pas et il ne le sait probablement pas. J'ai beau jouer l'adulte du haut de mes quinze ans, sans qu'on s'occupe de moi, j'suis rien de plus qu'une merde.
"Bref..." J'ai légèrement honte d'avoir parlé comme un vieux personnage de série en deuil, là. J'me suis un peu redressée, quittant les bras de Francis pour me rasseoir et boire quelques gorgées du chocolat chaud qu'il venait de me préparer. Délicieux. Le chocolat, qu'est-ce que j'adore ça... "T'es sûre que ça te dérange pas si je reste un peu ? J'te rapporterais pas de problèmes, j'irai en cours tous les jours... vraiment, ce sera comme si j'étais pas là." Bon, j'essayerais d'aller en cours le plus possible, j'raterais sûrement parfois, mais... faut que je devienne sérieuse. "Pourquoi t'as pas de gosses toi, hein... ? J'suis sûre que tu t'en sortirais comme sur des roulettes."
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Lun 27 Fév - 14:54
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I travel the world and the seven seas
Cette situation aurait pu échapper à tout contrôle, connaissant la jeune fille qui venait de débarquer chez lui. Les Wilson étaient assez réputés pour être des têtes de mules, alors quand les deux composants de la famille rentraient en désaccord, cela engendrait des répercussions parfois terribles. Telle une collision entre deux comètes, brillantes et pourtant si puissantes. Les dégâts collatéraux emportaient tous sur leur passage, à un tel point que les catastrophes naturelles semblaient microscopique à côté d'eux. Voir Elie dans cet état, cela peina énormément le blond, qui pourtant ne savait pas réellement sur quel pied danser. D'un côté, il y avait son collègue pour qui il ferait tout, pour qui il donnerait sa vie, même si le doute s'insinuait en lui. Même si Wade l'évitait ou pour quel qu’autre raison que ce soit, Francis ne pourrait pas l'abandonner. Mais il y avait également sa fille. Cette pauvre petite qui avait frappé à sa porte, à la recherche d'un refuge, et envers qui Francis ressentait beaucoup d'affection. Peut-être que dans une autre vie, il aurait pû être son parrain, ou son oncle, et cette pensée le fit sourire tristement. Malheureusement, il ne le serait jamais. En soupirant doucement, ses bras croisés contre sa poitrine, il tendit l'oreille aux propos de la jeune fille. Bien évidemment que ses problèmes auraient dû toucher Wade, bien sûr qu'il aurait dû être là pour elle, en toutes circonstances. Rien ni personne ne pouvait se mettre en travers du chemin d'un père enragé jusqu'aux dents lorsque son enfant se trouvait en danger. Alors pourquoi son ami n'avait pas agi en conséquence ? Pourquoi n'avait-il pas mis sa vie en pause pour se consacrer à sa fille ? Francis ne pouvait pas comprendre le comportement de son collègue, bien qu'il ne soit pas père lui-même. Il soupira en comprenant les dires de la jeune fille. Elle avait raison, sur beaucoup de points. Mais... Une part de lui avait encore l'espoir que quelque chose en Wade avait déclenché ce soudain revirement, et qu'il ne l'avait pas fait sur le coup de la colère, ou sans fondements. Sa poitrine l'enserra quand il repensa à son ami, mais la chaleur des épaules de la jeune fille qui venait de s'installer dans ses bras fit naître un sourire sur ses lèvres. Au moins, il pourrait toujours sauver un Wilson, même si ce n'était pas celui qu'il avait espéré.
Ses mains se posèrent sur son crâne, et il lui caressa tendrement les cheveux. Réflexe qu'il avait dû acquérir par le temps, lorsqu'il confortait Maria à l'époque, ou quand il débarquait chez les Wilson et que son collègue tentait de remonter le moral à sa fille, à sa manière. Francis déglutissait à mesure que la voix d'Elie faiblissait. Elle semblait triste mais à une colère sourde grondait en elle. Elle en voulait à son père, c'était normal et même tout à fait compréhensible. La gorge du blond se serra en l'entendant, et il tenta de l'apaiser comme il le pouvait à travers des petits gestes, comme sa main sur son crâne ou son pouce qui caressait son bras. Le petit être fragile tout contre lui avait encore bien des années à vivre devant elle. Malgré ces quinze ans qui l'avait endurcie, elle n'était encore qu'une adolescente perdue à la recherche de son père. Pouvoir le comprendre, et juste rester avec lui malgré les aléas de la vie, c'était certainement là ce qu'elle voulait plus que tout au monde. Et pour le moment, il n'y avait que le blond pour l'épauler, pour tenter de la faire remonter à la surface pour ne pas qu'elle se noie dans son chagrin.
« Il est vrai que tes problèmes auraient dû l'interpeller. Il aurait dû être à tes côtés, quoiqu'il advienne. Et il l'a été pendant toute ta jeunesse. Même si c'est un peu compliqué actuellement, je suis sûr qu'il tient à toi. Et bien sûr qu'il se préoccupe de toi, tu es sa fille, Elie. Tout le monde se préoccupe de ses gamins. Francis souffla doucement, tentant de prendre un air compatissant envers la jeune fille, malgré l'amertume qui s'épanchait en lui. Je suis désolé d'apprendre ce qu'il c'est passé entre vous, qu'il t'ait parlé comme ça et que ce ne soit plus pareil... »
Alors qu'Elie se redressait, Francis se racla la gorge, peu habitué à ce genre de discours. Mais il fallait bien qu'il mette ses doutes de côté pour réconforter la jeune fille. C'était elle qui en avait le plus besoin, après tout. Son père lui avait hurlé dessus comme pas possible, et lui, il n'était rien dans l'histoire. Il n'avait aucun impact, il ne pouvait rien faire. C'était à eux de régler le problème, même si cela prendrait sûrement du temps. Elie avala quelques gorgées du chocolat chaud et le blond souriait en la voyant ainsi. Même dans un état pareil, elle arrivait à se composer une carapace. Elie n'était pas la fille de son père pour rien. Celle-ci se mit d'ailleurs à lui demander si ça ne le dérangeait pas qu'elle reste avec lui, allant même jusqu'à promettre à aller en cours. Le blond ria franchement en l'entendant, et abaissa la tête, un sourire sur les lèvres et les yeux brillants.
« Il va vous falloir du temps, à tous les deux, pour vous en remettre... Tant que ça ne va pas, tu es la bienvenue ici. Fais comme chez toi. »
Le blond se releva ensuite, prenant la direction de la cuisine. Il jeta un coup d’œil dans le frigo et se nota mentalement qu'ils devraient aller faire des courses au plus vite, histoire qu'Elie ne graille pas que des biscuits secs et du lait. Il attrapa un stylo et un post-it sur lequel il inscrivit quelques ingrédients à acheter la prochaine fois. Alors que l'encre coulait sur le papier, il entendit Elie lui parler depuis le salon. Sa question le fit ricaner, et rigoler pour la deuxième fois aujourd'hui. Du tac, au tac, alors que la mine du stylo tapotait sur le bois de sa table, il lui répondit en souriant.
« Ça n'arrivera jamais. »
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(francis) one more bed.
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