Aujourd’hui était un nouveau jour… Une page blanche sur laquelle il nous appartenait d’orienter notre regard et nos pensées vers le positif, de vivre le moment présent et d’aller au bout de nos rêves. En effet, chaque jour nouveau nous offrait la possibilité de recommencer là où l’on a échoué, d’écrire une nouvelle page de notre vie et de faire encore et toujours de notre mieux.

Ce matin-là, je me rendis au travail comme tous les jours de la semaine. Il était presque neuf heures du matin. Après un petit-déjeuner rapidement expédié pour ne pas être en retard, j’arrivai enfin au SHIELD, traversai les couloirs pour prendre l’ascenseur et rejoindre ainsi mon cabinet. La matinée était passée relativement vite et de manière assez calme, avec quelques consultations mais les patients ne se bousculaient pas au cabinet. Pourtant, je sentais que la journée n’en finirait pas de finir car les malades étaient d’ordinaire plus nombreux en fin d’après-midi, lorsque les agents rentraient généralement de mission ou que celle-ci avait dû être malheureusement interrompue. Je profitai donc de mon temps libre entre deux consultations pour mettre de l’ordre dans les piles de paperasse médicales qui s’accumulaient depuis quelques semaines et dont je n’avais pas eu le temps de m’occuper plus tôt à cause de la charge de travail.

Il était maintenant l’heure de la pause déjeuner. Je rangeai d’abord les quelques documents qui s’étaient empilés sur mon bureau avant de me rendre à la cafétéria de l’agence. Entre-temps, j’entendis quelqu’un frapper à la porte :

« ENTREZ, c’est ouvert ! »

C’est avec joie que j’accueillis Gadreel dans mon cabinet. Gad était un fidèle ami que j’avais rencontré au SHIELD mais qui avait ensuite été admis pour dépression au centre médical après l’assassinat de sa femme. A l’époque, il avait l’impression que le monde s’était totalement écroulé autour de lui et je comprenais bien ce sentiment. Cette sensation quand on se rend compte de la valeur d’une chose que lorsqu’on est en train de la perdre. A la mort de sa femme, il vivait dans l’irréalité comme paralysé, ressassant sans arrêt le passé, alors que le reste du monde continuait malheureusement à tourner. Cette vision des choses et du monde, je la connaissais que trop bien, l’ayant moi-même vécu… Peu importe les gens qui nous entourent, on finissait toujours par affronter le mal seul tôt ou tard. Gad avait eu besoin d’aide et j’étais là pour l’aider à traverser tout ça car il était le seul parent qu’il restait à Frey, son fils unique, que j’avais pris en charge durant un an, constatant l’incapacité de son père à s’occuper de lui le temps de sa convalescence. Dans tous les cas, il savait pertinemment qu’il pourrait toujours compter sur moi dans les bons comme les mauvais moments.

Lorsqu’il entra dans la pièce, il me demanda si on pouvait parler. Il semblait préoccuper par quelque chose :

« Gad, quelle bonne surprise ! Et ne dis pas ça, tu sais bien que ça me fait toujours plaisir de te voir. »

Je retirai ma blouse pour enfiler ma veste et me préparer à aller chercher de quoi me requinquer :

« Je m’apprêtais justement à aller déjeuner aussi, tu veux m’accompagner ? »

Je sentais alors quelque chose qui le tourmentait lorsqu’il me demanda de discuter :

« Bien sûr, tu sais bien que tu peux tout me dire ! Qu’est-ce qui se passe, Frey va bien ? Rien de grave j’espère ? »