Je suis né et ai grandis à New York, ville où je suis resté tout au long de ma vie sans presque jamais en sortir. Elevé par deux parents chirurgiens et mutants, je fus très vite rejoint par mon frère, deux ans plus jeune que moi. Alternant entre la garderie de l'hôpital et la nounou, mes parents n'avaient que très peu de temps à nous consacrer, choisissant leur métier la plupart du temps. C'est à douze ans que mes dons se sont manifestés pour la première fois et que je me suis enfin affirmé. Toujours seul dans mon coin, avare de paroles, allez savoir pourquoi la découverte de mes dons a changé tout ça. Peut-être que ça m'a fais me sentir supérieur aux autres ... Après ça, j'ai très vite intégré l'institut Xavier, cette école spécialement conçue pour les mutants et qui allait m'apprendre à contrôler ce don que j'avais hâte d'utiliser. J'avais toujours aimé la magie, le surnaturel dans les films alors réussir à contrôler la glace, ça dépassait tout ce que j'aurai un jour pu imaginer. Je me fis très vite quelques amis et plus tard, fut rejoins par mon frère qui se découvrit une mutation presque similaire à la mienne et lui permettant de contrôler l'eau. Bien que je passais le plus clair de mon temps avec ma bande d'amis, je prenais également soin de mon frère, l'aidant du mieux que je le pouvais pendant un temps. Un temps oui car les années passèrent et mes amis et moi devinrent les mutants les plus délinquants de l'école, usant de nos pouvoirs à tout bout de champ et abusant un peu trop de la fête et de la bouteille. A nous quatre, nous méprisions tout le monde, se sentant supérieurs en tout point et traitant les gens plus bas que terre. De beaux enfoirés, voilà ce que nous étions. Lorsque mes vingt-trois ans furent atteint je quittai l'institut après avoir refusé un poste de surveillant là-bas et emménageai avec mon groupe d'amis. Nous vivions d'alcool, de fête et de drogue, finançant toutes ces choses grâce à des petits braquages commis à droite à gauche. Ca aidait d'avoir un ami capable de se rendre invisible, lui et les choses qui l'entourent.

Lorsque je finis par finalement devenir un drogué pur et dur, je m'isolai de plus en plus, lâchant mon groupe d'amis, ma relation déjà peu solide avec mon frère en prit encore un coup, ne le revoyant plus pendant quelques années. Années pendant lesquelles je commis un meurtre, massacrant un mec qui m'avait cherché des noises dans un bar avant de faire de même le lendemain, y prenant un peu goût. Je fus arrêté quelques jours plus tard et passai les trois années suivantes à purger ma peine en prison, me faisant de nombreux ennemis dont un en particulier : un autre mutant qui me fournissait de la drogue et que j'avais entubé le jour de mon évasion en déterrant et volant ses réserves avant de lui geler les jambes sur place pour qu'il ne s'échappe pas avec moi. Six années, c'est le temps qu'il m'aura fallu pour trouver le courage de m'évader et de devenir ainsi un fugitif. Dans un cas comme dans l'autre, quels étaient mes choix ? Rester emprisonné à vie ou devoir fuir et changé d'identité. Le choix était simple.

Deux ans plus tard, je contactai mon frère pour le revoir, m'étant temporairement installé dans un motel miteux aux alentours de la ville le temps de cette rencontre. J'étais toujours le drogué qu'il connaissait, même pire et les tensions étaient palpables durant tout le long de notre conversation. Au moment de partir, nos paroles sonnèrent comme des adieux et il partit sans se retourner. Plus tard dans la nuit, le prisonnier que j'avais volé et laissé sur place avant ma fuite pénétra dans la chambre, me menaçant d'une arme à feu. Après quelques échanges verbaux, je recouvris mon corps de glace et sa balle me heurta sans me blesser, me laissant l'opportunité de l'approcher pour le désarmer avant de le transpercer d'un pic de glace. L'autre mort sur le sol, j'entendis des ricanements provenir de derrière moi, voyant le taulard debout et mort de rire. Ce n'est qu'en me retournant de nouveau sur le cadavre que l'illusion disparu et que je pu voir que celui que je venais de tuer, c'était mon frère et que tout ceci n'avait été qu'une mise en scène. Dans un excès de rage, la pièce entière se recouvrit de glace, faisant chuter les températures et congelant l'autre mutant.

C'est l'année d'après, après avoir entièrement touché le fond que je fis mes bagages pour venir à Genosha, ce lieu plein de promesses pour les mutants comme moi, un lieu où je n'aurai plus à cacher mes pouvoirs ni qui je suis, un lieu où je pourrais peut-être repartir de zéro. Je devais saisir ma chance, plus rien ne me retenait ici désormais et je n'avais plus rien à espérer dans cette ville qui m'avait vu commettre les pires méfaits.

Le réveil sonne comme tous les matins à sept heures pétantes, brisant le silence de la chambre à coucher baignée dans l'obscurité, un fin rayon de lumière réussissant à pénétrer au travers des épais rideaux de la chambre. Grognant en éteignant l'alarme de l'appareil qui se trouve également être mon cellulaire, je décide de rester allongé encore un moment avant de partir pour le boulot, le temps de me remettre de ce rêve que je fais pour la énième fois et où je vois mon frère mourir de mes mains. Ce dernier doit d'ailleurs déjà être sur les lieux alors ça ne fait rien si j'ai quelques minutes de retard, d'autant plus que je suis l'un des propriétaires du garage alors je fais un peux comme je le sens. On pourrait croire que vivre et travailler avec mon frère nous ferait nous sauter à la gorge mais c'est tout le contraire, ça nous a beaucoup rapproché. Extrêmement proches depuis tout petits, on ne se quitte jamais, un puissant lien fraternel et amical nous unissant même s'il arrive également qu'on se dispute de temps à autre. Je n'ai pas pour désirs de me poser, me marier, fonder une famille. Il est ma seule famille, mon partenaire de travail mais également mon meilleur ami et pour l'instant, cela me convient très bien. Nos parents étant très pris par leur boulot de chirurgiens lorsque nous étions petits, nous nous sommes un peu élevés entre nous et c'est sans doutes ce qui nous a rapproché au fil des années, le lien nous unissant devenant plus forts que jamais à leurs morts, survenues il y a peu de temps après un accident de voiture. Je sors finalement du lit après de gros efforts et enfile une paire de jean ainsi qu'un t-shirt noir traînant là, quelque chose de simple comme j'aime. Je me passe un coup d'eau sur le visage, me brosse les dents, me coiffe puis descend dans la cuisine. Le café est déjà préparé, une tasse attendant d'être remplie à côté de la cafetière. La différence entre avoir un frère et une femme ? C'est presque la même chose pour le coup mais j'avoue que ce genre d'attention me plaît bien et je ne lui rends pas assez souvent la pareille pour tout ce qu'il fait pour moi. Il faut dire que je n'ai jamais été très démonstratif. Fin prêt pour me rendre au garage, je monte sur ma moto et me mets en route pour mon lieu de travail, observant le paysage qu'offre la ville et que je connais si bien depuis le temps, l'ayant à de nombreuses reprises photographié pendant mon temps libre. Aujourd'hui je mène une vie des plus banales, dans un lieu que je crois également être des plus banales. Mes journées passent et se ressemblent toutes : métro, boulot, bar entre amis, dodo -parfois seul, parfois non- rien de plus, rien de moins. J'ai parfois l'impression de devenir fou, enfermé dans le même train-train quotidien sans espoir d'en sortir un jour. Je fais des rêves qui paraissent être réels tellement les détails y sont nombreux, j'entends des choses, des voix qui ne sont pas là mais qui pourtant me semble familière, je vois des souvenirs dont je ne me rappelle pas défiler de temps à autre, j'ai des absences. Ce n'est pas qu'une impression, je suis bel et bien cinglé. A moins que ce ne soit cette île qui plonge peu à peu dans la folie, m'entraînant avec elle dans sa chute... Heureusement, ces épisodes ne sont pas fréquents alors je me dis qu'en en faisant abstraction, ils devraient finir par disparaître totalement. Quel naïf je suis.