Recommandations |Keith&Ethan

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Keith & Ethan

Quand Ethan avait commencé ses études de médecins, il n’avait pas vraiment pensé à toutes les répercutions que le métier pourrait avoir. S’il s’en était fait une image avant de commencer, elle n’était plus la même depuis qu’il avait commencé son externat. Celle qu’il avait avant était romancé, calqué à ce qu’il avait pu apprendre de par les questions qu’il avait posé. Mais le vivre tous les jours… Ça c’était une autre histoire. Il avait la chance de pouvoir tourner entre les services, de pouvoir voire un tas de choses différentes. De pouvoir côtoyer tout un tas de personnes, de patients et de médecins différents aussi. Si cela était un avantage pour son apprentissage, cela ne l’était pas vraiment quand il s’agissait de gérer les choses seuls. Il avait les capacités de gérer des dossiers seuls, de faire des entretiens, de commencer une prise en charge mais il arrivait parfois que les choses ne se passent pas comme prévues.

Comme avec cette dame du dispensaire par exemple. Elle était arrivée pour une bronchite qui durait depuis maintenant plusieurs jours. Rien de bien compliquée en soi. Il avait fait des aérosols à cette dame, demandé un bilan sanguin, des gaz du sang. La procédure standard quand une patiente arrivée avait une toux impactant sa capacité respiratoire. Le médecin qui supervisait Ethan avait autorisé les prescriptions, vérifiés les motivations et avait même félicité l’étudiant pour sa prise en charge. Sauf que la patiente avait commencé à se sentir mal, à avoir des irrégularités au niveau de son tracé cardiaque. Ethan avait alors passé le relais à son supérieur qui s’était occupé de la patiente. Résultat des courses, la patiente à décompensés, fait un arrêt cardiaque et était morte quelques heures plus tard. Et ce fut Ethan qui annonça le décès de la patiente à sa famille. Une grande première pour lui qui n’avait jamais fait ça. Un coup au cœur également. Une partie de lui se sentait responsable de se décès. C’est lui qui avait pris en charge la dame à son admission et qui s’en était occupée durant les heures où elle avait été présentes au dispensaire.

Puis les jours étaient passés et Ethan avait mis cette histoire dans un coin de sa tête. Il avait gardé la patiente dans un coin de son esprit pour ne pas l’oublier et avait continué à travailler. Jusqu’au jour où la police était arrivée pour arrête le médecin qui le supervisait ce jour-là pour faute professionnelle. Apparemment, le bilan sanguin de la patiente était mauvais et rien n’avait été fait pour pallier au tôt de potassium bien trop haut à cause d’une insuffisance rénale non découverte. La dame était venue pour une bronchite chronique et était morte d’un taux trop élevé de potassium. Ethan avait alors commencé à se poser des questions, à se remettre en question, à tourner cette histoire dans tous les sens. Il n’avait pas vérifié le bilan après l’arrivée des résultats des gaz du sang. Son titulaire avait également oublié, appelé ailleurs pour une urgence sur un petit garçon. Ethan s’était occupé d’une plaie à l’épaule pendant plusieurs minutes avant que la patiente de décompense. Toutes ces informations tournaient sans arrêt dans son esprit avec la peur au ventre que les autorités ne viennent l’arrêter aussi. Puis au détours d’une conversation de cafétéria, on lui avait conseillé de couvrir ses arrières et de commencer à prendre un avocat. Ou du moins d’aller demander conseil à un avocat. Rien ne lui était encore tombé sur le coin du museau ( et c’était mieux ainsi) mais valait être plus prudent qu’autre chose. Et puis bon, il savait que cette situation ne serait pas unique dans sa carrière et il ne coutaît rien (enfin si mais bon) d’aller demander conseil à un professionnel.

Au détour d’une autre conversation, son ami Albert avait évoqué un ami à lui. Un ami avocat. Ethan avait réussi à récupérer les coordonnées, pris rendez-vous et c’est pour cela qu’il se trouvait maintenant devant les portes du cabinet d’avocat. Il s’était demandé, pendant une minute ou deux s’il allait vraiment entrer ou non puis il avait passé la porte, donné son nom et attendu pendant un moment avant qu’on vienne le chercher. Vraiment, parfois, il se demandait pourquoi il avait choisi une branche aussi porteuse de responsabilités…

- Bonjour. Ethan Ezel, avait-il alors dit en se présentant à l’homme, l’avocat qui se trouvait maintenant devant lui. Ravi de vous rencontrer.

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Aujourd'hui, Keith s'était levé plus tôt. Après la mort de son grand-père, on l'avait poussé à prendre quelques jours de repos, ne serais-ce que pour s'occuper de la paperasse. Chose qu'il avait fait, en refoulant toujours plus ses émotions. Il avait encore du mal à réaliser qu'Andréas était décédé. Pour lui, c'était inconcevable. Son grand-père était robuste. Il ne pouvait pas imaginer qu'une simple grippe avait pu l'emporter. Par ailleurs? Pourquoi ne l'avait-il pas appelé pour qu'il rapplique au plus vite? Pourquoi ne l'avait-on pas prévenu plus tôt, pour qu'il puisse venir à son chevet? Surement, parce qu'il était bien trop occupé ici. Avec son travail, tout ça...

Tout en prenant son café, Keith poussa un soupir. De toute façon, il ne voulait plus y penser. Ces quelques jours de congé lui avaient fait plus de mal que de bien. Il n'avait fait que ressasser, réveillant en lui une vive colère. Il n'était même pas allé à son enterrement... il n'avait pas pu. Il s'était contenté de s'occuper des papiers puis, une fois cela fait, il avait appelé Matthew pour reprendre le boulot. C'était plus simple comme ça. Il pourrait penser à autre chose, tourner la page et continuer à vivre sa vie, sans avoir à culpabiliser. De toute façon, cela ne servirait à rien. Andréas ne reviendra jamais, il devait s'y résoudre.

Sur cette dernière pensée, le jeune avocat prit quelques affaires de rechange et quitta son appartement. Avant de commencer sa journée, il avait pris la décision de courir un peu, histoire de se défouler. Finalement, il arriva à son bureau sur les coups de neuf heures, prêt enfin à reprendre du service. Malheureusement, quand il entra dans le bâtiment, la première personne qu'il croisa fut Gabriel. Ses sourcils s'arquèrent tandis qu'il le salua brièvement, feignant de paraitre le plus aimable possible.
- S'lut, marmonna-t-il en faisant l'effort d'être poli. Tu peux me préparer un café...s'il te plait.

Il insista bien sur le dernier mot, en s'obligeant à sourire. Il fallait avouer que travailler avec son voisin, qui plus est quand ce dernier était particulièrement exécrable à son sens, était extrêmement difficile. Ils devaient se forcer à se supporter mutuellement. Parfois, ils y arrivaient, d'autres non. Tout dépendait de leurs humeurs respectives. Or cette fois, Keith n'avait pas spécialement envie de se prendre la tête. Il le remercia vaguement, regarda son planning, prit quelques dossiers puis s'enferma dans son bureau où il commença à rattraper son retard.

Seize heure, le jeune avocat sortit enfin son nez de ses affaires. Il était attendu par un client : Ethan Ezel d'après le nom qui était marqué sur son planning. D'ailleurs, il devait sûrement l'attendre à l'heure qu'il est, sur l'un des fauteuils prévus à cet effet. Keith s'étira longuement avant de se présenter à lui, un large sourire aux lèvres. Il était toujours préférable de se montrer courtois et souriant, face à une personne qui payaient pour vos services.
- Keith Ferell, répondit-il en lui serrant la main. Plaisir partagé. Si vous voulez bien me suivre. Nous serons plus tranquille dans mon bureau.

Il l'invita à le suivre, désignant la première porte à gauche. Puis, une fois entré, il ferma la porte derrière eux, le conviant cette fois à s’asseoir sur l'une des chaises disposées devant son office.
- Asseyez-vous, je vous en prie. Alors, que puis-je faire pour vous?

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Keith & Ethan

Il suivait les conseils de ses collègues. Il suivait simplement les conseils de ses collègues après l’arrestation de son supérieur. Parce que cela l’avait fait flipper. Cela l’avait fait réfléchir aussi. Il savait que la médecine comportait des responsabilités, que les choses pouvaient parfois foirées mais c’était la première fois et cette première fois était intense. Déjà un décès, c’était assez dur pour la guimauve qu’il était mais savoir qu’il aurait pu faire quelque chose était quand même un coup de plus. Il s’était posé plusieurs fois la question ces dernières semaines. Il s’était refait les événements depuis l’arrestation de médecin sénior et avait trouvé tout un tas d’alternatives qui n’envisageaient pas le décès de la patiente. Il n’en avait d’ailleurs pas parlé avec sa famille, n’avait pas étalé cette histoire auprès de ses amis et avait gardé cela pour lui. Par respect pour la victime mais aussi parce que l’hôpital était quelque chose qu’il gardait pour lui. Parce qu’il prenait le secret professionnel au sérieux et que le monde qui l’entourait ne comprendrait peut-être pas les choses. Ils ne se rendraient pas compte de l’impact que cela pouvait avoir sur lui ou sur sa pratique. Alors il ne parlait que rarement des mauvais côtés de son boulot. Il parlait rarement de la misère du monde et de la tristesse qu’il pouvait rencontrer à l’hôpital. Il ne parlerait sûrement pas de cette gamine qu’il avait traité pour une agression sexuelle la semaine dernière, il ne parlerait pas de ce père de famille qui avait perdu sa gamine d’une leucémie foudroyante. Par contre, il continuerait de partager le fait qu’il avait aidé une grand-mère, qu’il avait consolé une mère de famille après l’opération de sa fille. C’était ce genre d’aspect qu’il partageait. Il donnait les bons côtés et gardait les mauvais pour lui.

Quand Keith était arrivé devant lui, la première pensée qu’il avait eu c’était qu’il paraissait jeune. Puis il son esprit lui avait dit que lui aussi pouvait paraitre jeune. A 22 ans, il avait déjà eu plusieurs remarques de la part de ses patients, des personnes qui l’avaient croisé dans le couloir avec une blouse blanche sur le dos et un uniforme d’externe. Alors il ne s’en formalisa pas plus que cela et suivit le chemin que l’avocat lui indiquait de la main. La porte de gauche passé, Ethan attendit l’invitation de l’homme pour s’asseoir sur l’une des chaises qui se trouvaient devant son bureau. La question qui les intéressait tous les deux arriva quelques secondes plus tard et Ethan mis quelques secondes supplémentaires avant d’ouvrir la bouche. Et de la refermer aussi sec. Il ne savait pas par où commencer. Il ne savait pas non plus quoi dire. Ce qui était un tantinet problématique quand on savait qu’il était là pour ça. Il passa ses paumes moites sur son jean avant de se lancer pour de bon.

- Déjà, je vous remercie de me recevoir. Albert Moon a été assez compétant pour vendre vos services, plaisanta-t-il doucement, sentant la tension dans ses épaules disparaître un peu. Et je suis là parce que j’ai quelques questions à vous poser. Ou une situation à vous exposer. Prenez ce que je vais vous dire dans le sens que vous voudrez, continua-t-il sur le même ton alors qu’il se redressait un peu plus dans sa chaise. Je suis externe à l’hôpital depuis plus ou moins le début de l’année scolaire. J’ai repris le stage il y a quelques temps maintenant et peu de temps après ça, il s’est passé quelque chose. Une femme est arrivée au dispensaire pour une bronchite. Quelque chose d’assez courant en fait. Je m’en suis occupé sous la coupe d’un titulaire. Puis les choses de se sont précipitées et cette dame est décédé d’une hyperkaliémie. Trop de potassium dans le sang, clarifia-t-il par reflexe alors qu’il passait une main dans ses cheveux. Quelques jours plus tard, les flics sont arrivés pour arrêter le titulaire qui était avec moi ce jour-là. Apparemment, le bilan sanguin était perturbé et pouvait indiquer une insuffisance rénale. Sauf que ni moi, ni le titulaire n’avons rien remarqué. Même si je ne suis pas accusé de rien, certains de mes collègues ont trouvés judicieux que rencontre un avocat au cas. C’est principalement pour ça que je suis là aujourd’hui, dit-il alors, le ton aillant changé durant sa tirade.

Une grimace avait même fait son apparition durant quelques parties de sa tirade. Vraiment, cette histoire était pourrie. Vraiment vraiment pourrie et s’il y pensait trop, Ethan allait finir par faire pleurer le cœur de guimauve qui se trouvait dans sa poitrine. Alors il préféra reprendre la parole, histoire de cacher l’émotion qui pouvait lui serrer la gorge et humidifier ses yeux.

- Est-ce qu’il est possible que les flics viennent pour moi aussi sachant que je suis seulement un externe et que ce n’était pas moi qui était réellement en charge du patient ? demanda-t-il avant de se rendre compte du double sens de sa question. Et je ne me dédouane pas de ce qu’il s’est passé, je suis autant responsable que mon supérieur mais j’ai besoin de savoir.

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Ainsi, il connaissait Albert et c'était ce dernier qu'il l'avait conseillé pour cette affaire. Keith se sentit flatté. Un léger sourire étira ses lèvres tandis que son client lui disait maintenant qu'il avait été plutôt compétent pour vendre ses services.
- Albert sait ce montrer convaincant quand il veux, dit-il tandis qu'il prenait place derrière son bureau.

Il porta ensuite un regard sur Ethan, remarquant que celui-ci était plutôt stressé, peu à l'aise. Il plaisantait mais il sentait la tension qui irradiait de lui, bien qu'il essayait de la relâcher. L'avocat se mura en silence tandis qu'il se lança dans son récit, lui expliquant les raisons de sa visite. Un jeune externe, soumis au dur réalité du métier. Une erreur médical, entrainant la mort d'une patiente. Ce cas n'était pas vraiment rare. Bon nombre de médecin ou de chirurgien n'étaient pas à l'abri de ce genre de chose. En y pensant, c'était un peu comme pour les avocats. Aucun n'était à l'abri d'une erreur, pouvant les entrainer dans une situation délicate, parfois dramatique.

Cela lui rappela un cas. Celui d'un avocat qui n'avait pas su traiter l'affaire comme il le fallait. Il pensait défendre un innocent or ce dernier, s'avérait être un meurtrier qui avait récidivé quelques jours à peine la décision favorable du juge. L'avocat, qui venait à peine de percer dans ce milieu, s'était suicidé un mois après en sautant d'un immeuble, rongé par la culpabilité. C'est pourquoi, il valait mieux garder à l'esprit que tout pouvait arriver. Le meilleur comme le pire. Il fallait avant tout penser travail plutôt que d'écouter sa conscience qui, souvent, était responsable de ce genre de point de non retour.
- Rassurez vous, je ne suis pas là pour vous juger, seulement pour vous aider.

Une fois que son client eut fini de raconter son histoire, Keith s'installa plus confortablement sur sa chaise, réfléchissant au cas exposé. Ethan avait eu raison de venir le voir. Même s'il n'était pas responsable de la mort de la patiente, il valait mieux protéger ses arrières juste au cas où.
- Non, comme vous me l'avez dis un peu plus tôt, étant donné que vous êtes seulement externe à l'hôpital, la responsabilité revient uniquement à votre supérieur. C'est lui qui a commis une faute par omission. Pas vous.

Il marqua une courte pause, ancrant ses yeux dans celui de son interlocuteur.
- Normalement, au regard des règles relatives aux modalités de vos exercices et aux principes fondamentaux du service public hospitalier, c'est la responsabilité de l'établissement qui est susceptible d'être engagé. C'est lui qui doit supporter l'éventuelle indemnisation accordée à la famille de la victime. Votre supérieur aurait dû revérifier le bilan sanguin.

Du moins, en vu de la loi. Le jeune avocat s'avança, posant ses avant-bras sur son bureau.
- Je dirai que vous n'avez rien à craindre. La seule chose que vous risquez, c'est d'être interroger en tant que témoin. Pour ça, il vous suffit de dire la vérité. Sinon, ça ne pourrait qu'aggraver la situation.

lumos maxima

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Keith & Ethan

Albert et Ethan se connaissait maintenant depuis quelques temps et on pouvait dire qu’ils étaient bons amis. Plusieurs des membres de leurs petits groupes parlaient même d’une bromance. Cela faisait toujours sourire Ethan parce qu’il était assez vrai que les deux-là s’entende assez bien. Il avait réussi à construire un amitié rapidement avec Albert alors qu’avec Stephen ou Adam, cela avait pris quelques années. Mais le fait était qu’il avait réussi à le trainer dans le bureau d’un avocat et qu’il était maintenant assis à se demander ce qu’il allait faire.

- Ouai, principalement quand on parle de bouffe, ajouta l’étudiant en médecine sans vraiment le vouloir.

Il était de notoriété publique qu’Albert et la nourriture étaient amis depuis de nombreuses années. Et quiconque le connaissait, connaissait son amour pour la pizza. La dernière fois qu’il avait été hospitalisé, Ethan lui avait même donné la pizza gratuite du jeudi et il était certain qu’elle avait été engloutie avec amour. Mais il n’était pas vraiment là pour parler d’Albert ou encore de son amour pour la junk food. C’était un sujet passionnant mais pas vraiment le but de sa venue au cabinet d’avocat. Un sourire était d’ailleurs passé sur ses lèvres à la phrase rassurante que l’homme en face de lui avait prononcé à son égard. Discours pas facile à prononcer de son côté cependant. La première fois qu’il l’avait d’ailleurs dit à haute voix et dans son intégralité. Les personnes avec lesquelles il en avait discuté à l’hôpital étaient au courant de l’histoire et c’était bien plus facile comme ça. Pas besoin de raconter les choses 20 000 fois pour que les gens comprennent de quoi il voulait parler. Rien que le fait de prononcer le nom du sénior ainsi que le service et le personnel connaissait l’histoire. C’était assez rare qu’un médecin du HBH se fasse arrêter au milieu du couloir entouré de patients et de personnel.

Si la première partie du discours de l’avocat le soulagea, la fin le fit grimacer. Il avait envisagé que les enquêteurs pensent à lui et l’interroge. Et il n’était pas vraiment sûr de quoi faire si cela arrivait. Dans sa tête, il était autant responsable que son supérieur dans le décès de cette patient. Qu’il soit externe ne change rien. Il n’avait pas revérifié ce bilan sanguin et le sénior non plus. Le résultat était le même et la faute partagée. Un hochement de tête vint alors répondre aux mots que Keith avait eu en réponse à la question qu’il avait posé plus tôt.

- D’accord. Okay, dit-il alors, montrant un certain soulagement avant de reprendre, les mains allant de haut en bas sur ses cuisses. Dire la vérité, ça je peux faire. J’suis assez bon pour ça en général, ajouta-t-il avec un petit rire. Et qu’est-ce qu’il va se passer pour mon collègue ? Ou pour moi si quelque chose comme ça m’arrive une fois diplômé ?

Autant poser les questions tout de suite, d’autant plus qu’à la fac, ce genre de genre n’étaient pas vraiment explicité. Alors maintenant qu’il avait un avocat sous la main, Ethan allait en profiter pour poser les questions relatives à ce genre de chose. Histoire d’être au clair.

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"Ouai, principalement quand on parle de bouffe" Devant cette remarque, Keith ne put s'empêcher de sourire. Il connaissait Albert depuis combien de temps? Depuis que ce dernier bossait au Jarvis. Octobre/Novembre, dans ces zones là à peut près. Presque chaque soir, le jeune avocat allait le retrouver au comptoir, histoire de bavarder un peu. Petit à petit, il avait apprit à le connaitre, à l'apprécier pour finalement, le considérer comme un petit frère.

Il ne le connaissait pas sur le bout des doigts mais son affection pour la bouffe, n'était pas un secret. Ethan avait raison : quand une pizza trainait dans les parages, ou quand l'appel de la faim le tenaillait, Al était capable de tout lâcher pour satisfaire son appétit. C'était plutôt marrant. D'autant plus qu'il était mince comme un fil.

Revenant vite sur le sujet de sa visite, son jeune client lui demanda cette fois ce que son collègue risquait. A cette question, l'avocat marqua un silence, son front se plissant légèrement l'espace d'un instant.
- L'erreur de diagnostic n'est pas constitutive d'une faute pénale lorsque les symptômes le rendent difficile à établir mais là...

Un léger silence passa, durant lequel Keith se mit à réfléchir. Mais là, c'était tout de même différent. Il s'agissait d'une faute professionnel, d'une omission qui avait entrainé la mort d'une patiente. Bien qu'Ethan se risquait rien, mise à part de se faire interroger en tant que témoin par la police, pour son collègue, en revanche, c'était autre chose. Tout dépendait de la décision du juge or, il n'y avait pas de risque zéro.
- Il s'agit d'un homicide involontaire. Il risque six mois de prison avec sursis. Dans le meilleur des cas, il recevra une interdiction temporaire d’exercer des fonctions médicales dans le secteur public et social. Pendant trois ans au maximum. Dans le pire des cas, il sera définitivement radié du tableau de l'ordre. Il ne pourra plus donc exercer son métier.

Le jeune avocat recula légèrement et s'adossa contre le rebord de sa chaise.
- Ce que je peux vous conseillez, reprit-il d'une voix rauque. Pour vous, quand vous serez diplômé, c'est de toujours assurer vos arrières. Soyez vigilant et ayez une bonne relation avec le conseil de l'ordre. Je sais qu'ils peuvent souvent désamorcer bon nombre de plaintes ou de procédures.

Un nouveau silence s'installa, au terme duquel Keith acheva, tout en attrapant au passage une carte de visite, posé soigneusement sur son bureau.
- Pour votre supérieur, je peux me porter volontaire pour le défendre devant le juge. S'il le désir bien entendu. Tenez, je vous laisse mon numéro personnel.

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Keith & Ethan

Les derniers jours n’avaient pas été très joyeux pour Ethan. Entre le fait qu’il pense à cette histoire jour et nuit et le comportement de son frère, Ethan n’était pas vraiment dans son état normal. L’inquiétude qu’on pouvait lire sur son visage n’était pas habituelle et pour qui le connaissait, cela voulait signifier qu’il n’allait pas hyper bien. Il n’avait pas vu ses amis depuis des jours et c’était une preuve que cette histoire de poursuite lui prenait la tête. Parce qu’Ethan et ses amis, c’était quelque chose. Trop amicale pour être seul, Ethan arrivait toujours à se faire des amis assez rapidement et il les voyait assez souvent. Il n’était pas rare qu’il débarque à la collocation des filles pour voir Kitty ou encore chez Cindy et Al’ pour une soirée film accompagnée d’une pizza bien garnie. Qui connaissait Albert savait que la pizza était son pêché mignon. Il se souvenait de ce bon qu’il lui avait donné lorsqu’il avait été hospitalisé après la fête foraine et il se souvient encore de la photo qu’il avait reçu comme preuve que la pizza avait bien été mangée. Rien qu’au souvenir, un sourire s’afficha sur les lèvres d’Ethan avant qu’il ne se concentre de nouveau sur l’affaire en cours.

« Mais là… » Ouai, la situation était complétement différente. Les résultats étaient arrivés et personnes n’avait pris le temps de les regarder. Lui le premier. Dans un petit coin de sa tête, sa conscience lui soufflait que le senior aurait dû vérifier après lui, qu’il n’était qu’étudiant et que des erreurs comme ça devait être corrigés par les gens au-dessus de lui. Mais la partie responsable de sa conscience lui soufflait qu’il aurait dû penser à vérifier les résultats, que ce n’était pas aux autres de corriger ses bêtises et qu’il était autant responsable que Mitch dans cette histoire. Quand le terme « homicide involontaire » arriva dans la situation, Ethan écarquilla un peu les yeux avant de passer une main sur son visage en soupirant assez lourdement. C’était la merde. Vraiment et simplement la merde. S’il savait que chaque médecin avait de ce genre d’erreur sur leurs tableaux, cela n’empêchait pas de prendre la claque en pleine tronche. C’était la première fois depuis le début de ses études qu’il était réellement confronté à la chose. La mort était plus ou moins devenue une partie intégrante de son travail mais la mort à cause d’une faute médicale n’était pas vraiment courante. Et cela avait quelque chose de plus douloureux qu’une « simple mort ». Il ne savait pas vraiment comme expliquer cela avec des mots mais c’était ce qu’il ressentait. Il nota néanmoins les informations que Keith lui donnait dans un coin de sa tête avant de réagir aux paroles d l’avocat.

- Vous m’en apprenez plus que certains cours que l’on reçoit à la fac, dit-il alors avec une grimace un peu comique. On nous lâche sans avoir toutes les informations, c’est dingue, ajouta-t-il avant d’attraper la carte de visite que lui tendait Keith. Je lui en parlerais quand je lui rendrais visite. Merci beaucoup en tout cas d’avoir répondu aux questions d’un étudiant paumé et terrifié. Parce que ce n’est pas quelque chose de très agréable de ne pas avoir de réponses aux questions que l’on se pose et pour lesquelles les professeurs ne veulent pas répondre. Merci beaucoup.

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Tout en lui tendant sa carte de visite, Keith posa un regard sur Ethan. A ses dires, ce dernier écarquilla les yeux et passa une main sur son visage. Non sans pousser un long et profond soupir avant. Ça se voyait qu'il était inquiet, stressé. Fatigué aussi par toute cette histoire. Et le jeune avocat ne pouvait que le comprendre. Il aurait aimé pouvoir en faire plus. Le rassurer du mieux qu'il pouvait or, il savait également que mentir ne servirait à rien. Tout ce qu'il pouvait faire à l'heure actuelle, était de se proposer pour défendre son collègue. Ni plus, ni moins. Il se promettait même intérieurement, de faire tout son possible pour que la sentence ne soit pas trop sévère. A condition, bien sûr, que le coupable accepte son aide et le laisse gérer ce dossier.

Au bout d'un moment, son interlocuteur redressa la tête, lui avouant qu'il en avait appris bien plus qu'à la fac. Un sourire amusé étira les lèvres de Keith qui comprenait parfaitement où il voulait en venir. Que ce soit dans n'importe quel domaine, les cours ne représentaient qu'une infime partie du métier. La plus rudimentaire, scolaire. Tout étudiant se confrontait à une toute autre réalité une fois sur le terrain. Lui y comprit. C'était assez déconcertant. Il haussa alors les sourcils, répondant presque aussitôt non sans lâcher un léger rire.
- Ah ça. Je ne vous le fais par dire. A croire que les professeurs n'ont jamais expérimenté sur le terrain.

Ce qui était assez véridique en soi. Du moins, la plupart du temps. Ethan finit par prendre sa carte, en ajoutant qu'il en parlerait à son collègue quand il ira lui rendre visite. Le jeune avocat accueillit ses dires par un hochement de tête. Puis il se leva, posant ses mains sur le bureau tout en ajoutant d'une voix rauque :
- De rien. Ce fut avec plaisir de pouvoir y répondre. Même si certaines choses n'étaient peut-être pas facile à entendre.

De nouveau, Keith marqua un temps d'arrêt et se redressa légèrement. Tout en restant silencieux, il contourna ensuite le bureau et se retrouva cette fois aux côtés de son interlocuteur alors qu'il entreprit de rependre presque aussitôt.
- J'espère en tout cas avoir pu vous aider au mieux. D'ailleurs, si vous avez d'autres questions ou autre, n'hésitez pas à revenir me voir.

Il se ferait un plaisir de l'accueillir. Non seulement, le jeune étudiant semblait sympathique mais en plus, le fait qu'il soit un ami proche d'Albert aidait beaucoup. Il finit par tendre le bras, montrant sa main pour inviter ce dernier à la prendre, comme pour le saluer une dernière fois.
- Et si tu vois Albert, salue le de ma part, conclus-t-il enfin en lui serrant la main non sans lui adresser cette fois un sourire beaucoup moins professionnel. Plus amical. Au point même de cesser le vouvoiement car après tout. Ils n'avaient pas un si grand écart d'âge que ça. Cinq ans à peine à tout casser.

Encore quelques paroles échangées et l'entretien prit fin. Après avoir accompagné Ethan jusqu'à l'accueil, Keith échangea quelques mots avec Karen avant de se servir un café. Puis, il revint à son bureau, resta quelques instants debout, boisson en main avant de se rasseoir non sans repenser de plus belle à toute cette affaire qui était encore loin de se terminer.

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