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Jodie & Mok

C'était presque étrange d'être de retour à Genosha. En apparence, l'île n'avait pas changé. Pourtant, depuis son retour il y a quelques semaines en arrière, Jodie voyait bien que l'atmosphère était différente. Tout partait déjà en vrille quand elle avait démarré sa tournée, cela avait d'ailleurs été une des raisons pour lesquelles elle s'était concentrée sur sa carrière, histoire d'oublier cette histoire d'émergés. Elle avait espéré naïvement que les choses se seraient calmées une fois qu'elle serait revenue. Malheureusement, c'était encore pire. Elle se souvenait regarder les informations locales quand elle était à l'étranger, suivant les événements qui bousculaient l'île. A mesure que le temps passait et que la fin de sa tournée approchait, Jodie avait dû se rendre à l'évidence. Genosha était pire qu'avant et ça n'allait pas être de tout repos d'y revivre. Parfois, elle se disait qu'elle devrait emménager ailleurs. L'Europe, peut-être. En plus, ce serait bénéfique pour sa carrière. Mais non. Elle était bien trop attachée à ces deux blondes qui lui servaient de sœurs. Ainsi, elle était revenue là où elle avait grandi. L'île sur laquelle elle avait énormément de souvenirs, bons comme mauvais. Et elle avait peur d'en avoir d'autres, des mauvais. Après tout, sa belle-sœur et sa nièce avaient perdu la vie à cause de toute cette guerre des mains d'un émergé. Le pire, c'est que Jodie n'était pas sûre de porter son soutien au bon camp...

Mais elle ne voulait plus y penser. Elle s'inquiétait bien trop sur son avenir à Genosha et les remords qu'elle avait à l'encontre d'Erica. Il lui fallait se changer les idées. Elle voulait s'amuser. Retrouver une vie moins mouvementée et s'amuser maintenant qu'elle était de retour sur l'île. C'est pourquoi, ce soir-là, elle décida de se rendre au bar L'Inferno. Elle n'aurait pas à chanter ou jouer. Juste prendre un verre et s'amuser. Elle avait appelé certains amis mais, malheureusement, ceux qu'elle voulait vraiment voir n'étaient pas disponibles. Tant pis, elle irait toute seule. Elle n'avait pas de mal à engager des conversations de toute manière. Elle verrait bien sur qui elle tomberait.

Elle se rendit à Emmann en espérant passer une bonne soirée se disant quand même que ça aurait été plus fun en compagnie d'amis. Mais elle entra dans le bar avec le sourire, l'ambiance festive la mettant de bonne humeur. Certains inconnus lui sourirent. La reconnaissaient-ils? Pas sûre. Parfois ça n'était que de la drague, elle l'avait appris avec le temps. Elle se rendit au bar et commanda une boisson, soudain assoiffée. En attendant qu'on la serve, elle jeta des coups d’œils autour d'elle, en espérant voir une tête qui ne lui serait pas inconnue. Elle pensait ne connaître personne jusqu'à ce que son regard se pose sur un visage bien trop familier.

- Merde... laissa-t-elle échapper en détournant la tête, soudain effrayée d'être vue.

Elle ne voulait pas l'éviter mais elle avait été surprise. Depuis quand ne l'avait-elle pas vu? Depuis qu'ils s'étaient séparés, dans une sorte de commun accord. Jodie se concentrait trop sur sa carrière, lui sur le gang auquel il appartenait. Pourquoi sortait-elle toujours avec des personnes qui n'apportaient que des ennuis? Enfin, des ennuis. Oui et non. Même s'il faisait partie d'un gang, Mok était une des personnes les plus gentilles avec qui elle était sortie. Ses fréquentations et activités étaient douteuses, mais il n'était pas mauvais. Elle l'avait aimé, ça c'était certain. Mais parfois ça ne marchait pas, tout simplement.

Elle lui jeta un nouveau regard discret, l'envie soudaine d'aller lui parler. C'était bête de ne plus se parler. Oui, ils n'étaient plus ensemble mais rien n'empêchait de devenir amis, non? Elle n'en savait rien. Comment allait-il réagir? S'ils ne s'étaient pas reparlés, c'est qu'il y avait une raison, non? De toute manière, elle ne pouvait pas l'ignorer puisqu'il croisa son regard. Génial. Elle n'avait même pas le temps de réfléchir à ce qu'elle allait lui dire. Elle s'empara du verre qu'on lui avait servi, en but une gorgée puis descendit de son tabouret pour se frayer un chemin jusqu'à Mok, un petit sourire sur le visage. Elle? Mal à l'aise? Pas du tout.

- Hey, dit-elle une fois qu'elle fut face à lui. Ça fait longtemps.

Elle eut soudainement peur de se prendre un vent. Ça n'était jamais agréable.

Grand homme a vraiment l’impression de revivre depuis que Simon est parti. Depuis que ce dernier a rejoint la Garde Rouge, laissant le gang de côté. Il se sent moins prisonnier, moins utilisé, moins manipulé alors qu’il est parfaitement conscient que son trouble l’a bien arrangé. En vérité, il n’a jamais autant haïs quelqu’un. Il n’a jamais autant souhaité du mal envers autrui. Ce sentiment a le don parfois de le déstabiliser et il se sent par moment coupable de l’éprouver. Au point de ne rien dire à Sean et à Hailey qui pourtant, mériteraient de connaître la vérité. Mais il en a bien le droit non? Il a le droit de ressentir une vague de colère le submerger après ce qui s’est passé. Des mois ont beau être écoulé, il n’arrive pas à oublier ce que ce dernier lui a demandé de faire, lorsque son trouble le privait encore de sa liberté. Lorsqu’il était conscient de ce qui se passait mais qu’il ne contrôlait pas ses gestes. Incapable de ressentir alors que dans sa tête, il hurlait pourtant de tout arrêter. De lâcher ce couteau avant de faire une bêtise qu’il aurait difficilement du mal à gérer. Mais il l’a fait. Il a tué son ami même si ce dernier a murmuré dans un dernier souffle porté que ce n’était pas de sa faute. Qu’il savait. Qu’il savait qu’il n’y pouvait rien et bordel, Pourquoi diable y penser maintenant? Pourquoi diable se sent-il aussi mal tout à coup alors que tout va pour le mieux pour l’instant? Ou du moins, en partie. Pour la première fois, oui. Grand homme n’arrive finalement plus très bien à gérer ses émotions et ses lèvres se pincent à cette pensée. Il a besoin d’être seul. Il a besoin de marcher même si ses pas le mènent vers un bar pour une raison soudaine qu’il a du mal à expliquer. Il ne boit pas tellement d’habitude. Il le fait uniquement avec le gang quand il n’est pas encore dans une de ces phases où ses goûts changent à la dernière minute. Il en a marre. Il est épuisé. Grand homme revit oui mais ce soir, son moral est brisé. Peut-être parce qu’il vient de passé plusieurs heures avec son psychologue et qu’il a l’impression de ne plus avancer. De faire du sur place dans sa tête perturbée. Ou peut-être parce qu’il a enfin prit son courage à deux mains pour revoir son père mais que ce dernier a encore annulé à la dernière minute sous prétexte qu’il ne peut pas se libérer.
- Comme d’habitude. Je ne sais même pas pourquoi je m’entête à vouloir toujours trouver des excuses. Il ne changera jamais.

Son portable vibre dans sa poche et il soupir en regardant un message s’afficher. Celui d’un père qui n’est là que pour lui donner de l’argent dont il s’en contrefiche pourtant. Celui d’un père trop occupé, qui ne trouve jamais le temps de voir son fils unique ni sa femme enterrée. D'ailleurs. Puisqu'il n'a jamais vu de fleur posée.
“Ecoute, je t’appel quand j’ai fini d’accord?”

Soupir. Non. Il ne changera jamais. Ce n’est pas faute d’avoir espéré. Grand homme garde espoir d’habitude mais oui. Ce soir, il n’est pas d’humeur à sourire. Il n'est pas d'humeur à lui trouver des excuses. Il pianote une réponse vite fait “Laisse tomber. J’ai autre chose de prévue de toute façon. A+” avant de rentrer dans le bar escompté. Il cherche et trouve une place près de la fenêtre. Parfait. Lieu idéal pour se détendre un peu même si en cet instant, il se sent seul. Abandonné. A espérer que demain ca ira mieux. Ouai. Il ose le penser. Il le sait. Car grand homme n'est pas genre à déprimer. Ses yeux regardent la vitre et un soupir s'échappe de la barrière de ses chairs. Ouai. Cela passera. Comme toujours. Il se le doit à lui-même. Lui qui passe son temps à se battre pour se préserver d'un trouble qui n'est visiblement pas prêt à s'estomper. Demain est un autre jour et il ferme les paupières pour ne pas laisser une larme s'échapper.
"Monsieur? Monsieur"

Une voix l'extirpe soudain de ses pensées. Mok sursaute et porte un regard vers la serveuse qui l'observe en clignant des yeux, l'air gêné. Il ne l'a même pas entendu arriver. Grand homme toussote légèrement pour se reprendre et murmure, un léger sourire au coin des lèvres, quoique légèrement peiné :
- Oh excusez-moi. Mmh. Une bière s'il vous plaît.

Il se redresse un peu sur le dossier. Mais alors que la serveuse incline légèrement la tête après avoir noté sa commande sur un bout de papier que Mok accroche soudain le contour d'une silhouette, qu'il n'est pas prêt à revoir aussi brutalement dans ce bar bondé. "Non attend...Jodie?" Son coeur manque un battement et il murmure, tourne rapidement la tête sur le côté dans un élan parfaitement stupide mais inné. D'un geste instinctif non mesuré. A croire que ça pourrait le cacher. A croire qu'elle ne le verrait pas. "Idiot". Leur regard se sont croisé.
- Merde… bravo. Je fais quoi maintenant?

Non. Grand homme n'est pas totalement prêt à la revoir. Même s'ils s'étaient quitté d'un commun accord sans se détester. Il n'est pas prêt à lui parler. Peut-être parce que ce n'est pas le bon moment et qu'il n'est pas spécialement en état de discuter. Par ailleurs, elle n'a pas changé. Il n'a pas eu à avoir d'hésitation pour la reconnaître. Elle semble toujours aussi belle, aussi fidèle à elle-même et son souffle s'accélère à cette pensée. Il ferme les yeux pour se reprendre. Pour chasser quelques lointain souvenirs retrouvés .Jodie appartient au passé. Ils ne sont plus ensemble. Il n'a aucune raison de l'ignorer, non. Surtout maintenant qu'elle se trouve si prêt. Surtout maintenant qu'elle se rapproche de lui. Non. Non. Non. Grand homme n'était pas prêt. Trop tard. Sa voix glisse doucement à ses oreilles et grand homme tourne la tête, accrochant enfin ce regard familier.
- Hey.

Sa voix se fait rauque malgré lui. Léger. Bloqué dans sa gorge serrée avec tout ces sentiments qu'il a du mal à digérer. Avec la surprise qui s'en est mêlé. Il ne manque pas son sourire gêné et il sourit à son tour, l'invite d'un signe à s’asseoir sur la chaise. De toute façon, il est trop tard pour reculer.
- En effet. Belle coïncidence. Mmh. Ça fais longtemps que tu es là? Je ne m'attendais pas à te revoir de sitôt. Comment tu vas?

Ⓒslythbitch.

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Jodie & Mok

Elle sentit un énorme soulagement l’envahir quand elle vit le sourire que Mok lui adressa. Il ne lui en voulait pas, ou peut-être plus. Loin de Genosha, Jodie avait essayé d’oublier énormément de choses. De faire comme si de rien n’était. La mort de sa belle-sœur et de sa nièce. La culpabilité qu’elle ressentait vis-à-vis d’Erica. Mais aussi celle qu’elle ressentait envers Mok. Ou peut-être était-ce lui qu’elle avait tout simplement essayé d’oublier. Quand elle aimait quelqu’un, la chanteuse ne le faisait pas à moitié. Elle avait parfois même cette impression d’avoir trop d’amour à donner en elle, si bien qu’elle ne savait pas quoi en faire. Alors, quand elle s’attachait à quelqu’un de manière romantique, elle déversait toute cette affection sur la personne. C’est une des raisons pour lesquelles elle avait parfois fui de véritables relations ou qu’elle avait fui des personnes pour lesquelles elle sentait qu’elle aurait un plus grand attachement. C’est pourquoi elle avait eu plusieurs coups d’un soir, histoire de partager un moment de tendresse avec un autre être humain sans pour autant s’engager. Mais il arrivait que d’autres parviennent à contourner ses barrières et réussissent à l’atteindre. Mok y était parvenu. Ainsi, même si elle prétendait souvent le contraire quand la question était abordée, cette rupture lui avait fait mal. Elle avait été douloureuse, peu importe que cela ait été d’un commun accord ou non. A cette époque, la santé mentale de Jodie n’était pas au mieux de sa forme et elle savait que cela impactait sa relation. La seule solution semblait alors de s’éloigner de Genosha, de se concentrer sur sa carrière pour oublier le reste et donc laisser Mok derrière elle.  

Elle avait réussi à oublier, du moins en partie. À se concentrer totalement sur sa tournée et sa musique, elle avait eu beaucoup moins de temps pour penser à sa rupture et surtout pour penser à lui. Sa décision avait donc porté ses fruits. Malheureusement, maintenant qu’elle se retrouvait à Genosha, Jodie se rendait compte que tout avait seulement été mis dans un coin de sa tête, que rien n’avait vraiment été effacé. Elle se sentait toujours coupable envers sa sœur et une vielle douleur s’était insinuée en elle en revoyant Mok.

C’était étrange de le revoir. De lui faire face. Il n’avait pas changé, il avait toujours ce visage qu'elle aimait tant et cette gentillesse qui émanait de sa voix. Et pourtant tous deux semblaient mal à l’aise, comme s’ils faisaient face à un inconnu. Jodie décida malgré tout de ne pas se dérober et accepta son invitation à le rejoindre. Elle s’installa, se demandant si une reprise de contact était réellement possible entre eux.

- Je suis revenue il y a un mois, environ. Moi non plus je ne m’attendais pas à te croiser.

S’ils ne s’étaient pas croisés par hasard, qui sait s’ils auraient pris la peine de reprendre contact? Jodie pensait bien que la réponse était non, du moins de son côté. Elle ne pensait pas qu’elle aurait eu le courage de le contacter d’elle-même. Et pourquoi? Lui dire à nouveau qu’elle était désolée que ça n’ait pas marché entre eux? Lui dire qu’elle aimerait bien une amitié parce qu’il lui avait manqué? C’était déjà bien assez surprenant d'en prendre conscience.

Comment est-ce qu’elle allait? Ça c’était une bonne question. Elle-même n’était pas bien sûre de la réponse. D’habitude, elle répondait toujours par l’affirmatif pour mettre ceux qui l’entouraient à l’aise et de bonne humeur. Mais avec Mok c’était différent. Il la connaissait, elle lui avait souvent partagé ce qu’elle avait en tête. Elle n’avait pas besoin de mentir à l’époque. « J’imagine que les choses sont différentes à présent », pensa-t-elle.

- Ça va plutôt bien. Et toi ? demanda-t-elle, soucieuse de la réponse, se demandant si son trouble dissociatif ne lui compliquait pas trop la vie. Comment ça se passe dans ta vie?

Traduction : comment ça se passe dans le gang?

Son coeur bat contre sa poitrine serrée. Grand homme sourit, oui mais son sourire est léger. Il ne sait pas vraiment comment se comporter. Il ne lui en veut pas, ou plus désormais cependant, il ne se sent pas prêt. Pas prêt à la retrouver, à lui parler, à la confronter alors qu’au fond, il a encore leur rupture dans un coin de sa tête embrouillée. Il l’a aimé. Sincèrement. Du plus profond de son âme touché par la perfidie d’un trouble qu’il n’est même plus à même de lutter. Pas maintenant. Pas après ce rendez-vous consécutive qui n’a toujours rien donné. Il l’a désiré, chérit d’un amour fort et incommensurable mais l’évidence les a rattrapé. Ils ne pouvaient pas être ensemble. Leurs activités respectives leur ont empêché. Grand homme sait. Oui, il sait que son état actuel ne l’aide pas à relativiser. Il sait que dans d’autres circonstances, il se serait montrer plus optimiste, plus enjoué or, aujourd’hui, sourire lui est difficile. C’est un fait, une réalité qu’il ne peut pas négliger. Il prend sur lui mais son coeur est touché. Trop de chose l’accapare en ce jour. Trop de souvenirs, d’évidences murmurés et ses yeux s’abaissent quand Jodie prend la place qui lui est désigné, faisant sonner cette voix qu’il n’a plus entendu depuis des années.
- Un mois? Whaw, tant que ça.

Ses paupières papillonnent et Grand homme se redresse un peu, sonné par la réalité du temps écoulé. Un mois. C’est long dans un sens. Ses sourcils se plissent et il se fait la réflexion que cela aurait duré surement plus longtemps s’ils ne s’étaient pas retrouvé dans ce bar bondé. Cette simple idée le fait soupirer et Grand homme s’adosse contre le dossier de sa chaise pour laisser son dos s’y reposer. C’est triste, quelque part. De savoir qu’il a fallu un mois. Un triste mois pour se revoir. Oui. Est-ce que cela aurait durer plus longtemps s’ils ne s’étaient pas retrouvé ici? Dans le plus grand des hasard? Peut-être. Sûrement. Grand homme se sent coupable et il marque un silence. Même léger. Pour s’évanouir dans ses sombres pensées. Pensées amères qui lui sont rare. État d’esprit qui ne dure jamais longtemps. Normalement. Il espère. Oui. Grand homme se dit, se répète que demain est un autre jour et que sa peine actuel n’est que passagère. Car il ne veut en aucun cas baisser les bras et encore moins, sombrer. Il veut se battre oui. Même contre ce trouble, cette peine, cette culpabilité qu’il refuse à ce jour de laisse gagner. Jamais. Grand homme se fait la promesse susurrée.
- Comme quoi, le destin fait bien les choses.

Ses épaules se haussent et Grand homme laisse un fin sourire étirer ses lèvres. De toute façon, ni l’un ni l’autre, ne peuvent plus reculer désormais. Ils ont été réuni pour se parler. Pour se confronter à nouveau, peut-être pour une raison muette qu’aucun. Ni lui, ni elle. N’est capable d’exprimer. La question de son état se pose et elle lui est rendue en retour. Mok esquisse un sourire mais son sourire est toujours aussi léger, minime, d’un regard qu’il n’a pas oublié. D’une affirmation qui n’en est pas vraiment une. Jodie n’a pas changé et lui non plus dans un sens. Ils affirment que tout va bien alors que ce n’est pas la réponse espérée. Alors qu’ils semblent tous deux perdu, échoué dans un état d’esprit attristé.
- Ça va.

Mensonge énoncé. Le même que son ex petite-amie a envoyé. Non. Ils n’ont pas changé. Sauf que cette fois, ils se mentent à eux-même. Ne s’ouvrent plus aussi facilement qu’auparavant. Grand homme est attristé. Oui. Il est attristé par la barrière qu’ils ont visiblement crée. Entre eux. Alors que l’amour et la complicité les avait enveloppé il y a déjà de cela plusieurs années passées. Un soupir, une fois de plus, s’échappe de la barrière de ses chairs et il appose un bras contre le dossier. Essaye de se mettre plus à l’aise alors que la conversation est lancée.
- Elle n’a pas tant que ça changé. Mise à part quelques changements au sein de mon “groupe”. Et toi? Tu chantes toujours? J’ai l’impression que tu ne vas si bien que tu veux me faire croire. Je me trompe? Je sais que…

Grand homme marque une pause et laisse à nouveau un soupir lui échapper. Autour d’eux, les gens rient, s’amusent, font claquer leur verre l’un contre l’autre. Autour d’eux, la bonne humeur semble les enivrer mais eux. Eux s’enferment dans une bulle créée, brisée pourtant par une rupture passée, que ni lui, ni elle, ne semble en fait avoir pansé. Malgré leur promesse de rester en bon terme et de ne pas se détester.
- Je sais qu’on est plus ensemble mais tu n’es pas non plus obligé de mentir. Surtout avec moi. Je ne devrais même pas le faire avec toi en fait… C’est bizarre.

Ⓒslythbitch.

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Jodie & Mok

Elle était nerveuse. Elle essayait de paraître naturelle mais Mok avait toujours eu un don pour la déstabiliser. Elle l’avait si bien connu fut un temps qu’on pourrait croire que cette sensation partirait, qu’elle serait plus confiante en sa présence. Et ça avait été vrai pendant un bon moment mais le fait de ne pas l’avoir revu depuis plus d’un an remettait les compteurs à zéro et elle ne pouvait que constater qu’il avait toujours cet effet sur elle. Et lorsqu’il apprit que ça faisait un mois qu’elle était de retour à Genosha, comprenant par la même occasion qu’elle ne l’avait pas averti, Jodie se sentit plus mal à l’aise encore. Elle était désolée, même. Confuse, elle essaya de s’expliquer :

- Désolée… J’ai pensé à t’appeler mais ça aurait peut-être été bizarre et je n’aurais pas su quoi te dire. Et puis, je n’étais pas certaine que tu aies envie de me parler.

Il dit que le destin avait bien fait les choses, ce qui fit naître un léger sourire sur ses lèvres. Il avait raison, mais cela restait triste de penser qu’ils ne se seraient pas reparlés sans cette coïncidence. Mais peut-être était-ce bien pour éviter ce malaise qui s’était installé entre eux. Jodie était incapable de dire ce qu’il pensait réellement de la situation et ça la frustrait au plus au point, elle qui pouvait deviner les pensées de Mok à une époque. Mais il y avait bien une chose qu’elle détectait : lui aussi lui mentait. Il n’allait pas bien, elle en prenait conscience à mesure que les secondes s’écoulaient. C’était la confirmation à ses doutes : tout avait changé entre eux. Quelque chose avait été brisé et elle n’était pas sûre qu’ils puissent en recoller les morceaux.

Elle apprit qu’il y avait eu quelques changements dans son gang mais qu’à part ça, peu de chose avait changé dans sa vie. Ce n’était que de maigres informations qui ne contentaient pas vraiment Jodie qui déjà recevait de nouvelles questions. Il n’avait pas l’air de vouloir s’attarder sur lui-même et elle pouvait comprendre. Ce qui la coupa en revanche, ce n’est pas l’arrivée de la serveuse qui ramena la commande de Mok mais bien le commentaire de ce dernier sur son état. Lui aussi avait deviné qu’elle n’allait pas bien. Elle se redressa un peu sur sa chaise, les yeux fuyants, profitant de la présence de la serveuse pour réfléchir à ce qu’elle devait dire. Quand ils se retrouvèrent seuls à nouveau, elle ne savait toujours pas quoi dire alors ce fut lui qui reprit la parole, mentionnant que même s’ils n’étaient plus ensemble, ils n’avaient pas à se mentir. Elle haïssait se l’admettre mais l’entendre leur rappeler qu’ils n’étaient plus ensemble fit naître un sentiment désagréable en elle.

- Ce n’est plus pareil entre nous. C’est différent. Admit-elle tristement.

Mais il avait raison. Ils n’étaient pas obligés de se mentir, qu’ils soient ensemble ou non ne signifiait pas qu’il n’y avait plus aucune confiance entre eux. Leurs réactions n’étaient pas les bonnes. Alors, Jodie avala une gorgée de sa boisson pour se donner du courage avant d’avouer ce qu’elle avait sur le cœur, en gardant certains détails pour elle :  

- Si tu veux savoir la vérité, je ne sais pas vraiment comment je me sens. Quand je suis partie, je pensais qu’être loin de Genosha m’aiderait à aller mieux et ça a été vrai pendant un temps. Me concentrer sur la musique m’a vraiment aidé, ce qui répond à ta question sur le chant d’ailleurs.

Elle marqua une pause, cherchant quels mots utiliser pour lui faire comprendre ce qu’elle ressentait.

- Mais je réalise que j’ai juste mis mes problèmes de côté. Qu’ils sont toujours là et je sais pas vraiment comment faire pour aller mieux. Voilà la vérité.

Elle avait gardé tout ça pour elle pendant des mois. Elle n’en avait même pas parlé à Paige. Elle avait voulu garder ça pour elle mais le confier à une personne était à la fois effrayant et bénéfique. Surtout parce que c’était Mok qui recevait ces informations.

- Et toi alors? Comment tu vas réellement? Peut-être que ce n'est pas le bon moment pour qu'on discute? Si c'est le cas, dis le moi.

Oui, soupir échappé. Constat étrange d’un fossé creusé. Un fossé entre eux malgré leur complicité passé. Grand homme sent son coeur se serrer. Il le sent même s’emballer. Ses battements se font plus rapide et il se sent obligé de prendre une grande inspiration pour les calmer. Pourtant, il ne lui en veut pas. Il était tout aussi fautif à la distance crée. Leur rupture aurait pu mal se passer et pourtant, ils s’étaient promis de ne pas se détester. Ils s’étaient promis de rester en contact. Chose qu’aucun n’avait fait. Ni lui ni elle. Ce qu’il ne peut renier. Alors pourquoi, il baisse la tête à son aveu formulé? Pourquoi il se sent si mal devant cette vérité claquée? peut-être parce qu’il voit tout en noir aujourd’hui. Peut-être parce qu’il ne s’agit pas d’un bonne journée. Oui. Grand homme espère, croit que ce n’est que passager. Il veut que cela ne soit que passager et il sait qu’il se battra pour ça. Toujours. Même si oui. Aujourd’hui. Rien ne va et tout s’embrouille dans sa tête serrée.
- T’inquiète pas. Tu n’as pas à te justifier. J’aurai pu t’appeler aussi mais je ne l’ai pas fais non plus de mon côté. Je crois qu’on peut dire qu’on est à égalité.

Grand homme sourit. D’un sourire léger, attristé. Non. Il ne tient pas à lui en vouloir. Il ne tient pas à rejeter la faute sur elle alors qu’il est tout aussi fautif dans cette affaire. C’est comme ça. Ils devaient se retrouver seulement maintenant. Il le pense. Il garde cependant cette pensée pour lui et ancre son regard au sien. D’un mensonge dissimulé. D’un “ça va plutôt bien” qui sonne faux à ses oreilles pour la connaître entre milles malgré l’année écoulé. Elle ment. Il ment. Grand homme réalise oui qu’ils se mentent à eux même. Que quelque chose entre eux a changé. C'est étrange. Ses yeux restent ancré dans les siens et il exprime ses pensées à voix haute. Il se redresse néanmoins lorsque la serveuse revient, laissant un simple :
- Merci.

Lui échapper. Jodie est mal à l'aise. Grand homme le voit à son regard fuyant, à ses gestuels quand elle se redresse. Ce n'était pas dans ses intentions et il s'empresse de rajouter une fois la serveuse partit parce que son but n'est pas de la blesser. Loin de là cette idée. Il n'a fait qu'exprimer une bien triste vérité. Vérité qu'elle même sait alors que ses dires glissent dans le bar bondé. D'une évidence qu'ils ne peuvent dissimuler. Nier. Pour être la stricte réalité.
- Ouai. Différent c’est le mot. Pardon. Je ne voulais pas te mettre à l'aise.

A nouveau, Grand homme soupir et porte sa tasse à ses lèvres. Oui. Leur relation est différente, ce qui a de quoi le peiner. Sa gorge se noue et il repose la tasse à cette confession susurrée qui se rapproche cette fois beaucoup plus de la vérité. D'un état semblable au sien. D'une sensation amère de ne pas pouvoir s'en échapper. Grand homme l'écoute. Il l'écoute oui se confesser. Sur ses ressentis intérieurs qu'il ne peut que comprendre en réalité. Son cœur se serre à nouveau et il hoche lentement la tête. Laisse un énième soupir lui échapper. Il s’inquiète et alors que Jodie lui retourne la question, il laisse un silence se poser avant de souffler d’une voix amère. Une voix amère qu’il ne peut plus refréner :
- Je vois. As-tu cherché à en parler à quelqu’un?

Oui. Vérité dévoilée. D’une tristesse partagée. De sentiments similaires cachés. Grand homme tape légèrement le sol avec son pied et sa main vient se poser sur sa nuque dégagée. Il porte un bref regard vers la fenêtre, observe les gens passer, laisse son sourire peu à peu disparaître sur ses traits désormais figés, répondant enfin à sa question sans oser cette fois la regarder.
- Disons que ce n’est pas non plus le meilleur jour de ma vie. Je me pose beaucoup de question et pour dire la vérité, je n’ai pas l’impression d’avancer. Sur mon traitement. Sur la relation avec mon père. Tant qu’à mon groupe, des choses positives se sont passé mais je dois dire qu’il n’y a pas si longtemps encore, j’ai fais des choses que je regrette et qui me bouffe aujourd’hui même si je sais que ça ne pourra rien changer. On est bien hein? Toi et moi. Pour des retrouvailles, on aurait pu mieux signer.

Ⓒslythbitch.

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Jodie & Mok

Elle l’avait connu comme petit-ami. Quand il était mentionné dans une conversation, elle le voyait comme son ex. Et quand ils avaient partagé des moments ensemble il avait été soit le garçon qu’elle convoitait soit celui avec qui elle partageait sa vie. De le revoir alors qu’ils étaient séparés était une expérience nouvelle. Elle devait s’y habituer. Peut-être que lui aussi n’y était pas habitué et peut-être était-ce la raison pour laquelle ils n’avaient pas gardé contact. Parce que c’était trop étrange de se parler sans être liée de la manière dont ils l’avaient été.

Jodie remarqua qu’il n’avait pas fait mention d’une des peurs qu’elle lui avait confiées : celle qu’il lui en veuille toujours. Est-ce que cela signifiait que c’était vrai ? Que ses inquiétudes étaient fondées? «Reprend-toi Jodie. Ne commence pas à tout ressasser, ce n’est pas ton genre.» Elle aimait penser qu’elle était un esprit libre qui ne se souciait pas de ce que les autres pensaient à son sujet. Mais elle devait reconnaître que certaines personnes comptaient plus que d’autre ou que certains sujets étaient plus importants. Alors, même si elle tenta de résister, elle flancha.

- Est-ce que tu m’en veux ? demanda-t-elle d’une petite voix. Pour notre rupture, je veux dire. Je sais que c’était d’un commun accord mais j’ai l’impression d’avoir lancer la chose.

Oui, elle s’en était voulu. Elle avait essayé de le nier les premiers jours mais dès que ses pensées revenaient à Mok, un nouveau sentiment de culpabilité se joignait aux autres. Cela lui avait donné à réfléchir : se quitter en bons termes n’avaient pas que des avantages. Peu importe la nature d’une rupture, ce n’était jamais agréable.

Et elle n’était pas sûre de pouvoir en dire autant de ces retrouvailles. Elle ne savait pas ce qu’elle avait imaginé en retrouvant Mok. Peut-être avait-elle espéré qu’ils auraient fait comme si de rien n’était, comme s’ils étaient de bons amis. Étaient-ils seulement amis ? Même ça Jodie n’en était pas sûre. Alors, bien sûr, elle était mal à l’aise et l’homme assis face à elle s’en rendait compte. Il s’en excusa mais la chanteuse secoua la tête de gauche à droite, pour lui dire qu’il n’avait pas à s’excuser. Il n’avait fait qu’exposer la vérité.

C’est une autre vérité qu’elle lui dévoila. La vraie raison de son départ à Genosha, restant malgré tout évasive. Elle n’avait aucune envie de parler des émergés et de son sentiment à leur propos, la raison d’une culpabilité qui la dévorait. Cependant, dévoiler en partie ce qu’elle avait sur le cœur avait quelque chose de soulageant. Enfin, ça c’était avant qu’elle ne se pose une nouvelle question : n’allait-il pas lui en vouloir encore plus ? Parce qu’à bien y réfléchir, elle venait de lui dire qu’ils s’étaient séparés pour rien. Elle pensait aller mieux en partant et ce n’était pas le cas. Et merde. Elle était vraiment trop conne.

Pourtant, il n’en fit aucun commentaire. Soit il n’avait pas compris ce sous-entendu, soit cela n’avait pas d’importance à ses yeux. Ce qui l’intéressait, lui, c’était de savoir si elle en avait parlé à quelqu’un.

- Personne à part toi. Lui avoua-t-elle. Pas même à Paige et surtout pas mes sœurs.

Tiens, elle se demandait ce que ces dernières penseraient de ces retrouvailles.

- Et en parler à un psychologue c’est bien la dernière chose dont j’ai envie.

Se confier à un inconnu était quelque chose d’inconcevable pour Jodie, encore plus si c’était pour confier qu’on avait de la sympathie pour les émergés alors même qu’un d’entre eux avait tué sa belle-sœur et sa nièce. Non. C’était une mauvaise idée.

Ce fut ensuite au tour de Mok de lui avouer ce qu’il avait en tête. Elle apprit que c’était un mauvais jour pour lui, qu’il avait l’impression de stagner dans sa vie. Elle retrouvait dans ses propos les mêmes problèmes qu’il avait déjà à l’époque où ils sortaient ensemble : sa relation avec son père, son trouble dissociatif et son activité au sein d’un gang. Elle n’était pas étonnée qu’il ait des regrets à propos de ce dernier. Faire partie d’un gang n’était pas la meilleure idée du siècle même si elle n’avait jamais rien dit à ce sujet, surement parce qu’au final, c’était quelque chose qui l’avait attiré.

- Quel genre de choses ? demanda-t-elle avant de se souvenir qu’il n’avait plus à se confier à elle. Excuse-moi, je n’aurais pas dû poser cette question. C’était indiscret.

Bien qu’elle fût gênée par ce dernier échange, un sourire amusé s’installa sur ses lèvres quand Mok nota le ridicule de la situation. Oui, pour des retrouvailles, ils auraient pu faire mieux.

- Je crois bien qu’on était obligé de passer par la case malaise pour ces retrouvailles. Commença-t-elle avant d’ajouter : Mais je suis contente de te revoir. Vraiment.

Tout semble s'arrêter. Grand homme regarde par la fenêtre et n'entend presque plus le rire des clients enjoués. Il n'entend presque plus les verres teintés ni les éclats de voix qui sonnent à leurs côtés. Il est focalisé sur cette fenêtre, sur ces ombres camouflés qui passent sans s'arrêter, sur son trop plein de pensées qui le traversent et alors que Jodie demande à demi-mot s'il lui en veut, Grand homme baisse enfin la tête. Il soupire, ferme brièvement les paupières, n'écoute pas son coeur se serrer, laisse juste un fin sourire s'étirer car non. Il ne lui en veut pas. Il le sait. Il n'y arrive pas. Grand homme estime que la faute est des deux côtés et que c'est simplement le destin qui s'en est chargé. Un destin pervers, mauvais, de deux chemins différents empruntés sans qu'aucun finalement ne trouve la sérénité. Grand homme aimerait la rassurer. Lui dire qu'elle a tord. Que lui aussi n'est pas tout blanc dans cette affaire et que si elle était resté, elle aurait probablement mit sa vie en danger. Par rapport à son gang. Par rapport à Simon qui a pris sournoisement les rênes de son groupe apprécié. Grand homme a encore le souvenir de cette jeune femme torturée et même s'il a pu l'aider à s'enfuir, à s'échapper, il en garde la culpabilité. Parce qu'il n'a rien dit sur ces actes détestés. Un acte qui aurait pu toucher Jodie même si aujourd'hui, il n'a plus à s'en inquiéter.
- Non. Bien sur que non, je ne t'en veux pas. C'était peut-être mieux ainsi.

Car au moins, elle était en sécurité. Même si leur rupture lui a laissé une tristesse amère. Un vide immense qu'il n'a jamais pu vraiment combler. Grand homme hésite à la regarder, à plonger ses yeux dans les siens pour un contact jadis tant aimé. Ses doigts jouent avec son verre mais il ne le porte pas à ses lèvres. Il l'écoute simplement parler. Il en éprouve même une inquiétude dissimulée et ose enfin relever la tête à l'aveu claqué, qui ne le surprend pas tellement au final pour la connaître plus qu'il ne l'imaginait.
- Je comprend. Ce n'est pas toujours aussi simple d'en parler.

Grand homme a bien compris que leur rupture n'a pas eu l'effet escompté mais il n'en tient pas compte. Il n'est pas genre à blâmer. Il n'est pas genre à s'énerver et il estime ne pas être parfait lui aussi pour la juger. Il est simplement inquiet. Inquiet que ça n'a pas marché. Pour lui. Pour elle. L’ont-ils seulement mérité? A nouveau, un soupir s’échappe de la barrière de ses chairs et ses mains viennent à quitter la table pour se poser sur ses genoux pliés. Pour s'avancer légèrement, laissant son inquiétude s'exprimer :
- Je suis là si tu veux. Même si… même si on n'est plus ensemble. Même si tout est différent entre nous, je n'oublie pas ce qui nous liait avant. Tu pourras toujours compter sur moi Jodie. Je veux que tu le saches.

Qu'elle sache aussi que non. C'est une évidence. Il ne lui en veut pas. Il ne la blâme pas pour le reste. Après tout, ils ne sont que des âmes esseulées, blessées, soumis à leurs propres démons qu'ils apaisent à leur façon, leur image dessinée. Grand homme hésite à avancer sa main mais se retient néanmoins à le faire. Ce n'est pas approprié. Ce n'est plus comme avant. Il se contente de reculer, de regarder à nouveau par la fenêtre quand son propre état est murmuré, incluant une question qu'il n'est pas encore prêt à avouer. Pour une question qu'il n'est pas encore prêt à répondre, d'un acte meurtrier qui le blesse encore à ce jour. D'un acte qu'il accepte mais n'oublie pas la douleur infligée. D'une mort qu'il ne voulait pas donner. D'un être vile, détesté qui l'a manipulé. D'un trouble qui a tout faussé, brisé même s'il s'entête secrètement à ne pas rejeter. Pour avoir encore l'espoir d'être guéri, libéré même si en ce jour, tout se casse, s'effrite, le rend morose comme jamais.
- T'inquiète, ce n'est rien. Je ne peux pas encore t'en dis plus même si j'aimerai. Vraiment. Moi aussi je suis content de te voir. Même si je ne le montre pas forcément et pour ça j'en suis désolé. Faudra juste du temps pour nous deux de nous rehabituer. A notre présence respective. Tu penses qu'on pourra y arriver? De devenir au moins amis si le reste n'a pas suffit. C'est ce que j'aimerai. Je crois.

Ⓒslythbitch.

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Jodie & Mok

Elle l'observait attentivement, son cœur faisant des bonds à mesure que la peur jouait avec elle. Celle de l'avoir déçu ou qu'il n'ait plus que du ressentiment à son encontre. Dés qu'il baissait la tête, soupirait ou fermait les yeux pour réfléchir, Jodie ne savait plus sur quel pied danser. Et elle détestait ça. Elle n'était pas du genre à se prendre la tête aussi facilement lorsqu'elle était avec quelqu'un. Elle était elle-même et c'était à prendre ou à laisser. Alors pourquoi donc se mettait-elle dans tous ses états face à Mok? Pourquoi avait-il toujours une si grande importance pour elle alors même qu'il avait disparu de sa vie pendant une année entière? La chanteuse soupira à son tour. Cela ne pouvait plus continuer. Elle devait se reprendre avant qu'il ne la trouve étrange. Quoi qu'il advienne, elle ne pourrait qu'assumer ce qui était arrivé entre eux. Qu'elle ait peur du résultat n'y changerait rien. Alors, elle tenta de mettre en sourdine tous ces stupides questionnements qui la torturaient. Elle ne chercha pas non plus à savoir ce qu'il voulait dire par "c'était peut-être mieux ainsi". Ce qu'elle gardait en mémoire, c'est qu'il ne lui en voulait pas. Et cela suffisait à lui redonner de la bonne humeur.

Une bonne humeur qu'elle s'autorisa à montrer sur son visage aux nouvelles paroles de Mok. C'était réconfortant de savoir qu'il tenait toujours à elle, que quoi qu'il arrive, elle pourrait toujours compter sur lui. Elle avait eu besoin d'entendre ces paroles, elle s'en rendait compte maintenant. Elle comprenait que, peu importe le lien qui les unissait, elle voulait qu'il fasse partie de sa vie. De près ou de loin.

- Merci. le remercia-t-elle avec gratitude avant d'ajouter avec sincérité : Tu pourras toujours compter sur moi aussi.

A une autre époque, ils se seraient sûrement pris la main après un tel échange. Est-ce que lui aussi y pensait? Jodie ne pouvait le dire. Est-ce qu'elle aurait aimé qu'il lui prenne la main? Oui, elle s'en rendait compte. Le contact de sa peau lui manquait alors que ce grand géant qu'elle avait adoré se tenait devant elle. Peut-être qu'un jour, lorsqu'ils se seraient réhabitués à la présence de l'autre, ils pourraient au moins s'offrir une accolade, comme de vrais amis. Seulement, la question était de savoir s'ils parviendraient à le devenir. Jodie n'en était pas encore certaine. Cependant, tout comme Mok, elle désirait cette amitié.

- Je l'espère. Moi aussi j'aimerais qu'on soit amis. Mais si on veut y arriver on a intérêt à garder contact cette fois-ci, dit-elle avec une voix amusée.

Elle avait conscience que ce ne serait pas aussi facile. De quoi parleraient-ils? Oui, ils avaient des points en communs mais était-ce suffisant pour réellement former une amitié en arrivant à exclure de leurs esprits les sentiments qu'ils avaient eu l'un pour l'autre dans le passé? Il était facile de passer d'amis à amants mais l'inverse était beaucoup plus difficile. Et cela se prouvait puisque Jodie chercha un instant quoi ajouter maintenant que les choses importantes avaient été expliquées. Cela ne faisait même pas dix minutes qu'ils discutaient et déjà elle cherchait un nouveau sujet de conversation. Cela commençait très mal. Alors, sûrement parce qu'elle voulait adopter ce rôle de nouvelle amie qui lui avait été attribuée, elle posa la première question qui lui passait par la tête.

- Sinon t'as rencontré quelqu'un d'autre depuis?

Elle avait employé un ton détaché et plein de bonne humeur, comme s'il elle embrassait sans le moindre problème ce changement de statut entre eux. Comme si elle était parfaitement à l'aise avec cette situation. Un beau mensonge puisqu'elle regrettait déjà sa question. Et pour cause, elle n'était pas sûre de vouloir connaître la réponse. Car elle se rendait compte qu'elle était égoïste. Égoïste d'espérer qu'il n'avait pas trouver de nouvelle copine.

Oui. Grand homme hésite à lui prendre la main comme il le faisait avant leur rupture claqué. Rupture qu'ils ont pourtant décidé d'un commun accord. Il se retient néanmoins en ce souvenant que ce n'est plus approprié. C'est dur en vérité. Dur de réaliser que les choses ne sont plus celles aimé, espéré. Il ne lui en veut pas. C'est un fait avéré. Il ne le pourrait pas de toute façon. Ils avaient chacun leur raison. Raisons qui n'ont pas forcément abouti mais qui étaient probablement nécessaire à leur évolution. Un soupir s'échappe d'entre ses lèvres mais le sourire de Jodie tend étrangement à l'apaiser, à donner un peu de baume au cœur dans sa morosité. Cela lui avait manqué. Oui. Grand homme réalise que cela lui avait manqué, de voir ce visage s'illuminer. De voir ce sourire qui tendait toujours à le rendre de bonne humeur. Un propre sourire étire la barrière de ses chairs et il se perd quelques instants dans des souvenirs muets, préservés à ce jour dans son cœur meurtri, attristé, par tout ce que la vie lui imposait. Etat qu'il espère éphémère, passager. Etat qu'il refuse de s'ancrer pour en garder encore l'espoir murmuré.
- Je sais. Je n'en doute pas une seule seconde.

Oui. Souvenir d'une voix qu'il avait désiré. Souvenir d'une femme. Cette femme qui aujourd'hui tend à le soutenir à son tour. Qui l'avait attiré, attisé sa curiosité. Le son d'une guitare, une chanson susurrée. D'un même moment partagé, suivi par tant d'autres dessinés. Cœur serré. Grand homme se sent soudain mélancolique et son état actuel ne l'aide en rien à ne plus penser. Il veut y croire. Il veut croire à une possible amitié. A une possible solidarité et lien soudé. Il veut croire à tout ça mais es-ce vraiment possible désormais? Quand les souvenirs pallient sur leur relation brisé? Grand homme veut essayer. Leur retrouvaille est, certes, maladroite, légèrement crispé par cette absence marquée mais il veut tenter. Tenter d'être là comme lorsqu'ils étaient ensemble, soudés et passionnée. L'attirance laissé de côté. La possibilité de l'embrasser, de la serrer dans ses bras et laisser libre court à leur désir s'exprimer en moins pour ne plus être approprié, possible à ce lien déchiré. Oui. Grand homme sait que ça ne sera pas facile d'oublier. De garder ses distances à cette histoire marquée, ancré mais qui ne tente rien à rien. Il est sincère. Il est heureux lui aussi de la retrouver. Les mots de Jodie sonne à ses oreilles et un rire est lâché, creusant ses fossettes déjà marqués.
- Ouai. Ça serait mieux en effet. Mais ça devrait pouvoir s'arranger. Si on y met chacun du sien, il n'y a pas de raison qu'on n'y arrive pas. Tu n'es pas d'accord avec ça?

Grand homme se sent un peu plus léger. Finalement. Malgré la tension présente. Le sentiment d'être gêné et les souvenirs qui s'entremêlent à ces retrouvailles inespérées, cet échange lui fait un peu de bien. Il se sent un peu plus apaisé. Doucement, il porte son verre à ses lèvres mais manque de s'étouffer à la question posée qui tend à le raidir pour ne pas être prêt. Surpris par cette simple question qui le met mal à l'aise en vérité. Tant qu'il ne pensait pas avoir ce genre de conversation avec elle. Pour n'en garder encore que leur histoire échangée.
- Et bien…

Oui. Grand homme toussote. Grand homme a avaler de travers et sa gorge le brûle légèrement alors qu'il pose son verre, marque une pause, un silence à cette interrogation qui tend à le faire rougir derrière ses prunelles rabaissées. Il a bien eu des aventures, des femmes rencontrés mais aucune ne lui apportait ce que son ex petite amie lui avait apporté. Son dos se crispe et il se redresse, murmure maladroitement en regardant la fenêtre, fuyant d'une certaine manière le regard échangé d'une même appréhension éprouvé. Celle d'une autre personne partageant la vie de l'être aimé. Désiré. Réduit à une simple amitié dont aucun n'est vraiment prêt finalement à l'accepter.
- J'ai eu quelques aventures mais aucune n'a vraiment suscité mon intérêt. C'est peut-être affreux dit comme ça mais c'était beaucoup trop différent. Je veux dire. Ce n'était pas pareil. Enfin. Disons que je ne suis peut-être pas encore prêt à me lancer dans une nouvelle histoire sérieuse.

Un rire nerveux s'échappe de la barrière de ses chairs et sa main tend à se poser sur sa nuque. Son coude se pose sur la table et un même questionnement le traverse, le mettant dix fois plus mal à l'aise à la possibilité soudaine qu'un autre homme partage sa vie désormais. Possibilité qui tend à le rendre nerveux, un tantinet jaloux alors qu'il ne devrait pas avoir ce sentiment éprouvé.
- Et toi? Tu as trouvé. Quelqu'un qui partage ta vie actuellement? Je t'avoue que je n'arrive pas à croire qu'on a cette conversation. C'est tellement. Inattendu. J'espère en tout cas que si c'est le cas, ce chanceux ne te fera aucun mal et prendra soin de toi. Sinon gare à lui.

Ⓒslythbitch.

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Jodie & Mok

L’atmosphère s’était un peu détendue, l’air était moins lourd entre eux. Tous deux souriaient à présent et les yeux de Jodie s’attardèrent sur les fossettes de Mok. Elle sentit une douce euphorie l’envahir. A cette sensation, elle reposa son regard sur son verre, déstabilisée. Elle n’avait pas connu ce phénomène depuis longtemps. Depuis plus d’un an à vrai dire. Elle aimait voir apparaître un sourire sur un visage mais cela ne faisait pas naître en elle un sentiment de bonheur qui réchauffait son cœur. Du moins, cela n’arrivait pas quand il s’agissait d’une personne pour qui elle n’avait aucun sentiment. Le jour où elle avait compris qu’elle avait des sentiments pour Mok, c’était ce phénomène qui lui en avait fait prendre conscience. Il la rendait heureuse par un simple sourire, creusant des fossettes qu’elle avait eu envie d’embrasser. Elle aurait aimé que ce sentiment ne soit pas réapparu car il prouvait qu’elle était toujours attachée à lui et que ça ne ferait que compliquer leur nouvelle amitié. Mais elle voulait y croire elle aussi. Elle voulait croire qu’ils en étaient capables. Elle avait simplement besoin de s’habituer à le voir comme un ami. La douleur de la séparation finirait par la quitter et elle pourrait pleinement apprécier la présence du hacker à ses côtés, sans que leur relation passée ne soit un frein. Oui, elle voulait y croire. Elle savait que c’était possible. Ou peut-être essayait-elle de s’en convaincre.

- Si tu n’as pas changé ton numéro de téléphone, je promets de t’envoyer un sms dans les jours à venir. Répondit-elle en reposant son regard sur lui, préférant se concentrer sur ses yeux en amande plutôt que ses maudites fossettes. Et si tu me ghost, j’irai te chercher chez toi.

Elle plaisantait, bien sûr. Elle s’imaginait mal retourner chez lui alors même qu’elle y avait tant de souvenirs. Quand elle voulait échapper à la cohabitation parfois houleuse avec Harper, Jodie avait l’habitude de se rendre chez Mok, pouvant y rester plusieurs nuits d’affilée. La chanteuse ne s’était jamais installée avec un de ses exs mais certains jours il lui avait semblé qu’elle vivait avec le hacker, voyant l’appartement de ce dernier comme son deuxième "chez elle". Alors, y retourner semblait une mauvaise idée. Elle avait déjà du mal à couper le lien qui les avait unis, elle ne voulait pas imaginer les souvenirs qui remontraient à la surface si elle y posait pied, peu importe que l’idée soit tentante ou non. Et puis, peut-être s’était-il installé avec quelqu’un d’autre ? Une autre femme se réveillait peut-être tous les matins à côté de lui.

A cette pensée, Jodie détourna le regard, essayant de faire taire ce stupide sentiment de jalousie qu’elle n’avait en aucun cas le droit de ressentir. Pourtant, malgré ce sentiment qui la torturait, un sourire amusé arriva malgré tout à faire son chemin jusqu’à ses lèvres quand elle vit Mok manquer de s’étouffer à sa question.  

- Mince, j’aurais peut-être dû éviter c’est ça ? dit-elle en ne pouvant contenir un rire nerveux.

Mais il répondit à sa question malgré tout et le cœur de Jodie se serra lorsqu’elle apprit qu’il avait eu des aventures. Bien sûr qu’il en avait eu. Il avait tout pour lui et il aurait pu rendre heureuse n’importe quelle femme comme il l’avait fait pour elle. Mais le simple fait de l’imaginer embrasser une autre lui était désagréable et elle maudit pour la dixième fois son égoïsme. Égoïsme qui trouva contentement quand il lui apprit que ces relations brèves n’avaient pas été de la même intensité que celle qu’ils avaient eu tous les deux. Que ce n’était pas pareil. Cette information lui était à la fois douce et amère. Douce parce qu’elle savait qu’elle avait compté pour lui, et amère parce qu’ils avaient mis un terme à quelque chose de beau. Elle culpabilisait, se demandant si elle l’avait empêché de s’épanouir à nouveau. Elle ne laissa pourtant rien transparaître et reprit son rôle de l’amie enjouée en lançant une nouvelle blague :

- Difficile de passer après moi. On ne me détrône pas aussi facilement.

Blague de trop, sûrement. Ou bien qui n’aurait marché que bien plus tard, pas alors même qu’ils venaient de former une amitié fragile. Tout était trop frais dans leurs mémoires pour qu’ils puissent en rire avec détachement.

Jodie essaya de chasser un énième sentiment de culpabilité quand la question lui fut retournée. Elle avait presque honte d’avouer qu’elle avait vu d’autres personnes elle aussi, même si ça n’avait jamais été quelque chose de sérieux. Il y avait deux semaines encore, elle avait partagé sa nuit avec une amie à elle. Elle était libre, elle n’avait rien fait de mal, mais c’était malaisant d’avouer à Mok qu’elle avait été intime avec quelqu’un d’autre que lui. Alors, encore une fois, elle se cacha derrière son humour.

- Sinon tu lui enverras toute ta clique ? commença-t-elle avec un sourire amusé avant de répondre plus sérieusement : Et tu sais bien que je n’ai jamais vraiment été du genre à me caser. Tu étais une des rares exceptions. Alors non, personne. Des histoires de quelques heures seulement… ou moins.

L'atmosphère tend à être un peu moins crispé, embarrassant et lourd de regret. Grand homme arrive peu à peu à se détendre et les souvenirs remontent aux mots échangés avec cette femme - Jodie - qu’il n’a jamais réussi à oublier en fin de compte. Oui. Les souvenirs remontent, l’enivrent, se dessinent dans sa mémoire mais son cœur se serre néanmoins devant la véracité de leur rupture passé, ce qui lui donne un sentiment amer, attristé. Bien qu’il ne lui en a jamais voulu et qu’il ne compte pas lui en vouloir pour en éprouver aucune utilité. A quoi cela servirait? A rien. Une part de lui ne veut pas encore la perdre et c’est pourquoi, il lui fait la promesse d’être de nouveau là, près d’elle malgré une relation changée. Malgré une amitié bancale, nouvelle qu’ils comptent à deux créer, essayer. Même si cela va s’avérer difficile, il le sait. Elle le sait. Ils doivent au moins tenter. Ses dires lui font lâcher un ricanement et ses yeux s’abaissent quelques instants. Ses fossettes apparaissent. Grand homme se détend oui et son regard est moins voilé. Moins perdu dans ses pensées. Moins dévoré par un état affligé, accablé, consterné par plusieurs choses à la fois et la vérité que certaine chose ne pourront peut-être jamais changé. Il doit s’y faire. Ou plutôt, il doit continuer à espérer. A ne rien lâcher. il ne veut pas sombrer. Il ne le fera pas pour l’unique et bonne raison que cela ne fait pas partie de sa vrai personnalité. Celle qui tend souvent à s’effacer au profit de son trouble qui le rend fermé, insensible, différent malgré les émotions intérieures éprouvées.
- Intéressant. Je ne vais peut-être pas répondre finalement. Et non, je n’ai pas changé de numéro de portable. Je garde ta promesse en mémoire alors. A toi de ne pas me ghost sinon je risquerais moi aussi de rappliquer.

Oui. Grand homme se détend, se laisse bercer par des souvenirs ancrés. Des souvenirs qui glissent dans sa mémoire. Des souvenirs qui le rendent un peu ailleurs. Qui le rendait heureux autrefois. D’autres sentiments le traversent, le bouleversent et Grand homme porte doucement son verre à ses lèvres. Il ne s’attend pas néanmoins à la question posée. Il manque de s’étouffer. Sa gorge le brûle et il toussote l’air de rien. Ses joues viennent à s’empourprer. Non. Grand homme ne s’attendait pas du tout à ce genre de question. Il lui répond néanmoins avec la plus grande sincérité. D’aventures qui ne l’a jamais enivré. Qui ne l’a jamais transporté comme Jodie a pu le transporter par le passé. D’aventures sans lendemain, sans sentiment à la clé. La conversation est posée, lancée. La jalousie alors le foudroie, le fusille et la question est retournée. La possibilité que d’autres hommes l’effleure, suscite en lui des regrets, des appréhensions qu’il n’a pas le droit pourtant d’éprouver. Son cœur bat rapidement contre sa poitrine contractée et son regard se pose sur elle, s’ancre dans le sien, espérant secrètement que personne ne l’a vraiment remplacé. Il se sent un peu égoïste d’ainsi le souhaiter.
- A qui le dis-tu. Tu as mis la barre assez haute. La concurrence est difficile maintenant.

Sourire échangé mais vérité dévoilée. Grand homme prend une inspiration et soupir malgré lui, oui aux regrets qui tendent à l’encercler. Il ne sait pas vraiment ce que Jodie pense de tout ça. De leur histoire. De leur vécu. De leur amour qui a fini par se briser. La réponse attendue est murmurée et un ricanement léger traverse la barrière de ses chairs pincées à la mention de son gang qu’il pourrait appeler au nouveau petit ami claqué qu’inconsciemment il voudrait voir ramer.
- Tu n’as pas idée. Il va devoir subir un interrogatoire forcé. Hors de question que je le laisse tranquille tant qu’il ne m’a pas prouvé qu’il t’a mérité.

Son cœur se tend une fois de plus à se serrer. L’imaginer papillonner avec d’autres hommes le rend mal à l’aise, tendu de jalousie mais il tâche néanmoins de ne pas le montrer en portant à nouveau ses yeux vers la fenêtre pour lui cacher la contrariété éprouvée par la possibilité que d’autres personnes a pu la toucher, l’effleurer, l’embrasser. Non. Grand homme n’a pas le droit de lui faire une scène pour ne plus avoir cette position désormais. Pour ne plus être son petit ami attitré. Il doit faire avec. Il doit se museler et être plutôt content que - tout comme lui - elle ne s’est jamais reposée. Avec personne. Ce qui suscite tout de même en lui un sentiment de soulagement qu’il tend, oui, à dissimuler derrière un sourire étiré et léger.
- Je vois. L'exception qui confirme la règle. Décidément, on fait des piètres amants quand on y pense. Je me demande comment nous avons pu tenir un an ensemble. C’est un record à marquer. Tu penses qu’on arriverait un jour à retrouver chaussure à nos pieds? Enfin, changeons de sujet. Comment vont tes soeurs?

Ⓒslythbitch.

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Jodie & Mok

Jodie rigola à nouveau en entendant Mok lui dire que lui aussi rappliquerait chez elle si elle le ghostait. Elle se demanda un instant s’il le ferait réellement. Après tout, quand elle n’allait pas bien, elle avait tendance à s’isoler donc ghoster quelqu’un ne serait pas étonnant venant de sa part. Mais cela n’avait rien de drôle. Non, ce qui la faisait rire c’était d’imaginer la tête d’Harper si Mok se pointait subitement chez elles alors qu’elle n’avait pas entendu parler de lui depuis plus d’un an. La situation était bien trop drôle pour ne pas la partager avec le hacker.

- Me tente pas, j’aimerai bien voir la tête d’Harper si tu te pointais à l’improviste.

Clairement, Mok n’était pas dans le cœur des sœurs Selway. A vrai dire, aucun des exs ou flirts de Jodie n’étaient parvenus à être "approuvés" par Erica et Harper ou alors, celui ou celle qui était approuvé(e), disparaissait rapidement après. A croire que Jodie refusait de sortir avec quelqu’un qui était apprécié par sa famille. Elle avait même fini par croire qu’elle ne méritait pas ceux ou celles que ses sœurs approuvaient, qu’elle n’était pas elle-même avec eux. Pourtant, avec Mok, il y avait eu une dynamique différente et même plutôt surprenante. Pour une fois, Jodie avait réellement voulu que ses sœurs apprécient son petit-ami et sa frustration n’avait fait qu’accroître alors qu’elles refusaient de comprendre qu’il était un homme bon, n’ayant que ses activités en tête. Alors, Jodie avait fini par baisser les bras, préférant garder sa relation pour elle. Elle n’avait pas besoin de l’approbation de sa famille et de ses amis de toute manière. Ce n’était pas eux qui l’avaient rendu plus heureuse que jamais à cette période de sa vie.

- Tu vas le ou la faire fuir ! s’exclama-t-elle en riant de bon cœur, n’arrivant pas à faire marcher son imagination qui aurait pu lui présenter un futur partenaire encerclé par tout un gang et l’ex petit-ami au milieu de tout ce petit monde.

Elle n’était pas parvenue à s’imaginer en couple depuis longtemps. Même quand elle se sentait seule, elle n’imaginait pas ce que ça ferait d’avoir quelqu’un à ses côtés. Quelqu’un qui la prendrait dans ses bras pour une étreinte réconfortante ou pour un simple baiser sur les lèvres qui la ferait sourire. Bien sûr, ces petits moments de tendresse qu’elle avait partagé avec Mok lui manquaient. La vie de couple lui avait manqué. Mais elle gardait en tête cette déchirure qu’elle avait longtemps ressenti après la fin de cette histoire. Peut-être que ça ne valait pas le coup de souffrir autant.

Alors non, elle n’a eu aucune relation sérieuse depuis Mok et elle se demanda un instant ce qu’il en pensait, alors qu’il observait à nouveau ce qu’il se passait de l’autre côté de la fenêtre, comme dans son propre monde. Un monde auquel elle n’avait plus accès.

- D’autres diraient que c’est même surprenant qu’on ait tenu qu’une seule année, vu ce qu’on vient de dire. Répliqua-t-elle avec un sourire amusé même si elle avait le cœur lourd. Et pour être tout à fait honnête, depuis notre rupture, je n’ai pas ressenti le besoin d’être avec quelqu’un de la même manière qu’on l’a été tous les deux donc, pour ma part, je ne sais pas si je retrouverai un jour. Ou si j'en ai envie, surtout.

Heureusement, Mok décida de changer de sujet et Jodie accueillit ce changement avec un grand sourire. Il serait beaucoup plus facile d’être amis s’ils ne parlaient pas de leur vie amoureuse respective.

- Mes sœurs vont bien. Depuis que je suis revenue on n’a pas essayé de s'entre-tuer donc c’est une bonne chose. Cependant, ça risque de changer si elles apprennent que je suis en train de prendre un verre avec toi, avoua-t-elle en riant.

Mok était parfaitement au courant de ce que les sœurs Selway pensaient de lui, ça ne serait sûrement pas une surprise d’apprendre que leurs avis n’avaient très certainement pas changé.

Oui. La jalousie. Mok ne doit pas l’éprouver. Il ne doit pas la laisser l’envahir. Il n’en a plus le droit désormais. Alors pourquoi son coeur tend à se serrer? Alors pourquoi l’idée de l’imaginer avec un autre le tourmente autant dans sa poitrine contractée? Par ailleurs, il pourrait aussi l’imaginer avec une femme mais non. Seul un visage masculin lui vient à l’esprit. Il ne sait pas très bien pourquoi. La peur peut-être d’être remplacé? Surement. L’idée qu’on puisse la toucher, l’embrasser. L’idée qu’on puisse lui dire “je t’aime”. L’idée qu’elle puisse rire avec lui, être lié de complicité. Tout cela le met mal à l’aise et non. Il n’a pas le droit de l’éprouver. Il n’a pas le droit de ressentir un quelconque sentiment de jalousie pour n’être plus rien pour elle désormais. Enfin, pas comme avant. Pas comme un amant mais seulement un ami. Un ami, oui, qu’ils tendent à créer avec difficulté. Un sourire étire la barrière de ses chairs à la mention de sa sœur et cela a le don, un peu, de repousser ce sentiment amer qu’il tente vainement d’oublier.
- A coup sûr, elle me mettrait à la porte. Obligé d’établir un campement dans ton jardin jusqu’à ce qu’elle obtempère.

Oui. Rire. Essayer d’oublier ce qui le travaille. Jodie. Son père. Simon. Son trouble. Tenter de calmer le sentiment amer de ne plus rien contrôler. Ni sa vie, ni ses sentiments qui tendent à réapparaître contre son gré. Les sœurs de Jodie ne l’ont jamais porté dans leur cœur. Il le sait. Il a tenté pourtant de se faire une place dans la famille. Sans grand succès alors que le mot “gang” a amplement suffit à l'étiqueter. Il en a été attristé. Il n’a jamais renoncer cependant à Jodie et il l’a toujours soutenu, accueilli, quand des disputes avaient éclaté. Le temps d’avant. Le passé. Difficile de se dire que tout ça, c’est terminé. Quelque part, Harper et Erica doivent être plutôt heureuse, rassurée qu’ils ont fini par se séparer. Il ne peut pas leur en vouloir. Elles veulent probablement la protéger. Il le comprend. Surtout en sachant ce qu’il a fait. Ce qu’il tente d’oublier, de se pardonner, pour n’avoir jamais voulu tuer un ami, un allié et ce, même si oui, Simon est le seul vrai fautif à cet acte crée. Il essaye encore de s’en convaincre, de ne pas se laisser mordre par trop de culpabilité. Le gang, il l’a voulu, il l’a choisi. Il ne compte pas pour autant le quitter. Sean et Hailey sont là désormais et il ne compte en aucun cas reculer pour apprécier l’amitié que la solitude d’autant commençait à trop le peser. La conversation suit son cours et un ricanement est échappé.
- C’est tout le but de la manœuvre.

La manœuvre de faire fuir l’être aimé, désiré, remplacé qu’il a bien du mal, oui, à accepter. Il s’en veut de suite d’y penser, d’y songer. Jodie ne lui appartient pas. Elle n’est pas un objet. Elle a le droit de refaire sa vie et il n’a aucun droit, non, de l’en empêcher. C’est comme ça. Il doit l’accepter. Accepter le fait que leur histoire est finie, achevée. Son regard se perd au loin et un soupir est poussé. Un sourire plus attristé est dessiné. Un an, c’est long et c’est court à la fois et tout comme elle, il ne tient plus lui non plus à se caser. A recréer ce qu’ils ont perdu quand Jodie s’en est allé. Il s’en est vite rendu compte aux baisers échangés avec ces femmes dont il n’est jamais parvenu à aimer. Plus d’une nuit, plus d’un jour et instant partagé.
- C’est un peu la même pour moi. On verra bien, n’est-ce pas?

Mok ne veut pas dire le fond de ses pensées. Il ne veut pas exprimer la tristesse de leur rupture claquée, énoncée, brisée. Il ne veut pas se perdre dans son coeur déjà bien trop serré et il préfère alors changer de sujet, pour ne pas avoir à subir cette trop forte vérité, réalité, que non, il n’a jamais réussi à l’oublier. C’est un fait, une vérité dont il s’en rend compte à présent au fil des secondes écoulés. Les sœurs de Jodie sont énoncé. La discussion est dérivé et le hacker quitte la contemplation de la fenêtre pour reposer son regard sur Jodie qui cherche toujours autant à alléger ces retrouvailles inespérées.
- Il y a du progrès. Ma foi, tu n’es peut-être pas obligé de leur dire. Évitons de créer une nouvelle guerre ouverte. Je ne tiens pas à en être le responsable cette fois même si tu es toujours la bienvenue chez moi si un jour tu te retrouve à la porte ou que tu décide encore de t’enfuir plutôt. Je dormirai sur le canapé.

L’asiatique sait que ce n’est pas une bonne idée. Il sait que sa proposition ne pourra jamais être celle d’autant, quand leur vie était lié. Quand leur lit était partagé. Ils ne sont plus un couple. Ils ont déjà que trop de souvenirs ancrés. Mais il souhaite cependant être là si un jour, les choses tendent encore à dégénérer. Parce que oui. Il veut être là pour elle. Comme elle l’a été. Il ne pourra pas l’ignorer si elle a besoin de son aide où d’être hébergé.
- Elles ont prit comment notre rupture d’ailleurs? J’imagine qu’elles ont dû en être rassurée, non? Je comprendrais. Qui souhaiterait voir sa soeur avec un mauvais garçon qui a de drôle de fréquentation.

Ⓒslythbitch.

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Jodie & Mok

- J’ai hâte de voir la réaction des voisins, dit-elle en riant de bon cœur en imaginant Mok camper dans le jardin de l’immeuble. Peut-être que je devrais faire ça la prochaine fois que je croise le copain d’Harper, le jeter dehors. Le peu de fois où je le croise, je rêve de le voir disparaître.

Oui parce que l’aversion pour les petits-copains ne venaient pas seulement de Harper et Erica. Jodie en avait elle-même contre Colin depuis plusieurs années déjà. Au début il avait paru sympa et elle se fichait bien de sa présence, qu’elle ait pensé que sa petite sœur méritait quelqu’un de mieux ou non. Mais elle ne pouvait plus encadrer cet homme qui prenait bien soin de croiser les sœurs Selway le moins possible. Avec un peu de chance, il finirait peut-être par quitter leurs vies. Jodie l’avait déjà bien assez supporté comme beau-frère.

- Tu veux pas lui envoyer tes potes par hasard ? lança-t-elle sur le ton de la plaisanterie. Parce que si tu veux me garder pour toi, ok, mais va falloir donner quelque chose en échange.

Est-ce qu’elle avait vraiment dit ça ? Merde. Merde. Et merde.

- Laisse-moi reformuler la chose : si tu veux que je finisse seule, ok, mais il va falloir donner quelque chose en échange. Mieux, non ?

Elle essayait d’agir comme si elle n’était pas soudainement mal à l’aise mais elle avait envie de se terrer dans un coin sombre et dépourvu de toute autre humanité. Elle se doutait bien de quoi cet échange aurait l’air et elle savait aussi qu’elle serait morte d’embarras longtemps encore après ce lapsus, révélant sans le vouloir comment elle aurait aimé interpréter les paroles de Mok qui voulait faire fuir tout potentiel partenaire de vie. Dieu, ce qu’elle était stupide. L’amitié commençait très mal entre eux si elle lançait des paroles qui ressemblaient à s’y méprendre à de la drague.

Cependant, il y avait du progrès. Du moins du côté de Mok qui lui assurait qu’elle serait toujours la bienvenue chez lui en cas de soucis ou simplement ces nuits où qu’elle quittait l’appartement de manière théâtrale après une dispute. Parfois, c’était trop lourd de rester sous le même toit alors qu’on voulait réfléchir à la situation. Alors Jodie avait pris l’habitude de s’aventurer à l’extérieur, rejoignant des bars pour prendre un verre en toute tranquillité. Puis Mok était arrivé et elle avait pris l’habitude de se réfugier chez lui parce que son appartement était synonyme de bonheur et tranquillité aux yeux de la chanteuse. C’était rassurant de savoir qu’elle pouvait toujours y retourner en cas de besoin. Elle n’était pas sûre de réellement céder à la tentation pourtant, maintenant qu’elle n’était plus qu’une amie. Ce serait sûrement trop douloureux.

- Crois-moi, elles n’entendront pas parler de toi. Je ne voudrais pas t’attirer des problèmes. Et tu crois vraiment que je te laisserais dormir sur ton propre canapé ? Tu rêves. Lança-t-elle, un sourire aux lèvres, avant d’ajouter sur une note sincère : Merci, en tout cas.

Un nouveau sourire étira ses lèvres quand Mok lui demanda ce que ses sœurs avaient pensé de leur rupture. Elle souriait car elle avait toujours préféré ne pas prendre les choses au sérieux mais ces souvenirs n’étaient pas agréables en réalité et la frustraient encore à ce jour. Elle se redressa sur sa chaise, porta son verre à ses lèvres et dit avec une fausse bonne humeur :

- Erica était satisfaite de te savoir loin et Harper a dit, je cite : "Tant mieux !"

Autant dire que ces paroles n’avaient en rien aidé son cœur meurtri et n’avaient qu’ajouter à l’impatience de Jodie de partir en tournée pour s’éloigner de tout et tout le monde.

- Et ne dis pas que tu es un mauvais garçon. Oui tu as sûrement des mauvaises fréquentations mais mes sœurs et moi aussi. Tu restes l’homme le plus gentil que j’ai jamais rencontré, tu sais ? Vraiment.

Et elle craignait déjà le moment où elle dira au revoir à cet homme qu'elle venait seulement de retrouver.

Être des amis. S'efforcer à l'être malgré les souvenirs gravés au fond de son coeur. S'efforcer à l'accepter malgré le flot de sentiment éprouvé dès lors. Grand homme n'aurait jamais cru ressentir tout ça de premier abord. Il n'aurait jamais cru ressentir la douleur de leur séparation. La vivacité des souvenirs retrouvés. L'ambiguïté d'une jalousie latente sans en avoir le droit de l'éprouver. Tout cela est perturbant dans un sens. Grand homme, oui, tâche de se ressaisir et son rire tend à s'écouler, glisser dans ce bar bondé. Il sourit, laissant ses deux fossettes se dessiner à l'image créé par Jodie sur le copain de sa soeur non apprécié. Décidément. Oui. L'atmosphère tend à se détendre. Du moins, quelques instant. Sa voix rauque glisse avec légèreté mais son regard reste ancré. A ces dernières paroles prononcées. A ces mots inconscients qu'il ne peut ignorer malgré la rupture passée d'un amour que tous deux a dû arrêter. Mettre un terme à ce lien soudé.
- Tu sais que je ne peux rien te refuser. Si c'est le prix à payer alors tu peux compter sur moi.

Non. Non, Grand homme n'aurait pas dû répondre. Il n'aurait pas dû rentrer dans son jeu. Un jeu, oui, inconscient et involontaire alors que la belle reformule presque instantanément sa demande soufflée. Grand homme sent son coeur s'accélérer. Il recule légèrement et un sourire plus attristé étire ses lèvres à la vérité claquée. D'une barrière crée entre leurs deux êtres retrouvés.
- Beaucoup mieux, oui. Il ne faudrait pas qu'il y est ambiguïté.

Pour leur bien à tous les deux. Oui. Être des amis. Ils doivent s'y efforcer. Ils doivent pour ça, commencer à oublier le passé. Son regard dérive sur la fenêtre et ses yeux se perdent sur la vitre floutée. Grand homme se perd dans ses pensées et la conversation suit son cours, son chemin déroulé à ces minutes écoulées. La proposition d'ouvrir ses portes est susurrer. Un nouveau sourire traverse la barrière de ses chairs à son refus de le laisser dormir sur le canapé. Comme il aurait dû s'en douter. Il n'est pas sans se rappeler ces nombreuses fois où elle le rejoignait, dormant contre lui jusqu'au petit matin écoulé.
- Tu n'as pas à me remercier. Je suis ton ami non? Ne l'oublie pas.

Grand homme ne doit pas non plus l'oublier. C'est pour ça qu'il ne dit rien sur le sujet du canapé. Il sait en son fond intérieur que ça serait mieux comme ça, pour ne pas faire de bêtise inavouée. Pour ne pas ressentir le désir de la rejoindre durant la nuit étirée. Presque aussitôt, Grand homme cherche à dériver la conversation sur autre chose et il baisse le menton. À l'aveu dévoilé, de deux soeurs qui font tout pour la protéger. La préserver de ses choix créés. De sa réputation gravée. D'un groupe qu'il a rejoint de son plein gré. D'une vie qu'il a choisi pour ne plus être seul. Jamais. Ne supportant plus l'indifférence et l'absence de son père depuis déjà tellement d'année.
- Je n'en suis pas étonné.

Non. Grand homme ne l'est pas. Il n'est pas surpris que ces soeurs ont plutôt bien reçu leur rupture passée. Il ne leur en veut pas. Il sait qu'elles ont raison sur ses choix, sur sa vie de gangster qu'il n'a jamais pensé à fuir, même au meurtre créé. Contre sa volonté. Même quand Simon, a fait de son trouble un enfer marqué. Une soumission titillée. Une prison qu'il n'a pas cherché pourtant à briser.
- Pourtant parfois je tend à le croire moi aussi. Elles ont peut-être raison dans un sens. J'aurai fini par te mettre en danger.

Son sourire disparaît. Son coeur se serre et Grand homme souffle presque ces derniers mots aux souvenirs claqué de son camarade qu'il n'a pas pu sauver. Comme cette jeune femme brutalisé qu'il a pu au moins permettre de s'échapper. Seule prix de consolation à ses regrets. Le regret d'avoir suivi cet homme durant plusieurs mois écoulés. Oui. Sa poitrine se crispe. La tristesse, à nouveau l'envahit. Son regard s'abaisse et ses sourcils se froncent sur son front plissé comme pour se reprendre à cet état de désolation, de culpabilité, de tristesse qu'il ne fait que s'accroître à ce jour dans son coeur blessé.
- Désolé. Oublie ce que je viens de dire. De toute façon, c'est du passé. Tu veux quelque chose d'autre? Un café? Je te l'offre.

Ⓒslythbitch.

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Jodie & Mok

Tout était beaucoup trop confus. Un instant Jodie croyait une amitié possible entre eux et l'instant d'après elle faisait une erreur qui les perturbaient. Mok était entré dans son jeu et, elle n'en était plus surprise, un mince espoir avait pris forme en elle. Espoir vite réduit à néant quand elle n'avait pu s'empêcher de reformuler sa phrase approuvée ensuite par l'homme, ce dernier ajoutant qu'il ne faudrait pas qu'il y ait d'ambiguïté entre eux. Oui, il avait raison. Mais la chanteuse ne pouvait s'empêcher d'être déçue d'entendre ça et c'est là qu'elle comprit qu'elle devait sérieusement prendre peur. Si elle commençait déjà à faire attention aux moindres signes en présence de Mok et que ses émotions refusaient de lui accorder du répit, alors oui. Cette amitié commençait très mal.

La gêne s'installait de plus en plus chez Jodie qui détourna un instant le regard pour le poser sur l'extérieur, essayant de remettre de l'ordre dans ses idées et surtout dans ses émotions. Elle n'avait pas le droit d'être déçue ou d'attendre quoi que ce soit. Néanmoins, elle se rendait compte qu'elle avait du mal à l'accepter et son état ne s'arrangea pas quand elle entendit "Je suis ton ami non?". Non, il ne l'était pas. Pas vraiment. "Ne l'oublie pas." L'oublier, non. Vouloir l'ignorer? Oui.

Jodie faisait semblant pourtant. Elle agissait comme si tout allait bien. Souriant lorsqu'il le fallait pour donner l'image d'une femme qui n'était pas la victime d'un combat intérieur entre sa raison et ses sentiments. Mais voilà la vérité, même si elle avait craint le moment où il lui faudrait s'éloigner de Mok ce jour-là, elle savait que c'était nécessaire. Elle savait que bientôt, il lui faudrait fuir pour mettre fin à ce tourment qu'elle n'arrivait plus à chasser. Elle avait essayé depuis le début de cette conversation mais trop de choses enfouies remontaient à la surface et elle ne savait plus quoi faire. Elle perdait ses moyens. Cela ne ferait qu'empirer si elle restait en présence de Mok.

"Oublie ce que je viens dire." Encore de nouvelles choses qu'ils ne pouvaient plus partager et qui traçaient plus visiblement encore ce faussé qui s'était creusé entre eux. Nouvelle déception. Oui, Jodie devait partir. Ces retrouvailles avaient assez duré. Mok lui offrit une porte de sortie et aussitôt, la chanteuse trouva une excuse pour s'éclipser.

- Ça aurait été avec plaisir mais Paige m'attend ailleurs. lui dit-elle en se levant de sa chaise. Ça m'a fait plaisir de te revoir en tout cas. Prend soin de toi d'accord?

Venait alors une question qu’elle ne s’était pas posée jusqu’ici. Comment devait-elle lui dire au revoir ? S’en aller tout simplement ? Ou bien, puisqu’ils étaient "amis", se faire une accolade ? Elle hésita un instant avant de s’approcher de lui, pas bien sûre si elle le faisait pour respecter le nouveau statut de leur relation ou parce qu’elle avait envie de le toucher. Elle lui fit une petite accolade et elle crut le sentir frissonner entre ses bras. Elle décida que son cerveau lui jouait des tours. Cependant, quand elle sentit la main hésitante de Mok lui frotter légèrement le bas du dos, c’est elle qui ressentie des frissons. Et merde.

Ils s’éloignèrent sans doute trop brusquement, gênés, mais aucun ne fit de commentaire. Jodie lui accorda un dernier sourire et sortit du bar, soulagée et ébranlée.