There is a bomb in that airport and sadly, it isn't your butt

Jessica & Luke

The sun may never rise again ; The question ain't if but when ; The sea will mourn, the sky will fall ; The sun may never rise again ; The silent war has begun ; We're staring down loaded gun ; No refuge found no solid ground ; Assuming race can't be won ; Don't wait to say goodbye, you're running out of time ; Whatever you believe, it's easy to see | Ticking Bomb - Aloe Blacc

Coincé dans une queue interminable, le pompier prêt à faire partir ses bagages loin de Genosha est souriant. En dépit de l’attente qui ne semble pas prête de se terminer, en dépit des ronchonnements de ces inconnus qui bloquent son couple à son actuelle position, sans bouger d’un millimètre en dix minutes, Luke Cage-Jones est présentement heureux.  C’est un homme comblé, dont la flamme amoureuse est constamment ravivée par la présence de sa femme à ses côtés. Jessica Jones, voilà ce petit bout qui le complète, qui est entré dans sa vie tel un raz-de-marée dans lequel il se jette avec plaisir chaque jour un peu plus. Et malgré les soupirs de celle-ci, qui ne cachent pas son impatience, il sourit, Cage. Béatement, car il a tout ce qu’il souhaite dans sa vie. Une épouse qu’il aime plus que tout, un métier qui le passionne, leur chez-soi qui leur permet de se retrouver tous les soirs et de se prouver à quel point ils s’aiment à longueur de temps. Bon, à ceci près que ces dernières semaines, ils ont plus eu l’impression de se croiser que de vraiment se réunir après leurs journées intensives de boulot. Luke sait bien qu’il a cette tendance à se plonger un peu trop, corps et âme, dans ce travail qui accapare tout son temps. Il joue avec le feu, littéralement, tout autant que cette merveilleuse femme qui passe son temps à coffrer les criminels pour le bien de leur île chérie. Quoi qu’elle soit moins appréciée, Genosha, depuis que la tempête a tout dévasté, et a manqué de les faire se perdre tous les deux. Si le soldat du feu s’est remis de ses blessures, mais affiche une vilaine cicatrice du fait d’avoir été transpercée par une foutue branche, il sait aussi que ce jour-là, il aurait pu ne plus jamais revoir Jessica. Trop occupée qu’elle était à sauver tout un petit monde de la situation, se retranchant dans un bâtiment qui aurait pu la piéger par une grave inondation. Et ça, Luke ne l’aurait pas supporté. Oh non, il n’aurait pu vivre sans Jess avec lui, c’est tout bonnement inconcevable.

En soupirant d’aise alors, il réagit au mouvement entamé par la concernée, qui lie ses doigts aux siens. Il lui adresse un regard enveloppé d’un amour à jamais éternel, et agrandit son rictus, tel un grand dadais un peu trop fier de sa situation. Oui, après tout ça, ces vacances méritées leur feront du bien. Ils ont tout prévu, tout réservé : transport, hôtel, avec une bonne suite histoire d’en profiter jusqu’au bout, activités qu’ils feront si jamais ils ne manifestent pas une flemmagite aiguë, bref, tout. Et Luke, bien que sage sur le moment, a hâte de se retrouver dans l’avion et de murmurer à l’oreille de sa femme qu’ils s’en vont enfin, pour n’être que tous les deux, et rien que tous les deux. Plus de métiers prenants pour quelques jours, plus de catastrophes ambulantes, juste des congés qu’ils vont devoir savourer jusqu’à la dernière goutte. Lorsqu’ils parviendront à s’enregistrer, du moins, première étape qui ne semble pas prête de se réaliser. Une chance qu’ils soient venus bien avant l’heure règlementaire indiquée pour embarquer. Accompagnant sa répartie d’un baiser sur le front de son épouse, l’homme propose en rigolant : « Tu veux feindre un malaise ? Cela pourrait motiver ces braves gens à s’écarter pour nous laisser passer en premier. » Il plaisante bien sûr, encore que ce ne serait pas de refus. Mais bon, vu leur ligne de métiers, ce serait un peu ironique d’abuser de la bonne volonté de parfaits étrangers. En soupirant, il resserre sa prise sur la main de Jess, la rassurant doucement : « T’en fais pas, on a tout notre temps. Notre vol n’est pas tout de suite, on aura l’occasion de se rattraper. » Encore qu’il n’imagine pas que le temps, en réalité, est compté. Loin de là, même.

Les minutes s’écoulent, encore, de plus en plus lentement. La sueur perle même sur le front du grand homme qui commence à souffler, alors que la file paraît désormais figée. Pourtant, d’un autre côté, Cage a l’impression que ça s’agite tout autour d’eux, à côté des autres guichets qui n’avancent pas plus vite non plus. Il y a monde fou qui ne cesse de bouger dans le centre de l’aéroport, bien qu’ils n’aient pas encore atteints l’autre côté, ce sésame qui permet à chacun de patienter dignement en attendant leur embarquement. De par sa haute taille, Luke a ainsi une vision plutôt élargie de cette moitié d’aéroport accessible, et il commence à froncer les sourcils quand certaines personnes sont aperçues en train de zigzaguer. Est-ce lui ou bien ces gens fuient-ils un endroit précis sans pour autant le signaler ? Se rabaissant, et s’excusant par avance auprès de sa bien-aimée, il chuchote discrètement, guidant du bout des doigts la zone remarquée : « T’as vu ? On dirait qu’il y a quelque chose là-bas, tu ne crois pas ? » Il pointe ce manque de jugeote constaté, ces inconnus qui font le tour d’une petite rangée de siège, qui dérivent à des mètres de l’endroit en question. Certains sont, de toute évidence, arrivés extrêmement tôt pour leur vol et ont du temps à tuer, à simplement attendre, mais ils ne daignent même pas s’asseoir alors qu’il y a sûrement des heures à laisser filer. Le personnel de l’aéroport n’a pas forcément de raison de passer précisément à côté de cette pièce délimitée, ce qui peut justifier leur absence, mais tout de même, il y a quelque chose de pas net à ce qu’elle soit évidée ainsi. Et puis soudain, Luke capte de loin une silhouette se rapprocher vers l’arrière des sièges, comme s’il allait s’abaisser pour ramasser quelque chose. Et alors, le pompier croit comprendre ce qu’il risque d’être bientôt déclaré : « Holeee christm… ».

Ⓒslytbitch.