I miss you, you know?

Première tentative... Ça faisait déjà quelques semaines que j'étais chez Francis maintenant, je ne voyais plus mon père, on ne s'appelait plus, on ne s'envoyait plus de messages. Il faisait la gueule et moi aussi. On a tous les deux des caractères de merde, j'ai sûrement hérité du sien d'ailleurs, donc quand on se prend la tête tous les deux, ça prend pas mal de temps à se régler, surtout quand on est tous les deux en tort. Ce jour-là, j'étais un peu décidée à discuter avec lui, à trouver une solution et à peut-être ré-emménager chez moi. J'suis bien chez Francis, je dis pas le contraire mais... c'est pas lui mon père. Puis j'ai un peu l'impression que le fait que j'crèche chez lui fout un peu la merde dans la relation qu'il entretient avec mon père. Alors, j'ai profité du fait que j'avais besoin de fringues et d'une signature de mon père pour passer chez moi en rentrant des cours. J'avais pas spécialement prévenu Francis... Il n'avait pas besoin de savoir tout ce que je faisais.

Je me rendais à l'appart puis je montais les escaliers avec le coeur qui vivait à vive allure. Cette sensation, je ne la ressentais que très peu, et quand ça arrivait, c'était toujours parce que j'avais peur. Parce que j'avais peur d'me faire choper par mon père avec une clope au bec, parce que j'avais peur qu'il me dise d'aller me faire enculer et qu'il ne voulait plus être mon père. J'me faisais pas trop d'espoirs honnêtement en montant ces escaliers, j'savais très bien que mon père avait un caractère aussi pourri que le mien et qu'il en ferait probablement qu'à sa tête lui aussi, mais j'aurais bien aimé qu'il se sorte les doigts du cul lui aussi. C'est lui l'adulte entre nous. On verrait bien, au pire des cas, j'rentrerais chez Francis puis on continuerait à faire la gueule chacun de notre côté.

J'ai tapé à la porte de l'appart, puis il a fini par m'ouvrir. Je l'ai regardé silencieusement, putain, qu'est-ce qu'il m'a manqué. J'aurais aimé le prendre dans mes bras comme dans tous ces films tristes, le serrer très fort contre moi, arrêter toutes ces conneries... mais j'avais une putain de fierté, et je ne pensais pas que c'était ce qu'il voudrait. "Salut.", j'voulais pas m'embrouiller, j'voulais pas qu'il me casse les couilles... J'lui avais pas dit où j'allais, j'étais pas passé le voir pendant toutes ces semaines... J'avais merdé, mais lui aussi. "Je viens chercher quelques trucs à mettre, j'te dérange pas longtemps." je soupirais, me glissant à l'intérieur, m'arrêtant dans la cuisine pour sortir une feuille de mon sac. Un truc à signer pour l'école, une autorisation pour une sortie et puisque c'était mon seul représentant légal, eh bah... "On va passer une journée dans un musée avec les cours, j'ai besoin de ta signature pour y aller..." J'étais pas enthousiasmée à l'idée d'y aller. Les musées, à part m'ennuyer, ça sert à rien. Mais j'lui avais promis que j'ferais des efforts... Il s'en était probablement rendu compte puisque j'avais quasiment raté aucune journée de cours ce mois-ci. Merci Francis de m'avoir motivée à me réveiller chaque matin à six heures et demi pour aller m'emmerder huit heures par jour à l'école.

"Bref, ce serait cool si tu pouvais juste signer la feuille.", j'haussais les épaules comme une débile avant de filer dans ma chambre et de commencer à fouiller les armoires pour trouver des fringues... J'allais avoir besoin d'un autre sac.

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Une surprise dont je me serais bien passé...Après l'épisode de l'hôpital, j'ai encore plus envie de me laisser couler. Elie, Neena, Francis...Qui sera le prochain à foutre le camp ? Vanessa peut-être...? Je n'ai plus grand monde de toute façon alors bon...Je vais surement perdre bientôt mon taf. C'est pas bien grave. De toute façon, je n'ai envie d'y aller, au taf. Tout ça me fait chier. Absolument tout. Les gens, le taf, le quotidien...Oh je vais pas en venir à certaines extrémités, je ne suis pas comme ça, me zigouiller, c'est pas mon genre. Faire un massacre pour me défouler non plus d'ailleurs. Ce serait pas juste de s'en prendre à des innocents qui m'ont rien fait. Parce que ben quand même hein...C'est juste ceux qui m'abandonnent à la limite que je pourrais flinguer. Mais ce serait probablement un peu lâche. Après tout, c'est surtout ma faute en un sens. Je ne sais pas si je dois trouver vraiment un coupable, c'est un peu puéril ! « C'est un peu puéril ouais. Mais c'est quand même leur faute ! Elie t'a laissé tomber, elle a rejeté son père après avoir tué sa mère ! Neena, cette salope, qui se fait un grand macho bourrin alors que toi t'as besoin d'elle ! Et Francis ! Ah Francis ! Je te l'ai dit des tas de fois, que c'était un fumier, un bon gros fils de pute qui veut ta mort ! Tu leur as faits confiance et voilà, t'es au fond du trou. Arrête faire confiance aux gens, Wade. Il n'y a que toi et moi. Tu me fais confiance, je te fais confiance, c'est comme ça que ça marche. Alors tu oublies tous les autres. »

Comme si c'était pas déjà assez difficile, il faut que j'entende cette saloperie de voix...J'ai pas besoin d'elle pour des leçons de morale et tout le reste sérieux...Si je pouvais arrêter de l'entendre...D'où elle vient d'ailleurs ? Pas vraiment le temps de trouver une réponse, ça toque à la porte. Je soupire et pose la bouteille de bourbon à côté du canapé. Elle est presque vide, elle rejoindra bientôt le cimetière de bouteilles dans la cuisine, avec ses cousines les bières et ses sœurs les bouteilles de whisky. Le reste, la tequila, la vodka et tout, c'est trop dégueulasse pour se bourrer la gueule...Je dois avoir une charge permanente depuis quelques jours maintenant alors je titube un peu jusqu'à la porte. Je dois rêver. Y'a que ça. Parce que c'est pas possible qu'Elie soit là. Je la regarde un moment, silencieux. Qu'est-ce que je pourrais bien dire de toute façon...? Elle a pas prévenu, j'ai pas eu de nouvelles depuis des semaines et là elle débarque comme une fleur. J'ai besoin d'affaires qu'elle dit...Je trouve qu'elle abuse un peu là. Nan mais vraiment...

Elle continue de parler, j'écoute à moitié. Elle a un truc à faire signer. Depuis quand elle va à l'école celle-là hein...? Genre elle se casse et comme par magie ça va mieux...? Je sers vraiment à rien, y'a pas à chier. Je vais voir son papelard, on sait jamais. Je dois lui donner l'autorisation d'aller en sortie scolaire. Et pourquoi qu'elle demande pas à Francis hein...? Elle vit plus ici, pourquoi que c'est à moi qu'elle demande...Marre de ces conneries. " Une sortie scolaire hein ? Parce que tu vas à l'école maintenant...? C'est nouveau ça hein...Franchement... " Je lui signe son truc, peut-être qu'elle se tirera plus vite si je fais ce qu'elle demande. En attendant, moi, je retourne dans mon canapé'. Autre chose à faire que de jouer au papa. J'ai un coma éthylique à préparer, ça c'est du boulot. Et bien plus important en plus. Je reprends ma bouteille et bois au goulot une longue gorgée. " Alors Francis, c'est un meilleur paternel que moi ? Tu devrais peut-être lui demander de t'adopter, tu viendrais plus m'emmerder avec des trucs à signer comme ça... "

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Première tentative... J’avais pas vu mon père depuis quelques temps maintenant, et même si les choses avaient été dures ces derniers temps entre nous, j’avais quand même un peu envie de le revoir, de lui parler un minimum pour voir comment il va. C’est mon père, je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter pour lui. Je sais qu’il dérape facilement, encore plus quand il est seul. Peut-être qu’il vit bien le fait que je sois partie, peut-être qu’il a plein d’autres problèmes à gérer à côté, ou peut-être qu’il le vit bien et qu’il est même mieux sans moi… J’ai tapé à la porte comme une inconnue taperait chez son voisin alors que j’étais chez moi… Puis je l’ai regardé m’ouvrir la porte avec cet air dépité, totalement crevé. C’était une épave. Il avait sûrement encore bu sans se donner la moindre limite, il s’était même peut-être drogué… merde ! Putain, ça allait si mal que ça ? Il me faisait de la peine… Mais comme d’habitude, quand j’avais de la peine pour lui, il arrivait à me le faire oublier en quelques secondes. Il était encore et toujours dans la provocation, et pour un mec de son âge qui est censé être mon père, c’est gonflant.

« Tu voulais que je fasse des efforts, j’les fais. Toi, j’ai pas l’impression que t’as décidé de changer non plus… » Je ne peux pas empêcher mes yeux de dévaler les cadavres, les bouteilles vides qui traînent. La maison était un bordel, on est perdu sans sa petite Elie, hein ? La fameuse feuille d’autorisation donnée au géniteur, je suis allée dans ma chambre récupérer des fringues que je faisais glisser dans mon sac. En allant des chaussettes aux hauts, j’essayais d’en prendre le plus possible, allant même jusqu’à prendre un second sac sous mon lit pour le remplir aussi. Au moins, je ne passerai pas une seconde fois pour l’emmerder. Je me demande bien ce que j’ai pu faire pour qu’il me déteste autant, moi, sa fille…

Sa question, son énième provocation m’a fait soupirer, agenouillée contre ma commode. Je lui répondais de ma chambre, parlant assez fort pour qu’il puisse m’entendre… « Il gère, il gère… ! On a pas encore parlé adoption mais je pense que si tu continues de te la jouer sale con et alcoolique, le sujet risque de venir sur la table… » Mes sacs enfin remplis, je revenais dans le salon, en tenant un dans chaque main, c’était lourd mais c’était pas Mr. Wilson qui allait m’aider. « T’as signé, c’est bon ? » Il avait l’air de vouloir me voir partir le plus vite possible, j’allais pas le décevoir. C’est triste quand même. Je m’inquiétais pour lui, puis lui ne sait pas s’empêcher d’agir comme un sale con.

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Une surprise dont je me serais bien passé...Des efforts...Je lui en collerais des efforts moi, à cette gamine franchement ! Elle fait que dalle d'efforts quand je suis là et dès qu'elle part chez l'autre grand con-là, ça va tout de suite mieux ! Eh ben elle a qu'à rester chez lui, si elle y est tellement mieux. J'en ai plus rien à fiche d'elle. Ne faites jamais d'enfant, c'est la pire merde qui puisse arriver, ils vous pourrissent la vie encore et encore jusqu'à ce que vous soyez vieux et que vous puissiez plus rien faire. Jamais j'aurais du faire d'enfant. Ou plutôt, jamais j'aurais du laisser Carmelita faire sa grossesse. C'est peut-être pas sympa et anti-féministe et tout ce que vous voulez, mais c'est vrai.

Elle revient de sa chambre avec des sacs. Elle avait pas pris assez de choses quand elle est partie la première fois ? Eh ben j'espère qu'elle ne reviendra pas encore une fois me les briser pour des fringues. Pourquoi les filles ont-elles tant besoin de fringues au juste ? Je n'arriverai jamais à comprendre ça, c'est complètement crétin. Un t-shirt et un jean, moi ça me suffit pour m'habiller. On multiplie par quatre et on a ce qu'il faut pour tout un mois, c'est tout bon. Entre les fringues et les chaussures, les filles, c'est n'importe quoi...Elle a l'air mécontente. C'est elle qui vient et en plus elle est pas contente ? Nan mais et puis quoi hein...

" Ouais, il est signé ton truc. La prochaine fois, débrouille toi pour imiter ma signature, ça t'évitera de me voir hein... " Je finis ma bouteille, étonné d'être arrivé au fond si vite. Merde. Elles doivent être moins grosses qu'avant c'est pas possible autrement cette histoire. Nan mais je vous jure c'est naze. Je dois me relever. Parce que ça servirait à rien de lui demander d'aller me chercher une bière, à tous les coups, elle m'enverrait chier. On donne tous à ces enfants et voilà comment ils vous traitent...

Je me sors du canapé lentement et vais, en titubant un peu, jusqu'à la cuisine. Je prends un peu de temps avant d'ouvrir le frigo pour y ramasser la première bière que je trouve et la décapsuler en tournant la capsule. Une grande gorgée plus tard, je me retourne vers le reste de l'appartement, appuyé sur la table de la cuisine. Elle est toujours là, avec ses sacs. " T'es toujours là ? Je pensais que tu serais repartie en courant chez ton super papa Francis après avoir eu ce que tu voulais. Comme toutes les femmes en fait, elles ont ce qu'elles veulent alors elles se cassent... "    

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Première tentative...Qu’on se le dise, mon père n’est pas vraiment un saint et moi non plus d’ailleurs. Il est pas du genre calme, patient ou autoritaire. Il est plus du genre à déconner et à toujours vouloir se marrer, pas mal de gens disent que mentalement, on se ressemble pas mal. Enfin, que je lui ressemble plus qu’à ma mère, en tout cas. C’est sûrement vrai. Mais étrangement, dans ses mots et dans ses actions, je ne me reconnais pas. Il me parle mal, me donne l’impression que je ne devrais pas être là. Où est passé ce bon vieux Wade qui aimait me prendre sur ses genoux, me chatouiller jusqu’à ce que je lui supplie d’arrêter ? Il doit être bien loin, merde. Il a laissé place au Wade méchant, alcoolique, détestable. Un Wade que j’ai jamais connu et que je n’aurais jamais voulu connaître, hélas.

« Tu sais bien que si j’avais voulu le signer, je l’aurais fait. J’serais pas là si j’avais pas envie de venir, Wade. » Roulant des yeux, elle secouait la tête tout en le dévisageant. Putain. C’est triste quand même. Être adulte, avoir un bon travail, une certaine paye, une fille et se comporter comme un véritable connard. « Tu peux pas… je sais pas, essayer de bien te comporter, d’arrêter d’être un sale con juste une fois ? » Je lui demandais calmement, haussant un peu les épaules. Puis je laissais mes sacs à terre et le suivait jusque dans la cuisine, encore en train de choper une bière dans le frigo. « Qu’est-ce que t’as avec Francis, en fait ? T’es jaloux, tu crois qu’il va te remplacer ? Arrête ça. » J’ai soupiré puis j’ai tendu le bras pour attraper sa bière vulgairement, grimaçant un peu alors que je tentais de lui ôter des mains. « T’as assez bu là, t’es raide mort. Lâche ça. » Ça me rendait triste de le voir dans un tel état… Est-ce que c’était de ma faute, est-ce que c’était de la sienne ? Est-ce que je l’avais transformé en ce monstre alcoolique, brutal et vulgaire ? Je m’en voulais. Un peu.

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Une surprise dont je me serais bien passé...
Cette gamine m'énerve, elle est de pire en pire. Et quand elle va devenir une vraie ado, ça va être pire. Elle va continuer de me casser les couilles, encore et encore, à croire que c'est la seule chose qu'elle sait faire. De toute façon, elle a son papier, elle n'a plus qu'à s'en aller franchement, elle a besoin de rien d'autre venant de moi. Surtout pas d'amour paternel ou une connerie du genre. Cette fille n'a besoin de rien de tout ça. Je pense qu'elle n'a besoin de rien d'autre qu'elle-même en fait. Ce serait ma faute ? Honnêtement, je m'en fiche...Apparemment, je suis l'inverse de Midas, alors à force, je m'habitue à pourrir tout ce que je touche. Elle, mon taf, Francis, Neena...Ma faute ou pas, à force je m'en moque, je peux rien y changer de toute manière, alors à quoi bon se faire du souci ? Nan, ça sert à rien de se faire de la bile pour un truc qu'on peut pas changer.

Mais là par contre, ça va pas se passer comme ça. Non seulement, elle se barre pas mais en plus elle me prend ma bière. Surpris, je la lâche mais j'essaie de la rattraper aussi vite. De quel droit elle fait ça hein ? C'est pas ma mère, j'ai pas besoin d'elle pour me dire quand j'ai assez bu ou pas. En plus, je vais pas conduire alors c'est bon. Et même si c'était le cas, peu importe ! C'est pas à elle de s'occuper de ça. " Rends moi ça, Elie. T'as pas à me dire si j'ai assez bu. Retourne jouer les casse-couille ailleurs. " Je vais pas la frapper, quand même, pas pour ça. J'ai d'autres bouteilles au frigo si elle refuse de me la rendre, alors je ne sais même pas pourquoi j'en fais un plat. Peut-être parce que c'est qu'une ado et qu'elle devrait pas s'occuper de tout ça. En plus, je dois pas être bien différent de ses potes comme ça, alors je vois pas de quoi elle se plaint.

" Et je suis un sale con apparemment, alors tu rêves si tu crois que je vais changer. Je suis comme ça, de la même manière que t'es une petite chieuse ou Neena une salope. Alors arrête de croire que je vais changer. Et rentre chez Francis avant que je m'énerve, t'as pas besoin de venir ici. " Je soupire un peu, elle me fatigue. Pourquoi on peut pas me foutre la paix un peu hein ? Je demande pas grand chose, juste qu'on me laisse commater dans mon appartement tranquillement, que je puisse juste me bourrer la gueule et rester comme ça autant de temps que je veux. Qui a le droit de dire que je fais pas ce qu'il faut hein ? Personne est suffisamment irréprochable pour dire ce qui se fait ou pas, si je suis quelqu'un de mauvais ou pas...