Somebody.

Elle était épuisée. Kara s'en rendit compte en reposant le poids qu'elle tenait depuis tout à l'heure et qui tirait sur ses muscles déjà endoloris par les exercices et la fatigue. Ca faisait plusieurs semaines qu'elle avait pris son nouveau poste auprès d'Aidan, plusieurs semaines qu'elle essayait bon gré mal gré d'être totalement parfaite pour qu'on ne puisse rien lui reprocher, et qu'elle foirait systématiquement lamentablement. Il y avait bien Clint qui essayait à sa manière de la faire relativiser : après tout, c'était un poste à responsabilité, laborieux, et de ce que disait la rumeur, elle n'était pas aussi incompétente.

Pour autant, Kara avait la laborieuse impression de ne pas être à la hauteur. Tout ça se traduisait par des petites maladresses - si on omettait sa première grosse bourde de traduction qui avait fait quasiment foirer une réunion avec des russes - comme se tromper dans le café, mélanger les dossiers, perdre des post-its apparemment essentiel. Dans le fond, elle avait parfois la sensation qu'Aidan Bowman essayait de la tester et de l'éprouver pour voir comment elle supportait la pression. La majorité du temps : bien. Il y avait cependant des fois où, qu'importait comment elle s'y prenait, il lui donnait l'intime conviction d'être une idiote. Surtout quand elle lui répondait en bafouillant comme une adolescente.

Elle maintenait l'illusion comme elle le pouvait, se lovant dans le dépit. Il fallait laisse croire qu'elle s'en sortait, même si ses horaires l'empêchaient de rejoindre ses amis, ne serait-ce que de les voir. Son ancienne équipe n'arrivaient même pas à la joindre. C'était la première fois depuis sa prise de fonction qu'elle arrivait à se rendre dans la salle d'entraînement. Et il était déjà si tard.

Les choses finiraient par se décanter, elle le savait. Cependant, tout ça était frustrant. Kara soupira, retirant ses écouteurs en se reculant, prête à se retourner. Et ce fut trop proche pour ne pas rentrer dans l'une des rares personnes encore là à cette heure avancée de la soirée. Surprise, elle fit tomber son balladeur et sa serviette, sursauta à peine, et s'excusa directement :

Pardon, je regardais pas... Elle s'interrompit. Devant elle, Artémia, une des espionnes à qui elle peinait à adresser la parole. Dans la tête de la brune, ces femmes étaient au-dessus de beaucoup de choses, comme une case inatteignable, un idéal qu'elle ne serait jamais. Et il fallait qu'elle se tourne en ridicule devant une personne qui ne l'appréciait déjà pas vraiment - tout du moins, elle en avait l'impression. Je te laisse la place, j'allais partir. Assuma-t-elle en essayant d'avoir l'air confiante.

Une espionne aurait bien plus besoin de tout ça qu'une piteuse petite secrétaire inutile, de toute façon.

Somebody

Difficulté à s’intégrer. Toujours. Désir pourtant de bien faire, de persévérer. Voilà déjà plusieurs mois qu’elle est ici. Malgré tout, Artémia a grand mal à se tisser des liens. Elle reste toujours en retrait, par peur, sûrement, de ne pas réussir à s’en créer. C’est étrange, en y pensant. De nature solitaire, elle n’était pourtant pas aussi sauvage dans son village. Elle parlait avec ses semblables, participait activement aux tâches quotidiennes en se permettant de sourire. Elle s’amusait aussi. Parfois. A cette pensée, un soupir lui échappe et elle se mord les lèvres. Tysha a raison en fin de compte. Elle est beaucoup trop terre à terre. Beaucoup trop coincée. Elle arrive difficilement à se créer une place sur Genosha et quelque part, cela commence un peu à la ronger. A la peser.

Mais comment faire pour s’en dépêtrer? Comment faire pour accorder sa confiance alors qu’elle a toujours appris à se méfier. Dans son village, c’était facile. Tout le monde se connaissait. Les femmes s'encourageaient, se parlaient aisément. Chacune avait sa place dans la tribu et aucune n’était mise à l’écart. Un peu comme dans un troupeau de lionne, où les lions n’y avaient pas accès. Les hommes… c’est peut-être ça le problème. Il y en a tellement ici. De plus, au sein de Shield, elle doit obéir à certains de leurs ordres et ça. Oui, c’est compliqué. C’est extrêmement compliqué pour la simple et bonne raison qu’on lui a toujours appris que c’était le sexe faible et non l’inverse. On lui a toujours inculqué qu’ils étaient fourbe, dominateur, voulant imposer leur loi et leur désir à ce qu’ils considèrent comme des objets. Enfin…. Tandis que la jeune espionne s'empêtre dans ses songes, la pensée de Noah s’affiche à son esprit et elle sent soudain ses joues rougir sous une même sensation, émotion qui la dépasse complètement. Peut-être ses congénères avaient une vision fausse des hommes? Ou du moins, en partie. Peut-être qu’ils n’étaient pas tous comme ça mais comment le savoir. Oui comment le savoir alors qu’elle avait passé une majorité de sa vie à penser le contraire?
- Réveille-toi Artémia. Cesse donc un peu de penser à lui.

Travail. Elle doit penser travail avant tout. Passer ses devoirs, ses motivations avant le reste. Alors elle n’y pense plus durant le reste de la journée. Elle cesse d’y penser et focalise toute son attention sur ses tâches quotidiennes. Arrivé le soir, elle décide. Non pas de rentrer. Mais d’aller s'entraîner un peu, histoire de se défouler mais aussi, penser à autre chose. Ne pas permettre à son esprit de divaguer. Elle marche d’un pas rapide. Elle ne regarde pas vraiment où elle va. Ce fut seulement quand elle sent quelqu’un la percuter que l’Amazone sursaute, recule de quelques pas, sur la défensive et l’air surpris.
- Oh ! euh…

Un visage qui se dessine sous ses yeux écarquillés. Les joues qui se tintent de rouge à nouveau. Il ne lui est pas étranger. Artémia pose son regard sur Kara et elle se mordille légèrement la lèvre inférieure. Non pas par timidité. Elle n’est pas timide en règle générale. Mais parce que jusque là, sans savoir pourquoi, elle n’avait jamais osé lui parler, échanger, de peur peut-être de la froisser quand la maladresse de cette dernière lui tendait à sourire dans les couloirs du Shield.
- Tu n’as pas à t’excuser. Moi non plus je ne regardais pas où j’allais.

Et c’est vrai. Elle était plus préoccupée à regarder ses pieds plutôt que droit devant elle. C’est un fait. Une vérité. Tout en gardant une certaine allure défensive, peu confiante envers autrui, la jeune espionne marque un temps d’arrêt. Elle essaye de ne pas paraître froide cette fois et vient même à ramasser son baladeur pour le tendre vers elle avec un sourire. Quoique légèrement réservé. Coincé. Car elle apprécie cette jeune femme et non. Elle ne sait pas vraiment comment s’y prendre avec elle. Elle ne veut pas paraître moqueuse alors que ce n’est pas le cas. Elle ne veut pas paraître détestable non plus et elle murmure, légèrement :
- Tient. Ca serait dommage que tu l’oublie.

Avant de passer sa main dans ses cheveux, signe qu’elle ne se sent pas forcément à l’aise. Kara non plus visiblement car elle s’empresse de lui dire qu’elle allait partir, lui laissant la place au terrain d’entrainement. Surprise, Artémia hausse les sourcils et laisse un léger silence s’écouler. Elle aurait pu se contenter d'acquiescer, de lui murmurer une formule rapide de politesse et de repartir aussi sec à ses affaires. Toutefois, dans un élan de courage subite, elle repense à son désir de s’intégrer et elle ajoute aussitôt, prenant enfin la perche qu’on lui tendait.
- Oh tu n’es pas obligé tu sais. Euh… Ca te dis de t’entrainer avec moi? Ce n’est pas que. Enfin, je ne tiens pas à te déranger mais. J’aurai bien besoin d’une coéquipière pour m’aider à améliorer ma défense. Si tu n’as rien d’autre à faire bien entendu. Je ne te force pas.

AVENGEDINCHAINS

L’esprit de Kara tournait à mille à l’heure, et absolument pas dans le bon sens. Prête à s’en aller pour laisser à Artémia la place de faire tout ce qu’elle voulait, elle constata sans mal qu’elle l’avait gêné, mise sur la défensive en plus de ça, et qu’elle faisait un effort dispensable pour s’excuser auprès d’elle d’un fait dont elle n’était pas responsable. Autant dire que Kara se sentit encore plus ridicule de voir qu’elle faisait à ce point de la peine. Et ça, c’était un cercle vicieux qui l’étouffait depuis des semaines, depuis qu’elle avait pris ses fonctions auprès d’Aidan pour résumé.

La tête basse, la brune reprit son baladeur rapidement lorsqu’Artémia le lui tendit. Elle fit en sorte de ne pas la forcer plus longtemps à lui adresser la parole, et la remercia d’un discret signe de la tête et d’un sourire clairement forcé et presque gênant. Fourrant ses affaires dans son sac, elle aurait voulu être plus rapide, tout en sachant que se hâter l’aurait rendu tellement plus suspecte aux yeux de l’espionne. Cette fuite en avant trahissait tellement de choses à son sujet, en dépit de sa maladresse déjà marquante quand on pensait à elle. L’angoisse…

Désolée encore, murmura-t-elle sur le point de s’en aller.

Si Artémia n’avait pas fait l’effort de lui demander de rester. Se retournant vers l’espionne, Kara ne put s’empêcher de froncer les sourcils, sans cacher son étonnement. Elle n’était pas obligée de partir, vraiment ? ça, ça l’étonnait. Il y avait comme une hiérarchie tacite, de l’importance de certain dans la salle d’entrainement, de quand ils avaient la priorité ou non. C’était une échelle de valeur qui ne la quittait jamais, un moyen d’observer qui était important et qui ne l’était pas. La petite brune savait de source sûre qu’elle, ne l’était pas.

Tu… Tu es sûre ? Articula-t-elle sur le coup de la surprise.

S’entrainer avec Artémia ? Mais l’espionne avait probablement davantage à lui apprendre sur tout ça qu’elle. Elle ne serait jamais à son niveau, même si Steve avait largement poussé l’entrainement pour la forcer à s’améliorer. Kara savait se battre, il y avait juste tellement plus compétent qu’elle dans le domaine que s’adresser à elle semblait complètement fou en réalité.

J’veux dire… J’ai le temps mais pas grand monde a envie de s’entraîner avec moi parce que je suis pas réputée pour mon talent en la matière… se justifia-t-elle.

Depuis sa prise de fonction, à part ses maladresses évidentes entre-coupées d’éclair de génie, Kara était très clairement la pire partenaire existente. Kobik essayait bien de l’encourager à s’améliorer, la poussait vers l’avant pour qu’elle ne perde pas confiance, mais il n’était pas difficile de voir que Kara s’infligeait des attentes insurmontables.

Tu bosses quel style de combat ? Demanda-t-elle à Artémia. Autant dire que s’il s’agissait de boxe, elle ne mettrait pas à profil ses compétences aléatoires en karaté…

Et tout en disant ça, elle reposa son sac à sa place, prête à prendre les gants qu'il faudrait.

Somebody

Non. Vraiment. Artémia n’est pas la plus douée pour être à l’aise avec des inconnus. Elle n’est pas la plus douée pour tisser des liens d’amitié. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Les conseils de Tysha à ce sujet lui revient en mémoire et elle tente de se sociabiliser. Elle tente de ne pas repartir dans son coin, laissant Kara s’en aller sans avoir tenté un temps soit peu de lui parler. C’est le moment. Le bon moment de crever l'abcès alors elle lâche quelque peu sa vigilance constante. Elle brise quelque peu son masque de fer. Sa protection bienfaitrice. Sa voix glisse entre ses lèvres pincées et elle porte son attention sur la jeune femme, lui propose de rester, acquiesçant quand cette dernière, surprise, lui demande si elle est bien certaine de le vouloir vraiment. Comme si. Comme si elle ne s’y attendait pas tout simplement. Ce qui n’est guère étonnant, sachant que jusque là, Artémia n’avait jamais osé l’approcher. Pour la simple et bonne raison qu’elle ne savait pas vraiment comment l’aborder. Ni comment s’y prendre, de peur sûrement de la blesser ou de lui faire penser qu’elle se moque d’elle ouvertement.
- Oui. Bien sûr. Enfin. Si tu es également partante, bien entendu. Sinon, je comprendrai.

Un léger mouvement de la tête. Un léger sourire traversant même ses traits tandis qu’elle passe une main brève dans ses cheveux, les repousse en arrière dans un mouvement un peu stressée. Aux dires de Kara cependant, ses sourcils se haussent et elle lâche un :
- Oh? Il n’y a pas de raison pourtant. Je suis convaincue que tu es bien meilleure que moi sur certaines matières.

Un peu moins tendue que précédemment parce qu’elle ne voit pas en quoi personne ne souhaite s'entraîner avec son interlocutrice. Trouvant même cela quelque peu injustifiée. Déplacée. Voir complètement stupide. Sa maladresse peut-être? Leur fonction différente? Leur secteur opposé? Qu’importe. Dans son village, il n’y a pas de faible. Il n’y a pas de classe supérieure. De hauts gradés. De dominatrices et des soumises. Juste des femmes avec des capacités différentes. Des capacités dont certaines insoupçonnées et l’Amazone est convaincue que Kara peut l’aider sur bien des points même si cette dernière ne s’en rend peut-être pas totalement compte. Artémia a beau juger les hommes. Enfin… Tous à l'exception de Noah dont elle n’en comprends toujours pas les raisons. Elle ne se permettrait jamais de juger une femme. Une semblable. Une “amazone” comme elle qui n’a pas de compte à rendre à personne. Qui est loin d’être le sexe faible. Elle marque alors un temps d’arrêt. Puis, elle prend une légère inspiration avant de répondre, portant ses iris sur elle en se redressant quelque peu, prenant une position moins tendue :
- Principalement le Bō-jutsu. Disons que je suis plus à l’aise avec un bâton ou une arme blanche plutôt qu’à main nue. On peut même dire que c’est ma plus grande faiblesse. Alors si tu t’y connais là-dessus, je suis preneuse.

Soupir s’échappant de la barrière de ses chairs. Épaules s'affaissant lentement, légèrement tandis qu’elle délaisse peu à peu son malaise. Tente de paraître plus sociable, moins sur la défensive et plus accessible. Kara pose son sac et Artémia fait de même. Elle tâche de se décoincer au maximum. Un toussotement perce ses lèvres et elle se prépare, se met en condition, attache ses cheveux en une queue de cheval parfaite, reprenant aussitôt pour ne laisser aucun blanc malhabile s’étirer entre elles :
- Et toi? Tu es plutôt dans quel style de combat? Tu es plus à l’aise avec un en particulier?

AVENGEDINCHAINS

Elles avaient tous l’air de deux handicapées des relations sociales essayant tant bien que mal de discuter ensemble. Et ça n’était pas beau à voir de l’extérieur. Soupir, la brune tenta de garder contenance, de ne pas avoir l’impression qu’on était en train de se moquer d’elle. Car si une femme comme Artémia acceptait de se prêter à un entrainement avec elle, ça ne pouvait pas être totalement par sympathie pour Kara. Elle trouvait l’espionne tellement plus compétente qu’elle sur tellement de points que ça paraissait incongru :

Disons que… Disons que je suis en train de m’encrouter un peu à rester enfermer dans un bureau derrière un ordinateur. Plaisanta la brune en tentant de ne pas avoir l’air trop idiote. Mes nouvelles fonctions ne me permettent pas de me stimuler… Physiquement. D’être dans le feu de l’action, et je sens que… Je perds mon… « expertise ».

Un discours un peu pompeux pour dire qu’elle perdait de sa superbe ! Kara préférait prévenir la femme qui encourageait cette entreprise. Que pouvait-elle faire de plus pour avoir l’air à peu près normale maintenant ? Peinant à garder contenance, elle fronça les sourcils :

Oh, c’est donc vrai ? Fit-elle soudainement, comme un sursaut : Pour le bâton et tout ça, je pensais que c’était une sorte de légende te concernant, se justifia-t-elle en se sentant un peu idiote au passage.

Pourquoi mentirait-elle ? Le Bo-jutsu donc ? Elle n’avait aucune idée de ce que c’était, ni de comment on pouvait se servir d’un baton. Surtout pour cogner quelqu’un avec. Même si l’idée de le faire lui paraissait soudainement très séduisante.

J’ai… J’ai passé quelques années en chine, j’ai appris le Wushu, on a fait un peu de travail au sabre, si tu connais… C’était un biais pour réussir à s’accorder sur la suite, pas vrai ? Sinon, plutôt du Bando, du Krav Maga et du Penchak Silat. Et de la Capoeira aussi.

La liste était longue. Kara les conduisit jusqu’au tatami pour pouvoir être dans un endroit assez spacieux pour faire ça. Pour sa part, elle avait terminé de s’échauffer, et Artémia aussi apparemment. Alors, elles pouvaient apparemment en venir aux mains. Même si tout d’un coup, Kara me sentait une timidité qui n’a jamais vraiment existé chez elle. C’était malheureux, mais sa collaboration avec Aidan Bowman commençait à porter ses fruits et surtout, ceux qu’elle n’attendait pas.
Elle perdait confiance, en elle et en ses capacités qu'elle trouvait fragile.

Somebody

Difficile de briser ses barrières. De paraître plus sociale, moins sur la défensive alors que cela fait partie intégrante de son caractère. Artémia cherche pourtant à faire abstraction. A se décoincer un peu même si son corps reste tendu, crispé. Raidit par un sentiment de malaise. Elle n'a vraiment pas l'habitude. Ses mains attachent pourtant ses longs cheveux en une queue parfaite et elle pousse un léger soupir pour se décontracter un peu, s'autorisant à sourire quand la brune murmure qu'elle s'est écroutée en restant assise derrière un bureau.
- Je comprend. A ta place, j'avoue que je n'aurai pas tenu. Rester assise sans bouger, l'horreur.

Oui. Elle tente vraiment de se sociabiliser. De se montrer plus amicale, moins coincée même si sa propre voix ne lui parait pas encore naturelle. Spontanée. Elle a encore du chemin à parcourir avant de s'ouvrir à une inconnue. Kara qui plus est. Dont sa maladresse l'amuse sans méchanceté. Oui. Elle n'a jamais voulu s'en moquer. Elle n'a jamais voulu la froisser et il est peut-être temps de crever l'abcès. Ce qui l'a plus ou moins poussé à lui proposer de rester.
- Comment fais-tu d’ailleurs pour le supporter?

Alors, l’amazone enchérit à ses paroles. Elle murmure sa répulsion de rester assise derrière un simple bureau. Il faut avouer qu’elle ne connait pas encore très bien la technologie. Elle, qui a passé une grande partie de sa vie dans la nature, auprès de sa tribu, sa famille. Une famille qui n’a plus voulu d’une vie moderne. Auprès d’hommes capable de les mener à leur guise. Auprès d’une société dite soumise. Elle a passé son enfance à courir à travers la forêt. A passé du temps auprès de sa meilleure amie, de ces arbres tant chérit. Non. Elle n’arrive pas à imaginer une journée sans bouger, les yeux rivés sur un écran sans se dégourdir les pieds. Cela lui paraît inconcevable. Insensé. La conversation maladroite continue, poursuit et Artémia s’autorise un nouveau sourire, quoique légèrement gêné lorsque sa partenaire exprime sa surprise sans la cacher.
- Oui. Disons que dans ma tribu, c’est un art qu’on apprend depuis qu’on est toute petite. C'est même un art essentiel à notre survie. Je pourrai t’apprendre si tu veux.

La jeune femme tente de se détendre un peu et ses épaules s’abaissent. Son souffle se fait plus long. Moins bloqué. Elle sait que son ancien mode de vie n’est pas forcément compris. Que sa tribu reste un mystère aux yeux des autres. Certains s'en moquent. D'autres, au contraire, n'osent pas les approcher. Elle essaye néanmoins de faire abstraction de toutes les critiques et les incompréhensions qu'elles ont pu essuyer et elle suit Kara jusqu’au tatami, hochant doucement la tête à ses dires.
- Oh? Tu as quand même appris pas mal de technique. Je suis impressionnée. Je dois avouer que la Capoeira m’intrigue assez. J’en ai déjà entendu parler mais je n’ai encore jamais eu l’occasion de voir une adepte à l’oeuvre.

Manière subtile et réservée d’un échange qu’elles pourraient créer. Durant un court instant, Artémia étire ses bras, son dos, ses jambes et elle se positionne, remarquant cependant une forme d’hésitation dans la posture nouvelle de sa partenaire.
- Es-tu prête? On peut attendre un peu si tu veux. Ce n’est pas pressé.

AVENGEDINCHAINS