There's a grain of truth in every fairytail

Kitty et Cindy

Je klaxonne à la voiture devant moi qui ne bouge toujours pas alors que la lumière vient de tourner au vert. Mes doigts serrent le volant pour m’empêcher de crier ma façon de penser à l’abruti qui va me mettre en retard. Lâche ton putain de cellulaire bordel! Je vois bien que ta tête en penchée. Je pèse à nouveau sur le klaxon alors que je suis suivie par d’autres bruits sonores provenant des chauffeurs derrière moi qui s’impatientent à leur tour. La voiture se met finalement en marche et je pousse un soupir. Je déteste être en retard, mais je n’avais pas prévu de faire des heures supplémentaires aujourd’hui. Comme on tourne présentement en effectif réduit dans ma section, j’essaie de rester un peu plus longtemps après chaque quart de travail pour pallier au manque. Il n’y a même pas de lieutenant, vous imaginez! Mais, je ne vais pas continuer longtemps comme ça. Je suis allée voir le commandant en second du Shield pour aller lui dire ma façon de penser. Il m’a avoué qu’un nouveau lieutenant allait prendre position dans les prochains jours et qu’il n’y a que quelques trucs à régler avant qu’il n’entrer en fonction. Heureusement, parce que je commence à être bien fatiguée de la situation. J’ai l’impression de passer ma vie au Shield depuis des mois. Je ne sais même plus c’est quand la dernière fois que je suis allée prendre un verre dans un bar ou que je suis allée au cinéma. Puis pour ajouter à ça, ma colocataire a décidé de partir pour habiter avec son copain. Elle était gentille, mais entendre leurs ébats ne va pas me manquer. Comme je ne peux pas payer seule le loyer, je dois absolument trouver quelqu’un d’autre rapidement. Parce que, ah oui, le propriétaire ne veut pas s’en charger. D’un côté, tant mieux, je peux choisir la personne avec qui je vais vivre et ne pas me retrouver avec une vieille femme qui a perdu l’usage d’un œil, ou d’un étudiant accro à la cigarette et aux poèmes ou pire d’un tueur en série qui joue bien son jeu. De l’autre, bah, j’ai pas que ça à faire! J’ai tout de même écrit une petite annonce que j’ai envoyé un peu partout. À ma grande surprise, j’ai reçu cinq réponses dans les deux premières heures suivant sa publication. J’avoue que l’emplacement est vraiment pratique et calme, le prix convenable et l’appartement sans être super class, a son charme. On peut très bien y vivre et y être confortable.

J’arrive finalement à mon immeuble. J’ai donné rendez-vous à la première candidate au café en face du bâtiment. Comme ça si ça clique, je vais pouvoir lui montrer tout de suite les lieux et régler le tout rapidement pour passer à autre chose. J’enlève mon uniforme et je prends une douche rapide. Je mets un jeans troué aux genoux et un t-shirt simple de couleur rouge. J’enfile ensuite une veste à capuche rouge. J’attache mes cheveux en une queue de cheval bien serrée. Je passe en revue l’appartement et ramasse ce qui traine. Hier soir, j’ai passé au moins deux heures à nettoyer la chambre de Stella pour qu’elle soit présentable pour un nouveau coloc. Je crois que je l’ai jamais vu passer un coup de balai. Ça aussi ça ne va pas me manquer, son désordre. Je ne suis pas une maniaque de la propreté, mais j’aime quand il y a un semblant d’ordre et peu de poussière. Je souffle en observant les lieux. C’est pas si mal. Ça ne la fera pas déguerpir au premier coup d’œil, même si ça peut être mieux, c’est sûr. Je regarde l’heure sur le micro-ondes et je jure en coréen. Les seuls mots que j’ai pris la peine d’apprendre provenant de mes origines. J’enfile un manteau et je me dirige vers le café les mains dans les poches en pestant contre la température merdique. Il faut vraiment que je mette de côté ma mauvaise humeur dû à mon manque de sommeil. Je ne veux pas lui faire peur, surtout qu’elle avait l’air plutôt sympa. Quoi que c’est difficile à dire par courriel.

Je pousse la porte et je regarde autour de moi, je n’ai pas eu l’idée de regarder à quoi elle pouvait bien ressembler. C’est bien à ça que ça sert les réseaux sociaux, non? Heureusement, elle semble avoir été plus maligne que moi. Une jeune fille aux cheveux bruns et au visage enfantin me salue d’un grand signe de la main. Je la salue en retour, affichant un sourire amical sur mon visage. "Salut! Oui, c’est ça. Enchantée Kitty!" Elle semble très enthousiaste et ça me fait super plaisir. "C’est une super idée de se rencontrer avant. On sait jamais sur qui on peut tomber! " Je souris. C’est la seule des cinq réponses à avoir proposé la chose. Je peux vous dire qu’elle part avec une longueur d’avance. "Juste un café. Et c’est moi qui t’invite. " Je lui tends un billet de vingt pour qu’elle puisse aller passer la commande. L’idée qu’elle prenne l’argent et qu’elle se sauve me traverse l’esprit, mais je lui fais confiance, elle n'a pas l'air d'avoir une once de méchanceté en elle. Je l’observe au loin, le menton accoté sur ma main. Je la sens nerveuse, mais c’est tout à fait normal. Surtout quand c’est la première fois qu’on vole de ses propres ailes. Elle revient avec les boissons et je la remercie. "Alors, parles-moi de toi! J’ai l’impression d’être dans un speed dating avec ma question vaseuse, mais c’est la meilleure façon d’en apprendre rapidement sur une personne sans poser mille questions à la chaîne.

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Kitty et Cindy

Je ne sais pas ce que va donner cette rencontre, mais je suis contente de le faire. Ça sera plus amusant que de s’en tenir à une simple visite des lieux ou à une feuille de papier. Sans de contact direct avec la personne. On va vraiment voir si ça colle entre nous. Non pas que ce soit vraiment important, mais j’ai envie de partager l’appartement avec une personne avec laquelle je m’entends bien. Quelqu’un avec qui je pourrais discuter de tout et de rien, ou à qui je pourrai me plaindre le soir après le boulot. Une personne avec qui regarder la télé en partageant un popcorn. Pas juste quelqu’un que je croise rapidement, que je salue avant qu’on se rende chacun dans notre chambre. Je suis une personne plutôt solitaire, mais j’aime bien la compagnie des autres. Et puis, il faut bien utiliser la table à manger et les canapés. Ils sont presque neufs tellement ils n’ont pas servie.

Le premier contact est bon. Je la sens fébrile et elle me semble très amicale, très vive. Peut-être un peu trop pour moi, mais peut-être que c’est la nervosité qui la rend un peu plus agitée, mais ce n’est qu’un détail. Lorsqu’elle me propose quelque chose à boire, je ne réfléchis pas et je sors un billet que je lui tends pour l’inviter. Je ne sais pas trop qui doit payer dans de telles circonstances. Elle qui doit m’impressionner pour obtenir la chambre ou moi qui doit faire bonne figure pour qu’elle veuille être ma colocataire? Je la vois qui hésite une demi-seconde avant de se diriger vers le comptoir de commande. Ça me laisse le temps de l’observer et de penser à ce que je pourrais lui demander qui pourrait être utile. Je ne veux pas que ça ressemble à une entrevue. Je ne veux pas être chiante. Je veux que ça soit une conversation fluide. Ne rien forcer, juste pour apprendre à se connaitre. C’est tout de même spécial comme situation et j’avoue que j’ai du mal à me mettre confortable, même si Kitty ne semble pas être très compliquée comme fille. Ce genre d’exercice est tout nouveau pour nous deux. Aussi bien se lancer et tant pis si c’est bizarre. C’est en discutant qu’on va se mettre à l’aise. Ou pas.

Kitty revient avec nos boissons. Elle est concentrée sur son cabaret et j’arrive à deviner que c’est probablement une habituée des maladresses et ça me fait sourire. On dirait que je ne suis pas surprise. Je ne saurais dire pourquoi, mais la façon dont elle se tient, son sourire franc, ses yeux brillants, ses mouvements vifs, son excitation à peine dissimulée donnent déjà une bonne impression sur le type de fille qu’elle est. Mais bon, ce n’est que des suppositions et je devrais arrêter d’en faire pour ne pas être déçue au final. Elle dépose ma tasse devant moi et je la remercie avec un sourire. Et là je me lance et je lui demande de me parler d’elle comme si on s’était rencontrée sur un site de rencontre. Elle joue le jeu sans hésiter. J’ouvre les yeux lorsqu’elle me dit qu’elle travaille en astrophysique chez Stark Industries. Je ne m’attendais pas à ça. Pas qu’elle a l’air stupide ou quoi que ce soit, juste que c’est pas commun de rencontrer quelqu’un qui a étudié dans ce domaine. C’est super impressionnant et je ne peux cacher mon admiration. Elle me raconte ensuite la raison de vouloir partir de chez elle et j’hoche la tête en prenant ma tasse à deux mains pour prendre une gorgée de café. Stark Industries est deux pâtés de maison, elle va pouvoir y aller à pieds. Puis, elle y va de petits trucs en rafale qui me collent un sourire au visage. Je ne suis pas du genre à croire à ces trucs du Destin débiles, mais lorsqu’elle dit qu’elle aime l’astronomie, alors que mon nom de famille c’est Moon et que mon prénom veut aussi dire lune, ça me fait bien rigoler à l’intérieur. Je la sens qui s’emballe, mais qui se retient à la fois. Elle a peur de dire des choses qui pourraient me déplaire. Comme si j’étais une mamie qui n’aimait pas le bruit, la musique et les fêtes. J’ai que vingt-six ans pourtant! Elle me retourne la question et c’est de bonne guerre. "Cindy et j’ai vingt-six ans aussi! Je travaille au Shield pour la section anti-terrorisme. J’aime beaucoup mon boulot et je m’y donne à fond, même si c’est très demandant. Mes parents ne sont pas au pays et je suis autonome et indépendante depuis que j’ai dix-huit ans." Je mens sur la question des parents. Je ne me sens pas prête à lui révéler qu’ils ont disparu et que je suis à leur recherche. Je ne mentionne pas mon frère, de toute façon, je n’aurais rien à raconter. Ça fait une éternité que je ne l’ai pas vu. Ma famille est une énigme pour moi et elle n’a pas à le savoir. Je ne veux pas qu’elle me pose de questions sur eux. Alors, je lui raconte ce que je dis à tout le monde, ils ne sont pas à Génosha. "J’aime les arts martiaux et je m’entraine plusieurs fois par semaine. J’aime aussi sortir prendre une bière, faire la fête. J’aime profiter de la vie quoi! Je peux avoir un sale caractère, t’es avertie. "Je pouffe de rire. Au moins, je le sais et je m’en cache pas. "Je suis une merde en cuisine et je commande de la pizza au moins quatre fois par semaine." Tellement que la pizzeria connait déjà ma commande dès qu’elle voit mon numéro sur l’afficheur. Sinon, j’aime jouer à Pokémon Go et je n’ai pas honte du tout! J’éclate de rire. Je pense que ça fait le tour. J’aime pas trop parler de moi. "Voilà. On a brisé la glace! Yay!" Je lui souris et trempe à nouveau mes lèvres dans le liquide noir. "Tu as des questions sur l’appart sinon? T’sais, je ne suis pas hyper stricte. Comme tu dis, le respect est important, mais ça reste que si tu prends l’appart’, tu seras chez toi. Tu n’as pas à me demander la permission pour rien. Je ne suis pas la proprio. " Loin de moi l’idée de vouloir la priver de quoi que ce soit. Je ne veux pas qu’elle croit que je suis la patronne de la place. Je veux juste qu’elle se sente chez elle.

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