They say life will bring discomfort and I discovered that we all just suffer. Because no one feels that bad without it coming from one another. In the end we just hurt each other.
Des éclats colorés parsemaient le chemin de points étincelants, tout le long de la route menant à leur destination. Un silence pesant, presque étouffant, qui le prenait à la gorge, tandis que ses collègues se tenaient en alerte. Tendus comme jamais, à l'annonce de cette nouvelle piste retracée jusqu'à un émergé. Une énième cible parmi des milliers, qu'il avait cessé de comptabiliser. Tant de victimes, tant de tragédies. Inévitées. Par sa simple volonté. Par le simple fait d'enfiler son uniforme et de filer sur le terrain, pour contrer les attaques estimées des émergés. Et ce soir, il n'en était pas moins indifférent des autres fois. Il se sentait même incertain, et pire encore, percevait ce vague sentiment indistinct. Une émotion cristallisée en lui, telle une vague figée par de la glace. Quelque chose qui grattait, au loin. Profondément enfoui quelque part en lui. Comme un secret, qu'il avait à jamais gardé et juré de protéger. Une partie de lui, qu'il avait scellée, suite à des confessions arrachées plus qu'avouées. Mais le parfait soldat ne pouvait craquer. Il ne se pliait que pour courber l'échine devant les ordres donnés, et les exécutait sans jamais se questionner. Ne pas regarder en arrière, et continuer à avancer, quoiqu'il puisse arriver. C'était là toute sa stratégie, toute la technique de sa vie. Toutes les tragédies vécues, étant pourtant évincées, avec ce procédé. Système qui lui offrait malgré tout des nuits agitées par les cauchemars imprégnés des affres du passé. Et dont il ne laissait transparaître le moindre reflet en journée. Se complaisant dans le flegme dont il faisait preuve, une aura évasive émanant de lui, s'y perdant avec aisance. L'ombre de ses tourments l'entourait pourtant, sans qu'il ne puisse l'évincer. Alors il avait arrêté d'essayer d'y échapper. Et vivait avec depuis des années.
Cette nuit, sous la lueur de l'astre laiteux qui décorait le firmament, il allait se fondre parmi les ombres. Et rejoindre l'obscurité pour approcher l'émergé indignement recherché. Profitant de la pénombre pour le suivre et l'attaquer. Et enfin l'attraper. Pour l'enfermer. Et le garder captif jusqu'à ce qu'il soit pris en charge, par quelqu'un qui pourra s'en occuper. Eames se doutait que ça allait encore tomber pour sa gueule cette fois-là. Non pas qu'il s'en plaignait, au contraire. Il était plein de bonne volonté, dès lors qu'il s'agissait de suivre les ordres, et surtout, de les exécuter. Mais il aurait bien aimé profiter d'un week-end tranquille, surtout après ces dernières semaines bien chargées en péripéties. « On arrive dans deux minutes. Soyez prêts. Et n'oubliez pas vos masques. » Tiré de ses pensées sensiblement moroses, le blond hocha la tête et soupira doucement. Distraitement, les résidus de sa léthargie, avant d'enfiler son masque à gaz afin de se protéger des capacités de l'émergé. Sommairement étudiées et longuement estimées, il serait capable de créer une sorte de fumée. Eames n'en savait pas plus que le reste de ses collègues, mais en tout les cas, il était préparé. Paré à toute éventualité, comme à chaque fois qu'il posait les pieds sur le terrain. Peu importait ce que la vie et ses ennemis pouvaient lui jeter à la tronche, il ne bronchait pas mais ripostait avec tout ce qu'il avait. Peu importait ses mains maculées, ou son visage tailladé. Ses membres engourdis ou ses muscles tiraillés. Oubliées les multiples cicatrices et plaies sur sa peau échauffée. Le combat était sien, et il allait tout faire pour le gagner. Quelqu'en était le prix.
Le fourgon de la Garde Rouge s'arrêtait enfin à l'endroit désigné. L'homme se redressa, réajustant son masque, enserrant son arme par après. Il s'élança en dehors de l'arrière confiné du véhicule, et suivit ses collègues jusqu'au point de rassemblement. Le plus gradé leur fit à nouveau un speech désintéressé, et à peine passionné, avant de les sommer de se mettre en position. Eames se tendit instantanément, pliant légèrement les genoux, et gainant ses muscles. Disposé à entrer en cet entrepôt abandonné pour récupérer la cible désirée. Le soldat fit craquer ses os de la nuque avant de se reconcentrer, et attendit patiemment le signal. Qui fut bien assez tôt donné. À peine la main abaissée, l'escouade s'infiltra au sein du bâtiment, filant telles des ombres dans le hall, avant de se séparer en plusieurs équipes. Eames fermant la marche de la sienne, se tournant de temps à autre, vérifiant que personne ne les avait repérés. En à peine quelques minutes, le groupe s'arrêta à une intersection, choisissant de s'immiscer à droite. Le silence régnait, en dehors de l'écho de leurs pas précipités, qui les menèrent à une porte métallique. Assez petite, mais qui donnait directement dans le hangar principal du bâtiment. Quelques gestes échangés, à défaut de paroles ne pouvant être silencées, les agents passèrent l'ouverture et s'engouffrèrent à l'intérieur sans un bruit. Aussi silencieux qu'un secret inavoué. Lloyd suivit ses camarades jusqu'à ce que l'escouade s'arrête non loin d'un énorme pilier bétonné. Il vit du coin de l’œil, les autres équipes se mettre en place, armes élevées et prêts à riposter si jamais. Il eut tout juste le temps de s'imprégner de l'ambiance, de l'atmosphère. La percevant plus tendue qu'auparavant. Avant qu'un grognement ne se mit à résonner en un écho imperturbable en ces lieux poussiéreux et délabrés. Teinté par un agacement certain, filtrant au travers de l'espace pourtant ouvert, mais semblant comme lointain. Le blond ne réalisa que trop tard, que le plus haut gradé avait trouvé l'émergé. Sauf qu'il n'était pas le seul à se trouver sur les lieux. Mais Eames ne pu discerner les contours de cette autre silhouette qui bravait la nuit en se trouvant ici, que déjà l'horreur s'ensuivit. Coups de feu, cris. Et soudainement, tel un mauvais présage, cette fumée opaque qui s'élevait pour mieux les narguer. Pour les encercler. « Putain de merde... »
♠ ♣ they say life will bring discomfort and i discovered that we all just suffer. because no one feels that bad without it coming from one another. in the end we just hurt each other.♥ ♦
Chaque mission était différente mais semblait obéir au même processus, aux mêmes gestes répétés encore et encore au point de presque en devenir mécaniques. Le jeune dealer se préparait dans le silence le plus total, seul dans son appartement aussi propre qu’une ancienne salle de crime nettoyée par une équipe de professionnels. Une place pour chaque chose, et chaque chose à sa place. Un dicton qu’il n’appliquait que trop bien, au point de parfois pouvoir sembler maniaque pour ceux visitant son habitation pour la première fois. Alexander avait cependant besoin de cette notion d’ordre, d’organisation millimétrée afin d’équilibrer avec sa vocation des plus chaotiques. Aux yeux du grand public – ces pauvres enfants naïfs qu’ils voyaient entrer et sortir du Spleinir chaque soir – il n’était que le mec à la porte, capable de vous faire chier à cause des chaussures que vous portiez, ou de votre goût étrange pour les vêtements de chez Desigual. Le physionomiste était connu du monde de la nuit, touchant un peu à tout, toujours là pour aider ses collègues et pour obéir aux ordres de son patron tirant les ficelles comme s’il n’était qu’une simple marionnette. Contrairement à ce que beaucoup d’autres auraient pu penser à sa place, Alexander se complaisait dans ce système lui permettant de ne jamais ressentir de remords ou d’avoir à orchestrer quoi que ce soit. On lui donnait les informations prémâchées et il se contentait de faire la suite sans trop poser de questions. Simple, efficace… toujours illégal. Certes. Mais en avait-il quelque chose à faire ? Absolument pas. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, le blond avait toujours travaillé dans des affaires de ce genre. Drogue, menace, extorsion, parfois vol. Une seule chose importait au final : l’argent. Et comme son patron aimait à le répéter avec cet air digne d’un parrain de la mafia italienne, le business, c’est le business.
Loin de ces jours détestables où son corps avait tenté quotidiennement de se débarrasser de ce… ce quoi d’ailleurs ? Un poison dû à une morsure de zombie ? Ouais, clairement, la fièvre avait eu raison de lui. Occultant les deux morsures marquant encore son bras de façon significative, Alexander se concentrait sur son visage désormais aussi radieux que par le passé. Finies les cernes violacées et la peau pâle comme un cadavre. Finis aussi les cheveux trempés par la sueur à la suite de tremblements et de vomissements incontrôlables. Son corps avait effectivement repris le dessus sur l’infection, et c’était désormais frais comme un gardon qu’Alexander s’apprêtait à se remettre au travail… et pas des moindres.
Les gens parlaient souvent de « marché noir » et étrangement, c’était bien souvent de nuit que tous ces échanges complexes se déroulaient. La capuche remontée sur la tête pour ne pas sentir les fines gouttes de brouillard s’installer sur sa nuque – mais également pour cacher son visage des caméras au cas où cette histoire tournerait mal – Alexander marchait calmement, ses pas résonnant doucement alors qu’il passait sur une fine flaque d’eau rappelant que ce lieu au sol abîmé subissait jour après jour le passage des engins de chantier et divers camions au poids trop imposant pour ce bitume de faible qualité. Ses traits dissimulés par l’ombre de sa capuche semblaient faiblement éclairés par la brève lueur au bout de sa cigarette, placée avec douceur entre ses lèvres. Inspirant tranquillement sans jamais cesser son avancée, laissant un nuage de fumée sur son sillage, le dealer se contentait de la lune comme seul guide en ce lieu désert et au calme presque apaisant. Loin des bruits assourdissants de la boite de nuit où il travaillait, le jeune homme appréciait ce moment de solitude. Un simple instant où rien ne comptait, pas même ses pensées. Il n’y avait que lui, cet astre lumineux se reflétant sur chaque surface aquatique ou métallique, ainsi que les légers bruits des vieux bâtiments dont le bois continuait de travailler avec le temps. Grincements, crissements et légères brises se mêlaient dans un concert silencieux audible uniquement des sourds. Un instant suspendu. Un moment de calme avant la tempête.
Nul besoin d’être anxieux dans ce genre de situation lorsqu’on se savait le méchant de l’histoire. On voyait rarement un tueur à la tronçonneuse sursauter à cause du vent, ou s’enfuir après avoir vu son ombre… quoi que. Après avoir laissé tomber sa cigarette comme pour vérifier que la gravité était toujours un fait d’actualité, le jeune Stern écrasa le mégot qui commença à se mélanger doucement au gravier et à l’eau croupie sous sa semelle. Un regard absent habitait ses traits et pourtant l’homme savait pertinemment ce qu’il faisait. Millimétrant ses actes, Alexander avait calculé chaque étape, tentant d’anticiper les multiples possibilités découlant de cet « entretien » à venir. Pouvait-on réellement parlement d’entretien lorsque l’on venait pour récupérer la commande passée par son patron, tout en s’assurant que la personne en face comprenne qu’essayer de le rouler était une bien mauvaise idée ? Discuter tranquillement n’était pas réellement dans les méthodes d’Alexander qui préférait de loin les coups dans la tronche et les phalanges brisées l’une après l’autre. Patient, il savait prendre son temps pour ne pas le perdre plus tard. Sadique, il se montrait violent mais allait rarement jusqu’au meurtre. Entendre la personne suppliait et promettre qu’il ou elle se rachèterait était bien plus grisant après tout. Tuer n’était qu’une solution pour assurer son anonymat ou pour gérer ceux qui ne comprenaient pas un message pourtant simple : Le boss demandait, et eux écoutaient. Rien de plus compliqué.
Serein, Alexander avait poussé la porte de cet entrepôt, gagnant tranquillement une pièce éloignée où l’attendait son associé du jour ainsi que d’autres hommes. Invité à s’asseoir à une table faite de métal froid, le dealeur commença son discours mielleux, bien conscient de ses capacités oratoires et de sa façon de manier les mots pour se faire comprendre. Enonçant le message de son patron, le physionomiste avait senti le malaise s’installer dans la pièce où l’échange devait se faire comme à l’accoutumée. Je te jure que si tu cherches à me plumer, je te démonte. avait songé Alexander, ses yeux bleus fixant son interlocuteur qui observait la porte de façon presque obsessionnelle. « Bon c’est quoi le souci. » finit-il par demander, agacé par le comportement peu concentré d’un homme qui se disait parfaitement professionnel et sûr de lui. Clairement, quelque chose d’autre se tramait dans la tête de ce type dont les doigts tapotaient désormais frénétiquement la table.
Alors qu’un de ses comparses lui glissait un mot à l’oreille, l’homme se leva soudain, en proie à un clair moment de folie passagère. « T’as ramené ces abrutis ! » lança-t-il à Alexander, hésitant entre hurler et murmurer comme l’aurait fait une bibliothécaire folle de rage. Lui adressant son meilleur haussement de sourcil pour indiquer son incompréhension, le blond vit les autres hommes ajuster leurs armes et abaisser des masques… à gaz ? « Qu’est-ce que c’est que cette m... » commença Alexander, tentant d’attraper le couteau caché à l’intérieur de sa veste avant qu’un des gardes ne le plaque contre la table, indiquant derrière son masque, « Tu bouges, je te transforme en gruyère. » Partagé entre le fait de lui indiquer que seul l’emmental avait des trous et l’idée de sortir indemne de ce hangar – histoire de comprendre ce qu’il se tramait réellement – Alexander se contenta de ronchonner, les dents serrés. Devant lui, son associé stressé s’armait également et… « P’tain mais il se barre avec ma thune l’enfoiré ?! » Se faire avoir comme un bleu. Génial, super soirée. Dix sur dix, il pourra mettre cinq étoiles sur l’application.
Soudain libéré de la poigne d’un de ces hommes masqués, Alexander commença à entendre des coups de feu suivis de cris de rage. Désormais seul dans cette pièce sans savoir ce qu’il se déroulait autour de lui, le jeune homme mit un instant avant de remarquer qu’une étrange fumée commençait à s’élever, s’installer dans la pièce comme un banc de brouillard au-dessus d’un lac. Bon, au moins ça expliquait les masques à gaz. Avant de se ruer à l’extérieur, Alexander saisit donc un masque laissé sur une table de travail aux côtés d’outils variés puis l’enfila sans songer qu’il était déjà trop tard. Ajustant le masque pour qu’il ne glisse pas, celui qui avait survécu aux zombies, à l’infection et à la folie, se mettait désormais à sombrer dans un cauchemar vivant, sans espoir de se rattacher à la réalité. Dans ses tempes, le sang semblait battre à tout rompre, manquant de lui couper le souffle. Les murs autour de lui s’agitaient, comme remplis d’insectes ou autres créatures grouillant sous la pierre et la brique.
Sortant de la pièce, en proie à une vague de panique mêlée à de la folie due à son hallucination soudaine, Alexander ne chercha pas à comprendra ce qu’il se tramait dans cette pièce où coups de feus et insultes fusaient de toute part. Une seule chose comptait : se casser d’ici… et récupérer la thune ? Sur le moment, la logique d’Alexander sembla manquer un battement, prenant une tournure obsessionnelle concernant ces billets verts représentant tout son travail. Plutôt que de craindre les balles et autres armes qui auraient pu le blesser voire le tuer, le dealeur se prit au jeu du prédateur et se cacha parmi les ombres, profitant de la panique générale et de ce brouillard qui s’épaississait, manquant de brouiller sa vue. « Heureusement que j’ai un masque parce que ça aurait pu me contaminer ce truc. » songea-t-il bêtement, à peine capable de se rendre compte qu’il remontait sa capuche et se ruait déjà sur un soldat… ou un de ces connards qui voulaient lui piquer SON argent… peu importe.
Ayaraven
Eames Lloyd
Elfe Noir
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Codename : Ashshard
Pouvoirs : Intelligence et capacités accrues ; pratique et manipulation de la magie ; vulnérabilité prononcée au fer
They say life will bring discomfort and I discovered that we all just suffer. Because no one feels that bad without it coming from one another. In the end we just hurt each other.
Son grognement s'estompait dans les airs à mesure que la fumée s'élevait dans l'atmosphère. Grimpant alentour et s'enroulant autour de lui tandis qu'il raffermissait sa prise sur son arme de service. Les contours de ses collègues devenaient de plus en plus flous mais Eames savait où ils se trouvaient. Les repérant de par le bruit de leur respiration, sensiblement altérée par les masques qu'ils avaient auparavant attachés. Visages couverts par cette protection précaire, ils étaient déjà parés à s'attaquer à l'émergé. Malgré le peu d'informations qu'ils avaient à son sujet, seulement bien assez pourtant pour s'en occuper rapidement. Du moins, c'était ce que le soldat espérait. Il pesta à nouveau en détournant le regard. Essayant de scruter parmi la fumée, les autres équipes postées. Discernant à peine les objets alentour, il évita alors de s'intéresser à ses collègues trop loin pour lui. A la place, il se concentra sur les bruits qu'il pouvait percevoir, et essaya de déterminer les positions approximatives des ennemis. Toujours prostré derrière le poteau bétonné, il n'avait encore point bougé. Bien que son immobilité lui permettait de réfléchir, il fallait qu'il trouve un meilleur endroit. Ici, il était trop exposé, et ne disposait que de peu de marge de manœuvre. Il soupira faiblement et s'élança sans plus attendre en direction des bruits qui résonnaient. Suivant les échos des coups de feu, et l'éclat brusque et tranchant qui lui brisait presque les tympans. Des individus de dessinaient peu à peu, contrastant avec l'opacité de la fumée. Leur maintien si caractéristique informant le soldat qu'ils avaient appris à se battre sur le tas ou dans la rue. Pas de réel entraînement, comme lui avait pu en avoir à l'armée. Un tout autre genre de terrain. Un qu'il maîtrisait moins que les autres, bien qu'il s'adaptait à toute situation qui le nécessitait.
Alerte, il s'approchait rapidement des adversaires et les visait de sa mire. Pointant le canon en leur direction, appuyant sur la queue de détente pour en éliminer quelques uns. Le soldat ne pouvait pas les laisser attaquer sans se défendre lui-même, malgré les ordres donnés et l'objectif qui résonnait en son esprit. Il grimaçait, les traits crispés et les épaules tendues, en neutralisant les opposants. Se décalant sur la gauche pour en prendre à revers, tirant à vue sur les adversaires. Les corps tombant au sol, les genoux claquant brutalement. Lloyd étant trop concentré sur l'avancée de la mission, ne s'intéressait pas aux cadavres jonchant la texture sous ses pieds. Ses pas le portant rapidement un peu plus loin, où un ennemi l'attendait. Le blond ne vit que trop tard l'individu sortir de l'ombre, fendre la fumée et sauter sur lui. Un grognement lui échappa lorsque la collision l'impacta. Le faisant rouler à terre un instant, l'autre l'attrapant et le désarmant. Les mains gantées du soldat attrapèrent le haut de l'assaillant tandis que celui-ci le maîtrisait au sol, comme il le pouvait. Lui retirant un court moment, son masque à gaz, dans la mêlée. L'air intoxiqué par la fumée imprégna alors la gorge du blond, ainsi que ses poumons. Eames toussota dans la foulée et grogna une fois de plus, se débattant brutalement et furieusement. La rage l'empoignant subitement, alors qu'il réussissait à se libérer sensiblement. Le coup de poing fusait dans la nuque de l'autre, qui se mit enfin à le relâcher. Lloyd toussa encore et cracha par terre en récupérant son masque, qu'il réajusta sur sa tête. Couvrant à nouveau son visage, il se tourna vers l'ennemi, qui se remettait lentement du coup porté. Sans réfléchir, Eames se précipita sur lui, tête baissée, fonçant tel un bélier contre une porte blindée. Les épaules au carré, il encercla le torse de l'adversaire, de ses bras contractés, et l'enserra le plus fortement possible, en le projetant contre l'obstacle le plus proche. L'impact se réverbérant jusqu'à sa nuque, tiraillant ses coudes. Le soldat se recula légèrement et attrapa sans ménagement le masque de son opposant. L'arrachant brusquement, agrippant par après et furieusement sa tignasse qu'il parvenait à peine à voir. La faisant ainsi percuter contre la palissade bétonnée. Plusieurs fois, en un rythme effréné. Un liquide carmin s'écoulant, s'épanchant tandis qu'il parsemait son uniforme désormais maculé par la poussière et les débris. Les coups pleuvant malgré la force opposée exercée, jusqu'à ce qu'enfin, la résistance ne soit plus que dépassée.
La vision brouillée et la respiration hachurée, Eames relâcha le corps de l'assaillant, qui sombra sans ménagement. Tombant au sol en un bruit mat, sans pourtant déconcerter le soldat. Souffle court, veines gonflées par le sang qui cognait à ses tempes, le blond s'attardait sur les échos alentour. Tout en cherchant son arme de service, précédemment lâchée à cause de l'autre enfoiré. Son regard était voilé par une brume qu'il ne reconnaissait aucunement. L'attrait du combat et l'adrénaline affluaient en lui, mais ici, il s'agissait d'une toute autre chose. La fumée empoisonnée qu'il avait inspirée sans réaliser, venait de lui brouiller plus encore son esprit. La toxine faisant ressortir le pire de lui, qu'il n'avait jamais pu oublier. Mais de tout cela, il n'en était point conscient. Seulement spectateur de ce déferlement soudain. Acteur de la violence dont il faisait preuve à l'encontre des individus présents en ces lieux. Colère tournée vers n'importe qui, et personne en particulier. Une rage nouvelle, qui l'empoignait. Haine encensée par les effluves respirées auparavant. Le carnage se fondait dans le décor, le paysage aucunement contrasté par les horreurs imposées. Les échos des batailles improvisées imprégnaient les lieux, résonnant en chœur, faisant pulser son organe au creux de sa cage thoracique. Bercé par les hurlements, il avait l'impression d'entendre les tambours de guerre au lointain. Une image à jamais ancrée en sa mémoire déjà bien marquée. Sonorité qui semblait le faire redoubler d'intensité. Une simple pensée lui intimant de foncer sur un nouvel assaillant, tandis qu'il s'était aventuré à nouveau vers le danger. Instinct de survie brûlant ses entrailles, consumant ce qui lui restait de sanité, tandis qu'il entamait les représailles. S'attaquant à l'ennemi, sans plus réfléchir, seulement animé par l'animosité. L'art belliqueux se jouant en ses lieux, le faisant étrangement se sentir vivant. Eames s'acharnait en hurlant rageusement, sans se rendre compte qu'il venait également de percuter quelqu'un d'autre dans son élan. Lancé dans l'action, voyant à la dernière seconde un coup de poing parvenir en sa direction. Il s'abaissa en un réflexe, se décalant juste à temps. Il se détourna rapidement, observant alors la collision qui approchait. Le temps ralentissant, le moment s'imprégnant. L'appréhension contractant ses muscles durant l'instant. L'impact à proximité semblait narguer. A l'image de ce qu'il représentait, et de ce qu'il était. Une force inarrêtable rencontrant un objet immobile.
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Contaminés par l’étrange gaz créé par un mutant qui avait probablement déjà quitté les lieux depuis un moment pour sauver sa peau, l’ensemble des gens présents se battait tels des chiens de combat. Entre hurlements et grognements, les hommes masqués de chaque côté échangeaient coups de poings et de feu sans se douter qu’il suffisait de quelques secondes sans masque pour être infectés et devenir incontrôlables. S’arrachant tour à tour leurs protections, les deux camps commençaient doucement à se fondre en une masse informe où chacun se battait désormais pour sa propre personne et ses propres angoisses. Devenus monstres parmi les hommes, criminels et gardes ne raisonnaient désormais plus que par instincts, leurs désirs les plus sombres alors exacerbés par la contamination.
Décadence noyée dans les pires comportements humains, bien et mal n’existaient plus car seul régnait le chaos. Revenu aux origines d’un trou noir où aucune lumière ne pouvait être trouvée, le temps semblait distordu par l’absurdité de la situation. Se frappant entre collègues et amis, nul ne réalisait l’étrangeté du chaos qui les mènerait bientôt à une mort inévitable. Attirés par les techniques les plus primitives à la manière d’un corps inerte accroché à un élastique jeté du haut d’un pont, les combattants abandonnés peu à peu les armes de service, leur préférant les poings, genoux et… hurlements. Tellement de hurlements rendant le tout assourdissant.
Bad trip sans aiguille, rêve indien sans narcotique et folie sans psychose, le gaz se dissipait peu à peu non sans avoir fait son œuvre. Combien de temps tout ceci allait durer ? Nul ne le savait mais il ne faisait cependant aucun doute qu’un tel chaos ne pourrait s’éterniser et que les rangs s’amoindriraient rapidement. Déjà, divers hommes se retrouvaient au sol : certains assommés par le gaz lui-même ou par un coup sur la tête, d’autres morts de blessures par balles ou encore de cous brisés. Avec de tels individus, la douceur n’avait pas sa place. Pas de compassion non plus puisqu’une seule chose comptait réellement : exterminer l’autre.
Au milieu de tout ce bordel, Alexander. Alexander Stern et son désir obsessionnel de retrouver son argent probablement déjà envolé avec le mutant créateur de cette folie indescriptible. « Il est où mon fric bordel ?! » hurlait-il de sa voix distordue par la rage tandis qu’il frappait un ennemi désormais inconscient… sans se douter que celui-ci ne lui aurait probablement jamais donné la réponse demandée puisqu’il s’agissait d’un garde. Même avec tout l’entraînement du monde, on ne pouvait pas devenir devin malheureusement. Surtout avec un type qui vous hurlait dessus des choses incohérentes tout en vous balançant des coups de poings dans la tronche. Premièrement, clairement, il y avait bien mieux comme type de conversation. A la guerre comme à la guerre. Deuxièmement, sans ce gaz mutant, Alexander aurait assurément été celui à se recevoir des coups de poing dans la face. Mais c’était une autre histoire.
Percuté de plein fouet par l’un de ses opposants sans même savoir si l’attaque lui était réellement destinée ou s’il s’agissait simplement d’un énième résultat de ce chaos, Alexander se retourna et décocha un coup de poing violent sans même s’attarder un instant pour observer son adversaire. Ignorant le visage qui s’éloignait de justesse de ses phalanges, le physionomiste ne semblait focalisé que sur le visage qu’il percuta à la place. Ses traits distordus par la folie, encore dissimulés par un masque rendu bien inutile depuis longtemps, le blond hurlait comme si tout autre moyen de communication lui avait échappé l’espace de quelques temps. Emporté par sa crise de rage, le jeune homme s’était alors sauvagement jeté sur la personne l’ayant esquivé plus tôt, bondissant comme un fauve sur un ennemi tout aussi dangereux.
Incapable de reconnaître son propre sang chez le soldat lui aussi caché derrière un masque à gaz, Alexander était désormais convaincu que tous les misères du monde étaient causées par un seul homme : celui qui se tenait face à lui et hurlait de rage comme il le faisait lui-même depuis le début. . « Enfoiré !!! » fut le seul mot que le barman parvint à énoncer avant de se jeter sur Eames qu’il ne parvenait toujours pas à reconnaître. Après tout, qui aurait pu percevoir les traits généralement blasés de ce visage séduisant, désormais dégradé par l’incohérence et le sang affluant dans ses tempes, son cou et ses yeux rougis par la haine ? . « ‘foiré !! » Toujours plus court. Toujours moins de syllabes. Toujours plus simple pour un combat pourtant si complexe que celui d’un homme face à ses angoisses, ses rêves grisés par le doute et par une colère bien trop présente chez les deux demi-frères aussi étrangers l’un pour l’autre que pouvaient l’être un épicier à Venise et un homme d’affaires à Osaka.
Bientôt, tout ne serait qu’un vague souvenir dissimulé dans l’inconscient d’un homme honteux refusant l’idée même d’avoir été contrôlé par ses propres démons. Mais pour l’instant, en cet instant présent qui semblait s’éterniser plus que de raisons, Alexander paraissait oublier jusqu’à sa propre existence. Son regard bleuté, assombri par la colère, semblait observer une scène invisible, impriméé sur sa pupille tel un film sur une toile blanche. Pris de tremblements, ses doigts crispés ne parvenaient plus à maintenir la poigne sur cet homme qu’il voulait pourtant punir pour un crime qui n’était pas le sien. Se voyant en lui, Alexander espérait peut-être y voir un moyen de se juger lui-même, oubliant qu’il ne frappait pas son âme mais bel et bien un homme fait de chair et de sang.
Ayaraven
Eames Lloyd
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They say life will bring discomfort and I discovered that we all just suffer. Because no one feels that bad without it coming from one another. In the end we just hurt each other.
Un coup porté, une percussion engagée. Le poing fermement serré, fendant les airs en une friction précaire, paré à cogner. Habileté du poignet élancé par l’inconnu injustement percuté. Force écrasée sur le visage découvert et offert de cet ennemi désigné. Haine encensée par la rage provoquée. Fumée inhalée dont la fragrance chatouillait les poumons compressés. Poison délicat qui s’imprégnait en l’organisme du blond agenouillé. Regard brouillé et iris voilés de par la sensation enfiévrée. Grondement en ses entrailles enserrées sous l’assaut d’une émotion empoignée. Sang battant furieusement, palpitant en ses veines gonflées et cognant à ses tempes échauffées. Souffle coupé à la collision prononcée, choc brutal coupant sa respiration hachurée. Eames se tendit brusquement, les genoux pliés et ses muscles crispés. L’impact n’avait que très peu de temps duré. Juste assez pour lui permettre de se reprendre, de se redresser. Mais à peine relevé, la silhouette s’était retournée. Les contours tremblants de la forme à ses côtés se jetant à présent en sa direction toute marquée. Lloyd sentit les mains de l’individu se refermer sur lui, alors qu’il le poussait, le faisant trébucher. Percutant le sol bétonné, roulant parmi la poussière qui s’élevait désormais. Ses doigts agrippant fermement le tissu de sa combinaison qui le recouvrait. Le soulevant presque sous la force primaire qui le parcourait. Le soldat peinait à reprendre son souffle malgré la stabilité de sa position. Figé et tremblant, aux prises entre les mains d’un tortionnaire qu’il ne remarquait pourtant pas être son frère. Une figure parmi tant d’autres, de laquelle il aimerait se défaire. Son corps se mouvant de lui-même, instinctivement, alors que ses bras passaient sous ceux de l’homme le surplombant. Tentant de se dégager de la prise qui le maintenait, alors que ses dents se serraient. Tension parcourant son épiderme, en crépitant telle de l’électricité dans l’atmosphère.
La voix prononcée se déformait à ses oreilles, semblant saigner à ses tympans. Agressant la fine membrane qui lui permettait d’enregistrer les éléments l’entourant. Eames grognait au travers de ses dents serrées, son timbre lui-même modifié par la présence du masque à gaz le protégeant. Lâche-moi ! Des propos incohérents fusaient entre les corps, s’insinuant dans la mêlée en mouvement. Dégage, connard ! Paroles projetées contre les obstacles dressés, opaque plastique allongé et pan de tissu déchiré. Plus aucune nécessité d’empêcher l’inhalation du venin présent dans la fumée. Inutile désormais, bien trop tard pour les sauver. Âme décimée par un poison volatile, substance éthérée rongeant les contours abstraits d’un être enragé. Son esprit comme englouti, avalé par la rage consumée. Amère vérité qu’il allait sans doute regretter une fois revenu à lui, mais la réalité ne l’avait pourtant pas encore rattrapé. Les limbes le narguant sur son état à moitié aveuglé, endormi face à ce qui se déroulait. Inconscient du danger qu’il représentait, mais sciemment conscient de celui qui le menaçait. Tentant de le frapper sous l’assaut d’une volonté aucunement prédisposée. Eames grognait en essayant de contrôler son assaillant, de neutraliser sa prise en taclant les poignets. Ce n’était pourtant dû qu’aux tremblements du plus jeune qu’il lui fût permis de se retirer prestement. Profitant de l’instant de flottement, où sa prise se faisait plus précaire, où ses doigts se faisaient moins crispés. Un mouvement pour se dégager, une roulade sur le côté. Ses membres se contractant alors qu’il repliait ses genoux pour se redresser en une seule impulsion. Regard troublé se perdant sur le visage à moitié découvert, tandis que déjà, la fumée opaque se dissipait autour de lui. La brume blanchie se dispersant à présent, s’éparpillant, laissant le décor épuré des lieux se dessiner. Contrastant avec l’opacité poignante précédant la netteté absolue du paysage désolé qui se découvrait.
Vertige insidieux qui l’empoignait, nausée sinueuse qui s’imposait. Esprit déphasé tandis qu’il clignait des paupières, inspirant longuement. Malgré les tremblements qui le parcouraient, contrecoup de cette adrénaline déversée. Une sensation qui le rendait fébrile, une chaleur glissant sous sa peau. Des perles salées d’une sueur provoquée par une température corporelle sensiblement altérée. Inconfort certain qui s’épanchait en ses entrailles, au creux de sa cage thoracique où les palpitations se faisaient plus longues et plus percutantes. Rythme cardiaque imposant une tension ne cessant de le contracter, le crispant sur place dans l’immuabilité. Gêne sensiblement douloureuse l’empêchant de réaliser qu’il quittait sa léthargie. Sans réfléchir, sous le coup d’une impulsion précaire, Eames retira son masque, sa tête abaissée vers le béton à ses pieds. Sa main tenant encore la protection alors qu’il inspirait comme il le pouvait. Avec difficulté. L’autre paume sur les genoux, toussant par à-coups les résidus du poison enfumé. Inhalant cependant encore des restes volatiles du venin qui s’évaporait lentement, fugace intensité qui s'amoindrissait pourtant en ce temps écoulé. Soldats, reprenez-vous ! Le suspect s’est tiré, bordel ! Trop occupé à se débarrasser du poids abstrait, Lloyd réalisait à peine ce que son supérieur était en train de hurler dans les communicateurs. Chef, l’émergé s’est enfui du bâtiment par l’arrière. Les bribes de paroles lui provenaient d’une lointaine contrée qu’il ne parvenait pas à atteindre. Et perdu comme il l’était, il ne vit qu’à la dernière seconde une forme se diriger vers eux. Le même type qu’avant, qui revenait à la charge, le projetant au sol en un seul mouvement. Plaquage dans les règles. Souffle à nouveau coupé, alors qu’il dévalait une distance certaine. Se redressant brusquement, malgré ses problèmes, sous l’adrénaline revenue abruptement. Réflexes des entraînements passés, de ses capacités de soldat bien maîtrisées. Il se ruait sur l’assaillant, élevant ses mains qui enserraient son masque. Martelant le visage de l’autre en apposant la protection sur ses joues et contre son nez. Coups portés, pour le blesser. Et s’en débarrasser. L’inconscience effleurant le corps prisonnier sous son poids, Eames ne se redressait qu’une fois la tête immobilisée contre le sol. Se relevant, en une expiration chaotique, un souffle hachuré, une respiration erratique. Alors qu’un voile opaque recouvrait ses iris, s’estompant lentement. Des pointes de sang décoraient également son visage aux traits étirés. Arabesques carmines épanchées dévalant les contours de ses joues, et le pourtour de son cou. Se perdant au même titre que lui se retrouvait. Qu’il se recomposait. Retrouvant ses esprits en cet instant perdu dans le temps. Où la réalité s’imposait enfin à son intention, où la vérité éclatait à son attention. Putain…
♠ ♣ they say life will bring discomfort and i discovered that we all just suffer. because no one feels that bad without it coming from one another. in the end we just hurt each other.♥ ♦
Pris de tremblements, tel le corps d’un addict en recherche de sa dose de poison, Alexander perdait graduellement le contrôle de ses doigts à la poigne pourtant bien placée sur son adversaire. Comme engourdi par la dissipation lente du gaz mutant qui l’affectait – ou peut-être simplement par le mensonge bâti par ses pensées déjà affaiblies par l’attaque zombie qu’il cherchait à oublier –, ses phalanges se détendaient, cherchant peut-être à caresser le tissu abîmé de son ennemi grognant comme un bulldog. Sa sueur sembla se mêler à ses larmes de rage, son regard fixé dans le vide, son esprit ne revenant uniquement à la réalité que lorsque l’homme masqué se libéra de son emprise en effectuant une pirouette digne d’un G.I Joe comme on en voyait tant dans les séries policières. Le genre de séries qu’il détestait, clairement. Ou alors le genre de shows à mater quand on avait trop fumé de weed. Comme les reportages animaliers.
Pas le temps de s’extasier sur les techniques de cheerleader de ce dernier cependant. Trop sonné par le poids de ce pouvoir étrange les ayant tous affectés de manières plus ou moins variées, Alexander demeura un instant à genoux sur ce sol bétonné et froid, observant ses mains qui continuaient de trembler et refusaient de lui obéir. Comme endormies, ou peut-être simplement endolories, ses phalanges s’étaient comme transformées en membres fantômes, incapables d’agir sur la réalité. Sortant de cette illusion à son rythme, le blond ignorait le vacarme persistant autour de lui. Parfaitement immobile au milieu d’un champ de bataille, des gens se battant à quelques mètres à peine de lui, Alexander ferma doucement les yeux alors qu’une part de son esprit lui hurlait de se réveiller de ce cauchemar persistant.
« Réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi. » marmonnait-il tandis que la brume mystérieuse se dissipait enfin, laissant son corps faire le reste. Après avoir lentement cligné des yeux puis doucement frotté ses yeux comme pour faire passer un mal de crâne naissant, Alexander put finalement se relever, non sans peine. S’appuyant contre un mur pour soutenir ce corps qui lui semblait si lourd maintenant qu’il récupérait tout contrôle. Respirer, il fallait qu’il respire. « Mutant de mes cou***** … » échappa-t-il, le front posé sur cette paroi dont la texture désagréable lui confirmait son retour à la réalité. Un picotement s’emparant de sa gorge et ses poumons, le cadet tenta de tousser consciemment et légèrement mais ne put contrôler la quinte de toux violente qui le prit à la place. « Ah ta mère la… » Incapable de finir sa phrase poétique à cause de cette expectoration immaîtrisable, Alexander se contenta de grogner entre ses dents, le bruit rauque se répercutant dans son masque à gaz comme pour s’y décupler.
Orientant sa colère contre un corps inerte à ses pieds, le blond se contenta de donner un violent coup de pied dans les côtes de cet individu qui ne réagit même pas sous l’attaque injuste. Pas un râle. Pas une seule complainte. Pas même une respiration ou un battement de cœur pour lui répondre. Une simple coquille vide, délaissée par une âme désormais envolée. Un cadavre qui ne sembla pourtant pas perturbé le criminel plus que ça, puisqu’il se contenta de râler à nouveau en faisant craquer sa nuque puis ses phalanges. Il était loin le temps où les cadavres le choquait, où la violence le faisait hésiter et où ses cauchemars consistaient à passer en boucle des scènes insoutenables. Tout n’était devenu qu’une habitude amère, un conditionnement effectué avec merveille sur un esprit transformé par les années et les mensonges. Il n’était peut-être finalement pas mieux qu’eux. Lui aussi coquille vide animée comme une marionnette par un marionnettiste invisible et malicieux. Mais en avait-il réellement quelque chose à faire après tout ? Seul comptait l’argent dans ce bas monde. Alors à quoi bon se casser la tête avec des histoires de bonté et avec des questions existentielles ?
Seul dans son coin, Alexander s’adossa au mur et observa la bataille qui se terminait peu à peu. Comme invisible aux yeux de tous, trop préoccupés par le danger imminent que représentaient les autres, le jeune homme prit le temps de se calmer. Inspirant et expirant doucement derrière son masque, il se concentrant sur les battements de son cœur qui reprenaient doucement un rythme normal, plus contrôlé, plus tolérable. L’adrénaline se dissipait peu à peu et la force du sang battant dans ses tempes s’amoindrissait. Sous ses yeux bleus humides, les soldats semblaient se regrouper comme pour répondre à un appel inaudible. Quelque chose avait apparemment attiré leur attention. Peut-être étaient-ils là pour chopper ce mutant créateur de gaz hallucinogène justement. C’était leur problème désormais. Immobile et patient, Alexander attendait sans bouger d’un pouce, préférant regarder leur avancée vers l’arrière du bâtiment tandis que l’un d’eux finissait de frapper l’un des gangsters à l’aide de son masque à gaz. Une arme efficace vu le sang qui l’ornait désormais, mais décorait également ce visage familier. Si familier.
S’avançant doucement de lui, non sans oublier de laisser une distance de sécurité entre eux pour ne pas finir lui aussi au sol, le cadet lâcha enfin, « C’est quoi ce bordel ? » retirant son masque d’une main, laissant ainsi apparaître le sang presque sec qui avait coulé de son nez sous les coups infligés par le vacarme passé. « Mais mec… Eames… vous avez tout fait foirer bordel. » commença-t-il, bien incapable de demeurer raisonnable lorsqu’il s’agissait de parler à son frère, comme toujours. C’était à croire que sa simple présence faisait remonter la part la plus enfantine du barman, « J’suis sûr que tu l’as fait exprès ! »
Ayaraven
Eames Lloyd
Elfe Noir
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Codename : Ashshard
Pouvoirs : Intelligence et capacités accrues ; pratique et manipulation de la magie ; vulnérabilité prononcée au fer
They say life will bring discomfort and I discovered that we all just suffer. Because no one feels that bad without it coming from one another. In the end we just hurt each other.
La respiration chaotique, le souffle archaïque, le soldat n'entendait plus que les échos saccadés de ses expirations hachurées. Les soupirs erratiques lui échappant en rythme avec les battements enfiévrés au creux de sa cage thoracique. Pulsations sanguines bombardant l'espace évidé sous son torse, comprimé par la tenue réglementaire des agents rouges. Ses poumons le brûlaient, sa gorge le piquait. Les résidus du poison enserrant une ultime fois sa langue alourdie contre son palais. Une fragrance qu'il ne pouvait déterminer, mais qu'il savait être encore là, tel un toucher fantôme dont il se serait bien passé. Une réminiscence de l'échec de leur mission si minutieusement préparée. Le fautif, l'émergé, ayant filé à l'arrière du bâtiment, sans aucune considération pour les victimes délaissées. Autant les membres de son propre groupuscule, que les soldats entraînés. Mais également cet homme, qu'Eames n'avait toujours pas reconnu, et qu'il ne parvenait pas à voir de sa position. Encore totalement transcendé par l'adrénaline qui l'avait empoigné, le regard perdu sur le corps nonchalamment immobilisé. A même le sol, le sang perlant sur le visage figé, tandis que le sien se colorait du même ton carmin. La réalité s'imprégnant de plus en plus à lui, l'appelant à se raccrocher à la substantialité. A évincer le venin craché, s'extirper de la fumée intoxiquée pour retrouver un semblant de lucidité. Un regain vers le calme soudain qui s'imposait en l'instant présent. Alors que les échos étouffés des cris de ses alliés résonnaient et se répercutaient en arrière-plan, vers un autre endroit du bâtiment. Avec lui, toujours derrière, à contempler le carnage orchestré par les bons soins du poison les ayant conditionnés. Un juron lui échappant, glissant sur le bout de ses lèvres légèrement tremblantes suite au contre-coup de l'adrénaline évaporée. Sa main tenant le masque ensanglanté s'enserrait plus encore sur l'objet n'ayant aucunement servi à le protéger. Son autre paume, libérée, venant passer sur son crâne, tandis qu'il s'accrochait à quelques mèches, tirant doucement comme pour se réveiller. S'extirper lui-même de sa léthargie provoquée par l'émergé. Il cligna des yeux, longuement, et poussa un lourd soupir, avant de laisser sa main retomber à ses côtés.
Une voix étouffée résonna subitement au sein du bâtiment à la décoration épuré. Un écho calfeutré qui interpella le soldat, le faisant se retourner. Son regard glissant sur la silhouette qui venait d'apparaître en son champ de vision. Contours qu'il avait pourtant déjà vu, auparavant. Celui-là même qui avait failli lui en coller une, s'il ne s'était pas décalé. Ce même individu qui l'avait rué de coups de poings, et contre qui il s'était battu quelques minutes avant. Cet homme, qu'il reconnaissait désormais, alors que le masque était retiré. Ces traits familiers, trop familiers, pour n'être qu'une illusion, qu'un mirage. Quelqu'un de son passé, à qui il n'avait plus parlé depuis des années. Quelqu'un, de sa famille. Recomposée tout de même, mais famille quand bien même. Alexander, debout devant lui, un filet de sang écoulé de son nez. Sa voix caressant les tympans du soldat, qui clignait dubitativement des yeux, en soupirant mentalement de la situation. Oh l'bordel... Ses traits se figeaient en un masque de dureté, tandis qu'il croisait ses bras contre son torse, toisant le cadet de son regard acéré. L'écoutant râler contre son intervention, l'entendant blâmer sa venue, rejetant la faute sur lui, comme d'habitude. Certaines choses ne changeaient pas, peu importait le temps et la distance. Alexander et Eames, bien qu'ayant été élevés ensembles, n'avoueraient certainement jamais considérer l'autre comme un frère. Malgré les comportements et les réactions qui laissaient planer quelques doutes sur cette affirmation qu'ils pourraient juger fallacieuse. Ne montrant jamais à quel point l'absence de l'autre pouvait un tant soit peu les marquer. Mais pas autant que la présence de ce frère droit devant, qui s'imposait à eux et qu'ils vivaient telle une énième confrontation frauduleuse. En miroir du passé, la rancœur et la colère, typique du plus jeune, se réverbérant en l'être du plus âgé. Qui levait déjà les yeux au ciel pour contrer les répliques déplacées du cadet. Bah voyons. Un ricanement amer, empreint par un ton sarcastique, tandis qu'Eames faisait claquer sa langue contre son palais. C'est de ma faute si tu te retrouves sur le terrain d'un dangereux émergé, bien sûr. Décroisant les bras, pour les dresser devant lui, en l'air, marquant l'absurdité des propos en cette situation dépassée. Désignant par après l'horreur qui s'imprégnait tout autour d'eux. Ses sbires sont morts à cause de lui, et ce connard s'est échappé, mais toi t'es là à m'accuser, ENCORE ? Eames soupira de dépit, lâchant même un rire acerbe et trop court pour en être réellement un. Secouant la tête en serrant les dents, pestant contre son frère qui avait plus l'allure d'un inconnu en cette soirée désastreuse. Et pour quel motif cette fois ? Hein ? Qu'est-ce que tu fichais dans le coin de toute manière ? Encore un de tes plans foireux où tu fricotes avec plus gros que toi ?! MERDE, ALEX !!
Un éclat de colère encensé, réverbéré en son être tout entier. Ses paupières closes, il expirait lourdement, rageant plus encore contre cet homme qui partageait une moitié de son sang. C'est pas possible d'être aussi négligeant et inappliqué, bordel ! Un de ces jours tu vas t'faire tuer, abruti. La morale n'était pas des plus adaptée, lorsque l'on savait qui était en train de la donner. Faire la leçon au plus jeune, alors que ses propres actes, bien que plus légaux, n'enlevaient rien à leur dangerosité. Lui aussi pouvait bien se faire tuer et crever comme un moins que rien, au front ou ailleurs. Dans la ligne de mire d'un serial killer. Neutralisé par un professionnel. Buté par n'importe quel tueur. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de s'enrôler dans cette image de grand frère dit protecteur, qu'il voulait pourtant à tout prix cacher et oublier. Mais les habitudes avaient du mal à se faire la malle, et à rester étouffer tandis qu'elles s'époumonaient. Lorsqu'il rouvrit les yeux, une main sur son front pour contrer le mal de crâne qui ne tarderait pas à venir, Eames pu observer son cadet se reculer. Cherchant quelque chose dans sa veste, il discerna tout de même ses jurons à cette distance et devina sans mal qu'il pestait contre lui. Laissant sa main retomber contre ses flancs, il plissa les paupières en découvrant une cigarette entre les doigts de son frangin. Fronçant plus encore les sourcils lorsqu'il l'alluma dans son coin, récalcitrant à l'attrait néfaste que son frère portait pour le poison nommé. Le soldat ne put que grogner à nouveau et le sermonner. Éteins-moi ça, putain. Le doigt d'honneur présenté par Alex lui tira un nouveau grognement qu'il ne pris pas la peine de ternir ou cacher. Son aversion enragée dédoublant plus à même, tandis qu'il pointait un doigt accusateur vers lui. Si ce sont pas tes deals sombres qui vont t'achever, ça va être le cancer qui te choppera en premier. T'es prévenu, Alex, même si tu t'en carres les burnes. Expirant lourdement, le blond se détourna quelque peu, ne supportant plus la vue de son cadet en cette zone maculée. L'horreur déversée par ses collègues et lui-même, suite à l'inhalation de la fumée toxique provoquée par l'émergé. Ses camarades devaient déjà être sur la piste de ce dernier, et lui était resté en arrière. A la traîne, pour cette fois, le soldat réalisait qu'il ne pouvait pas faire grand chose de plus que s'occuper de ceux qui restaient ici. Ayant déjà ralenti le groupe, il attrapa rapidement sa radio et utilisa les comms pour prévenir qu'il maintiendrait la position. A toute l'équipe, ici Lloyd. Je reste en stand-by dans la pièce principale, si jamais l'émergé décide de repasser par l'avant du bâtiment. Avancez et continuez sans moi. Over. En replaçant sa radio, le blond jeta un dernier coup d’œil à son frangin qui le toisait de sa position. Sa prestance même faisant hérisser le poil du soldat, qui se remit à soupirer et pester sans pouvoir se contrôler. Je suis pas assez payé pour dealer avec toi et bien trop sobre pour accepter tes conneries.
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Eames roulait des yeux, visiblement agacé du comportement de son jeune frère qui n’avait pas perdu une minute avant de lui reprocher les évènements à peine terminés. En un sens, le soldat n’avait pas tort. Alexander avait toujours eu cette fâcheuse tendance à reporter la faute sur les autres, principalement son aîné, plutôt qu’avouer ses propres erreurs. Faire des erreurs ? Lui ? Non, jamais. Il n’y avait que d’heureux accidents comme l’aurait dit ce très cher Bob Ross. A la différence près qu’il ne s’agissait pas de peindre de « jolis petits arbres » mais plutôt de participer à des évènements louches amenant bien souvent à se salir les mains avec du sang, et non avec de la gouache. Encerclés par les cadavres encore chauds de ces tristes victimes, les deux frères semblaient perdus dans une conversation sans fond ni intérêt. Eternel combat à base de joutes verbales et de soupirs capables peut-être de déclencher des ouragans. Perpétuel échange de cowboys trop violents et têtus pour oser baisser les yeux face au regard de l’autre. Une bataille sans commencement et probablement sans fin. Tout comme la sensation de colère qui habitait Alexander en permanence.
« Pourquoi moi je suis ici ?! » avait répondu Alex, lui aussi levant ses bras en l’air comme pour suivre ses propos. « Je te vois jamais. On ne se parle jamais, pas même par textos. Et tu me demandes ce que je fais là ?! P’tain mais tu veux pas que je t’appelle maman aussi au passage ?! »
Hurlant tous les deux comme si le monde n’existait plus, les frères ennemis auraient probablement préféré régler le problème par la violence. Mais le mal était déjà fait. Le sang n’avait que trop coulé. Leurs corps demeuraient épuisés, probablement tout juste libérés du poison pour pouvoir enfin avoir une discussion censée… dans la mesure du possible du moins. Il aurait probablement été un peu trop demandé à ces deux hommes de se poser devant une tasse de thé bien chaude et de parler du bon vieux temps. Y avait-il réellement eu un bon vieux temps ? Pas vraiment non. Des engueulades, effectivement. Du sarcasme, oh que oui. Et beaucoup, beaucoup, de mauvaise foi.
Ignorant la suite des propos de son frangin, le criminel avait préféré s’éloigner, farfouillant dans la poche interne de sa veste pour en sortir quelque chose capable de calmer ses nerfs. Une cigarette et un briquet probablement emprunté à quelqu’un qui n’en reverrait jamais la couleur ni même la flamme. Éteins-moi ça, putain. La voix d’Eames sonnait comme un simple écho désagréable à ses oreilles, un crépitement persistant sur une radio, des ongles glissant sur un tableau noir. Une mélodie toujours dans l’air pour accompagner des reproches et des soupirs. Portant malgré tout la cigarette entre ses lèvres, il leva un doigt d’honneur dans la direction de son aîné et marmonna d’un ton arrogant, « Pardon maman. Eteins moi çaaaa…. Abruti... » Des reproches, toujours des reproches. Le voilà désormais qui lui faisait la morale parce qu’il fumait. Un comble. « C’est vrai que tenir un flingue entre les mains et poursuivre des émergés... pour le travail… c’est bien meilleur pour la santé. » Il en fallait plus pour arrêter Alexander qui allumait tranquillement sa cigarette et en inhalait le poison, soufflant cette fumée toxique comme pour narguer le garde rouge. Dans le fond, Eames avait raison et il le savait. Eames avait toujours raison… et c’était bien là ce qui l’agaçait. C’était à croire que tout lui réussissait. Un véritable ange qui refusait même une petite cigarette. Toquard sans personnalité. songeait le plus jeune en prenant une énième bouffée de nicotine, le regard rivé sur Eames qui était désormais occupé à échanger des trucs de soldats par la radio. Blabla faites ceci, patati patata, faites cela. De vrais toutous p’tain.
La cigarette gênait peut-être Eames, prétextant qu’elle finirait par tuer Alexander… mais visiblement l’alcool ne semblait pas être sur sa liste des choses interdites. Eames avait peut-être plus de qualités et de self-control, mais on ne pouvait nier que sa logique n’était pas sans faille. Un détail qu’Alexander prenait certes en compte mais dont il se fouttait finalement royalement. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait pouvoir changer son frère, tout comme on ne pouvait pas l’empêcher de fumer quand il stressait. « J’avoue qu’un petit verre ne serait pas de refus. » avait répondu Alexander avant de lâcher sa cigarette et de l’écraser sous la semelle de sa chaussure. Faisant enfin quelques pas pour arriver à la hauteur de son frère, il renifla un peu – gêné par le sang coagulant au bout de son nez – puis sourit chaleureusement comme si la discussion précédente n’avait jamais eu lieu, « Allez, viens on va se poser à l’Inferno. C’est moi qui offre. »
Au moins, le duo s’entendait sur un point. Mais peut-être pas le meilleur.
Pas un pour rattraper l’autre… et paradoxalement, pas un pour abandonner l’autre dans sa chute, toujours là pour soutenir un frère même si l’on avait une terrible envie de lui enfoncer son poing dans la figure.
Ayaraven
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