✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Ven 5 Avr - 18:48
Il était temps.
C’était en tout cas ce que Matt se répétait inlassablement depuis la veille, alors que le rendez-vous approchait à très grands pas. A onze heures, il devrait se retrouver devant le juge pour exposer le cas d’Enora, et expliquer ce qu’il était préférable de faire pour la bonne santé de cette famille déchirée. Sérieux, relisant sans cesse les preuves et les faits qu’il avait rassemblé pour plaider la cause de sa cliente, du harcèlement qu’elle subissait depuis des semaines, l’homme avait fait en sorte de rajouter une interdiction d’approcher à moins de cent mètres de la famille sans la protection des services de l’ordre.
Ça passerait. En fait, ça devait passer. Il était prêt à tout pour obtenir ce gain de cause, et leur apporter la tranquillité. De surcroit, la rousse était sur le point de déménager, et il voulait tout faire pour protéger la nouvelle adresse de la mère et de ses enfants pour ne pas qu’elle se fasse encore suivre jusqu’à chez elle. Tout cela devenait dangereux, à son goût, plus encore. Certes, Enora n’était pas une femme sans défense, et il ne croyait pas devoir la protéger physiquement de ce qu’il pourrait lui arriver. En tant qu’agent du SHIELD, il ne doutait pas qu’elle serait capable de lui coller une dérouillée alors qu’il était plus que talentueux pour se battre de son côté.
C’était plutôt qu’il puisse s’en prendre à ses enfants. Les prendre, les amener loin d’elle, et définitivement. C’était ce cas de figure qu’il tenait à éviter.
Si bien que le matin même, il fut en avance d’une heure devant le tribunal. Et sa cliente aussi. Il se posa à côté d’elle, sentant sa nervosité. Nervosité qu’il partageait. Ils allèrent se prendre un café pour passer le temps, et revinrent devant le tribunal un quart d’heure avant le rendez-vous, fin prêt à prendre les armes et à se battre. L’avocat de son ex-mari était là. Il le connaissait, de loin. Une petite réputation derrière lui, mais rien d’effrayant aux yeux de Matthew. Il était confiant.
Tout va bien se passer, assura-t-il alors, comme un instinct.
Il le sentait dans sa propre chaire, son cœur ne vrilla pas, son objectif était le même que lors des longues discussions qu’ils avaient pu avoir tous deux à ce sujet. Un objectif qu’ils partageaient d’ailleurs.
Ne parlez que si le juge vous pose directement une question, et restez simple, direct, sobre. Fit-il. J’interviendrais si l’une des questions me semblent déplacés, ou n’ayant aucun rapport avec le dossier. Quand à l’avocat de votre ex-compagnon, ignorez toutes les attaques qu’il pourra faire à votre égard, je m’en charge.
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Ven 5 Avr - 19:46
AftermathJe finis de saluer mon frère qui me serra fort contre lui et posa son front contre le mien avec un sourire. C’était aujourd’hui le tribunal. J’avais une confiance en mon avocat. On réussirait. J’allais bientôt déménager et personne ne savait, en dehors de mes frères et Kara. Tout allait bien se passer. Je souris à mon frère. Je n’allais pas amener mes enfants au tribunal, c’était pour ça qu’ils étaient chez mes parents et que Aindreas était là, ainsi que deux autres de mes frères. Petite précaution si mon ex tentait quelque chose. Je touchais ma plaque militaire qui pendait à nouveau à mon cou depuis que j’avais quitté Faolan. Mon numéro. Mon numéro qui m’avait toujours ramené en vie. Qui m’avait porté chance. Mon frère me sourit et je démarrais pour me rendre au tribunal. Je savais qu’il y aurait un public, audience public et certains adoraient venir voir les jugements. Il y aurait, je le savais, deux de mes sœurs et mon plus jeune frère bien que j’avais dis que je ne voulais pas qu’ils viennent. Enfin, c’était pas comme-ci j’étais écoutée par les miens.
J’arrivais en avance au tribunal et attendis nerveusement. Je regardais mes mains couturées de cicatrices. Aucun tremblements. J’avalais ma salive. J’étais mortellement nerveuse, mais aucun signe extérieur ne le traduisait. J’avais appris à tout cacher au fond de moi. Je ne m’autorisais plus aucune faiblesse devant Faolan. Mes doigts se refermèrent sur ma plaque et je la pressais jusqu’à sentir les numéros s’incruster temporairement dans ma chaire avant de la lâcher. Enora Derry, Commandante de la division… Je pouvais le faire. J’allais le faire. Je me levais pour saluer Matthew… On finit autour d’un café et je lui dis que les enfants étaient chez mes parents avec eux et trois de mes frères dont mon jumeau, militaire aussi de formation. En me relevant pour retourner au tribunal machinalement je lissais mon costume. J’avais sorti le trois pièces, version femme pantalon avec chemise blanche, et la plaque pendait sur le devant le ma chemise. Manquait plus que le calot sur mes cheveux soigneusement coiffés en chignon et j’aurais pu être la militaire parfaite. Je l’avais été à un moment. J’attendis pendant le quart d’heure. Les audiences ouvertes avaient des heures précises. J’avais l’impression d’être en opération commando. J’écoutais avec attention ce que me disait mon avocat avec un sourire. Je hochais la tête.
« Bien compris. Ça ira. »
Je relevais un peu la tête pour sourire à mes sœurs que je présentais rapidement ainsi que le petit frère. Ils nous laissèrent vite tranquilles mais le mot « Commandante » me fit tourner la tête. Et mon cœur rata un battement de surprise. Eli et Karl s’approchèrent et firent le salut militaire, impeccable, que je leur rendis. Deux soldats de mon ancienne équipe. Si Karl était revenu au civil comme garagiste, Eli était toujours soldate, et je notais qu’elle avait perdu une oreille. Je leur souris, soulagée de voir des gars à moi. Je les présentais sans attendre à Matthew on discuta aussi rapidement. Pas d’Enora avec eux. Juste « Commandante ». Je répétais les instructions de Matthew et ils hochèrent la tête : ils ne bougeraient pas. Je les regardais rejoindre les autres et touchais à nouveau ma plaque. Avant de sourire.
« J’ai l’impression de partir en mission commando là… »
Je pris une profonde respiration et relevais encore la tête en entendant notre nom. C’était à nous. Je souris à Matthew.
Des gens étaient venus soutenir Enora, ou tout du moins, Matt le comprit ainsi. C’était tant mieux. Lui voyait en ce rassemblement un moyen de faire valoir l’esprit dans lequel serait élevé les enfants : fraternité, solidarité, cadre,… Des valeurs sincères, surtout dans l’accomplissement de bambins. Silencieux, il pressa tout simplement la rousse à rentrer dans le bureau quand celui-ci s’ouvrit sur la présence d’une femme en robe sombre. Le bureau était sobre, ordonné, de gros bouquins de droit dans les étagères, peu de signes distinctifs. Une odeur de produit ménager également indiquée l’hygiène visiblement stricte des lieux.
Installez-vous, fit la doyenne en présentant les différentes chaises face au bureau de cette dernière. Enora se mit entre Enora et l’avocat de son ex-compagnon. La chaise, vide de ce dernier, attira alors l’attention. Est-ce que votre client nous fera l’honneur de sa présence ? Demanda-t-elle.
Bref silence. Matt adressa un regard en coin vers l’homme, plus gêné qu’autre chose devant les évidences. Ça ne plaidait pas en sa faveur. Si son client n’était pas capable de se présenter, de se libérer, pour ses enfants aujourd’hui, quand le pourrait-il ?
Mon client est un homme occupé, il sera en retard, fit-il, fermement.
Tout ça ne fit que le rassurer davantage dans sa position. Matt se redressa, droit, lissant les plis de sa cravate en tenant fermement son dossier dans la main. Il présenta bien, moins strict qu’Enora cependant, mais plus sérieux que son collaborateur.
Allez-y, présentez-moi votre cas. Invita la juge.
Les yeux de Matt se posèrent sur son voisin, comme pour lui demander l’autorisation d’intervenir. Ce dernier lui fit un signe de la main pour l’y pousser, et il se racla la gorge :
Madame la juge, nous sommes ici pour convenir de la garde des enfants après la séparation de nos clients respectifs. Le contrat a été rompu il y a plusieurs semaines maintenant, tout en disant ça, il tendit son exemplaire à la juge qui hocha la tête. La demande de ma cliente, fit-il en tendant un autre dossier dont la femme se saisit. Et celle menant à une interdiction d’approcher sans un contrôle policier ou une autorité compétente jusqu’à nouvel ordre.
Sans une adresse pour l’avocat à sa droite, Matt soutint cependant le regard de la juge ne semblant pas comprendre le pourquoi du comment. La question fut tacite, il y répondit :
Le client de mon confrère harcèle Madame Derry depuis la séparation, et a fait montre de comportement violent s’apparentant à du harcèlement moral avant la rupture. Nous pensons que son attitude pourrait avoir une influence néfaste sur ses enfants, donc nous demandons la garde exclusive, et sommes prêt à céder un droit de visite sous contrôle d’un tiers responsable de la sécurité de tous les parties, appuya-t-il.
Un rire à côté le fit détourner le regard.
C’est grotesque, mon client est médecin. Plaida-t-il. Il connait la valeur de la vie humaine, et aime profondément ses enfants. Il ne cherche pas à leur nuire, il est cependant révolter par l’attitude de son ex-compagne qui le prive de son droit le plus strict de voir ses enfants, à qui il tient par-dessus tout, je le rappelle. C’est d’ailleurs pour ça que votre client n’est pas là pour témoigner lui-même de son amour pour ses enfants, coupa Matthew, impitoyablement. Je ne crois pas avoir besoin d’en dire d’avantage, son retard parle de lui-même. Comme les messages qu’il laisse à ma cliente quasiment tous les jours. C’est un véritable harcèlement, méthodique et violent. Que nous avons apporté au dossier pour prouver notre point.
Et tout en disant ça, l’avocat tendit le récapitulatif des appels d’Enora, avec des lignes jaunes soulignant les coups de fils provenant de son ex-compagnon. Autant dire que pour l’occasion, Matthew n’allait pas se montrer complaisant ou gentil. Non. Il sera, tout simplement, sans scrupule.
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Sam 6 Avr - 16:42
AftermathJe suivis en silence Matt dans le bureau. Je sentais mon cœur cogner plus que fort contre ma poitrine. J’avais l’impression même de l’avoir au creux de ma gorge. J’avais mis mon portable sur silencieux, sauf pour quelques numéros : mes parents, et mes trois frères qui veillaient sur mes enfants. Rien d’autres. J’avais prévenu le SHIELD qu’aujourd’hui, je ne pouvais absolument rien faire pour cause de tribunal. J’avais demandé à un des gars en qui j’avais le plus confiance de me remplacer temporairement. Je sentis l’odeur de ménage avant d’entrer dans le bureau. Fallait aussi qu’on mette les patins pour rentrer ? Je saluais respectueusement la juge et mon regard pivota automatiquement vers l’autre avocat. Faolan n’était pas là. Je m’assis à la gauche de Matt et attendis le cœur battant. Où était Faolan ? Est-ce qu’il oserait se rendre chez mes parents ? Est-ce qu’il oserait tenter quelque chose comme ça ? Je le savais, quoi qu’il fasse il ne pouvait pas tenir tête à Aindreas. Et Aindreas n’était pas seul. Je me mordis les joues pour ne pas rétorquer que moi je n’étais pas occupée par exemple… Lieutenante au SHIELD c’était vrai qu’on avait jamais besoin de moi. Mais, j’obéis sagement et restais silencieuse.
Je gardais les mains sagement pressées l’une contre l’autre en regardant mon avocat et la juge. J’avais presque d’impression d’entendre Carl et Eli discuter de comment cela allait se passer. Je guettais aussi les bruits de pas pour voir si Faolan viendrait ou non. Est-ce qu’il viendrait ? Si non cela serait un avantage véritable sur le procès. J’avais transmis tous ses appels, tous ses sms, et toutes les conversations qu’on avait eut après la séparation et qu’au besoin j’avais enregistré et tout donné à Matthew. Et si volontairement j’avais parlé en anglais, lui avait une fois sur deux parlait en irlandais. Mon avocat expliqua clairement la situation à la juge et mon regard se glissa vers l’avocat de Faolan avant de revenir droit. Céder le droit de visite avec une autre autorité… C’était vraiment un dernier recours. Si je pouvais éviter ça aussi… Ça serait bien. Je fronçais les sourcils face au rire de l’autre. Je ne dis rien, je ne dirais rien sans que mon avocat ne me dise que je pouvais parler.
Oui, Faolan connaît la valeur de la vie. Moi je connaissais la violence et la valeur de la mort. Je savais aussi la valeur de la vie. Toute sa pleine valeur. Ce que ça faisait de sentir le poids d’une arme entre ses mains. Matthew ne lâchait rien et je souris légèrement, mon cœur battait toujours avec force et mes doigts touchèrent encore une fois la plaque qui pendait à mon cou. Allez petit numéro de la chance. Donne-moi encore un peu de force. La juge se tourna vers moi et je soutiens son regard. J’allais réussir à garder mes enfants. Il ne les approcherait pas aussi facilement que ça. Je sentis son regard balayer les quelques cicatrices qu’on pouvait voir sur mes mains et légèrement sur mon torse. Je n’en avais pas honte. Elle prit la parole.
« Vous avez combien de temps de service madame Derry ? - Seize ans j’étais au lycée militaire et je me suis arrêtée à la naissance de mes filles Madame la juge. - Et toutes vos cicatrices, elles viennent de votre service ? Ou… ? - Toutes mes cicatrices viennent du terrain. »
Et votre cliente est sans doute la mieux placée pour s’occuper de ses enfants avec un passé militaire aussi chargée, plusieurs déploiements en zone de guerre et des traumatismes évidents ? Trancha l’avocat, tirant de Matthew un petit soupir, agacé.
Il savait que l’argument jouerait à un moment donné, mais si tôt ? ça prouvait bien qu’à charge, ils n’avaient pas grand-chose à faire jouer contre ce que lui amenait. Il aurait voulu pouvoir afficher un sourire satisfait, si ça n’avait pas des chances de plaider en sa défaveur.
Vous n’êtes pas sans savoir que ma cliente fait partie du SHIELD, où elle gère une équipe. Fit-il, en scrutant la juge qui planta son regard sur lui : Elle passe régulièrement des examens psychologiques pour s’assurer de sa bonne santé mentale, de son bon sens, de sa capacité à gérer le stress et les urgences quand elle lui arrive. Si ses employeurs ne lui faisaient pas autant confiance, elle n’en serait pas là aujourd’hui et notre sécurité ne dépendrait pas d’elle.
Avec un peu de chance, il n’aurait même pas besoin de plaider des arguments en faveur du féminisme, surtout parce qu’Enora ne demandait aucune pension alimentaire.
De surcroit, Madame Derry s’est engagé auprès du SHIELD pour ne plus avoir à être déployer à l’étranger et être là pour ses enfants. Appuya-t-il finalement. Des tests que votre client n’est pas tenu de passer pour s’assurer que lui saura contrôler ses accès de violence, n’est-ce pas ? Mon client n’a jamais levé la main, que ça soit sur son ex-compagnon ou sur ses enfants, je tiens à vous le signifier vivement, rectifia l’avocat avec ferveur. Par contre, il n’hésite pas à dénigrer et insulter la mère de ses enfants, devant eux, à la suivre jusqu’à des amis chez qui elle se réfugie, et à l’appeler pas loin de trente fois par jour, coupa Matthew. Vu la ferveur que met votre client à ruiner la vie de ma cliente, je m’étonne qu’il ne soit pas à l’heure pour ça aujourd’hui.
Le cynisme avait toujours été son fort.
Avant de rendre mon verdict, une question Madame Derry : Pourquoi ne pas demander une pension alimentaire ? S’enquit la juge.
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Sam 6 Avr - 18:12
AftermathTraumatismes évidents ? Il voulait aussi mon poing dans la gueule ou comment ça se passe ? Nan mais s’il voulait du traumatisme je pouvais lui en donner. Oui, j’avais des séquelles, mais j’allais quand même bien merci. J’allais l’éviscérer sur place lui, il allait pas comprendre d’où ça venait. Puis bon… Il était mignon, mais la traumatisée elle savait se gérer seule. Puis bon, niveau traumatisée, j’étais de loin l’une des moins atteintes, même si j’avais encore des tas d’images horribles en tête, j’allais très bien, merci de vous en souciez ! Je ne dis rien, ne regardais même pas l’autre avocat, mon regard était rivé sur Matthew. Allez ! Je fis un simple sourire. Oui, lieutenante de la section terrain et donc en lien avec la protection des civiles. C’était ça ma vie. Puis bon, au moins au SHIELD, je n’allais pas être déployé je ne sais où et risque de mourir loin. Le risque de mort était toujours présent, mais au moins j’étais proche… Cela dit… je me savais pas si c’était une bonne idée. Niveau contrôle des émotions, je me posais là, il le fallait pour guider ses troupes jusqu’au bout et les maintenir en vie.
Oui… Il n’avait jamais osé lever la main sur moi ou les gamins… Parce qu’il savait très bien que de nous deux, j’étais la plus forte et que je n’hésiterais pas à lui briser les os rien que s’il tentait. Je ne dis rien et attendis la suite. Joli Cynisme. J’approuvais. Je me tournais vers la juge et souris.
« Je n’ai pas besoin de la moindre aide financière. Je gagne très bien ma vie en tant que Lieutenante du SHIELD, j’ai toujours été autonome financièrement depuis que j’ai quitté l’école. Et j’estime ne pas avoir besoin de l’argent d’un excompagnon pour vivre. Mon salaire suffit pour moi et mes trois enfants. »
Des pas je captais vaguement quelques éclats de voix. Il frappa et entra vivement dans le bureau en marmonnant une excuse. Je ne tournais même pas le regard vers lui, mais lui attaqua, en irlandais, pour changer :
« Tu as demandé à tes chiens de garde de venir Enora ? »
L’arrivée de son ex-compagnon ne lui arracha pas un sursaut. Il avait entendu, ses plats, ses invectives à ceux dehors, puis l’emballement de son cœur. La colère aussi, avait cette odeur de transpiration, un peu âcre, caractéristique pour lui. Et la peur n’entrait pas en jeu :
Enora, pouvez-vous traduire les mots de votre ex, s’il vous plait ? Demanda-t-il à sa cliente, avec un air parfaitement neutre.
Alors que la rouquine s’exécutait, Matthew se contenta d’aviser l’avocat à ses côtés d’un regard entendu. Bon sang, il lui souhaitait surtout du courage. Les clients qui se sabotaient eux-même étaient les pires à gérer. Lui avait de la chance, Enora savait parfaitement ce qu’elle voulait, et il pouvait le lui obtenir.
Votre client compte parler dans un dialecte compréhensible ou vais-je être obligé de le rappeler à l’ordre ? Invectiva la doyenne, par-dessus ses lunettes en demi-lune. Désolée madame la Juge, ça n’arrivera plus, affirma son voisin. Merci de venir vous joindre à nous, j’allais justement donner mon verdict. Enchaîna-t-elle cette fois, d’une voix ferme. Ses yeux lurent une dernière fois les lignes qui lui étaient fournies, sans s’attendre à la moindre intervention de la part du père. Son espace de paroles fut longtemps à disposition, sa tribune ouverte. Il n’en avait pas profité : Compte tenu du dossier, la garde exclusive des enfants se verra attribué à Madame Derry. Nous mettrons au point un calendrier avec un droit de visites, seulement si Monsieur votre client suit une thérapie pour la gestion de ses émotions dans les plus brefs délais.
Sans une œillade pour la réaction effarée de l’homme en question, Matthew se redressa sensiblement sur son siège :
Et quant à notre demande de… Elle le coupa d’un geste de la main. J’y viens, Maitre Murdock, son stylo nota sur la feuille, puis, elle reprit : Vous aurez l’interdiction d’approcher de la maison de votre ex-compagne à moins de trente mètres jusqu’à nouvel ordre, il en va de même de vos enfants tant que vous n’aurez pas suivi des soins appropriés. Finalement, elle riva son regard sec sur l’avocat de la partie adversaire : Nous en reparlerons dans six mois s’il y a une évolution.
Nul besoin d’en discuter.
Dossier suivant. Fit-elle en tapant de son marteau rapidement.
Matthew hâta Enora de se lever, alors qu’il récupérait ses papiers rapidement. Nul besoin de s’attarder ici, le jugement était donné, et obtenir mieux serait compliqué. Dehors, ça serait une autre paire de manche. Il n’était pas rare que les ex-compagnons évincés perdent le contrôle après un jugement qui n’allait pas en leur faveur, et Matthew se jura que ça n’arriverait pas sous sa garde.
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Sam 6 Avr - 20:06
AftermathJe traduisis à voix claire ce qu’avait dit Faolan sans rien rajouter ou omettre. Même pas en rêve. J’avais presque l’impression que Matthew jubilait en secret. Je souris discrètement en écoutant la juge remettre en place Faolan. Qui bouillait littéralement. Pauvre chou. L’heure du verdict. Je me tendis immédiatement et je respirais profondément. Oui ! La garde était pour moi ! Je fermais les yeux en expirant de soulagement. Interdiction de s’approcher. C’était… parfait. Six mois. C’était bien. Je souris. Dossier suivant. Je rassemblais aussitôt mes affaires pour suivre mon avocat hors du bureau. Je poussais un profond soulagement de soulagement une fois dehors. Plus de pression, plus rien. Je souris en sentant la lumière du jour sur mon visage. Mes collègues foncèrent suivis de mes sœurs et mon frère. Salut rapide militaire et je chuchotais le verdict et il eut des rires et des sourires. Je hochais la tête. Ils se dispersèrent vite quand je déclarais en reparler rapidement ce soir et je proposais vite aux deux autres de se joindre à ma famille et les cinq disparurent. Je reviens vers mon avocat avec un sourire heureux.
« Je crois que c’est une bonne chose de faîte. J’imagine que ce n’est pas tout à fait terminé ? »
J’observais de loin mon ex-compagnon discuter plus ou moins calmement avec son avocat. Je fronçais légèrement les sourcils.
« J’ai quand même… presque l’impression que c’était trop facile. Vous en pensez quoi ? »
Instant suspendu, il fallait s’éloigner. A quelques pas derrière Enora, comme pour faire écran si jamais son ex-compagnon cherchait à la suivre ou à l’invectiver, il fit en sorte qu’ils s’éloignent suffisamment. Droit comme un pique, il put voir le sourire de la rouquine. Mais elle avait raison : ça n’était pas encore terminé. Ça ne serait pas aussi simple. Rien ne l’était de toute façon. Surtout pas quand ils entendirent tous deux quelques insultes fusées, en arrière plan, sans qu’ils ne se retournent pour autant. Inutile de donner à son ex de quoi alimenter sa colère :
Ca aurait pu être plus difficile, mais ne vous faites pas d’illusion : faire appliquer la décision de justice sera aussi laborieux. Expliqua-t-il à sa voisine.
Il ne voulait pas lui sapper le moral : chaque victoire, même petite, était une bonne chose. Au moins pour sa bonne humeur. Enora devait se sentir soulagé, voir que ça avait été rapide, que la juge avait tranché en sa faveur. Mais son ex avait des recours encore, de quoi lui pourrir la vie si jamais. Matt s’attendait néanmoins à ce qu’il agisse autrement pour ça, pas par la voie judiciaire. Il le ferait par d’autres biais, parce que sa colère le prédisait.
Rien que pour l’interdiction d’approcher, il faudra être ferme. Ça n’est souvent pas parce que nous avons statué sur une affaire qu’elle est tout de suite exécutée, ça peut prendre des mois. Expliqua-t-il à nouveau. En l’occurrence, gardez votre téléphone près de vous, et soyez prête à appeler la police.
A n’importe quel moment, et elle ne devait jamais hésiter. Il était sérieux et sa voix ne souffrait d’aucune timidité. Il n’accepterait pas qu’elle se laisse faire là-dessus, car l’application de la peine dépendait d’elle désormais, également.
Je vais me débrouiller avec mes contacts là-bas pour m’assurer qu’on se déplacera. Et pour voir si votre ex se tourne vraiment vers une thérapie. Lui promit-il. Dites-vous que vous avez deux semaines de tranquillité actuellement. Profitez-en pour emménager dans votre nouvelle maison avec votre famille et prendre vos marques là-bas. Je m’occuperais du reste et vous tiendrais au courant.
Ils s’étaient suffisamment éloignés pour pouvoir discuter. Sa mine sérieuse se détendit un peu. L’avocat qu’il était, content de cette réussite, redevint progressivement humain. Plus sensible sans doute.
Est-ce que ça va aller ? Comment vous sentez-vous ? S’enquit-il avec sincérité.
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Sam 6 Avr - 22:13
Aftermath J’écoutais avec attention mon avocat sans le lâcher des yeux. Je hochais la tête, d’accord avec lui. Je connaissais pour savoir qu’il n’était pas du genre à lâcher l’affaire. Clairement pas. Mais ça tombait bien, j’étais encore plus têtue que lui sur beaucoup de point. Et encore, presque sur tout en fait. Mais ça c’était à moi de gérer. Je grimaçais légèrement. Je savais que je pouvais me débrouiller seule… mais puisqu’il y avait la justice, lui casser la gueule ne serais pas une bonne idée. Je savais très bien que je pouvais me défendre seule. Mais il faudrait aussi que je passe le mot à l’école et à la nounou. Ça allait être un peu la galère, mais j’allais réussir. Deux semaines… Deux semaines de rêves. Je souris. Ça allait être un plaisir. Je glissais une mèche derrière mon oreille.
« Ça ira, on déménage ce week-end à Krolik, j’ai toute ma famille pour m’aider ça va se faire. Honnêtement, c’est exactement pareil qu’une fin de mission commando qui s’est bien passée. Toute la pression qui retombe… Ça fait bizarre là. Ça fait du bien… Mais on sait que derrière c’est pas fini. Mais le moral est là, j’ai ma nouvelle vie qui commence bientôt. Donc non contente, mais attentive à ce qu’il va se passer. Et vous ? Vous en pensez quoi de tout ça ? »
Je sentais un regard dans mon dos. Je ne bougeais pas et invitais Mathew à aller dehors pour finir de discuter. Je sentis mon portable vibrer et je lus un message de mon jumeau qui me félicitait et… Je lus celui de ma mère.
« Je vous propose de dîner avec ma famille ce soir. Ils veulent tous vous remercier. »
C’est une bonne chose. Appuya Matthew avec enthousiasme, en esquissant un sourire.
Ça lui faisait plaisir de voir que les choses se vouaient tout de même à s’arranger. Que d’ici peu de temps, elle aurait tout ce qu’il fallait pour aller mieux, qu’elle pourrait se reconstruire. Que ses enfants aussi. Comme quoi, son métier n’était pas inutile, il servait à quelque chose, et ça le réchauffait de l’intérieur. Oh bien sûr, son rôle était assez limité, il l’avait juste libéré d’un contrat qui ne lui convenait plus, et s’arrangeait pour qu’elle obtienne ce qu’elle voulait. Mais c’était une première étape avant un avenir plus radieux.
Autant être optimiste, c’est beaucoup de bouleversement pour vous et vos enfants, mais il vous faut repartir de zéro ensemble pour aller mieux. Le but est de vous sortir de cette situation toxique. Si son ex-compagnon suivait les soins demandés, alors elle serait même bien tranquille, mais ça, Matthew doutait que ça serait si simple. Ca va aller, ça va même très bien aller, désormais.
Il avait envie de le lui promettre, même s’il n’en avait pas la possibilité. Ce pouvoir ne lui incombait pas. Il ne voyait pas l’avenir, mais pouvait prédire quelques comportements humains qu’il connaissait malheureusement un peu trop bien. Si Faolan se lovait dans sa violence, il n’y aurait pas grand-chose pour que Matthew puisse lutter contre. Ses armes étaient limitées, et même si les souvenirs lui revenaient, s’il envisageait éventuellement une autre forme de réponse, l’homme se doutait que ça ne pouvait pas être si simple.
Cependant, Enora semblait déjà plus légère, et sa proposition l’étonna.
Vraiment ? Je… Il se figea, surpris. Ses yeux s’écarquillèrent sur le coup, ça n’était pas la première fois qu’on lui demandait de se joindre à un repas de remerciement, mais c’était la première où toute une famille le lui demandait, et où il envisageait de dire oui. A croire que finalement, cette année loin de tout l’avait un peu changé. En bien, il l’espérait. Bien sûr, il me faudra juste l’heure et l’adresse, et je serais là. S’enquit-il avec un sourire, un peu gêné, mais essayant de ne pas en donner l’impression. Dois-je amener quelque chose ?
Sa mère lui ferait un scandale s’il ne demandait pas, au moins par politesse. L’invitation était tellement agréable que ça lui semblait toujours un peu fou.
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Dim 7 Avr - 13:20
AftermathJe souris, ça faisait effectivement du bien ! Cette horrible situation était enfin fini. Je serais plus ou moins tranquille pour un petit moment. J’allais ravoir une maison à moi pour mes enfants, même si je louais pour l’instant. Je réussirais sans aucun doute possible. Je réussirais sans aucun problème ma nouvelle vie. C’était simple pour moi, j’étais une militaire, je réussirais à mettre à exécution du plan. Je proposais à Matthew de venir manger à la maison, ma mère était d’accord. C’était même elle qui avait proposé, et le pauvre avocat semblait surpris. Je souris avant de plonger la main dans mon sac pour noter soigneusement l’adresse de ma mère et l’heure avant de lui tendre.
« Hospitalité irlandaise, l’invité se met les pieds sous la table. Je vous rassure, il n’y aura pas tous mes frères et sœurs. Vous aurez moins de nom à retenir. Venez pour dix-neuf heures trente. À tout à l’heure ! »
Je lui fis un grand sourire avant de lui serrer la main et de me diriger vers la voiture. Je me sentais véritablement bien et j’arrivais chez mes parents avec plaisir. Les enfants jouaient dans le jardin sous la surveillance de mes frères. Abi se précipita vers moi et je la soulevais dans les airs en lui embrassant le cou avant de faire pareil avec Mona. J’embrassais tout le monde avant de passer un petit moment avec les enfants. C’était toujours agréable de rires aux éclats sans arrière pensées, ne plus m’inquiéter pour le lendemain.
L’après-midi se passa en vérification des cartons et un peu d’entraînements avec Aindreas. C’était toujours bien de se dépenser à fond. Les frères et sœurs, heureusement, ils n’étaient pas tous là… sinon… Enfin, la grande pièce à vivre avait l’habitude de se retrouver si envahi. Je nous compte rapidement. Nous sommes quinze de base, avec les enfants on peut monter à vingt-trois je crois. Là… nous sommes quinze, seize avec Matthew. Ça va. On est pas trop nombreux et ça serait très agréable. L’irlandais s’échange tranquillement entre nous et je porte mon fils contre moi en souriant. Je préviens juste de l’arrivée de mon avocat et tout le monde repassa en mode anglais. C’était mieux pour tout le monde. J’avais troqué mon costume pour un habit plus détendu et les cheveux lâchés. J’allais vers la porte quand on sonna. Je souris à Matthew.
« Bonsoir ! Entrez ne vous inquiétez pas on mord pas ! »
Je m’écartais pour le laisser entrer et refermais derrière lui. Mon petit le regardait avec attention.
« Maître, je vous présente mon petit dernier qui va sur ses un an, Lonàn. Et les petites rouquines qui se cachent derrière le mur là-bas, c’est mes filles Mona et Abi. »
Quelle drôle de pression il recevait sur les épaules.
Matthew s’en rendit compte rapidement, alors qu’il regagnait sa voiture, sur le départ pour l’adresse que lui avait donné Enora quelques heures plus tôt. Il ne s’était pas changé, mais avait fait tout de même l’effort de se rafraîchir un peu, sous les bons conseils de Karen. Foggy en avait rigolé d’ailleurs, ça n’était pas dans les habitudes de l’avocat d’accepter ce genre de remerciement. Qu’est-ce qu’il y avait de différent ici ? Son meilleur ami suspecta juste qu’Enora était une belle femme, le genre auquel il ne résistait jamais. Pour Matthew, c’était différent. Certes, Enora était belle, et il n’y avait aucun doute sur ce point. Mais il tenait à un autre aspect de cette affaire : la famille qu’elle représentait.
Alors, devant la porte, lui s’était surtout senti démuni. En chemise, manche retroussé, décontracté mais encore digne, il arriva devant la porte avec l’incertitude de ceux qui doutait. Il sonna, et on vint si rapidement lui ouvrir. Le cœur de Matthew rata un battement sous le coup du stress, il fut presque étonné de voir Enora dans l’encadrement, visiblement contente de le voir :
Merci, fit-il, humblement.
C’était étrange de le voir agir comme ça. Il contrastait tellement avec l’image qu’il donnait au tribunal. Son arrogance était lointaine, il en allait de même pour toutes ces certitudes. Devant les parents des autres, à cause du jugement qu’on pourrait porter sur lui, Matthew se faisait presque petit. Et le contraste le rendait un peu ridicule, dans le genre. Il se doutait qu’il devrait reprendre, rapidement, un peu plus d’audace :
Merci encore pour l’invitation, ajouta-t-il, alors qu’Enora commençait déjà les présentations.
Ses enfants ! Il n’avait vu que des noms dans son dossier, alors, il pouvait encore les retenir. Ça n’était pas comme s’il les connaissait, mais Matthew avait tout de même l’impression d’avoir déjà un avantage sur eux :
Salut les filles, fit-il en les saluant de la main, alors qu’elles gloussaient en le voyant faire. Il devait passer pour un drôle de spécimen. Où est-ce que je peux mettre ça ? Demanda-t-il en présentant sa veste, ainsi qu’une bouteille de whisky qu’il avait tout de même pris avec lui. Je sais que vous m’avez dit que je n’aurais rien à prendre ou à faire ce soir, mais mes parents m’auraient punis de dessert si je vous avais écouté, plaisanta-t-il, avec légèreté.
Ce fut placé avant que d’autres ne viennent le saluer aussi. La famille d’Enora était immense déjà, et il n’avait devant lui qu’un échantillon du nombre. Alors, par principe, il se concentra sur ses parents. Pour les remercier chaleureusement de l’invitation. Il discuta rapidement avec eux aussi, par politesse. Ces gens avaient beaucoup de questions, mais aussi beaucoup de bienveillance à offrir. C’était pour ça qu’il faisait ce métier, tout compte fait.
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Ven 12 Avr - 16:25
Aftermath « On ne manque pas de Whisky, mais je vais m’en occuper. Ne vous inquiètez pas, c'est pas ici qu'on va vous priver de dessert.»
Je laissais les autres se présenter tour à tour en rangeant la veste et en posant la bouteille avec les autres avant de capter le regard de ma mère. Je secouais la tête avant d’aider mon père à finir de mettre la table. Les petites observaient avec attention Matthew et Lonàn avait finis par arriver dans ses bras sans que je ne sache comment. Mais visiblement mes frères et sœurs discutaient avec lui sans aucun problème. Bon… bah il était le bienvenu dans la famille. Il était passé du stade d’avocat au stade d’ami. Pourquoi pas. Je reculais un peu en sentant mon portable vibrer dans ma poche. Bah tiens… Ça faisait longtemps qu’il ne m’avait pas parlé. Je refusais de répondre à son message et glissais à nouveau mon portable à sa place. Ma mère me demanda d’aller prendre les photos de la maison pour montrer à l’avocat. L’anglais de mes parents était avec un accent irlandais à couper au couteau, ou à la hache. Les deux allaient. J’avais fait plusieurs visites des maisons, dont une avec mes parents pour des potentiels travaux. Mais j’étais tranquille maintenant. Je secouais la tête, pas la peine de lui montrer ça.
Je réussis à récupérer mon fils pour l’installer dans sa chaise haute avant d’aider à passer les plats. Je souris en sentant les bonnes odeurs. Alors… qu’est-ce qu’on avait ? De l’Irish Stew, ragoût à la viande d’agneau, un de mes plats favori, avec un Seefood chowder et un Irish Beef Stew et bien sûr un Colcannon ! Ainsi que la traditionnelle Guinness Pie et le fish and chips. Je ris par le débordement de nourriture et présentais les plats à Matthew. Je refusais le verre d’alcool pour un grand verre de jus de fruit.
« Ne vous inquiétez pas, il y aura assez de nourriture pour tout le monde. Mes parents ont tendance à faire un peu trop sachant qu’il y aura du dessert ! »
Habitude des familles nombreuses, ça aide. Il eut un toast pour l’avocat et notre victoire sur Faolan. Qui en quelques instants devient un nom interdit à prononcer ! Ça c’était ma mère. Je fronçais les sourcils en attrapant mon portable qui vibrait à nouveau. Quand on parlait du loup… Je lus vaguement le message avant de le glisser à nouveau dans ma poche. Ce n’était pas important, je regarderais ça plus tard. Je croisais le regard de mon frère jumeau qui fronça légèrement les sourcils. Je lui fis signe de laisser tomber. Les filles avaient décidé de poser plein de questions à Matthew. Je lui souris.
« J’avais oublié de vous dire : les filles sont du genre curieuses. »
Bon sang, ça faisait tellement de personnes. Il avait déjà oublié la moitié des personnes qu’il saluait avec le peu de confiance qu’il avait. Matt fut presque heureux d’avoir cette capacité de garder la face, même devant les événements difficiles, ça lui permettait de ne pas montrer à quel point il se sentait perdu. Son regard sombre revenait sans cesse vers Enora, comme pour chercher son soutien, alors que lui avait l’incroyable impression d’être dans un corps bien trop grand pour lui. Des discussions avec les adultes, il tira quelques informations, quelques remerciements, des tapes vives sur l’épaule pour le féliciter alors qu’il ne faisait que son travail.
Et ce fut ce qu’il répéta, à chaque fois. Même lorsque les parents d’Enora lui firent part de leur satisfaction. Après tout, la vie de leur fille s’arrangeait. Bien entourée, elle irait mieux. Il fallait des gens pour se battre pour sa cause, et lui permettre de retrouver sa liberté et un équilibre pour sa famille. Elle pouvait être contente de son entourage, heureuse d’être si bien accompagnée. Un bref sentiment envahi Matthew alors qu’on lui confiait un verre d’une boisson irlandaise, en lui assurant qu’il devait absolument connaître. Un sentiment de solitude, puissant. Comme si, malgré sa propre situation, il connaissait la perte, le deuil et la douleur.
Mais cette émotion fut fugace, et alors qu’il s’étouffa en buvant sa première gorgée, quand l’alcool lui brûla le palais puis la gorge, il eut droit à une autre tape sur l’épaule, et une invective en irlandais qu’il ne comprit pas :
Vous avez des alcools… Forts… Commenta-t-il d’une voix enrouée, à Enora, en essayant de retrouver contenance. Les larmes lui étaient même montées aux yeux, et il lui était impossible de faire le fier désormais.
C’était peut-être le fait de se trouver un brin ridicule devant la jolie rouquine qui le perturba un peu. Il ne trouva son salut qu’auprès des enfants d’Enora, qui ne manquèrent pas de venir dans ses jambes pour lui poser d’autres questions sur tout est rien. Ce fut sans doute au moment où celle à sa droite lui demanda pourquoi l’herbe était verte alors que l’eau était bleue qu’il comprit qu’il n’était pas encore tout à fait prêt à passer son diplôme de parent parfait :
Et donc, là, ce n’est qu’une partie de votre famille ? S’enquit-il auprès d’Enora quand ils eurent un instant de répit au milieu de ce fourmillement de vie. J’imagine que lorsque vous êtes tous ensemble, c’est plus festif encore ?
HRP : Désolée du retard ! IRL chargé, mais comme je suis en absence, je profite d’un moment de répit pour écrire et arrêter de te faire poireauter. J’espère que ça t’ira ! <3
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Sam 1 Juin - 18:37
Aftermath « Oui ! Je confirme ! Willhem vous a donné le plus fort qu’on a. T’as pas honte Will ? »
Mon frère était mort de rire et je tendis mon verre en lui demandant un peu et rajoutais des glaçons dans mon verre et celui de Matthew en riant. Il valait mieux rajouter un peu de fraicheur pour ne pas finir avec une gorge en feu. Je fis les gros yeux à mes filles qui filèrent en riant alors que je répliquais sur sa fameuse question que si le ciel était jaune, les tomates seraient violettes et inversement. De quoi lui donner du grain à moudre. Je souris avant de regarder Matthew. Ah la famille…
« Oui ! Il en manque, de base nous sommes quinze, rajoutez un ou une compagnon pour les plus âgés, ou des copains copines pour les plus jeunes… Plus les petits… Je vous déconseille de venir à Noël si vous n’avez pas l’habitude de manger avec une petite trentaine de personnes. Je me suis toujours demandé comment mes parents avaient fait pour ne pas en étrangler un ou deux. Surtout moi et mon jumeau. Croyez-moi, on était les pires. Bon après la guerre et tout ça, on s’est calmés ! Rien qu’un peu. Attendez. »
J’attrapais son assiette et la tendis à ma mère qui la remplis de nourriture avant de faire les services pour tous. Il y avait de tout, ragoût irlandais, poisson, pain maison, tout ça. Des légumes des fruits. Je me levais pour attraper mes filles et les installer à table entre mes frères et sœurs avant d’attacher mon fils pour le faire manger. J’évitais soigneusement des plats en sauce avant de protester quand ma mère resservit Matthew, le pauvre n’avait même pas finis de manger. Je souris.
« J’espère que vous faisiez pas un régime, là c’est mort pour ce soir ! »
Ma mère avait la peur phobique des assiettes vides. Si, si c’était possible. Je bus d’un trait mon verre d’alcool sans frémir. Ah bah j’avais une belle descente ! On était irlandais ou on l’était pas ! style="width:100%; margin-bottom:10px;">
Matthew pouvait encore sentir sa gorge le bruler, c’était affreux ! Comment avait-il pu se laisser piéger aussi facilement ? Toussant toujours, il remercia Enora lorsqu’elle lui rendit un verre avec des glaçons, et il hésita à se jeter dessus pour faire passer cette sensation de brulure, même s’il eut conscience que ça n’allait faire que l’aggraver. Dans quel bourbier s’était-il mis ?! Et dire que tout le monde n’était même pas là !
Le pire dans tout ça, c’était surtout qu’il avait l’impression de rencontrer la famille d’une compagne. N’était-ce pas plutôt dans ce genre de circonstances que ça se déroulait ? Il ne savait plus où donner de la tête, un peu perdu devant cette foule de gens. Au moins, les filles eurent assez de conversation pour lui permettre de retrouver contenance. Il se sentait toujours plus à l’aise avec les enfants. Quant aux adultes, tout se déroula bien, même lorsque le diner approcha et qu’on les convia à se mettre à table :
Je vais finir cette assiette pour lui faire honneur, mais j’aurais besoin de votre aide ensuite pour qu’elle ne me resserve pas une troisième fois, souffla-t-il à la rouquine avec humour.
Même si ça n’était pas totalement une blague pour lui. Tout était déjà si copieux, qu’il était sur le point de vraiment exploser. Il ne voulait pas rentrer chez lui malade – déjà qu’il était pas mal alcoolisé à cause de ce qu’il avait bu tantôt, et le repas n’avait pas son pareil pour re-remplir les verres à outrance. Ce pauvre Matthew savait qu’il était, pour le coup, une sacrée petite nature comparée à tous ces gens. Lui qui pensait pouvoir assurer la soirée se trouva bien idiot.
En tout cas, c’est délicieux, confia-t-il avec un sourire à sa voisine, complice comme toujours.
Ça lui faisait du bien, évidemment. De voir des gens, de parler. En partant pour le continent, c’était ça qui lui avait manqué : cette vie, cette unité. Unité qui n’avait pas son pareil également pour ressortir à chaque instant de chaque conversation.
Il n’y eut bien qu’un moment pour gâcher la soirée. L’avocat entendit le bruit d’un moteur s’arrêtant, de l’autre côté de la rue. Les clés qui quittaient le contact, le bruit des bouteilles d’alcool vides roulant sur le sol. C’était loin, c’était abstrait, mais l’homme était sûr de ce qu’il percevait. Alors il se raidit. Lorsque l’un des frères d’Enora aperçut des phares à la fenêtre et y jeta un coup d’œil. Son visage changea, il perdit son sourire, et instinctivement, Matthew se tourna vers la rouquine : son ex était là. Il n’approchait pas de la maison, mais il était visiblement disposé à guetter de sa position.
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Ven 28 Juin - 20:25
Pour nos hommesJe ris et lui tapotais l’épaule avec un sourire avant de hocher la tête.
« Promis ! »
J’y veillerais, mon regard croisa celui de ma mère qui fronça les sourcils, mais d’un sourire je la rassurais. Qu’elle ne s’inquiète pas ! Tout va bien. Je m’assurais que mon pauvre avocat ne se retrouve pas avec de l’alcool dans son verre. L’alcool en Irlande. C’était violent ! Et nous… Disons que ce soir ça allait bien et heureusement que nous tenions tous l’alcool. J’évitais cependant de trop boire pour monter vite aller coucher mes enfants quand il fut l’heure. Je reviens et croisais le regard de mon frère.
« Enora. »
Le ton de sa voix fit figer tout le monde. Je fronçais les sourcils et m’approchais de la fenêtre en regardant ce qu’il se passait. Évidement… Faolàn. Je claquais la langue avant de hausser les épaules et de regarder mon frère jumeau qui ouvrit sa main et déposa doucement la hache de lancée qu’il avait commencé à prendre. Je secouais la tête et ouvris la fenêtre pour fermer les volets. Les autres me filèrent un coup de main et je reviens m’asseoir avant de regarder Matthew.
« Je reste chez mes parents pour quelques jours, et mon jumeau reste aussi. On verra s’il tente quelque chose. »
Ma mère marmonna quelque chose en anglais sur au besoin un stock d’épées et d’armes blanches qu’on avait dans plusieurs pièces de la maison. Je soupirais à nouveau avant d’expliquer.
« Un de mes petits frères est coutelier, ferronnier, et il adore reproduire des armes antiques. Et en plus mon père est un collectionneur. »
Et… de par mon entraînement militaire, je savais plus ou moins les manier. Plus ou moins. Je repris plus bas pour que seul mon avocat m’entende, les autres avaient leurs discussions.
« Est-ce que j’appelle la police ? Ou… J’attends ? »
J’attendais quoi ? D’avoir dû le maîtriser ? Quoi que, armé ou pas je pourrai le faire, j’avais été assez braqué pour savoir quoi faire dans ce cas-là. Je passais une main dans mes cheveux en écoutant malgré moi s’il ne tentait pas quelque chose. Enfin… Ça serait stupide, il avait vu les voitures des membres de ma famille autour de la maison… Oserait-il ? Qui savait ? Plus moi en tout cas. :copyright: 2981 12289 0
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