Pour une fois, je n'étais pas arrivé en retard ce matin. J'étais même arrivé pile à l'heure, chose qui devenait de plus en plus rare en ce moment. Peut-être parce que je me couchais de plus en plus tard ou parce que mes pensées, bien souvent, m'empêchais de dormir ou me réveillais en plein milieu de la nuit. Et puis, depuis que Jake, mon grand frère, avait été mis en quarantaine, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour lui. Même si je savais que ce n'était que temporaire. Du moins, je l'espérais. En fait, j'essayais de ne pas trop y penser.

Trop de gens avaient été touché lors de la prise d'otage. Tellement de gens que je ne pouvais même plus les compter sur les doigts de la main. Maggie aussi était mise en quarantaine tant qu'à Albert, il était toujours dans un état critique d'après les dernière nouvelles. Sur le chemin de l'université, je soupirais. J'avais décidé de garder espoir, coûte que coûte. Parce que cela ne servait à rien de ruminer. Ça ne faisais pas avancer les choses, ni aider qui que ce soit. L'espoir était bien souvent plus fort que la rumination. C'était pour cette raison que je gardais à tout moment, ma bonne humeur et mon entrain.

C'est donc le sourire aux lèvres que j'assistais à l'un de mes premiers cours de la journée. L'histoire de l'art. Il était tenu par une jeune femme, du nom de Mademoiselle Gapdottir. Elle était aussi archéologue et rien que pour ça, je la trouvais déjà  très cool. D'ailleurs, j'aimais bien son cours. Cela changeait un peu de la peinture ou de la sculpture, bien que j'en avais fais ma spécialité. Je l'écoutais donc nous expliquer ce qu'elle allait nous apprendre ce semestre, en prenant quelques notes histoire de ne rien oublier.

Celle qui m'intéressait le plus était l'art de l’Égypte antique. Car cette époque m'avait toujours fasciné. Elle était de loin, du moins à mes yeux, la plus mystérieuse et la plus captivante de toutes. Les pharaons, les hiéroglyphes, cette façon, presque minutieuse et parfaite, de créer à partir de rien. Il suffisait de voir les pyramides. Elles étaient somptueuses, majestueuses, avec toute sa complexité qui en faisait des monuments funéraires uniques.  Bref, ça promettait d'être palpitant.

Tandis que le cours se terminait, je décidais d'aller voir la prof, afin d'en apprendre plus à ce sujet. Pendant que mes autres camarades sortaient de classe, dans un brouhaha habituel, je rangeais en hâte mes affaires et marchait en direction de la jeune femme, m'immobilisant enfin à quelques pas de son bureau.
- Excusez-moi, dis-je timidement en levant la main pour qu'elle me remarque. J'aurai une question à vous poser. Quand nous verrons l'art de l’Égypte Antique? Parce que j'avoue être plutôt fana de cette période et j'ai vraiment hâte que vous nous en parliez.

Tandis que la professeur me répondait, je l'écoutais avec la plus grande attention. Dans un mois, c'était un peu long mais j'étais prête à attendre. Ça paraissait logique qu'on débute par le commencement de tout. Même si j'avouais ne pas connaitre grand chose concernant la préhistoire. Au moins, j'apprendrais de nouveaux trucs. Ce n'était pas plus mal. C'était toujours sympathique de s'instruire, même si certaines choses rentraient plus que d'autres. Les mathématiques par exemple. Encore heureux, après le lycée, je n'avais plus eu besoin de me torturer la tête avec ça. Résoudre une équation, non merci. Ça ne me manquait absolument pas. Je préférais largement l'art et les sculptures dont j'avais fais ma spécialité.

Mais bref, passons, là n'était pas le sujet. C'était avec un grand sourire aux lèvres que j’accueillis la nouvelle, concernant les quatre cours qui tourneront spécialement autour de l’Égypte Antique.
- Je n'en doute pas une seconde, m'exclamais-je. J'ai déjà hâte d'y être.

Quand elle m'avoua adorer la civilisation Égyptienne, je ne pu m'empêcher de me poser d'autres questions. Était-elle déjà y aller? Avait-elle trouvée des reliques, cachées au plus profond des pyramides ou près des décombres? Comment s'était là-bas, en Égypte? Je n'avais encore jamais eu l'occasion de voyager et j'avais très envie d'en connaitre tout les détails. D'ailleurs, quand elle me parla de la tombe de Nefertari, grande épouse royale de Ramsès II, puis de Toutankhamon, mes yeux papillonnèrent. Tant d'images commençaient à naitre dans mon esprit. J'avais l'impression, rien que de l'écouter, qu'elle m’emmenait en plein cœur de l'histoire, me donnant même quelques idées de sculptures pour mon cours de demain.
- Bien évidemment ! On dis que la tombe de la Reine Nefertari est une des plus belle d’Égypte. Tant qu'à Toutankhamon, qui n'en a jamais entendu parler. Mais êtes-vous déjà allé? Là-bas je veux dire. Avez-vous fait des fouilles et tout?

Je soupirais, me laissant aller à mes rêveries.
- Ça doit être tellement bien, d'avoir l'impression de revivre à cette époque et de reconstituer l'histoire. Enfin....

Je me redressais, baissant légèrement la tête. C'était un de mes principaux défauts ça : de ne pas savoir m'arrêter quand un sujet m'intéressait grandement. Je fis donc une légère grimace, m'empressant de rajouter, les yeux désormais fixés sur le sol :
- Je vous embête peut-être avec toutes mes questions. Je suis parfois un peu trop curieuse.

Quand Mademoiselle Gapdottir m'assura que ça ne la gênait pas d'en parler, je relevais la tête, rassurée. Heureusement, j'avais quelques heures de libre. Je n'avais pas de cours après celui-là, me laissant tout le loisir d'échanger avec elle. D'ailleurs, elle m'avoua y être allé une fois, en voyage d'université. Elle avait eu la chance de voir les pyramides, le musée du Caire, les temples et toutes les merveilles qu'abritait l’Égypte. Même si elle n'avait pas eu le droit de toucher aux reliques, par son statut d'étudiant, je trouvais cela vraiment cool et je ne pouvais m'empêcher de l'envier, en imaginant toutes les aventures qu'elle avait dû vivre là-bas.
- J'imagine bien, dis-je, un sourire rêveur au coin des lèvres. C'est vrai que ça doit être ultra sécurisé.

D'autant plus que ça devenait de plus en plus tendu là-bas, pour divers raison pas toujours agréables.

Tandis que la professeur me demandait maintenant ce que je préférais chez les anciens Égyptiens, je pris quelques secondes de réflexions. Tellement de choses en fait... Entre les pyramides qui dégageaient un certain mystère, les dieux vénérés et les histoires qui englobaient cette civilisation, peu de chose me laissait de marbre. J'étais curieuse de tout. C'est pourquoi, je répondis après un instant d'hésitation.
- Il y a beaucoup de chose qui me fascines chez eux. L'histoire des pharaons est une véritable mine d'or. On a l'impression qu'ils étaient beaucoup plus avancé que nous. En architecture surtout. Il suffit de voir les pyramides. Elles sont tellement... parfaites. Parfois on se demande comment ils ont pu réussir à les bâtir avec simplement quelques outils.

Je marquais un silence, reprenant de plus belle :
- Et puis, j'aime beaucoup aussi leurs dieux. Chacun sont fascinants et ont une véritable histoire. Pour les rois et reines, j'avoue adorer plus particulièrement Néfertiti. Non seulement, elle était très belle mais en plus, ça avait l'air d'être une femme qui savait se faire écouter.

Elle avait marqué l'histoire. Et puis, en parlant d'elle, on ne pouvait s'empêcher de voir son visage immortalisé dans les splendides bustes du Caire et de Berlin, œuvres du sculpteur Djéhoutymès. Bon, j'avoue avoir mis du temps à retenir son nom mais j'avais lu plusieurs choses à son sujet.
- Sinon, je ne pourrai pas vraiment choisir de lieu précis. Me connaissant, je voudrais certainement à être plusieurs endroits en même temps. Si, peut-être les trois pyramides de Gizeh. Au moins les voir une fois dans ma vie.

"Oui, mais on est pas aussi en danger qu'on le croit là bas... En fait ce sont les trésors archéologiques que l'on protège de nous. Vous pensez...Des étudiants inexpérimentés pour la plupart, encore un peu maladroit et peu minutieux...A les entendre Ramsès dévastant la Syrie était moins dangereux que nous pour les objets antiques."

Vu sous cet angle, il était vrai que laisser des étudiants avec de vieilles reliques, n'était peut-être pas l'idée du siècle. Il suffisait que l'un d'eux face une connerie, pour voir toute une "histoire" s'évaporer. Non pas qu'ils étaient tous de grands maladroits, susceptibles de tout casser mais quand même. Je pouvais aussi comprendre la réticence des archéologues plus expérimentés et engagés, à laisser de tels objets aux mains de jeunes débutants.

Un sourire amusé éclaira mon visage. J'imaginais une scène incluant un jeune de mon âge, en train de triturer une vieille statue, sous l’œil complètement paniqué d'un professionnel. Il suffisait d'un geste, d'un petit moment d’inattention pour qu'un drame survint, dévastant des années de travail. Oui,  en voyant l'envers du décor, je comprenais maintenant leur point de vue.
- En même temps, c'est vrai qu'il y a de quoi flipper. Un faux mouvement et pouf ! Une vieille relique datant de plusieurs siècles qui part en fumée. Ce genre de situation doit être plus que stressante.

Déjà que ça devenait assez difficile de les préserver. Entre les pillages et tout, la moindre bêtise pouvait se transformer en tragédie.

Tandis que la professeur exposait maintenant l'idée qu'un archéologue aurait peut-être découvert d'autres chambres secrètes, renfermant entre autre le corps de Néfertiti, j'écarquillais les yeux, émerveillée par cette nouvelle. Ça serait tellement génial. C'était dingue d'imaginer qu'on puisse encore trouver dans les tombes, d'autres secrets enfouis depuis des siècles. J’entrouvris légèrement la bouche, ne pouvant m'empêcher de sortir un "oh", avant de poursuivre d'une voix agitée :
- En effet, ça serait trop cool ! Mais es-ce que les recherches ont déjà commencé? Comment l'archéologue en est venu à cette hypothèse? A-t-il découvert autre chose?

Oui, ça faisait beaucoup de question à la fois. Je marquais un silence, reprenant mon souffle. Pendant ce temps, Mademoiselle Gapdottir souligna que dans un voyage, on pouvait tout visiter, à condition de s'en donner les moyens. Personnellement, je trouvais ça dommage d'aller en Égypte, juste pour se pavaner au soleil, sans rien voir au dehors. Spa, hôtel, on en avait déjà ici. À quoi servait de feignasser sur un transit ou d'aller piquer une tête dans la piscine alors qu'on se trouvait à l'étranger, loin de notre quotidien habituel. C'était même un peu stupide. Je concevais que certains voyageaient pour se reposer mais quand même. Autant, dans ce cas, aller à la compagne. J'avais beau avoir des parents extrêmement riches, je ne concevais pas qu'on puisse partir sur un autre continent, sans en profiter pour apprendre et voir autre chose que notre propre nombril.
- A quoi ça sert de voyager dans ce cas si c'est pour rester dans un hôtel? C'est un peu inutile je trouve. En tout cas, tout ça me donne vraiment envie d'y aller. Peut-être qu'un jour, j'organiserais un voyage et je partirais d'ici pour faire comme vous et Agatha Christie: découvrir l’Égypte sur le Nil.

Enfin, pour le moment, ça allait être un peu compliqué. Déjà d'un, il fallait convaincre mes parents et de deux, je ne pouvais pas partir sans avoir fini mes études avant, sans parler de ma fratrie qui me manquerait beaucoup trop si je finissais par m'éloigner. Pour l'instant, j'allais donc me contenter de rester là, en me contentant de rêver à ces multiples voyages.

"On a eu quelques catastrophes ces dernières années, mais les plus importants ont été un mauvais recollage de la barbe postiche du masque de Toutankhamon et le craquage d'une chaise de Napoléon. Un gardien s'était assis dessus...Du cuire vieux de 2 siècles...Crac." Je ne pouvais m'empêcher de rire devant cette image. Il fallait avouer que c'était plutôt comique. Ce gardien avait dû se trouver très bête après. D'ailleurs, il avait du se faire bien engueuler. Une chaise datant de Napoléon, ce n'était pas rien. Bonjour le boulot derrière. Je me demandais comment ils avaient pu rattraper le coup. En tout cas, une chose était sûr : il n'avait pas du garder son job, le pauvre.

Tandis que ma professeur me racontait les détails de la prétendue découverte, je l'écoutais, béas, me disant en effet que ça avait l'air ultra compliqué. J’espérais aussi que les recherches aboutissent. Bon nombre de fouilles se retrouvaient parfois à l'abandon. Par manque de moyen ou de ressource. Si cet archéologue disait vrai, s'ils arrivaient, effectivement, à trouver quelque chose, ce serait vraiment génial, surréaliste. On en parlerait à la télé, on en saura encore peut-être plus sur Nefertiti et sur cette civilisation avancée. Ouai, il n'y avait plus qu'à espérer, qu'on leur donne les autorisations nécessaires pour commencer les recherches.

Je hochais donc la tête, partageant l'impatience de Mademoiselle Gapdottir.
- Je l'espère aussi ! Il n'y a plus qu'à croiser les doigts.

Tout en disant ces mots, je joignis le geste à la parole. Puis, je continuais de l'écouter, approuvant totalement ce qu'elle voulait dire par là. Certains ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Ils voyageaient, uniquement pour se pavaner devant les autres. A se demander ce qu'ils foutaient là, à part prendre des photos qui, en général, ne servaient à rien. Enfin bref, après tout c'était leur problème, pas le mien. Très peu de gens s'intéressaient à l'histoire d'un pays et à ce qu'elle contenait. Il suffisait de voir certains de ma classe, pour comprendre que ce n'était pas la tasse de thé de bon nombre de personne. Mais l'essentiel, c'était qu'il restait encore des gens passionnés par tout ça. Grâce à eux, on pouvait comprendre, apprendre et imaginer la vie de nos ancêtres.
- Les joies des réseaux sociaux, dis-je en souriant, même si comme toutes bonnes étudiantes, je passais aussi beaucoup de temps dessus. Je crois que certains ne se rendent tout simplement pas compte de ce qui se cache vraiment derrière ces reliques. Faut dire qu'on en parle pas souvent non plus. Ça doit aider.

C'est vrai, quand on écoutait les infos, on avait surtout l'impression que le ciel allait nous tomber sur la tête. Mais ça, c'était autre chose. Le sujet n'était pas le même.

"Je ne vous retiendrai absolument pas si vous voulez voyager là-bas, c'est magnifique dans tous les sens du terme. Émouvant, en vérité." A ses dires, un sourire étira mes lèvres. Je n'en doutais pas une seconde. Mais encore fallait-il que je pouvais y aller, même si ce n'était pas une question d'argent.
- Oh ça, je vous crois ! Avec tout ce que vous m'avez raconté, si je m'écoutais, je ferais illico presto ma valise et je partirais dès maintenant mais bon. Avec mes études et tout, je vais devoir attendre un peu. Sinon ma famille va tomber en syncope.

Bon, j'exagérais un peu mais, ils s'inquiéteraient à coup sûr. Et puis, de toute façon, ce n'était vraiment pas le moment. Jake était toujours en quarantaine et je ne voulais pas les laisser. Quand je serais plus âgée, j'irais. En attendant, je resterais ici, auprès de ma famille. Me rendant compte que ça faisait déjà un petit moment que j'étais ici, à parler avec la professeur, je regardais brièvement ma montre, sursautant en voyant l'heure s'afficher.
- Punaise, déjà ! Je vais peut-être vous laisser, vous avez sûrement d'autres cours après celui-ci?

Le "mainstream". Ou le phénomène de masse. C'est vrai que beaucoup de personne fonctionnait comme ça et c'était bien dommage. Beaucoup jurait que par la mode. Peut-être par pure question de facilité ou simplement, parce que certain ne pensait pas plus loin que le bout de leur nez. En même temps, les médias n'aidaient pas beaucoup. Personnellement, je trouvais qu'ils avaient une part de responsabilité dans tout ça. Mais bon, ce n'était que mon avis. Je n'allais peut-être pas embêter ma pauvre professeur avec ça. D'autant plus que ça pouvait être un sujet épineux : tout comme les religions ou la politique. Et puis, l'essentiel finalement, c'était que chacun avait au moins une passion. Quelque chose qui les faisait vibrer, dans n'importe quel domaine.

Je me contentais donc de hocher la tête, poussant même un léger soupir.

Quand Mademoiselle Gapdottir me rassura sur le fait que ma famille voudrait peut-être m'accompagner, un sourire amusé étira mes lèvres. Quoi que, ça pourrait être marrant. J'imaginais déjà Elijah, Jake, Mai, Marc. Parce que oui, je considérais ce dernier comme un membre de ma famille. Et moi en vadrouille, sous l’œil vigilant de nos parents un peu plus loin. Au moins, une chose était sûr, on ne s’ennuierait pas avec eux. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, vu qu'on n'était jamais partit en vacance ensemble mais qui sait, je soumettrais l'idée à l'occasion, même si une part de moi savait, que tout le monde ne serait pas d'accord. Et puis ma fratrie avait des métiers prenant. Entre mes frangins qui travaillaient pour la Garde Rouge et ma grande sœur adorée qui tenait d'une main de maître : le Jarvis, ça allait être un peu compliqué. Mais bon, l'image valait le détour. Ça s'était certain.
- Oui, qui sait, dis-je alors en souriant, me prenant de nouveau à rêver d'aventure et de découverte par delà le monde.

Alors que je m'inquiétais sur le fait qu'elle avait peut-être autre chose à faire que de papoter avec une élève, celle-ci me rassura presque immédiatement, me disant que de toute façon, aucun autre cours ne l'attendait. Je poussais donc un soupir de soulagement, me détendant quelque peu.
- Oh non, ce n'était pas ce que je voulais dire ! me rattrapais-je pour ne pas qu'elle imagine tout de même que je voulais me barrer. C'est juste que je ne tiens pas à vous embêter.

Parce que si je m'écoutais, je pouvais parler pendant des heures. Dès que ça m'intéressait, j'étais plutôt du genre à ne plus vouloir décoller.
- J'ai encore du temps devant moi. Mon prochain cours n'est pas avant une heure.

Je marquais un temps de silence, allégeant mes épaules en posant mon sac sur le sol. Et puis, j'avais d'autres questions à lui poser. Concernant surtout la possibilité de partir en voyage avec ma classe. Ça serait tellement cool ! Alors oui, j'admettais que ce n'était pas super sécurisant là-bas en ce moment mais Mademoiselle Gapdottir n'avait pas tord sur ce point : en regardant ce qui s'était passé à Genosha, finalement, où que nous étions, le danger était partout.
- Ça serait possible de demander? Pour le voyage scolaire? Peut-être qu'avec des arguments du feu de dieu, ils accepteraient !

A ma dernière question, Mademoiselle Gapdottir haussa les épaules, me disant qu'elle essayerait de demander. D'un côté, ça n'allait pas être simple. Peut-être qu'en attendant un peu, ça allait être possible. Si les choses s'amélioraient à Génosha, il n'y avait aucune raison pour qu'ils refusent. Non? Enfin, j'essayais de rester positive. J'étais vraiment trop excitée à l'idée de partir en voyage.

Pour une première fois en plus, c'était niquel. Je serais avec ma classe, mes amis. Il y aura des professeurs, une structure bien établi et on sera forcément protégé par des membres de la sécurité. C'était tout bénèf. En plus, je connaissais Lorna, la princesse. On avait sympathisé ensemble à l'Alpha House quand j'étais allé rendre visite à mon frère ou Albert et Maggie. Elle était vraiment cool. D'autant plus qu'elle aimait les plantes, comme moi. On était allé prendre un verre, blablatant sur le sujet pendant des heures sans réussir à s'arrêter.

Oui, je pourrai lui en parler. Ou du moins, lui demander si c'était possible. Ou simplement, avoir son avis. Je laissais un court mutisme s'installer, me perdant un peu trop dans mes réflexions. Ce fut seulement après quelques minutes que je relevais enfin la tête, m'excusant presque aussitôt de ce silence que j'avais moi-même crée.
- Oups désolé, je réfléchissais, dis-je avec un petit sourire navré avant de reprendre le court de la conversation. Vous nous tiendrez au courant? Hein?

Ma voix trahissait une certaine impatience. Dans ma tête, je nous imaginais déjà en Égypte, entouré par toutes ces merveilles que ce pays pourraient nous offrir. J'étais même prête à m'engager. Si cela se faisait. Si Magnus et le gouvernement donnaient leur accord, j'étais opée pour apporter mon aide. Même si j'étais un peu désordonnée et tête en l'air parfois, même très souvent, ma motivation était telle que j'étais prête à faire des efforts.

C'est pourquoi, je poursuivis de plus belle, mes mains commençant à gigoter de tout côté. Comme toutes les fois où j'étais un peu trop prise par mon enthousiasme ou ma nervosité.
- Je pourrai vous aider à tout préparer, si c'est possible bien sûr. Les papiers, tout ça. Je suis certaine que les autres seraient partant ! Et puis, ça ferait du bien avec tout ce qui s'est passé... Vous ne trouvez pas? Ça permettrait de penser à autre chose.

Oui, ça permettrait à tous d'oublier ce qui s'était passé au Pegasus ce jour là. J'en étais certaine. Restait plus qu'à attendre, la suite des évènements. En attendant, il fallait peut-être que je me bouge. Bien que mon prochain cours se tenait d'ici une heure, j'avais quand même tout le campus à traverser, puisque ce dernier se trouvait dans le bâtiment opposé. D'autant plus que je devais passer par la case : bibliothèque, pour emprunter quelques bouquins.

Je repris donc mon sac et le posa sur mes épaules.
- En tout cas, c'était un plaisir de discutez avec vous. Votre cours était vraiment très cool. J'ai hâte de voir tout ce que vous nous avez préparé.

Oh que oui, ça serait un projet super interessant ! Rien que d'y penser, j'avais le sourire aux lèvres et franchement, si je pouvais sauter sur place, je le ferai. Maintenant, il ne restait plus qu'à Mademoiselle Gapdottir de réussir à convaincre le doyen. Ce qui n'était pas une mince à faire. Mais comme elle le disait : "qui ne tente rien n'a rien". Qui sait, il serait peut-être partant lui aussi. Je voulais y croire. On avait le droit d'espérer non?
- Vous avez entièrement raison ! affirmais-je avec enthousiasme. Ça ne coûte rien d'essayer.

Au pire des cas, qu'es-ce qui se passerait? Il refuserait ou mettrait cette possibilité à une date ultérieure, quand la situation à Genosha serait beaucoup plus calme. En attendant, on pouvait librement rêver, en nous imaginant déjà près des pyramides ou en naviguant sur le Nil, comme le ferait le grand Indiana Jones.

A ma proposition de l'aider à planifier le voyage et à tout préparer, ma professeur me promit de ne pas l'oublier. Mon sourire s'élargit, laissant apparaitre mes dents, toute contente que j'étais à mettre la main à la pâte. Je la remerciais donc joyeusement, reprenant mon sac et le mettant sur les épaules.
- Vous pouvez compter sur moi pour y être.

Pour une fois, je n'allais pas faire l'impasse sur les réunions pour profiter au mieux du soleil. Non. Cette fois-ci, je serais consciencieuse, motivée et surtout, j'arriverais à l'heure. Ce qui était loin d'être le cas en règle générale. Je n'étais pas trop du genre à être une lève tôt et mon cerveau avait tendance à ne pas entendre ce foutu réveil qui pourtant, pouvait sonner pendant des heures. Enfin bref. Pour le coup, je serai une élève modèle et on pourra compter sur moi. C'était une promesse. Faite à moi-même avec toute la volonté du monde.

Tandis que je la remerciais à présent pour son cours, prête à partir, Mademoiselle Gapdottir répondit qu'elle était contente que cela m'avait plus et m'expliqua qu'elle enseignait depuis très peu de temps. Ce qui me fit hausser les sourcils.

Et bah pour le coup, elle était plutôt une bonne prof. Alors que certain nous faisait dormir presque instantanément sur nos tables, cette dernière avait su captiver l'attention. Peut-être, justement parce qu'elle était archéologue. Elle connaissait le métier. Normal, c'était sa passion. Elle avait réussi, enfin pour moi, à me projeter dans l'histoire. A m'interesser à tout ça. Et m'avait même donné une nouvelle motivation.

Je lui souriais à nouveau, la rassurant de plus belle :
- Et bah, vous n'avez pas à vous en faire. Vous faites une très bonne prof. J'espère que vous resterez avec nous jusqu'à la fin de l'année.

Même si j'imaginais qu'elle devait avoir hâte de revenir sur le terrain. Je reculais de quelques pas, lui faisant un petit signe de la main tout en m'apprêtant à partir.
- Je vais devoir filer mais encore merci pour tout ! Et merci d'avoir eu la patience de répondre à mes questions. C'était vraiment très sympa. A très vite, à votre prochain cours !

Tout en la saluant une dernière fois, je fis enfin demi-tour, m'activant cette fois à rejoindre la bibliothèque pour prendre mes livres.