Image of the invisible + Harpix

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Harper et Félix

La musique joue à tue-tête dans l’habitacle de sa voiture. C’est une bonne journée. Même une bonne semaine. Il y a longtemps que Harper ne s’est pas sentie aussi bien. Ce qui lui fait croire que la mauvaise passe de Colin est passée et qu’il a réussi à se relever. Certes, la blonde a beaucoup enduré pendant la période de stress de son petit-ami, mais elle espère que tout ça c’est du passé et qu’elle va retrouver celui qu’elle aime. Pas ce monstre déguisé en Colin. Elle a toujours su que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il retrouve sa tête. Il s’est excusé des milliers de fois et lui a fait un tas de cadeaux pour se faire pardonner de son mauvais comportement tout en lui promettant que ça n’arriverait plus. Il l’a déjà promis. Toutes les fois en fait. Cette fois-ci, elle y croit. Elle veut le croire. Elle se félicite même de n’avoir rien dit et d’avoir été forte pour encaisser les coups. Elle aurait tout gâché autrement dit. Et pour rien. Ils vont pouvoir repartir sur de bonnes bases et laisser tout ça derrière eux. Retrouver leur belle relation sans avoir inquiété quiconque.

Elle s’époumone sur Shallow lorsque la lumière tourne au vert, elle appuie sur l’accélarateur et traverse le boulevard. À peine se retrouve-t-elle au centre qu’une camionnette passant sur la rouge la percute de plein fouet côté passager, heureusement. Cela n’empêche pas que l’impact est violent et qu’Harper est projeté lourdement sur le côté. Elle entend un craquement, mais son esprit est déjà ailleurs. Des gens se précipitent sur sa voiture. Ils crient et lui demandent si elle va bien. Elle hoche la tête, même si elle n’est pas tout à fait certaine. On l’aide à sortir, elle tente de rassurer tous ces gens gentils, mais son regard humide accroche celui du camionneur. "Vous avez pas vu que la lumière était rouge? Vous êtes sûr de savoir conduire? Les putains de feux de circulation c’est la base enfoiré!" Il se fond en excuse, même s’il semble surpris par les paroles de la jeune fille aux allures sages. Avant qu’elle ne puisse ajouter quoique ce soit, une dame l’amène un peu plus loin pour tenter de la calmer et s’assurer qu’elle va bien. Elle lui signale qu’une ambulance et qu’une remorque sont en route. Harper se détache de la dame et examine les dégâts sur sa bagnole. Elle porte une main à sa bouche. Elle ne peut s’empêcher de pleurer. "Oh putain! Il va me tuer. " Elle parle bien sûr de son père qui lui a offert sa belle Audi lorsqu’elle a été acceptée en droit à l’université après avoir hésité quelques années. Là voilà qui est bousillée à cause d’un imbécile! Elle se passe une main dans les cheveux et essuie une grimace à cause de sa blessure à l’épaule. La dame lui dit que tout ira bien et la Selway lui jette un regard dégoûté. Comme si elle comprenait cette vieille. Elle ne sait pas du tout par quoi elle passe. Harper sait qu’elle veut se montrer gentille, mais la futur avocate en a rien à faire. Tout ce qu’elle pense c’est à sa voiture et le fait qu’elle sera en retard à son rendez-vous avec Colin. Cette pensée lui glace le sang, mais elle ne laisse rien paraitre. L’ambulance arrive finalement. On vérifie ses signes vitaux et tout le nécessaire, mais on décide tout de même de l’envoyer à l’hôpital faire d’autres examens un peu plus poussés puisqu’elle semble avoir une fracture à une clavicule.

"Hé! Ça fait une demi-heure que j’attends. Est-ce que je vais bientôt pouvoir y aller?" Elle agrippe le bras d’une infirmière alors que ses yeux lui lancent des couteaux. L’infirmière lui dit que le médecin sera bientôt là et s’enfuit en marchant rapidement. La blonde soupire et ferme le rideau de son petit lit de fortune situé dans le dispensaire de l’hôpital. Elle a fait des radiographies et on lui a mis un bras en écharpe puisqu’elle a eu la confirmation d’une fracture, mais rien qui ne nécessite une chirurgie. On lui a dit d’attendre et qu’un docteur viendrait la voir, mais elle en a déjà marre d’attendre. Sans parler qu’elle n’a plus de batterie, ni son fil. Rien pour la mettre de bonne humeur! Elle a tout juste eu le temps d’avertir Jodie qu’elle était à l’hôpital avant que ça ne coupe. Elle regarde sa montre et son cœur se met à battre rapidement. Elle aura des bonnes raisons à son retard. Colin va comprendre non?

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C’est à la fois ce qu’il préfère et ce qui le tue le plus dans ce taf : il n’a pas une minute à lui. Les urgences foisonnent tout le temps, il y a toujours quelqu’un à voir, une organisation à mettre en place avec les infirmiers et les autres médecins, et une multitude d’inattendus qui défonce ladite organisation savamment orchestrée. Les shifts durent trop longtemps alors qu’ils ne s’arrêtent jamais, ça les laisse lessivés, vanés, à bout. Il adore le rythme tendu, l’adrénaline qui va avec, mais damn il a besoin d’un fat café, voire deux. Felix comprend ses collègues qui se tournent vers un autre type de drogue, on en parle pas assez mais la cocaïne traine aussi ici, lui n’en prend pas pour de très bonnes raisons mais il avoue que la poudre blanche est une véritable solution aux problèmes du corps hospitaliers. Il se contentera des cernes et de l’haleine de café, ça tue son sex appeal mais, soyons honnête, il s’en balance puis bon, soyons honnête aussi, pour beaucoup la blouse blanche suffit.

Bref, il finit son café coup sec et prend son prochain dossier à traiter. Il l’a suivi de loin pour l’instant n’ayant de toutes façons pas eu le temps d’examiner la patiente. La dure loi des urgences veut que l’on traite les maux du plus importants au plus bénins. Cette fille a de la chance dans sa malchance, bien qu’elle attende depuis un moment, ce n’est rien comparé à la plupart des patients qui passent par là. Bref, il relit les quelques pages du dossier et se souvient des détails. Accident de voiture, douleurs à l’épaule, les échos sont prêtes, il regarde ça vite fait, scan le tout de yeux, constate une fracture légère, et file rejoindre la patiente en question.

Il est vrai qu’il n’a pas regardé ni le nom ni le prénom de ladite patiente. Ce n’était pas des données nécessaires pour le moment, mais maintenant, il se penche sur ces deux petits détails, ne serait-ce que pour saluer la personne.

« Miss Selw… »

Il s’arrête en si bon chemin, tout simplement parce qu’il connait ce nom de famille. Il lève la tête et voit une Harper assise toute seule sur son lit d’hôpital. Il y a très longtemps de ça, vraiment très très longtemps, ils étaient amis, maintenant ils ne sont juste rien l’un pour l’autre. Ca arrive souvent, c’est la vie, tout simplement. Ca lui pose seulement un problème pour savoir l’attitude à adopter… Après quelques secondes de réflexion, il se décide sur un entre deux. L’emploi du prénom, du « tu » et that’s it.

« Harper. » Il s’avance vers elle, son dossier à la main tout en continuant, professionnel. « Je viens de recevoir tes résultats. » Il prend un tabouret et s’assoit devant elle. « Rien de bien grave, c’est une petite fracture. On va immobiliser ton épaule quelques semaines, je vais te prescrire des cachets pour la douleur. » Une fois cela dit, il pose le dossier sur la table de chevet et poursuit. « Je vais quand même faire un ptit examen juste pour être sûr qu’on a rien raté. » Il se tourne vers la tablette avec tout le matériel médical dont il a besoin et prend une paire de gant. Le temps de se préparer, il demande tout de même : « Tu es toute seule ? » Après tout, c’est assez étonnant, elle qui a toujours été super populaire qui se retrouve sans personne, y’a de quoi se poser des questions puis bon, les petites conversations pour remplir les blancs et détendre le patient, c’est la base.

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Harper et Félix

Elle déteste les hôpitaux. Elle déteste les gens malades. Elle déteste les vieux et elle est mal à l’aise avec les handicapés. Elle déteste l’odeur d’antiseptique et la décoration morne. Elle n’aime pas les seringues et les médicaments. Elle n’aime pas les pleurs d’enfants ou les cris de douleurs. Elle a l’impression que des millions de bactéries et d’organismes invisibles lui montent partout sur le corps. Elle n’ose toucher à rien de peur d’attraper des microbes. Elle époussette ses bras et ses vêtements à toutes les secondes parce que ça la chatouille mentalement. Elle veut juste partir d’ici. Mais, on la laisse poiroter sur son petit lit et dans son cubicule gros comme sa main. Chaque fois qu’elle demande si elle va attendre encore longtemps, on regarde son dossier, on regarde son bras et on lui dit qu’un médecin viendra la voir dans quelques minutes. Ça doit bien faire une heure qu’elle est là à faire ballotter ses jambes dans le vide sans que personne ne vienne la rencontrer. La blonde n’est pas connue pour sa patience. Elle soupire, rage, marmonne et roule des yeux. Elle n’a rien pour passer le temps. Elle regarde sans cesse l’écran fermé de son téléphone par habitude. Elle peut sentir la colère de son petit ami jusqu’ici parce qu’elle est en retard pour leur rendez-vous. Elle se met à ronger ses ongles teintés de rouge violacé.

Le rideau est finalement tiré et c’est un visage bien connu qu’elle aperçoit. Elle reste surprise plusieurs secondes avant que Félix ne relève la tête et qu’il soit surpris à son tour. "Qu’est-ce que tu fais là?" Est sa première réaction. Après plusieurs clignements de yeux pour être certaine qu’elle voit bien, Harper comprend rapidement qu’il est le docteur tant attendu. Les sourcils froncés, elle le détail des pieds à la tête. Ça fait un moment qu’elle ne l’a pas vu et qu’elle ne s’est pas souciée de ce qu’il est devenu après le lycée. Il semble décontenancé le temps d’un respire, mais s’adresse à elle comme à n’importe qu’elle patiente. Il prend place, très décontracté, sur un tabouret. Elle ne peut s’empêcher de le fixer, le cœur serré. Non pas qu’elle soit gênée ou mal à l’aise de se retrouver face à lui, mais ça la ramène plusieurs années en arrière quand ils étaient enfants et qu’ils passaient beaucoup de temps à s’amuser avec Zach. Elle se rappelle qu’une fois elle était tombée en vélo et elle s’était égratignée les genoux et les coudes. Félix avait vite agit et il l’avait soigné. Aider, ça faisait partie de lui. Il a toujours été comme ça. Il a toujours su garder son calme et la rassurer lorsqu’elle se blessait. Finalement, ce n’est pas si surprenant de le voir dans cette blouse blanche avec son ton et son air assurés. Elle grimace et fait la moue à la mention du mot fracture. Comme si elle a besoin de ça. Rien de tel qu’une attelle comme nouvel accessoire mode, elle qui vient tout juste de décrocher un boulot d’assistante. Son nouvel employeur va la trouver bien empotée! Un soupire traverse ses lèvres lorsqu’il mentionne qu’il veut l’examiner une dernière fois pour être certain que tout le reste est ok. "Ouais. Mon téléphone m’a lâché. J’ai pu rejoindre Jodie, mais pas Colin et il m’attend et…" Son cœur se serre. Elle se lève d’un bond avant que Félix n’ait pu commencer son examen. "Écoute, je ne veux pas t’importuner plus longtemps. Tu as sûrement d’autres patients plus mal en point que moi. Je t’assure que je vais bien. Vraiment. Je ne ressens aucune douleur ailleurs, c’est juste mon bras qui fait mal. Le reste est parfait! Donc, si tu pouvais me donner la prescription pour les antidouleurs et signer le formulaire de départ, ça serait vraiment génial!" Elle lui sourit franchement. Elle ne peut plus s’attarder ici. "Je suis vraiment heureuse de t’avoir vu! Mais, je dois vraiment filer!" Elle est déjà en train de mettre son manteau, du moins, elle tente. Avec un bras en moins, c’est pas une mince affaire. Elle stop son mouvement en milieu en se rendant compte qu’elle n’a pas de voiture et déglutit avant de se reprendre. "Tu serais vraiment gentil. "Ajoute-t-elle pour le persuader de la laisser aller.

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Ca lui fait bizarre de la revoir, c’est comme si elle appartenait à un autre temps, une autre vie. Tant de choses ont changé depuis leur enfance, enfin il lui semble. En tous cas son monde, à lui, est radicalement différent. Hormis Zach bien entendu. C’est via son meilleur ami qu’Harper et lui se sont connus, d’ailleurs on ne peut sûrement pas dire qu’ils avaient une amitié très poussée. Ils étaient surtout liés par cet ami en commun, si bien que quand Harper les a lâchés, certes, Felix l’a mal pris mais ca n’a pas duré longtemps. De toutes manières, il avait ses propres problèmes à gérer, beaucoup de choses paraissaient superflus à côté à l’époque, peut être en bien d’ailleurs, il aurait été mieux à s’inquiéter des problèmes de son âge. Il ne saura jamais si c’était une erreur d’abandonner si facilement cette amitié avec Harper, il ne s’est d’ailleurs jamais poser la question. C’est comme ça c’est tout.

Ils ne se doivent rien et pourtant il ressent une pointe de sympathie mélangé à de l’amertume maintenant qu’ils se retrouvent là, tous les deux, dans un contexte professionnel pour lui et médical pour elle. Ca ne colle pas avec les souvenirs qu’il a d’elle, les ballades à vélo, les jeux aux parcs… Elle aussi n’a pas l’air de réussir à réconcilier le lieu et son souvenir de lui vu qu’elle lui demande, visiblement surprise : « Qu’est-ce que tu fais là? » Cette question lui fait afficher un sourire amusé sur le visage. « Hé bien… Je travaille. » Tout simplement. Oui, il sait, c’est bizarre.

La voyant toute seule, il lui demande si elle a pu contacter sa famille pour les prévenir de son accident. Il sait qu’Harper a des sœurs mais après tout, peut être qu’elles se sont brouillées. Allez savoir, il s’en passe tellement des dramas dans les familles en général. Alors qu’il s’asseoit et commence à se préparer pour l’ausculter, attrapant son stéthoscope, Harper lui donne la réponse qui est, à vrai dire, bien plus simple que cela. « Ouais. Mon téléphone m’a lâché. J’ai pu rejoindre Jodie, mais pas Colin et il m’attend et… » Et là, la jeune femme a une réaction qu’il n’avait pas du tout anticipé et qui le surprend un peu. Harper se lève tout d’un coup, semblant agitée, et se lance dans une tirade que peu de patients se donnent la peine d’avoir parce que, généralement, après un accident, on est plutôt content que le médecin fasse une auscultation. Histoire de vérifier qu’on a rien de grave, qu’on va pas mourir, ce genre de petits détails de rien du tout. Il la regarde sans bouger, restant patiemment assis sur son tabouret. « Écoute, je ne veux pas t’importuner plus longtemps. Tu as sûrement d’autres patients plus mal en point que moi. Je t’assure que je vais bien. Vraiment. Je ne ressens aucune douleur ailleurs, c’est juste mon bras qui fait mal. » Il hausse un sourcil dubitatif et trouve ça louche. Il a l’habitude de la psychologie humaine et ce genre de remarque ne peut que lui mettre la puce à l’oreille. « Le reste est parfait! Donc, si tu pouvais me donner la prescription pour les antidouleurs et signer le formulaire de départ, ça serait vraiment génial! » Elle lui sourit, peut être pour le mettre dans sa poche, sûrement pour faire croire que tout ceci est normal, mais lui reste placide. « Je suis vraiment heureuse de t’avoir vu! Mais, je dois vraiment filer! » Un court silence qu’il ne brise pas et elle ajoute. « Tu serais vraiment gentil. » Point final de la piètre tentative d’amadouement, lui la regarde toujours et quelques secondes passent avant qu’il se décide à détacher son regard d’elle et poser le stéthoscope qu’il avait dans les mains.

Il soupire et lui répond d’un ton assez impersonnel, comme rodé par l’expérience, ce qui est déjà le cas malgré le fait qu’il soit encore jeune. D’abord, il se lance dans les arguments strictement professionnels, pour qu’Harper comprenne bien que ce qu’elle lui demande n’est tout bonnement pas possible. « Malheureusement, si tu veux partir sans une auscultation je ne pourrais pas te prescrire quoique ce soit. » Il fait une pause et son regard se pose à nouveau sur elle, expliquant en un très bon résumé : « Question de morale et de responsabilités. » Il est toujours assis lorsqu’il continue, lui expliquant toutes les possibilités qui s’offrent à elle, mais aussi les conséquences. Refuser de se faire soigner, quand on a une fracture, c’est rarement une bonne idée, évidemment. « Par contre, toujours si tu veux partir, il faudra remplir un formulaire de décharge vis à vis de l’hôpital, il est à l’accueil. Ceci dit, je te le conseille pas, les fractures de la clavicule handicapent beaucoup de gestes de la vie courante. Pour faire simple, tu auras souvent mal. »

Il poursuit sur un ton plus léger, histoire de rassurer Harper. « Après… Non seulement l’auscultation devrait être rapide, mais en plus je peux te prêter mon chargeur. » sur ces derniers mots il esquissa un fin sourire. Ce n’est pas juste parce qu’elle est une vieille connaissance qu’il propose ça. Il l’aurait sûrement fait pour n’importe qui se retrouvant seul ici en rade de batterie. Il est comme ça Felix, c’est un mec sympa, voilà tout.

Voilà, elle a maintenant en main toutes les informations nécessaires, si bien qu’il conclut presque par un : « C’est comme tu le sens. » Presque, parce qu’il a tout de même un doute qu’il ne peut pas ignorer. Non seulement ça va contre sa conscience professionnelle, mais aussi personnelle. Le genre de comportement qu’a Harper pour simplement éviter une auscultation est assez typique de quelqu’un qui voudrait cacher quelque chose. Ou alors elle est maladivement pudique, ça existe aussi. Il ne sait jamais trop si il exagère en ajoutant ça, mais comme à chaque fois qu’on lui fait le coup, il ajoute tout en plantant son regard dans le sien. Ce dernier geste n’a rien d’agressif, au contraire, il veut simplement que son message passe bien. « Mais sache que tout ce qu’il se passe ici est sous secret médical. Rien ne sortira de cette pièce. Enfin si on peut appeler ça une pièce. Mais rien ne passera ce rideau ca c’est certain. » Il lâche un petit rire parce que oui, il est assez relax. Et voilà, cette fois il lui a vraiment donner toutes les cartes en main, c’est maintenant à Harper de faire son choix.

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Harper et Félix

Il s’adresse à elle comme à n’importe quel patient et curieusement, ça lui fait quelque chose. Comme s’il se fichait complètement des années qu’ils avaient traîné ensemble. Comme si Harper n’était plus personne. C’est idiot, puisque c’est elle qui les a laissé tomber, Zach et lui, parce qu’ils n’étaient pas assez populaires et qu’elle s’était fait des nouveaux amis au lycée. Elle n’était pas très proche de lui et elle le connaissait seulement parce que Zach était son voisin. Il n’avait sans doute pas vécu son abandon de la même façon et le connaissant, le brun était probablement passé très vite à autre chose, sans rancunes. Elle ne sait pas à quoi elle s’attendait en fait. Plus de familiarité? Moins de sérieux? Elle sait qu’il fait son boulot et qu’il se doit d’être professionnel. Elle est la première à savoir qu’il ne faut pas mélanger vie personnelle et professionnelle et qu’il faut rester objectif avec la situation des patients ou des clients, dans son cas. Mais, la mademoiselle ayant l’habitude d’obtenir des réactions, peut-être qu’elle aurait aimé qu’il réagisse plus en l’apercevant derrière le rideau. Un sourire franc, une exclamation de bonheur ou juste une phrase coutumière qui l’aurait fait sentir plus importante que les autres.

L’homme lui dit alors qu’il doit faire quelques petites vérifications avant de pouvoir la laisser partir et là, elle panique. La blonde se met à penser à son petit ami qui l’attend chez lui et qui déteste lorsqu’elle est en retard. Elle n’a pas pu le rejoindre et elle sait déjà qu’il est en colère. Lorsque son portable sera rechargé, elle sait qu’elle va avoir au moins dix appels manqués et plusieurs textos qui vont demander où elle se trouve et avec qui. Son sang se glace et elle devient blême juste à penser à ce qui l’attend. Elle ne peut pas rester plus longtemps, elle soit absolument partir. Et si Félix commençait à lui poser des questions? Et si elle craque? Et si? Elle se lève d’un bond et elle essaie de s’esquiver. Elle sort son beau sourire et sa voix douce.

Alors qu’elle fait son petit numéro, Harper se rend vite compte que Félix ne croit pas un mot de ce qu’elle raconte. Ils ne se sont pas côtoyés depuis des années, n’empêche qu’il la connait relativement bien. Il sait qu’elle est capable de jouer la comédie pour réussir à manipuler n’importe qui pour se sortir d’un mauvais pas. Il sait que faire semblant de faire pitié est une seconde nature pour la blonde. Entre la Harper de douze ans et celle de vingt-cinq ans, il n’y a pas trop de différence, à part peut-être sa poitrine qui a bien poussé. Les deux sont des gamines qui sont prêtes à tout pour arriver à leurs fins. Elle n’a qu’à battre des cils, offrir un sourire doux à son interlocuteur et faire la moue pour qu’on lui donne la lune. Habituellement, ça fonctionne. Mais pas cette fois-ci. Le médecin l’observe, il hausse les sourcils et son visage reste de marbre. Il n’a pas pris. La jeune femme se doute qu’il en a vu d’autres. Qu’elle n’est pas la première à vouloir esquiver une auscultation pour x raisons. Il sait comment gérer ce genre de situation, on lui a sûrement appris lors de ses années de résidence. À nouveau, il l’observe d’une façon impersonnelle et lui explique placidement qu’il ne peut pas la laisser partir sans l’avoir examiné au préalable pour une question d’éthique et de protocole à suivre. Elle serre les lèvres, alors que son cœur bat rapidement, anxieux. Alors qu’il mentionne les contrecoups d’une fracture à la clavicule mal étudiée, elle se sent vaincu. Elle regarde sa blessure en soupirant. Elle n’a vraiment pas envie que son épaule guérisse mal et qu’elle soit prise avec cette incommodité toute sa vie. Elle soupire en forçant un sourire. Elle se rassoit sur le lit prête à subir l’examen. Il lui a assuré que ce serait rapide. "Bon. J’ai pas tant le choix, on dirait. Tu as ton chargeur?" Dit-elle d’une voix pincée qui contraste avec l’amabilité jouée quelques minutes auparavant. "C’est que Colin m’attend et il doit s’inquiéter. " Ajoute-t-elle ,en fuyant son regard, pour expliquer son comportement. Lorsque Félix mentionne que tout va rester entre elle et lui et que rien ne dépassera les limites du rideau qui les entoure, elle a un mouvement de recul. Elle se doute qu’il dit cela par habitude, mais c’est loin de la rassurer. Où veut-il en venir? Il veut lui poser des questions? "Qu’est-ce qu’il…"Dit-elle sèchement avant de se redresser légèrement et de reprendre contenance. "Il y a rien à cacher. C’est qu’un bête accident de voiture qui a causé ma fracture. Ça doit être écrit dans mon dossier, non?"

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Professionnel jusqu’au bout, Felix ne fait pas l’effort d’être particulièrement amical avec la jolie blonde. Il faut aussi dire qu’il ne saurait pas comment faire autrement vis à vis d’Harper. Après tout il faut être comment face à une amie d’enfance qui vous a lâché parce qu’on était pas assez bien pour elle ? Faire comme aves n’importe qui n’est pas si mal. Pour l’instant en tous cas, ça marche pas mal, enfin jusqu’à ce qu’elle change un brin de comportement. "Bon. J’ai pas tant le choix, on dirait. Tu as ton chargeur?" Et sur ce il peut se dire quoi d’autre que : Harper restera la Harper du lycée, celle qui pense obtenir tout ce qu’elle désire avec un simple sourire charmeur sans sincérité. Une fille a qui les choses tombent entre les mains sans qu’elle n’ait eu le moindre effort à faire et qui en a vraisemblablement pris l’habitude. Bon, en vrai il n’en sait rien, il ne connaît rien de sa vie depuis bien longtemps mais elle donne cette impression et Felix doit avouer que c’est pas quelque chose qu’il apprécie chez les gens en général. Le fait qu’ils se soient côtoyés il y a bien longtemps de ca n’y aide pas. Après lui, ce qu’il a dit c’est simplement une évidence médicale. Elle a le choix, il ne lui impose rien. Lui il s’en fiche, il n’a pas une fracture. Donc, oui, qu’elle ait tenté ce petit jeu un brin manipulateur avec lui l’agace un peu, tout simplement. "C’est que Colin m’attend et il doit s’inquiéter. " Il la regarde et tente de ne pas montrer son changement d’humeur. C’est encore mieux de se la jouer comme ça. A la fin de cette auscultation elle partira de son côté et lui du sien, il aura fait son taf et tombera peut être, pour son prochain patient, sur quelqu’un de plus sympa.

Quand il lui dit que tout ce qui se dira lors de cet consultation sera sous secret médical, elle se met sur la défensive. "Qu’est-ce qu’il… Il y a rien à cacher. C’est qu’un bête accident de voiture qui a causé ma fracture. Ça doit être écrit dans mon dossier, non?" Felix se relève sans regarder le dossier. C’est effectivement ce qui est indiqué dedans et jusqu’ici, à part un pressentiment qu’il remet en doute face aux réactions de madame, rien ne peut l’amener à penser qu’il y a anguille sous roche. Alors il ne peut qu’aller dans son sens. « Oui c’est écrit. » Le jeune homme pose son stéthoscope et commence à partir en disant. « Je vais chercher mon chargeur, princesse. Je reviens dans une minute. » Le princesse en question sonne un peu trop moqueur mais c’était plus fort que lui. C’est pas parce qu’on est médecin qu’on peut pas être puéril non ?

Il récupère le chargeur en question et le ramène rapidement, Parce que, même dans les petits riens de la vie Felix est toujours efficace et aussi, il faut l’avouer, parce qu’il n’a pas trop envie que cette consultation s’éternise. « Tiens. Il y a une prise là. » Il indique le mur d’un signe de tête alors qu’il se asseoir et attrape, à nouveau, son stéthoscope pour, enfin, se lancer dans son auscultation. « Ok, on commence. » Il écoute les battements de son cœur, pose son stéthoscope et attrape cette fois une petite lampe qu’il braque dans l’un des yeux de la jeune femme. « Suis mon doigt du regard sans bouger la tête. » Il vérifie la dilatation de la pupille, constate que tout va bien et change d’oeil avant de lui demander. « Pas de maux de crane ou de nausées ? » Ouais Felix est d’un professionnalisme imparable, c’en est presque chiant mais on le refera pas.

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Harper et Félix

Elle doit se calmer. C’est un médecin, il veut seulement faire son boulot. Il n’a aucune mauvaise pensée derrière la tête. Félix est professionnel et il veut seulement n’oublier aucune étape de son protocole. Il ne lui veut pas de mal. Harper se calme peu à peu, même si l’anxiété reste bien présente. Trop préoccupée par son sort, Harper ne se rend même pas compte du changement de comportement de son ancien ami. Elle ne s’aperçoit pas qu’il ne sourit plus et qu’il se retient de soupirer lourdement parce qu’il est professionnel. Elle ne voit pas qu’elle commence à l’énerver avec ses tentatives de fuite ou ses manières princières. Tout ce qu’elle pense, c’est à ses blessures cachées qu’il pourrait découvrir. Elle ne veut pas qu’il gratte trop ou qu’il découvre ce dont elle tente de cacher depuis plusieurs mois. Elle n’est tout simplement pas prête. Elle a peur, Harper. Elle fait du déni. Elle se dit que tout va redevenir normal dans peu de temps, même si ça dure depuis près d’un an. Elle ne veut pas être prise en pitié. Elle ne veut pas que sa vie change. Elle ne veut pas foutre la vie de Colin en l’air. Il travaille fort pour arriver où il se trouve. Il a des ambitions et elle veut qu’il réussisse. Même si parfois, elle doit en payer le prix. Alors elle fait comme si tout va bien, même si ça signifie être chiante. Mais, ça, Félix ne peut pas le savoir juste en vérifiant ses points vitaux et lui poser quelques questions d’ordre médical, non? Il veut juste s’assurer que son accident ne lui a pas causé d’autres lésions invisibles. Oui, c’est ça. Ça ne sert à rien de paniquer. Elle accepte de se faire ausculter et accepte avec empressement le chargeur du garçon. Plus vite elle donnera des nouvelles à Colin, plus vite il se calmera.

Félix quitte la petite stalle de soin quelques minutes. Elle tique à peine sur le surnom Princesse dont il vient de l’affubler. Elle est habituée d’entendre ce mot pour la désigner. En particulier par ses sœurs qui aiment la taquiner. Elle a tout de même senti une pointe de moquerie dans le ton de Félix, mais elle n’en fait pas de cas. La blonde regarde la petite ouverture laissée par les rideaux mal fermés. Elle se mord la lèvre inférieure se disant rapidement qu’elle pourrait en profiter pour filer. Elle n’a pas le temps d’y penser que la tête du brun apparaît à nouveau et qu’il reprend place sur son tabouret. Elle prend le chargeur qu’il lui tend et le branche à la prise qu’il lui a montré. "Merci." Souffle-t-elle, la voix nouée. Elle prend son téléphone entre ses doigts et ses yeux bleus fixent l’écran sans cligner des paupières. Son cœur s’affole lorsqu’il s’ouvre et qu’elle est assaillit de notifications. Elle déglutit. Elle n’ose pas ouvrir les textos dont le petit point rouge indique dix messages non lus, alors que celui des appels manqués en annonce trois. Elle sursaute lorsqu’elle sent un truc froid sur sa peau. Trop concentrée sur les messages qui l’attendent, la benjamine des Selway n’a pas sentie que Félix a commencé et qu’il a soulevé son gilet. Elle met son téléphone sur ses genoux et pose des regards frénétiques sur lui à toutes les secondes. Elle est bien obligée de regarder devant elle lorsqu’il fait l’inspection de ses yeux. Elle sent un nouveau texto arriver et sa respiration se fait plus rapide. Elle suit son doigt comme il lui demande, battant des pieds dans le vide, d’impatience. "Non rien de tout ça. " Elle ment. Elle a envie de vomir et sa tête lui tourne, pas à cause de l’accident, mais parce que tous ces avertissements la rendent malade. Finalement, elle décide d’éteindre son portable. Même si elle ne fait que repousser l’inévitable. "C’est mieux comme ça. Désolée. " Désolée pour le dérangement ou son comportement? Les deux. Elle se racle la gorge et reprend un peu contenance.

Il continue son inspection et elle se sent bête. Elle ne sait pas où regarder. Elle est gênée par sa proximité. Elle ne sait pas vraiment quoi dire. Doit-elle dire quoi que ce soit? Ou se contenter de répondre à ses questions et faire comme s’ils étaient des inconnus. Lui un médecin et elle la patiente. Elle n’aurait pas ce dilemme avec n’importe quel autre docteur. "C’est cool que tu sois médecin. T’as toujours aimé prendre soin des gens. " De ce que je me rappelle se retient-elle d’ajouter. Parce qu’elle ne va pas se cacher qu’elle n’a pas réellement pensé à lui ces dernières années et elle ne se souciait pas de ce qu’il était devenu jusque-là. Elle se souvient des quelques fois où il a pris soin des petites blessures que se faisaient Zach et elle en jouant et de la façon qu’il réussissait toujours à lui changer les idées et à la réconforter.

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