Pour un dossier avec toi

Thomas Crane. Un nom qui ressort des archives du S.H.I.E.L.D. et dont on me demande de m'occuper. Alors je me retrouve donc en plein après-midi à rouler vers Hammer Bay et son poste de police pour récupérer le dossier. Les ordres sont simples et pourtant bien peu clairs. Alors soit, je m'exécute mais n'aime jamais lorsque peu d'informations me sont confiées. Un nom, un prénom, une ancienne affaire et voilà tout ce que je sais. Suis-je trop suspicieuse ? Peut-être. Ou peut-être est-ce lié à mes rêves étranges de ces derniers temps en fin de compte. Ces rêves de guerre semblent si réels qu'ils me perturbent. J'ai probablement besoin de vacances.
Je mets mon clignotant et remets correctement mes lunettes de soleil sur le bout de mon nez. Hammer Bay, majestueuse capitale, se profile à l'horizon. Je regrette parfois de ne pas vivre ici. Mais Emmann restait tout de même assez animée et je n'ai pas d'embouteillages monstres le matin.
Je prends la sortie et trouve rapidement une place non loin du poste de police. Il ne s'écoule que quelques minutes lorsque je me trouve face à la demoiselle de l'accueil du poste, lunettes de soleil rangées, un sourire sur mon visage. Je la salue et lui montre mon badge. « Agent Carter de S.H.I.E.L.D., apparemment vous auriez un dossier pour moi » La jeune femme s'exécute et consulte son registre sur son ordinateur. « En effet, c'est l'inspecteur Wade Wilson qui s'en occupe. Si vous voulez bien attendre, je vais l'app- » Attendre ? L'appeler ? Certainement pas. Je lui coupe donc la parole. « Ne vous embêtez pas, je vais aller le voir directement. Vous pouvez me dire où est son bureau s'il-vous-plaît ? » Surprise, elle s'exécute quand même et me donne les indications demandées. Plus vite j'en sais sur cette affaire de dossier et mieux c'est. Un étage et quelques couloirs plus tard, je trouve le bureau du fameux inspecteur, me tournant le dos. Je toque deux coups à la porte avant de me présenter. « Inspecteur Wade Wilson ? Agent Carter de S.H.I.E.L.D. Apparemment c'est à vous que je dois m'adresser pour le dossier Thomas Crane. » Je m'appuie contre le chambranle de la porte en attendant sa réponse en observant son bureau. Vu l'état dans lequel il est, cela va sûrement relever du miracle pour retrouver ce fameux dossier et d'en savoir plus sur le pourquoi du comment.

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J'hausse les épaules. On m'avait prévenu que l'inspecteur Wilson ne lésinait pas sur les remarques si l'occasion se présentait. Elle vient de se présenter, il a enchaîné. « Apparemment on aurait déjà appelé pour ce dossier mais personne ne décrochait alors il était beaucoup plus facile d'envoyer un agent aller le chercher directement en fin de compte. Et comme ce dossier se trouve être un dossier important pour une autre affaire, j'ai été chargée de venir le récupérer. » Wade me pointe du doigt une de ses étagères. Je fronce légèrement les sourcils, il me demande vraiment d'aller fouiller son souk peu organisé ou presque pour trouver le dossier ? Est-ce comme ça qu'il fonctionne dans la vie de tous les jours ? Je ne vais quand même pas aller fouiller des cartons dans son bureau mal rangé quand même. « Et donc je dois aller le chercher moi-même dans vos cartons ou... ? » Je laisse ma phrase en suspens en faisant comprendre mon intention de ne pas m'approcher de la fameuse étagère. J'ai l'impression de me retrouver dans le scénario typique qui n'arrive qu'à moi : la femme, malgré sa position plus élevée, se fait toujours remballer par un homme parce qu'elle est... Une femme. Les temps sont censés avoir changé pourtant depuis les années cinquante. Je me retiens de soupirer alors que je me demande si une part de moi ne juge pas le personnage un peu trop vite. Peut-être est-il tout simplement un flic flemmard et que, femme ou non, il fait la même chose avec tout le monde. Ou alors il est réticent à travailler avec le S.H.I.E.L.D., ce qui n'est pas très nouveau non plus. Ce n'est pas toujours la croix et la bannière de travailler avec les inspecteurs de police mais il faut croire que ce n'est pas mon jour. Tout se serait probablement mieux passé si Steve avait été envoyé à ma place. On ne remet jamais en doute les paroles d'un homme grand et musclé. On surestime toujours une femme ou presque par contre. « Ne vous inquiétez pas, mon but n'est pas de rester là toute la journée à vous surveiller. Je récupère le dossier et je pars, promis. » Ce n'est pas comme si d'autres dossiers ne m'attendent pas au S.H.I.E.L.D. Parfois je rêvais d'une vie loin de la paperasse pour changer. Un peu plus d'action que d'aller d'une ville à une autre pour récupérer un dossier. Et encore une fois la question m'effleure l'esprit : le jugé-je trop vite ? J'ai cette fâcheuse tendance à croire que l'on va me réduire plus bas que terre sous prétexte que je sois une femme, alors à force, cela n'aide pas.

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Je me retiens de rouler mes yeux à l'entente de sa remarque. Les «  illuminés du SHIELD ». Comme si lui ne ressemblait pas à un illuminé du poste de police d'Hammer Bay avec son bureau mal rangé et son arrogance à toute épreuve. Alors j'attends. J'attends qu'il daigne bouger pour me récupérer ce dossier. Je ne vais tout de même pas le faire à sa place, si ? C'est pourtant ce qu'il attend de moi : que je cherche dans son bazar pour trouver le fameux dossier. Mais je refuse de bouger de ma place. Ou de lui dire quoi que ce soit pour qu'il me donne le dossier. Par principe et surtout par respect, d’une certaine manière. Si les rôles s’étaient inversés et que Wade avait débarqué dans mon bureau pour récupérer un dossier, je lui aurais amené. Je n’aime pas qu’on touche à mes affaires alors pourquoi toucher celles des autres ? Alors je ne peux m’empêcher d’arquer le sourcil à sa remarque acerbe et de lui lancer un regard noir. « Ah parce que ça vous plaît qu’on touche à vos affaires, à vous ? Encore plus quand votre bureau est dans cet… état et que m’indiquer vaguement un endroit ne me garantit pas du tout sa position. »
Comme si le destin - ou je ne sais quoi d’autre car le « destin », franchement – voulait me donner raison, Wade se relève et se rend compte qu’il ne trouve pas le fameux dossier.  Et décide de faire une blague pour faire passer la pilule. Mais je ne suis pas d’humeur à rire, encore moins avec cet énergumène qui titille mes nerfs depuis ces dernières minutes. Je suis prête à lui balancer une réplique plus qu’acerbe sur les remarques déplacées quand on n’a pas matière pour les faire quand du bruit se fait entendre dans le poste de police. Que se passe-t-il maintenant ? Je ne suis pas faite pour avoir ce dossier aujourd’hui ou… ? Je n’ai pas le temps de sortir pour aller demander quoi que ce soit aux autres policiers de l’étage qu’une blondasse débarque dans le bureau sans frapper et décide de prendre Wilson par la mâchoire pour l’interroger. Etrangement, cette blondasse me dit quelque chose mais je l’aurais su si elle avait été du S.H.I.E.L.D. Garde Rouge ? Je ne sais pas. Dans le doute, j’agis comme d’habitude. Je n’ai vraiment pas besoin d’elle pour m’énerver encore plus. Ou alors si, pour passer mes nerfs peut-être. « Hey la sans-gêne, si la porte était fermée c’était pour une raison. Peggy Carter, lieutenant du S.H.I.E.L.D. Laissez-le tranquille ! » Je sors mon badge d’une main et garde l’autre dans mon dos, pas loin de mon arme. Garde rouge ou pas, je ne compte pas la laisser faire sans avoir un minimum d’informations. Quelle journée, franchement.

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Je déteste me sentir tout comme je déteste me sentir impuissante. Alors quand les deux se mélangent, je suis hors de moi. La blondasse de la Garde Rouge se croit tout permis sous prétexte qu'elle est de la Garde Rouge. Et ? Est-ce une raison de se comporter de cette manière ? Aux dernières nouvelles, elle n'est pas la Reine de Genosha. Et pourtant, malgré toutes mes bonnes raisons de pouvoir la remettre à sa place, je ne réponds rien et fulmine. Car elle ne dépend malheureusement pas du SHIELD. Je ne peux pas l'empêcher de se comporter comme elle le fait sous peine de me faire épingler pour n'importe quoi. Je range mon badge avant de lui répondre. « T'arrêter ? Non, malheureusement. Mais il faudrait très sérieusement revoir vos manières à la Garde Rouge, être une brute ne réussit jamais à personne en fin de compte. Ça fait mauvais genre, encore plus quand on rétorque cela est pour "travailler". » Je reprends le même sourire hypocrite de la blondasse et l'esquisse sur mon visage et me tourne vers Wilson. Lui aussi ne peut rien faire face à cette pimbêche et lui aussi n'a qu'une envie : lui en mettre une. Du moins, c'est ce que je pense, vu sa tête. Il remonte légèrement dans mon estime.
C'est d'ailleurs à son tour de lui faire savoir le fond de sa pensée mais elle agit comme la chef des lieux et on ne peut rien faire. Son collègue, ou plutôt toutou, fouille sans pour autant arranger le bordel qu'ils viennent tous les deux de mettre. Je bouillonne de nouveau, sachant pertinemment qu'après, il faudrait repartir dans cette montagne de papiers pour retrouver le fameux dossier que Wilson ne retrouve plus. La prochaine fois qu'on me demande d'aller récupérer un dossier au poste de police d'Hammer Bay, je demanderai à ce qu'on me l'amène directement. Cela m'évitera une crise de nerfs et surtout une perte de temps.
Je garde mon sourire hypocrite alors que Blondasse déclare qu'ils sont pressés. « Si vous êtes si pressés, la prochaine fois il suffit de demander poliment ce que vous voulez au lieu de mettre sens dessus-dessous l'endroit pour rien. Ca évitera des coups de sangs à tout le monde. » Je sais que je devrais me taire, mais je ne peux pas retenir ma remarque acerbe de sortir. Agir de cette manière m'horripile. Si j'avais ne serait-ce qu'un quart de son comportement en tant que lieutenant, j'aurais rapidement Maria sur le dos pour me réprimander. Mais aujourd'hui pouvait être d'ores et déjà résumée comme une sorte de test. Testons les nerfs de Peggy Carter, ce sera drôle. Que la personne qui a pensé que ce serait une bonne idée de me faire ça se dénoncer, que je lui mette un crochet à un endroit bien placé.

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Le poing serré, je ne peux m’empêcher de retenir mon souffle alors que Wilson en rajoute également une couche. Le « connasse » est-il de trop ? Non pas que j’ai été plus sympathique mais, contrairement à l’inspecteur, je me suis résignée. Car je sais que je ne peux rien faire, tout comme je sais que lui non plus. Et, étrangement, la blondasse-connasse de la Garde Rouge –Oui parce qu’il faut admettre que « connasse » lui sied tout de même bien – se contente d’un signe envers son collègue et d’un sourire hypocrite avant de partir, bien trop sûre d’elle, le regard amusé par la situation. Je lâche alors un soupir de soulagement et desserre mon poing avant de me tourner vers Wilson. Je bouge mes doigts endoloris, ne m’étant pas rendue compte de ma poigne bien trop forte et regarde la montre. La blondasse m’a fait perdre un temps bien trop précieux. Et ce n’est pas fini. Le bureau est dans un tel état que j’éprouve de la pitié pour l’inspecteur bordélique. « Au moins, toute cette agitation va vous permettre de ranger un peu votre bureau, c’est déjà ça. » Lui envoyer une pique me détend, le naturel revenant au galop. Seulement, je commence à me baisser et à ramasser plusieurs feuilles du sol. Des enquêtes mélangées, tout est sens dessus-dessous. La blondasse-connasse avait bien fait son boulot : tout mettre en bordel et taper sur les nerfs de tout le monde. Maintenant que le calme est revenu, le silence qui m’a accueilli plus tôt est désormais remplacé par des grognements émanant des bureaux. Tous râlent plus ou moins fort, mécontents de cette irruption soudaine d’une Garde Rouge qui, finalement, repartait les mains vides. Tout ce mystère autour de la Garde Rouge m’énerve, d’un coup. Pourquoi cette pimbêche et ce pauvre type soumis ont un degré de secret de plus que moi ? Qu’ont-ils fait dans leurs vies pour mériter cela ? Après tout, on ne les croisait que rarement sur le terrain. C’étaient généralement, pour ne pas dire tout le temps, les agents du S.H.I.E.L.D en mission. A perdre des éléments ou à en voir se faire blesser. Nous, pas eux. J’en ai clairement marre de tous ces mystères autour de cette foutue Garde Rouge, alors qu’eux semblent bien trop au courant de nos activités. Voire des activités de tout le monde d’ailleurs.

Je tais ce sentiment d’injustice mélangé à de la curiosité qui grandit de plus en plus en ramassant d’autres feuilles avant de me tourner vers Wilson. « Je vous aide à ranger votre bureau, vous me filez le fameux dossier que je vous ai demandé, car j’en ai toujours besoin après tout, puis je m’en vais. On est d’accord ? Et pas de mensonges sur l’emplacement dudit dossier, j’ai bien compris qu’il n’était pas là vu votre tête avant que la « connasse » ne débarque. » Je lui adresse un léger sourire en réemployant son terme. Si nous ne venions pas de devenir les meilleurs amis du monde, je décide cependant de lâcher du lest. Elle m’avait bien plus énervée que lui en fin de compte. Puis j’ai tout simplement hâte de partir d’ici et de faire le trajet retour au QG. J’ai besoin de calme et de me vider l’esprit et la parfaite playlist m’attend patiemment dans la voiture.

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Le départ de la pimbêche de la Garde Rouge et de ses toutous avait réussi à calmer l’atmosphère et les esprits, surtout le mien. Cela remettait tout en perspective et en particulier le détective devant moi. Tout d’un coup, il était plus sympathique. Alors je décidais de l’être tout autant et l’aidait à tout remettre en place. Je n’en oubliais pas mon objectif premier – et mon envie de retourner fissa au SHIELD pour du vrai calme mérité.

Je lâchais un soupir en entendant la phrase de Wilson. Evidemment qu’il aurait dû être là, ce foutu dossier. Evidemment, cela était tombé sur moi. Je n’étais pas du genre « poisseuse », ou même de croire en la chance d’ailleurs, mais il fallait croire qu’aujourd’hui était loin d’être mon jour. Le dossier désormais porté disparu, l’arrivée de la Garde Rouge et cette injustice de n’avoir pu rien faire pour lui fermer son caquet ne résumaient pas une journée géniale après tout. Mais il fallait faire avec, comme toujours. Il y avait bien pire après tout. « Je ne suis pas forcément… Très sensible à ce genre d’humour. Surtout quand je n’étais pas censée rester longtemps ici. » Je tirais tout de même sourire pour lui faire comprendre que j’avais bien tourné la page. Je continuais à ramasser les papiers au sol, prouvant ma bonne foi. Tant pis pour mon aller-retour pas si rapide que ça. Si rien ne se passait comme prévu, autant continuer sur cette voie en faisant quelque chose d’utile. Ce bureau en avait grandement besoin. Et une part de moi s’en voulait également. La donne aurait pu être différente si nous avions été plus cordiaux au moment de mon arrivée.

Les papiers s’empilaient sur le bureau et toujours aucun signe du fameux dossier. A force, je me demandais si j’allais réellement avoir ce dossier un jour. J’allais m’occuper d’un nouveau tas de papiers quand le détective étira un sourire et fit une tentative d’humour, pour repartir du bon pied. J’adhérais plus à ce genre d’humour qu’à celui qu’il m’avait servi à mon arrivée en tout cas. Laissant un sourire se dessiner sur mon visage, je me tournai vers lui et serrai sa main tendue. « Peggy Carter, lieutenant au SHIELD qui n’aime pas vraiment le désordre et qui a dû mal avec les pimbêches blondes pétant plus haut que leurs culs. » Je lâchais un rire, décidant qu’il était plus simple de se lancer sur la fameuse carte de l’humour avec Wilson. Des bases plus saines et tout devenait plus simple. « Sérieusement, vous n’avez aucune idée d’où peut être le dossier ? Ou si quelqu’un ne vous a pas fait une blague ? Ou alors mélangé avec un autre dossier ? » J’avais rapidement regardé les papiers que j’avais ramassé dans l’espoir de tomber dessus, en vain. « La paperasse ne me dérange pas sinon, alors si c’est le troisième cas, je veux bien rester pour vous aider à remettre en ordre. Je ne peux pas rentrer sans ce fichu dossier après tout… » C’était la stricte vérité : ce dossier était important pour je ne savais quelle raison. Assez important pour envoyer un lieutenant le chercher et pour lui dire de le ramener à tout prix. Je n’osais pas imaginer ce qui se passerait si je revenais bredouille.

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La Garde Rouge a vraiment mis un bordel monstre dans ce bureau déjà mal rangé. Et plus je m’applique à ranger les dossiers sur le sol, plus je m’attends à ce que Wade ajoute quelques secondes plus tard : il n’est pas là. Et Wade ne semble pas plus avancé sur sa localisation que moi. Ce qui n’est pas rassurant. Je retiens un soupir, ne pouvant m’empêcher de penser à nouveau à cette mauvaise blague qu’on aurait pu me faire. Serait-ce Maria pour me faire la leçon ? Certes elle a son caractère mais Maria est habituée à mon comportement – et celui de Steve, d’ailleurs – concernant le suivi de certaines de ses règles. Et elle est loin d’avoir le tempérament pour ce genre de blague. Mais qui alors ? Oh et puis zut, je réfléchis vraiment trop. Je dois juste redoubler de malchance aujourd’hui, ça arrive. « A la morgue ? Si vous le dites. Par contre, je ne pense vraiment pas qu’on range pour rien. Car la prochaine fois, vous verrez en un coup d’œil que le dossier n’est pas à sa place. » Je ris pour accentuer le fait que j’essaye de faire une blague. Pas sûre qu’il l’apprécie tellement, vu que c’est encore une pique, mais j’ai essayé.
Wade enchaîne rapidement sur l’importance de ce dossier pour le SHIELD. Cette fois-ci, je soupire, laissant les dossiers que j’ai dans ma main sur une des piles sur le bureau. Je m’adosse contre le bureau et lance un regard vers Wade. « Très franchement, je ne sais pas exactement. Du moins si, ce dossier est lié à un autre dossier assez important dans une des missions en cours de mon unité mais je n’en sais pas plus car ce nom, Thomas Crane, vient juste d’arriver dans le dossier. Peut-être qu’il est important, peut-être ce n’est simplement qu’une fausse piste mais pour l’instant, il est la seule piste potable que l’on peut exploiter. Seulement plus cette journée passe et plus j’ai l’impression que le nom est sorti du chapeau pour nous ralentir ou me faire une très mauvaise blague. » Peut-être que toute cette histoire de blague est liée à la Garde Rouge, en fin de compte ? Après tout, ce qu’ils font de leur temps reste un mystère pour moi, eux qu’ils sont d’un grade plus élevé que le mien alors que beaucoup ne le méritent pas vraiment. « Egalement c’est ma propre chef qui m’envoie pour récupérer ce dossier et elle m’en veut encore de lui avoir désobéi la dernière fois alors je ne pouvais pas refuser. » Nouveau rire et nouvelle confession, je suppose. J’étais douée pour donner des ordres mais alors pour les suivre… Tout dépendait de l’ordre. Une part de moi sait que je suis faite pour être plus que lieutenant. Même, à la limite, prendre un jour la place de Maria à la tête de l’organisation. « Ma chef est assez rancunière, même quand elle admet que de ne pas suivre ses ordres était une meilleure idée que celle qu’elle a suggéré dans le feu de l’action. » J’hausse les épaules. « On fait quoi alors ? Un aller-retour à la morgue ou on interroge un de vos collègues qui, peut-être, sait où il se trouve pour x raison ? » Après tout, Wade n’est pas non plus sûr qu’il soit là-bas et cela ne va pas nous faire de mal que d’explorer différentes pistes.

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J'évite de soupirer alors que le détective m'apprend la mauvaise nouvelle : le dossier est partiel. En quoi un dossier partiel allait nous aider à résoudre cette affaire si chère à Maria ? A moins qu'elle n'ait réellement une bonne raison autre qu'une blague de mauvais goût à me faire derrière tout ça ? Car entre le dossier disparu, le débarquement de la Garde Rouge - et la pouffiasse de service me faisant perdre toute ma dignité anglaise et mon féminisme en la traitant de la sorte - et les problèmes du début avec Wilson, je considérais avoir assez donné pour la journée et pour le S.H.I.E.L.D.
Je refoule tout envie de rentrer dans les plumes de Wilson alors qu'il rit de ma situation, me contentant de lui lancer des éclairs avec mes yeux, mains sur les hanches. Il semble comprendre le message, faisant un effort pour contenir son rire. Au moins, je savais désormais que je pouvais compter sur un détective la prochaine fois que je me retrouverai dans une telle situation. Après tout, ce n'était pas une nouveauté que de venir chercher des dossiers perdus chez les détectives. Mais ce n'était pas aussi... mouvementé, dira-t-on. « Et bien allons à la morgue alors. Au point où j'en suis... ». Cette fois-ci, je ne peux contenir un soupir. Cette journée, en plus d'être beaucoup plus mouvementée que ce que j'avais prévu, teste surtout ma patience. Evidemment il fallait que je tombe sur un médecin légiste avec le dossier. Et médecin légiste tête en l'air qui plus est. Mais je ne dis rien et suis sans broncher le détective sans un mot.

Un frisson parcourt mon échine alors que nous nous approchons de la morgue. D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais aimé tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à la mort. Et même si en mission - voire dans mon métier même -  la donne est différente, je ne suis pas très à l'aise entourée de corps sans vie. Comme si j'avais vécu une guerre et que j'en avais trop vus d'un coup. Allez savoir.
Cela ne me dérange donc pas de laisser Wilson discuter avec le médecin légiste et rester à la porte du labo, les bras croisés, à observer les alentours. Avant de le voir ressortir à peine une poignée de minutes plus tard avec ledit dossier. Evidemment. Si j'avais su... « Ce n'était peut-être pas vous qui l'aviez mal rangé, je le conçois, mais ce bureau avait tout de même besoin d'un bon rangement malgré tout », dis-je avec un petit rire en acceptant le dossier, le Saint-Graal comme dirait un certain roi. Je feuillette quelques instants le dossier pour me rendre compte par moi-même des informations présentes. Il y en a en effet peu mais je restais persuadée que les derniers résultats allaient pouvoir nous aider d'une manière ou d'une autre. Refusé-je encore de croire à une mauvaise blague de Maria ? Oui, clairement. Mais ça, c'est une toute autre histoire. « Merci en tout cas pour votre aide. Le tout avait plutôt mal commencé mais finalement, rien de tel qu'une visite d'une pimbêche et d'un bureau sens dessus-dessous pour remettre les choses en perspective. » Je tends ma main qu'il sert en retour, par politesse, avant de lui tendre une carte de visite de l'autre. « Si jamais vous avez besoin de me joindre pour une raison ou une autre, n'hésitez pas. Raison professionnelle, évidemment. » Je laisse échapper un rire, beaucoup plus soulagée que tout soit fini que ce que je pensais. Effectivement, cette journée aura été bien particulière.

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