Souriante face au miroir de la coiffeuse qu'elle avait montée de ses propres mains. Un peigne de fortune entre ses doigts, déliant ses boucles dorées. Elle observe son reflet de sa bouche pulpeuse à ses yeux dorées rendus encore plus intenses par le noir charbonneux qui les entourent. Une pensée lancinante tourne en rond dans sa tête, comme un cauchemar éveillé qui se répète sans cesse. L'amour peut-il durer toute une vie ? Peut-il passer indemne de l'enfance à l'âge adulte en survivant aux écueils et aux tourments de l'adolescence ? Est-il toujours le même à l'arrivée, simplement exprimé de façon différente ? Ou ces deux formes d'amour sont-elles radicalement incompatibles ? Peut-être n'était-ce pas la réponse qui était déroutante, mais la question qui était mal posée. Peut-être n'y avait-il pas deux sortes d'amour mais des milliards. Ou alors une seule. Des possibilités sans fins qui avaient mis à l'épreuve les sentiments de la jeune femme tout récemment.

Elle avait dû grandir plus vite que la plupart des jeunes adultes de son âge. Avait dû dire au revoir aux doux plaisirs de la  vie pour s'enfermer malgré elle dans les danger d'une vie qu'elle n'avait pas désirée. Pour son frère jumeau Max. Pour l'amour de sa vie Casey. Pour venger sa meilleure amie Norah. Elle s'était battue comme jamais elle ne pensée pouvoir le faire. Elle avait repoussée ses limites toujours plus fort, toujours plus loin. Pour elle. Pour eux. Pour la nouvelle famille qui l'avait accueilli sans la juger une seule fois. Elle avait laissée ressortir sa rage. Le côté sombre qu'elle s'efforcée de cacher jusqu'à présent, parce qu'elle le savait, il rebutait Casey. Et elle avait fini par imploser. Peut-être parce que son frère lui manquait. Peut-être parce qu'elle pétait les plombs tout simplement. Peut-être parce que la Spencer sombre n'était pas un mal mais qu'il la rendait plus forte. Et actuellement c'est tout ce dont elle avait besoin. Une protection. Un soutient. Une force.

C'était à cause de cela qu'elle et Casey s'étaient disputés. A cause de ça qu'elle avait failli perdre celui qu'elle aimait. A cause de ça qu'il s'était mis en colère comme jamais auparavant. Au fond la belle aux cheveux ambrés ne pouvait pas lui en vouloir, non. Il avait eu peur pour elle et il en avait eu raison. Elle avait faillit succomber à ses blessures et sans l'aide de Tysha, sa nouvelle amie. Elle aurait surement trépassée. La vérité était là et Spencer la connaissait. Un soupire franchit la barrière de ses lèvres alors qu'elle y porte un tube de rouge carmin. D'un geste expert elle peint ses lippes de cette couleur audacieuse. Voilà bien longtemps qu'elle ne s'est pas vue aussi belle. Aussi apprêtée. Aussi... Normale. Et pour cause ! Casey et elle ont eu la merveilleuse idée de faire une sortie en amoureux. Pour enterrer la hache de guerre. Pour se retrouver tous les deux, comme avant.

L'idée, elle l'avait eu peu de temps après la blessure par balle de Casey. Il était rentré un soir, blessé, ronchon, triste au possible et n'avait pas voulu partager ce qui lui pesait sur le cœur avec la jeune femme. Naturellement, elle n'avait pas insisté. De peur de creuser un peu plus le gouffre qui se creusait entre eux deux. Alors le temps qu'il se remette de ses blessures elle avait assumée les corvées seule et était tombée tout à fait au hasard sur une affichette. Elle s'était penchée pour lire les inscriptions en italiques lorsqu'elle avait reconnu l’emblème de son ancienne école, L'institut Xavier. Puis le dé-clique s'était fait elle emmènerait Casey au bal ! Ils n'avaient pas pu assister au leur alors celui-ci tombait à pique. D'autant que celui-ci était masqué. Voilà pourquoi elle s'apprêtait de la sorte. Casey devait la rejoindre sur place pour ne pas attirée l'attention sur eux.

Alors elle s'était mis en route après avoir posée son masque en dentelle sur son doux visage, un sourire infatigable sur les lèvres. Le trajet se fit rapide et elle n'eut aucun mal à retrouver son chemin. Tout au long de celui-ci c'est un fourmillement de souvenirs, heureux pour la plupart, qui s'installa dans ses pensées la rassurant un peu plus à chaque pas. Une fois devant le gymnase elle chercha dans la foule son mari et une fois celui-ci repéré se glissa à ses côtés. Prêt pour une danse monsieur Hennessy ? dit-elle avec son plus beau sourire. La musique raisonnait déjà hors du bâtiment et elle observa le garçon face à elle les yeux pétillants. Tu es vraiment le plus beau des hommes tu sais ça ? ... Et tu es mon mari ! J'en ai de la chance ! lança-t-elle avec discrétion.

Il y a une vérité universelle à laquelle nous sommes tous et toutes confronté, que nous le voulions ou non ; tout à toujours une fin. La jeune femme aux cheveux ambrée a toujours détesté les fins. Le dernier jour de l'été, le dernier chapitre d'un livre génial, la perte d'un membre de la famille.. Mais les fins sont inévitables. Les feuilles tombent, on ferme le livre, on se dit au revoir... Au revoir à tout ce qui nous était familier, à tout ce qui était confortable pour aller de l'avant. La fin, sa fin lui a été arrachée beaucoup trop tôt. Son adolescence, sa naïveté, sa meilleure amie lui ont été arraché beaucoup trop tôt. Même pas le temps d'un dernier au-revoir, un dernier baiser, une dernière parole. Et même si nous partons, même si ça fait mal, il y a des personnes qui font tellement partie de nous qu'elles nous accompagnerons toujours, quoi qu'il arrive. Elles sont la terre sur laquelle nous marchons, l'étoile vers laquelle nous nous dirigeons et ces petites voix claires qui raisonnent pour toujours dans notre cœur. Toujours.

C'est le baume au coeur et avec des souvenirs pleins la tête qu'elle s'offre cette soirée en compagnie de l'élu de son coeur. Un loup de dentelle figé sur son visage. Un maquillage charbonneux autour de ses yeux de miel qui lui donne un air mystérieux. Elle pourrait presque se prendre pour une de ces cendrillons pour film adolescent. C'est une idée folle que de s’incruster au bal de leur ancien lycée, surtout qu'elle doit l'avouer ils sont peut-être un peu vieux pour cela. Si leur vie avait continué sur ce bout de chemin ils serait probablement déjà diplômé et à l'université depuis une année déjà. Mais ce bal, la conclusion de ses années lycées est quelque chose qui lui manque, peut-être pour clôturer le chapitre de son enfance et s'initier au passage à la vie adulte et puis... Après leur dernière dispute ils en ont de toute évidence besoin. Lui comme elle. Prendre du temps pour eux n'est pas chose évidente au camps. Elle a beau aimer la résistance comme sa famille, elle ressent parfois le besoin de s'isoler avec l'homme qu'elle aime. D'avoir un moment en amoureux, rien que pour eux, histoire de se rappeler qu'ils sont bien plus que des membres de la résistance.

Un sourire traverse ses lippes colorées d'un rouge à lèvres mat. On ne se douterait pas une seul seconde que sous ce masque se trouve une jeune femme actuellement recherchée par les autorités, non. Alors qu'elle observe l'assistance elle se demande ce que Casey et elle seraient devenus si rien de tout cela n'était arrivé ? Est-ce qu'ils loueraient un méga appartement avec Max et Norah ? Est-ce qu'ils passeraient leur temps à faire la fête ? Est-ce qu'ils seraient tous toujours aussi fusionnels ? Est-ce qu'ils auraient été toujours aussi heureux ? Est-ce que Casey serait son mari à l'heure actuelle ? Est-ce que... Est-ce que... Ds question auxquelles la belle ne trouvera évidement jamais de réponses. Ce serait bien trop facile de nier le fait qu'à présent plus rien de ça n'est possible... Que plus jamais elle gouttera à la liberté tout simplement, sauf dans ce genre de moments plus rares les uns que les autres. Elle secoue doucement la tête pour tenter de se raisonner et de se concentrer à nouveau sur son mari.

Les lèvres de Casey viennent se coller aux siennes dans un tendre baiser. Un doux compliment s'échappe de ses lèvres alors que la belle artiste se mets à rougir en le suivant jusqu'à la table des boissons. Il n'y a pas à dire, elle le suivrait jusqu'au bout du monde. J'espère bien ! Si déjà on est là, autant faire la fête jusqu'au bout ! dit-elle amusée. Elle se saisit du verre tendu par son homme et trinque avec lui avant d'en boire une gorgée qui lui réchauffe instantanément la gorge. Wouh ! Chéri, on est a un vrai bal étudiant boit une gorgée tu vas voir que les bières qu'on buvait avec Max c'est rien à côté !dit-elle prise d'une légère quinte de toux. Son rire s'envole dans les airs alors qu'elle se dandine au rythme de la musique. Elle sait que Casey adore la voir danser, leur petite expérience dans la salle de bain lors d'une soirée chez un ami quelques années auparavant le prouve. Elle se hisse sur la pointe des pieds et chuchote à son oreille amusée: Avons-nous un programme pour la soirée ? Pour une fois que l'on peut s'amuser !

Au fur et à mesure que grandissent les filles, elles se font enseigner un tas de choses. "Si un garçon vous donne un coup de poing c'est qu'il vous aime". "N'essayez jamais de vous couper vous-même votre frange". "Un jour vous rencontrerez un gars merveilleux et vous vivrez alors votre propre conte de fée". Tous les films qu’elles voient, toutes les histoires qu'on leur raconte les implorent d'attendre que ça leur arrive. Le coup de théâtre du 3ème acte... La déclaration d'amour inattendue... L'exception qui confirme la règle. Mais elles sont parfois si pressées de vivre leur conte de fée qu’elles n'apprennent pas à interpréter les signes. A quoi bon ? A leur âge ce n’est pas important… On veut vivre sa vie à cent à l’heure. Sortir, rire, grandir. Le lycée, les cours, les sorties entre amis ce sont des choses que l’on oublie. On sait pertinemment d’ailleurs comment tout cela se terminera. Alors on parle de son avenir. Celui où on efface cette part d’enfance que l’ont trouve si hasbeen. Ils ne savent pas ce qu’ils perdent, ne le sauront probablement jamais et elle espère que ce soit le cas.

Mais elle, elle ne " tourne pas les pages", pas après ce qu’elle a vécu ces dernières années, elle déteste cette expression simpliste, elle n'oublie rien, elle ne zappe pas, elle ne renouvelle pas sa vie comme si rien avant n'avait existé. Elle est un fil continu qu’elle tisse, elle ne gomme personne, elle est faite de tous ses souvenirs, de ses amours, elle est un patchwork vivant de moments de vie, elle est tout simplement faite des autres, pour les autres, et chacun l'a construite ou meurtrie. Elle ne tourne pas les pages, non, elle les écrit. Telle une artiste. Telle la femme qu’elle est aujourd’hui. Celle qui porte, fièrement ses cicatrices. Celle qui garde la tête haute. Celle qui sourit affectueusement à son mari. Elle en est consciente, ce n’est probablement pas chose aisée pour lui que de revenir dans ce gymnase où il a vécu de moment. Où la liberté était une partie aisée de sa vie. Car on ne se pose pas la question « qu’est-ce que la liberté » avant d’en être privé cela va de soi. Mais ils en ont besoin, lui comme elle. De ce petit moment leur appartenant. De ce vent d’air frais. De cette soirée baignée dans la normalité.

Elle se laisse donc allée auprès de son bien aimé, souriant plus qu’il ne le faut. Chaque recoin de ce gymnase lui rappel un moment de son histoire. Elle et Norah hurlant dans les tribunes pour encourager Casey. Elle et Max allongés a même le sol à regarder le plafond lorsqu’il lui rendait visite en cachette. Elle et Casey se lançant des œillades furtives lorsqu’ils étaient avec leurs groupes d’amis respectifs. Un gloussement remonte le long de sa gorge à cette dernière pensée. Norah à toujours était beaucoup plus poussée sur le romantisme qu’elle, elle n’en reste pas une jeune femme dont ce genre de petits instants pousse ses joues à rosirent. Elle n‘a beau pas avoir une vie de château la belle petite Spencer est heureuse et ce, en grande partie grâce à Casey. Lorsque ce dernier lui tend un verre de punch… Censé ne pas être alcoolisé… Elle ne peut réprimer une petite boutade confirmée après sa première gorgée. Il est corsé. Plus que ça même. Rien à voir avec la gnognote qu’elle peut boire à l’habitude. Doucement la petite rebelle se dandine au rythme de la musique, verre collé aux lèvres. L’ambiance a quelque chose d’enfantine lorsque l’ont à le vécu de nos deux protagonistes.

Lorsqu’il lui embrasse la main avant de l’attirer au centre de la piste la brunette ne peut réprimer un léger rire. Cette soirée promet d’être parfaite. Doucement elle se colle contre son bien aimé afin d’esquisser quelques mouvements de balancier afin de donner l’impression d’une ébauche de slow tandis qu’il fait allusion à deux de leurs anciens professeurs. Elle tourne doucement la tête et plisse les yeux afin de mieux discerner les silhouettes au loin. Oh oui c’est bien eux ! s’écrit-elle. Pourtant cela fait déjà 2 ans qu’ils ont quitté les bancs de l’école et rien ne semble vraiment avoir changé. Tu penses que le proviseur adjoint c’est toujours Monsieur Thorn ? Quand on était encore étudiant je l’avais surpris faire la cour à la prof de littérature Miss Ophélie ! Depuis il m’évitais comme la peste ! pouffe-t-elle. Il n’y a pas à dire cette sortie est une vraie bonne idée…