Charisma, Uniqueness, Nerve & Talent

Charisma Uniqueness Nerve & Talent

feat Junno Park

La scène était son élément. Se retrouver sous les lumières des projecteurs à divertir toute une salle, voir tout ces sourires qui lui étaient destinés, il n'y avait rien de mieux à ses yeux.

Harry avait toujours aimé attirer l'attention, n'ayant que peu de fois au cours de sa vie était effrayé par le regard des autres. Que ce soit dans une cours de récréation, une salle de classe ou lors d'un dîner, le jeune homme faisait de n'importe quel lieu un spectacle. Sa capacité à provoquer et répliquer sans avoir même besoin de réfléchir faisait beaucoup rire autour de lui et c'était un sentiment qu'il adorait. Faire rire les gens, leur faire passer un bon moment.

C'était ce qui l'avait attiré chez les drag queens. Cette image provocante et gênante qu'elles renvoyaient à la société et qui pourtant trouvait un public admiratif. Harry faisait partie de ceux qui les admiraient. Alors il avait essayé, se fichant bien que l'on remette sa masculinité en question ou non. Provoquer et divertir, de quoi pouvait-il rêver de plus? Aussi, il appréciait jouait un autre personnage. Se travestir lui avait fait réalisé de nombreuses choses à son propos. Parfois, il était bon de s'oublier et de devenir quelqu'un d'autre le temps d'une soirée.

Ce soir là, Harry était celui qui présentait le show. Entre chaque numéro, il lançait des blagues et improvisait avec le public. Un rôle qui lui allait bien puisqu'il ne faisait pas partie de ces reines maîtrisant parfaitement l'art du lip-sync. Pas qu'il n'aimait pas ça, au contraire, mais ce n'était pas non plus ce qu'il préférait. Et, autant se l'avouer, il n'était clairement pas le meilleur danseur. Il ne pouvait pas faire de death drop ou autre acrobatie. Mais il savait quoi faire pour attirer le regard et donner l'illusion que tous recherchaient. Non, il était beaucoup plus doué à l'art de la provocation. Il pouvait "lire" n'importe quelle personne de l'audience, c'est à dire mettre en avant leurs défauts en les exagérant ou non, sans qu'on vienne lui reprocher. En vérité, on en demandait plus. Il était payé pour critiquer.

Alors qu'il passait en revue les membres de l'audience, son regard se posa sur un visage plus que familier. Ce n'était pas un habitué du bar mais le seul et unique Junno qui venait enfin le voir sur scène. Un sourire s'invita sur ses lèvres. Il n'allait pas lui échapper.

- Ok, tout le monde? Vous voyez ce bel asiatique à la table là, assis timidement comme s'il essayait de ne pas se faire remarquer pour que je ne l'affiche pas? Ce mec c'est un ami qui s'appelle Junno et vous voulez que je vous dise quelque chose? Il est célibataire et désespéré. Mais genre vraiment désespéré! Le gars s'est plaint auprès de moi de ne rencontrer personne et là on peut tous lire qu'il le regrette amèrement sur son visage.

Harry afficha son ami avec amusement, entonnant une voix qui laissait comprendre que tout ça n'était qu'une blague et qu'il n'y avait aucune inimité entre eux. La comédie, c'était son truc. Et il savait comment délivrer une blague.

- Alors, que vous soyez un homme, une femme, ou n'importe quoi d'autre, n'hésitez pas à lui sauter dessus. Ça le décoincera un peu.

Harry envoya un sourire complice à Junno avant de continuer le spectacle. Justement, c'était à son tour d'entamer un lip-sync. La chanson de Taylor Dayne, Tell it to my heart, débuta et Ariah fit le show, bien décidé à surprendre son ami pour lui montrer de quoi il était capable. Il n'hésitait pas à secouer de la tête pour faire virevolter les mèches brunes de sa perruque, bouger son corps sensuellement dans l'espoir de choquer un hétéro obsédé par sa masculinité et à bouger ses lèvres en fonction des mots de la chanson sans qu’aucun son n'en sorte pour autant.

La musique prit fin, Ariah lança quelques autres blagues et annonça la prochaine drag queen avant de descendre de scène et rejoindre Junno. Elle avait hâte de savoir ce qu'il pensait de son alter ego au maquillage exagéré, imposant toujours plus son statut de comedy queen.

- T'es finalement venu! Ah, désolé pour tout à l'heure mais il y avait aucun moyen que t'y échappes.

Il s'installa et prit une pose théâtrale devant son ami avant de prendre une voix féminine :

- Alors, qu'est-ce que tu penses d'Ariah?

☾ anesidora

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FT. Harry

Cette fois, tu t'es décidé. Ce soir, tu vas voir ton ami se produire sur scène comme il te la proposé la dernière fois. Tu te demandes un peu ce qui t'attends. Non pas que tu juges Harry, bien au contraire. Il est libre de faire ce qui lui plait. Tu n'as rien à dire là-dessus car malgré tout tes défauts. Malgré toutes tes convictions et tes arrêtés sur certains sujets, tu peux te montrer ouvert d'esprit. Uniquement chez tes amis. Quand tu es mode sympathique et non arrogant à souhait. Bref. Cette fois, tu es prêts. Tu es même plutôt curieux de voir Ariah, étant donné qu'il t'en a beaucoup parlé.

Tu t'es donc préparé. Après avoir mit ta veste favorite. Une veste en cuir qui te va plutôt bien d'ailleurs. Tu quittes la maison familiale, les mains dans les poches et tu prends ta voiture, direction Emmann.

Durant le trajet, tu laisses libre court à tes pensées. Tu repenses au festival. A la frustration que tu as ressenti quand tu n'as pas pu y assister. Tu espères vraiment que toi et tes collègues mettent enfin la main sur ces foutus émergés. Rien que d'y penser, tu sens ton cœur se serrer et une colère sans précédent t'envahir. Tu serres les doigts sur ton volant. Tu crispe la mâchoire et tu lâche un grognement avant de prendre une longue et profonde inspiration.

Ne pas penser boulot ce soir, c'est la règle. Tu te l'es promis. Tu l'as promis aussi à Harry et si tu ne souhaites pas que vos conversations partent encore dans les aiguës, tu as tout intérêt à faire quelques efforts pour une fois. Même si bon, vous fonctionnez comme ça et votre amitié a toujours été des plus piquante, ce qui ne te déplait guère. Sinon, ça ferait bien longtemps que vous vous taperez dessus.

Toujours est-il que tu arrive à l'endroit du show. Tu te gares sur le parking et tu sors de ta caisse pour entrer à l'intérieur. Il y a du monde. Tu n'es pas vraiment très à l'aise. Ce n'est pas une question de réserve ou de timidité. Oh non. Tu n'as aucun problème là-dessus et tu dis facilement, trop facilement ce que tu penses aux gens, sans prendre de pincette ou quoi que ce soit d'autre. Mais là. Là, oui, tu n'es pas vraiment dans ton élément. Mains dans les poches, visage un peu fermé, tu remarques une table là-bas, un peu à l'écart des autres qui te plais plutôt bien et tu t'installes, ancrant tes yeux sur la scène où, justement, une drag queen se produisait.

Tu n'as pas reconnu ton ami tout de suite. Faut dire que ça change. Après avoir passé commande auprès d'une serveuse, tu profites agréablement du spectacle, en te disant que la présentatrice, qui n'est autre que Harry mais ça, tu ne le sais pas encore, est plutôt douée. Elle avait une aisance à couper le souffle. Elle avait aussi l'art et la manière de déranger, de provoquer, ce que tu trouves génial. Toi qui est souvent aussi dans la provoque. Bref. Tu profites, tu ris, tu applaudis avec les autres jusqu'au moment où la drag queen te désigne et là. Là tu comprends tout de suite. Gêné, tu passes une main sur ton visage et tu rougis, en le maudissant de toutes tes forces.
- Putain...

Tu lâches un juron et tu sens tout les regards se tourner vers toi, ce qui te fous vraiment mal à l'aise. Non. Pour le coup, tu maudis vraiment Harry et tu poses tes yeux sur lui en secouant légèrement la tête de droite à gauche. La prochaine fois, tu feras en sorte de te taire, concernant ton manque de fréquentation. Ça vaux mieux. Tu ne peux t'empêcher cependant d'échapper un rire au sourire complice de ton ami et tu t'adosses contre le dossier de ta chaise, en te basculant légèrement.

Le show se termine et tu salues sa prestation. Malgré qu'il t'a bien affiché, l'enfoiré, tu admets qu'il est super bon dans ce domaine et tu dois dire que tu as passé un excellent moment. Alors que tu le vois descendre de la scène pour te rejoindre, tu portes ta boisson à tes lèvres et tu lâches un sifflement, une fois qu'il arrive enfin à ta hauteur.
- Bien sur que je suis venu ! Tu m'en as tellement parlé. J'étais curieux moi.

Une grimace se forme néanmoins sur tes lèvres quand il refait mention de son coup bas et tu le pointes du doigt en rigolant :
- Ouai, sympa hein. Tu veux me faire passer pour quoi? Maintenant, tes fans vont tous penser que je suis en chien. Merci bien ! Cela dit, t'as intérêt que ça marche. Histoire de ne pas m'avoir affiché pour rien.

Bon, tu décides de le prendre à la rigolade. Après tout, c'est Harry. Tu l'aimes bien. De nouveau, un rire s'échappe de ta gorge et tu rebois une gorgée de ton kir avant de poursuivre, en l'observant plus en détail.
- Je dois dire qu'elle est parfaite. Drôle, provocante, lumineuse. Elle a tout pour plaire ! Bravo. J'ai vraiment passé un bon moment. Je t'avoue que sur le coup, je ne t'avais même pas reconnu.

(c) ANAPHORE

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feat Junno Park

Harry n'avait que peu de temps à accorder à ceux qui n'arrivaient pas à rire de soi-même. Il pouvait comprendre que pour certains, en raison d'un manque de confiance en soi, son humour provocateur était quelque chose de difficile à assumer et il essayait alors d'y aller plus en douceur. Pourtant, c'était plutôt ceux qui étaient accrochés désespérément à leurs egos qui exprimaient leurs mécontentements. Ces derniers ne pouvaient supporter la moindre moquerie sans y voir une forme de jalousie ou d'attaque personnelle. Et même si, parfois, Harry essayait effectivement de leur montrer leurs défauts, de leur ouvrir les yeux sur ces derniers, il avait pour habitude de prendre tout ceci à la rigolade. Malheureusement, tous n'avaient pas cet humour bien installé dans la communauté drag. Ainsi, Harry n'hésitait pas à l'utiliser à outrance sur scène, sachant qu'il y avait très peu de chance que quelqu'un soit choqué par ses propos. Pour autant, il était parfois plus difficile d'utiliser cet humour sur ses amis ou ses connaissances qu'il invitait pour la première fois à un spectacle de drag queens. Pour le nombre de fois où ils s'étaient fait taper sur les doigts à cause de ses blagues, Harry était bien content que Junno ne soit pas de ceux qui avaient des difficultés à rire de soi-même. Ils faisaient partie de ceux qui avaient un sens de l'humour. Dieu merci.

- Mes fans? Tu dis ça comme si j'étais mondialement connue. Crois le ou non, les médias préfèrent s'intéresser à RuPaul plutôt qu'à moi! lança-t-il avec un léger rire avant de continuer : Mais t'inquiètes. Je suis sûre que tu vas être abordé dans l'heure qui suit. Et si, moi, je suis abordé par des mecs, je te les enverrais.

Harry ne comptait plus le nombre de fois où il s'était fait dragué par des hommes. A effectuer un métier presque exclusivement exercé par des homosexuels, il était difficile d'éviter les avances de certains d'entre eux. Si le british s'était laissé tenter une seule et unique fois dans sa vie par un homme, il savait qu'il y avait très peu de chance pour que cela arrive de nouveau. Il aimait bien trop les femmes et trop peu les hommes pour se déclarer bisexuel.

- Avec la tonne de maquillage que j'ai sur le visage, je veux bien croire que tu ne m'ais pas reconnu, dit-il à Junno alors que celui-ci le complimentait sur son persona Ariah. En tout cas, content que tu sois là et content que ça t'ait plu. C'est pas tous les jours que mes proches essayent de s'intéresser à ce que je fais.

C'était triste mais c'était bien la vérité. Son métier semblait toujours mettre une barrière ridicule entre lui et le reste du monde. Et si cela pouvait parfois lui peser sur la conscience, Harry préférait vivre de ses passions plutôt que de vivre pour le reste de la société.

- Ça te changera les idées de venir ici. Interdiction de penser au boulot! Ce soir, tu profites!

☾ anesidora

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FT. Harry

Assis à ta table, ta boisson posée au devant-toi, tu regarde Harry. Passé la honte, un sourire franc et amusé étire tes lèvres et tu n'as plus vraiment l'air de lui en vouloir. Après tout, il y a une part de vérité dans ce qu'il a dit. En ce moment, ta vie amoureuse est d'un calme plat et tu as bien besoin d'amusement pour te sortir un peu de cette routine qui t'as englobé depuis que tu es entré dans la garde. Même si oui. Tu kiffes cette vie. Même si oui, tu l'as voulu, tu l'as eu et tu ne regrette absolument pas tes choix. Ton ami a beau ne pas croire aux émergés, toi tu sais qu'ils sont là. Toujours plus nombreux parmi la population. Tu sais que certains se cachent. La rafle a juste mit le feu aux poudres et c'est de votre devoir, maintenant, de protéger la civilisation de ces scélérats.

Bref. Maintenant que tu es parvenu à entrer dans tout ça. Oui, il est temps pour toi de te détendre un peu. De séparer loisir et travail. Pour ton propre bien. Tu compte même reprendre le basket, d'ici peu. Un soupir s'échappe donc de ta bouche et tu agrippes ton verre pour le porter doucement à tes lèvres.

Un rire t'échappe aux dires de ton ami. Tes épaules tressautent. Tu te détends petit à petit et tu te prends même à te balancer sur ta chaise. Toc qui montre bien que là, tu es posé, calme, relaxé. Bien quoi. N'empêche, Harry mériterait d'avoir des paparazzis aux fesses. Tu l'as trouvé vraiment très bon sur scène. Tu ne regrette absolument pas d'être venu ici et oui, tu as plutôt apprécié de faire la connaissance d'Ariah. Alors tu hausse les épaules, tu sors d'une voix taquine, amusée :
- Qui sait, peut-être qu'ils s'intéresseront à toi aussi. Non vraiment, tu as du talent. Et même que c'est sincère !

Tu ris. Tu porte ta boisson à ta bouche. Tu laisse cette dernière couler dans ta gorge et tu apprécie son goût. Puis, il enchaine, en te promettant que d'ici une heure, tu seras surement abordé par des hommes ou des femmes. Ton sourire s'élargit. En vrai, tu l'espère car bon. Tu te sens un peu seul ces jours-ci. Même si tu n'es pas vraiment du genre à t'attacher à beaucoup de monde. Car à part Harry. Tes amis se comptent sur les doigts d'une main. Et oui.

Faut dire que tu n'es pas quelqu'un de très facile à vivre. Autant avec ton ami, tu es sympa, franc, sincère, authentique, autant avec les autres, tu te comporte comme le dernier des petits cons qui n'hésite pas à te moquer, faire chier son monde pour avoir ce que tu veux et faire des crasses à tout va. Tu es comme ça. Tu n'as pas l'intention de changer de toute façon et bref, il n'y a que Harry qui arrive à te cerner comme toi tu es réellement. Ça te convient. Tu baisses légèrement la tête et un nouveau rire s'échappe de tes lèvres, surtout quand il rajoute que si des mecs viennent le voir, il te les enverrais aussi sec.
Merci, c'est sympa, dis-tu en rigolant, poursuivant sur le ton de la plaisanterie. Ils ont intérêt d'être à mon goût par contre sinon je te jure que tu en entendras parler pendant des mois.

Non parce que tu n'es pas désespéré au point de laisser quelqu'un qui ne te plait pas entrer dans ton lit. Il ne faut pas déconner non plus. La discussion continue et tu l'écoute, portant de plus belle ton verre à ta bouche.
- Bwa, c'est normal. Je t'ai dis, j'étais curieux. Puis, j'allais pas rater ça quand même.

Comme tu l'as dit. Harry fait partie de tes seuls amis. Tu l'apprécie assez pour faire des efforts et oui, tu étais vraiment curieux de connaitre Ariah. Alors. Tu ne t'es pas forcé. Oh non. De toute façon, si tu n'avais pas voulu venir, tu ne serais pas venu. C'est aussi simple que ça. Tout en arrêtant de te balancer sur ta chaise, tu t'accoude à la table et tu lève ton verre en sa direction, comme pour trinquer dans le vide.
- A vos ordres chef ! Du coup, tu vas remonter sur scène là où tu as fini pour la soirée? Sinon, ça te dis de m'accompagner dehors pour que je fume une petite cigarette?

Non pas que tu fume souvent hein mais là, c'est exceptionnel. Ça peux t'arriver parfois et comme t'as si bien dis ton ami, profiter de la soirée ne te fera pas de mal. Bien au contraire.

(c) ANAPHORE

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feat Junno Park

Harry sourit aux compliments de son ami. Ce dernier le trouvait talentueux, ce qui ne pouvait que faire plaisir à la drag queen. En tant que telle, la société n'associait que rarement le talent à cette profession. Voyant plutôt cela comme faire le clown. Mais ils oubliaient qu'être clown pouvait également être une profession, une manière de gagner de sa vie. Harry se voyait comme un comique et on lui avait déjà demandé s'il n'avait pas pensé à se reproduire sur scène sans être habillé en femme, assurant que cela lui donnerait plus de succès. Et la réponse était toujours la même : non. Il aimait porter sur ses épaules des vêtements féminins et extravagants, il aimait se maquiller, il aimait "change de sexe" le temps d'une soirée, il aimait choquer et il aimait faire réfléchir la société. Pour certaines drag queens, ce n'était qu'une profession. Pour Harry, c'en était une, oui, mais c'était aussi une passion.

- Si je veux qu'ils s'intéressent réellement à moi il faudrait que je participe à RuPaul's Drag Race. Et je ne sais pas toi, mais jl'Amérique ne me tente pas vraiment.

Harry avait bien pensé à déménager, à quitter l'île de Genosha. Après tout, ce n'était qu'une petite île et ses carrières de drag queen mais aussi de couturier auraient bien plus de succès dans une ville comme Londres, celle qui l'avait vu grandir. Il y avait longuement réfléchi avant de, finalement, décider de rester auprès du petit public qu'il l'avait. Quand bien même cette ville ne tournait pas rond, il appréciait y vivre. Et peut-être aussi qu'il appréciait rester non loin d'une certaine Lucy...

- Oh ne fais pas ton difficile! Je leur ai dit que tu étais désespéré, me donne pas une mauvaise réputation! plaisanta-t-il à nouveau avant de répondre à la question de son ami : Ouais je t'accompagne, il y en a pour un petit bout de temps avant qu'on ait besoin de moi sur scène. A condition que tu me files une clope, bien sûr.

Tout comme son ami, Harry n'était pas un grand fumeur. Il l'avait été par le passé mais il avait arrêté, n'aimant pas être dépendant d'une telle pratique. Il n'avait pas complètement arrêté, cependant. Il faut dire que le monde de la nuit n'était pas le plus adapté pour rester sobre. Il y avait de nombreuses tentations. Ainsi, Harry se leva et suivit son ami à l'extérieur du bar, se moquant des quelques regards qu'on lui jetait dans la rue. Il était bien trop habitué pour s'en soucier. Il était plus intéressé par les regards qu'on portait à son ami.

- A ta droite il y a un mec qui arrête pas de te mater. Dans moins de cinq minutes, je parie qu'il va t'aborder.

Et bien. On dirait que la petite blague d'Harry semblait fonctionner.

☾ anesidora

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FT. Harry

La soirée passe. Les secondes, les minutes s'écoulent. Autour de vous, les clients rient, boivent, profitent de la nuit et du spectacle qui s'offre à eux. L’atmosphère est agréable, plaisante. Tu te sens bien et pour une fois, tu n'es pas focalisé sur ton travail. Tu profite. Voilà. Tu profite de ton ami et tu fais enfin la connaissance d'Ariah que tu n'avais encore jamais vu jusque là. Tu l'apprécie. Tout en te balançant sur ta chaise, un rire s'échappe de ta gorge. Puis quand Harry fait mention de l'Amérique, du RuPaul's Drag Race, tes doigts viennent s'enfouir dans tes cheveux et tu souris, tu hausses les épaules. Tu hoche la tête et tu lances en faisant doucement tinter l'une de tes bagues fétiches sur le verre que tu tiens entre tes mains.
- Bwa. Ça doit pas être si mal. Si? Et puis, je suis sûr qu'au fond, tu as envie d'y participer un jour en plus.

Même si bon. Ça te ferait bien chier si Harry partait ailleurs. Loin de Genosha. Il te manquerait. Car oui, c'est l'un de tes rares amis mais aussi, sans le dire vraiment, c'est ton meilleur ami. Celui avec qui tu peux être toi-même. Celui qui te supporte assez quand tu es chiant, invivable. Quand tu es trop franc ou flanqué sur tes idées. Certes, vous vous pouillez. Vous dites chacun ce que vous pensez mais très vite, votre amitié revient à la normal et ça. Ça, ça n'a pas de prix à tes yeux. Alors ça t'arrange bien qu'il ne compte pas partir en Amérique.

Lorsque ton ami te balance de ne pas faire ton difficile concernant les potentiels rancards, tu tire la langue. Une grimace déforme tes traits et tu porte silencieusement ton verre à tes lèvres avant de lui proposer de t'accompagner dehors pour fumer une cigarette. Tu es loin d'être accro. Tu fume que dans les rares occasions et pour ainsi dire, tu peux très bien t'en passer mais là. Oui. Tu veux en profiter à fond. Quitte à faire quelques excès. Ce dernier accepte et un sourire étire alors ta bouche avant de soupirer longuement quand il te sort au passage de lui en filer une aussi.
- Hann. T'es pas chier. Bon, c'est bien parce que c'est toi hein.

Tout en te levant de ton siège, tu sort de la poche de ta veste en cuir ton paquet de cigarette. Tu en tends une à Harry puis tu cale une autre entre tes lèvres. Ensemble, vous vous dirigez vers la sortie et tu passe brièvement une main dans tes cheveux pour les repousser à nouveau en arrière.

Il fait sombre. La lune éclaire la rue et les lampadaires offrent juste assez de lumière pour voir ce qui se passe dehors. Briquet en main, tu allume ton poison et tend la flamme vers ton ami qui te fait une petite remarque sur un prétendu mec qui n'arrête pas de te mater. Cela t'interpelle. Tu hausse les sourcils et tu porte ton regard aiguisé vers la fameuse silhouette qui, effectivement, t'observe de bas en haut, te lance quelques œillades intéressés sans pour autant s'approcher. Ça t'amuse. Ça te titille légèrement. En te calant contre le mur, tu porte ta clope à ta bouche et tu inhale une bouffée. Puis une deuxième. Ton pied vient lentement s'accouder lui aussi contre le mur et tu siffle, tu fais claquer ta langue contre ton palais en laissant échapper un léger rire.
- T'es sûr que c'est moi qu'il regarde? Si ça se trouve, Ariah l'intéresse beaucoup lui aussi.

Es-ce que tu compte vérifier? Pas tellement. Tu n'as pas envie de bouger et ton appui te donne assez de confort pour ne pas vouloir t'en détacher. Si ce mec veut t'aborder, il le fera. Pour le coup, tu estime que ce n'est pas à toi de faire des efforts. Tes iris quittent alors la silhouette et se pose sur le ciel parsemé d'étoile, te laissant quelque peu entrainé par tes pensées.

Un silence s'installe. Léger, pas oppressant du tout et même plutôt agréable dans un sens. Tu apprécie le goût de ta clope dans ta gorge. Tu apprécie le mouvement de tes doigts qui montent et descendent alors que tu porte le filtre orangée à tes lèvres. Durant ce court silence, tu sens ton cœur palpiter doucement contre ta poitrine. Tu repense à ton boulot. Tu repense à plein de chose en fait et voilà que tu te crispe, tu sens une légère nervosité t'envahir au songe de tes parents qui vont surement te demander des comptes demain matin quand ils réaliseront que tu n'es pas rentré. Un sifflement s'échappe de ta bouche. Tu fronce les sourcils. Voilà qu'une légère colère t'accapare car avec tes parents, la relation n'est pas au beau fixe ces temps-ci. Tu ne sais pas trop pourquoi tu pense à ça maintenant, alors que tu étais plutôt détendu jusque là. Tu quitte ton appui. Tu secoue la tête, crispe et décrispe les poings quelques secondes comme pour faire redescendre la pression quand soudain, tu sens une légère secousse sous tes pieds. Faible. Très faible mais assez pour que tu le ressente. Surpris, tu sursaute, tu lance un :
- Whaou. T'as ressentis ça?

Avant de porter ton regard sur le sol. Es-ce un tremblement de terre? Un début du moins? Pourtant, Genosha n'est pas réputé pour en avoir beaucoup. Persuadé d'avoir rêvé mais pas à l'aise pour autant, tu porte tes prunelles sur Harry. Tu l'interroge du regard et tu sens la nervosité s'accentuer, sans que tu n'en comprenne vraiment les raisons de cette subite peur, appréhension qui t'envahit de part et d'autre.

(c) ANAPHORE

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feat Junno Park

Harry le sent que son ami se détend, qu'il se laisse envelopper par l'humeur festive et détendue de la salle. Cela lui plait. Junno ne pense que trop à son travail. Un travail stressant et qui ne lui donne pas le moindre repos. Et, avec toutes les tensions qui divisaient le peuple de Genosha, être garde rouge n'était pas conseillé pour ceux ayant de l'expérience avec le stress. Si Harry agissait souvent comme s'il ne se souciait de rien, la vérité était ailleurs. Il se souciait de ceux qu'il appréciait et, le garde étant un de ses plus précieux amis, il ne souhaitait que le meilleur à Junno, peu importe les différents qu'ils avaient. Et il n'était pas difficile de comprendre que beaucoup de pensées se mélangeaient dans l'esprit du jeune homme, submergé. Alors, si Harry pouvait offrir ne serait-ce que quelques minutes de relaxation à son ami, il était heureux.

- Ça je ne le cache pas que j'aimerais y participer. Mais je suis tellement fabuleux qu'il n'y aurait aucune compétition, ce serait d'un chiant! plaisanta-t-il avant de continuer, plus sérieusement : Le truc c'est que ça impliquerait de commencer une carrière aux USA et, même si j'arrête pas de dire qu'il faut fuir cette putain d'île, j'aime bien la vie que je m'y suis faite. Et si je pars, personne ne sera là pour t'emmerder à ma place et je ne le permettrais pas!

Reprendre à zéro était toujours difficile. Harry l'avait bien vu lorsqu'il avait débarqué à Genosha. Il lui semblait alors avoir tout perdu. Sa ville, son quotidien, ses amis et Lucy. Et même s'il avait toujours était une personne extravertie n'ayant aucun mal à faire de nouvelles rencontres, tout recommencer restait effrayant à ses yeux. S'il n'était pas autant attaché à tout ce qu'il avait accompli au sein de cette île, alors il serait peut-être partie de nouveau. Peut-être le ferait-il un jour. Mais ce n'était pas pour l'instant. Il sentait qu'il avait encore trop de choses à accomplir ici.

- Je savais que tu ne pouvais pas me résister, mon amour! le taquina-t-il alors que Junno acceptait de lui filer une cigarette.

Ils se rendirent à l'extérieur et Harry profita grandement du courant d'air frais. Avec tout ce qu'il avait sur lui, que ce soit la robe, la perruque, la tonne de maquillage et le rembourrage, un peu de fraicheur lui faisait le plus grand bien. Tout en inhalant une bouffée, Harry observa Junno qui, lui, observait d'un air intéressé l'homme qui avait attiré leur attention. Un sourire amusé s'invita sur les lèvres de la drag queen, pensant que ça ne ferait pas de mal à son ami de tirer un coup.

- Oh non, c'est bien toi qu'il regarde. Et j'ai déjà donné une fois avec un mec. La charité ça va bien deux secondes.

Il plaisantait en utilisant le terme charité mais il ne cachait pas qu'il avait apprécié l'expérience. Cependant, son corps restait fidèle aux femmes.

Un silence s'installa entre eux. Non pas un silence impliquant un malaise, au contraire. Un silence où ils se sentaient tous les deux bien, détendus. C'est à là qu'Harry voyait souvent une amitié sincère. Une amitiè où on n'avait pas besoin de mots pour combler les vides. Ainsi, le british continua d'observer la scène, attendant de voir si l'homme allait enfin se décider, ou non, à aborder Junno. Ce dernier commença alors à s'agiter à ses côtés. Harry se redressa et allait poser une question lorsqu'il sentit une légère secousse sous ses pieds, ce qui entraina une interrogation de son ami :

- Ouais, ça doit être la musique un peu trop forte à l'intérieur.

Si Harry ne semblait pas préoccupé, il semblait en être autrement pour Junno. Il vit la peur et l'inquiétude grandir plus encore en lui. S'il ne comprenait pas ce qu'il se passait, il commença malgré tout à s'inquiéter pour son ami. Il posa une main sur l'épaule de ce dernier et demanda :

- Hey, Junno. Tout va bien? Tu veux t'asseoir, peut-être?

☾ anesidora

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FT. Harry

"Oh non, c'est bien toi qu'il regarde. Et j'ai déjà donné une fois avec un mec. La charité ça va bien deux secondes. "
- Tu ne sais pas ce que tu perds.

Ses dires t'amuses. Adossé contre le mur, le pied en appui, un nouveau rire t'échappe et tu goutes, apprécies toujours plus la sensation du filtre orangé sur tes lèvres. Tu sens le goût acre enivrer ta gorge, chatouiller délicieusement ton palais et tout en détournant ton regard de l'homme qui te mate toujours au loin, tu observe à présent les étoiles. Sans rien dire de plus. Tu te perds alors dans tes pensées. Dans des pensées anxiogènes qui titillent quelque peu ta nervosité. Tu ne comprends pas vraiment pourquoi. Tu ne sais pas pour quel raison tu pense à tout ça mais voilà que tu t'agites, remue, te sens tout à coup oppressé et tu secoue la tête, crispe et décrispe tes poings pour faire disparaitre ce sentiment soudain qui pour le coup, arrive de nul part.

Tes sourcils se froncent. Ton front se plisse et tu quitte ton appui, tu t'apprête à dire quelque chose, à changer de sujet et reporter ton attention sur ton ami quand soudain, tu sens ce tremblement de terre sous tes pieds. C'est léger, bref mais cela t'angoisse encore plus. Tu n'arrive pas à te l'expliquer. Une montée d'adrénaline t'envahit. Une exclamation s'échappe de ta bouche et tu demande à Harry si lui aussi l'a sentis avant de porter tes iris écarquillés sur le sol.

Oui. Ton ami l'a sentit. Tu n'es pas fou. Ce n'est pas le fruit de ton imagination. Pourtant, ce dernier te dis que ça doit être la musique à l'intérieur qui en est la cause. Tu te pinces alors les lèvres. Tes doigts tremblent légèrement et tu manque de lâcher ta cigarette tandis que tu porte ta main à ton visage. Oui. Oui, ça doit être ça. Peut-être commences-tu à être un peu fatigué? Ou bien, as-tu trop poussé lors de tes entrainements interminables à la Garde. Ce qui fait que tu subis le contre coup.
- Ouai. T'as raison... T'as sûrement raison.

Alors pourquoi tu continue à te sentir aussi stressé? Comme si... Comme si quelque chose te turlupinait, là, tout de suite. Pourquoi tes mains continuent de trembler? Pourquoi tu ne te sens pas à ton aise subitement et pourquoi tu te mords les lèvres, tu n'arrive pas à faire redescendre la pression malgré qu'il n'y a aucun sens logique à tes sentiments?

A tes côtés, Harry commence lui aussi à s'inquiéter. Pas pour le tremblement de terre. Pas pour la petite secousse qui s'est déroulé quelques secondes plus tôt mais pour toi. Bien pour toi qui es tendu comme un fil à linge. Bien pour toi qui commence à haleter en sentant une vive angoisse t'englober. Une vive angoisse que tu es bien incapable de contrôler alors que tout allait si bien jusque là.
- Hein? Euh... oui. Enfin je crois. Je sais pas là.

Non tu ne sais pas. Tu ne comprends toujours pas ce qui t'arrive. Dans un geste nerveux, tu ramène une nouvelle fois ta cigarette à tes lèvres et tu prends une dernière bouffée avant de jeter le mégot à tes pieds.
- Je dois être fatigué t'inquiète. Ça va passer.

Tu veux y croire. Tu veux repousser cette émotion négative qui te traverse de part et d'autre. Tu te donne une claque mentale mais alors que tu roule des épaules, fais craquer ta nuque pour te détendre un peu, une nouvelle secousse prend forme, vibre sous tes pas avec plus d'intensité et tu reste figé, immobile, le souffle haletant à imaginer tout plein de truc dans ta tête.
- Non... c'est pas possible. Ça ne peut pas être ça.

La panique t'empare. Littéralement. Tu regarde la terre vibrer, trembler toujours plus et ton cœur se met de plus belle à tambouriner contre ta poitrine. Tu as une mauvaise impression tout à coup. Une peur muette te gifle, te lacère à coup de griffe alors que tu recule, t'agenouille, secoue la tête de droite à gauche pour reprendre tes esprits. Tes esprits qui surement, te jouent des tours. Parce que là, tout de suite, tu as la sensation que ça vient de toi alors que c'est tout bonnement impensable. Surréaliste. Pourtant, tu sens des picotements au bout de tes doigts. Tu sens une énergie étrange bouillonner dans ton corps, dans tes muscles tout entier et tu as lu assez d'information aux sujets des émergés. Tu as travailler assez en mission. Tu t'es assez entrainé pour connaitre certains signes visibles.
- C'est impossible ! Non. C'est juste un tremblement de terre hein? Dit moi que c'est juste un tremblement de terre et que tu le ressens toi aussi.

Dans un regard un peu désemparé, tu porte tes iris sur Harry. Tu cherche à savoir ce qu'il pense, ce qu'il voit. Tu veux qu'il te rassure alors que la secousse autour de toi faiblit, se calme, te laissant pantois, accroupis sur le sol le corps tremblant, la respiration saccadée.

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feat Junno Park

Harry ne semblait pas avoir convaincu Junno quant à l'origine de la secousse. Il pouvait parfaitement le comprendre rien qu'en l'observant. Son ami ne se calmait pas. Au contraire, la panique semblait prendre petit à petit le contrôle de son corps, le rendant plus agité et hébété. Il ne sut quoi répondre à la question d'Harry. Disant se sentir bien puis continuer finalement sur une incertitude. Le british sentait que quelque chose était en train d'arriver et cela ne présageait rien de bon. Son ami était-il en train de faire un malaise? Ou une crise de panique, peut-être? Mais alors, qu'avait été le déclencheur de cette crise? Ses pensées, qui semblaient s'être assombries quelques secondes avant qu'ils ne ressentent cette faible secousse, ou bien cette dernière, qui n'était peut-être pas dûe aux vibrations de la musique tout compte fait.

Et la réponse à cette interrogation sembla venir d'elle-même puisqu'une nouvelle secousse survint, plus forte cette fois-ci. Le sang d'Harry se glaça alors qu'il assistait à son premier tremblement de terre. Son emprise sur l'épaule de Junno se fit plus forte alors que ce dernier semblait ailleurs, marmonnant des phrases qui n'avaient aucuns sens aux yeux de la drag queen. Il semblait paralysé et c'est pourquoi Harry dû le pousser à s'éloigner du batiment, par peur que celui-ci ne s'écroule. Junno ne semblait pas même s'être rendue compte des pas qu'ils avaient fait. Il se mouva enfin de lui-même et se détacha de l'emprise d'Harry, reculant et s'agenouillant, secouant la tête comme s'il cherchait à se dégager de pensées parasite.

- Junno, écoute moi! Respire, ça va passer!

Harry essayait de rester rationnel et c'est pourquoi il tentait de réconforter Junno en lui disant que le tremblement de terre finirait par disparaître, car ils disparaissaient toujours. Mais quelque chose au fond de lui lui disait que ce n'était pas seulement le tremblement de terre qui mettait Junno dans cet état. Sa réaction avait commencé bien avant cet évènement et même si Harry tâchait de garder son calme dans cette situation qui le rendait mort de peur, il commençait à se demander ce qui se passait réellement autour d'eux. Il tâchait du mieux qu'il pouvait de rester logique. Quand bien même le hasard faisait bien les choses, cette réaction ne pouvait pas avoir entraîné cet évènement naturel.

- Oui Junno! Juste un tremblement de terre! s'écria Harry, comme pour se convaincre lui-même de ne pas s'imaginer des choses. Car son ami semblait justement rejoindre cette folle théorie qui lui avait traversé l'esprit et l'effrayait.

La secousse faiblit enfin alors que Harry s'accroupit pour se retrouver à la hauteur de Junno, qui le regardait d'un air qu'il n'aurait jamais aimé voir. Un air tellement effrayé, un air qui le rendait si faible qu'Harry ne savait comment réagir alors que l'émotion le gagnait. Il n'aimait pas voir ses proches en souffrance, cela brisait quelque chose en lui. Junno lui demandait de l'aide mais il ne savait comment y parvenir.

- C'est fini, Junno. Tout va bien, c'est passé. C'est terminé, on va bien, tous les deux.

Pour une raison qui lui était encore inconnu, Harry sentait que Junno avait besoin de savoir qu'il allait bien. Que tout était normal.

Le british leva alors le regard et vit plusieurs clients sortirent du bar, téléphone en main pour téléphoner ou tweeter sur ce qu'il venait de se passer. Bientôt, ses amis du bar lui demanderaient s'il allait bien et on lui demanderait de rassurer les clients sur scène. Mais ce n'était pas possible. Junno avait besoin de son aide. Alors, il reposa une main sur l'épaule de son ami :

- Tu veux qu'on aille à l'écart? Qu'on puisse être au calme pour discuter? Ou même juste avoir du silence pour que tu puisses reprendre tes esprits?

Harry avait envie d'en discuter. Est-ce que Junno le désirait, lui? Ou même était-il seulement capable de parler de ce qu'il venait de se passer?

☾ anesidora

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FT. Harry

Alors que tout allait si bien, voilà que tout s'écroule autour de toi. Ton assurance. Ta bonne humeur. Tout. Absolument tout. La secousse est passé mais ton corps tremble. Tes mains restent posé à terre. Tes genoux claquent contre le sol et tu reste figé, incapable de bouger tant la peur t'accapare. Te noue les tripes, te serre la poitrine comme un étau impitoyable. Tu ne comprends pas ce qui s'est vraiment passé. Tes pensées se sont emmêlées et... et la terre à tremblé. Littéralement. Tu cherche encore un sens logique à tout ça. Tu veux trouver une réponse. Une réponse capable de te rassurer mais au fond, tu sais, tu la connais déjà et elle ne te plait pas. Pas du tout même.

Non. Non, tu n'aimes pas l'idée qui te traverse. Là, maintenant. Tu refuse cette réalité, cette perspective que... que c'est toi qui a crée tout ça. Non, non, non, tu ne veux pas l'admettre. Tu renie cette éventualité. Tu porte alors tes prunelles sur Harry et tu le supplie du regard. Tu l'implore de t'aider. Tu veux qu'il te rassure même si. Même si oui, au fond de toi, tu sais, tu réalise que tu ne pourras jamais être rassuré. Car tu t'es trop renseigné sur le sujet. Tu as trop vu d'émergé pour savoir que les signes sont là. Sous tes yeux écarquillés. Sous tes yeux ébahis, implorants et tu te mords les lèvres, tu gémis, tu cherche désespérément en la présence de ton ami le soutien espéré.

"Oui Junno! Juste un tremblement de terre!" Tu te raccroche à ses dires. Tu secoue la tête, tu ferme les yeux, tu essaye de reprendre une respiration normale mais la peur persiste, s'accroche à toi et tu reste figé, les iris accrochés sur Harry comme si c'était le seul désormais capable de t'aider.

Tu sens sa main sur son épaule. Tu l'entends te dire que tout est fini. Qu'ils vont bien tout les deux et que c'est passé. Terminé. Que tu n'as plus rien à craindre désormais. Tu aimerais le croire. Vraiment. Tu aimerais te reprendre et sourire. Rire en balançant une plaisanterie, une taquinerie à ce sujet mais tu n'y arrive pas. Tu ne peux pas. Tu te contente de hocher la tête, lentement, d'une manière hésitante et tu souffle, tu ferme les yeux, tu baisse le menton en portant cette fois une main à ton visage blême :
- Je ne sais pas... Je...

Tu es perdu. Tu te sens désemparé, pas confiant et c'est bien la première fois que tu te montre si peureux, si vulnérable face à une situation qui t'échappe complètement.

Du coin de l’œil, tu vois les gens sortir de l'établissement. Tu les entends parler au loin. Tu vois l'expression de surprise et d'appréhension se lire sur leurs visages et tu te tends. Tu détourne les yeux. Tu te sens inconsciemment responsable et la peur t’enivre à nouveau. Tu enfouis toujours plus ton visage entre tes mains. Tu t'agite, tu gigote, tu souffle, tu gémis, tu te perds dans ta frayeur assassine, soudaine quand tout à coup, la voix de ton ami tinte à nouveau et tu redresse la tête, tu te raccroche à lui. Tu hoche le menton et tu murmure :
- Ouai... Ouai je veux bien.

Avant de chercher difficilement à te relever. Tes jambes manquent d'ailleurs de flancher à plusieurs reprises. Tu les sens s'agiter, flageller sous tes pas incertains. Par moment, tu te tiens à Harry pour ne pas tomber. Oui, tu te raccroche toujours plus à lui pour ne pas sombrer. C'est là que tu réalise que tu as une pleine confiance en lui et tu soupir, tu ravale ta salive et tu fais passer brièvement ta langue sur tes lèvres sèches pour humidifier ta gorge qui te brûle intensément.

Tandis que vous marchez dans la rue, pour trouver un endroit plus tranquille, tu te fonds en mutisme. Tu repasse la scène en boucle dans ton esprit malmené. Tu cherche toujours plus à comprendre ce qui s'est passé mais tu n'arrive pas à te rassurer, à mettre ça sur le compte d'un simple tremblement de terre et c'est dans un grand désarroi que tu te laisse choir sur le trottoir le plus proche, mettant fin au silence environnant.
- Harry. Je crois....

Tu marque une pause. Comme si tu te refuse de dire tes inquiétudes à voix haute, tu te mord l'intérieur de la bouche. Tu laisse quelques minutes passés. Le regard posé sur le sol, tu entoure tes jambes pliés et tu poursuis, d'un ton beaucoup plus bas comme si tu avais soudain peur que quelqu'un t'entende.
- Si je te dis que c'est peut-être moi qui a fais ça... es-ce que... es-ce tu serais prêts à me croire? J'ai. Bordel. Bordel, bordel. Harry. J'ai peur là. J'ai peur et je n'arrive pas à me contrôler. Je sens que ce n'est pas normal tout ça. Je sens que ça vient de moi. Je le sens dans mon propre corps. Je n'arriverai pas à l'expliquer. Et putain. Ça me fais peur. Je suis terrifié. Je... dis-moi que je me trompe. Pour une fois, j'ai besoin que tu me dise que tout ça, c'est dans ma tête, que ce n'est pas réel. Que ça ne peux pas être vrai. Je... ça ne dois pas arriver. Ce n'est pas possible que ça arrive.

Tes mots s'emmêlent, se perdent, partent dans tout les sens tellement tu sens l'angoisse t'envelopper. Tu n'arrive même plus à regarder ton ami en face. Tu n'arrive même plus à te reprendre et tu sanglotte, tu pose ton visage entre tes genoux et tu sens les larmes monter, si fort que tes épaules tressautent et se tendent, au point d'en devenir douloureuses.

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feat Junno Park

Harry ignorait comment calmer Junno. Il voulait croire qu'il en était capable mais quelque chose lui disait que ce n'était pas une simple crise de panique. Quelque chose se cachait derrière tout ça et pour le découvrir, et aider son ami, il allait falloir être patient. Alors, quand le garde rouge accepta de s'éloigner, Harry sortit son portable et envoya un sms à un de ses collègues, lui demandant de terminer le show pour lui. Il aida son ami à se relever et marcha à ses côtés, le soutenant quand il en avait besoin.

Ils gardèrent le silence pendant un temps. Harry ne voulant pas asséner Junno de questions. Il préférait le laissait réfléchir, lui permettant lui aussi de laisser libre cours à ses pensées. Ce qu'ils venaient de vivre était étrange. Mais cela n'aurait pas été quelque chose de déstabilisant si l'attitude de son ami ne l'avait inquiété. Harry, d'un naturel rationnel, se refusant jusqu'à croire aux rumeurs d'émergés, se trouvait ébranlé. Il savait que son ami y croyait, qu'il disait en avoir été témoin et même une victime. Mais jamais la drag queen n'avait assisté à quelque chose d'aussi surnaturel. Est-ce que son ami se laissait submerger par cette obsession qu'était son travail, le poussant à croire qu'il était l'origine d'un tremblement de terre? Car c'était ce qu'il venait d'avouer. Après s'être laissé tomber sur un trottoir, et qu'Harry ait fait de même, oubliant un instant qu'il était susceptible d'abimer le tissu qu'il portait, Junno avait partagé le fond de sa pensée. La raison pour laquelle il était si abattu.

Harry avait ouvert les lèvres, prêt à répliquer, à se montrer rationnel, comme toujours. Mais quelque chose l'en avait empêché. Pour une fois, il était hésitant à ce sujet. Après tout, cette idée que la secousse ne soit pas naturelle mais qu'elle provenait de Junno lui avait efleuré l'esprit le temps d'une seconde. Mais c'était surement parce que toutes ces histoires finissaient par lui monter à la tête, non?

- Tu ne penses pas que tu te fais peur inutilement? Que toutes ces histoires ont fini par te monter à la tête?

Un léger sentiment de culpabilité l'avait attrapé. Il n'avait pas peur de dire le fond de sa pensée mais, cette fois-ci, il sentait qu'il essayait de se dissuader de quelque chose, qu'il n'avait pas tout à fait été honnête. Peut-être était-ce parce qu'il faisait confiance à Junno, qu'il n'aimait pas le faire douter dans un état pareil. Et nul doute que son ami devait entendre l'hésitation dans sa voix, chose inhabituelle. Il n'y avait plus à se cacher, Harry avait montré que, lui aussi, se posait la même question. Incapable de lui dire clairement qu'il se trompait.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais... commença-t-il, cherchant ses mots. Mais si, ce truc, est venu de toi, tu dois pouvoir le refaire, non?

Son instinct naturel le poussait à se traiter d'idiot pour seulement penser à quelque chose d'aussi irrationnel mais le fait est qu'il ne savait plus quoi penser.

☾ anesidora

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FT. Harry

Les frappements de ton cœur continuent à battre d'une façon irrégulière. Ils te martèlent la poitrine avec force. Ils ne te laissent aucun moment de répit et te voilà, tout essoufflé, assis sur le trottoir en quête de trouver une solution plausible. Une réponse qui n'aurait rien avoir avec toi. Qui ne te dirait pas que tu es un émergé, une chose répugnante qui à des pouvoirs. Car tu refuses cette vérité. Tu la renies, même si à l'intérieur de toi, tu sais. Tu sens. Tu réalises qu'il n'y a pas d'autre échappatoire possible. C'est bien trop beau. C'est bien trop... espéré. Alors tu cherches un soutien auprès de ton ami. Visage tendu, tes yeux accrochent les siens et tu le supplie du regard. Tu espères qu’il te dise ce que tu veux entendre. A savoir, que tu as rêvé. Qu’il s’agit juste d’un phénomène naturel et que ce qui s’est passé, un peu plus tôt; n’a rien à voir avec toi en réalité.

Oui. Pour la première fois. Tu as besoin que ton meilleur ami ne te croit pas. Pas cette fois finalement. Enfin, oui et non. Tu ne sais plus. Non. Tu ne sais plus quoi en penser et là, tout de suite, tu montres un tout autre visage. Un tout autre aspect de ta personnalité. Tu ne te montre pas sarcastique. Aucun rictus n’éclaire tes traits et tu ne cherches pas à avoir raison ou même à piquer qui que ce soit. Parce que tu es bien trop terrifié pour cela. Encerclé dans une forme de crise de panique, tes mains tremblent et tu as de plus en plus de mal à respirer. Tu cherches de l’air sans en trouver. Tu hoquète et lorsque que Harry te répond enfin, tu baisses la tête en entrant tes ongles dans tes paume. Pour te faire du mal. Pour chercher à te percer, à saigner comme pour oublier la terreur qui t’accapare depuis ce qui s’est passé un peu plus tôt.
- Je…

Tes mots se bloquent à même la gorge. Quand ton ami te demande enfin si tu ne te fais pas peur inutilement, tu ferme les yeux. Quelques instants. C’est ce que tu voulais entendre mais en même temps, tu sais que ce n’est pas vrai. Et tu sais, tu sens, tu entends que ton meilleur ami hésite lui aussi. Alors tu te referme. Encore. Un gémissement s’échappe de ta bouche et tu te recroquevilles. Tu encercle tes genoux pour y déposer ta tête et tu murmures, d’une voix faible, à peine audible.
- Je ne sais pas… J’aimerai te croire mais je ne sais pas. Je l’ai senti Harry. J’ai vraiment senti que ça se passait à l’intérieur de moi. Comme…

Comme un volcan en ébullition. Comme une énergie nouvelle qui t’a piqué. Vivement, brusquement sans que tu ne réalises d’où elle venait. Le menton posé sur tes genoux, tu marques un temps d’arrêt et tu fixe au loin, sourcils plissés, en écoutant toujours plus Harry à tes côtés.

Es-ce que tu peux le refaire? Tu n’en sais rien. Rien que d’y penser, tes épaules se tendent et tu laisse un sifflement t’échapper. Tu ne veux pas que ça revienne. Tu ne veux pas le prouver alors tu lâche cette fois un grognement rageur. Tes mains tremblantes viennent encercler ta tête et tu te balances, d’avant en arrière. Non. Non. Tu ne veux pas. Tu ne veux pas avoir la preuve ultime sous le nez. Cela voudrait dire que tu l’es. Que tu es un émergé. Que tu es ce que tu détestes, hais le plus et tu sanglotes. Au point de te rendre quelque peu sur la défensive. Agressif. Même si ton meilleur ami n’y est pour rien au final. Bien au contraire. Il est là. Près de toi et rien que pour ça, tu peux le remercier. Car tu en as tant besoin.
- J’en sais rien. J’en sais foutrement rien Harry ! C’est venu trop soudainement. Je me suis senti nerveux et ça s’est passé. Je veux pas que ça revienne, tu comprends? Qu’est-ce que je vais devenir sinon?

Sans savoir pourquoi, tu n’aspires qu’à une chose. Qu’on te frappe. Oui. Qu’on te frappe pour ne plus avoir à penser. Tu n’aspires qu’à trouver un objet contondant pour te couper avec. Jusqu’à présent, tu n’avais jamais eu ce genre de pensée. Tu ne comprends même pas d’où elle vient et cela te fais d’autant plus peur, si bien que tu te redresses, brusquement, serrant les poings de plus belle. Agité et nerveux. Violent envers toi-même. Perdu et désorienté.
- Si on vient à le savoir, je suis foutu. Ma vie n’aura plus aucun sens. Comment je pourrais prétendre être un garde si je suis moi-même un monstre?

Tout en disant ces mots, tes dents se serrent. Tes mains se crispent. Tes sourcils se plissent et tu crispes les poings. Encore. Sauf que cette fois, tes ongles arrivent enfin à percer ta chair. Tu sens un filet de sang lécher ta paume. La douleur ressentie est limite libératrice et tu l’accueille avec une forme de bienveillance dangereuse. Tu ne fais nullement attention à ce caillou à côté de toi qui se soulève, très légèrement, vibrant au son de ta propre colère. Heureusement, tu ne le vois pas, pas cette fois en tout cas et tu te contentes de fixer Harry, les yeux remplis de rage et de supplice sans nom.

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feat Junno Park

Harry ne savait plus quoi penser. Pendant des semaines , des mois même, il n'avait eu de cesse de répéter que tout le monde devenait fou à Genosha. De lever les yeux aux ciels dés lors que le mot 'émergé' était prononcé. Tout ça n'arrivait que dans les comics ou les films de super héros. Pas dans la réalité. Et le voila à présent qui commençait à douter. Est-ce qu'il se laissait avoir par la panique générale? Ou bien les doutes qu'ils avaient, lui et Junno, étaient réels? Car oui, Junno lui avouait être quasiment sûr que ce tremblement de terre venait de lui. Il l'avait ressenti à l'intérieur de lui. Harry aurait aimé le rassurer et lui parler d'une coïncidence, d'une surcharge de travail qui lui montait à la tête. Mais il n'y parvenait pas. Plus les secondes passaient et plus il développait le même avis que son ami. Il détestait douter à ce sujet.

Il ne voulait pas envenimer les choses, dire quelque chose qui ferait paniquer son ami plus encore. Il s'était déjà montré maladroit en laissant paraître ses doutes, ce n'était pas ce dont Junno avait besoin. Alors, plutôt que de prononcer le moindre mot, Harry posa sa main sur le dos de son ami en signe de soutien. Il voulait lui montrer qu'il n'était pas seul. Qu'il n'avait pas à gérer cela seul. Pourtant, le garde cherchait déjà une issue à son problème. S'il était un émergé, qu'allait-il fait pour s'en sortir? Surtout alors qu'il travaillait au sein même de l'organisation à leur chasse. Jusqu'ici, il avait été l'ennemi.

- Je ne sais pas comment tout ça fonctionne. Jusqu'ici je ne voulais pas y croire. Je suis désolé mais je ne sais pas quoi te répondre.

Harry avait la chance de ne pas se retrouver dans cette situation. Il n'avait jamais pensé à ce qu'il ferait si cela lui arrivait puisqu'il n'y avait jamais cru jusqu'ici. Alors il ne savait pas comment conseillé son ami. Il voulait l'aider mais il ne savait pas comment s'y prendre.

- Si ça vient de toi, je pense qu'il va d'abord falloir déterminer ce dont tu es capable et, ensuite, apprendre à le gérer pour mieux le cacher.

Quoi qu'il arrive, malheureusement, Harry doutait que Junno puisse effacer cette partie de lui. S'il avait des pouvoirs, il n'y avait probablement aucun moyen de les supprimer. Il lui faudrait vivre avec. Il n'y avait que cette solution. Et si Junno voyait cela comme une malédiction alors ce serait difficile. Très difficile. Déjà, son ami se traitait de monstre. Ce qui fit tiquer Harry. Il n'avait jamais pris de camp dans toute cette histoire mais, à présent qu'il doutait, il découvrait peu à peu son opinion sur ce sujet.

- Être émergé ne veut pas dire être un monstre. Un monstre, c'est quelqu'un qui fait du mal et... commença-t-il avant que sa voix ne se brise sous le coup de la stupeur.

Son regard fixait un point près du sol. Juste à côté de Junno, un caillou s'était élevé dans les airs, de quelques centimètres seulement. Le cœur d'Harry se mit à battre plus vite alors qu'il comprenait lentement ce qui arrivait. Cette fois-ci, il ne pouvait plus nier l'évidence.

- Junno... Ne sois pas effrayé mais...

Il ne sut comment terminer sa phrase, alors il désigna l'objet volant d'un signe de tête. Junno était un émergé.

☾ anesidora

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FT. Harry

Souffrance. Peur. Désarroi. Frayeur. A cet instant, tu n’es plus. Tu n’es plus Junno Park, le garde. Mais une toute autre personne, ou presque. Oui, à cet instant, tu n’es plus le jeune homme arrogant et sarcastique, si sûr de toi et flanqué dans tes obsessions. Le fil est brisé. Ton âme est cassé. Tu le sens. Tu le sais. Et le pire dans tout ça, c’est que tu ne pourras plus revenir en arrière. Tu veux croire le contraire mais la terreur t'enivre. Elle te prend aux tripes. Elle te déchire le coeur et te voilà, haletant, en colère contre toi-même, à vouloir crier, hurler, pour te réveiller de ce mauvais rêve.

Harry. Tu aimerais tant que Harry te rassure. Lui qui n’a jamais cru aux émergés. Lui avec qui, tu t’es souvent piqué dans des débats interminables. Tu veux qu’il t’aide. Maintenant. Tu veux qu’il chasse ces mauvais pensées qui te brise littéralement de l’intérieur tel un poison malhabile. Tu cherche du réconfort auprès de ton meilleur ami. Ton corps frémit et tes mains tremblent, si fortement que tu en as mal dans chacun de tes muscles crispés. Mais tu t’accroches à son regard, espérant y trouver dans les siens agrandis, une lueur d’espoir infime. Bien qu’au fond de toi, tu sais qu’il n’y en a aucun.

D’où cette pensée. Cette envie dévastatrice qui s’accroche soudainement à ton esprit. Elle te prend à revers. Elle te prend par surprise et te voilà à vouloir te faire du mal alors que jamais jusque là, tu n’en avais éprouvé ce désir. Ton coeur bat plus rapidement contre ta poitrine. Tu es si terrifié par tout ça que tes émotions s’emballent, tes sentiments s’enflamment. La voix de Harry glisse dans le silence imposé et des larmes piquent dans tes yeux rougis de rage. Il cherche à t’apaiser mais ses mots ne t’apaisent pas du tout bien au contraire. Ils ne font qu'amplifier ce sentiment amer. Cette vérité que tu refuse, catégoriquement. Mais comment lui en vouloir? Il ne sait pas à quel point tu es loin d'accepter l’inévitable. Il ne sait pas à quel point pour toi, c’est le drame. Le drame qui te fera bientôt basculer dans un cercle infernal. Qui te fera bientôt couler tel un navire au milieu de l’océan. Qui te fera bientôt goûter à des plaisirs interdits, éphémères, si près de la mort en fin de compte.
- Non. Tu…

Tandis que tes poings se serrent. Que tu fais entrer sournoisement tes ongles dans ta paume désormais à vif, tu marques une pause, un nouveau silence. Tu halètes. Tu renifles et tu fronces les sourcils, si bien que tes traits se tirent sur ton visage pourtant fin en apparence. Ta langue claque brusquement contre ton palais et tu poursuis, pris à moitié de vertige, par tant de colère et de peur accumulé :
- Tu ne comprend pas Harry. Je ne veux pas apprendre à le gérer. Je ne veux pas apprendre à vivre avec et à le cacher. Je ne veux pas de ça ! Tu comprends? Je ne veux pas de ce truc moi. Je ne veux pas devenir un monstre moi aussi.

Harry dit qu’ils n’en sont pas mais toi. Toi, oui. Tu y croit dur comme fer. Tu refuses de les voir autrement. Tu as toujours eu ce sentiment. Ce dégoût incontrôlable envers ces émergés que tu prends pour ennemis à part entière. Ce n’est pas pour rien que tu as voulu rejoindre la Garde. Que tu as passé des nuits entières à faire des recherches sur eux. Obsession. Désir profond de les détruire, de protéger la population de leurs pouvoirs inhumains. Rage sournoise. Ta poitrine se bombant à chaque respiration effrénée. S’en est trop. Trop pour ton corps qui se tend de part et d’autre. Tu ne remarques pas ce caillou qui s’élève à tes côtés et reste en suspens, dans un vide précaire et bancal. Tu ne remarque pas cette nouvelle apparition de ton pouvoir. Du moins, pas pour l’instant et tu restes là, immobile, les dents serrés, à ancrer tes prunelles ravagées dans celles de ton meilleur ami en essayant de lui faire comprendre le fond amer de tes pensées.
- Justement ! Ils en font. Ils sont dangereux ! Dangereux et instable. Je préfère encore mourir plutôt que de faire partie de ces choses qui n’aurait jamais dû se répandre parmi nous !

Oui. Tes propos sont durs mais pour toi, c’est la strict vérité. Alors que ta colère gronde, s’entremêle plus profondément avec ton état de panique avancé, voilà que Harry écarquille les yeux, reste fixé sur un point en te demandant de ne pas être effrayé. Surpris, tu hausses puis tu fronces à nouveau les sourcils. Tu regardes son doigts qui se porte dans le vide et tu halètes, tu retiens ta respiration en tournant la tête sur le côté. Mauvaise idée. Tes iris accrochent le caillou virevoltant et tu cries presque, recule de quelques pas, lâche un :
- Qu’est-ce que… Bordel !

avant de te contracter de plus belle. Non. Non, non, non. C’est de pire en pire. Tu ne contrôle plus rien et voilà que tu gémis, recule à nouveau, secoue la tête de droite à gauche sans penser une seule seconde à ce qui peut arriver par la suite. Tout va beaucoup trop vite. N’écoutant que tes émotions instables, le caillou sursaute, tourne sur lui-même et se dirige soudain droit vers Harry comme propulsé par une force invisible. Une force invisible que tu ne peux maîtriser Tant tu es dans un état second.
- Harry, fais gaffe !

Ta voix rauque se porte dans la nuit et tu lève la main. Tu prend peur. Tu as peur cette fois pour ton meilleur ami qui ne comprend pas ce qui lui arrive et ton cœur manque un battement lorsque tu vois finalement le caillou finir sa course à ses pieds, évitant ainsi le pire.
- Je….

Choqué. Tu restes quelques secondes immobile, les bras ballants, le souffle court, à observer Harry de tes paupières larmoyants. Tout ceci à un sentiment de déjà vu et une sensation poignante te prend aux tripes, si bien que tu recule, baisse les yeux, murmure d’un ton presque inaudible :
- Pardon… je…. je ne voulais pas Harry. Pardon…

Et si tu l’avais blessé hein? Et si… Tout ça est de ta faute. Bordel. Tout ça est de ta faute et tu manque d’air. Tu as l’impression d'étouffer. Tu es bien devenu un monstre désormais. Un hurlement de rage sort soudain d’entre tes lèvres pincées et tu fais demi-tour. Tu prends une impulsion et tu t’enfuis. Sans demander ton reste parce que tu te sens bien trop coupable pour ça. Bien trop choqué. Oui, tu t’éloignes alors de Harry, dégoûté de ta propre personne. De ton propre être tout entier et tu cours, titube presque avec la soudaine impression de vouloir vomir.

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feat Junno Park

Il ne sert à rien de discuter avec Junno, Harry le sait bien. Tous deux s'étaient lancés dans bien des débats sans jamais se mettre d'accord. La drag queen savait parfaitement que son ami ne changerait pas d'avis aussi facilement. Encore moins alors qu'il était pris de panique et de terreur. Car oui, c'était de la véritable terreur qu'il ressentait. Et c'était bien la première fois qu'il le voyait ainsi, ce qui n'avait rien de rassurant. Dans un sens, il le comprenait. Il n'était jamais facile de changer d'avis que ce soit à cause de notre ego ou tout simplement parce que l'inconnu effrayait. Admettre qu'on pouvait se tromper ou que d'autres avaient raison était compliqué. Harry voulait le raisonner. Lui rappeler que la Garde Rouge faisait bien plus de mal que ces émergés à terroriser la population. Mais il n'en fit rien. Et pourtant, ce n'était pas l'envie qui manquait. Bien au contraire. Lui-même se laissait transporter par l'ambiance de la soirée qui était remplie de panique. Lui aussi était déstabilisé par tout ça. Merde, il venait de comprendre que les pouvoirs existaient vraiment! Cependant, il faisait tout pour garder son calme. Cela ne servirait à rien de céder à la panique. Junno le faisait déjà très bien. Alors, le British gardait le silence, réfléchissant aux paroles qui pourraient apaiser. Mais ses pensées furent interrompues par ce caillou qui volait librement à quelques centimètres du sol. Ce qui fit paniquer Junno plus encore. Soudain, le caillou fonça sur Harry. Celui-ci s'éloigna brutalement avant de voir le projectile tomber à ses pieds. Pendant quelques secondes, il continua de l'observer le coeur battant, comme s'il s'attendait à ce qu'il y ait une seconde attaque. Se mettre du monde à dos, la drag queen connaissait bien. Mais se mettre à dos des cailloux, ça, c'était une première.

- Ne t'inquiètes pas pour moi, répondit Harry encore secoué par l'expérience. Mais il faut vraiment que tu apprennes à contr... Hey! Mais qu'est-ce que... Où tu vas?!

Junno avait poussé un hurlement rageur avant de s'enfuir. Vraiment? Il s'enfuyait après tout ça?

- Oh hell no. lâcha Harry alors qu'il retirait le talon haut de son pied gauche.

Le projectile à la main, il visa puis lança la chaussure sans savoir si sa tentative de ralentir Junno marcherait. Et alors que le talon tournait dans les airs, la drag queen eut de l'inquiétude... Si ça arrivait sur la tête de Junno, ça allait faire mal, non? Et si le talon se plantait dans son crâne?! Merde! Mais heureusement pour lui, la chaussure atteignit sa trajectoire sans tuer le garde. Un cadavre sur la route n'aurait pas été génial. Harry imaginait déjà les gros titres des journaux si c'était arrivé. "Une drag queen tue un garde rouge à l'aide d'une chaussure Louboutin". La grande classe.

- Tu croyais vraiment pouvoir t'échapper comme ça?! s'écria Harry en rejoignant Junno, le deuxième talon à la main. Maintenant, tu m'écoutes. Paniquer ne sert absolument à rien! Alors, soit tu te calmes, soit tu continues comme ça et tes collègues te coinceront en moins d'une heure!

S'il fallait lever la voix pour le calmer, qu'il en soit ainsi. Avec un peu de chance, ça secouerait assez Junno pour qu'il accepte enfin de l'écouter.

☾ anesidora

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FT. Harry

Fuir. C’est ce qui a le mieux à faire. Tu le sais. Partir. Loin. Loin de tout mais surtout de ton meilleur ami pour ne pas finir par le blesser vraiment. Ton coeur bat à un rythme irrégulier. Tu l’entends qui transperce presque ta poitrine serrée. Tes muscles tremblent et tu n’arrive plus très bien à respirer. En vérité, tu n’arrive pas à te calmer. Tu es si terrifié que tu n’arrive plus à réfléchir posément. L’idée d’être un émergé. Un monstre. Une erreur de la nature a de quoi te dégouter. Et tu ne sais plus quoi faire pour contrer ce qui vient de se passer. Car tu ne peux l’accepter. Tu ne peux te voiler la face désormais. Tu es bien devenu ce que tu hais tant depuis des années et cette simple pensée te rend fébrile. Haineux envers toi-même au point de vouloir commettre un acte insensé. Mais lequel. Tu es si paumé à l’heure actuelle. Alors tu cours. oui. Tes sourcils se froncent sur ton front plissé. Tu cours sans savoir vraiment où aller. Tu cours mais tu aurais dû te douter que Harry, têtu comme une bourrique, n’allait pas te laisser fuir de cette façon et te voilà la tête propulsée en avant, touché par un projectile que tu ne peux que sentir derrière ton crâne endolori désormais.
- Non mais t’es pas bien !

Ca fait mal bordel. Ta voix tonne dans le silence imposé et tu porte ta main derrière la nuque. Tu grimace devant cette douleur subite qui te transperce de part et d’autre. Tu t’immobilise et tu glisse tes yeux plissés sur cette chaussure Louboutin qui a fini sa course un peu plus loin, après avoir méchamment rebondi sur ta propre tête.
- T’es sérieux là? Harry bordel !

La colère t'enivre. Un râle s’échappe de tes lèvres pincées et tu fusille ton meilleur ami du regard. Tu le transperce de tes yeux noirs. Les battements de ton coeur se font plus rapide, plus saccadé et tu ronchonne. Tu gromelle. Tu redeviens brièvement le Junno Park habituel, touché dans sa fierté après avoir été vaincu par un talon haut. Non vraiment. Il n’y a que lui pour faire ce genre de chose. Tu le maudis. Intérieurement. Ta langue vient claquer sournoisement contre ton palais et tu baisse la tête. Les yeux quand ce dernier finit par te rejoindre, en t'ordonnant de te calmer.
- C’est pas aussi simple. T’es marrant toi…

Te calmer. Comment te calmer alors que tu réalise que tu es un ennemi. Une erreur à éradiquer. Comment te calmer alors que tout s’effondre autour de toi. Purement et simplement comme un château de carte qui vient de sombrer. Tes poings se serrent et tu crispe la mâchoire. Rien ne sera plus jamais comme avant. Tu le sais. Tu le réalise et cela te fait mal au plus haut point. Cela te brise et tu ne repousse même pas cette mèche de cheveux qui glisse devant tes yeux, te cachant quelque peu la vue. Tu reste là, immobile. A trembler sans pouvoir te maîtriser. A serrer les poings si fortement que tu sens même une autre douleur te traverser. Celle de tes ongles entrant sournoisement dans tes paumes serrées. Tu as mal oui. Tu n’es pas bien et tu viens même à ramasser cette chaussure Louboutin, en le collant contre la poitrine de ton meilleur ami avant de te laisser tomber.
- Ils me coinceront un jour au l’autre. Si ça vient à se savoir, je suis foutu Harry. Je suis foutu de toute manière. Tous mes rêves viennent de s’envoler, tu comprends ça? Comment veux-tu que je me calme alors que j’ai…

Tes mots se bloquent à même la gorge. Tu as du mal à déglutir. Ta langue vient légèrement humidifier ta bouche asséchée et tu pose tes deux avants bras sur tes genoux pliés. Tu les enlace. Les enserre, accrochant tes doigts entre eux pour mieux rester à terre. Pour mieux t’accrocher à la réalité.
- Cette chose à l’intérieur de moi. Cette chose que je ne veux pas. Tu auras beau m’envoyer toutes tes chaussures à la figure, ça ne changera rien. Alors qu’est-ce que je dois faire hein? Qu’est-ce que je dois faire maintenant? Dis-moi. Putain…

Tout s’embrouille et tu n’aime pas ça. Tes mains viennent à enserrer ta tête et tu la baisse. Légèrement. Tu enfouis ton visage contre tes genoux pour ne pas que ton meilleur ami voit tes larmes monter. Couler sur tes joues souillées à présent. Tes épaules tressautent et tu reste là, assis. Les traits tirés par toute cette rage, cette peine, cette panique, cette peur, cette colère qui continuent perfidement à bouillir en toi.
- Je préfère encore mourir.

(c) ANAPHORE

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feat Junno Park

Harry avança à grands pas pour rejoindre Junno, les pieds nus sur la route froide, avant de se poser face à son meilleur ami, sans trop savoir s'il devait s'énerver lui aussi ou s'il devait rire. Oui, parce que plus il repassait la scène qui venait de se dérouler dans son esprit, plus il avait envie de rire. Quel avait été le pourcentage de chance pour que le projectile atteigne Junno aussi parfaitement? Si ça avait été filmé, il l'aurait mis sur son CV.

- Oh oui que je suis sérieux! J'aurais pas abîmé une paire aussi chère si tu le méritais pas! s'exclama-t-il avec un petit sourire au coin des lèvres parce que, définitivement, c'était bien trop drôle pour continuer dans le drama. Oh que si c'est simple! Tu arrêtes de faire le con deux minutes et tu évites d'attirer l'attention sur toi!

Bon, il mentait. Bien sûr que la situation n'était pas aussi simple. Cependant, raison de plus pour ne pas prendre des décisions stupides et se morfondre sur son sort. Harry savait qu'il n'y avait que très peu de risques qu'il se découvre des pouvoirs. Il se sentait incroyablement humain mais, une chose était sûre, s'il s'avérait qu'il était un émergé, il ferait tout son possible pour contrôler ses pouvoirs avant de blesser quelqu'un. Si Junno continuait dans cette lancée, non seulement il finirait par blesser quelqu'un, peut-être lui-même, mais il se ferait prendre par la Garde Rouge. Qu'il le veuille ou non, l'organisation était son ennemie désormais. Il allait enfin comprendre qui étaient les vrais criminels de cette ville.

Harry attrapa la chaussure louboutin que son ami lui tendit et l'observa ensuite se laisser tomber sur le sol une nouvelle fois. Dans d'autres circonstances, il aurait dit qu'il était une vraie drama queen. Mais, en l’occurrence, il y avait de quoi être dramatique. Alors, il écouta Junno, les bras croisés sans savoir s'il devait le consoler, le secouer, ou lui hurler dessus. Oui, il pouvait comprendre sa panique et son effondrement. Mais, en attendant, ce qui inquiétait réellement Harry c'était la Garde Rouge. Et s'ils avaient déjà tout découvert? Si ce n'était pas le cas, cela finirait par arriver. Il n'en avait eu qu'une démonstration mais la drag queen savait déjà que ce pouvoir était puissant et dangereux. Il ne pourrait pas passer inaperçu.

- Ce que tu dois faire? Aller à la Garde Rouge et te rendre. lâcha Harry en espérant que ses mots secouraient un peu Junno. Si tu es persuadé qu'ils t'attraperont un jour l'autre, autant y aller maintenant, non? Et puis, comme tu l'as toujours dit, c'est vous les gentils dans cette histoire. Ils comprendront que tu n'as jamais voulu ça... Oh, mais attends...

Harry était peut-être cruel avec ses mots mais il voulait faire comprendre à Junno qu'il s'était peut-être trompé à propos de tout. Aussi, il se doutait que son ami finirait par disparaître, ce qui le mettait en colère. Il le connaissait bien, l'asiatique risquerait de l'éviter par honte de ce qu'il était. Alors, si Harry devait lui parler, c'était maintenant ou jamais. C'est pourquoi il s'agenouilla et posa une main sur l'épaule du garde, se décidant qu'il ne servait à rien de lui faire la morale d'avantage. Cela n'aiderait pas.

- Ecoute... commença-t-il plus doucement. Tu ne peux pas changer ta condition. Tu es un émergé. Tu n'as plus beaucoup de choix. Ta cacher et contrôler tes pouvoirs pour ne pas te faire prendre ou...

Harry pensait bien à une autre solution mais il n'était pas sûre qu'elle plaise à Junno. En vérité, il savait qu'il la haïrait et la moquerait. Rejoindre la Résistance pour qu'elle lui vienne en aide, après tout ce qu'il avait fait pour la Garde Rouge? C'était impossible et incroyablement stupide. Il ne fallait même pas mentionner une telle idée.

- Hey dis pas ça! s'exclama-t-il en entendant alors Junno déclarer préférer mourir qu'être ce qu'il était. Une parole qui lui avait glacé le sang. Ne redis jamais ça, ok?! Si jamais tu as encore des idées noires, tu m'appelles, d'accord? Je vais t'aider, tu n'es pas tout seul Junno.

Harry commençait réellement à avoir peur pour son ami.

☾ anesidora

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FT. Harry

Oui. Toi. Junno Park. Tu pleures. Tu n’arrives plus à retenir tes larmes, ta peur, ton dégoût envers toi-même. Tes épaules tressautent à chaque sanglot et tu te pinces les lèvres pour les étouffer. Si fortement qu’un goût de sang se répand lentement dans ta bouche asséchée. Oui. Tu préfères mourir. Tu préfères te tuer ou te faire tuer plutôt que d’accepter ce qui vis en toi désormais. Harry aura beau te balancer tous ses louboutins, même les plus chers, à la figure, c’est une vérité. Ta réalité et te voilà propulsé dans un enfer que tu auras bien du mal à l’avenir à t’extirper. Jamais. Non. Jamais tu n’arriveras à l’accepter. Jamais tu te regarderas dans le miroir en chérissant ses pouvoirs que tu hais tant. En te considérant comme quelqu’un de normal. Qui mérite de vivre comme tout le monde. Ce soir, tu as bien failli blesser ton meilleur ami. Meilleur ami qui te demande à présent d’arrêter de jouer au con et d’attirer l’attention sur toi. Ce qui te fait froncer les sourcils. Tu parles d’un ami. Il devrait être content dans un sens. Tu es la preuve même que les émergés existent. Tu réprimes l’envie soudaine de lui tirer la langue et de lui lancer une remarque cinglante. Tu l’aurais fait si tu n’étais pas autant bouleverser, au bord du gouffre, à te demander ce qui va se passer pour toi maintenant.

Oui. Tu te laisses tomber. Tu te replies sur toi-même et ta respiration se fait hachurer. Tu sais pourtant qu’il a raison mais tu n’es pas disposé à l’écouter. Tu n’es pas disposé à retrouver ton calme. Tu n’es pas du genre, de toute façon, à écouter les conseils d’autrui et à les suivre à la lettre. Car tu t’appelles Junno Park et tu as un caractère bien à toi. Aiguisé. Sarcastique. Rébellion inné. Petit con quand vient le moment de te remettre en question. Petit con quand rien ne va dans ton sens. Tu as plutôt tendance à faire l’inverse. Par soucis de contradiction. Tout se brise à l’intérieur de toi et autour de toi et tu sais. Tu réalises qu’à partir de ce jour. Cette nuit. Cet instant. Plus rien. Absolument plus rien ne sera comme avant. Tu es piégé. Tu te renie et tes membres tremblent à mesures des secondes passées. Tu pourrais te pincer, te frapper, te détruire si tu le pouvais. Tu le souhaite ardemment. Mais tu sais que Harry t’en empêcherait alors tu te contente de rester là, recroquevillé, à te maudire à bien des façons.
- Quoi?

Les dires de ton meilleur ami te frappent de plein fouet et tu redresses vivement la tête. Ta mèche rebelle tombe sur tes yeux soudainement écarquillés. Surprise laisse place à la colère et tu sers les dents. Tu plisses des paupières. Tu sers des poings et tu fais claquer ta langue contre ton palais en lâchant presque d’une voix étouffée :
- Te fous pas de moi. Tu sais ce qu’ils me feront? Bien sûr qu’ils ne comprendront pas et ils auront bien raison. Je suis un monstre. C’est notre… C’est leur devoir de nous éradiquer. Raaa, tu m’énerves. Tu veux quoi? Que je te dise que tu as raison? Bah non. Mon avis reste le même. C’est pas cette…. Cette chose qui changera ce que je pense à leur sujet.

Tu as toujours porté haut la Garde. Oh oui. Tu étais fier d’appartenir à cet élite. Tu l’es toujours, dans un sens. Tu les considère toujours comme les “gentils” de l’histoire mais tu sais également ce qu’ils font aux émergés quand ils en capturent un. Tu sais que cela peut aller jusqu’à la torture. Tu connais la prison. Tu les as déjà arpenté plein de fois. Alors oui, tu te vois mal arriver là-bas en souriant, en leur claquant que tu es un émergé. Ils ne comprendront pas et tu ne peux absolument pas leur en vouloir. Tu aurais fais pareil. Tu es fichu, foutu et tu te pinces plus violemment les lèvres pour ne pas encore plus explosé sous un excès de panique. Tu en as assez fait.
- Je le mériterais...

Harry soupir cette fois et tente de t’aider. De t’épauler. Tu le vois s'agenouiller en face de toi. Tu sens sa main se poser lentement sur ton épaule. Cela te fait du bien. Même si c’est éphémère. Tu renifles et à nouveau tu sers des dents quand ton meilleur ami, à qui tu peux tout dire, tout dévoiler, te mets face à la sinistre réalité en disant que de toute façon tu n’as pas le choix. Que c’est comme ça. Que tu dois soit te cacher, soit apprendre à contrôler cette chose qui vit en toi. Tu ne le veux pas. Non. Tu ne le souhaite pas. Tu préfères encore le cacher en espérant que ça ne revienne pas. Une boule se forme dans ta gorge serrée et tu détourne le regard quand Harry réagit fortement sous ton intention de mourir. Pourtant, c’est la vérité. Tu veux mourir. Tu veux détruire ce truc qui te bouffe littéralement de l’intérieur. Tu es loin d’imaginer que ça sera encore pire quand tes souvenirs se rajouteront à l’équation. Que tu sombreras dans la drogue. Dans le plaisir interdit de la mutilation. Ses mots te transpercent et tu n’as même pas le courage de le regarder en face alors que tu te redresses, t’apprêtes à lui mentir en te levant, les poings serrés. Car non. Tu sais déjà que tu n'appellerais pas. Que tu te replieras dans ta souffrance sans te confier. Que tu le mettras hors de tout ça. Loin de toi. Pour ne pas avoir encore à le blesser.
- Ouai. Si tu veux. Ok je le ferai, c’est promis mais je compte sur toi pour ne le dire à personne. Pas même Lucy, d’accord? Personne. Je dis bien personne ne doit savoir.

(c) ANAPHORE