J’avais passé la plupart de ma journée allongé sur mon sac de couchage à regarder le plafond de l’hôtel miteux dans lequel j’avais atterri la nuit dernière. Les craquements qui s’y trouvaient avaient des formes étranges. Ils partaient et revenaient. On aurait dit des cicatrices, des tronçons comme on trouve dans les champs labourés. Mais ils n’étaient pas droits, ils étaient malformés, difformes, informes. Sans formes. Je m’étais levé à plusieurs reprises pour gratter un peu la peinture au plâtre et j’avais regardé tomber les morceaux avec joie. On aurait dit de la peau pelée, une sorte de maladie qu’aucun dermatologue n’avait pu prévenir et guérir. Le plafond malade s’écaillait aux enfers. Et j’avais gratté, gratté jusqu’à le faire saigner de sa sciure. Elle était tombée sur le matelas et les draps et j’avais passé mes doigts à travers jusqu’à en être fatigué. Jusqu’à deviner ma propre empreinte digitale, jusqu’à avoir le bout des doigts tous blancs. Je m’étais ensuite habillé ; noir sur noir. Des tissus parfois trop grands, parfois trop nobles. Des boots, une veste en jean, parfois en cuir. Un bonnet très loose sur des cheveux déjà foncés. Un peu trop long les cheveux… « Ca fait voyou » diraient les grand-mères.
J’étais sorti sur le pas de la porte, avait trouvé des marches et avait fumé ma clope en suivant du regard là où les mégots s’écrasaient sur le béton. C’est putain de calme ici. Ça manquait de Kurt Cobain et de son Nirvana. Ça manquait de jolis poèmes écrits en lettres de vandale. Gratté au couteau ou écrits à la bombe. Pas celle qui explose, celle qui sent le kérosène et le cocktail Molotov. Celle dont les parents décrivent à leur parents comme celle qui fera mourir l’artiste plus vite parce qu’il respire quelque chose de mauvais. Il respire l’inspiration et la création là où les adultes n’ingèrent que des chiffres et des nombres, de l’ennui et du cholestérol. C’est sûr que ça vaut mieux crever. Je me suis allongé sur le sol froid à regarder la fumée s’envoler. A tenter des O et à la faire sortir par le nez. Puis j’ai levé le bras et j’ai compté le nombre de cicatrices que j’avais rajouté aux anciennes. Du rosé, du rouge et du noir sur une peau blanche. Des lignes parallèles les unes aux autres comme une dernière leçon de géométrie. Une odeur de tabac et de rouille, une odeur de menthe et de chaleur humaine… haha, si seulement je savais ce que c’était. Mais merde ! C’était quand même putain de calme ici ; et ça sentait déjà la mort.
Alors j’avais plié bagage avant qu’on me foute dehors et j’avais marché le long de la route avec ces boots noires de tout à l’heure. Il ne faisait pas jour mais il ne faisait pas noir. On voyait devant soi si on daignait ouvrir les yeux. A la cendre rouge du bout de ma cigarette, j’aurais pu suivre mon chemin mais j’avais fini par racoler les néons lumineux d’un pub au coin d’un quartier pommé dans l’immensité de cette putain d’île. Y entrant comme un roi dans son royaume, je m’étais dirigé vers le bar avec mon allure de vagabond et j’avais confié mon maigre trésor au barman, joker du seigneur. Le premier étage faisait office de couverture. Il y avait des tables illuminées, des serveuses pas très habillées mais le crime s’arrêtait là. En descendant l’escalier rouillé en colimaçon, c’était là tout un autre monde. Le plafond était bas et la fumée opaque des cigares rendait impossible l’idée d’une salle d’une quelconque proportion possible. La pièce, mère foyer de quelques tables de poker et de billards, avait de la bonne compagnie. Je vins m’appuyer contre un mur, ne faisant rien d’autre que respirer l’air amer d’un pareil endroit. Les minutes passèrent, furent-elles des heures ? A mesure, je m’étais retrouvé sur le sol, planches de bois aux tracés ronds et rouges parfois. Peut-être les vestiges de quelques batailles passées ? Des incompris, des voleurs, des gambleurs… Mais là au milieu de cette foule, il y a une silhouette que je n’avais jamais oubliée. Pas famélique, pas squelettique… des formes sèches mais féminine… Je me redresse, je m’appuis un peu sur le poteau de bois derrière moi et patiente un peu que les vertiges se dispersent. J’ai les cinglantes cloches de n’avoir rien fait, n’avoir rien mangé et d’avoir trop fumé qui me rappellent à l’ordre. Qu’est-ce qu’elle fout là? Et comme un fantôme, tu t’approches à travers l’opacité de la brume.
— Maggie
AVENGEDINCHAINS
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Mar 3 Jan - 20:59
BLAME IT ON MY ADD BABY
Archer & Maggie
Les verres d’alcool s'accumulent le long de la table de billard. Certaines même avaient fini leurs chutes sur le sol en bois du sous-sol. Le verre s’était brisés en mille morceaux et la foule présente dans ce lieu s’était esclaffé du carnage qui maintenant s’étalait au pied de la jeune Andrews. Elle tapa rapidement dans l’un des plus gros bouts pour l’écarter de son chemin. Les débris crépitent, proteste sous ses pieds. Maggie se penche sur l’une des immenses tables de billard, c'est à son tour de jouer. Délicatement ses doigts viennent effleurer le tapis vert qui recouvre la surface de jeu. La jeune femme ferme un oeil et vise. D’un coup sec, elle fait cogner le bois avec les boules, les envoyant valser à travers la table. D’un regard attentif, elle scrute pour savoir si son coup à marcher mais ce n’est pas le cas. Un éclat de rire s’échappe de ses lèvres. La jeune femme à bien trop bu pour s’en soucier plus que ça. C’est en titubant qu’elle retourne à sa place attitrée de la soirée, récupérant son verre au passage. Une gorgée, puis une seconde et voilà que son verre se vide. Imitant la plupart des personnes à ses côtés elle le dépose soigneusement sur le rebord du billard. Les paris ont été annoncé en début de soirée : celui qui fait tomber le verre paye sa tournée et tout le monde doit boire. Vu l’état dans lequel se trouve la photographe, les accidents ont été nombreux ce soir et l’alcool a coulé à flot. La tête qui tourne, la jeune femme se penche jusqu’à son sac pour récupérer ses clopes. Elle en prend une et l’allume, prenant soin de reculer sa chevelure de la flamme d’une geste rapide de la main. Le volume de la musique est fort, l’empêchant de vraiment entendre la conversation du groupe à côté d’elle. Une épaisse fumée s’échappe de ses lèvres quand elle expire longuement. A vrai dire toute la pièce semble se cacher derrière ce brouillard. Trop de fumeur, ou trop d’alcool.
Bien que perdu dans un univers qui lui semble différent - tout y est plus léger. La jeune femme croit avoir des ailes. Elle croit être libre de pouvoir voler à sa guise. Mais elle se trompe. Une voix. Un mot. Et le retour à la réalité. C’est impossible. La jeune femme se tourne frénétiquement vers son nom prononcé derrière son dos, comme un mal venue tout droit du passé pour la ronger. Il est là. C’est bien lui. Ses traits n’ont pas changé. L’expression de ses yeux non plus. D’instinct la jeune femme recule d’un pas, les bras légèrement en avant dans une position de défense. C’est pas possible. C’est impossible ! Ca ne peut pas être lui. Pas Archer. Les battements de coeur Maggie commencent à s’intensifier. Ce dernier cogne de façon répétée et débute une folle danse à la recherche de l’oxygène qui lui manque. Oiseau qui se croyait libre de pouvoir s’envoler, le revoilà au fond d’un trou prisonnier et cloué au sol. Sa vision change, ses souvenirs prennent possession d’elle. Elle le revoit, la colère marquée sur les traits lui sauter dessus. Ses mains soigneusement placées autour de sa gorge. L’air vient à lui manquer jusqu’à ce qu’il décide de la libérer. Archer. D’un bond en arrière elle s’éloigne encore de lui, ses mains placées là où les siennes se trouvaient il y a quelques secondes… quelques mois, quelques années. La jeune femme se sent une nouvelle fois prise au piège. Incapable de se défendre. Elle l’avait fui et ne supportait pas de le savoir à quelques pas à peine d’elle. Les mains moites, le visage marqué par la peur, Maggie tend un doigt accusateur vers son frère. Son geste est irrégulier et son bras tremblant.
- Toi… tu m’approche pas !, s'exclame-t-elle d’abord.
Elle avait eu tort de croire qu’elle pouvait tourner la page. Qu’elle pouvait se débarrasser de cette partie de sa vie. Il était sa famille, son frère, son sang. Et cela ne pouvait être défait. A jamais elle serait reliée à la personne qui lui faisait le plus peur dans ce monde. Les larmes viennent brûler les yeux verts de la jeune brunette. Le bras toujours tendu entre elle et lui, elle ouvre la bouche dans l’intention d’ajouter quelque chose, mais aucun son ne parvient jusqu’à ses lèvres. Sans prendre la peine de demander son reste, Maggie s’éloigne de lui le plus possible. Bousculant au passage quelques personnes qui ne se gênent pas pour râler. Personnes auxquels elle adresse un magnifique doigt levé vers le ciel. D’un pas empressé elle monte deux par deux les marches du vieil escalier en métal, dérapant et se cognant lourdement les genoux dessus. Tout ce qu’elle voulait c’était de l’air. De l’espace. Essayer de se défaire de la sensation d'étouffement qui s’emparait de son être tout entier.
Je murmure ce nom que mes lèvres m’avaient interdit depuis… Déni. Comme un tic, je secoue la tête, incapable de me rappeler cette soirée. Je ne veux pas me rappeler. Mais Maggie. Maggie je peux me rappeler non ? Je ne pensais pas qu’elle m’entendrait mais je me rends compte que je suis plus près que je ne le pensais. Il y a trop de fumée, trop de lumière tamisée, trop d’odeur et de chaos dans ce taudis mais elle n’a pas vraiment changé. Elle est toujours… d’une certaine manière, de quelque façon, aléatoirement et inconsciemment… Maggie. Elle a peut-être un peu coupé ses cheveux, prit une allure un peu garçonne, masculine… Ces chaussures, c'est nouveau non ? Combien d’années déjà ? Nouveau tic, nouveau déni. Pas.de.souvenirs ! Il ne s’était rien passé. Je n’avais rien fait. Elle. C’était elle qui était partie. Parce que ;
parce qu’ils partaient tous. Tous, à un moment où un autre. Maggie s’est retournée, elle me fait face. Elle s’est figée. Je fais un pas vers elle, elle se recule un peu plus, la même expression gravée sur son visage. Elle est terrifiée. Mais moi, je ne comprends pas, je ne ressens pas cette terreur qu’elle affiche. Ce n’est qu’une expression comme les autres, comme un sourire ou un regard noir. Tout cela a à peu près la même valeur, ce ne sont juste… des expressions. Un sarcasme de notre corps, un réflexe. On en a pas toujours la maîtrise. Je fronce les sourcils quand je sens que son souffle s’accélère. Que se passe-t-il ? Pourquoi ne se sent elle pas bien ? Je regarde autour de nous. Il y a des gars, une table de billard, des verres. Une puissante odeur d’alcool et de tabac. L’arôme de la drogue brûle aussi dans les alentours. Mais pas sur Maggie… Non jamais sur Maggie.
Elle recule encore, encore. Petit à petit, je sens qu’elle m’échappe. Je prononces un petit son pour l'interpeller, tout en cherchant à prendre correctement contact avec elle. Je ne sais pas trop ce que j’attends et ce vers quoi je vais… Une poignée de main ou une embrassade ? Je tente quelque chose mais elle fait barrière. Son doigt, menaçant comme le sort d’un Dieu ravageur et punitif m’avertit de me tenir à l’écart. Elle crache.
─ Toi… tu m’approche pas
Quelques personnes se tournèrent vers nous. Ces gens avec qui elle était autour de la table. L’un deux lui demanda si ça allait bien mais je ne doutais fort qu’elle s’en soit rendu compte. Elle est trop secouée pour se rendre compte de quoi que ce soit. Je reste en retrait, là, à l’endroit où elle m’a sommé de ne plus bouger. Elle ressemble de plus en plus à une proie prise au piège. Elle panique, elle attaque, elle tente de se défendre mais elle continue de se recroqueviller et de fuir. Finalement elle se tourne et elle se casse de là. Tu l’appelles, l’appelles encore.
─ Non, Maggie… Maggie ! Reste ! Attend !
Elle disparaît entre les gens à grands pas.
─ Eh, le monstre… t’es qui, toi ? Qu’est-ce que tu lui veux ?
C’est le molosse autour du billard qui demande en s’approchant de moi d’un air vilain. Il m’attrape le bras alors que j’essaye de passer et l’enserre entre ses doigts.
─ Lâche moi, je commence à souffler d’un air menaçant.
Il continue de me questionner alors que mes yeux ne sont que concentrer sur la silhouette de ma sœur qui tente de rejoindre les escaliers. Elle va réussi à s’enfuir encore ! Elle va encore me laisser seule… J’entends un bruit de ferraille provenant des marches en fer grinçant. Je veux savoir ce qui se passe, si elle va bien. M’agitant dans les bras de l’homme qui appuie ses doigts sur les scarifications, je m’agite ; avant de gronder.
─ Lâche moi, LÂCHE MOI ─ ─ Lâche Moi !
Je n’attends pas de comprendre ce qui s’est passé, il s’est écarté en titubant et tombe à genoux, les yeux complètement blancs. A la seconde où mes yeux perdent le lascar de leur champ de vision, je n’ai plus qu’une seule chose en tête…
─ Mag’ ! je recommence à appeler d’une voix posée et détachée.
Je cours après elle dans l’espace. La poursuite est courte mais je sens l’adrénaline partir d’un quart de tour quand la vitesse des pas dans l’escalier se met à accélérer. Ca résonne, ça résonne et ça fait presque peur. C’est comme jouer au chat et à la souris. Le seul problème c’est qu’il faut un gagnant et un perdant. Prédateur, je frissonne, refusant de perdre cette fois-ci. Redoublant d’efforts et de leste, j’avale les marches, réduit la distance entre nous. Là où elle perd c’est son avance, c’est avec la porte de sortie. Elle a à peine le temps de se retrouver que ma main se referme sur elle. Si c’est sa chemise, son polo, son épaule ou son bras que j’attrape ? Aucune idée. La vitesse me propulse à l’extérieur avec elle mais d’un coup sec elle rompt le contact avec ton grip.
─ Mag, attend ! Arrête ! Arrête-toi ! Pourquoi tu cours ?
Vous vous ralentissez tous les deux. Vous avez atteint le parking de devant le pub. Il fait plus frais et plus calme. Ma tête tambourine moins mais je me demande soudain si des voix vont venir me visiter maintenant que mon cerveau était libéré. A la lumière descendante et à celle qui illumine le parking, je peux discerner les traits de Maggie. Oui, il s’agit bien là de ma sœur. Ses traits sont toujours déformés par des expressions mais c’est elle. D’une voix innocente, qui ne réalise pas trop la situation, je demande
─ Tu m’en veux encore ?
Mes mots paraissent bizarre. Je ne me rappelle pas de ça, de cette chose pour laquelle elle devrait m’en vouloir. Mais pourtant eux, les mots, ils surgissent. Je ne veux pas les assumer alors je change de sujet.
─ Tu as changé… un peu. Les cheveux non ? Tu avais les cheveux plus clairs quand on s’est vu la dernière fois… Oui. C'est ça.
Ou peut-être était-ce une photo que tu avais vu d’elle dans un magazine de photo que recevait la boutique.
AVENGEDINCHAINS
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Jeu 5 Jan - 23:22
BLAME IT ON MY ADD BABY
Archer & Maggie
Je me précipite à travers les marches en ferrailles de l’escalier en colimaçon. C’est pas possible, c’est pas réel. C’est l’alcool. C’est le tabac. J’ai trop bu et trop fumée. Je suis en train d'halluciner c’est ça ! Dans ma précipitation je rate une marche et m’affale dans l'escalier. Mes genoux percutent violemment la surface froide du métal. La douleur irradie sous ma chair et se propage dans mes jambes. Non. Ce n’est pas un cauchemar. Tout ça est bien réel. Je me remets aussi vite que possible debout, et continue de monter ces maudites marches. Mes genoux me font mal à chaque mouvement et je suis obligée de ralentir le rythme. Je bouscule pas mal de monde, me faufile entre la fumée des cigarettes et les gens qui rient aux éclats. J’ai du mal à me frayer un chemin jusqu’à la porte de sortie mais mes doigts se referment finalement sur la vieille poignée de la porte. Je l’ouvre rapidement, faisant déjà un pas vers l’extérieur. Sauf qu’une main vient s'agripper fermement à ma veste en jean. Je sais très bien à qui appartient cette main. D’un coup sec je me défais de cette emprise, dénudant légèrement mon épaule sur le moment. Je m’empresse de me couvrir à nouveau.
- Me touche pas !
Je réalise finalement qu’on est déjà dehors. L’air est plus respirable, plus frais. J’arrive à retrouver un peu mes esprits même si la panique s’est complètement emparée de moi. Il est toujours là. A quelques mètres à peine de moi. De le voir comme ça, comme si de rien n’était me donne la nausée. Ma respiration est irrégulière et les battements de mon coeur sont si rapides que j’en ai mal dans la poitrine. J’aimerais disparaître. J’aimerais ne plus rien ressentir en ce moment. Surtout pas cette peur qui me broie de l’intérieur. Comment peut-on avoir si peur de quelqu’un ? Comment en suis-je arrivé à fuir mon propre frère ? Ses traits ont changé depuis la dernière fois que je l’ai vu. Ils sont plus tirés… il est différent. Il me fait penser à… lui.
- tu m’en veux encore ?
Je fronce les sourcils. Quoi ?! Est-ce qu’il se fout de ma gueule. Je reste immobile, toujours en face de lui. J’arrive pas à croire qu’il me parle comme si de rien n’était. Comme si rien n’était arrivé. Sa bouche s’ouvre à nouveau laissant d’autres sons s’y échapper. Je rêve. Non je suis en plein cauchemar. J’arrive à ma limite. Je serre les poings et ma peur se voit remplacer par de la colère.
- Tais-toi ! Je t'interdis de me parler Archer !
Ce nom me semble si étrange dans ma bouche. Voilà des mois que j'ai pris soin de ne plus jamais le prononcer. Ce nom. Des mois que je n’en peux plus de cacher à la terre entière ce qui s’est passé. Je n’en peux plus des centaines de questions qu’Ezra me pose à propos de lui.
- Je t’interdis de parler de mes cheveux comme si tout était normal ! Tu n’as aucun droit de faire ça !
L’angoisse si vite envolée revient comme une vague. Je me mets à trembler mais je n’ai pas froid. Je me recroqueville légèrement sur moi-même. Je n’aurais pas dû boire. Pas autant. Un hoquet vient me secouer et avant même qu’il ne fasse un geste je recule d’un bond.
- T’approche pas ! T’approche pas de moi !
Je hurle aussi fort que je peux. Au fond de moi j’espère que quelqu’un va m’entendre. Pitié. Aider-moi. Venez m’aider. Mais il n’y a personne. Le parking semble désert et le bar bondé. Pourtant à l’intérieur tous semble occupé par le contenu de leur verre. Pourquoi ? Pourquoi je me retrouve ici toute seule. Lui faisait dos, je cours aussi vite que je peux me cacher derrière une voiture. Accroupi et adossé à la carrosserie, j’hurle à nouveau :
- Vas-t-en !
Je ne sais plus quoi faire. Je me sens prise au piège. Incapable de bouger, de faire le moindre geste. Je n’arrive même plus à penser. Je ne ressens qu’une sensation d'étouffement. Je suis enfermée, à nouveau. Je me recroqueville encore plus sur moi-même, passant mes bras autour de moi. Mon espace. Ici, c’est mon espace et personne ne pourra me l’enlever.
- Maggie !?
Une voix se fraye un chemin jusqu’à ma cachette. Elle éclaire l'obscurité qui m’entoure. Je redresse la tête, déjà prête à me relever.
- Maggie, t’es où ?! - Je suis là.
Je me détache de la voiture qui m'abrite et m’avance de quelques pas. J’arrive finalement à distinguer l’origine de la voix. C’est Pete, un des amis avec qui je suis venue ici. Il se trouve à quelques mètres de l’entrée du pub et s’avance déjà vers moi. C’est un con, mais à ce moment précis il représente ma bouée de sauvetage. Je me précipite vers lui, d’une allure rapide selon moi, même si je boite toujours à cause de mes genoux écorchés. Je le percute violemment et m’accroche à lui comme si ma vie en dépendait.
- Ca va ?
Je dodeline de la tête incapable de parler. J’enfouis ma tête dans son pull et resserre ma prise sur ses vêtements. J'ai la tête qui tourne et l'impression de tomber dans un trou sans fin.
- Il t’a touché ? Tu le connais ce malade ? - Non. Je réponds à sa première question. C’est mon frère. - Ton… quoi ? Je pensais que le bourgeois c’était ton frère... Si t’aurais vu ce qu’il a fait à Jacob. Hey ! Je devine vite qu’il ne s’adresse pas à moi. Qu’est-ce tu veux ?! Hein ? Sale barjot !
Je ne comprends pas ce qui ne va pas. Je ne comprends pas sa panique, ses angoisses, sa fuite. Elle s’agit et elle s’énerve devant moi. Je reste calme, je me concentre sur ma respiration mais déjà j’entends la porte dans mon esprit à laquelle on toque. La porte reste fermée, je l’ai verrouillée mais je sais que c’est inutile. Mon invité indésiré entrera bientôt et il me dira quoi faire. Peut-être que je devrais lui ouvrir, il pourrait me conseiller, me donner des idées pour que Maggie aille mieux. En attendant elle continue de crier après moi :
─ Tais-toi ! Je t'interdis de me parler Archer ! Je t’interdis de parler de mes cheveux comme si tout était normal ! Tu n’as aucun droit de faire ça !
Confus et perdu devant ces rages qu’on exerce à mon égard, je reste planté là, les yeux suppliants et les mots qui n’osent plus franchir mes lèvres. Je veux m’excuser de la mettre dans cette état-là et la prendre dans mes bras pour la consoler.
─ S’îl-te-plait Maggie…, je souffle pitoyablement et doucement pour qu’elle me laisse l’approcher.
Je vois qu’elle tremble et j’ai une veste. Je fais un pas en avant, mes mains pour la prendre par les épaules et la réchauffer mais là encore elle me hurle de rester à l’écart. Elle se fait de plus en plus petite, elle continue de me fuir et de reculer comme un animal blessé. Des larmes commencent à couler sur mes joues et je les ai même pas senties arriver.
─ Maggie s’îl te plait, pardon pardon pardon…
Ma voix s’est abaissée, elle souffle un peu tandis que mes mains tremblent le long de mon corps. Je ne voulais pas… je ne voulais pas la mettre dans cet état-là. Je voulais qu’elle me parle de comment elle allait et ce qu’elle faisait aujourd’hui et hier. Si elle s’amusait dans ce bar avec ces gens bizarres. Si elle avait besoin d’un grand frère pour faire dégager quelques lourdaux, si elle avait besoin d’un peu de sa famille. Mais elle ne me laisse pas parler. Elle hurle et elle hurle comme si les pensées que j’avais dans la tête étaient venues lui rendre visite. Je sais qu’elles peuvent être noires mais elle comprendrait. Elle parmi tous, elle comprendrait. Je tourne sur moi-même, les larmes gonflant tes joues cherchant à voir si ses cris ont alerté les vautours. Elle est prise de folie dont je ne connais le prix.
─ Arrête Maggie, arrête, je murmure. ─ Va-t’en !, elle crie toujours, prise alors de spasmes.
Sa poitrine va lâcher avec cette peur qui la prend. Tu sens que les spasmes arrivent, que les tremblements sont déjà là. Elle est petite, en boule, couverte de ses mains sur le parking gigantesque et presque désert. On me parle alors avec quelques-unes de ces voix. Elles sont alléchantes mais je ne veux pas les entendre. Partez ! Partez, je leur dis. Partez ou je vais vous faire du mal. Mais les voix restent. Je m’écarte un peu : mes mains tremblent toujours de plus en plus fort. Elles enserrent mon crâne qui me tue. Je continue de reculer mais je les entends toujours, toujours et toujours. Ce sont les démons des gens, les démons contagieux que j’entends perpétuellement. Elles veulent du mal aux gens, elles imaginent les pires immondices, elles veulent blesser, baiser, tuer, arracher, écraser… Ce sont des animaux, des animaux sauvages et incontrôlables dans ma tête. Je sors une cigarette de la poche arrière de mon jean, l’allume et tire une bouffée. Les cicatrices me grattent, elles me démangent, elles en veulent plus. Je ne dois pas faire de mal, je ne dois pas faire de mal… Mais toutes ces voix, elles sont si noires, si ténébreuses, si… Je frissonne. Elles sont presque jolies… Elles ne mentent pas. Elles sont sauvages.
Je n’ai pas remarqué, entendu et vu la personne qui est apparue aux côtés de Maggie. J’étais distrait et aveuglé par les horreurs qu’on me présente. Mais que je me retourne elle est dans ses bras. Elle est presque perdue dedans, elle en bouge à peine. Je me suis retourné car c’est l’autre qui m’a appelé. Comme un chien il l’a fait.
─ Hey ! Qu’est-ce tu veux ?! Hein ? Sale barjot !
Je sais que mon regard est noir et que mes mains tremblent. Je la vois, moi, l’étincelle vacillante du bout de la cigarette. Je croise le regard de l’homme qui tient Maggie dans les bras. Il y a quelque chose de mauvais chez lui. De mauvaises pensées comme chez tous les autres. Il veut quelque chose de Maggie… Mais elle préfère les bras d’un mauvais que parler avec son frère. Et bouillonnant, je réclame mon dû.
─ Laisse-moi ma sœur ! Laisse-moi Maggie !!, et là je ne parle plus à lui, Arrête de courir, arrête de fuir ! Je n’ai rien fait ! Je ne t’ai rien fait ! Regarde-moi putain ! Je te parle ! Je te parle !! Entends-moi putain !
Elle se protège, elle se protège toujours, elle ne fait face à rien. Même ses sujets elle ne le regarde pas vraiment. Elle est devenu photographe putain ! Elle regarde les choses à travers une loupe et elle attrape les instants pour ne pas les confronter. Je m’avance plus près et m’arrête quelques mètres avant de foncer dans l’autre pervers.
─Dégage !
Cela me fatigue de la voir ainsi. Elle recommence à agir comme elle a toujours agit. Elle part ! Elle part tout le temps, loin ! Elle ne revient pas, elle disparait ! Elle est un fantôme pour moi Maggie ! Elle n’a pas de temps, elle ne donne pas son numéro de téléphone, elle ne vient jamais me voir. Elle reste loin, elle se fiche de moi. Elle réussit dans son coin, fait sa vie Maggie en se foutant éperdument que je vive la mienne. Ca a toujours été comme ça depuis… depuis que tout avait commencé ! Je m’agace, je me balance d’un pied sur l’autre sur place. Ca a toujours été de sa faute de toute manière, elle était celle qui avait disparu de nos vie sans rien dire. Elle avait tourné les talons et elle avait filé. Sans se retourner, sans faire un jour demi-tour.
─ T’es partie ! T’es partie Maggie ! T’as toujours cherché à filer ! Eh ben dégage ! Dégage ! Dégage putain ! Mais chez qui tu vas courir hein ? Chez qui Maggie ? Chez qui est-ce que tu es encore la bienvenue ?
La vérité c’est que vous étiez seuls. Andrews à trois, mais seuls chacun dans son coin.
─ Les gens t’ouvrent des portes parce qu’ils ont pitié de toi ! Parce qu’ils sont fiers d’avoir chez eux quelqu’un d’encore plus paumé qu’eux ! T’es qu’une paumée Maggie ! T’es un chien errant ! Et ça, ça les rassure ! Parce qu’ils peuvent tout te prendre, tu te défendras pas ! Ils peuvent te prendre ta vie, ton argent, ton temps, tes clopes… Personne n’en aura rien à foutre quand tu crèveras comme une clodo sur le bord du trottoir ! Maggie Andrews, t’es une tarée ! Quelque soit l’image que tu montres aux gens… c’est de là que tu viens et c’est là que tu finiras !!
Le monologue est monté et monté en puissance. Quand enfin je crache les derniers mots, c’est du sang qui détint sur le pavé.
AVENGEDINCHAINS
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Ven 13 Jan - 10:38
BLAME IT ON MY ADD BABY
Archer & Maggie
J’ai peur. Je m'agrippe de toutes mes forces à son pull comme si ma vie en dépendait. Je me cache, ne veux pas l’affronter. Je ne suis pas prête. Non ! Je ne suis pas prête à le regarder, à l’entendre et encore moins à lui parler. Je veux qu’il parte. Pars Archer ! Pars ! Il se rapproche, il est tout près. Il arrive. Il arrive et bientôt il me prendra dans ses filets comme il le fait toujours. Il va m’étouffer. Il se met à crier et je cache davantage mon visage dans le haut de Pete. Je le sers tellement fort que mes doigts me font mal. Mes jointures souffrent mais mon coeur lui souffre bien plus fort. Alors j’ignore cette douleur physique et préfère m'occuper de celle à l’intérieur. Si, tu m’as fait du mal Archer. Tu m’as blessée, ta propre soeur. Ton propre sang. Non c’est fini je ne veux plus t’entendre. Il s’approche encore et se rue sur nous. Dans son élan je prends peur et laisse un cri s’emparer de ma bouche. Il s’arrête juste avant de nous toucher. Il s’arrête à un mètre et nous hurle dessus. Je sais qu’il me fixe. Je sais qu’il me fusille du regard. Il est en colère et c’est ça qui me terrifie le plus. Ce n’est pas lui, ce n’est pas mon frère. Ce n’est pas le grand frère que j’ai connu quand j’étais plus jeune. Archer, qui es-tu ? Je ne me souviens plus de qui on était. Les enfants Andrews, Ezra, Archer et Maggie. Qui sommes-nous ? Qui sommes-nous vraiment ? Il crie à nouveau. Je ne veux plus l'entendre, j’en ai assez. Je veux que ça s’arrête. Je ne veux plus rien entendre. Mais le son de sa voix est trop fort, elle résonne dans ma tête. Chacun de ses mots est blessant. Il les lance comme des couteaux. Il les plantent droit dans mon coeur. Il me blesse, encore. Il ne fait que ça. Il ne sait faire que ça. Son flot de mots continuent. Il parle et crache du poison qui me ronge tout entière. il arrive à m’atteindre encore. Toujours.
Je ne le supporte plus. Je veux que ça s’arrête. Je hurle pour qu’il se taise. Je hurle pour qu’il arrête de me balancer ces horreurs. Je ne veux pas les entendres. Des larmes coulent sur mes joues et je me décide enfin à lâcher la prise que je tenait si fermement. Mes mains se plaquent contre mes oreilles, mes doigts s’enfoncent dans ma chair. Je ne veux plus rien écouter. J’attends le silence mais ça fait mal et il ne vient pas. Je l’entends toujours. Ca me fait mal et mes ongles se plantent plus profondément dans mon crâne.
- Tais-toi !
Le chagrin me broie le coeur, le comprime. Il a raison, je sais qu’il a raison. Depuis le début. tout est vrai. Je ne tiens plus sur mes jambes, mon propre corps me fait défaut et je me laisse m’écrouler. La chute est là mais pas l’impacte. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Si ! Des mains derrière mes coudes me retiennent. La colère s’empare de moi. Elle est plus forte que tout, plus forte que le chagrin.
- Lâche-moi. Lâche-moi, je n’ai pas besoin de ton aide. Je n’ai besoin de personne.
Je me redresse sur mes pieds et me libère de l’emprise qui m’entrave. Je me tourne alors vers mon frère. Les larmes continuent de s’échouer sur mes joues. L’alcool coule toujours dans mes veines et me brouille les sens. Elle me donne enfin le courage que je n’ai jamais eu. Je fais un pas dans sa direction et le pointe du doigt.
- C’est ta faute ! Archer Andrews ! Tu te crois meilleur que moi ? On est pareil Archer, on l’a toujours été et on le sera toujours. Tu crèveras sous les ponts avant moi pour c’que t’as fait !
Je suis à bout de souffle. Mon coeur tambourine au fond de ma poitrine. Mes muscles se crispent et je tremble comme une feuille. Je n’avais jamais parlé comme ça à qui que ce soit. Je n’avais jamais osé penser de tels mots. Encore moins les dire à voix haute.
- C’est de ta faute ! mes sanglots redoublent. Tout est de ta faute Archer !
Je franchis la distance qui me sépare de lui et lui rentre violemment dedans. Je le pousse de mes deux mains. J’appuie mon avant bras contre son torse et l’éloigne le plus loin possible de moi. Il recule de plusieurs pas. Je suis folle de rage à présent.
- C'est toi !! Archer c'est toi !!! T’as tout gâché !! T'as tout foutu en l’air !!
Je ne supporte plus rien. Trop de larmes, trop de cris, trop de douleur. Ca fait trop mal. Je veux que ça s’arrête. Je ne veux plus rien ressentir. Je m’éloigne de lui. Esquive Pete quand il tente de me rattraper. Je m’éloigne d’eux et je cours. Je fonce à travers le parking. J’ignore la douleur dans mes jambes, mes genoux en sang qui tirent à chaque foulée. Je veux m’en aller. Disparaître. J’avance droit devant moi, sans regarder où je vais. J’entends le crissement des pneus et relève la tête pour voir les phares de la voiture pointés vers moi. Délivrance.
Ma joue contre le sol froid me rappelle que je ne suis pas morte, pourtant je l’ai souhaité. c’est mal ? Elle ne m’a pas touché, la voiture. Elle a freiné à temps mais j’ai eu si peur. J’ai eu si peur que j’ai plongée en avant. Le trottoir m’a accueilli à bras ouverts. personne n’en aura rien à foutre quand tu crèveras comme une clodo sur le bord du trottoir Ses mots résonnent dans ta tête. Est-ce qu’il a raison ? Personne ne tient à moi dans ce bas monde ? Est-ce que je mourrais seule dans la rue ? Quelqu’un s'apercevra-t-il que je ne suis plus là ? t’es qu’une paumée maggie ! Il a peut-être raison, je suis une paumée, mais je veux vivre.
La voilà encore qui joue à la sourde, qui ne veut pas écouter ce que je dis. Elle fait l’enfant et bouche ses oreilles de ses mains. Petite petite Maggie. Petite Maggie qui n’a pas grandi, petite Maggie qui a mal grandit. Maintenant elle cherche les coupables… elle les cherche sans les trouver puisque je n’en suis pas un. Sa vie était déjà maudite avant... Je n’ai jamais rien eu à faire là-dedans. Il a suffi de laisser nos destinés dans les mains du temps et du destin pour que les chances se retournent contre nous. Nous étions déjà pourris, pourris à la naissance, entre les mauvaises mains et les mauvais conseils. J’avais agi pour rendre sa vie meilleure. La seule solution qu’il y avait ça avait été de rester ensemble. Les Andrews contre le monde, les Andrews contre la Jungle. Et elle était de retour, sortie tout droit des dessins animés qu’elle regardait enfant. Elle était Blanche Neige paumé dans la forêt. Et elle servait les Sept Nains. Elle leur léchait les pieds pour obtenir un peu plus d’argent et de pitié.
La voilà qui pleure et qui se tortille sur le sol. Elle hurle pour me faire taire mais mes paroles ont déjà heurté ses tympans et se saisissent déjà de ses pensées. Elle sait que ce que je dis est vrai. Je ne dis que ça, les quatre vérités, celles que les gens ne veulent pas entendre, ne veulent pas voir, ne veulent pas savoir, ne veulent pas se confronter. Ils passent toute leur vie à faire semblant, à ne pas dire les choses qui les dérange, les choses qui les définissent. Ils se voient beaux et grands… des géants. Ils se gâtent tous de l’intérieur, trahissant et haïssant toujours plus ce qu’ils voient dans la miroir. Parce qu’ils savent qu’ils ne pourront pas changer ce qu’ils sont. Ces hommes maudits, maudits à vivre, à être conscient de tout sauf de l’horloge qui bourdonne pourtant dans leurs oreilles. Regardez le cet idiot qui la sert dans ses bras. Il espère en tirer quelque chose plus tard, il est perdu dans ce qu’on raconte, mais il reste là. Il aurait pu fuir en voyant les œuvres d’art brisées et inachevées que nous étions mais il reste planté là. Il veut quelque chose et il sait qu’en restant il l’obtiendra. On était tous des putes, on vendait juste des parties différentes de nous-mêmes.
A chaque fois qu’elle me dit de me taire, je crie son nom. Je le crie toujours plus fort, toujours différemment. D’abord comme le chuchotement du vent, comme on déclame un texte de tragédie, comme on fait ses adieux… Des larmes de rages coulent sur ma mâchoire crispée et je les essuies d’un revers de poing. Elle me fait pleurer putain. Et ça fait du bien. C’est une nouvelle façon de faire taire les démons, c’est une nouvelle manière de faire fuir la douleur. Une qui est pourtant plus honteuse que la lame d’un rasoir…
─ Maggie… Maggie ! Un jour tu m’écouteras ! Un jour tu oublieras ! Nous serions les enfants que nous étions !
Finalement, elle se redresse. Elle ne me lance plus des regards à travers les bras de l’autre pervers, elle décide de me faire face d’elle-même. Elle chancèle comme le font les faons et je souris à ce signe de faiblesse. Elle était si perdue que son propre corps la rejetait. Elle était si déconnectée de qui elle était qu’il ne la reconnaissait plus, ne lui obéissait plus. Mais que lui avaient-ils fait ? Qu’avaient-ils fait à Maggie ? Ils l’avaient pourrie, ils l’avaient spolié, ils l’avaient utilisé et ils l’avaient laissé… Ils l’avaient laissé croire à ce qu’ils racontaient. Face à un miroir elle aurait été une autre. Mais face à eux elle était demie. Ils avaient le corps, ils n’avaient pas qui elle était. Ça, elle en avait honte, elle le gardait caché. Qu’avaient-ils fait de Maggie ? Mais pour une fois elle ne fuit pas. Elle avance, elle se rapproche de moi et elle crache. Elle crache ses boyaux, elle crache des vérités qu’elle a enfin comprises.
- C’est ta faute ! Archer Andrew ! Tu te crois meilleur que moi ? On est pareil Archer, on l’a toujours été et on le sera toujours. Tu crèveras sous les ponts avant moi pour c’que t’as fait !
Elle se défend la Maggie. Elle gesticule, elle est faible mais elle a assez de cran pour sortir quelque chose d’entre ses dents.
─ Oui on est pareils ! On est les monstres du docteur Frankenstein ! La différence c’est que je ne vends pas les parts de mon âme en pensant que je pourrais être meilleur. Je ne me cache pas devant les gens ! Je sais que je suis une anomalie, je sais que les gens me regardent avec des yeux fous. Je sais que les femmes changent leur serrure une fois qu’elles m’ont invité chez elle. Je sais que je suis un monstre. Et je sais que tu l’es aussi !
Elles continuent à m’accuser. Et je continue à secouer la tête.
─ Je n’ai rien fait ! Rien ! Tu es celle qui est partie ! Il y a eu Maman, il y a eu Grim, il y a eu Ezra et puis il y a eu toi ! Vous êtes tous partis ! Un à un vous avez disparus, vous avez fait les égoïstes ! Tu as couru ! Tu es partie en courant et tu n’es JAMAIS revenue ! Tu ne peux que te blâmer pour ce qui t’arrives ! ─ C'est toi !! Archer c'est toi !!! T’as tout gâché !! T'as tout foutu en l’air !! ─ Non, non NON !!!! Arrête de mentir !! Arrête !!
Elle s’avance toujours plus fort, heurtant les parties de mon corps qu’elle peut atteindre. D’un geste brutal, je l’écarte de moi, sentant mes mains perdre leur contrôle. Elles tremblent, ma tête tremble, mon cœur se noircit. Je suis la colère qui gronde, ce sentiment d’adrénaline, de puissance et de force. Mes poings se referment sur eux-mêmes. Je ne sais ce qui va se passer mais je sens que j’ai besoin de faire mal. Il faut qu’elle comprenne, il faut qu’elle ouvre les yeux et qu’elle me croit. Je ne suis responsable de rien, je ne suis pas fautif, je n’ai rien fait. Je … Je sens mes pensées qui s’embrouillent, je ne peux pas me souvenir. Des larmes coulent sur mes joues et elles sont aussi brûlantes que la lave d’un volcan. Je ne peux pas la laisser s’en aller avec ça, je ne peux pas la laisser gagner et lui faire croire qu’elle a raison. Quand Maggie se met à courir, c’est comme un jeu de chat et souris qui commence. Je lui laisse quelques secondes d’avance avant de la poursuivre. Je m’élance de toutes mes forces entre les voitures garées, sentant mes poumons rugir de douleur à cet effort soudain. L’ivresse du prédateur monte rapidement.
Puis le corps de Maggie s’illumine. Elle est prise par les phares d’une voiture et semble attendre son sort. M’arrêtant aussitôt, je hurle son nom de toutes mes forces, soudain éveillé par la peur immédiate qu’elle finisse ainsi. Mais la voiture freine tandis que son corps de squelette rencontre le pavé. Je me précipite en avant et la regarde de haut pendant quelques secondes. Elle est sous les phares, à moitié illuminée, à moitié endormie. Je pense que ce serait une photo qu’elle aimerait prendre. Si elle était là à ta place, elle profiterait de l’occasion. Je penche ma tête d’un côté, de l’autre, je regarde les angles. Elle est belle dans sa détresse, dans son peu de repère et dans son envergure de frayeur. Elle a frôlé la mort et mon besoin de souffrance est comblé. Je m’accroupis à côté du corps pour examiner la bosser qu’elle va avoir sur le coin de la tête. Je la prends dans mes bras. Le poids est inégalement réparti, aléatoirement soulevé. Ça n’a même pas l’air confortable. Transportation de fortune et malchance qui va avec. Elle n’a pas l’air d’aimer ça et moi ça me fait sourire. Je chuchote...
─ Ce n’est pas fini, tu n’en as pas fini… Reste ici Maggie, reste avec moi.
Je commence à marcher, rencontrant l’ami en route. Il tend les bras prêt à prendre la charge de Maggie. Tu ris jaune et le regarde d’un œil mauvais.
─ Tu voulais la violer… Tu voulais lui faire mal…. Il y a une pause, il tente de s’expliquer. La seule chose qui m’empêche de venir te fracasser le crâne pour l’instant c’est elle… Mais je ne suis pas toujours aussi occupé. Ce soir par exemple quand je t’aurais suivi jusque chez toi peut-être que…
Je haussais les épaules, juste pour ajouter un peu plus d’effet aux horreurs que j’aimais raconter et à la réaction que cela lui donna. Je laissais échapper un rire jaune, un rire qu’on savait dangereux. L’homme
─ Peut-être qu’on te retrouvera… peut-être que tu disparaîtras. Je suis le maître de ce petit jeu-là.
Je lui fis un nouveau haussement d’épaules et partis dans l’obscurité de la nuit, tenant toujours Maggie entre mes bras. Je ne connaissais pas la destination de cette marche nocturne mais il n’y avait pas plus à voir là où nous étions. La ville nous appartenait à nous, Andrews et Animaux Anormaux.
AVENGEDINCHAINS
Invité
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Mer 25 Jan - 9:33
BLAME IT ON MY ADD BABY
Archer & Maggie
Comment peut-il me dire ces horreurs ? Comment peut-il oser me les balancer en pleine figure. Je ne suis pas comme lui, non, je ne suis pas le monstre qu’il est devenu. Il est devenu un monstre le jour où… Ses mains sur mon cou. J’ai l’impression de les sentir encore et encore. C’est comme un film sans fin. Un cauchemar duquel je n’arrive pas à me réveiller. Ma gorge se serre et j’ai l’impression de sentir ses mains posées sur la peau de mon cou. Il est là, prêt à recommencer. Je ne suis pas un monstre. Non, c’est lui. J’ai un frisson quand il parle de maman et détourne la tête quand il prononce son nom. Pas lui. Tout sauf lui !
- STOP !
Je hurle mais ça ne l’arrête pas. Je ne l’écoute plus. Mes pensées sont bloquées sur son nom. Grim. Papa... Pourquoi ?! Une fois de plus tout ce que j’avais pris soin d’établir venait de s'effondrer. Mon magnifique mur entre mes souvenir et moi. Entre la réalité et ce que je voulais voir. Archer et mon défunt de paternel. Son souvenir sera toujours là pour me hanter tant que mon frère sera le reflet de ses démons. Il est tellement… lui. Il a le même sourire en biais, la même expression de douleur marquée sur son visage. Il est lui. Mon cauchemar prend vie sous mes yeux. Je ne supporte plus de le voir, de l’entendre. Je veux disparaître, m’enfuir loin de sa présence. Je veux oublier qu’il est mon frère, oublier nos ressemblances. C’est trop pour moi. J’ose finalement me retourner contre lui. Je le frappe, le pousse de toutes mes forces. Qu’il s’en aille ! Qu’il parte où qu’il me montre qu’il est aussi pourri que je l’imagine. Ma tête tourne et mes larmes déforment ma vision. Je fuis. Je cours aussi vite que mes jambes me le permettent et je sais qu’il me suit. Il est juste derrière moi et il va m’attraper. Ses serres vont se resserrer contre moi et je ne pourrais plus rien faire. La route - les phares. J’entends un cri, le mien ? Mon nom. Je ne sais plus ce qui se passe. Mes oreilles sifflent comme si j’étais sonnée. Je me réveille doucement et réalise que je suis allongée sur le sol. La voiture ne m’a pas heurtée mais j’ai plongé. Oui j’ai plongé ! Et ma tête me fait mal. Une ombre plane sur moi. Il est là. C’est lui. Des bras me rattrapent et mon corps s’éloigne du sol. Ma tête me fait mal. Le mélange de l’alcool et du choc est insupportable. Je sens les battements de mon coeur dans mes tempes. Il me tient. Je sais que c’est lui. Je tente de me débattre et lâche quelques gémissements de protestations mais sa poigne se referme sur moi et sa voix s’élève dans l’air.
- Non, lâche moi.
Ma voix n’est qu’un murmure. Un doux chuchotement que son rire couvre bien. Mon sang se glace dans mes veines. Que va-t-il faire de moi ? Mon pauvre corps se met à trembler tandis qu’il continue de marcher. Je l’entends rire à nouveau, parler mais tout semble étouffer. Comme si j’écoutais derrière une vitre ce qui se passait. Où suis-je vraiment ? J’ai peur. J’ai besoin d’aide. Mon coeur se serre quand je songe à Ezra ou Gabriel. Aidez-moi. Ne me laissez pas avec Archer. Non, s’il-vous plaît. Ne le laissez pas m'emmener. Un sanglot vient secouer ma poitrine. Mon frère. Archer, pourquoi tu m’as fait du mal ? Pourquoi tu veux me faire du mal. Ma tête est toujours douloureuse et j’ouvre les yeux. Je vois le sol et ses pieds. Il les pose l’un après l’autre et avance. Il ne fait qu’avancer même quand je me débats. Il se contente de resserrer sa prise et avance toujours. Le calme semble être revenu autour de nous. Je ne vois plus le parking, ni le bar. Et encore moins Pete. Tout a disparu. Il n’y a que lui, moi et la nuit. Immobile, soumise, je me laisse faire. Les larmes s’échappent toujours discrètement de mes yeux et j’en vois certaine s’écraser sous le sol. Est-ce ça que je suis supposer faire durant toute ma vie ? Subir ? Subir et ne jamais agir ? Non. Je n’ai pas envie d’être cette fille-là. Je n’ai plus envie de fuir mes problèmes, de me laisser faire et de m’empêcher de vivre pour des actes qui ne sont pas les miens. Je recommence à me débattre, je m’agite bien plus fort qu’avant. Comme si, finalement je n’avais pas voulu m’échapper de ses bras. Comme si, malgré tout j’étais bien près de mon frère. C’est terminé. Il n’a pas le droit de tout me mettre sur le dos. Je bouge mes jambes, faisant vaciller mon poids pour qu’il se décide enfin à me libérer. Je le repousse de mes bras en même temps. Finalement sa prise se desserre et mes jambes retrouvent leur liberté. Mes pieds touchent le sol dur et je titube légèrement, pas tout à fait stable. Il me tient toujours, un bras passé derrière mon dos mais je me recule rapidement jusqu’à ce que mon dos heurte un mur. Rapidement j’observe ce qui nous entoure. C’est une ruelle. Du genre pas commode. Des bennes à ordures se trouvent plusieurs mètres plus loin et elle est étroite et déserte. Je peux voir tout au bu le début d’une rue plus large, plus vivante. Et Archer est en face de moi. Je ne fuis plus… Maggie tu ne fuis plus !
- Tu n’as aucun droit sur moi Archer. T’es plus mon frère ! Ce n’est pas moi qui ai fui, c’est toi qui nous as fuis avec Ezra !
Même si mon coeur bat à un rythme irrégulier mes paroles sont calmes. Je respire doucement avant de reprendre la parole. Je veux être calme pour être sûre de pouvoir l’affronter.
- C’est toi qui as changé. C’est toi qui nous as tourné le dos. T’as changé Archer ! C’est toi qui m’as fait fuir ! T’es comme lui putain !
Cette fois le ton de ma voix change. Il était pourtant calme, mais cracher ce que j’ai sur le coeur est une telle délivrance que je me sens obligé de le hurler.
- T’es comme papa ! Tu te fourvoies. Comment t’as pu lever la main sur moi Archer ? Comment t’as pu me toucher ! Comme lui !
Les émotions reprennent le dessus et ton coeur s’écrase sous le poids de tes mots. Cette peine, cette atroce douleur que je traîne depuis des mois. J’ai enfin réussi à la dire de vive voix. Et ça fait mal. C’est douloureux au point que ma respiration s’écourte. Les larmes redoublent d’intensité et je tente de les essuyer d’une main tremblante.
- T’es mon frère putain ! T’aurais jamais du me faire du mal. T’aurais jamais dû t’en prendre à moi comme à cette pauvre fille, Carrie.
L’asphalte rencontre la plante de mes pieds comme une vieille amie. Les lampadaires ouvrent la route telle des gros chênes à l’orée d’une forêt hantée et laissent passer ma carcasse avec loyauté. La ville la nuit est mon terrain de jeu. J’avance pas à pas à travers les chemins tous tracés des ciments, ouvert aux ténèbres, spectre sombre sous les phares des rares voitures. Je sens que le corps que je transporte dans mes bras maigres gigotent et tentent de se libérer. Elle lutte un peu, étouffe un sanglot avant de lâcher prise. Jetant à peine un regard à ses larmes, je n’y fais pas plus attention ; je continue mon pèlerinage du vide, mettant loin derrière nous le bar et toutes ces personnes qui ne voulaient que du mal à Maggie. Maggie qui a peut-être enfin retrouvé la raison : celle qui la reliait à moi, celle qui nous mettait dans des catégories de monstres et d’exclus de la société. Nous n’étions pas comme eux. Nous étions mieux. Nous étions au-dessus : sans peur des conséquences, sans scrupules pour les règles, à nous battre les couilles des mœurs et des morales. A jouer les déviants et les différends. A chercher un but à la vie sans jamais le trouver parce que celle-ci n’avait rien fait de plus que nous cracher dessus depuis le début.
Mais c’est pourtant cette vie que semble regretter ma Maggie. Elle laisse des larmes brouiller ses joues et s’écraser le long de ses cheveux. Certaines viennent graver le macadam tandis que mes pas continue leur cadence à travers les lumières sombres de cette partie de la ville. La destination n’est plus très loin. Là-bas elle sera en sécurité. Au moins pour cette nuit… Vous pourriez parler, vous expliquez des choses que tu n’avais pas voulues, pas faîtes, pas pensées. Mais soudain, dans mes bras, elle s’agite, elle gigote. Je la sers plus fort contre mon torse, tentant de la maîtriser et de ne pas la faire tomber par terre. Elle va se faire encore mal. Elle va être encore blessée. Et ce sera de ma faute et je ne veux pas ça. Je veux pouvoir la protéger un peu plus longtemps de tous ces monstres normaux que l’ont croisait en ville, de tous ces regards de mépris et de dégout. De ces gens qui étaient malade de la vie mais qui n’étaient pas conscients de leurs symptômes.
─ reste avec moi maggie. Ne pars pas…
Elle se tort, fait obstruction, me repousse avec force et conviction pour que je m’écarte et que je la libère de la cage de mes bras. Elle retombe finalement sur ses jambes, titube comme un nouveau-né. Lui offrant mon bras pour la soutenir, elle s’en dégage violemment refusant l’aide. Je la regarde alors faire, reprendre ses esprits, son visage refaçonnant une expression de combat et de vivacité. Si seulement elle pouvait bien croire à cela. Mais à mesure que je la dévisage il n’y a que ça que je vois : qu’une coque vide menée par la pagaille. Elle joue à la forte pour que le monde veuille bien y croire mais à l’intérieur, elle est aussi pourrie que toi. Elle fleurit des plantes carnivores et se pavoise de ronces pour ceux qui tenteraient de l’approcher. Je la regarde à mesure que la peur et l’incertitude grandit dans ses yeux. C’est la détresse qui la remet sur pied. Une détresse dont tu t’assouvies à mesure qu’elle nuit ses grands yeux et ses lèvres pincées. Les bras le long du corps, passif, ne présentant aucune menace, je me tiens là, devant elle. Je ne fais que la regarder, peser sur ses épaules avec mes yeux noirs et mes pensées sourdes.
- Tu n’as aucun droit sur moi Archer. T’es plus mon frère ! Ce n’est pas moi qui ai fui, c’est toi qui nous as fuis avec Ezra ! - tu remets ça ?, je dis simplement d’un ton dur et froid.
Le rythme de mon cœur est lent, je compte dans ma tête les nombres jusqu’à 10 avant de recommencer.
─ tu ne peux pas décider de cela… ton sang et le mien, ce sont les mêmes. On est liés, t’y pourras rien Maggie. Même en te taillant les veines. C’est pas faute d’avoir essayé…
La phrase se termine mais déjà Maggie a prévu la suite. Ses paroles s’écoulent car un verre de vodka bu cul sec. Ca brûle un peu, c’est sec, ça allume un brasier dans la gorge mais les effets sont agréables. C’est la dernière phrase qui me fait cligner des yeux.
─ T’es comme lui putain ! T’es comme papa ! Tu te fourvoies. Comment t’as pu lever la main sur moi Archer ? Comment t’as pu me toucher ! Comme lui !
C’était faux. Je n’étais pas comme lui, pas comme Grim. Je secoue la tête, la mâchoire crispée, les poings serrés. La chair de poule hérisse les poils de mes bras… Elle ne pouvait pas me comparer à lui. Parce que lui n’avait jamais rien été, il n’avait jamais vraiment existé. Il était mort comme il avait vécu : dans des circonstances douteuses. Je secoue la tête à l’accusation, mes poings tremblants et les yeux vitreux d’un chagrin que je ne peux contrôler. Je refuse la comparaison… Je ne peux pas être comme lui…
─ je ne peux pas être comme lui. Je n’ai rien fait pour être comme lui.
Alors elle évoque quelque chose. Un souvenir qui n’appartient plus à ma mémoire, qui n’est pas de moi. Il s'agit sans doute d’un film, d’un film que j’ai vu il y a très longtemps. Le scénario ne m’est plus familier…
─ Je ne sais pas de quoi tu parles… Non, je ne sais pas. Je n’ai pas fait ce que tu dis là. Pourquoi est-ce que j’aurais fait ça Maggie ? Pourquoi ?
Je hausse les épaules, la regarde avec beaucoup de sincérité et d’innocence dans le visage. Je me rapproche d’un pas, cherche sa main. La voix est suppliante et mes yeux noyés de larmes silencieuses laissent déversés leur incompréhension.
─ Pourquoi tu m’accuses de choses que je n’ai pas faîte ?
Je secoue la tête, faisant tomber quelques mèches de cheveux sur mon front.
─ Ça ne peut pas être moi. Regarde Maggie, depuis le début je n’ai pas voulu te faire mal, je n’ai pas voulu te blesser. C’est toi… toi et tes mots tranchants et ta voix gacial et froide et tes yeux qui veut me faire du mal. Je ne sais pas Maggie. C’est toi qui veux me blesser, pas moi. Je t’ai sauvé Maggie, je t’ai sauvé de Grim, des autres, de l’orphelinat, de la voiture de ce soir, de cet homme qui te voulait du mal… Tu crois vraiment que je pourrais faire ça ?
Je nie toujours, incapable de me contenir et de contenir le mal qui s’est emparé de ma tête.
─ Tu ne peux pas le penser sincèrement.
Je m’écarte même contre un mur et m’y glisse jusqu’au sol laissant à Maggie le champ libre si elle veut filer. Je suis toujours confus et persuadé innocent. Les joues humides des larmes qui ont coulé, je continue :
─ De nous deux, tu es celle qui ressemble le plus à Grim. Tu vas encore partir, tu vas encore m’accuser d’être un échec, tu vas de nouveau me laisser tout seul alors que je n’ai rien fait et tu ne voudras pas m’aider à aller mieux… Tu vas partir et tu ne reviendras plus…
AVENGEDINCHAINS
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Jeu 16 Fév - 19:20
BLAME IT ON MY ADD BABY
Archer & Maggie
Mon frère. Est-ce que je peux vraiment encore le qualifier de la sorte ? Après ce qui s’est passé est-ce qu’il mérite encore le titre de grand frère ? Mon coeur se serre car il le restera toujours même si je cherche à l’éloigner de moi. Il sera toujours une part de moi. Une part de ma personne qui ne tient qu’à l’aide des autres morceaux manquants. Ezra en est un. Ezra qui n’a pas hésité à tout sacrifier pour nous. L’un en face de l’autre un temps s’écoule, semblant durer une éternité. Je le fixe en silence et il en fait de même de ses yeux sombres. Je trouve finalement le courage de l’affronter au fond de moi et les mots s’échappent facilement de mes lèvres tremblantes. Sa première réponse, froide et lente me refroidit quelque peu. J’hésite à poursuivre mais me décide rapidement malgré les allusions à notre sang identique et au fait de se taillader les veines. Il a besoin d’ouvrir les yeux. De se voir comme le monde le fait. De comprendre qu’il suit les traces du paternel et que c’est pour ça que je l’ai tenue à distance.
- je ne sais pas de quoi tu parles… non, je ne sais pas. je n’ai pas fait ce que tu dis là. pourquoi est-ce que j’aurais fait ça maggie ? pourquoi ?
Je fronce les sourcils et reste vraiment perplexe face à sa réaction. Il semble vraiment innocent et ça ne ressemble pas à l’un de ses jeux. Je suis perdue à mon tour. Comment as-t-il put faire abstraction de ça ? Comment as-t-il fait pour oublier ? C’est injuste ! Ce moment restera marqué à jamais dans ma mémoire. Il est trop brutal et bien trop traumatisant pour qu’il disparaisse aussi facilement. Je m’en souviendrais jusqu’à la fin de mes jours et lui l’a juste… oublié ? Quand il insinue que je mens, c’en est trop. Je sens la colère bouillonner en moi. Je serre les poings si fort que mes ongles entrent dans ma chair au niveau de mes paumes.
- Arrête Archer, arrête !
Je commence par hurler mais il reprend la parole. Il ment. Il ment ! Ce n’est pas possible ! Il recommence avec sa voix, ses accusations et ses mensonges. Encore et toujours il ment. Il se ment à lui-même.
- Tu m’as pas sauvé Archer ! C’est toi qui m’as enfoncé ! Tu m’as fait ça !
Je me désigne de mes deux mains, les larmes commençant à noyer mes joues. Le tabac, l’alcool... L’enfance n’avait pas aidé mais c’est certainement pas lui qui m’avait tiré vers le haut. Oh non. Il a toujours été cette ancre qui me tirait vers le fond, m’entrainant le plus loin possible vers le bas. Je ne veux pas sombrer. Je veux me battre et devenir quelqu’un de bien. Pour Ezra. Pour lui montrer qu’il avait raison de croire en moi. Qu’il avait raison depuis toujours.
- Arrête, arrête !! C’est toi qui m’as rendu comme ça ! Tu m’as fait du mal Archer ! Tu l’as fait. Tu l’as déjà fait et tu vas recommencer ! Je te connais. T’es pourri de l’intérieur ! T’es comme papa j’te le dis ! T’es pourri.
Il s’avance d’un pas, ses yeux également noyés sous les larmes. J’avance mon bras et mon doigt accusateur vers lui pour l’empêcher de faire un pas de plus.
- Bien sûre que je le pense !
Il se recule jusqu’à percuter la surface dur du mur. Puis il se laisse glisser jusqu’au sol. Je vois son visage tiraillé par la peine et les larmes. Je vois même l’éclat d'innocence dans ses yeux. Comment est-ce possible que ce soit la même personne qui se soit jetée sur moi il y a des mois en arrière ? J’en viens à hésiter sur mes mots. Je n’avais pourtant pas rêvé. Je sens encore ses mains autour de mon cou et rien que d’y penser j’ai un frisson et mon coeur s’affole. Mais alors que je suis perdue dans mes cauchemars, sa voix s’élève à nouveau me faisant sursauter dans la pénombre. Je titube sous le poids de ses mots. Je n’ai jamais été comme lui, Grim. Jamais. Je n’aurais jamais levé la main sur les gens que j’aime… mais est-ce que je leur avais tout de même fait du mal ? Je l’ai abandonné ? Est-ce que je l’ai abandonné ? Non je n’avais pas fait ça. C’est lui qui m’y avait poussé et je ne m’étais pas battue. Je ne m’étais pas battue pour lui car il me faisait trop peur. J’avais… j’ai trop peur de lui et de ce qu’il pourrait me faire.
- Tu vis dans le déni. Je suis peut-être une paumée comme tu l’as dit, mais moi je sais faire face à mes erreurs. T’as levé la main sur moi Archer et je te laisserais plus jamais faire.
Maggie: #6D397A
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