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Parlez-moi de votre mère... Seth & Melia
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Dim 17 Sep - 17:54

Parlez-moi de votre mère...
Je souris d’un air mystérieux au moment où Elisa me donne enfin son autorisation ! Rien ne me résiste, quand j’ai décidé que je voulais quelque chose je l’obtiens toujours... (oui, je suis à deux doigts d’éclater d’un rire démoniaque la !) Pour faire court, mes incroyables (tout à fait) capacités de négociatrice m’ont une fois de plus permis d’atteindre mon but ! J’ai obtenu ce que je voulais en à peine une dizaine de minutes et une promesse de bières gratuites pendant une semaine… Tout le monde a un prix, il suffit simplement de le trouver ! Et techniquement, ni Elisa ni moi ne sommes en tort : elle a tout à fait le droit de demander l’analyse psychologique d’un de ses patients à une interne et je n’avais pas d’autres séances aujourd’hui donc pas de problèmes non plus pour moi ! Le seul léger problème c’est que le patient en question est opposé à une analyse…  Légalement on pourrait passer outre s’il en avait besoin sauf que… il n’en a pas besoin. Mais il y a peu de chances que quelqu’un le sache jamais, Elisa ne l’avait pas encore écrit dans son rapport quand je suis venue lui demander ce service ! Bref, c’est un plan presque parfait (parce qu’aucun plan n’est parfaitement parfait). Ce genre de pratique au bord de la légalité ne sont pas dans mes habitudes mais aujourd’hui j’en avais vraiment besoin. Demain j’ai une grosse épreuve orale portant sur les cas de séquelles traumatologiques et justement, le patient d’Elisa a pris part, selon le rapport, à « une altercation au sein d’une établissement de nuit entre le barman âgé de 31 ans et un groupe de clients dont la plupart se sont enfuis » il y a deux jours ! Et le barman dont il est question est mon patient !
Je reprends mon sérieux devant la chambre ou Elisa l’a admis. Apparemment il était pas mal amoché à son arrivée mais aujourd’hui il va beaucoup mieux, en tout cas assez pour parler. Je jette un œil à son dossier pour trouver son nom. Seth Koffi. Ça ne me dit rien mais le contraire serait étonnant. Je fréquente assez peu de barman qui se battent avec leur client. Soit il est incompétent, soit les clients ont été particulièrement grossiers et ce sont eux qui ont provoqués la bagarre. Elisa m’as dit qu’il était assez calme ,qu’il ne voulait pas d’emmerdes avec la police et, évidemment, qu’il s’était opposé à la visite d’un psy. Pas de chance pour lui, aujourd’hui mes révisions passaient avant son confort. Et puis je ne suis pas un monstre, ça devrait durer maximum 15 minutes, je n’ai besoin de lui que pour revoir mes méthodes d’analyses.
Je respire un grand coup et me plaque un sourire rassurant sur le visage. Quand je rencontre un patient, c’est toujours comme si j’entrais en scène. Il faut immédiatement faire bonne impression, une relation de confiance s’établit dès les premières secondes... ça ne se voit pas trop que je récite mon cours ? De toute façon je ne trompe personne, je porte ma blouse pour cacher mon vieux pull et mon jean aurait bien besoin d’un petit tour dans la machine alors il y a plus rassurant que ma vision… peu importe ; selon son dossier, Seth Koffi a le nez cassé, de multiples éraflures et tuméfactions au visage, un hématome du deuxième type (ça veut dire qu’il est supérieur à 3 cm de diamètre) sur le bras droit ainsi que 4 côtes cassées, autrement dit il doit avoir une tête de cadavre ! J’adore bosser dans un hôpital, il n’y a jamais besoin de faire un effort côté physique de toute façon on aura toujours l’air plus frais que nos patients ! Et puis quand on souffre on se fiche bien des vêtements des autres !
En entrant dans sa chambre, je me rends compte que je ne me trompais pas sur la tête de mon patient : il a vraiment une sale gueule ! Vu les hématomes qu’il s’est tapé sur le visage, il a de la chance de ne pas avoir en plus perdu de dents parce que là il va ressembler à Eléphant Man pendant plusieurs semaines ! Il ne regarde pas dans ma direction mais tourne vaguement la tête alors que je m’approche du lit sur lequel il est allongé. C’est à ce moment précis que mon estomac décide de me rappeler sa présence en faisant un bruit assez fort pour que toute la pièce en résonne. Pas mon entrée la plus classe, je dois le reconnaitre. Mais ce n’est pas ma faute, je n’ai rien mangé à part une pomme ce midi et il est déjà 17 heure… Je crève la dalle… enfin, en y réfléchissant, mon appétit est dirigé vers un plat en particulier… pourquoi ai-je soudainement envie de chimichangas ? Je ne crois pas particulièrement aimer ça en plus… Je suis enceinte ou quoi (snif, pour ça il faudrait que ma vie sexuelle soit un peu plus animée…) ?
Bon bref, j’irais en manger après, d’abord : concentration. Faire comme si mon ventre ne venait pas d’imploser aux oreilles de mon patient.
-Bonjour, dis-je avec mon sourire le plus pro. Je suis le Docteur Nealer (techniquement pas encore mais il ne le sait pas), je sais que vous avez précisé au docteur Nobley, ma collègue, ne pas vouloir subir d’examens psychologiques mais elle a jugé qu’il serait préférable pour vous d’en passer un quand même ! Ne vous inquiétez pas j’en ai à peine pour 10 minutes !
Je n’indique pas précisément que je suis une psy : ça fait mauvaise impression sur 60% des personnes admises en soins hospitaliers. Personnellement j’ai toujours trouvé un peu creux tous ces discours de faux-cul… parce que soyons honnêtes, on pourrait traduire ce que je viens de dire plus simplement ! « Salut, Vous êtes fou ou pas ? »


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Lun 18 Sep - 9:28

Parlez-moi de votre mère...

Oeuf….ou peut-être safran fané. Pétale de narcisse alors ? Trop vif. Vanille ? Bon bref, c’est jaune pâle quoi. C’est marrant qu’avec les aléas de peinture, il reste juste ce petit pan de mur jaune dans tout ce blanc hospitalier, comme si ce bout de mur résistait encore et toujours à l’envahisseur. Ca va faire une heure que je regarde ce stupide aplat de peinture de mon œil valide, sans avoir rien trouvé de mieux à faire. Pisser, c’est fait et l’expérience est assez traumatisante pour que je me retienne le plus longtemps possible avant de recommencer. Manger, ce n’est pas encore l’heure et si c’est pour m’empoisonner avec leur bouffe toute molle, je dis nope. De toute façon, je n’ai pas faim, c’est dire dans quel état lamentable je suis. Dormir ? Je n’y arrive pas, je ne suis qu’une immense douleur comme j’aime à le dire si souvent.  Toujours est-il que je me fais grave chier et que le seul rayon de soleil de ma vie d’assisté est parti s’occuper d’autres patients. On ne peut pas lui en vouloir, je suis déjà super content qu’elle trouve le temps de venir discuter avec moi malgré ses obligations et son fils.

La porte s’ouvre et j’ai le soudain espoir que ce soit elle. Histoire de lui faire comprendre rapidement qu’une petite augmentation de la dose de morphine serait bienvenue, je bouge légèrement la tête au lieu de la regarder directement. De toute façon, chaque mouvement est un effort douloureux et je suis ni un adepte de l’effort ni un masochiste donc bon…le Dr. Nobley me pardonnera de ne pas l’accueillir avec mon sourire ravagé. Le son d’un estomac en furie résonne dans la chambre et je laisse échapper un rire étouffé et compatissant qui me donne l’impression qu’une bande d’Irlandais vient de danser sur mon torse. La pauvre doit encore avoir sauté le déjeuner… Une voix s’élève et je me crispe, ce n’est pas le Dr. Nobley, pas du tout.

Oh non, pas vous !

???? C’était gratuit ça ! Je ne la connais pas cette bonne femme mais j’avoue que c’est parti tout seul. Probablement parce qu’elle vient me déranger. Avec un gros effort, je me tourne vers elle et grimace, elle, une psy ? Une étudiante oui. Une interne en formation, peut-être. Mais une psy, ça non. Je laisse échapper un grognement agacé, je n’ai pas envie que quelqu’un vienne me poser des questions, je vais parfaitement bien, ma vie est normale et à part ce petit écart nocturne qui aurait pu arriver à n’importe qui, mon existence est des plus ordinaires. En plus, bien qu’il ne me semble pas connaître cette gamine, son visage m’interpelle, dans le mauvais sens. J’ai dû lui vendre un hot-dog et elle a été salope, un truc dans le genre, c’est la seule explication.

Comme vous l’avez dit, je ne veux pas d’exam alors partez, je douille là.

Au moins, si elle ne se barre pas, elle pensera à monter la dose de morphine. Faites qu’elle ait compris le message, pitié. De toute façon, si elle ne le fait pas, je garderai les lèvres serrées et je ne dirai rien. En plus, c’est Elisa qui l’envoie ?! Traîtresse….je lui dirai tiens ! Un rapide coup d’œil à la blonde me fait comprendre que 1/ elle n’a pas l’intention de lâcher le morceau comme ça 2/ elle en a positivement rien à foutre de ce que je peux penser. Ça  se voit qu’elle est là pour elle, probablement pour se faire bien voir d’un de ses profs ou pour grapiller des points. Je hais ce genre de personnes, les lèches-bottes. Je roule des yeux (l’un des seuls trucs que je peux encore faire sans avoir mal) et lui montre la morphine avec un regard éloquent. Si tu veux faire ce stupide exam, va falloir y mettre du tien, Blondie.


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Lun 18 Sep - 20:02

Parlez-moi de votre mère...
A la seconde ou le regard de mon patient se pose sur moi, je sais déjà que ça ne va pas être facile. Certes c’est en partie ma faute, mais j’espérais que la personne sur qui j’allais tomber aurait au moins l’intelligence d’être coopérative pour ne pas prolonger son calvaire. Et encore, son cas n’ayant à priori aucun lien avec sa santé mentale personnelle, je ne suis pas sûre que le mot calvaire soit approprié. Soit, il est blessé. Soit il n’est super heureux d’être là à en juger par le regard désespéré avec lequel il regardait le mur quand je suis entrée dans la pièce. Mais étais-ce bien la peine de gémir un « Oh non, pas vous ! » en me voyant ? D’où est-ce qu’il me connait d’ailleurs ?
Mon sourire faiblit un peu mais je ne perds pas espoir, après tout il ne fait que réagir comme 95% des patients dans la même situation (selon mes propres statistiques) et je ne lui aie pas encore parlé du genre de questions auxquelles il devra répondre. La plupart du temps ça détend un peu les gens de comprendre qu’ils ne devront pas parler de leur enfance ou d’autres conneries du genre. Ça me fait toujours rire de m’imaginer avec une moustache et une pipe entrain de dire des trucs du genre « Parlez-moi de votre mère… ».
-Comme vous l’avez dit, je ne veux pas d’exam alors partez, je douille là.
A ces mots je plaque un sourire plus froid que le premier sur mon visage. Je ne dirais pas que je l’ai cerné à 100% mais je sais à peu près quoi faire pour le forcer à coopérer. Je me retourne un instant et pose les fiches de notes que j’avais ramené sur la table en formica à côté des toilettes. Je n’en aurais pas besoin vu la méthode peu orthodoxe que je m’apprête à utiliser. C’est vraiment la soirée des méthodes discutables !
En me retournant vers mon patient je remarque la même lueur de mépris dans ses yeux que lors de mon entrée. Alors certes il est blessé, certes il ne voulait pas d’un entretien psy, certes il s’emmerde visiblement ici mais qu’est-ce que j’ai fait pour que ce type, que je rebaptiserai P’tit con pour l’occasion, me déteste autant ? Je déteste cette expression sur son visage qui semble dire « Je t’aie cerné ma poule, t’es pas une psy vu que t’es plus jeune que moi et je t’aiderais pas parce que je suis trop bête pour répondre à trois questions débiles pendant 10 minutes ». Et bien P’tit con, tu me fais penser au chat de mes parents qui préférait rester deux heures dehors sous la pluie parce qu’on ne voulait pas lui ouvrir la porte pour qu’il ne mouille pas l’entrée plutôt que passer par sa chatière dans le garage…
Je me secoue mentalement la tête. Ça ne me ressemble pas de juger mes patients mais la fatigue et le stress ajoutés au mépris de P’tit con (parce qu’il reste un p’tit con) me font quelques peu perdre les plombs. Ou péter les pédales. Bref je suis fatiguée.
-Bon alors… Seth, dis-je en mettant mes mains dans les poches de ma blouse, je crois qu’on ne s’est pas trop compris tous les deux. Croyez-moi, je ne suis pas là pour vous emmerder, je veux juste vous poser quelques questions pour savoir si vos blessures n’ont pas atteint certaines zones de votre cerveau ! Aucunes questions personnelles !
Je fais une pause et le regarde avec un petit sourire :
-Et malheureusement je ne vais pas pouvoir vous charger en morphine, déjà parce que je ne suis pas infirmière et ensuite parce que j’ai besoin que vous soyez à peu près alerte. En revanche je pourrais très bien demander à mon amie le Dr Nobley de vous rajouter une dose après notre entretien. Autrement dit, vous avez tout intérêt à ce que celui-ci ne dure pas longtemps ! Et comme vous êtes très chanceux aujourd’hui et que j’ai, vous l’aurez remarqué, assez faim, je vais aller me chercher un truc à la machine et vous aurez droit à un peu de sucre et de gras en barre aussi ! (Après quelques jours ici il est forcément en manque, en plus les repas sont mauvais vu qu’ils sont cuisinés pour garder les patients en bonne santé et pour les dégoûter de rester longtemps)
Pour lui laisser le temps de la réflexion je me dirige vers la porte (et surtout vers la sacro-sainte machine distributrice d’ambroisie chocolatée !). La main sur la poignée j’hésite un instant et comme poussée par quelque chose je rajoute :
-Evidemment, vous pourriez très bien décider de vous la jouer solo et appeler l’infirmière durant mon absence pour qu’elle vous rajoute un peu de morphine… Ou alors vous pourriez, malgré les désavantages que ça vous apporterait, ne pas me parler du tout à mon retour. Sachez que je vais expressément demander à l’infirmière de garde de ne pas vous recharger d’une part, et que d’autre part je tiens à vous signaler que vous êtes coincé ici et que la seule chose entre vous et la disparition de la douleur c’est moi. Autrement dit, et en disant ces mots un sourire incontrôlable apparait sur mon visage, je suis une sorte d’entité toute puissante !
Et sans lui laisser le temps de répliquer je sors de la chambre. Si après ça il ne se laisse pas faire, je le considérais comme un cas perdu et je partirais. Et j’écrirais un rapport ambigu sur notre entretien pour qu’il se tape une autre analyse, plus poussée. J’ai horreur des gens qui se débattent face à leur destin. Surtout quand le destin c’est juste de passer quelques temps avec moi. C’est vexant quoi…



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Mar 19 Sep - 15:31

Parlez-moi de votre mère...


La bonne nouvelle, c’est qu’elle a apparemment très bien compris mes appels du pied concernant la morphine et la douleur qui m’oppresse. La mauvaise nouvelle et pas des moindres, c’est qu’elle s’en fiche royalement. Pire, je crois qu’elle éprouve un plaisir sadique à en user comme d’une carotte pour obtenir ce qu’elle veut de moi. Et cette phrase peut être interprétée dans plein de sens différents qui amènent tous à penser que c’est le Docteur Nealer qui a besoin d’un psy. Je la hais déjà cette petite peste, pas possible d’avoir une tête aussi baffable. Peut-être qu’en d’autres circonstances, ça aurait réussi à m’amuser mais j’ai l’impression vicérale que c’est habituel chez elle de jouer avec les gens et ça me met en rage. Je déteste être la marionnette de quelqu’un (sauf dans certains contextes particuliers (#sexe) où j’aime bien faire la marionnette à main) et si je le pouvais, je fuirais loin de cette infirmière démoniaque. Mais comme elle l’a si bien souligné….je suis dans l’incapacité totale de me barrer. Et merde…

T’es le genre pétasse tyrannique hein ?

Je laisse échapper un soupir de frustration en fixant mon regard ailleurs, hors de question de lui donner plus de clefs pour savourer sa victoire. Qui n’en est pas vraiment une. Mais ça me rappelle que ce que disait souvent une amie « Les écoles et les structures médicales renferment le plus de sociopathes parce que les gens peuvent y assouvir leur pulsion de domination sur plus faibles qu’eux ». J’ai l’impression de ne comprendre le sens de cette phrase que maintenant. C’est moi qui suis sensé être un putain de dieu ! Ce n’est pas parce que je suis actuellement aussi amoché qu’un monsieur Patate après une semaine à la crèche que je ne suis plus Seth Sexy Koffi, dieu sur terre et beauté suprême (bon, le dernier point est en suspens pour cause de rénovation).

J’entends la porte s’ouvrir puis se fermer et je profite de cet instant de calme avant la tempête pour lâcher un juron en arabe, le genre bien moche. Bon, je suis coincé avec une malade mais l’avantage, c’est que je vais avoir du chocolat. Bon point. Ensuite, elle ne peut pas me tenir la jambe éternellement, on finira par venir me délivrer. Comptez sur moi pour me plaindre au Dr. Nobley, ça c’est sûr. M’envoyer une psychopathe ! Non mais…  Moi qui suis la gentillesse incarnée.

Lorsque Barbie Lecter revient, j’ouvre la main et tend le bras avec une moue renfrognée, je capitule mais je ne le dirai pas texto, faut pas rêver. Je me prépare mentalement à répondre à ses questions, je le ferai rapido et sans réfléchir comme ça, elle sera partie plus vite.

D’abord, je veux ma « barre de sucre et de gras ».


Parce que faut pas charrier, je veux bien me plier à son exam débile mais d’abord, je veux être nourri. C’est une règle globale avec moi, tu veux un truc ? Tu me donnes à manger, c’est comme ça que ça marche. Tu veux coucher ? Ramène de la bouffe chinoise. Attends, quoi ? Je n'ai jamais fait ça...Et pourtant, ça sonne vrai. L’idée s’efface en même temps que la brusque sensation de chaleur qui m’a envahi sans raison et je reviens vers Blondie la sadique.

Allons-y….


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Mer 20 Sep - 19:48

Parlez-moi de votre mère...
Un peu distraite je ne relève pas l’insulte que me lance P’tit con au moment où je sors. Il peut y aller, j’ai entendu bien pire. Cela dit, il n’a pas tort : j’ai été plus méchante que prévue. Je soupire devant la machine en attendant que mes deux barres chocolatées tombent dans la fente. C’est comme si, sortie de la salle et délivrée de la présence du jeune homme, j’étais redevenue Melia la gentille interne qui rassurait les patients. Disparues les pulsions bizarres et l’envie de chimichangas. Je dois vraiment être fatiguée. En même temps c’était pas la peine de me lancer direct que ma tête ne lui revenait pas ! Qu’il regarde le bon côté des choses ; la visite d’un psy c’est aussi une animation gratuite ! Je devrais peut-être me déguiser en clown avant de revenir le voir ! Comme ça il pourrait lancer « Oh non, pas Ça ! ».
Je me secoue la tête histoire de redevenir sérieuse. Mon comportement ne devrait pas me faire rire. Et je ne parle pas que de celui que je viens d’avoir. Je suis plus dure avec mes patients depuis quelques mois. Avant, je croyais vouloir devenir psy pour aider les gens et les guérir. Officiellement c’est toujours ce que je veux d’ailleurs… en tout cas c’est ce que je réponds quand on me demande pourquoi je fais des études de psycho. Officieusement je ne serais plus aussi catégorique. Non pas que je sois devenue une psychopathe genre Hannibal Lecter, à vouloir « pervertir » les patients ou je ne sais quelle connerie… la plupart des gens n’ont pas besoin de mon aide pour ça de toute façon. Mais même si je fais mon job comme je l’ai appris, ce n’est plus la guérison des personnes dont je m’occupe qui m’intéresse. Malgré moi, leur désordre intérieur m’attire.
Où est passée la gentille fille à qui on empruntait des stylos en cours ? Quand j’étais petite, tout ce que je voulais c’était manger le plus de chocolat possible, pas me repaître du spectacle d’humains souffrants ! Il y a quelques mois si j’avais été aussi dure que je viens de l’être, j’aurais eu honte de mon manque d’empathie.  Aujourd’hui je n’éprouve presque plus de remords. D’un côté je suis rassurée de ne plus me prendre la tête mais de l’autre ça… me fait peur. Quand j’en parle avec mes profs ou d’autres médecins ils disent tous que c’est le métier qui rentre. Est-ce qu’être psy c’est manipuler ? Surement un peu. Mais au point d’aimer ça… Et le plus bizarre c’est que Monsieur « ta tête me revient pas » n’est même pas particulièrement fou ! Alors pourquoi ai-je été aussi… machiavélique avec lui ?
Un rire nerveux s’échappe de ma gorge alors que je me dirige vers la chambre. Moi qui détestais les personnages style Littlefinger, je ne vaux pas mieux que lui aujourd’hui.
Ressaisis-toi Melia. Gros exam demain. Concentration.
Quand j’entre, P’tit con est entrain de bouder. Bien. Il a compris.
-D’abord, je veux ma « barre de sucre et de gras », grommèle-t-il.
Je lui tends sans un mot. Tout ce que tu veux tant que tu me parles.
Je le vois faire une drôle de tête au moment où il croque dans sa barre. Il a tellement faim qu’un Reese’s provoque un orgasme chez lui ? Il le dévore en deux secondes et la bouche encore pleine me lance un « Allons ’y » plein de dégout.
-Ok Alonso, fais-je avec entrain. Alors, d’abord je vais te demander de me redonner les informations basiques que tu as communiqué à l’hosto. Age, date de naissance, lieu de résidence ! Ensuite raconte-moi en gros ce qui s’est passé avant l’altercation, sans entrer dans les détails si ça t’embête de le faire. Et enfin dis-moi ce que tu as mangé… ou pas touché visiblement, ce midi ! Ça c’est pour tester ta mémoire à long, moyen et court terme !
Et aussi pour savoir ce qu’il s’est passé au bar parce que je suis curieuse, mais évidemment j’évite de lui dire ça. Cela dit je n’exclus pas qu’il puisse me mentir, ça arrive tout le temps avec les jeunes comme P’tit con qui ne veulent pas avoir affaire avec la police. Et s’il ne me dit pas la vérité, je le verrais tout de suite dans la mesure où il n’y a plus beaucoup de parties de son visage à observer. Mais bon, même dans ce cas je m’en fous : je ne suis pas un policier et je me fiche de savoir si c’est lui ou son opposant qui a lancé la bagarre. Dans les deux cas, faut être très con pour se battre.
En attendant sa réponse, je croque ma barre en rêvant de chimichangas.




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Jeu 21 Sep - 15:38

Parlez-moi de votre mère...


Petit rayon de lumière dans ce brouillard que la blondasse me promet : j’ai le droit à ma barre chocolatée. Et je peux vous dire qu’après cet Enfer, avoir une bonne grosse barre fondante dans la bouche, ça fait un bien fou. Mais vraiment. Bon, faut savoir se contenter de peu quand on est dans ma position mais c’est déjà pas mal comme début. Si elle continue de me nourrir, je pourrais envisager de ne pas la mordre. Et de ne pas me plaindre trop fort auprès d’Elisa. Mais en attendant, elle m’est toujours aussi antipathique.

Son entrain me fait grimacer, elle a l’air tellement fière d’elle, de m’avoir sous sa coupe le temps de poser ses questions débiles…Ça me donne envie de l’étrangler avec sa blouse. C’est possible d’ailleurs ? Faudrait que je trouve autre chose. Rah ! Pourquoi faut-il qu’il n’y ait que des stores à lamelles aux fenêtres ? Pas moyen d’avoir une arme dans cet hosto ! Tant pis, je vais devoir remettre à plus tard mes envies de meurtre. Prions pour qu’elle n’ait pas trop de questions à poser et qu’elles soient faciles.

-Ok Alonso. Alors, d’abord je vais te demander de me redonner les informations basiques que tu as communiquées à l’hosto. Age, date de naissance, lieu de résidence ! Ensuite raconte-moi en gros ce qui s’est passé avant l’altercation, sans entrer dans les détails si ça t’embête de le faire. Et enfin dis-moi ce que tu as mangé… ou pas touché visiblement, ce midi ! Ça c’est pour tester ta mémoire à long, moyen et court terme !

Je roule des yeux pour marquer mon ennui et m’exécute avec une voix faussement enthousiaste, plus vite j’aurai fini et plus vite elle partira. Je crois que ça va devenir mon mantra pour tenir cette séance. « Réponds-vite, et elle dégage » « Réponds-vite et elle dégage »…. Ça va le faire, pas de raison que ça parte en vrille, ce ne sont que quelques questions, faciles en plus, une fois que c’est fait, je suis libre comme l’air.

J’ai 31 ans depuis le 14 juin, je te laisse calculer l’année si besoin. J’habite dans un appart avec Loki Odinson du côté de Fenyick. Voilà pour les infos vitales. Pour le reste, j’étais crevé et de sale humeur ce soir-là, un gros con en costard est venu se la jouer boss au bar, je l’ai envoyé chier, le ton est monté et on s’est battu. Il m’a explosé la gueule parce qu’il faisait deux fois ma taille et je me suis réveillé aux urgences. C’est couillon mais t’apprendras rien de croustillant avec moi, ma belle. Et pour le repas, à toi de me dire ce que c’était, Docteur Folledingue, c’était mou, visqueux et gris. Tu as tout ce qu’il te faut pour ton petit examen, c’est bon ?

J’avoue, j’ai perdu mon calme et j’ai craché la deuxième partie de mon discours en serrant les dents. De toute façon, elle s’en fiche que je sois calme, elle veut juste vérifier ma mémoire et celle-ci va très bien. Donc sur le court, le moyen et le long terme, elle peut aller se faire foutre maintenant.
Ma position commence à devenir inconfortable alors je me réinstalle un peu mieux, non sans un grognement agacé parce que j’en ai marre d’avoir mal et surtout, d’être un espèce de handicapé douloureux. Toujours est-il que je ne peux pas vraiment fuir alors je guette la douce et si charmante voix de la barjo pour savoir si elle lâche l’affaire ou si elle s’acharne encore un peu pour le fun. Bizarrement, je sens que ça va être la deuxième option .


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Ven 22 Sep - 15:25

Parlez-moi de votre mère...
Remémorez-vous la sensation qui vous étreignaient parfois lors d’un devoir, quand vous aviez déjà répondue à la moitié des questions (questions bien évidemment liées entre elles) et que vous vous rendiez compte que vous vous étiez trompés à la première et que vous alliez devoir tout recommencer… c’est précisément ce que je suis en train de ressentir. Alors que P’tit con s’énerve de plus en plus sans raisons, j’ai l’impression qu’un seau d’eau glacée coule dans mon dos. J’ai vraiment été mauvaise ce soir. Alors que j’avais une situation somme toute assez simple devant moi, je n’ai pas pris le temps de l’analyser parce que : Je n’ai pas été plus loin que l’avis du Docteur Nobley et même si c’est un très bon médecin elle n’est pas encore psychologue, j’ai été vexée par la remarque de mon patient, j’étais fatiguée et enfin je ne m’attendais qu’à devoir débiter mon cours devant une personne sans problèmes. Toutes ces raisons m’ont visiblement détournée de ce qui maintenant me saute à la figure : Seth Koffi a tous les symptômes d'un trouble de stress post-traumatique.
Je me mords l’intérieur de la joue en conservant une expression neutre. Merde, merde, merde, moi qui pensais tomber sur un patient lambda, je me suis complètement laissée égarer… je me ressaisis : voyons le bon côté des choses, je vais pouvoir étudier à fond avec celui-là. Le problème c’est qu’il est du genre agressif et que je doute qu’il prenne bien le fait que je lui diagnostique quelque chose. Pourtant, tous les symptômes sont là : une agressivité sans raison valable (soyons sérieux, je n’ai pas précisément la tête d’une psychopathe donc il n’y a aucune raison pour qu’il me déteste moi précisément), une certaine tendance à se réfugier vers de la nourriture calorique et la morphine, Un rapport des faits presque trop désinvolte, une hyper vigilance dirigée ici vers moi et enfin un dégoût visible pour tout ce qui se rapporte à l’hôpital. Seul ce dernier point me pose encore problème. D'abord, je ne connais personne qui se sente vraiment à l'aise dans un hôpital, mais surtout, quand Elisa m’a parlé de P’tit… de mon patient, elle avait l’air de le trouver assez sympa. J’ai même cru un moment qu’elle avait un petit faible pour lui, elle riait en évoquant la discussion qu’ils venaient d’avoir. C’est aussi pour ça que je ne m’étais pas méfiée de lui au départ d’ailleurs : je faisais confiance à Elisa pour juger un patient. Mais ma théorie est renforcée par la fait qu’Elisa et moi ne sommes pas le même type de médecin. Comme je l’ai déjà fait remarquer, les gens n’aiment pas les psychologues.
J’observe plus attentivement Seth Koffi en continuant à manger ma barre. Il n’a pas quitté une seule seconde son regard méprisant. Je me demande quelles sont origines… il a des traits difficiles à définir… pas étonnant vu le peu de visage que j’aperçois. Sans ses blessures il doit être pas mal. Pas trop mon genre par contre. Je ne suis pas trop tête de bébé. Parce être parce que ma tronche fait un peu jeune aussi. Je suppose que je ne suis pas attirée par ce qui me ressemble.
Bref, pour en revenir à un sujet plus préoccupant, si mon patient est réellement atteint de SSPT il faut d’abord que je m’en assure une bonne fois pour toute et ensuite que j’agisse en conséquence. C’est pas ma journée. Les patients comme ça sont rarement faciles à manier et je voulais me coucher tôt pour ne pas être fatiguée demain. Mais bon, au mois je vais pouvoirs réviser. Je lui réponds donc :
-Ce n’est pas tout à fait fini, souvenez-vous j’ai dit dix minutes, pas 30 secondes ! Voyez ça comme un quizz ou une mini interview, après tout vous deviez vous ennuyer avant que j’arrive, au moins maintenant vous avez une occupation ! Et il n’y a même pas besoin d’avoir les bonnes réponses pour obtenir votre morphine !
Je reprends un sourire plus professionnel et poursuis :
-Ce genre de situation vous ait déjà arrivé ? Est-ce que vous vous êtes déjà battus aussi violemment ? Et si oui, est-ce que ça vous a marqué ?






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Ven 22 Sep - 16:16

Parlez-moi de votre mère...


Un gros silence accueille ma tirade et au bout d’un moment, je me demande si Barbie n’est pas sortie sans bruit pour me laisser en paix. L’idée me plaît assez pour y croire et je ferme l’œil (oui, on peut vraiment parler d’œil pour le coup vu que l’autre est totalement HS) avec un soupir de soulagement, je me demande si je ne vais pas dormir un peu en attendant la visite du Docteur Nobley, ça m’occupera quelques heures et au réveil, je pourrai me dire que la visite de la blonde n’était qu’un cauchemar.

-Ce n’est pas tout à fait fini, souvenez-vous j’ai dit dix minutes, pas 30 secondes ! Voyez ça comme un quizz ou une mini interview, après tout vous deviez vous ennuyer avant que j’arrive, au moins maintenant vous avez une occupation ! Et il n’y a même pas besoin d’avoir les bonnes réponses pour obtenir votre morphine !

Mais non, ça aurait été trop beau. Bien trop beau pour être vrai. Hélas, pourquoi moi ? Pourquoi est-ce qu’il faut que ça me tombe dessus ? Comme si je n’étais pas déjà assez emmerdé comme ça. J’ai dû être quelqu’un de très méchant dans une autre vie, j’ai dû tuer des chatons ou un truc dans le genre, c’est la seule explication acceptable pour que je sois destiné à être torturé sans répit par ce nain de jardin en blouse blanche. Le mot « morphine » résonne comme une sorte de Saint Graal inaccessible, comme le derrière rebondi de ce gars derrière qui je courrais en sport au lycée et qui me motivait pour avancer.

-Ce genre de situation vous ait déjà arrivé ? Est-ce que vous vous êtes déjà battus aussi violemment ? Et si oui, est-ce que ça vous a marqué ?

Qu’est-ce que c’est que cette question de pétasse de sondage ? Version émission de l’après-midi pour ménagères ménopausées qui vont pleurnicher à l’écran sur combien leur vie est difficile. C’est ça, ça sonne comme un épisode de « C’est la vie ». Je vois d’ici le résumé « Seth, vous êtes égyptien, pauvre et vous avez une gueule d’ange. Votre vie est un enfer depuis que vous avez été sauvagement molesté par un riche inconnu en costard. Comment vivez-vous ce terrrrrible traumatisme ? Avez-vous l’habitude d’être le punching ball de la classe aisée ? Cette émission est sponsorisée par Kleenex et Mercurochrome. » Là, c’est la goutte d’eau, c’est beaucoup trop cher payé pour de la morphine. Si c’est comme ça, je vais me servir moi-même. Tant pis si je meurs d’une surdose, ça sera pas douloureux au moins.

Je me tourne tout entier pour bidouiller les boutons, -en essayant de pas mettre le maximum, je ne suis pas suicidaire ni très épais- sans laisser le temps à la pouffe de m’en empêcher, je pense que même avec mon CV, elle ne s’attendait pas à ce que je tente un truc pareil. L’effet est presque immédiat, je sens la douleur partir avec ses petites valises loin, très loin et ma lucidité mentale avec. J’avoue d’ailleurs que je ne pensais pas la réaction si rapide ce qui fait que je n’ai pas le temps de me repositionner correctement dans le lit. Mon bras pendouille mollement, c’est assez moche et j’ai la tête tournée vers la folle mais au moins, je peux lui jeter un regard de défi. Avec un peu de bol, je vais m’endormir comme une masse et elle va être obligée de se barrer.

Apparemment non, elle n’a pas l’intention de lâcher l’affaire. Comme je suis vraiment ridicule positionné de la sorte, elle me repousse sans beaucoup de douceur, probablement parce que sinon, on pourrait attirer les questions. Le réglage de la morphine baisse aussi violemment qu’il est monté sous mes doigts et je regrette déjà ma tentative de rébellion vu le sourire que la fausse psy me lance. J’ai réveillé un dragon. Et le pire, c’est que je me suis assommé comme un con et même pas assez fort pour être totalement off. Bordel…

Pff… Est-ce que vous vous êtes déjà battus aussi violemment ? Et si oui, est-ce que ça vous a marqué ?  

Elle ne me laissera donc jamais ?! J’aimerais lui sortir un truc bien acide mais j’ai l’impression que mon cerveau vient de passer à la machine. Si avant, j’avais envie qu’elle se barre au plus vite, là, ça devient vraiment urgent. Avec un peu de chance, je vais reprendre pied avant que ça ne prenne une tournure cheloue mais en attendant, morphine = penthotal.

Pas que je me souvienne, pas à ce point. Vu ma vie, j’ai souvent dérouillé mais ce mec-là, il avait envie de me tuer. Et non, ça m’a pas marqué, pas plus que ça. Sauf sur ma gueule.

Argh…j’ai vraiment les neurones en compote…Les mots sortent sans aucune aide, ils ont leur vie propre et je les regarde s’envoler dans l’air avec étonnement, au moins, je suis l’honnêteté même. Tant que ça en reste là. Je peux devenir très bavard quand je veux. Je crois que ma seule option, ce serait de lui vomir sur les pieds mais comme j'ai rien mangé à part une barre Reese...

Rien ne me marque de toute façon, même pas de voir ma famille massacrée par une bombe alors vous allez avoir du mal à me diagnostiqué un truc…

Pas forcément le truc le plus malin à dire ça. Je serre les lèvres pour éviter qu’elles ne laissent passer une autre bêtise, évite de croiser le regard de Blondie parce que je sens qu’elle doit s’amuser. Je me suis mis dans la merde tout seul comme un grand pour le coup. Mais la morphine va finir par ne plus faire effet. De préférence, avant que l’autre ne m’égorge ou ne me colle des envies de meurtre. C’est déjà pas mon kiff Hannibal…


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Ven 22 Sep - 19:49

Parlez-moi de votre mère...
Quel con. Non mais quel con. Je retire ce que je pensais sur le respect du patient dérangé : P’tit con est vraiment con. Alors que j’attends qu’il réponde à ma question, il tente un mouvement désordonné et je suis tellement surprise que je ne l’arrête même pas. Il balance son bras vers le réglage de la morphine avec la lenteur d'un escargot allant payer ses impôts et je le regarde faire, interloquée. Le temps que je me reprenne il a réussi par miracle à bidouiller les boutons dans tous les sens pour s’injecter un peu de morphine. Son méfait accompli, il se retrouve alors à deux centimètres de mon visage et me regarde avec ce qu’il doit prendre pour une expression pleine de défi : en réalité il est à moitié pendu dans le vide et il bave (hé oui mon gars, la morphine c’est pas comme du doliprane, y’a des effets secondaires un peu plus importants). Il a l’air d’un clodo bourré. Partagé entre l’énervement et l’hilarité je le repousse brutalement vers son lit et défait son réglage. Je ne suis peut-être pas médecin mais je sais quand même comment faire.  
La douleur revient par vagues sur son visage mais je n’éprouve pas une once de remords. Quand on est con, on est con et ça n’est pas de ma faute. Je me permets même un sourire satisfait. Maintenant en plus de devoir répondre à mes questions il est à moitié assommé et je suis prévenue contre lui. Je lui repose ma question et il me répond enfin :
-Pas que je me souvienne, pas à ce point. Vu ma vie, j’ai souvent dérouillé mais ce mec-là, il avait envie de me tuer. Et non, ça ne m’a pas marqué, pas plus que ça. Sauf sur ma gueule.
Et bien… la morphine a du bon ,le voilà plus loquace.
-Rien ne me marque de toute façon, même pas de voir ma famille massacrée par une bombe alors vous allez avoir du mal à me diagnostiqué un truc…
… Très loquace même. Bordel. J’enfile mes lunettes précipitamment pour consulter son dossier. Rien là-dessus. Je sais bien que rien n’oblige les gens à communiquer ce genre de chose mais franchement si une loi pouvait permettre aux médecins de rentrer des évènements comme celui-ci dans les dossiers médicaux de certains patients on éviterait plein de faux diagnostiques.
-Putain de bordel de merde.
Merde, je viens de dire ça à haute voix non ? Oui vu le regard de mon crétin de patient.
Je soupire…. J’ai l’impression de ne plus être qu’un long soupir. En enlevant mes lunettes je fixe Connard Man du regard et lui dit lentement pour bien me faire comprendre de ce demeuré :
-Vous êtes très fort Seth Koffi… vous avez vraiment réussi à me mettre en colère. Vous savez pourquoi?
Je ne retiens même plus mes mots. D’abord il m’insulte, ensuite il refuse de coopérer puis il me désobéit de manière débile et maintenant il me rajoute de la paperasse. Pourquoi moi ?
-Tout ce que je voulais ce soir, c’était un entretien avec un patient comme vous, sans problèmes apparents, pour pouvoir réviser ma méthode. Franchement y’a pire non ? Je suis fatiguée vous savez ? Toutes les semaines je me tape des cons dans votre genre qui sont admis ici après s’être battus… vous savez le nombre de places qu’on gagnerait si les gens arrêtaient de se battre ?
Je me saisis des montants de son lit pour appuyer mes propos. Sur le coup il me semble important qu’il comprenne.
-On est des humains, on peut parler bordel ! Et c’est toujours la même histoire après, « nan on veut pas parler à la police », « nan pas de psy, c’est que des cons les psys » dis-je en prenant un ton geignard. Et le pire c’est qu’on les relâche après… et à force de nous faire chier… c’est nous qu’ils rendent fous. Je suis fatiguée Seth Koffi. Ça fait des mois que je dors super mal et que je sors des trucs que je ne devrais pas sortir. Et ça me fout en rogne. Je ne voulais pas que vous me déballiez tout ça vous savez, j’en ai rien à foutre. Tout ce que je voulais c’était réviser. Et maintenant je vais devoir faire un rapport et vous allez vous taper une thérapie mon vieux. Et c’est entièrement de votre faute. En plus je suis quasi sûre qu’on va me coller ça sur le dos.  Vous êtes contents ? Vous qui faites n’importe quoi pour m’éviter depuis toute à l’heure vous allez vous taper une thérapie avec moi maintenant ! Génial ! 3 heures par semaine avec le docteur Melia Nealer n’est-ce pas excitant ?
C’est comme si j’avais pris un coup de morphine aussi.
- Bref, revenons à nos moutons… Votre famille massacrée...
Je relève les yeux et lui fais un petit sourire.
-Désolée de dire ça comme ça mais j'en ai rien à battre. Vous voulez que je vous dise Seth Koffi, il y a deux choses que vous devez savoir : d’abord, vous êtes dérangé et très con… Et ensuite je ne vous aime pas et je suis en rogne la.
Je ris jaune.
-Je répète ce que je vous aie déjà dit, dis-je en m’approchant de son visage toujours bavant. Vous êtes seul dans cette pièce avec moi alors vous m’obéissez. C’est pas compliqué et c’est dans votre intérêt... Et vous êtes toujours chanceux parce que j’ai pas du tout envie de me taper une thérapie avec vous. Alors on va faire comme si vous ne m’aviez rien dit sur votre famille. Par contre… et je me penche à son oreille pour qu’il entende chaque mots. Depuis quand suis-je devenue aussi dramatique? Par contre vous allez me dire tout ce que je veux entendre maintenant… je saurais si vous me mentez ou pas… Et je ne parle pas d’un petit entretien post trauma comme tout à l’heure… je voudrais savoir… Qui croyez-vous que je suis Seth Koffi ?










Spoiler:
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Sam 23 Sep - 18:39

Parlez-moi de votre mère...


Ma petite tirade a le don de réveiller ma tortionnaire qui s’agite en tous sens pour enfiler ses lunettes et ouvrir mon dossier. Je ne vois pas trop ce qu’il y a de si passionnant dans ce que je viens de dire alors je mets ça sur le compte de son ego. Elle veut probablement se la jouer psy hyper cérébrale. Quoique je pense qu’on a dépassé ce stade, il n’y a plus vraiment besoin de me prouver quoi que ce soit vu ma situation actuelle. Statut Facebook : mou. On a connu mieux, bien mieux même.

La réaction exagérée de la blonde me fait hausser un sourcil (enfin, c’est ce que je voudrais faire mais j’ai la moitié de la gueule défoncée et l’autre qui ne doit plus vraiment répondre correctement), je suis coincé à répondre à ses questions alors je vais mettre de côté son stupide manège, la laisser me bassiner un peu et ça sera vite fini. Grosse flemme de lutter encore, je suis beaucoup trop flagada. Par contre, l’air totalement ulcéré de Barbie me surprend beaucoup. Je ne l’ai pas insulté, je n’ai rien fait, rien dit, je suis sage comme une image alors qu’elle cesse de me regarder comme si j’avais chié sur ses ballerines.

-Vous êtes très fort Seth Koffi… vous avez vraiment réussi à me mettre en colère. Vous savez pourquoi?

Euh non, pour le coup, je vois pas vraiment pourquoi. Elle a ce qu’elle veut, non ? Un patient tout calme qui répond à ses questions sans même chercher à mentir. La douleur est en train de revenir dans mes muscles et les petits sauts d’humeur de la petite fille tyrannique commencent à me taper sur le système. Je lui jette un regard plein d’ennui et de soupirs, me demandant ce qu’elle peut bien avoir. La gamine a ses premières règles, c’est ça ? T’as bobo au ventre ? Passe tes humeurs sur quelqu’un d’autre, je ne joue plus.

Mais elle débloque totalement la schtroumphette ! Faut qu’elle redescende sur Terre, je ne vois même pas pourquoi elle me prend la tête comme ça ! C’est de ma faute si elle dort pas ?! Non. C’est de ma faute si elle a du boulot ? Non, et à la limite, je suis pour qu’elle en ait moins et qu’elle me brise pas les couilles. Elle choppe les barreaux de mon lit comme si elle allait se changer en Hulk et le renverser avec un cri de rage. Elle débloque complètement, que quelqu’un l’assomme bon sang !

OH ! Si vous avez pas envie de faire un rapport, le faite pas, ça nous arrange tous les deux ! J’ai pas demandé de thérapie ni qu’une blondasse complètement tyrannique vienne m’emmerder avec ses petits problèmes ! Allez vous coucher, on s’en portera tous mieux !

Pour le coup, rien à foutre de pousser la gueulante, on est deux à le faire et ça fait un beau duo. Etrangement, j’ai presque l’impression que l’on ne s’engueule pas pour la première fois, comme une espèce de vieux couples et de gens qui arrêtent pas de se recroiser genre « encore toi ?! » Je la toise avec dédain et un soupçon de colère noire parce que ça va bien deux minutes les conneries, j’ai répondu à ses questions de merde, ce n’est pas pour subir ses petites crises d’ego. Pour ne rien arranger, je sens la douleur revenir me faire coucou, cuisante mais qui a le mérite de me réveiller de ma torpeur. Je suis plus alerte mais pas sûr que ça m’aide beaucoup. Les effets de la morphine ont disparu mais pas Blondie. La vie est moche parfois.

-Désolée de dire ça comme ça mais j'en ai rien à battre. Vous voulez que je vous dise Seth Koffi, il y a deux choses que vous devez savoir : d’abord, vous êtes dérangé et très con… Et ensuite je ne vous aime pas et je suis en rogne la.  


On est deux à s’en foutre alors barrez-vous. On se fait chier mutuellement, autant couper court.
Bon sang, elle est complètement partie dans son délire et si je n’étais pas…dans ma situation actuelle, je lui collerais une bonne baffe pour lui remettre les neurones en place. Elle me ferait presque flipper avec son ton glacial et ses yeux hallucinés qui jettent des éclairs. Et c’est moi qui dois subir un examen psychologique ?! Allons bon ! C’est cette Melia qui a besoin d’une thérapie, doublée d’une chambre individuelle avec murs capitonnés. La blonde serre les montants du lit à en faire blanchir ses jointures et se penche sur moi. Pour le coup, je sens ma colère se muer en légère appréhension parce que je suis toujours coincé en tant que patient avec une folle psychopathe en guise de médecin. Elisa, vous avez intérêt à m’offrir une grosse boite de chocolats après ce calvaire.

La fausse psy se penche à mon oreille et tout dans son attitude me glace, sa voix dure, son souffle contre ma peau, ses paroles dignes d’un film d’horreur. J’ai la nette impression qu’elle va sortir un couteau et me planter là maintenant, sans que je puisse rien faire. Ou alors, elle va m’injecter une bulle d’air et je vais finir légume sans pouvoir dire qui m’a fait ça. C’est bon, je l’admets sans honte, j’ai grave la trouille. Je me tends tout entier, les yeux agrandis de surprise, ça vire vraiment au scénario glauque. Glauquissime. C’est quoi ce délire en mode « Say my name » ?!
Une vrai Maniaque.

Je crois….je crois que vous êtes…

C’est affreux comme j’ai la gorge nouée de la sentir ainsi juste au-dessus de moi comme un espèce de serpent prêt à m’étouffer. Le pire, c’est l’impression atroce d’être à sa merci et que ce n’est pas la première fois alors que c’est obligatoirement totalement inédit. Ce genre de plan bizarre, on s’en souvient à vie.

Vous êtes complètement folle !

Je tâtonne et me saisit de ma perfusion, me redresse violemment pour envoyer de toutes mes forces la barre en métal dans la gueule de la barjo. Vu que j’attends ma cible en plein dans le mille, on peut dire que c’est un franc succès, surtout par rapport à ma dernière tentative d’héroïsme. Le coup est si fort (il faut bien l’admettre, j’avais beaucoup de sentiments négatifs) que l’élan m’emporte et que je me ramasse sur le carrelage froid, non sans avoir envoyé une seconde fois la perfusion sur la tête de Mélia. Peu m’importe que l’impact avec le sol me rappelle l’âpre vérité sur mes blessures, je me suis un peu vengé. Bordel, je douille....

Allez vous faire foutre, espèce de malade !


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Sam 23 Sep - 21:26

Parlez-moi de votre mère...
-Je crois...je crois que vous êtes…
Il a peur. De moi. Je fais peur à quelqu’un. Moi, je fais peur à quelqu’un ! Mais pourquoi ai-je la sensation que ce n’est pas la première fois ? Quand est-ce que ça s’est passé ?
-Vous êtes complètement folle !
-Non, dis-je en grognant presque dans son oreille. C’est pas moi qui ait eu une enfance traumatisante, je suis l’être le plus normal de toute cette putain d’île.
Un bourdonnement empli mes oreilles, comme un vieux film tentant de se lancer dans mon esprit. C’est ce qui m’empêche de voir la perfusion venir se fracasser contre mon visage.
Un gout de sang envahit ma bouche et ma tête et je sens un craquement au niveau de mon nez. Vient s’ajouter à la douleur, la sensation de chute à mesure que le sol se rapproche de mon dos puis le choc entre ma tête et le carrelage froid. Les larmes obscurcissent ma vue et m’empêchent de voir le second coup que me porte Seth. La barre de métal s’abat une deuxième fois sur mon visage, atteignant de nouveau mon nez. Je ne tente même pas de lever mes bras pour me protéger. Je sens sur mes jambes une partie du poids de Seth.
-Allez-vous faire foutre, espèce de malade !
C’est ce que je suis ? Folle ? Malade ?
Les larmes mêlées au sang coulent dans mon cou alors que je reste étendue. J’entends les râles de mon tortionnaire à côté de moi. J’ai un peu de mal à me concentrer sur ce que je ressens. Pourtant un sentiment doit bien émerger de ce bordel.
Je suis tellement fatiguée et j’ai faim. Alors je me mets à pleurer comme une petite fille. Je me recroqueville sur le côté, la tête dans les mains et je gémis. J’ai mal. Je veux mes parents. Je veux un câlin. Je veux qu’on me dise que ça va aller, que je ne suis pas seule, que je ne suis pas folle, que je vais y arriver. Je pleure pour les mois incompréhensibles que je viens de passer et pour mon nez cassé, parce que je suis Melia et pas une psychopathe, parce que les gens me regardent bizarrement dans la rue alors que je passe des heures à vérifier que rien ne cloche dans le miroir, parce que j’ai jamais été amoureuse, parce que le sang m’étouffe. Mes larmes chassent un peu ce qui m’obstruait la vision mais je ne m’arrête pas de pleurer. J’ai du être une personne horrible dans une autre vie pour mériter ça. J’ai dû tuer des gens. Peut-être beaucoup, des enfants et des bébés et des mamans qui me suppliaient de les épargner et qu’elles m’offriraient leur nouveau-né si je ne touchais pas à leur famille et des gens qui entre-tuent devant moi alors que je ris. J’ai l’impression de mourir et peut être que c’est pas vrai mais j’aimerais bien. J’envie les mourants dans les bras d’un être aimé. Mais personne ne veut me prendre dans ses bras, dans la pièce il n’y a que Seth.
Bizarrement c’est grâce à ses râles de souffrance que je parviens à reprendre pied. Je me concentre sur sa respiration. Je ne peux pas mourir par sa faute. Ce n’est que Seth. Petit à petit mes larmes cessent de couler. Péniblement, je me hisse sur le côté et repousse la perfusion pour me dégager. J’ai l’impression d’avoir chuté au fond d’un ravin. Mon nez est cassé et j'ai mal au crâne. Ma blouse est tachée de sang et j’en ai aussi dans les cheveux. Je tente d’éponger le flot qui coule de mon nez avec ma manche mais je ne fais que la tremper. J’ai encore parfois des hoquets et quelques larmes avec. Enfin, je regarde mon patient à mes pieds. Il ne me regarde pas, lui aussi est recroquevillé. Je me traîne vers lui et le remet sur le dos. Je prends sa tête dans mes mains pour voir si ses sutures n’ont pas éclaté mais il semble ne rien avoir de plus que ses précédentes blessures. Il a perdu sa perfusion et la souffrance l’empêche de me lancer autre chose qu’un regard meurtrier. Je m’agenouille à ses côtés et glisse mes mains dans son dos en faisant attention à ne pas toucher les zones blessées. Personne n’a rien entendu. La chambre est fermée et tout s’est passé sans cris ni grands fracas parce que que j’ai amortie la chute de la perfusion et un peu celle de Seth.
Je le soulève le plus délicatement possible et parvient, je ne sais comment, à le rallonger sur son lit. Je rabats ses couvertures et enfin ramasse la perfusion et la réintroduit dans son bras. Puis je vais chercher du papier dans les toilettes et je tente de m’essuyer tant bien que mal. J’en ai vraiment partout. Je me lèche les lèvres. L’odeur du sang m’est familière bien sûr mais à cet instant elle est particulièrement forte. Mon nez est tordu, en miettes. Ça me donne un look de clocharde à moi aussi. Peut-être que je vais me retrouver avec un nez aquilin comme Dumbledore. Ça me donnera l’air sage ? C’est bien pour un psy d’avoir l’air sage.
En revenant vers mon patient je constate qu’il va un peu mieux, au moins il est reconnecté avec les antis -douleurs.
Je ramasse ma chaise et me reçoit à ses côtés. Nous nous retrouvons comme avant sauf que je suis couverte de sang et de larmes. On dirait que j’ai fait un saut dans le temps et que je suis revenue au moment où j’étais partie. C’est comme si j’avais eu le temps de me battre dans plusieurs guerres. A ma grande honte, des larmes recommencent à couler sur mes joues. Je baisse la tête pour ne pas que Seth les voit. Il me faut un peu de temps pour me calmer une seconde fois.
-Je pourrais vous tuer vous savez.
J’ai dit ça comme une constatation, sans m’arrêter de pleurer. Parce que c’est vrai et qu’une partie de moi veut se venger. L’autre partie… est juste triste. Je ne sais pas pourquoi. Il parait qu’une sensation de mélancolie profonde indique que quelqu’un nous manque. Personne ne me manque.




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Dim 24 Sep - 12:39

Parlez-moi de votre mère...


Etendus que nous sommes sur le sol, on dirait une partie de Twister qui aurait mal tourné. « Mets ton pied sur le rond rouge, main sur le rond vert, bing ! Grosse gamelle ». Dans ma chute, j’ai eu un peu de chance vu que je me suis réceptionné sur le dos et pas sur le côté comme j’aurais pu m’y attendre. La douleur m’emprisonne totalement et je respire bruyamment en fixant les néons au-dessus de ma tête. Maintenant que je suis là, étendu sur le carrelage sans espoir de pouvoir remonter par moi-même, je me sens étonnamment serein. Peut-être parce que je n’entends plus l’autre blonde qui m’a foutu la trouille de ma vie. Peut-être parce que j’ai tellement mal que mon cerveau a des courts-circuits.

Je sens le corps de Mélia dans mon dos, c’est extrêmement peu confortable et ça n’arrange pas mes soucis de côtes cassées. Une partie de moi est totalement dégoutée à l’idée de toucher cette femme, d’être près d’elle, comme si nos corps ne formaient qu’une seule entité douloureuse. Alors je prends sur moi, me balance sur le côté pour me dégager, déclenchant des séries d’éclairs dans mes yeux. Un vrai feu d’artifice rétinien qui me coupe le souffle pendant un bref instant. La partie en miettes de mon visage se retrouve contre la surface dure du sol mais je m’en fiche, les carreaux sont si frais que ça me soulage d’une certaine manière. Je dois avoir un air étrange, en position fœtale, ma tenue d’hôpital retombant sur mon corps sans rien cacher de mon derrière (je fais ce système de fermeture dans le dos, c’est parfaitement impudique). Je crois que je vais rester comme ça, face contre terre et perclu de douleurs, peut-être que je vais dormir un peu, en attendant qu’une âme compatissante vienne me remettre dans mon lit comme quand j’étais petit. Pas sûr que ce soit aussi aisé qu’avec un gamin de 4 ans mais tant pis pour leurs pommes. Ils n’avaient qu’à pas m’envoyer une psychopathe.

D’ailleurs, toute la crainte et la colère que j’avais pour elle se sont momentanément envolées, ne reste qu’une profonde lassitude, le genre qui fait pousser un gros soupir quand on voit quelqu’un que l’on essaie de fuir. Grosse flemme de me battre de nouveau et je pense qu’elle non plus n’a plus très envie de continuer ce petit jeu de pouvoir. Ou de massacre. Je la sens remuer près de moi et c’est le son qui parvient jusqu’à mes oreilles qui me surprend le plus. Elle pleure ? Probablement que je l’ai tapé un peu fort, je ne vais pas critiquer ceux que la douleur fait chouiner, ce n’est pas une honte en soit. A vrai dire, je ne ressens ni regret ni honte à l’idée de lui avoir asséné des coups de perfusion. Elle faisait vraiment trop peur. Mélia se redresse et je me demande si elle va partir, non sans m’envoyer un ultime coup de pied dans le ventre. Ce serait de bonne guerre. J’attends donc patiemment qu’elle s’en aille, je crois que je n’en ai plus rien à foutre de rien. Même plus envie d’engueuler (gentiment) Elisa, trop la flemme.

Des mains me font basculer sur le dos et je ne gémis même pas, me contentant d’un regard interrogateur en voyant qu’il s’agit (encore) de la blonde. Qui a probablement le nez cassé vu comment ça dégouline rouge sur son menton. Entre les larmes et le sang, elle a vraiment une sale gueule. Grâce à moi ! Aucun regret, encore une fois. Sûr que l’on a tous les deux l’air extrêmement pathétique mais perso, je m’en fiche. A la place, je me demande ce qu’elle prépare encore parce que je suis totalement las et je n’ai qu’une envie, c’est de sombrer dans l’inconscience. Même si j’ai beaucoup trop mal pour ça. Lorsque Barbie me prend le visage, je lui jette un regard assassin parce que j’ai l’impression soudaine qu’elle va me rouler une pelle et que même en laissant de côté mon homosexualité, je sens que ça va me dégouter horriblement. Mais non, pas de baiser à l’horizon (ouf), juste elle qui me soulève à moitié. La partie inférieure de mon corps a au moins le mérite de répondre présente et je pousse sur mes jambes pour accompagner le mouvement, sans que mon cerveau n’ait cessé de se demander ce qui peut bien se passer. Tout est tellement étrange, moi qui suis mou comme un pantin, elle qui dégouline de partout et qui m’aide à me mettre au lit. Difficile de croire que l’on s’insultait il y a deux minutes.

En tout cas, j’admire l’insonorisation de cet hôpital parce que personne n’est venu voir ce qui se passe malgré le fait que l’on se soit crier dessus, que l’on se soit à moitié battus et que l’on ait chuté comme des merdes. Mélia me recouche et je continue de darder sur elle un regard intrigué pendant qu’elle rabat les couvertures. Puis, elle me remet ma perfusion et j’ai une petite étincelle de reconnaissance dans le regard. Pour moi, c’est une trêve, la fin des hostilités. De toute façon, on est tous les deux trop amochés pour tenter quoi que ce soit. Elle doit probablement n’avoir qu’une envie, c’est d’aller se coucher et je partagerais ce désir. Quelle journée…

J’accueille les antidouleurs comme une bénédiction, hésite à fermer les yeux pour clore le débat. Je doute que la psy tente de me tuer mais on ne sait jamais alors je garde l’œil ouvert, au cas où. Mélia tente de rattraper les dégâts sur sa face, ce n’est pas probant. Elle va avoir les yeux cernés pendant un moment, c’est certain. Elle se réinstalle comme avant et je me demande si elle va tenter de reprendre là où nous en étions, ce serait bizarre et un peu idiot. Même pas sûr que je puisse ouvrir la bouche pour lui répondre. Ce serait parfaitement absurde.

-Je pourrais vous tuer vous savez.


Je sais.

C’est sorti tout seul, d’une voix rendue un peu sourde et croassante par les dernières minutes. C’est vrai qu’elle pourrait me tuer, il y a tant d’opportunités et de moyens qui s’offrent à elle que s’en est ridicule. Elle peut m’écraser comme un insecte sans que personne n’y trouve à redire, ni famille ni amant. Mais je sens qu’elle n’en a pas envie ou du moins, qu’elle a trop la flemme pour tenter quelque chose. Rien que parce que ça ferait de la paperasse. Je tourne mon regard vers elle, pose une question idiote mais j’en ai envie et de toute façon, je n’ai rien d’autre à faire pour le moment.

Et maintenant ?



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Dim 24 Sep - 16:47

Parlez-moi de votre mère...

-Et maintenant ?
-Maintenant on fait une trêve, dis-je en enlevant ma blouse, Regardez, drapeau blanc.
Mais mes paroles sonnent creuses, elle est tâchée de sang. Ce n’est pas une trêve, c’est juste que nous sommes tous les deux fatiguées et las. De toute façon pourquoi parler ? Ce que nous ressentons l’un pour l’autre ne peut pas être réglé en parlant. Quelque chose se réveille dans toutes l’île et nous devons faire avec, même si ça implique de nous laisser porter par des émotions qui ne nous appartiennent pas. Je me suis battue avec un inconnu et je comprends mieux pourquoi lui-même s’est retrouvé dans un hôpital. Toute cette île devient folle, me défendre contre l’air ambiant ne ferait qu’aggraver mes blessures. Je ne suis pas sûre que tout ça ait beaucoup de sens.
Le regard que me lance Seth, toujours chargé de colère et de mépris ne pourra jamais être adouci. Cette vérité me frappe comme celle d’une mort imminente et après tout c’est peut-être bien ce qui va arriver. On ne peut pas ressentir autant de haine et ne rien faire. Peut-être qu’un jour l’un de nous deux devra tuer l’autre.
Mais avant il faudra comprendre pourquoi.
Je renifle et utilise ma blouse pour essuyer le plus de sang possible. Evidemment j’ai pensé aux conséquences, même si on a eu de la chance jusqu’à présent, je ne peux pas sortir d’ici comme si de rien n’était. Il y a des masques chirurgicaux dans les armoires de toutes les chambres de l’hôpital alors j’en prends trois. Il ne faut pas que le sang les imbibe trop rapidement. Puis je vérifie que Seth est toujours installé comme lorsque je suis arrivée et je lui dis :
-Je ne sais pas pourquoi vous m’en voulez autant. Même si je pouvais le faire, je ne vous tuerais pas parce que je n’en ai pas envie. Je voulais juste que vous sachiez ça. J’en ai rien à battre de vous. Vous m’avez traité de folle et peut être bien que je suis en train de perdre la boule comme tout le monde sur cette île mais dans ce cas vous aussi. Je ne crois pas que vos pulsions meurtrières soient le fruit d’un cerveau en bonne santé Seth Koffi. Mais je suis psy, pas catcheuse et il hors de question que je risque ma vie à essayer de vous soigner. Donc je vais me barrer et faire comme si rien ne s’était passé. Je vais rédiger un faux rapport et vous pourrez partir quand vous serez guéris physiquement. Je me fiche de ne plus vous voir ou pas, je ne ressens rien pour vous. Mais si vous essayiez encore de me tuer, cette fois je me défendrais. Normal quoi.
Je me sens mieux, comme si quelque chose s’était remis en place. Pourtant c’est toujours le bordel mais au moins c’est un bordel dans lequel je me repère. Je sais ce qui m’attend, je gère le chaos.
Avant de partir je jette un coup d’œil dans le miroir des toilettes. En plaçant les trois masques sur mon visage je fais attention à ce qu’ils recouvrent bien les parties ensanglantées. Puis j’essuie les dernières traces autour et je roule ma blouse entre mes bras pour que le rouge soit caché sous les parties encore blanches. Si je vais vite ça peut le faire. Sans un regard pour Seth, je me retourne et fonce hors de la chambre. Heureusement il n’y a pas trop de monde dans le couloir et je marche d’un pas rapide sans regarder personne. Mon nez se réveille de plus en plus et commence sérieusement à me faire mal. Il m’a pas loupé le salaud. Arrivée en haut des escaliers qui mènent à l’étage inférieur, je vérifie que personne ne monte et pousse un cri (c’est pas cette année que j’aurais un Oscar mais on s’en fiche) puis je dévale les escaliers en faisant du bruit et m’allonge rapidement au pied des dernières marches en pressant ma blouse sur mon nez sans oublier de ranger les masques dans une poche. De toute façon on ne me fouillera pas. C’est le truc le plus con que j’ai jamais fait et je me sens débile à attendre sans bouger. Après ce qui me parait être une éternité, j’entends des tas de gens débouler vers ma position et je fais comme si j’étais légèrement assommée alors qu’ils s’agglutinent autour de moi. Je me laisse emporter et je songe avec une certaine satisfaction qu’au moins je serais surement dispensée d’exam demain. C’est marrant qu’un truc aussi trivial me vienne à l’esprit alors que je viens de me prendre deux perfusions lancées par un patient me vouant une haine viscérale. C’est rassurant. Je reste humaine.





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Parlez-moi de votre mère... Seth & Melia
✦ There's no crying wolves now 'Cause the truth has settled in ✦
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