✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Lun 6 Mai - 13:45
Rachel et Laura étaient à l’abri. C’était tout ce qui importait désormais, tout ce que Neena avait besoin de noter. Elle se le répéta quinze fois, cent fois, mille fois dans sa tête, quand sa moto se gara à quelques rues de l’appartement qu’elle visait. Elle coupa le contact, retira son casque, poussa un long soupir pour essayer de soulager le poids des sentiments qui oppressaient son cœur. Le manque d’assurance, la peur évidemment. Toutes ces émotions qu’elle s’interdisait d’éprouver en général, de crainte de tout ce que ça pourrait générer en elle, autour d’elle. La gorge nouée, la mâchoire serrée, elle préférait oublier.
Que faisait-elle là ? Pourquoi prenait-elle seulement cette peine ?
Ça aussi, Neena ne pouvait pas s’empêcher de se le demander. Perturbée par tout ce qu’elle avait traversé ces derniers temps, et par tout ce qui remontait progressivement à la surface, la brune ne savait que dire et quoi penser. En l’occurrence, son choix de prendre ses distances avec Hydra était des plus notables, et ses employeurs, mis à mal par l’offensive du SHIELD, n’avaient pour l’instant pas remontré le bout de leur nez pour en savoir plus. De toute façon, elle comptait effacer ses traces, se faire oublier d’eux ad vitam eternam. Quand bien même le Bouclier possédait un dossier évident sur elle, son attention se portait sur autre chose.
Sur un projet à long terme, sur un objectif visant à ramener de l’ordre. Il faudrait d’abord s’occuper des pensées dans son esprit qui se mélangeait comme jamais, mais ça, Neena ne savait pas encore par quel bout le prendre. Et, d’une certaine manière, le fait de devoir se contraindre à penser à une autre personne lui permettait d’avoir un peu de lumière dans le dédale brumeux de son cerveau.
Arrêter d’y penser.
Elle s’en convainquit définitivement en enjambant le garde-corps de la fenêtre, qu’elle repoussa habilement du plat de la main. Il fallait bien admettre qu’à cette hauteur, on ne s’attendait forcément à une visite à l’improviste. La chambre dans laquelle elle pénétra était vide, elle passa la porte jusqu’à arriver au salon. A pas de chat, furtive, silencieuse, ses yeux se posèrent sur le corps avachi de l’homme sur son canapé. Un bref sourire perça ses lèvres, alors qu’elle déposa sur la table non loin son casque, son équipement et sa veste. Avisant les affaires de Steve, la brune s’en empara pour les éloigner de lui.
Nulle envie de se faire flinguer en direct pour des yeux qu’elle trouvait très beau. Et elle n’avait pas de mauvaise intention de toute façon. Même si c’était un point sur lequel on ne la croyait pas souvent, notamment parce que ses capacités impliquaient qu’elle savait comment faire mal, comment tuer. Elle le répétait cependant à chaque fois : ça n’était pas personnel, jamais. Même pas lorsqu’elle brisait. Et le fait d’être autant détaché d’elle-même était à ce point terrifiant, pas davantage cependant que ce que l’homme parvenait à susciter encore en elle malgré le désert dans sa coquille.
Elle s’activa. Pour oublier le fait qu’elle était probablement monstrueuse à ses yeux, que c’était elle qui lui avait fait mal. Ses doigts saisirent habilement un couteau dans un tiroir, quelques aliments dans ce frigo désert. Beurre dans la casserole, casserole sur le feu, planche sortie, découpe en route. La cuisine prit vie soudainement, et du mouvement derrière elle ne la fit même pas se retourner :
Si tu cherches ton arme, c’est moi qui l’ais. Lui annonça-t-elle sans une once d’émotion dans la voix. Ses yeux verts se posèrent sur lui. Remis sur ses jambes, droit devant elle. Son cœur rata un battement : Comment tu te sens ? Demanda-t-elle.
Avec audace sans doute. Il lui fallait oser, pour dédramatiser ce qu’elle lui avait – encore – fait.
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Mer 26 Juin - 19:50
Depuis des jours, Steve souffrait. Physiquement et mentalement. Il n'y avait rien de pire que ça, une faiblesse à tous les niveaux. Chaque jour, dans son esprit, se rejouait la bataille dans les cavernes. Sa clavicule éclatée, le tir dans le bide puis le noir. Ceux qui disaient qu'à la fin du tunnel, il y avait la lumière, ils ne savaient pas à quel point le blond les détestait. Lui n'avait pas vu de lumière, n'avait pas senti le froid de la mort. Autour de nuit, ce n'était que du vide. Vide au point où que le lieutenant n'éprouvait aucune envie de se battre et d'avancer. Ça lui allait bien de passer des journées entière dans son canapé, entre deux verres d'eau et trois pilules d'anti-douleur. De toute façon, il ne respectait même pas les doses médicamenteuses, sinon la douleur reprenait le pas sur sa personne et subir, merci mais non merci. Il avait déjà assez donné à son boulot, il ne se flingerait pas plus pour eux, ça valait pas le coup. Enfin, il lui arrivait de douter parce que dans son lit d'hôpital, les premiers jours, nombreux étaient ceux venus lui rendre visite pour s'assurer que ça allait mais comment aurait-il pu parler avec eux de ce qu'il vivait ? L'enfer était sur terre et ceux qui pensaient ça ne s'imaginait pas à quel point ils étaient dans le vrai. Respirer était une épreuve, se déplacer relevait du miracle et même vider sa vessie sans aide était une aubaine. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il ne fallait même pas aborder le sujet de l'habillage qui devenait un marathon. Non, c'était invivable. Heureusement, il y avait les séances de psy qui aidaient. Enfin... C'était relatif parce qu'il s'emportait toujours au lieu de discuter. S'il en avait eu la force, sans doute qu'il aurait renversé la table à plusieurs reprises. C'était dur de vivre en étant assisté.
Cette fois, Steve avait décidé de faire sa tête de con. Il n'était pas allé chez le médecin, avait refusé sa séance chez le psy et avait envoyé son entourage inquiet dans les roses. C'était clair que tout ce qu'il voulait, là, à l'instant, c'était oublier. Comme à son habitude depuis qu'il s'était cloîtré chez lui, il s'était vautré dans son canapé, avait mit la télé pour avoir un fond sonore et fixait le glock qu'il gardait toujours près de lui, comme si l'objet suffisait à le rassurer un minimum bien qu'il sache que ça ne servait à rien puisqu'il serait toujours plus lent qu'un éventuel agresseur. Dans ses pensées, l'homme revivait les différentes scènes. La prise d'otage de Vanessa. La balle dans son bras et son sang qui s'écoulait librement, ce malgré son pare-balle, la tentative de négociation et ses yeux émeraudes. Elle, elle était là, avec ceux qu'il traquait et c'était un coup plus violent encore que la paralysie forcée dont il était victime. Il se souvenait de son visage, froid et si différent de ce qu'il avait connu autrefois, de sa voix, sans émotion malgré les supplications de l'informaticienne. Oui, Steve s'était encore senti trahi alors que plus rien ne le raccrochait à Neena. D'une certaine façon en tout cas. Et puis ce deuxieme coup de feu qui l'avait achevé... D'après les médecins, il avait eu de la chance parce que quelques minutes de plus et il mourrait. Clairement, mourir en ayant eu pour dernière vision son camp dans la merde, ça l'aurait envoyé directement chez Lucifer.
Bien sûr, comme à chaque fois qu'il se relançait le film des batailles, Steve finissait par s'énerver et ressentait ses blessures plus encore que précédemment, s'obligeant alors à se shooter en anti-douleur. Est-ce qu'il pouvait considéré qu'il en était désormais dépendant ? Possiblement que oui puisqu'il n'y avait que ça qui lui permettait d'effacer de sa mémoire ce maudit jour. Alors, comme à chaque fois, il s'endormit sur son canapé, repoussant au loin ses problèmes en priant qu'à son réveil, rien de tout ça ne se serait passé.
Les yeux de Steve s'ouvrirent lorsque les bruits venant de son appartement. Dans un mouvement autrefois habile, l'homme se tourna pour essayer de récupérer son arme, s'arrêtant au moment où ses doigts s'accrochèrent au vide, conscient désormais que son seul moyen de défense venait de s'envoler. La voix qui confirma sa découverte le fit dresser la tête et ses sourcils se froncèrent en même temps que ses lèvres se pincèrent. Elle était là. Neena venait-elle finir le travail ou le narguer tout simplement ? Aucune idée mais dans les deux cas, elle ne semblait pas se soucier plus que ça de la nature étrange de ces retrouvailles. Se levant avec difficulté, l'homme parfait difficilement à soutenir le regard de la brune, ses émeraudes parvenant encore et toujours à l'hypnotiser. Et pourtant, il lui en voulait. Comme la première fois qu'ils s'étaient quittés. Non, il lui en voulait plus encore. Et sa question... Un rire amer quitta les lèvres de Steve qui vint placer deux doigts contre sa tempe, répondant froidement. "Comme quelqu'un qui aurait préféré qu'on lui tire dans le crâne pour ne pas avoir à faire face à son bourreau."
Au moins, le ton était donné. Le lieutenant n'était pas d'humeur à être patient avec celle qui parvenait encore à le faire chavirer.
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Jeu 27 Juin - 13:24
Dans son regard saphir, elle discerna le chagrin et la colère. Le tout mélangé à une pointe de douleur qu’elle trouvait piquante, violente même. Incapable de faire mieux, elle soutint ses yeux pour ne pas s’effondrer. Et si lui y voyait sûrement du défi, elle tentait tout bonnement de rassembler sa fierté pour ne pas partir la tête basse. Elle pouvait se montrer arrogante, incroyablement orgueilleuse, mais devant lui, c’était comme s’il pouvait la démolir en une phrase. Il le fit.
Elle était son bourreau.
Neena encaissa à sa manière, baissant le regard en essayant de ne pas sembler faible désormais. Un fin sourire prit place sur ses lèvres, alors qu’elle tentait de ne pas flancher. Elle trouvait ça injuste, mais c’était sa colère qui parlait, pas lui. Et elle aurait aimé lui donner accès à ses souvenirs, à ce qu’elle savait, juste pour qu’il comprenne tout ce qu’il se passait.
C’est mérité, admit-elle en encaissant la note, secouant la tête pour dire qu’elle ne lutterait pas contre ça. Elle était donc son bourreau, comme lui avait été le sien quelques années plus tôt. Il lui avait volé un futur et des rêves, dans lesquels il était. Elle le renvoyait désormais à son immobilité. Pour ma défense, je ne savais pas que tu serais de cette opération et je n’ai tué personne.
Elle dit cela en levant les mains pour faire montrer de bonne foi :
Si j’avais voulu le faire, tu serais mort. Bon, elle aurait voulu ravaler ses propos dès qu’elle les lui dit, mais comprit que c’était trop tard pour ça. Si une tempête éclatée dans l’immédiat, alors elle la subirait de plein fouet. Je ne m’attends pas à ce que tu comprennes, mais ce n’est pas personnel. Ce n’est pas contre toi, ou contre le SHIELD. Ce n’est pas pour Hydra.
Derrière elle, les aliments sur la poêle chauffaient toujours et elle jeta un regard vers eux pour vérifier que tout se passait bien. Elle craignait de les faire brûler, que son intention d’être gentille ne tombe finalement à l’eau par maladresse, trop occupée à se disputer avec lui. Elle n’était pas venue pour ça pourtant, elle ne pourrait pas soutenir une engueulade désormais. Peut-être parce qu’elle quittait progressivement cet épais brouillard, que la lumière était bientôt là.
Je ne suis pas venue rire de toi, ou te faire du mal. Précisa-t-elle. J’essaie, vraiment, fort, de me faire pardonner même si je suis… La dernière personne que tu as envie de voir, j’imagine.
Elle espérait le contraire, mais c’était sans doute aucun un état de fait.
Tu devrais t’asseoir, ou retourner t’allonger. Je ne vais pas empoisonner ton plat si ce qui t’inquiète, ça n’est pas mon genre. Tu n’as rien mangé depuis combien de temps ? Je veux dire… ça fait combien de jour que tu n’as pas eu un véritable repas ? Demanda-t-elle dans la foulée, plongeant dans ses yeux sans chercher à lutter : Ne fais pas le buté, et ne me mens pas.
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Sam 19 Oct - 21:27
Elle lui brisait le cœur. Elle brisait son âme et rappelait au lieutenant combien leur relation était... Difficile. Empoisonnée. Compliquée. Sa simple présence avait l'effet d'un fer chauffé a blanc collé contre sa peau nue, laissant la plaie à vif. Sa voix faisait remonter la colère, la peine, la joie et toutes les choses qu'il avait pu ressentir avec elle, pour elle. Ses yeux lui faisaient penser à toutes ces heures où il aurait pu abandonner pour elle. Où il aurait pu la suivre au bout du monde, où il aurait pu donner chaque centimètre de son être pour qu'elle n'ait plus à faire des choses contre sa nature pour vivre ses rêves. Mais le monde ne fonctionnait pas comme dans les films. Leur chemin devait se séparer, leurs choix devaient entacher la vie de l'autre et cette fois encore, le combat personnel de l'autre les opposait. Il avait perdu, contrairement à la fois précédente mais il y laissait encore des plumes. Pour elle. A cause d'elle. Et il n'avait toujours pas le courage de mettre fin à cette mascarade qui les faisait tourner encore à chaque fois qu'ils se croisaient. Sauf que cette fois, il aurait pu y rester, ça s'était compté en secondes. "Tu ferais mieux de me tuer alors parce que j'en ai assez d'entendre tes conneries." disait Steven d'un ton froid et emplit d'une haine qu'il ne comprendrait pas plus tard. "De toute façon, c'est jamais ta faute, c'est jamais personnel. Tu t'engages avec des enfoirés qui font des victimes tous les jours mais t'en a rien à foutre tant que pour ta gueule, c'est ok." qu'il rajoutait, en s'approchant d'elle pour lui faire face, comme s'il cherchait à lui faire comprendre qu'à cet instant précis, il la détestait de tout son être. Un rictus mauvais naquit alors sur le visage du blond qui se recula d'un pas tandis que ses lèvres s'ouvrirent pour laisser entendre un "J'espère que ton frère ne sera jamais au courant de tes actions. Ou de tes inactions." regrettant presque immédiatement ses mots car il savait parfaitement que le gamin n'était en rien responsable de toute cette histoire et surtout qu'il était injuste de s'en servir dans cette histoire.
Malgré tout, la brunette tenait bon et persistait dans son envie de prendre soin de lui. Steve n'aimait pas ça, préféra se détourner pour retourner s'allonger dans son canapé et tourner la tête vers la télé éteinte, se grattant le plâtre, signe qu'il se passait mille et une chose sous son crâne déjà bien remplit. "Pense à mettre du cyanure, qu'on en finisse vite." dit-il pour soulager son être d'une frustration qu'il ne maîtrisait plus. Durant de longues minutes, il ne pipa mot, laissant son regard dans le vague mais les pensées l'envahissaient, son muscle cardiaque allait à une allure folle, qu'il ne parvenait pas à calmer. Neena enclenchait un processus que l'ancien flic ne parvenait jamais à désamorcé. Pire, maintenant qu'il était handicapé, une situation qu'il vivait très mal, il ne supportait pas d'être à la merci de cette femme qui pouvait déclencher tout et rien en son être. Un long soupir quitta les lèvres du blessé puis il se redressa pour passer dans la cuisine, serrant les dents lorsque son épaule effleura l'agent de l'hydre, essayant de l'ignorer au mieux puis il prit un verre qu'il remplit d'alcool et se détourna pour retrouver son canapé. Là, il ouvrit son flacon d'anti-douleur, les avalant avant de prendre de longue gorgée de son nectar alcoolisé pour finalement se rallonger pour fixer son plafond.
Les effluves des casseroles, le bruit des ustensiles sur le plan de travail, le crépitement du repas donnaient à la scène une sorte d'ambiance de tragédie où la scène serait séparée en deux, les lumières éclairants les deux coins de la pièces, montrant les deux protagonistes marinant dans toutes leurs émotions si humaines, dans tout ce qui les rapprochait et éloignait en même temps. Lourd était le silence, épais, la brume autour du crâne de Steve qui commençait à voir le monde différemment, de par ses gélules miracles. "Je te déteste, Neena." chuchotait le blond, déjà dans un autre monde. "Je te déteste autant que je me déteste. Parce que ça me brise..." Les yeux du lieutenant se fermèrent et son palpitant sa respiration se fit tranquille. "Tu sais pas, ce que ça fait... Deux fois, Neena. Deux fois que ta main me plante et tu sais pas ce que ça fait." confiait l'homme alors qu'il commençait à avoir la sensation que sa bouche devenait lourde. "C'est la deuxième fois que j'apprend à te détester malgré tout ce que je peux ressentir pour toi et ça me tue..."
Ses confidences lui arrachèrent une grimace parce qu'à présent, il n'en avait parlé à personne. Ni à Vanessa, ni à aucun ami. Pas même au psy. De toute façon, à qui il pouvait se confesser. A qui, il pouvait dire qu'il avait jadis rêvé d'une femme, qu'il avait rêvé de la suivre mais qu'il l'avait trahi et qu'aujourd'hui, c'était elle qui avait l'ascendant sur lui et surtout que c'était elle qui lui avait explosé la clavicule. Ah et qu'elle bossait avec ceux qu'il voulait arrêter. Personne ne pouvait comprendre. Même lui ne comprenait pas alors quoi ? Quelle serait la suite de sa tragédie ? Si seulement il pouvait dormir. Juste quelques heures pour oublier, pour arrêter de détester l'univers et surtout effacer son visage quelques petites secondes...
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Dim 20 Oct - 13:57
Neena encaissa la première salve en ayant un mouvement de recul. Elle ne s’attendait pas à être accueilli les bras grands ouverts, mais pas non plus à être reçu comme une pestiférée. Pourtant, c’était logique qu’il agisse ainsi. Logique qu’il lui en veuille. Logique qu’elle ne soit pas la bienvenue. Elle l’avait espéré intimement, les dents serrées, parce que la volonté que ça n’arrive pas était toujours moins forte que la réalité. Et là, elle en faisait la lourde conclusion. Moue figée, elle le fixa un long moment en essayant de ne pas bondir.
Compliqué pour elle, voire impossible.
Parce que tu crois que le SHIELD et la Garde sont blancs comme neige ? Rétorqua-t-elle, l’air de ne pas y croire pour sa part. Il ne pouvait pas être si naïf. Tu n’es pas dans le club des gentils, Steve ! Tu bosses avec des salopards qui font semblant d’être des saints, moi au moins je sais à qui j’ai à faire et à quoi m’attendre. Non, ça, c’était petit.
Elle eut envie de le ravaler avec force mais ne put le faire. Comme souvent, ses mots dépassaient toujours la situation, elle y allait trop franchement. Cependant ce soir, elle n’était pas la seule. Steve se permit de mettre sur la table une personne qui n’avait rien à y faire, et ce fut suffisant pour qu’elle sente en elle une pointe de colère poindre férocement :
Laisse-le en dehors de ça, tu n’as aucune idée de quoi tu parles. Fit-elle d’une voix glaçante.
Elle aurait pu le congeler sur place, sans doute que ça lui aurait au moins remis les idées au clair. Là-dessus, elle était intraitable : Lazarus n’était pas le sujet, et il n’avait pas à en parler. Elle ne s’étonna pas qu’il le connaisse, Steve avait eu le temps de sonder la vie de Neena, surtout après qu’elle lui ait donné un libre accès à son identité. Du reste, elle décida plutôt d’utiliser cette colère pour autre chose : sortir Lazarus de la discussion, et l’orienter sur ce qui comptait vraiment.
Il est temps que tu te réveilles, Steve. Que tu te souviennes parce que j’ai déjà du mal à rassembler toute ma mémoire, alors si tu ne fais pas d’efforts, on y arrivera jamais. Fit-elle en se détournant, revenant vers son plat.
A peine reposa-t-elle les yeux sur lui qu’il terminait d’enfiler ses médicaments avec son verre d’alcool. Il s’allongea, l’ignora sans doute, pestant plutôt après elle. Elle secoua la tête, l’air de songer que tout ça était impossible, qu’ils n’y arriveraient jamais. A s’entendre. En tout cas, qu’elle ne pourrait pas être écouté si elle continuait à crier. Elle prit une profonde inspiration, le laissant divaguer. Elle se rapprocha d’un pas seulement pour mieux l’entendre lui dire qu’il la détestait, qu’il essayait en tout cas de le faire à chaque fois qu’ils se croisaient. Malgré ce qu’il ressentait pour elle. Neena eut l’impression d’un coup en plein ventre. Ses lèvres se sellèrent pour ne pas l’interrompre. Elle le laissa s’endormir.
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Tu sais le mélange alcool et médicament, ça a jamais été une grande idée. Fit-elle en rangeant les affaires de sur sa table basse, éloignant par la même son verre et ses médicaments pour que son esprit ne les associe plus. Steve émergeait laborieusement, la nuit était lourdement tombée sur son appartement. Il sentait bon sa préparation, refroidie depuis. Elle ne l’avait pas réveillé. Tu es conscient ou encore loin ?
Elle se posa sur le bord de la table, tirant de la poche arrière de son jean un paquet de cigarettes. Lorsqu’elle était nerveuse – et ça lui arrivait souvent ces derniers temps – elle ne résistait pas à l’envie de fumer. Sa jambe s’agita, alors qu’elle allumait sa tige en scrutant Steve de ses billes émeraudes .
Tu m’as vendu au Shield, ou peu importe avec qui tu bossais à l’époque. Déclara-t-elle. Tais-toi, c’est moi qui parles. Son exigence ne souffrait d’aucun refus. Alors que j’étais proche, si proche, de ne pas devenir qui je suis aujourd’hui. Pas de mauvaises actions, pas d’autres confrontations, rien. Elle souffla. On aurait pu être vraiment ensemble et en paix, tu avais le choix.
Ses yeux retournèrent vers la fraise de sa cigarette, pour essayer de ne pas se sentir fondre de l’intérieur. Lorsqu’il la regardait, c’était comme si tout devenait liquide en elle, et qu’elle ne parvenait plus à rassembler ses organes pour continuer à fonctionner.
Et tu m’as vendu. C’était tout ce qu’il y avait à dire. J’ai compris, tu as eu peur. Tu ne sais pas si tu seras quelqu’un sans ton job. Tu as eu peur de qui tu aurais pu être avec moi. C’est ok. Parce qu’on sait pas si on se serait vraiment supporté. Je suis toujours là, et je t’en veux plus autant qu’avant.
Neena haussa les épaules, évitant toujours son regard.
C’est pas à propos de nous. Si ça existe vraiment. C’est pas au propos du Shield, d’Hydra, ou du passé… Elle hésita : Tu te souviens ? Un peu… Demanda-t-elle en douceur.
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