| Ven 17 Nov - 19:57 | | Outside of time I find silenceIl y a un… relatif silence. Relatif. Il n’y a pas de bruit dans la pièce en dehors de deux respirations, dont la mienne fait partie. C’est comme du silence n’est-ce pas ? Il y a pourtant du bruit dans les couloirs, dont des cris de personnes visiblement en encore moins bon état que moi. Je ferme les yeux trente secondes. Il n’y a pas de bruit dans ma tête ? Si ça revient, ce petit sifflement qui semble devenu permanent depuis un moment, depuis ma dispute avec Marc. Ou il était là avant surement, mais j’avais toujours cru que ce n’était que des migraines. Je rouvrais les yeux qui se posaient sur les deux petits pilules, avec du blanc, du rouge et du jaune, posé dans un mini carton que je tenais dans ma main. C’était… Qu’une drogue comme une autre finalement. J’aurais préféré un verre de whiskey, ou même la bouteille complète. J’aurais préféré mon paquet de clope aussi. Ou n’importe quoi d’autre. J’aurais voulu être n’importe où qui n’était pas ici. Mais c’était ma faute si j’étais là, c’était moi qui avait forcé la main de Alkis pour finir ici. C’était ma faute. Je l’avais cherché. Marc avait raison : j’étais totalement folle. Ne fais pas ça. Je soupirais et portais le petit carton à mes lèvres. Je basculais la tête pour faire tomber les deux pilules dans ma bouche avant de vider le micro verre d’eau qu’on me donnait pour avaler mes médicaments. Avec eux, j’entendais plus les voix. Juste quelques secondes de protestations par jours, quand les effets s’étaient dissipés. Je fermais les yeux, quelques secondes, inspirant un grand coup par le nez pendant que je sentais les pilules difficilement passer jusqu’à mon estomac. Il y avait une certaine liberté dans ce silence dont je n’avais jamais joui jusqu’à lors. Mais elle était malsaine cette liberté. Pas naturelle. Les voix me manquaient. Elles étaient mon quotidien. Elles étaient ma normalité. Mais elles n’étaient pas normales pour autant et elles devaient disparaître. C’était mieux ainsi. J’ouvrais la bouche pour que l’infirmier vérifie que j’avais bien avaler mes pilules. Stupide. J’étais ici de mon plein gré, malgré une putain d’envie de me casser à la première occasion. Voyant qu’il semblait satisfait, je tentais quelque chose. Est-ce que je pourrais téléphoner ? Un fol espoir quand je vois un sourire se poser sur son visage. Non. Un espoir brisé en morceau. Etait-ce plus mal ? J’étais même pas sure de qui j’aurais appelé. J’avais envie d’entendre la voix de Marc, de m’excuser même. Mais je savais très bien qu’il ne me répondrait pas. J’avais envie d’appeler Elijah. Je pouvais pas appeler les parents, s’ils savaient pas c’était mieux. Je pouvais pas appeler Jake, personne le pouvait maintenant et je voulais pas le mettre en danger. Je pouvais pas mettre ce genre de poids sur les épaules de Wesley ou Amélia. Non je devais appeler Elijah. J’avais envie qu’il me rassurer comme il le faisait quand j’étais plus petite. Mais j’étais pas sure qu’il me réponde quand j’appelais, j’étais pas sure de pas vriller une fois devant les téléphones et d’appeler quelqu’un d’autre. J’étais pas sure de pas faire une de ces conneries qui me caractérisait si bien. J’avais le droit aux visites depuis quelques jours, puisque je coopérais. C’était déjà bien. Je devais m’en contenter. On m’avait dit que j’avais des visites de prévues dans les jours à venir. Je ne savais pas qui. Je ne savais même pas si c’était vrai et vu comment j’appréciais les gens qui s’occupaient de moi, j’avais pas envie d’y croire. Ils étaient mauvais, sadiques et j’en passais. Je le sentais. Mais j’en avais rien à foutre. J’avais connu bien pire à l'orphelinat. Je sortais de ma chambre en soupirant. Je trainais un peu les pieds. Je n’avais envie de rien depuis que j’étais ici. Finalement peut être que les médicaments ne faisaient pas que taire les voix. Ils devaient aussi m’abrutir. Surement qu’ils avaient eu mon dossier médical si ce n’est mon dossier juridique. Et qu’ils s’avaient. Qu’ils savaient que je pourrais les cogner jusqu’à… Oh merde. Mon cerveau cessa trente seconde de se plaindre. Parce que ce que je voyais était bien pire que tout ce sur quoi je pouvais bien râler jusqu’à lors. Il était là, debout au milieu de la pièce, comme si de rien n’était. Il avait un sourire sur le visage, un vrai sourire pas un de ces rictus que je lui connaissais. J’étais estomaquée. Jusqu’à ce que mon cerveau, réagissant à la menace, de sa simple présence ici, n’envoie l’adrénaline. Je sentis une douleur traverser mon ventre à l’endroit de la cicatrice. Je sentis mes mains commencer à trembler. Alors que pour la première fois, je me souvenais réellement de ce qui c’était passé. J’entendais le bruit du canon. J’entendais le cri de Marc. Il était là. Il souriait. Il avait une blouse de médecin. Bordel, il était là juste devant moi. Ronald. Il était pas mort. Il était là. Je sentais mes jambes qui tremblaient. Apeurée comme je n’avais pas souvenir d’avoir un jour était, je reculais. Lentement, ayant peur de m’écrouler. Ronald était dans ce putain d’asile. Je devais sortir d’ici. Le plus vite possible. Je… Marc. J’avais besoin de Marc. |
|