Ah le Canada, c't'un chouette pays hein ? En tout cas, moi je le trouve top. Normal peut-être, vu que j'y suis né. Mes parents, c'était pas la grande joie. Mon père était violent, alcoolique, ma mère une vraie carpette. Pas sa faute remarquez, elle avait pas le choix, si elle se laissait pas faire il tapait encore plus fort. Moi aussi, il me frappait. Souvent. Mais c'est tout, j'ai jamais subi plus que ça. Du coup, vous comprendrez aisément pourquoi l'école n'était pas du tout ma priorité, j'y étais même très très nul, un petit zéro. Et une brute d'après certaines têtes d'ampoule de la classe. Comme quoi, les chiens font pas des chats au fond. Il finit par se barrer. Je devais avoir dix ans, quelque chose comme ça quand je le vis sortir pour la dernière fois de la maison. Il allait au bar, le soir, après être rentré diner. Ma mère était triste, elle avait passé des journées entières à pleurer, à se lamenter. Elle travaillait pas, alors elle se disait que ce serait la merde, parce que bon, même si il était violent, il ramenait de l'argent et de quoi faire à manger...Je crois que je ne saurais jamais pourquoi il s'est tiré de la maison ce soir-là. Je ne crois pas que ce soit très important en fait, de le savoir. Je n'ai jamais cru pouvoir avoir un jour une famille à cause de ça, trop peur de refaire des conneries comme lui surement. Ce qui se passe dans ma tête est toujours très bizarre. A cette époque, c'était encore clean un petit peu. C'est après que ça s'est corsé sévère. Mais on n'y est pas encore...

Après que mon père ait fichu le camp, ma mère s'était mise à travailler, elle faisait du ménage chez des gens plus fortunés que nous et qui avaient autre chose à faire que ça. Je n'ai pas vraiment continué l'école pendant ce temps, je séchais souvent. Adolescent turbulent, sans père pour le guider, je faisais des saloperies à l'appel. Quand j'y pense, je me dis que ma mère a eu pas mal d'ennuis à cause de moi. J'ai quitté la maison jeune, à peine majeur, j'étais déjà loin de chez moi. Pourquoi ? Parce que je savais bien que je n'attirais que des emmerdes à ma mère et qu'elle n'avait pas besoin d'avoir un fils aussi con que son père. Je me suis dit que ce serait mieux qu'elle n'en ait plus du tout, elle pourrait s'occuper d'elle, tout ça. Je me dis ça pour me rassurer. Je me dis que c'est pour ça que je suis parti et pas juste par pur égoïsme. Je suis parti et le seul moyen que j'ai trouvé pour gagner un peu d'argent, c'était l'armée. J'étais étonnamment doué pour le maniement des armes, ils ont été surpris là-bas, et j'ai vite été bien intégré. Bien que canadien, j'ai fini par bosser pour la CIA assez jeune. Et putain, j'étais efficace, vous pouvez pas savoir. Mais je n'écoutais rien du tout.

Du coup, j'ai été viré des forces spéciales américaines qui m'avaient intégré malgré ma nationalité. Viré de l'armée, ça va je pouvais gérer. Mais viré d'une escouade de cow-boy comme cette bande de tarés des forces spéciales, franchement, ça c'est hardos quoi ! Même eux ils voulaient pas de moi, c'est quand même un truc de dingue. Qu'est-ce qu'on fait quand on est viré d'une unité aussi tarée que ça ? On se trouve des gens encore pire pour faire équipe. Ce que j'ai fait. Je suis devenu mercenaire et assassin, j'avais quoi ? Vingt-quatre, vingt-cinq ans ? Un truc comme ça ouais c'était le pied, vraiment. Et puis comme dans tous les contes de fées, il faut un jour rencontrer l'amour ! Bon, je l'ai rencontré plusieurs fois en fait, y'a eu Copycat, Domino, quelques aliens, même Blind Al ! Bon, il est vrai que Vanessa a été la première et celle que j'ai connue avant ce bordel de pouvoir. Elle était prostituée. Oui, j'en appelais beaucoup, ça faut avouer. Mais cette prostituée était aussi une mutante remarquable et sans que je m'en rende compte, elle a fini dans le même métier que moi...On a vécu quelques temps à peu près heureux, sans que je sache qu'elle était mutante. Mais dans tous les contes de fées, il y a un moment où ça se gâte avant d'aller mieux. Pour moi, ça a été le cancer. Un truc moche qui se soignait pas. Hors de question de mourir accroché à une femme, la pauvre, ce serait trop dur. Je me suis tiré. Comme mon père.

J'étais prêt à tout, même à des choses stupides, pour essayer de ne pas mourir. Même si je savais que c'était mort. Ahah mort. J'ai rencontré un charmant doc qui m'a dit que, quitte à y passer, autant essayer des choses expérimentales. Je n'ai pas su tout de suite ce que c'était, ni ce qu'ils allaient me faire réellement. En fait, c'était une succursale du département Weapon X. Chouette hein ? J'en ai bien bavé. Un laboratoire froid, des seringues pas sympa, des docteurs bien flippants. J'aurais eu des griffes à la fin, ça aurait été le pied. Mais non, juste une facteur guérisseur de malade. Bon ça a été plus long que ça. En fait, j'ai été considéré comme raté, à cause de mon apparence qui est devenue...Eh bien, comme l'a dit un ami "You look like Freddy Krueger face-fucked a topographical map of Utah". Et il a raison le gars. C'est même encore pire que ça. J'ai été balancé avec les ordures et un gentil prof m'a rattrapé au vol. Vous avez cru que c'était Xav' hein ? Ben non, c'était un méchant type qui a fait toutes les expériences possibles et imaginables pour tester mes limites et mes pouvoirs. J'en ai bien chié. Il y a eu un incendie et j'en suis sorti comme ça. Ils ont cru que j'étais mort.

Après ça, j'ai eu moult aventures, dans mon beau costume rouge et noir (tout le monde sait pourquoi le rouge hein ?). J'ai rencontré Bob, un mec d'HYDRA, Blind Al, ma vieille femme de ménage, Ajax aussi, quel con ce Francis, Cable également, un sale mioche...Bref, autant vous dire que tout le cast que vous pourriez imaginer, moi je l'ai côtoyé. Eh ouais, je suis une super-star. Et j'étais pote avec Spidey et Castle aussi ! Bon, passons un peu tout ça...Il est temps de vous parler de mes dernières années. Ces deux dernières années pour être exact. Les deux pires années de mon existence et en même temps les meilleures.

Il était temps pour moi de devenir un héros, un vrai héros, quelqu'un de bien et qu'on pourrait vouloir inviter à une garden party. Le genre à avoir un imitateur de moi aux goûters des enfants. J'ai voulu aider et je me suis mis à travailler avec le SHIELD, l'agent Preston pour être précis. Pro et sympa, elle était cool. Elle a juste pas eu de bol. Quand les présidents morts sont revenus à la vie, elle a trépassé, elle. Et elle s'est retrouvée dans ma tête. Vous imaginez vous avoir une figure de vertu et de justice dans la tête ? C'est comme si Captain America était le Jarvis de Stark ! Un enfer permanent. J'ai rencontré sa famille du coup, un mari tout ce qu'il y a de plus normal et un môme génial. Elle a découvert des choses qu'elle n'aurait pas du dans mon cerveau, en compagnie de multiples copies de moi-même et de pensées pas toujours catholiques. Franchement, ça n'a été une partie de plaisir pour personne dans cette histoire. Heureusement, le SHIELD lui a fabriqué un beau corps en métal pour remettre son esprit dedans. Mais entretemps, vous ne devinerez jamais ce qui s'est passé. Oh non jamais.

J'ai découvert que j'avais une famille.

Des hommes ont essayé de m'enlever et n'ont pas réussi. Peu après j'ai reçu un message d'un certain Butler. Il avait ma fille et sa mère en captivité et il ne leur ferait aucun mal à une seule condition : que je vienne le retrouver. Et vous savez quoi ? C'est à cause de lui que je suis fou, c'est lui qui pendant des années m'a refilé une mémoire en vrac ! Si ça se trouve, je n'ai jamais connu personne et vécu aucune des aventures que je croyais ! Peut-être que Domino et Copycat n'ont jamais été proches de moi ! J'ai perdu presque tout ce que j'avais, mes souvenirs et mes amis, on m'a appris qu'on m'avait utilisé depuis des années pour essayer de faire des super-soldats. Encore des super-soldats oui, les méchants scientifiques ne savent faire que ça apparemment. La mère de ma fille est morte. Et je me suis dit que je serai certainement un très mauvais père. Alors j'ai demandé à Preston de s'occuper d'Eleanore. Ce serait bien mieux comme ça. Et moi pendant ce temps ? Je ne savais plus trop, je crois que j'ai senti une chose que je n'avais jamais éprouvé auparavant : la fin...Je ne voulais plus rien du tout, plus être Deadpool, plus être un héros ou un mercenaire. J'ai eu des gens qui m'ont aimé, brièvement mais quand même, et je crois que j'ai bien aimé ça...

Une enfance heureuse ? Non, il ne faut pas rêver, ça a été dur et violent, le jeune Wade Wilson a connu la violence d'un père alcoolique et une mère dépressive. Rien de tout cela n'était très bon pour lui, rien de tout ça n'aurait été bon pour personne. Jusqu'à ce que le père s'en aille. Il les abandonna, la mère et lui, à Genosha. Que leur restait-il à faire ? Pas grand chose à part survivre, essayer de trouver comment continuer et rester dans leur appartement. Ils y parvinrent et purent garder un toit sur leurs têtes. La mère avait trouvé un petit emploi dans une pâtisserie du coin et le gentil Wade travaillait dur à l'école, même si il n'y arrivait pas très bien. Il voulait aider sa mère et le meilleur moyen de le faire, c'était de travailler à l'école et d'être un petit garçon parfait. Une vie charmante n'était-il pas ? L'adolescence entama un peu son enthousiasme mais il continua malgré tout et essaya tant bien que mal de réussir...

Wade n'entra pas à l'université, il n'avait pas les moyens et n'était pas assez bon pour prétendre à une bourse, même pas en sport. Il se tourna vers quelque chose de simple mais quelque chose qui lui assurerait une vie ordinaire. Il devint flic. Un simple flic au début, un flic ordinaire et normal, le genre à s'occuper de ses affaires et à faire ce que son supérieur lui demandait sans trop sourciller. Quelques années passèrent dans la tranquillité la plus totale, sa mère était une femme qui prenait de l'âge et ne faisait plus que donner des cours à des gamins de son quartier. Être juste un flic, ça permettait aussi de draguer. Wade rencontra une jeune femme, il avait quelque chose comme vingt-deux ans et ils s'appréciaient beaucoup. Même plus que ça. Ils vécurent ensemble quelques temps, jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte. Oh, il était heureux, ça c'était sur. Mais des complications, ça n'était pas compliqué et avant même d'être marié, le couple fut séparé. La grossesse se passa mal et seule la petite fille survécut...

C'était dur. Autant ne pas se le cacher, si la mère de Wade n'avait plus été là non plus, la petite Eleanore n'aurait pas été très bien élevée, un bébé c'était tout un tas de complications qu'on n'imaginait pas. Surtout Wade. Peu à peu, il recommença une vie normale. Le souvenir de sa courte période en couple passa vite et pour tâcher de ne pas penser à ce qui s'était passé, il courait après les donzelles comme un chien avec une voiture. Dans la police aussi, ça allait pas mal, il faisait parti de la crim' et s'en sortait bien. Le genre à plaire aux médias...

Maintenant, Elie a 15 ans, Wade 38 et les choses passent tranquillement à Genosha. Mais pour combien de temps...?