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Nostalgie - Maggie
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Lun 27 Mai - 19:51
Revenir à Genosha n'avait pas été facile. Dès l'instant où Alkis avait posé les pieds sur l'île il avait ressentit de longs frissons de dégoût. Ou était-ce de la frayeur ? Les deux options se valaient quand on savait à quel point l'endroit pouvait être dangereux sous ses airs paradisiaques.

L'homme avait retrouvé son appartement géant, trop vide à son goût. Ici et là, il retrouvait des souvenirs qui lui faisaient du mal. Les baisers avec elle près de la fenêtre, les câlins sur le canapé, son odeur sur les oreillers du lit malgré le temps passé. Un rien faisait référence à cette femme. Tout devenait un problème qui pouvait casser un coeur. Le sien, en l'occurrence. Dans son logement, l'homme avait pleurer un moment, avait briser quelques objets qui se voulaient être précieux, déranger les choses pour laisser la sensation que le rangement n'avait jamais été fait, malgré les employés de ménage. Il s'en fichait. Il se fichait bien de n'être qu'un enfoiré qui ne respectait rien. La seule question qu'il se posait, c'était pourquoi. Pourquoi il était revenu poser ses valises ici alors qu'il avait parfaitement conscience que rien de bon ne lui arriverait. Les gens disaient que ce n'était pas compliqué d'être heureux mais... Mais comment pouvait-on oublier qu'on était seul, qu'on était blessé ? Il faudrait tout oublier, effacer pour avancer. Impossible à faire cependant. Il se sentait encore comme un ado qui ne se remettait pas de sa première séparation.

Durant de longues heures, Alkis resta prostré dans son salon vide, laissant aux secondes le plaisir de s'écouler, les ignorant volontairement pour se contenter d'observer le vide. La journée laissa sa place à la nuit et lui ne sortit de sa torpeur que lorsqu'il constata que les ténèbres l'entouraient et l'avalaient. Lentement, l'ancien agent d'Hydra soupira et rejetta la tête en arrière. Il n'était pas prêt. Pas prêt à passer sa première nuit dans son antre vide. Il devait bouger, retrouver des repères qui lui permettrait d'avoir la force d'avancer. Contacter son frère qui devait traîner quelque part ou aller picoler. Pourquoi pas, tiens. Picoler semblait être une bonne idée. Alors, sans tarder, l'homme récupéra ses clés et fuit son appartement.

Le jeune homme avait fait la tournée des bars. Il s'était retrouvé à danser sur des tables, avait offert des tournées, s'était hydrater le gosier à coup de mètre de shot sans compter. Pendant un temps, il fut même accompagné par un groupe de jeunes qui l'incitait à en faire toujours plus et lui ne résistait pas à aux invitations. Du moins, jusqu'à ce qu'ils partent. Le retour à la solitude laissait un gout d'amertume au fêtard qui ne voulait pas que ça se termine. Et maintenant ? Il pouvait contacter ses anciens compagnons d'armes peut-être. Marc ? Il était un bon buveur mais s'il voyait son état, sans doute qu'il ferait le moralisateur. Malik ? Ce n'était pas un ami, pas même quelqu'un qu'il appréciait mais au moins ils pourraient boire. Avant de finir par se taper dessus, sans doute et Alkis n'avait clairement pas envie de se battre ou de se prendre la tête. Bien sûr, ça l'occuperait un instant mais bof, c'était pas si intéressant finalement. Au lieu de ça, le délaissé s'aventura dans la ville qu'il connaissait déjà que trop bien.

Au fur et à mesure qu'il se déplaçait, ses pas le dirigèrent inconsciemment jusqu'à un endroit qu'il ne voulait pas voir. Enfin, sans doute qu'il essayait de s'en persuader alors qu'il ne résistait absolument pas à l'envie d'y aller.

C'était là. Là que tout avait commencé pour eux. Là qu'il l'avait rencontré, là qu'ils s'étaient découvert une sorte de lien, là qu'il l'avait prise dans ses bras pour la première fois. Là qu'il lui avait promit de la protéger. Maggie Andrews était rentrée dans la vie d'Alkis à cette endroit. Dans son petit appartement, après avoir passé trop de temps à l'Alpha House. Il était venu chez lui pour la rencontrer dans le cadre de recherches mais rien ne s'était passé comme il l'avait prédit. Bien sûr, ça n'avait pas été le coup de foudre entre eux mais lui avait été intrigué par ce bout de femme effrayé... Les premiers rayons de soleil vinrent frapper contre les bâtiments et les ombres jouèrent sur la porte. La mâchoire ainsi que la gorge du directeur pharmaceutique se serrèrent. Un flot d'émotions l'envahit, faisant trembler ses jambes, crisper les mains tandis qu'il retenait ses larmes. Parviendrait-il à tourner la page, un jour ? C'était tellement impossible à dire. Il aimait encore cette femme et quelque part, il aurait pu aimer leur enfant, si la vie avait été plus douce avec eux. Était-ce un retour de karma, tout ce qui lui arrivait ? Le ciel qui lui tombait dessus et qu'il se devait de porter sur les épaules pour avoir l'espoir de s'en sortir un jour ? Aurait-il un début de réponse un jour ?

Il ne savait pas. Alkis n'en savait rien alors il se contentait de rester là. Face à cette porte fermée qui ne s'ouvrirait plus jamais à son passage, sur le visage qui hantait ses nuits et parasitait ses pensées à chaque instant de sa vie. Il n'en savait rien alors il resterait là, encore un peu, pour comprendre à quel point il était puni par l'univers en se remémorant les touches de bonheur qu'il avait connu.
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Mar 28 Mai - 22:45


nostalgie

Alkis& Maggie


Les doigts sur sa tempe la jeune femme traverse la pièce qui lui sert de chambre. Son lit est défait, comme hier et comme avant-hier. Sa vie se trouve bouleversée par un mal qui la ronge le  jour comme la nuit. Les cauchemars ne sont-ils pas censés s'emparer de vos songes pour faire ressurgir vos plus grandes peurs ? Si cela était bien le cas, la benjamine ignore pourquoi les visions d’horreurs qui l’empêchent de dormir la poursuivent une fois le soleil haut dans le ciel. Elle avance pied nus sur le parquet de son appartement faisant craquer le vieux bois qui se trouve au sol. Elle tient un verre d’eau dans son autre main. Elle le porte à ses lèvres pour prendre une gorgée du liquide et le pose ensuite sur la table de chevet à côté de son lit. Ses prunelles s’accrochent à la plaquette de comprimé qu’elle a préparé en vue de la nuit à venir. Le temps semble s’arrêter tandis qu’elle délibère sur le fait de les prendre ou non. Ce n’est rien de puissant, juste de quoi la calmer et aussi l'assommer pour les heures à venir. Prendre les cachets c'était la promesse d’une nuit de sommeil. Une nuit reposante mais surtout vitale. Moins d’une seconde plus tard, elle fait passer les deux cachets avec de nouvelles gorgées d’eau fraîches. Immédiatement, Maggie se sent soulagée et s’installe au centre du matelas, un oreiller au creux des bras. Ses paupières vacillent quelques secondes et se ferment doucement.

Un hurlement s’échappe d’entre ses lèvres lorsque ses yeux s’ouvrent à nouveau. Les battements de son coeur cognent dans sa poitrine tandis qu’elle cherche à récupérer son souffle. Le silence règne dans la pièce, troublé uniquement par le son erratique de sa respiration qui peine à se calmer. Il fait nuit, encore. Lorsqu'elle se redresse dans son lit, elle réalise que des larmes jonchent ses joues et elle les essuient d’un revers de main. Elle reste interdite quelques minutes de plus dans cette pièce plongée dans l’obscurité avant de s’assoir sur le bord du matelas. Un regard vers son portable lui annonce qu’il est le milieu de la nuit. Une fois de plus elle n’aura pas tenu jusqu’au matin, malgré les comprimés qu’elle avait ingurgités. C’était encore une fois ce même cauchemar. Inconsciemment ses doigts viennent palper la surface de sa peau au niveau de ses poignets. Rien du tout. Il y a quelques instants pourtant elle se voyait encore fermement attachée, hurlant de toutes ses forces pour se défaire de ses liens. La benjamine se prend la tête entre les mains, désemparée par cette nouvelle nuit qui s’annonce. Elle n’arrive plus à dormir et quand c’est le cas, elle se réveille dans un état second. Cette fois, il semblerait que son réveil ait arrêter les visions qui représentent tant d'angoisse pour elle mais ce n’est pas toujours le cas.

Maggie ne se sent plus en sécurité, elle ne se sent plus chez elle et ne sait pas ou fuir. Impossible pour elle de rejoindre l’appartement de Gabriel au milieu de la nuit; il posera trop de questions. Impensable également qu’elle reste ici. Ces visions apocalyptiques avaient débuté dans cet appartement qu’elle habitait depuis bientôt un an. C’était l’endroit où elle vivait mais ce n’était pas chez elle. Le seul endroit que la brune avait considéré comme son foyer n’était plus une option. Elle n’y mettrait certainement plus jamais les pieds. Cette pensée lui vrilla le coeur mais rapidement une option s'ouvrait à elle. C’était un endroit où elle avait vécu des années heureuses et paisible. Un léger sourire étire ses lèvres tandis qu’elle se remémore les instants de sa vie passée là-bas. Ce petit appartement, minuscule mais pourtant si douillet. Elle s’était toujours sentie en sécurité entre ses murs. Décidée elle se lève pour rejoindre la salle de bain. Elle commence à faire couler l’eau de la douche tout en se remerciant elle-même de n’avoir jamais rendu les clés de cet appartement. D’abord devenu un atelier, il était quelques fois loué par des particuliers qui souhaitent passer une ou deux nuits à Hammer Bay. Par chance, il était libre depuis quelques semaines. L’eau chaude décontracte ses muscles et efface les dernières traces de tension qui s'attardait dans son esprit. Une fois habillé, la photographe claque la porte de chez elle et s’engouffre dans les rues noires de la ville.

Tout est calme. Elle croise un ou deux passants qui rentrent de leur nuit de folie, peu ou bien éméchés. Il y a quelques voitures qui s’aventurent également dans les rues tandis qu’elle marche seule. La lune domine le ciel et malgré les lumières de la ville on peut deviner la présence de quelques étoiles dans le ciel. Au départ, elle pense que c’est une bonne idée de marcher, mais plus le temps s’écoule, plus le silence s’installer et plus elle se met à douter de sa décision. Elle réalise que c’était peut-être une erreur. Les évènements qui se déroulent sur l’île ne se sont pas calmé, bien au contraire. Se balader toute seule était sûrement une mauvaise idée. N’importe qui pouvait lui tomber dessus, en particulier la Garde Rouge. L’angoisse renaît au fond de ses entrailles à mesure que le rythme de sa foulée s’accélère. Elle finit par atteindre son ancien domicile et grimpe les quelques marches au pas de course, dos à la rue. Maggie se dépêche de tourner la clé dans la serrure et lorsqu’elle claque la porte derrière elle un long soupir lui échappe. Lentement elle se laisse glisser jusqu’au sol, ramenant ses genoux jusqu’à sa poitrine. Ses bras emprisonnent ses jambes et épuisée, elle finit par s’endormir pour la seconde fois cette nuit-là.

On lui accorda un peu plus de répit cette fois-ci. Pas d’ombre dans ses songes, juste le blanc cotonneux habituel. Elle papillonne des yeux quelques seconde avant de s’habituer à la clarté naissante dans pièce. Le soleil semble s’être levée sur la ville et la jeune femme se sent engourdie mais reposée. La brune réalise qu’elle s’est assoupie à même le sol et se relève tranquillement en s’étirant. Il est encore tôt mais au moins il fait jour. Elle fait le tour du bureau qui trône toujours dans la pièce non loin de son ancien lit. Ses doigts effleurent la surface rugueuse du bois. Ce geste lui arrache un sourire. Elle se revoit installer ici-même avec ses premiers clichés. Maggie continue de faire l’inspection de l’habitation en se rendant dans la cuisine. Elle récupère un verre qu’elle rempli d’eau avant d’en boire le contenu. Le verre, déposé à l’envers restera là jusqu’à une prochaine visite. La brune n’a aucune raison de s’attarder ici, elle a obtenu ce qu’elle était venue chercher : un peu de sécurité et de sommeil. Maintenant qu’il fait jour elle va pouvoir s’occuper l’esprit avec la galerie. Les clés en main, elle ouvre la porte et s’engouffre dehors. Les rayons du soleil l’ébloui et l’empêche de voir au delà des quelques marches de son péron. Soigneusement elle ferme à clé la porte de son ancien cocon et fait face à la rue.

Elle rêve. C’est la première chose qui lui vient à l’esprit lorsqu’elle aperçoit la silhouette familière juste en face d’elle. L’ensemble de son corps se tend sous l’effet de la surprise, elle est coupée dans son élan, chaque pied sur une marche différente. C’est un rêve, ou peut-être bien un cauchemar. Il fallait bien qu’il revienne la tourmenter, pour qu’à son tour il puisse venir se jouer de sa santé mentale. Est-elle seulement réveillée ou dort-elle encore ? Une seconde s’écoule, puis une autre et encore une. Sa position commence à devenir inconfortable et elle est contrainte de bouger à nouveau. Elle descend la dernière marche sans avoir lâcher d’une seconde l’homme qui se tient devant-elle. Il semble différent de l’homme de ses souvenirs. Ses traits sont plus ternes et des cernes se dessinent sous ses yeux verts. L’éclat qui brille au fond de ses prunelles émeraude n’a rien de familier. Elle percute en une fraction de seconde. Maggie réalise qu’elle n’est pas en train de rêver. Il est là. Son coeur tressaute. Il est bien là. Nouveau battement de son palpitant affolé. Ses lèvres s'entrouvrent sous le choc, avide d’un air qui semble lui manquer. Un an qu’elle n’a pas posé les yeux sur lui. Un an qu’elle n’a pas entendu le son de sa voix. Un an de silence durant lequel elle n’avait pas pensé à le revoir ici.

- Tu es revenu ?

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Jeu 27 Juin - 4:09
L'Univers devait bien se moquer de lui, maintenant. Alkis avait passé de trop longues minutes a fixer l'habitation, ruminant sur ce que le Destin lui offrait en récompense à ses années de service auprès du Mal. Ses yeux fatigués restaient bloqués sur la porte alors que son esprit tournait au ralentit. Lui revenait les baisers, les rires, les balades, les main-dans-la-main. Il se remémorait les discussions, les disputes, il revivait des moments inoubliables sans même se rendre compte que le monde continuait à tourner. Pour lui, les secondes avaient cessés de s'écouler. Du moins, jusqu'à ce qu'une silhouette se dessine sur le pas de la porte. D'abord surpris, l'homme ne reconnu pas immédiatement la brune qui lui faisait face puis ses yeux s'ouvrirent en grand, le forçant à faire un pas en arrière. C'était pas prévu, ça, qu'il se retrouve nez à nez avec la responsable de ses tourments. Sur l'instant, il s'imaginait qu'il délirait, fatigue et alcool ne faisant pas bon ménage, sans doute que ça lui procurait des hallucinations mais la voix... Sa voix... C'était une chose qu'il n'avait pu oublier durant les journées passées en Grèce.

Les lèvres entrouvertes, l'européen resta bloqué sur place et recula une nouvelle fois lorsque la photographe descendit sa dernière marche. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Enfin non, qu'est-ce que lui faisait là ? D'un coup, il sentait que ses différents verres venaient de quitter ses veines, retrouvant une sobriété temporaire. Bien sûr, il aurait voulu s'approcher, prendre la demoiselle dans ses bras et l'embrasser, la supplier d'effacer leur passé et de recommencer. Réparer les pots cassés ne servaient à rien, il fallait juste en prendre de nouveaux. De nombreux mots se bousculèrent dans son esprit déjà abîmé et pourtant une seule phrase quitta ses lèvres.

"T'es pas réelle..."

C'était la seule réflexion qui parvint à quitter sa gorge, les seuls mots que sa voix cassé parvinrent à faire entendre. La surprise laissa ensuite place à la tristesse et à la colère. Pourquoi est-ce qu'il avait fallut qu'ils se revoient, là, maintenant ? Dans une suite de dates, d'événements, de hasard, pourquoi est-ce que maintenant, il fallait que ça arrive. Prit de panique en comprenant plusieurs choses, notamment le fait que c'était une mauvaise idée, l'homme se précipita de se détourner de cette vision douloureuse et voulu faire demi tour. Il était temps de prendre une doute et de s'enfermer chez lui, d'essayer de dormir. Au lieu de ça, il s'emmêla les pieds et tomba à genoux sur le bitume sans trouver la force de se relever, son corps refusant de lui obéir comme il l'avait toujours fait jusque là. Lentement, le brun se passa la main dans les cheveux, ses doigts se crispant parfois sur son crâne comme s'il cherchait à se convaincre que rien de tout ça n'avait lieu.

"Tu peux pas... Il faut pas... On doit pas... Je... Tu peux pas être là... Tu dois pas être là... Pourquoi t'es là ... ?"

Alkis ne cessait de répéter cette complainte sans pour autant trouver la force de se remettre de la vérité dans son dos. Maggie était encore là, elle était réelle et il fallait qu'ils se croisent. Bien sûr qu'ils se seraient croisés un jour ou l'autre mais pourquoi si tôt ? Il n'était pas prêt à affronter cette réalité. Sans s'en rendre compte, les larmes vinrent envahir les joues du jeune patron, des larmes entre joie et peine immense. Il lui semblait presque qu'il devenait fou mais un coup vers l'arrière lui fit changer d'idée. Non, il n'était pas fou. Elle était là, la femme qu'il avait aimé de toute son âme de damné. Elle était là et l'observer lui brisait le cœur. Elle était si proche et si loin à la fois et lui, il était là, à genoux, lamentablement, brisé comme il ne l'avait jamais été auparavant. Pouvait-on seulement l'achever ? Manquerait plus qu'elle ait rapidement refait sa vie. Était-ce le cas ? A nouveau, un million de scénarios s'écrivirent sous son crâne alors qu'il ne pouvait décrocher les pupilles de la silhouette aimée. Malgré tout, il l'aimait , il ne pouvait pas le nié alors qu'elle se tenait là, si près de lui. En une caresse, elle pourrait tout faire basculer...
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Dim 7 Juil - 20:00


nostalgie

Alkis& Maggie



Sa rencontre inattendue, voire irréelle l’avait figée dans ses mouvements. Derrière eux la terre semblait filer à vive allure. Le flux du temps courait toujours, mais pas pour eux. Plus maintenant. Ils étaient suspendus, les yeux dans les yeux attendant que l’un fasse un geste ou dise quelque chose. La crainte était-elle qu’au moindre battement de cils cette douce vision allait s'évaporer comme un écrin de fumée ? L’esprit était quelque chose de fourbe. Reflet des tourments de l’âme. C’était cela qui expliquait la présence d’Alkis à ce moment précis. La sienne aussi. Mais ce n’était pas un songe, ni même un cauchemar. Ils faisaient face à l'amère réalité.

Elle avait bougé, brisant la bulle à travers les temps qui les avaient gardés jalousement au monde. Les battements abrupts dans sa poitrine sont la preuve qu’il n’est qu’à quelques mètres d’elle. La moindre parcelle de son corps réagit à cette proximité. Une envie soudaine la traverse. Oserait-elle assouvir ce désir de le toucher juste pour ressentir une fois de plus la chaleur de sa peau ? Bien sûr, au fond d’elle, Maggie savait qu’elle n’avait même plus le droit d’avoir ce genre de pensée. A présent, cette intimité lui était interdite. A la place, elle laisse échapper quelques mots d’entre ses lèvres lorsqu’il fait un pas supplémentaire en arrière. Son visage exprime sa surprise de la voir également en face de lui. Sans le moindre mal elle distingue les pensées virevolter dans ses iris verts. Il est perdu et les quelques mots qu’il prononce perturbent la jeune femme.

- Si, je…

Sa phrase se meurt au bout de ses lèvres. Il se détourne d’elle, fuyant du regard son visage et les nombreux souvenirs liés à celui-ci et sa gorge se serre. Elle ne mérite que ça. C’était sa décision, c’était elle qui l’avait éloigné de sa vie. Alors pourquoi est-ce que cela lui faisait autant de mal ? Pourquoi ne devrait-elle pas simplement se réjouir de le revoir de retour sur l’île et de savoir ce qu’il advenait de son sort ? Est-il heureux au moins ? La photographe baisse les yeux. C’était ça le fardeau qu’il lui faudrait porter jusqu’à la fin de ses jours. Le savoir si prêt mais intouchable à la fois. Maggie comprenait que c’était malhonnête que de vouloir le garder dans sa vie. Ne pas lui adresser la parole et le laisser s’en aller. C’était ce qu’elle avait voulu après tout. Elle devrait s’y tenir à présent. Cela est la meilleure chose à faire, pour tous les deux.

Lorsqu’il trébuche et tombe à genoux elle s’élance vers lui dans le but de l’aider à se relever. Son geste s’arrête à quelques centimètres de lui. Acceptera-t-il qu’elle le toucher ? La photographe craignait la réaction du grec. Mais à présent elle était incapable de le laisser ainsi. Interdite, elle ne prononce aucun mot, ne sachant même pas quoi faire et garde ses yeux posés sur le dos du brun. A cette distance, elle reconnaît le parfum de l’alcool qui s’échappe de lui. Elle ne sentait que ça à vrai dire et elle sentit la déception alourdir son coeur plein d’espoir dans l’idée de capter une odeur familière. Hélas ce n’est que la fragrance âcre de la boisson forte qui emplit ses narines.

D’autres mots s’échappent d’entre ses lips, mélange d’idées et de phrases qu’il peine à formuler. Elle ne peut pas le laisser là. Elle est coupée dans son élan quand elle croise ses prunelles emplies de larmes qui se posent sur elle. Le souffle coupé, son coeur se brise une nouvelle fois face au désespoir qu’elle voit devant elle. Désemparée, elle passe une main sur son visage avant de se décider à agir. Elle ne supportait plus de le voir à terre et se penche vers lui pour attraper son bras qu’elle fait glisser par-dessus ses épaules. Avec son aide, elle le hisse à nouveau sur ses pieds bancaux. Elle sent le poids de son corps appuyé contre elle et ne sait même plus quoi faire. Elle observe les alentours à la recherche d’un taxi pour le ramener chez lui avant de réaliser qu’elle ne sait même pas où il habite. Avait-il conservé leur ancien appartement ? Etait-il seul à y vivre ? Autant de questions dont elle ignorait les réponses. Les lèvres pincées, elle se sent minable de ne même pas savoir cela. Elle se déteste d’avoir coupé tout contact. Elle se déteste pour les mois écoulés passés sous silence. Elle ne voyait plus qu’une seule option : enroulant son bras à ses hanches pour mieux le maintenir, elle fit demi-tour jusqu’aux marches du perron qu’elle venait de descendre. Elle l’aida mais surtout l’obligea à les gravir jusqu’à ce qu’ils se trouvent tous les deux devant la porte de son petit appartement. Du mieux qu’elle put, elle récupère les clés et ouvre la porte qui claque quelques secondes plus tard en même temps que ces affaires qu’elle abandonne sur le seuil.

Lentement elle l’emporte jusqu’à l’unique salle de bain du logement. La photographe cherche à taire les sentiments qui l’assaillent mais sa présence ici est trop difficile à ignorer. Elle ravive des souvenirs qui embrase la douleur qu’elle a toujours cherché à taire. Le voir malheureux est un supplice pour elle. Ses yeux s'emplissent à leur tour de larmes chaudes qui ne tarde pas à rouler le long des ses joues. Elle les ignore, focalisé sur sa tâche. Avec soin elle le relâche quelques secondes le temps d’allumer l’eau dans la douche. Dans la panique elle n’a pensé qu’à cela pour le calmer. Ses mains s'immiscent innocemment dans ses poches pour ôter ses effets personnels tels que son portefeuille et son portable ou sa montre. Lorsque toute affaire précieuse est déposée sur le meuble de la pièce, elle s’approche à nouveau de lui. Soignement elle défait ses chaussures après avoir ôté les siennes.

- Viens , murmure-t-elle.

Son regard n’a toujours pas recroisé le sien depuis plusieurs minutes et elle se concentre sur ces gestes plutôt que ses pensées. L’eau qui ricoche sur sa peau la fait frissonner mais elle ne se dérobe pas jusqu’à ce qu’il se retrouve sous le filet d’eau. Tandis qu’elle le maintien toujours d’un bras, elle récupère au creu de son autre main un peu d’eau qu’elle dépose avec délicatesse sur son visage. La benjamine fait ruisseler une à une les gouttes sur son épiderme fatigué. Elle cherche à laver les traces de sa peine sans savoir si cela est possible. Après avoir répété l’opération quelques fois, ses prunelles s’ancrent enfin à celles du grec. Elle l’observe de longues secondes sans rien dire et finalement s’abandonne totalement. Maggie se hisse sur la pointe des pieds puis enroule ses bras autour de lui pour l'attirer tout contre son corps. Dans ses bras, elle console doucement l’amant qu’il avait été.


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Nostalgie - Maggie
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