❝The brother I chose❞ • starring Scott Summers [TERMINE]
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Mer 20 Avr - 12:17
❝The brother I chose❞ Scott Summers & Remy LeBeau
Si le printemps arrivait, il se faisait drôlement bien passer pour l’hiver, surtout la nuit. Le souffle de Remy produisait des volutes blancs devant son visage tandis qu’il sautillait sur le trottoir pour se réchauffer, les deux mains enfoncées dans les poches de son blouson. Il avait une furieuse envie de cigarette, mais l’odeur l’aurait fait repérer à cent mètres. Les planques, c’était toujours la même chose : discrétion oblige, quitte à se geler dehors durant des heures et à se priver de fumer. Au départ, tout avait commencé comme une mission de routine : un directeur de société qui soupçonnait son associé de vendre des informations à des concurrents. L’épluchage des e-mails n’avait mené à rien de concluant, comme le listing des appels téléphoniques de la ligne professionnelle du mis en cause. Il avait donc fallu recourir à la filature classique pour en savoir plus sur le genre de trafic auquel s’adonnait l’associé indélicat… et Remy était tombé des nues en le voyant emprunter les routes conduisant aux quartiers les plus sombres de Hammer Bay. Voilà qui n’était pas habituel, dans ce genre d’affaire. Si l’homme vendait des informations sur ses clients ou sa société à des concurrents, ce n’était pas l’endroit idéal pour faire une transaction pareille – et les personnes intéressées ne fréquentaient sûrement pas des coupes-gorges comme celui-là. Le doute s’était donc vite installé dans l’esprit du détective, comme le malaise. Remy avait rarement peur dans son travail – ça valait mieux, quand on pratiquait une activité qui consistait à se mettre tous les jours à la limite de légalité – mais traîner dans une telle zone en pleine nuit, ça relevait de la folie pure ! L’homme avait filé entre les ruelles au volant de son coupé sport, comme s’il connaissait le chemin par cœur, avant de se garer aux abords d’une maison aux allures de baraque abandonnée. Remy avait caché sa moto entre deux conteneurs à poubelles et se tenait dans l’angle mort d’un réverbère fatigué. Par deux fois, des groupes de jeunes bruyants et avinés – ou shootés – avaient failli le remarquer, et il ne donnait pas cher de sa peau s’ils décidaient de lui emprunter sa moto ou son blouson. Contre deux ou trois adversaires, le détective pouvait s’en tirer sans trop d’égratignures. Contre une dizaine, ça devenait plus compliqué. Finalement, il s’était résolu à demander de l’aide : quoi de mieux qu’un ami spécialisé dans la sécurité pour venir lui donner un petit coup de main ? Scott n’avait sans doute pas compris grand-chose à ses explications à voix basse, mais on pouvait compter sur lui. Son « j’arrive », prononcé d’un ton catégorique, était la seule chose que Remy avait retenue de leur conversation téléphonique. Il était donc là, à attendre sur le trottoir, désespéré à l’idée de ne pas fumer. Il espérait que son ami se dépêcherait et que la transaction ne serait pas encore terminée lorsqu’il pourrait enfin s’approcher de la bâtisse, sans avoir à se soucier de ses arrières. Bien sûr, il aurait une dette envers Scott, mais… ça se réglerait avec une bonne ardoise dans leur café préféré – si cette rabat-joie d’Emma acceptait de lui lâcher la bride, évidemment. Sans trop savoir pourquoi, Remy avait toujours eu une certaine réserve envers elle. Peut-être était-ce simplement dû au fait que leur relation, à Scott et elle, semblait vraiment sérieuse, et que le détective avait du mal à accepter d’être devenu moins important pour son meilleur ami. Peut-être qu’il refusait juste d’admettre qu’ils vieillissaient, que le temps était venu de se poser et de fonder une famille et que Scott avait la chance d’avoir trouvé quelqu’un qui lui convenait. Peut-être avait-il du mal à accepter cela quand lui éprouvait toujours cette sensation de vide, de manque, même lorsqu’il était très bien accompagné. Mais au fond, quelque part dans son esprit, il conservait l’étrange impression qu’Emma n’était pas faite pour Scott, qu’il se trompait. C’était stupide, et probablement juste dû à la jalousie, mais Remy ne parvenait pas à s’ôter cette idée de l’esprit. Alors, malgré ses efforts pour tenir sa langue et paraître sympathique, il n’arrivait pas à pleinement apprécier la jeune femme – qui elle-même, de toute façon, ne paraissait pas lui prêter plus d’intérêt que cela.
Après de longues minutes d’attente, qu’il mit à profit pour surveiller la bâtisse plongée dans l’obscurité, Remy entendit enfin le vrombissement d’un moteur. Avec un soupir de soulagement, il s’avança dans la lumière du réverbère pour que son ami le repère dans l’obscurité. Rien n’avait bougé dans la maison, le coupé-sport était toujours garé dans la cour, à moitié caché par une barrière et une haie à l’abandon. Quand Scott se fût garé et le rejoignit à pied, Remy lui décocha son plus radieux sourire. Et pour une fois, ça n’était pas une façade ni une tentative de séduction : voir son ami se déplacer pour lui, à cette heure de la nuit et sans trop savoir pourquoi, lui faisait vraiment plaisir.
« Merci d’être venu, souffla-t-il en retournant dans l’ombre. Et désolé du dérangement. »
Du doigt, il pointa la bâtisse abandonnée de l’autre côté de la rue.
« Ma cible est là-dedans, mais j’le sens pas du tout. J’crois qu’on sera pas de trop à deux. Un peu d’aventure en pleine nuit, ça va te changer, non ? »
Une longue nuit s’annonçait pour quelques membres de ton équipe. Dans la salle de réunion de la Garde Rouge, James avait fait réunir tout le monde. Personne n’osait traîner des pieds devant lui mais tu voyais bien dans les regards de chacun, que cette réunion était celle de trop de la journée. Tu savais aussi qu’ici se jouait ta soirée. Si tu étais de garde, tu pouvais dire bye-bye à cette soirée tranquille que tu avais prévu avec Emma. Tu n’avais rien organisé de spécial avec ta fiancée mais la pensée d’être tous les deux chez vous sans avoir à se soucier d’un appel de l’école ou du QG te plaisait bien. Si Emma respectait silencieusement ce que tu faisais, tu te doutais bien que de ne pas te voir rentrer chez vous la majorité des soirs de la semaine devait bien l’embêter un peu.
James, de sa grosse voix, continua d’afficher quelques résultats et quelques objectifs pour les jours à venir et tu scannais la pièce. Les visages de chacun étaient figés, écoutant tous religieusement ce qui continuait de se dire. Genosha avait été plutôt calme dernièrement. Les rapports du SHIELD qui nous avait été envoyé semblaient de bonne augure même si tu savais que quelque part dans ton être, la mention de cette organisation te faisait douter. Elle te faisait douter de ta place ici et de ton rôle dans ce grand plan. Protéger la ville, les citoyens, leurs mœurs, tout ça, c’était ton but. Mais tu te demandais quel en était le prix… « Resterons donc ce soir, Drew, Toynbee et moi. Les autres vous pouvez disposer. » Il y eut un mouvement de foule, des murmures et des soulagements de la part de quelques-uns de tes collègues. Un coup d’œil aux malheureux qui étaient de services ce soir et tu te dirigeas vers la porte de sortie et les vestiaires.
Dehors il faisait déjà nuit. Tu te demandais où est-ce que les journées se passaient parce que les rayons du soleil, tu n’en profitais que très rarement. On te parlait de chaleurs et de bons vents, toi tu ne voyais que les murs blancs de la salle d’entraînement. Tu t’apprêtais à monter dans ta voiture et à démarrer pour prendre la route vers l’appartement quand ton téléphone sonna. Tu n’eus pas besoin de regarder le caller ID pour savoir à qui tu allais avoir à faire. La sonnerie soigneusement choisie pour aller comme à gant à la personne à l’autre bout du fil l’avait déjà vendu. « Salut Remy tu… Quoi ? … Parle plus fort j’entends rien à ce que tu … Tu es où ?! mais qu’est-ce que tu fous à… Laisse tomber… J’ai dit "laisse tomber" » Levant les yeux au ciel, tu te demandais si il savait que l’utilisation du téléphone était faîte pour faciliter la communication entre deux personnes, pas pour la compliquer. Comprenant un mot sur deux de ce qui t’étais dit, tu décidas d’abréger la conversation. « J’arrive. » Mettant le moteur en route, tu te demandais ce qui pouvait bien le pousse à t’avoir appelé aussi tard depuis un endroit qui… qui craignait, quoi. Le quartier de Hammer Bay dans lequel t’attendais ton meilleur pote était le dernier que tu aurais pu lui conseiller d’aller traîner. Si ce n’était des dealers, des voleurs, des mafieux et des prostituées, il n’y avait pas grand-chose à voir dans cette zone délabrée de la métropole. Mais en tant que support mental, moral et meilleur pote, ton devoir était d’aller prêter main forte à l’Inspecteur Gadget.
Tu vis tout de suite le moment où, du quartier potable de la ville, tu passas à la mauvaise zone. Tu te dis que si à la fin de la soirée, ta voiture finissait avec une vitre cassée, tu pourrais toujours accuser Remy. Garant ta voiture non loin de ce que tu avais reconnu comme étant sa moto, tu vérifias que ton arme de service était toujours dans ton dos. Bien que la nécessité de devoir l’utiliser dans un contexte tout autre que le travail ne te plaisait pas, tu ne faisais pas assez confiance à l’endroit où tu te trouvais pour sortir de la voiture non armé. Fermant la voiture, tu commenças à te diriger vers la silhouette familière, à peine éclairée par un lampadaire grésillant. Tu devinas plus que ne vis le sourire de ton ami. « Merci d’être venu et désolé du dérangement. » D’une tape amicale sur l’épaule, tu le rassuras « T’inquiète, ton coup de fil était trop bizarre pour que je te laisse te débrouiller tout seul. Qu’est-ce qui se passe ? » Suivant le regard de ton ami qui ne semblait pas lâcher la maison délabrée en face, tu te doutais que l’action se passait là-bas. « Ma cible est là-dedans, mais j’le sens pas du tout. J’crois qu’on sera pas de trop à deux. Un peu d’aventure en pleine nuit, ça va te changer, non ? » Je laissais échapper un petit rire muet, tâchant de ne pas nous faire repérer. « Tu m’étonnes. Moi qui avais prévu de profiter de ma soirée de repos… Quel gâchis ça aurait été, hein ? » Tu n’avais pas dit à ton meilleur ami ce que tu faisais réellement de tes journées. Après tout, gardien de sécurité pour le SHIELD n’était pas un mauvais poste non plus. Et ce n’était pas si loin de la vérité que ça. « Bon, alors c’est quoi cette fois-ci ? Traffic de drogue ? D’organes ? Kidnapping d’enfants ? Oh non, ne me dis pas que c’est de la pédophilie… » On resta planqué encore quelques courtes minutes avant que finalement une porte s’ouvre et que deux hommes en sorte avec un troisième bonhomme sur la défensive. Tu sentais que quelque chose n’allait pas bien se terminer. Tu ne savais toujours pas si c’était pour le mec ou pour vous deux.
By Phantasmagoria Couleur de Scott : #006666
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Mer 20 Avr - 22:05
❝The brother I chose❞ Scott Summers & Remy LeBeau
Même au beau milieu de la nuit, Scott gardait le sourire. Ça devait être agréable, pour ses collègues de travail, de ne pas avoir à faire à quelqu’un boudant dans son coin. Pour Remy, c’était plutôt rassurant : au moins, même s’il le dérangeait, son ami avait la délicatesse de ne pas le montrer.
« Tu m’étonnes. Moi qui avais prévu de profiter de ma soirée de repos… Quel gâchis ça aurait été, hein ? – Arrête, profiter de ta soirée ? Depuis quand tu t’es pas saoulé, hein ? »
Si un regard pouvait tuer, Emma aurait exterminé Remy la dernière fois que Scott et lui étaient rentrés ivres morts... Enfin, le sujet n’était pas là. Il avait un boulot à accomplir. Les heures de nuit payaient double : pas question de faire n’importe quoi au détriment de son client. Une réputation, ça se méritait, et il lui avait fallu beaucoup de temps avant de réussir à trouver des missions régulières. Pas question de tout faire capoter, juste parce que son meilleur ami était là.
« Bon, alors c’est quoi cette fois-ci ? Trafic de drogue ? D’organes ? Kidnapping d’enfants ? Oh non, ne me dis pas que c’est de la pédophilie… – Rien de tout ça, du moins j’crois. Ce type est censé voler des informations confidentielles à son associé, et les revendre à d’autres sociétés... Mais, franchement, t’imagines des assureurs venir faire leurs affaires dans ce genre de quartier ? »
Non, il se tramait autre chose, mais Remy ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Le seul moyen d’en avoir le cœur net, c’était d’y aller et de jeter un coup d’œil dans la maison, ce qui signifiait disposer d’une bonne dose d’audace – ou de folie, selon le point de vue. Le détective n’avait encore récolté aucune preuve de la trahison de cet homme. En temps normal, il aurait peut-être pensé qu’il n’y avait pas de preuves parce qu’il n’y avait pas de trahison, mais la situation avait évolué quand sa cible avait pris cette route pour les bas-quartiers. Il avait mis le doigt dans quelque chose de plus gros qu’une simple revente de données confidentielles, mais jusqu’où cela allait-il ? Il n’eut pas le loisir de s’interroger longuement à ce sujet. La porte de la maison s’ouvrit et, alors que Remy se redressait pour mieux voir, deux molosses en sortirent, encadrant un troisième. Le détective reconnut immédiatement sa cible, et à voir la façon dont il se tenait, l'homme ne devait pas se trouver au milieu des deux autres pour le simple plaisir d’y être. Quelque chose ne tournait pas rond, et plus il y pensait, plus il se demandait si son client lui avait bel et bien dit toute la vérité sur cette affaire.
« J’crois qu’on m’a baladé, Scott, murmura-t-il alors que les trois hommes se dirigeaient vers le garage, aussi délabré que le reste de la maison. Y’a pas de vente d’informations, c’est autre chose... »
Mais quoi ? Et pourquoi son client ne lui avait-il pas dit toute la vérité depuis le début ? Il aurait tôt ou tard remarqué que ce n’était que du vent – d’ailleurs, il venait tout juste de le comprendre. Alors qu’attendait-on de lui ? Qu’il rapporte ce qu’il trouve, quoi que ce soit ? Qu’il abandonne ? Qu’il mette le doigt dans un engrenage dont il ne pourrait plus sortir ? Il aurait dû tourner les talons, il le savait, prendre ses clics et ses clacs et remonter sur sa moto, partir sans se retourner, empocher son chèque et basta ! Mais c’était impossible. Peut-être son client le savait-il, après tout : Remy LeBeau n’était pas du genre à lâcher prise, une fois qu’il avait flairé une piste. Les trois hommes disparurent dans le garage, dont la porte se referma dans un silence étonnant, vu l’état de l’édifice. Elle était parfaitement huilée, signe qu’on l’utilisait souvent. Sans plus attendre, Remy fit signe à son ami de le suivre et s’élança en avant, à demi courbé et évitant les flaques de lumière dispensées par les réverbères. Il n’y avait pas un bruit dans le garage. Au loin, quelque part, un chien aboyait à s’en rompre les cordes vocales. Remy entrouvrit la porte d’un millimètre, juste assez pour pouvoir jeter un coup d’œil à l’intérieur, mais l’obscurité qui régnait dans le bâtiment lui fit froncer les sourcils. Eh, quoi ? ils y voyaient dans le noir, ces types ? Réprimant un juron derrière ses dents serrées, le détective poussa un peu plus le battant, jusqu’à pouvoir passer la tête à l’intérieur du garage. La surprise le fit reculer d’un pas ; il heurta quelque chose, se retourna vivement, surpris, avant de se rappeler que Scott se trouvait juste derrière lui.
« T’as vu ça ? » souffla-t-il, à peine audible.
Il s’écarta pour laisser le champ libre à son ami. D’accord, maintenant, la preuve était faite que quelque chose clochait dans toute cette histoire, et ce n’était pas qu’un petit détail. Quelqu’un avait fait creuser un escalier dans le sol, et les marches disparaissaient rapidement dans des ténèbres plus noires encore que celles qui régnaient dans le garage. Très bien, là, ce n’était plus un doigt qu’ils avaient mis dans l’engrenage, mais tout le bras. Remy passa une main fébrile sur son visage ; il se sentait tout à la fois furieux, excité, inquiet et curieux, et la tempête qui s’agitait sous son crâne commençait à lui donner la migraine.
« Faut qu’on aille voir ce qu’il y a là-dedans. Ça peut être énorme... Ça peut intéresser le S.H.I.E.L.D. »
Tu ne pouvais pas dire que retrouver ton meilleur ami ici, à cette heure te dérangeait. T’étais même plutôt heureux et excité de voir ce qu’allait te réserver la soirée. Celles en présence de Remy finissaient toujours d’une manière assez originale. Surtout quand les fois où on s’en souvenait. « Arrête, profiter de ta soirée ? Depuis quand tu t’es pas saoulé, hein ? » A ça, tu ne pus t’empêcher de retenir un petit sourire et un petite rire. T’aurais aimé lui rétorquer quelque chose mais la situation impliquait du sérieux et un peu de retenue. « Rien de tout ça, du moins j’crois. Ce type est censé voler des informations confidentielles à son associé, et les revendre à d’autres sociétés... Mais, franchement, t’imagines des assureurs venir faire leurs affaires dans ce genre de quartier ? » C’est vrai que le lieu n’avait rien à voir avec la description du bonhomme que venait de te faire Remy. Plusieurs hypothèses traversèrent ton esprit mais tu ne savais pas sur laquelle t’arrêter. De plus, tu n’en savais pas encore assez pour affirmer quelque chose, pour exploiter ne serait-ce qu’un seul indice. Et c’était bien parce que Remy n’avait aucune supposition sur ce type que tu étais là. Un type-fantôme ça n’existait pas. « Non, t’as raison sur ce coup-là ! C’est sûrement quelque chose de plus méchant que quelque mots de passe par-ci, par-là. »
Les mecs qui étaient sortis de la bâtisse n’avaient pas l’air commode, loin de là. Le ‘type’ que suivait Remy n’était pas très grand par rapport aux deux autres gars qui l’entourait. Il devait avoir la quarantaine. Ses traits étaient creusés lui donnant dans le noir, un air beaucoup plus famélique et dangereux qu’il ne pouvait avoir en réalité. L’un des colosses qui l’avait poussé dehors entreprit d’ouvrir la porte d’un garage. « J’crois qu’on m’a baladé, Scott, murmura-t-il alors que les trois hommes se dirigeaient vers le garage, aussi délabré que le reste de la maison. Y’a pas de vente d’informations, c’est autre chose... »
Cette affaire prenait des tons que tu pouvais flairer comme dangereux mais loin de te donner des frissons d’angoisse, tu mourrais d’envie de découvrir où allait te mener toute cette histoire. Toujours planqué dans les ombres de la rue, tu suivis du regard le groupe d’homme qui venait de rentrer dans le garage. Tu t’attendais à ce que de la maison sorte une autre groupe d’homme. Ils ne pouvaient pas être que trois. Trois c’était le nombre de personne que l’on gardait quand on se doutait que tout allait bien se passer. C’était le nombre minimal de personne à garder sur les lieux. Or, ces trois gaillards n’avaient pas l’image de personnes à agir dans la demi-mesure. Qui savait combien d’autres personnes les attendaient dans ce garage ?
La porte se referma silencieusement et au côté de Remy, tu te faufilas sur les lieux. Remy commença immédiatement à s’intéresser au garage alors que toi, tu jetais un coup d’œil dans la maison. La porte avait été fermée mais tu jetas tout de même un coup d’œil à travers chacune des fenêtres. L’une avait le carreau cassé. Débloquant le mécanisme d’ouverture de l’intérieur tu passais la tête à l’intérieur de la maison. Cette fenêtre donnait sur ce qui devait être un ancien salon. Il n’y avait là qu’un vieux sofa, une télévision à l’écran fissuré et une chaise en bois. Quelques cartons avaient été disposés sur le sol, formant une sorte de tapis improvisé. Dans le noir, les couleurs étaient dures à distinguer mais les odeurs étaient plus fortes. Et ça sentait le chimique, le mélange de produits toxiques… Une odeur qui agressait les narines : étais-ce pour en cacher une autre ?
Rejoignant Remy qui avait entrouvert la porte, tu tentais d’écouter ce qui pouvait se dire à travers la porte du garage. Remy t’écrasa le pied avant de sursauter un coup. Tu levais les yeux au ciel. Duh, comme si t’allais disparaître en un instant. Par-dessus l’épaule de Remy tu tentas de voir ce qui se trouvait là. Et plus étonnement, ce qui n’y s’y trouvait pas comme les trois mecs de tout à l’heure. Tu regrettais de ne pas avoir apporté la mini lampe de poche que t’avais dans la voiture, en plus de ton Glock de service. Dans le noir, vous n’aviez aucune idée de sur qui ou quoi vous pourriez tomber. « T’as vu ça ? » Tandis que Remy avançait légèrement dans la pénombre, tu remarquais enfin ce qui avait étonné ton ami. Il n’y avait là aucune voiture, juste un escalier qui s’enfonçait dans le sol. « Tu sais choisir tes enquêtes dis-moi… A côté, nos soirées au bar, c’est une balade dans les prés franchement. Tu m’étonnes que t’adores ton boulot… », tu chuchotas histoire de faire redescendre un peu la pression.
Regardant autour de toi, tu te demandais si ici pouvait se trouver quelque chose qui vous aiderez à vous y repérer. « Faut qu’on aille voir ce qu’il y a là-dedans. Ça peut être énorme... Ça peut intéresser le S.H.I.E.L.D. » Tu levas soudainement la tête à la mention de cet organisme. En effet, si des évènements bizarres se tramaient en bas, le SHIELD serait sûrement les premiers à vouloir prendre les devants. Et c’était également pour cela que cette initiative ne te semblait pas la plus judicieuse. De plus, ne connaissant pas encore la nature des choses qui se trouvait en bas, la décision pouvait être vue comme prématurée. Les alerter pour rien ne serait pas bon pour ton image au sein de la Garde Rouge. « Peut-être mais à mon avis on devrait quand même s’assurer qu’il ne s’agit pas juste d’une banale affaire policière. Tu trouves pas une lampe qui pourrait pas nous….laisse tomber, j’ai trouvé. » Ta main effleura finalement le manche d’une torche. La lumière était faible et jaunâtre mais elle était suffisante pour s’assurer de là où se posait nos pieds.
Prenant les devants, j’entrepris d’éclairer brièvement les marches. L’escalier ne semblait pas être extrêmement vieux. Les marches s’enfonçaient toujours plus bas sous le garage avant de finalement déboucher sur un long couloir soutenu par des pierres. L’endroit était définitivement plus vieux que l’escalier. L’endroit tout entier sentait la poussière et le renfermé. Tu n’osais pas parler ni te retourner de peur de te retrouver nez à nez avec les autres lascars. Tu n’entendais que les bruits de pas de Remy derrière toi ce qui avait l’effet de te rassurer. Au moins vous étiez deux. Un peu avant le bout du couloir, tu te figeais. Des voix te parvenaient mais tu ne pouvais pas correctement entendre ce qu’elles disaient. Tentant de te rapprocher un peu, tu te demandais si finalement, quitter les lieux et demander du renfort n’était pas une meilleure idée. « On ne peut plus vous cacher ici, la somme qui vous a été demandée n’a pas été versée. » Une voix plus suppliante se fit alors entendre mais elle ne fut pas assez audible pour que tu puisses la comprendre. La première voix reprit, plus menaçante cette fois et tu ne pus t’empêcher de jeter un coup d’œil à la situation.
La pièce dans laquelle le couloir débouchait était gigantesque. Il y avait là des portes ouvertes et fermées, des couloirs qui menaient sans doute à d’autres caves comme celles-ci. De gros piliers en pierre soutenaient les installations afin de ne pas les voir s’écrouler. A quoi ces caves avaient-elles pu servir auparavant ? Qu’avaient-elles caché ? Si ce n’était cette famille qui se trouvait désormais à la merci des deux grands corps que tu reconnaissais de tout à l’heure…
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Jeu 21 Avr - 10:02
❝The brother I chose❞ Scott Summers & Remy LeBeau
À la réponse de Scott, Remy sourit dans le noir, amusé. Il ne comptait pas appeler le S.H.I.E.L.D. tout de suite. Certes, il y avait peut-être là de quoi les intéresser – et l’idée de revoir la jolie agent Hill le motivait à composer leur numéro –, mais il comptait bien aller sur les lieux le premier. La découverte de ce qui se tramait sous cet endroit lui revenait. Hors de question de laisser quelqu’un d’autre s’arroger le démantèlement d’un trafic quelconque, même si, en réalité, il n’avait aucun droit de pénétrer ici sans autorisation. Tant pis. Quoi qu’il puisse se passer là-dessous, il en aurait le cœur net, avant tout. Pourquoi aurait-il appelé Scott plutôt que la police, sinon ? À la remarque de son ami, il tendit la main dans son dos et glissa les doigts dans une poche latérale de son sac à dos. Tout bon détective se devait de détenir l’équipement de survie nécessaire à l’accomplissement de ses missions : une trousse de secours, un thermos de café, un paquet de clopes – impossible à consommer, hélas – de l’argent, un téléphone et sa batterie de rechange, un appareil photo et, bien sûr, une lampe de poche. Les deux faisceaux se croisèrent dans les premières marches de l’escalier. Les réponses se trouvaient au fond de ce gouffre : il n’y avait donc qu’une seule chose à faire. Une sale odeur de renfermé emplissait le sous-sol, masquant à peine une autre, acide et âcre, de produits chimiques qui piquait les narines. Remy fronça le nez. Il n’aimait pas ça. C’était le genre d’odeurs qu’on devait trouver dans un laboratoire de fabrication d’héroïne, ou de bombes, peut-être. Quoi qu’il en soit, qui disait produits chimiques, disait risque pour la santé, voire risque d’explosion. Le couloir était trop étroit pour avancer à deux de front, et Scott avait décidé d’ouvrir la marche, sans doute parce qu’avoir une arme sur soi donnait confiance. Un jour, peut-être, le gouvernement déciderait de changer la réglementation et d’accorder aux privés le droit de porter un revolver ; en attendant, il devait se contenter de ses poings, si la situation tournait mal. Pour le moment, toutefois, il ne servait à rien de se monter la tête avec des « peut-être » et des « si ». Ils ignoraient encore ce qui les attendait. Le couloir était désert. Le mur en pierres brutes, dépourvu de béton, indiquait une construction ancienne, sans doute très antérieure à la maison elle-même. Aucune porte ne s’ouvrait sur les côtés : on ne pouvait qu’avancer. Au moins, les risques de se faire surprendre par derrière étaient minces, à moins que les deux molosses n’eussent des complices restés dehors… Ils marchèrent un moment. Remy compta dix, vingt mètres. À en juger par l’orientation du corridor, ils devaient se trouver sous le jardin de la maison voisine, preuve que l’endroit datait de bien avant la construction du quartier. Ils firent halte avant la fin du couloir. Des voix leur parvenaient, indistinctes. Le ton était sec et grossier, et Remy sut que ce n’était pas son homme qui parlait ainsi. Il éteignit sa lampe et, intrigués, Scott et lui s’avancèrent encore un peu, jusqu’à comprendre enfin le sens des mots.
« On ne peut plus vous cacher ici, la somme qui vous a été demandée n’a pas été versée. »
Tiens, tiens… Voilà qui commençait à prendre du sens – ou à tout embrouiller un peu plus. Il y avait donc une demande d’argent dans l’histoire. Du chantage ? Une rançon ? À entendre celui qui répondit à cela, les deux options pouvaient coller. Remy fronça les sourcils. Que se passait-il ici ? Pourquoi l’avait-on envoyé filer un homme qui, de toute évidence, ne se livrait pas à de l’espionnage industriel, mais était plongé jusqu’au cou dans quelque chose de beaucoup plus grave ? D’autres paroles fusèrent, plus ténues, certaines prononcées d’une voix rendue aiguë par la peur, d’autres grondées, rauques et sourdes. Scott jeta un coup d’œil dans la pièce ; de là où il se tenait, Remy ne pouvait rien voir. En silence, il tira son téléphone portable hors de sa veste et enclencha la fonction magnétophone. Déjà, d’autres mots lui parvenaient.
« Je n’ai pas pu réunir l’argent ! Mon associé se doute de quelque chose. Laissez-moi encore un peu de temps… – Vous en avez déjà eu bien assez. Il y a trop de risques. Vous allez devoir vous débrouiller seul. – Vous avez dit que vous pourriez nous faire quitter l’île ! – Pas sans argent, c’est clair ? »
Remy redressa la tête, surpris. Non, ça ne ressemblait plus à du chantage, ni à une demande de rançon. L’homme devait payer pour un service. Pourquoi frayer avec de tels individus ? De quoi voulait-il donc se cacher, qui l’oblige à engager ces types plutôt que d’aller voir la police ? Il y eut d’autres suppliques, des pleurs – il y avait là plus de trois personnes, au moins cinq ou six, dont une femme et des enfants. Pouvait-il s’agir de la famille de sa cible ?
« Allez-vous-en ! – Non ! Il faut… »
Un « BANG » retentit, se répercuta dans les caves, vrillant les tympans de Remy. La violence du son le laissa pantelant et des étoiles noires éclatèrent devant ses yeux, alors qu’un sifflement strident remplissait ses oreilles. Il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser qu’il s’agissait d’un coup de feu. Désorienté, il cligna des paupières pour chasser le malaise. Cette fois, il n’y avait plus à hésiter. Il passa la porte, s’appuyant au chambranle le temps que son équilibre malmené lui revienne. Les deux colosses étaient debout, l’homme aussi. Une femme se tenait à genoux au fond de la vaste salle ornée de colonnes de pierre, serrant deux enfants dans ses bras ; Remy n’eut pas le loisir d’admirer l’architecture. Il y avait une arme par terre, probablement celle qui avait tiré, et vu l’agencement de la salle, la répercussion du son devenait très logique. L’un des deux gros bras tourna la tête vers lui, mais alors qu’il ouvrait la bouche pour poser la question rituelle, quelque chose le heurta en plein visage et il bascula en arrière. Remy secoua la tête, incrédule. Il n’avait pas vu ce qui avait causé sa chute, mais l’homme était maintenant étendu par terre, inconscient. La femme poussa un cri strident et serra un peu plus ses enfants contre elle. Son mari, lui, regarda le détective et son ami d’un air affolé.
« Ils nous ont retrouvés ! s’écria-t-il, terrifié. Laissez ma famille tranquille ! Laissez-nous partir ! – Mais enfin de quoi…, commença Remy. – La ferme ! » beugla le deuxième molosse en tournant son Beretta vers lui.
Le détective leva les deux mains, tant par réflexe que pour montrer qu’il n’avait pas d’arme. Très bien, les choses prenaient vraiment une sale tournure, maintenant.
L’altercation entre les protagonistes dans la cave commençait à escalader et tu te demandais si Remy et toi ne seraient pas bientôt pris en flagrant délit d’espionnage. Loin de te soucier d’un quelconque « délit », ce qui ne te rassurait pas était le niveau de défense que les deux molosses avaient. Tu te doutais qu’ils étaient armés mais à quel degré ? Dans ta tête tu te demandais également si la découverte que vous veniez de faire n’était pas que la partie visible de l’iceberg. Qui était cet informateur ? Quelle était sa relation avec le bonhomme fait comme un rat dans cette cave ? Quelles étaient ses raisons pour avoir lancé Remy sur cette voie ? Souhaitait-il justice ou vengeance ? Tant de questions qui trottaient dans ta tête mais qui restaient sans réponses. Du côté de Remy, tu sentis un lent mouvement et remarquais qu’il avait sorti son portable. Sous terre et dans cette partie de la ville, tu te doutais qu’il trouve le meilleur réseau. Cependant, lorsque tu vis le petit signe "rec" rouge sur l’écran d’accueil tu le félicitais mentalement pour avoir dégainé aussi vite. Restant tous les deux cachés, tu te fis un peu plus petit pour laisser ton ami observer la situation. Les dialogues reprirent « Je n’ai pas pu réunir l’argent ! Mon associé se doute de quelque chose. Laissez-moi encore un peu de temps. » La plainte de l’individu ne sembla pas adoucir la voix menaçante du colosse mal rasé aux cheveux noirs. « Vous en avez déjà eu bien assez. Il y a trop de risques. Vous allez devoir vous débrouiller seul. » « Vous avez dit que vous pourriez nous faire quitter l’île ! » Tu fronçais les sourcils. Pourquoi chercher à quitter l’île ? Pourquoi avoir recours à des bandits aux regards noirs ? « Pas sans argent, c’est clair ? » L’homme maintenant à genoux murmura de nouvelles supplications tandis que tu pris conscience des regards terrorisés d’une femme et de ses enfants assis dans le fond de la pièce. Terrés comme des lapins pris pour cible, elle essayait de couvrir les yeux de sa plus jeune fille. La voix menaçante résonna de nouveau « Allez-vous-en ! » « Non ! Il faut… » La suite de la phrase fut totalement coupée par un coup de feu assourdissant.
Toute la superficie creuse des caves amplifièrent la détonation qui fit trembler les murs. Tu seras de tes mains les deux côtés de ta tête, essayant de réintégrer du silence et de l’ordre dans tes pensées secouées par la violence du bang. Remy te passa devant avant que tu ais eu le temps d’éliminer les flashs rouges que tu voyais derrière tes yeux. Une chaleur bouillante te submergea soudainement avant de disparaître aussi rapidement qu’elle était venue. Reprenant tes esprits, tu te rendis compte que quelques grains de sables s’étaient échappés du bas plafond pour se déposer dans tes cheveux. Encore un coup de feu et la puissance du son ferait tout dégringoler. Sortant à ton tour de l’ombre du couloir, tu gardais une main à ta ceinture, prêt à sortir ton arme au premier geste suspect. Les avertir immédiatement que t’étais armé n’était jamais une solution qui tu préférais. Te positionnant aux côtés de Remy, tu t’attendais à ce qu’il ait un plan pour reprendre la main sur cette situation. A quelques mètres de tes pieds se trouvait une arme à feu. Elle ne semblait pas avoir de propriétaire mais tu pouvais jurer qu’elle était celle qui avait été tirée. Tentant une approche pour la récupérer, tu t’arrêtas brusquement dans ta lancée lorsque l’un des hommes émit un gros gémissement avant de se retrouver tête dans la poussière. Tu te redressas brusquement, regagnant ta place aux côtés de Remy. La surprise et l’incompréhension prenant place sur ton visage, tu cherchas vivement à identifier la source de ce revirement de situation. Qui ou quoi avait fait ça ? Ta concentration fut altérée par les cris puissants de la femme dans le fond de la pièce tandis que le visage de l’homme de quarante ans sembla se décomposer à notre vue. « Ils nous ont retrouvés ! Laissez ma famille tranquille ! Laissez-nous partir ! » La surprise était complète de tous les côtés. « Mais enfin de quoi… ». Remy ne put finir sa phrase car le mec aux cheveux noirs pointa son revolver sur nous nous prenant pour cible. « La ferme ! ». Remy leva les mains en l’air lentement tandis que j’en profitais pour sortir à mon tour mon arme. « Okay, on se calme là ! Réfléchissez à ce que vous faîtes ! Personne ne doit mourir ce soir ! »
L’atmosphère n’eut pas comme effet de se détendre bien au contraire. La présence de deux armes se faisant face ne faisait qu’augmenter la tension dans la pièce. « Lâchez votre arme et laissez-les partir. », tu sortis d’une voix claire mais sévère. Tu ajoutais à l’intention de Remy « Ramasse l’arme sur ta gauche, on sait jamais. » Le deuxième animal était encore au sol mais tu voulais à tout prix éviter de perdre l’avantage. « S’il-vous-plaît, laissez-nous juste partir. Laissez-nous juste tra…» « J’ai dis LA FERME ! » La grosse voix de l’homme résonna dans toute la cave, faisant trembler la femme et les enfants qui se trouvaient dans le fond. L’arme du mec continuait de pointer vers Remy et toi, s’arrêtant sur la tempe de l’homme qu’il tenait par le cou. « C’est lui, n’est-ce pas, qui vous a amené jusqu’ici ! C’est lui qui m’a vendu ! » Le grincement de dent ne présentait rien de bon pour l’avenir de l’homme. « Laissez-le partir, j’ai dit ! Si vous n’opérez pas je… » Soudain tout alla très vite. Un second coup de feu retentit émanant cette fois-ci de l’homme au revolver qui venait de se prendre à son tour ce qui ressemblait à une brique. Par la plus grande chance, la surprise de l’impact du projectile l’avait fait manquer son coup dans notre direction. La puissance de la détonation cependant t’arracha une grimace de douleur. Tes oreilles sifflaient et tes mains tremblaient. Un grand grondement retentit à la suite, ne présentant rien de bon. Du sable et des pierres commençaient déjà de glisser du plafond. « Sortez tous, ça va s’écrouler ! » tu tentas de sortir de façon compréhensible malgré le fait que tu étais encore sonné et chancelant.
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Ven 22 Avr - 16:29
❝The brother I chose❞ Scott Summers & Remy LeBeau
Un plan, un plan, un plan... Quand il s’agissait de trouver des excuses pour ses planques découvertes, Remy parvenait toujours à s’en sortir par une pirouette, ou juste avec un sourire. Les gens pouvaient croire n’importe quoi si la personne en face d’eux affichait une confiance absolue et un air avenant. Mais devant une arme qu’il savait chargée, le détective sentait qu’il valait mieux ne pas jouer avec le feu : un tir malencontreux était parti tout à l’heure, et Remy doutait qu’il n’y eut qu’une seule balle dans le chargeur. Mais le poing de Scott surgit tout à coup à côté de lui, armé lui aussi. Il n’y aurait pas de retour en arrière, pas cette fois.
« Okay, on se calme là ! Réfléchissez à ce que vous faîtes ! Personne ne doit mourir ce soir ! »
Et comment… ! Remy jeta un coup d’oeil en direction de la femme, qui serrait ses enfants contre elle. Les deux petits n’avaient pas plus de douze ans. Dans quoi leur père les avait-il entraînés ? Pour quelle raison voulaient-ils quitter Genosha sans emprunter la voie aérienne classique, ou même le bateau ? Le regard de la femme croisa le sien ; elle n’était pas très jolie, grande, maigre et nerveuse, avec un nez aquilin, mais à voir la façon dont elle tenait ses enfants, on comprenait que son amour de mère surpassait tout le reste. Remy lui adressa un sourire qui se voulait rassurant, hocha doucement la tête. Elle lui rendit son signe, et il lut dans ses yeux qu’elle se raccrochait désormais à lui pour arranger la situation. Sauf qu’il n’avait aucune idée de la manière de procéder.
« Ramasse l’arme sur ta gauche, on sait jamais », ajouta tout à coup Scott.
Remy détacha le regard de la femme pour le tourner vers son ami, puis vers le Beretta abandonné par terre. La manipulation des armes à feu n’entrait pas dans le champ de compétence des privés – ce qui valait sans doute mieux, si l’on voulait éviter d’en voir certains jouer au shérif. Pourtant, cette fois, il était prêt à faire une exception à son code déontologique. Couvert par son ami, le détective se pencha vers l’arme et la ramassa. Elle était plus lourde qu’il aurait pu le croire, et le métal était tiède. Une légère odeur de poudre flottait autour.
« S’il-vous-plaît, laissez-nous juste partir. Laissez-nous juste tra… – J’ai dis LA FERME ! tonna le colosse, visiblement troublé par l’irruption des deux intrus. C’est lui, n’est-ce pas, qui vous a amené jusqu’ici ! C’est lui qui m’a vendu ! »
Au fond de la salle, la femme poussa un cri strident, sans doute pour dissuader l’homme de presser la détente quand il tourna le canon de son arme vers Kenneth Lloyd, le bureaucrate en complet-veston. Scott, lui, gardait une maîtrise de ses nerfs très impressionnante. Remy n’avait jamais eu l’occasion de le voir en action au travail, mais les formateurs du S.H.I.E.L.D. faisaient un travail remarquable, pour réussir à rendre les gens aussi sereins. De nouveau, le détective tourna les yeux vers l’épouse de Lloyd. Comme il s’y attendait, son regard accrocha aussitôt celui de la femme, qui le supplia silencieusement de les sortir de là. Remy tenta un sourire qui se voulait rassurant.
« Laissez-le partir, j’ai dit ! intima Scott d’une voix ferme. Si vous n’opérez pas je… »
Cette fois, Remy sut d’où venait les projectiles fantômes : une brique vola depuis le fond de la salle, plongé dans la pénombre, et heurta l’homme au revolver en pleine tête. Son doigt pressa la détente par réflexe. D’instinct, Remy enfonça la tête dans les épaules, mais la balle termina sa course dans le mur. Le sifflement suraigu emplit à nouveau ses oreilles et il chancela, déstabilisé, la vision soudain obscurcie par les flashs de lumière qui l’assaillaient tout à coup. Le Beretta qu’il tenait s’écrasa par terre. Rendu totalement sourd par la déflagration, Remy vit – ou plutôt devina, à travers les éclairs qui striaient son regard – les lèvres de Scott remuer à nouveau. Ce ne fut que lorsque le mur contre lequel il s’appuyait se mit à vibrer, que le détective comprit ce qui se passait. Une poussière grise tomba dans ses cheveux bruns. La terre même commença à bouger sous ses pieds, et ce n’était pas seulement dû au coup de tonnerre qui avait explosé dans le sous-sol. Tout allait s’effondrer ! Les caves étaient bien trop anciennes, trop fragiles pour supporter la réverbération d’un tel son. Les colonnes de pierre et le plafond brut allaient craquer et les engloutir s’ils restaient là ! Dans la brume qui opacifiait ses pensées, Remy songea tout de même à la femme et aux enfants recroquevillés au fond de la salle. Il ne prêta aucune attention aux deux hommes étendus par terre. Vacillant, les oreilles toujours emplies de cette stridulation insupportable, le détective traversa la salle. Sa main attrapa Lloyd par un pan de sa veste.
« Barrez-vous ! » hurla-t-il, s’entendant à peine au milieu du bruit et des acouphènes.
Puis il rejoignit les trois autres membres de la famille. Sans ménagement, il hissa les deux garçons sur leurs pieds pour les pousser en direction de la sortie. La femme tenait à peine sur ses jambes quand il la releva. Titubant elle aussi, elle suivit néanmoins ses enfants, alors qu’une colonne s’écroulait juste derrière elle. Remy leva le regard vers le fond de la salle, qu’il ne parvenait pas à distinguer dans le noir. Il y avait forcément quelqu’un d’autre, caché dans l’ombre : les briques étaient venues de cette direction. Durant une seconde, le détective hésita, mais ses doutes s’envolèrent rapidement. Tant pis pour sa sécurité. Même si ce n’était pas son travail, il ne pouvait pas laisser quelqu’un là-dedans – hormis peut-être les deux tas de muscles avachis par terre. Il s’enfonça dans la pénombre, faillit tomber quand le sol vibra à nouveau. Derrière lui, un pan de mur s’effondra ; une vague de terre et de sable mêlés s’engouffra dans l’ouverture béante et se répandit dans la salle. Remy ne recula pas pour autant.
« Vite ! cria-t-il, toujours aussi sourd. Tout va s’écrouler ! Sortez de là ! »
Il y eut un bref mouvement, sur sa gauche. Quelques instants plus tard, une arche s’effondrait sur le sol avec fracas. La poussière envahit la salle. Toussant et crachant, les yeux humides à forcer de cligner des paupières, le détective s’enfonça un peu plus dans la cave. Une adolescente maigrelette était accroupie par terre, les deux mains pressées sur ses tempes, juste derrière une colonne. Remy la rejoignit aussi vite que possible.
« Il faut sortir d’ici, vite ! Tout va s’eff-… »
Ses derniers mots furent étouffés par un nouveau fracas derrière lui. La salle fut tout à coup plongée dans le noir. Remy se retourna et sentit un frisson glacé descendre le long de son échine. Une nouvelle arche s’était effondrée et, cette fois, le sol avait cédé avec elle. Ils étaient pris au piège.
Cette fois-ci tu ne savais pas vraiment comment vous alliez vous en sortir. La situation était des plus critiques et toutes tentatives d’échappement devaient être réfléchies des plus rapidement. Autour de vous, tout commençait déjà à trembler : le sol, les murs, le plafond. Du sable continuait perpétuellement de se déverser dans tes cheveux alors que ton genou était encore à terre, tout ton corps chancelant et vibrant sous le choc de la réverbération du son dans l’espace creux. Serrant les poings, tu commençais par te concentrer sur un point fixe pour calmer tes nerfs. Tes yeux se déposèrent sur les deux corps encore étalés sous l’impact qu’avaient eu les projectiles quelques instants plus tôt. Le premier à avoir été abattu commençait légèrement à remuer, tu pouvais le voir. Son souffle, détectable par la poussière qu’il dégageait, s’était accéléré. Grinçant des dents, tu te relevais, vérifiant d’abord si Remy était toujours à tes côtés. Ton ami semblait être dans le même état d’esprit que toi, tentant tant bien que mal de se remettre de cette gêne sonore. Calmant ta respiration, tu le vis finalement prendre les devants par aller à la rencontre des gens que vous deviez absolument faire sortir en premier.
Ramassant ton glock qui était tombé par terre sous l’effet de surprise, tu le suivis. Tu sentais tout autour de toi, les murs qui commençaient à plier sous le poids du plafond que les piliers ne supportaient plus. Il fallait que vous trouviez la sortie et rapidement ! Cette pensée qui traversa ton esprit seconda celle que tu avais déjà entrepris de réaliser : vous deviez évacuer la famille qui s’était retrouvée dans ce pétrin. Rejoignant la mère et ses enfants, tu l’aidais à se relever. « Vite, vite, il faut sortir ! ». La femme était faible, tu pouvais le voir dans ses yeux. Faible, fatiguée et paniquée par la tournure des évènements. Hissant un enfant dans tes bras, tu les accompagnais jusqu’au couloir où vous étiez arrivés. S’ils se dépêchaient de remonter à la surface et de s’écarter du garage, ils avaient peut-être une chance de s’en sortir indemne. Les explications prendraient place plus tard. Tu t’apprêtais à courir avec eux jusqu’aux escaliers puis jusqu’au garage quand tu te rendis compte que Remy n’était ni devant, ni derrière toi. Déposant l’enfant à terre, tu le confiais à sa mère, les poussant tous les trois vers la sortie d’un geste pressant. « Courrez jusqu’au bout du couloir et grimpez l’escalier ! Allez ! » Tu vis le regard hésitant de la femme et d’une voix dure tu répétas ta dernière phrase. Ton ton insistant la poussa à déguerpir. Sortant à peine du tunnel, tu vis passer en courant l’homme précédemment retenu en otage. Tu aurais aimé l’arrêter et lui demander des renseignements sur Remy et sur ses propres raisons pour être ici mais il ne t’en laissa pas l’occasion. S’engouffrant derrière toi, il prit dans ses bras l’un des enfants et entraîna sa femme avec lui. Pour l’instant, l’essentiel était de sortir d’ici avant de se faire totalement piéger.
Retournant dans le lieu majeur des évènements, tu te couvrais la bouche et le nez. La poussière et le sable qui continuaient de s’effondrer par tas avaient créés une fumée épaisse. Courant à travers la pièce, tu tentais de repérer la silhouette de Remy à travers le brouillard imposant. Les ombres sombres du fond de la pièce te mirent la puce à l’oreille et te lancèrent dans leur direction. Tu t’apprêtais à le rejoindre quand une nouvelle secousse te fit basculer en avant. Tu eus juste le temps de te relever et de t’écarter de l’effondrement d’une paroi de la cave avant que celle-ci ne tombe de tout son poids. La vague de fumée te fit plisser les yeux et cracher tes poumons avec une violence soudaine. Contournant l’obstacle qui avait été rependu sur ta route, tu tentais de te guider dans la direction de ton ami grâce au son de sa voix.
Tu avais pourtant l’impression qu’à chaque pas, il y avait une mince probabilité que ta direction ne soit pas la bonne. Manquant de trébucher à plusieurs reprises sur des débris, tu finis par le voir plus clairement. Tu ne reconnaissais pas la seconde ombre qui était en sa présence t’amenant à douter. Arrivant dans leur dos, tu te demandais ce qu’il était en train de lui dire… Un grondement se fit alors entendre non loin de toi. Une soudaine pression te plaqua à terre, coupant ton souffle au passage. Une partie de l’arche venait de te tomber dessus et dans le peu de temps de réflexion que l’écroulement t’accordait, tu te dépêchais de ramener tes mains à ta tête, te protégeant d’avance d’une seconde possible avalanche de gravats.
Les secondes parurent être des minutes et chaque mouvement dans le dos te faisait serrer les dents. Tu t’assurais que tu n’avais rien de casser mise à part le souffle coupé. Tentant de te dégager, tu entrepris de faire glisser les décombres les plus légères loin de ta figure. Tu avais eu de la chance : la partie la plus lourde de l’arche t’avait raté de quelques mètres. T’extirpant de la masse, tu tentais tout de même d’attirer l’attention de ton ami. « Un peu d’aide par ici ? ». Dégageant finalement ta jambe, tu vérifiais que la cheville n’était pas foulée. C’était bien la dernière chose que tu voulais qu’il t’arrive ici, dans cette situation. Pas besoin de davantage de blessures. « Bon la bonne nouvelle c’est qu’on aura pas à avoir à faire avec les deux violents de tout à l’heure. La mauvaise nouvelle, faut qu’on trouve une autre sortie. C’est qui elle ? », tu poursuivis avant de te lever. « On m’appelle Nudge. » Drôle de prénom. La regardant de haut en bas, tu te rendis compte qu’elle ne devait pas avoir plus de 17 ans. Elle avait l’air mal nourrie et totalement apeurée. « Depuis combien de temps est-ce que ces deux hommes vous retenez ici ? » Son regard s’assombrit, ses poings se serrèrent. « Personne ne me retenait nulle part. Venez, je vous montre le chemin. »
Afin de la laisser prendre un peu d’avance sur vous, tu fis mine de secouer un peu la poussière de tes habits. Tu la vis gravir maladroitement quelques cailloux et s’éloigner un peu. « Tu crois qu’elle est liée à notre présence ici ? Qu’elle est liée à cette famille ? ». Résolu, tu finis par entreprendre de la suivre. Il n'y avait de toutes manière, pas la possibilité de faire marche arrière.
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Sam 23 Avr - 17:05
❝The brother I chose❞ Scott Summers & Remy LeBeau
Tout venait de s’effondrer. Remy fixait les décombres, hébété. La sortie se trouvait de l’autre côté de l’amas de pierres et de terre. Autrement dit, hors d’atteinte... Ce n’était sûrement pas le bon moment pour céder à la panique, mais le détective n’en menait pourtant pas large. Jamais au cours de sa carrière il ne s’était trouvé en si mauvaise passe. La voix de Scott le tira toutefois de sa stupeur et, prenant garde à ne pas trébucher dans l’obscurité, il avança dans sa direction. Quel idiot ! songea-t-il, heureux cependant de le savoir en vie. Plutôt que de fuir avec les autres, il avait plongé tête baissée dans les ennuis. Comme lui, en fait : ils n’étaient pas meilleurs amis pour rien. Lorsque le pied de Remy heurta la masse de gravats, il tira la lampe de son sac à dos et braqua le faisceau en direction de l’enchevêtrement de pierres. Pris dans le rayon lumineux, le visage de Scott couvert de poussière et ses cheveux pleins de terre lui arrachèrent un rire amusé, en dépit de la situation dans laquelle ils se retrouvaient tous les deux.
« Tu verrais ta tête ! »
C’était plus du soulagement que de la moquerie. D’un certain côté, Remy s’en voulait d’avoir entraîné son ami dans une telle affaire, mais il n’était pas mécontent de l’avoir à ses côtés. Il l’aida à s’extirper de là, prenant garde à ne pas tirer trop fort sur son bras, au cas où Scott aurait eu quelque chose de cassé. Son ami avait bien quelques égratignures sur le visage, mais rien de plus grave, de prime abord, et Remy sentit un poids quitter ses épaules lorsque le jeune homme se redressa, pas plus abîmé que cela.
« Bon la bonne nouvelle c’est qu’on aura pas à avoir à faire avec les deux violents de tout à l’heure, ironisa Scott. La mauvaise nouvelle, faut qu’on trouve une autre sortie. C’est qui elle ? »
L’adolescente, oui : Remy avait presque failli l’oublier. Il tourna le faisceau de la lampe sur elle. Aussitôt, elle se réfugia derrière une colonne, mais le détective avait pu apercevoir une masse de cheveux clairs sales et emmêlés, un visage blafard et deux grands yeux sombres, pareils à des trous noirs. Remy s’approcha à pas lents et baissa sa lampe vers le sol. La fille portait de vieux vêtements déchirés, qui auraient bien eu besoin d’un passage en machine – en fait, elle-même n’aurait sûrement pas volé un bain. Qui elle était, c’était une excellente question. Et depuis combien de temps se trouvait-elle ici ?
« On m’appelle Nudge, répondit-elle, les observant tour à tour de ses immenses yeux noirs. – On te fera aucun mal, petite, assura Remy avec un sourire. Pas question de risquer de se prendre une brique, hein ? »
La fille posa son regard sur lui, un peu plus longtemps, mais le sourire charmeur n’eut pas le moindre effet sur elle. Elle les observait l’un après l’autre, les yeux vifs, la respiration hachée, comme une bête traquée se demandant quel ennemi elle devait craindre plus que l’autre. La faim lui avait creusé les joues. Ses poignets étaient si frêles que Remy aurait pu enserrer les deux d’une seule main ; pourtant, c’était bien elle qui avait lancé les projectiles avec une redoutable précision. Si elle était captive de ces deux hommes, peut-être pourrait-elle leur en dire plus sur ce qu’ils trafiquaient, et pourquoi ils retenaient la famille de Lloyd. Manifestement, elle n’en faisait pas partie, elle. Mais d’où venait-elle ?
« Depuis combien de temps est-ce que ces deux hommes vous retenaient ici ? – Personne ne me retenait nulle part, rétorqua Nudge, une once de défi dans sa voix rauque. Je vous montre le chemin. »
Elle les précéda vers le fond de la salle, où la lampe de Remy éclairait un passage plus noir qu’un four. Scott patientait un peu en arrière, manifestement désireux d’avoir une petite conversation avec son ami avant de suivre leur nouvelle guide.
« Tu crois qu’elle est liée à notre présence ici ? demanda en effet Scott lorsque Nudge fut suffisamment loin pour ne pas les entendre. Qu’elle est liée à cette famille ? – J’en ai pas la moindre idée, répondit Remy. J’sais absolument pas ce qui se passe ici. J’étais parti pour récupérer des photos de ce type en train de vendre des informations à des concurrents, et me voilà embarqué dans... un trafic de personnes ? Sa femme et ses gosses n’auraient jamais dû se trouver là, et cette fille… j’sais pas du tout qui c’est. »
Plus il y réfléchissait, moins tout cela avait de sens pour lui. Son commanditaire avait pourtant été très clair : il soupçonnait Lloyd de vendre certaines de leurs fiches clients à des agences rivales, et il voulait des preuves concrètes pour pouvoir le licencier sans avoir à payer des indemnités. Une mission des plus banales, que Remy avait déjà accompli une bonne centaine de fois. Cependant, il n’avait trouvé aucune preuve dans sa boîte mail professionnelle, ni dans le listing de ses appels téléphoniques. Il l’avait filé toute une journée sans rien remarquer d’anormal... jusqu’à ce soir. Ce que soupçonnait son client n’avait rien à voir avec de l’espionnage industriel. Le savait-il lorsqu’il avait engagé le détective privé, ou l’ignorait-il complètement ? Était-ce juste le simple comportement de Lloyd, qui l’avait ainsi incité à prendre des mesures, ou avait-il d’autres indices dont il n’avait pas parlé à Remy ? Difficile à déterminer, pour l’instant. Il devrait attendre d’être sorti de ce trou. Nudge progressait rapidement dans la pénombre, comme si ses grands yeux noirs y voyaient aussi bien qu’en plein jour. Peut-être se dirigeait-elle seulement grâce à l’écho qu’elle produisait en marchant, à la manière des chauves-souris ? Ou alors, elle connaissait si bien le couloir qu’elle avançait sans même avoir besoin de regarder où elle allait, comme dans ces films où les personnages n’avaient qu’à compter leur pas pour savoir où ils en étaient. Mais Remy, lui, n’était ni une chauve-souris ni un expert en mathématiques : il alluma sa lampe, éclairant un couloir identique à celui qu’ils avaient traversé un peu plus tôt. L’odeur de produits chimiques se faisait de plus en plus prégnante, se mêlant à une vague odeur de moisi dans un résultat écœurant. Le couloir arriva à un croisement. Nudge s’arrêta là et désigna l’issue à sa droite.
« Tout au bout de ce couloir, il y a une sortie, expliqua-t-elle. – Fantastique, soupira Remy, soulagé. Merci. »
Elle ne répondit pas et tourna les talons de l’autre côté.
« Hé, attends ! Tu vas où, comme ça ? – Chez moi. – Chez toi ? Y’a une autre sortie par-là ? – Non. »
Remy fronça les sourcils, interloqué. Que voulait-elle dire, alors, par « chez moi » ? De troubles images revinrent tout à coup dans l’esprit du détective, celles de couloirs obscurs, de visages indistincts, inconnus, de refuges souterrains… de sang. Il sentit son cœur manquer un battement. Ce n’était pas la première fois que des sensations de déjà-vu l’assaillaient, ni le troublaient autant. Sans trop savoir pourquoi, le détective éprouvait le besoin de l’empêcher de partir, de la retenir, de ne surtout pas la laisser disparaître dans les ténèbres, comme si, en la perdant de vue, elle risquait de s’évanouir à jamais, comme… Mais les souvenirs lui échappèrent, la sensation se dissipa. Il cligna des paupières. La réalité le rappelait tout à coup à elle ; déjà Nudge repartait dans son couloir. L’inquiétude souleva le cœur de Remy, à nouveau, et il la retint encore :
« Attends ! Tu rejoins pas ta famille ? s’enquit-il. – Les autres ? C’est pas ma famille. – Alors qu’est-ce que tu faisais là ? – Je les ai entendus crier, c’est tout. Allez-vous-en ! La sortie, c’est par-là. – Est-ce que tu vis ici ? » insista-t-il.
Elle braqua son regard sombre sur lui, ces deux trous noirs insondables. Ça valait une réponse.
Tu regardais au loin la fillette s’échapper sur les décombres, trébuchant parfois sur une petite cascade de poussière, de sable et de cailloux. Ses genoux apparents sous son jean sale et déchiré montraient des formes noueuses et tremblantes. Tu t’assurais qu’elle n’était pas partie en courant, vous laissant tous les deux dans le noir et dans la panade. Ces souterrains t’étaient inconnus et tu étais persuadé qu’une balade au hasard, à l’aveugle dans l’un d’eux ne vous permettrez pas de ressortir avant bien longtemps. « J’en ai pas la moindre idée » commença ton ami. « J’sais absolument pas ce qui se passe ici. J’étais parti pour récupérer des photos de ce type en train de vendre des informations à des concurrents, et me voilà embarqué dans... un trafic de personnes ? Sa femme et ses gosses n’auraient jamais dû se trouver là, et cette fille… » Il y eut une brève pause, et tu regardais pour t’assurer qu’elle était assez loin pour ne pas surprendre votre conversation «… j’sais pas du tout qui c’est. » Tu suivis ton ami qui avait commencé à suivre la jeune fille. Tout cela commençait à devenir intéressant et dangereux. Dangereux parce que tout comportement étrange devait être signalé puis contrôlé par la Garde Rouge. Tu avais tout de même du mal à imaginer ces gros bras descendre ici sous la terre pour venir se perdre dans les labyrinthes des vieilleries de cette ville. Mais travaillant pour eux et avec eux, tu savais comment les choses seraient vite réglées : une analyste par-ci, un ancien plan des sous-sols par-là, on finit par mettre le feu d’un côté pour attendre que les lapins sortent de l’autre. Tout cela sans se froisser un muscle. Et c’était le genre de comportement contre lequel que tu n’avais pas envie de faire face. Tu préférais ignorer ces aspects-là de la chose car ce qui t’importait c’était bel et bien la sécurité des habitants de la ville. Si les enfants pouvaient rentrer de l’école seuls sans que leur parents aient à y penser à deux fois alors tu avais gagné ta journée.
Les questions se posaient quand même. Qu’est-ce que cet enfant faisait dans les tréfonds de la ville, dans les quartiers où seuls les rats et les lézards auraient pensé à se réfugier ? Quelles étaient les raisons qui l’avaient poussé à fuir ici ? Où était sa famille, ses amis, les personnes qui auraient eu un tant soit peu de compassion pour lui rendre la vie meilleure ? Toutes ces questions auraient dû être posées à voix haute mais le silence avait scellé tes lèvres. Peut-être savais tu inconsciemment que tu aurais craint les réponses. Sentant ton souffle s’accélérer, tu te demandais si la cadence des jambes de Nudge durerait encore longtemps. Ses petites mains maigres semblaient longer et gratter la paroi des murs au fur et à mesure de son chemin. Parfois d’un brusque mouvement inattendu, elle prenait sur un autre couloir à droite ou à gauche que tu n’aurais soupçonné. Tes yeux à toi avaient commencé à s’habituer à la faible lueur que projetait la lampe de Remy. Tu ne voyais pas plus loin de tes pas mais ton regard évitait de regarder par terre. Tu n’avais pas envie de te renseigner sur les choses que tes pieds frôlaient. C’est à un nouveau croisement que Nudge s’arrêta. Une fois à sa hauteur, je regardais des deux côtés. Le couloir semblait encore se prolonger sur des kilomètres. Le chuchotement froid et neutre de Nudge résonnait encore contre les parois du souterrain amenant les bruits sur plusieurs petits mètres encore. « Tout au bout de ce couloir, il y a une sortie » Elle désigna le chemin sur la droite. Dans le noir, la fin était indissociable du début mais il y avait une note dans sa voix qui te disait qu’elle ne se moquait pas de vous. « Fantastique. Merci ». Elle eut un bref petit mouvement de tête pour nous assurer qu’elle avait entendu mais elle ne répondit rien. D’un mouvement leste et presque mécanique, elle se tourna et s’éloigna de quelques pas dans le noir. « Nudge ? » « Hé, attends ! Tu vas où, comme ça ? » continua Remy. Il y eut une courte réponse « Chez moi. » « Chez toi ? Y’a une autre sortie par-là ? » Deuxième courte réponse « Non. »
Dépassant Remy, tu t’approchais de la petite, lui faisant face. « Comment as-tu réussi à lancer ces briques aux hommes de tout à l’heure ? » « Pas fait exprès. » Il y eut un moment de silence entre elle et toi, un jeu de regard et tu crus un moment la voir tressaillir. Elle murmura soudain des mots si bas que tu ne compris pas. Elle semblait seulement articuler grossièrement des lèvres. Elle finit par tourner les talons et s’écarter une fois de plus. C’est Remy qui la stoppa encore dans son mouvement «Attends ! Tu rejoins pas ta famille ? » Bien que tu sentais sa patience arriver à des limites, elle tint tout de même à répondre à la question. « Les autres ? C’est pas ma famille. » « Alors qu’est-ce que tu faisais là ? » Elle haussa des épaules toujours sans se retourner. « Je les ai entendus crier, c’est tout. » Elle se retourne soudainement mais continua sur le même ton. « Allez-vous-en ! La sortie, c’est par-là. » « Est-ce que tu vis ici ? » Cette fois-ci la petite ne dit rien. Ses yeux semblaient envelopper Remy sans cligner, sans le quitter des yeux. Puis elle se retourna d’un pied ferme et tenta une énième fois de tracer sa route. « Nudge, on veut seulement t’aider ! » Sur cette phrase, tu parvins à lui agripper doucement le poignet pour la retenir. Avec un mouvement brusque, elle se dégagea, frottant son poignet comme si le contacter l’avait brûlé. D’une voix preste et presque menaçante, elle sortit « Vous ne pouvez pas m’aider ! » Elle se frotta le visage comme pour essuyer une larme de colère puis en grinçant des dents, elle finit « Vous ne vous êtes pas encore réveillés. » Sur ces mots, elle déguerpit, le bruit de ses pas se faisant de plus en plus fin avant de totalement disparaître.
Prenant le chemin qu’elle avait indiqué comme étant la sortie, il y eut d’abord un silence. Puis, « j’espère que tes enquêtes ne sont pas toutes comme ça… » tu finis par sortir, sentant encore les mots de Nudge résonner dans ta tête. Qu’est-ce qu’elle avait bien voulu dire par "pas encore réveillés". Il y avait quelque que tu manquais là. « Si l’étape avec la famille de tout à l’heure était flou, cette Nudge m’a complètement perdu… Je ne sais plus quoi penser, des choses bizarres se trament en bas... » Tu suivais le chemin qu’elle avait indiqué à partir du couloir et soudain tu vis la sortie. Il s’agissait d’une échelle qui remontait vers le ciel. Prenant l’initiative, tu commençais à grimper doucement t’assurant qu’elle n’allait pas craquer sous ton poids et se détacher du mur. Au loin, tu pouvais entendre et sentir ce qui ressemblait être des odeurs d’égouts. Vous ne deviez pas être très loin en effet. Continuant de monter, tu finis par arriver à la plaque. Poussant afin de la dégager de son socle, tu finis par entendre un bruit métallique et l’objet se décala, te laissant t’extirper de là.
Te relevant, tu en profitais pour inspirer un grand coup, remplissant tes poumons d’air frais. C’était à ce moment-là que tu te rendis compte à quel point les sous-sols avaient une sensation très claustrophobique. Aidant ton ami à se relever, tu finis par regarder autour de toi. Tu ne reconnaissais pas la rue mais vous ne deviez pas être loin de la maison au garage. « On est à l’intersection entre Saint James et Fitz. J’ai déjà vu ces noms en arrivant. Ce chemin tu crois ? ». Tu pointais une direction qui te semblait familière. Une fois d’accord sur la route à prendre, vous vous mirent en route. « J’espère que la personne à qui tu étais après est parvenu à sortir avant que tout ne s’effondre et qu’il sera toujours dans le périmètre de la maison… » Tu t’en doutais fort cependant. Il savait qu’il était suivi et sa peur en vous voyant te disait qu’il n’avait peut-être pas attendu sagement pour vous remercier. Beaucoup plus penseur qu’à l’aller tu ne pouvais t’empêcher de penser à la fille dans les tunnels de la ville. Tu avais parcouru ses rues et ses commerces des tas de fois avant et pourtant tu te disais que cette ville était devenue encore plus mystérieuse que ce qu’elle n’était déjà… Quelque chose ne tournait pas rond...
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Jeu 28 Avr - 13:15
❝The brother I chose❞ Scott Summers & Remy LeBeau
Comment pouvait-on lancer deux briques coup sur coup, faire mouche les deux fois, sans le faire exprès ? Nudge visait particulièrement bien et son petit bras avait une puissance phénoménale, mais elle prétendait ne pas savoir comment elle avait réussi ce tour de force ? Remy se souvenait d’une fois où, voulant réparer sa moto, celle-ci lui était tombée dessus dans le garage. Pour soulever deux cents kilos d’un coup et s’extraire de là, il lui avait fallu puiser dans sa rage. C’était faisable, quand on n’avait pas le choix. Lancer des briques sous le coup du désespoir... pourquoi pas ?
« Vous ne pouvez pas m’aider ! Vous ne vous êtes pas encore réveillés. »
Les mots de Nudge sonnèrent étrangement dans le couloir obscur. Remy fronça un peu plus les sourcils. La jeune fille, pâle et maigre, les regardait tous les deux de ses grands yeux noirs remplis de larmes, attendant manifestement quelque chose d’eux. Cette chose, cependant, ne venait pas. Remy ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire, ni ce qu’elle espérait. Qu’ils se réveillent ? Il se sentait parfaitement réveillé – la douleur dans son crâne, apportée par les deux détonations réverbérées dans les tunnels, tendait à lui prouver qu’il ne dormait pas du tout. Scott avait ce même air d’incompréhension sur le visage ; il fixait la jeune fille en silence, les questions se bousculant dans son esprit. Mais tandis qu’ils s’interrogeaient tous les deux sur le sens de ses paroles, Nudge tourna finalement les talons et s’enfuit dans les ténèbres. Le bruit de son pas léger s’éteignit rapidement. Inutile de songer à la poursuivre : qui sait jusqu’où s’étendaient ces tunnels ? Leur mystérieuse sauveuse semblait les connaître comme sa poche. Vivait-elle réellement ici ? Pourquoi ? Ils finirent par se résigner et, Scott en tête, prirent le couloir que la jeune fille leur avait indiqué. L’air devenait de plus en plus respirable à mesure qu’ils avançaient. L’odeur de produits chimiques et de pourriture s’atténua peu à peu. Bientôt, ils sentirent une fraîcheur qui leur apprit que la sortie promise se trouvait effectivement toute proche. Comme s’il s’agissait d’un signal, il accélèrent inconsciemment le pas, pressés de se retrouver enfin à l’air libre.
« J’espère que tes enquêtes ne sont pas toutes comme ça... lâcha tout à coup Scott. – J’suis plutôt spécialiste des adultères, si tu vois c’que j’veux dire, répondit Remy, encore songeur. – Si l’étape avec la famille de tout à l’heure était floue, cette Nudge m’a complètement perdu... Je ne sais plus quoi penser, des choses bizarres se trament en bas. »
Remy se mordit la lèvre un instant. Son ami avait raison. Les dessous de Hammer Bay grouillaient manifestement d’une vie que personne à la surface ne soupçonnait. Certes, les égoûts attiraient toujours toute une faune interlope, mais l’instinct du détective lui disait qu’il y avait là quelque chose de beaucoup plus complexe, et sûrement beaucoup plus grave que quelques rebuts de la société.
« Ouais, murmura-t-il enfin. Mais quoi ? »
Tout était beaucoup trop compliqué pour lui. Remy sentait chaque fibre de son corps lui faire mal, il était tard, et le mal de tête continuait à lui vriller le crâne comme une perceuse pressée sur sa tempe. Il rêvait d’une douche et d’un aspirine, pas de se prendre la tête à réfléchir et à émettre des suppositions. Délaissant donc le sujet pour le moment, le détective suivit son ami, éclairant leurs pas de sa lampe faiblissante. Le tunnel suivait une légère pente ascendante et continuait tout droit. De temps à autre, ils passaient devant une porte métallique fermée – Remy se demanda ce qui pouvait bien se cacher derrière, mais y renonça quand la migraine se rappela à son bon souvenir. Enfin, la pâle lumière artificielle éclaira des barreaux rivés au mur : une échelle, qui grimpait vers une plaque dont la forme circulaire se détachait en noir sur le plafond gris. Scott entreprit de la gravir en premier, non sans avoir auparavant testé sa résistance. Enfin, les deux amis se retrouvèrent à l’air libre. Ils inspirèrent à pleins poumons ; l’air frais fit du bien à Remy, dissipant une partie de son mal de tête. Les mains pressées sur les tempes, il resta un instant les yeux fermés, essayant de remettre de l’ordre dans ses idées.
« On est à l’intersection entre Saint James et Fitz, dit Scott, déjà prêt à quitter les lieux. J’ai déjà vu ces noms en arrivant. Ce chemin tu crois ? »
Remy leva les yeux dans la direction indiquée et hocha la tête. Il avait une bonne connaissance des rues, à force de traîner ses guêtres en ville. Même ces quartiers mal-famés n’étaient pas totalement un mystère pour lui. Ils se mirent en marche, et chaque pas fait sous le ciel nocturne contribua à ramener Remy à la réalité.
« J’espère que la personne à qui tu étais après est parvenu à sortir avant que tout ne s’effondre et qu’il sera toujours dans le périmètre de la maison… reprit Scott, soucieux. – L’espoir fait vivre, ironisa Remy. Ils ont sûrement réussi à se tirer de là, mais ils nous ont pas attendus pour les explications, si tu veux mon avis. »
Et les faits lui donnèrent raison, car lorsqu’ils parvinrent en vue de la maison abandonnée, le coupé sport avait disparu, ainsi que Lloyd et sa famille. Dans le principe, le détective en était soulagé. Si la femme et les gosses de sa cible étaient saufs, tant mieux : ils n’avaient sûrement rien fait pour se retrouver pris au piège sous terre, menacés par des armes à feu. Professionnellement, cette mission était une réussite en demi-teinte : il n’était pas assujetti à l’obligation de résultat, juste de moyens. S’il ne parvenait pas à prouver les faits au terme de son enquête, tout ce qui était humainement réalisable avait été accompli : son client devrait compléter l’acompte déjà versé, qu’il le veuille ou non. En revanche, pour sa curiosité naturelle, la filature était un véritable fiasco. Remy n’avait pas été en mesure de découvrir ce que tramait réellement Lloyd, ni qui était ces types – et à moins de retourner fouiller dans les décombres, il n’allait pas en apprendre beaucoup plus à leur sujet. Sauf s’ils avaient laissé quelque chose de compromettant dans la maison.
« Je vais faire un tour là-dedans, voir si je peux trouver quelque chose d’intéressant, annonça-t-il en désignant l’habitation. T’es pas obligé de venir. Ça devrait aller, maintenant. Merci pour le coup de main. »
Il pressa affectueusement l’épaule de Scott et se dirigea vers l’habitation. La porte était restée ouverte, et le détective fit le tour des pièces, une à une, sans rien découvrir d’intéressant. L’endroit relevait plus du squat occasionnel que du repaire de malfaiteurs. Des meubles défoncés, couverts de poussière et de toiles d’araignée, des placards vides, des lits défaits, les matelas a l’air libre... Ces types n’y avaient rien abandonné de compromettant, rien, en tout cas, qui eut pu lui permettre d’apprendre qui ils étaient et quels rapports ils entretenaient avec les Lloyd. La piste s’arrêtait ici. Son client ne reverrait pas son associé de sitôt, et à moins d’un énorme coup de chance, Remy et Scott ne comprendraient sans doute jamais ce qui s’était passé ici. Son ami ne l’avait cependant pas encore quitté. Quand Remy sortit enfin de la maison, il haussa les épaules, faussement désinvolte, et poussa un long soupir.
« Rien ici. J’me demande si on ne devrait pas prévenir quelqu’un... La police, le S.H.I.E.L.D. Et pour Nudge... » Il s’interrompit une seconde, enfonça les mains dans les poches de sa veste. « J’m’inquiète pour elle. Il se passe quelque chose là-dessous et... Qu’est-ce qu’elle a voulu dire, à ton avis, quand elle a dit qu’on n’était pas ‘réveillés’ ? »
Il fixa le visage de son ami, incapable de comprendre le sens de ces paroles. Pourquoi avait-elle dit cela ? Et, surtout, pourquoi se sentait-il si mal à l’aise en y repensant ? Il avait la désagréable impression d’avoir oublié quelque chose, mais plus il y réfléchissait, plus elle le fuyait.
« J’y comprends rien, lâcha-t-il dans un soupir. Enfin, ça voulait peut-être rien dire, en fait. J’espère juste qu’elle ira bien. »
Cette périphérie de la ville était déserte à cette heure de la nuit. Si ce n’était les dealeurs et les mafieux, peu de gens n’osaient s’y aventurer une fois la nuit tombée. « L’espoir fait vivre, ironisa Remy. Ils ont sûrement réussi à se tirer de là, mais ils nous ont pas attendus pour les explications, si tu veux mon avis. » Tu t’en serais douté de toute manière. Un voleur n’allait pas attendre tranquillement que les flics viennent le coincer, tu pouvais en être sûr ! Enfonçant tes mains dans tes poches, tu t’en trouvais un peu froissé Tu avais l’impression que cette soirée n’avait pas beaucoup avancée. Tu t’étais limite fait tuer par une avalanche de pierre pour des questions sans réponses et une rescousse sans raisons.
Avançant jusqu’à votre premier lieu de rendez-vous, tu le reconnus immédiatement par la maison aux volets cassés et aux vitres brisées. Il n’y avait pas de trace de la famille. Regardant des deux côtés, tu te demandais si les deux loups en bas avaient réussi à survivre même si tu t’en doutais beaucoup vu l’amont de pierre qui s’était écroulé. L’éboulement les avait sans aucun doute ensevelis sous un tas gigantesque de gravats. Cette enquête n’avait pas vraiment tourné à la réussite pour Remy… Il finit par rompre le silence « Je vais faire un tour là-dedans, voir si je peux trouver quelque chose d’intéressant » Il montra la maison et tu hochas la tête tout en grimaçant. « On a rien à perdre maintenant mais je ne pense pas qu’ils auraient laissé quelque chose de valeur ici… » « T’es pas obligé de venir. Ça devrait aller, maintenant. Merci pour le coup de main. » Posant sa main sur mon épaule, tu lui rendis la pareille. « Fait ce que tu as à faire, je t’attends là. On sait jamais… » Tu le regardas s’éloigner tandis que tu restais appuyé sur le bord de l’habitation, observant la rue. Tu te demandais si il trouverais quelque chose à l’intérieur. Ce genre de quartier n’était pas vraiment l’endroit le plus stratégique pour une planque sachant que toutes les maisons étaient sujettes à des vols, des cambriolages et des squats. Si les malfaiteurs avaient quelque chose à cacher, ils l’auraient fait dans un compte en banque, dans un tiroir d’un bureau en entreprise ou dans un casier privé.
Secouant un peu le reste de poussière que tu avais coincé dans tes affaires, tu te relevais en entendant les pas que tu reconnus comme étant ceux de Remy. « Alors ? Résultat ? » Il haussa les épaules, d’un air plus travaillé que dépité. « Rien ici. J’me demande si on ne devrait pas prévenir quelqu’un... La police, le S.H.I.E.L.D. Et pour Nudge... » Tu te demandais à quoi le reste de la phrase allait ressembler. Tu commençais dans ta tête à assembler quelques pièces du puzzle entre ce que tu avais vu ces dernières années à la Garde et ce dont tu avais été témoin ce soir. Tu te demandais si… « J’m’inquiète pour elle. Il se passe quelque chose là-dessous. » Cette partie du précédent dialogue avec la gamine te restait complètement flou, tu devais l’avouer. Tu n’avais aucune idée de ce qu’elle avait pu dire par là. « Je pense qu’en effet cette histoire d’échappée de l’île devrait être une affaire à confier aux mains du SHIELD. Ils pourraient t’éclaircir sur le sujet, ça pourrait les intéresser… » Ton département au SHIELD n’avait clairement pas beaucoup de choses à voir avec résoudre ce genre d’histoire mais tu te disais que les QG sauraient comment prendre l’affaire en main.
« Quant à Nudge, là, je suis un peu pommé. Elle ne semble pas vouloir d’aide mais en a visiblement besoin… » Ce que tu ne voulais pas dire c’était qu’elle était sans doute liée avec les personnes que vous traquiez depuis quelques années dans les rues de la ville. Tu savais que si la décision que tu comptais prendre pouvait te valoir ton job, mais il n’était pas question que tu évoques Nudge de quelques manières que ce soit avec des collègues au boulot. Vous vous occupiez de la sûreté de la ville et cette petite ne ressemblait en rien à un danger. Elle vous aviez même sauvé la vie ce soir. « Ecoute, je pense qu’il se trame des choses et que Nudge doit avoir des raisons valables pour vouloir se cacher. Je ne sais depuis combien de temps elle est là-dedans mais je pense que le mieux serait de ne pas la mentionner à qui que ce soit. De toute manière, qui pourrait nous croirait ? » Commençant à marcher jusqu’à ta voiture, tu t’arrêtais en chemin pour écouter une nouvelle question de Remy « Et... Qu’est-ce qu’elle a voulu dire, à ton avis, quand elle a dit qu’on n’était pas ‘réveillés’ ? » Haussant les épaules, tu fis retourner la phrase dans ta tête mais c’était comme si l’écho ne parvenait pas à prendre accroche. Ce mot « réveillés » ne t’aidait pas à comprendre le sens. Tu tentais de trouver des mots similaires qui, peut-être, auraient fourchés mais rien. « Aucune explication ne me vient en tête… c’est peut-être un code ou une formule qui en cache une autre, je ne sais pas… » Ton meilleur ami te rejoignit dans ton impossibilité à trouver le bon raisonnement. « J’y comprends rien. Enfin, ça voulait peut-être rien dire, en fait. J’espère juste qu’elle ira bien. » C’était peut-être ça, une phrase sans sens, juste pour perdre d’avantage des esprits curieux. « Oui, moi aussi j’espère qu’elle va s’en sortir ». T’appuyant finalement sur ta voiture, tu savais que votre escapade nocturne allait malheureusement s’arrêter là. Tu savais que Remy allait sans doute continuer à psychoter un peu sur cette affaire avant qu’éventuellement une nouvelle le tienne occupé. T’espérer juste que ça n’allait pas trop tarder et qu’il ne serait pas trop tard… Tu savais à quel point un échec pouvait obséder surtout quand le sens avait tendance à échapper. L’énigme restait attractive malgré ses dangers.
Tentant de changer un peu le ton de la soirée, tu finis par dire « Bon… j’espère aussi que je vais m’en sortir, parce que j’en connais une qui m’attend sûrement de pied ferme chez moi. Emma va vouloir quelques explications mais lui dire que j’étais avec toi expliquera tout. » Jetant un coup d’œil aux vitres et aux roues, tout semblait normal. Tu avais de la chance, la voiture n’avait pas subi les aléas du quartier. Tu t’assis derrière le volant de la berline mais laissa la fenêtre ouverte pour dire quelques derniers mots avant de filer « Ecoute, Je sais que tu es curieux mais va pas t’aventurer dans ces tunnels tout seul. Si tu veux faire une balade souterraine, appelle-moi, je t’accompagnerais sans hésiter, d’accord ? » Sur ce, tu tendis ton bras par la fenêtre, histoire de faire un dernier check de la main à ton meilleur ami, signe que vous aviez encore triomphé à deux. Avec un dernier signe, tu finis par mettre le moteur en route. « On se voit plus tard, fais gaffe à toi ! » tu dis finalement avant d’appuyer doucement sur la pédale et de prendre la route.
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Dim 1 Mai - 9:46
❝The brother I chose❞ Scott Summers & Remy LeBeau
La réponse de Scott ne ferait tiquer Remy que bien plus tard, lorsque, après une bonne nuit de sommeil, il y repenserait à tête reposée. Il se demanderait alors pourquoi son ami n’avait pas simplement proposé d’en toucher lui-même deux mots à ses supérieurs afin qu’ils ouvrent une enquête. Sur le moment, le détective acquiesça, songeant qu’il pourrait bien en discuter avec Maria Hill – il savait désormais où la trouver, puisqu’elle prenait un café tous les matins au Pégase, sur les plages blanches d’Emmann. Une telle affaire l’intéresserait peut-être… En tout cas, que des personnes usent de moyens détournés pour quitter Genosha avait quelque chose d’intrigant, quand on savait que le port et l’aéroport proposaient des voyages réguliers tout le long de la journée. Pour le moment, leurs pensées se tournaient vers la jeune Nudge. Remy pouvait tout à fait envisager que de pauvres hères puissent vivre dans les réseaux souterrains, mais Nudge… ! Elle était bien trop jeune pour déjà connaître une telle vie ! Il y avait suffisamment d’instituts sur l’île pour en trouver un qui la prendrait en charge. Pourquoi choisir une vie de marginale ? Scott avait probablement raison, songea le détective, les mains enfoncées dans les poches de son blouson et le col remonté jusqu’à son nez. S’ils racontaient une telle histoire à quelqu’un, on ne les croirait pas. Qui pourrait songer qu’une gamine de quinze ans à peine connaissait le réseau d’égout mieux que les rats qui l’habitaient d’ordinaire ? Plus Remy réfléchissait à tout ça, plus le sens lui échappait, mais plus le mystère l’attirait. Il avait toujours été comme ça : il traquait les énigmes depuis qu’il était gosse, espérant pouvoir y trouver une explication logique. Ils atteignirent la voiture de Scott, heureusement restée intacte malgré leur longue absence. Ce constat ramena Remy à des considérations plus prosaïques : il espérait que sa moto se trouverait dans le même état…
« Bon… j’espère aussi que je vais m’en sortir, parce que j’en connais une qui m’attend sûrement de pied ferme chez moi. Emma va vouloir quelques explications mais lui dire que j’étais avec toi expliquera tout. – Si tu lui dis que t’étais avec moi, elle pensera à des strip-teaseuses, ou bien elle te fera souffler dans un éthylo, rétorqua le détective avec un sourire. Dis que t’as été retardé par le boulot. Elle te fera moins la gueule. »
Scott grimpa en voiture. Toujours emmitouflé dans son manteau, Remy jeta un coup d’œil en direction des conteneurs à poubelle. Curieusement, la rue était maintenant beaucoup plus calme que lorsqu’il était arrivé, quelques heures plus tôt. Quoi, les racailles dormaient aussi la nuit, comme tout le monde ?
« Ecoute, l’interpella à nouveau son ami. Je sais que tu es curieux mais va pas t’aventurer dans ces tunnels tout seul. Si tu veux faire une balade souterraine, appelle-moi, je t’accompagnerai sans hésiter, d’accord ? – Oh, tu me connais : j’suis la prudence incarnée, ironisa Remy. Pas de souci, je t’appellerai. »
Il répondit au signe de Scott, heureux, une fois encore, que celui-ci ait répondu présent à son appel à l’aide. Dans ces moments-là, le détective songeait qu’il n’aurait pu rêver meilleur ami que lui. Remy leva la main pour lui adresser un dernier salut, puis le moteur démarra avec un ronronnement appréciable. Il regarda la voiture s’éloigner et, quand elle eut tourné au coin de la rue, prit le chemin des conteneurs à poubelle. La chance le suivait, décidément, car la moto était intacte. Personne n’avait dû la remarquer à cet endroit – les jeunes qui traînaient en bandes ne devaient pas être du genre à mettre leurs déchets à la poubelle, et les gens du coin évitaient sûrement d’aller porter leurs sacs d’ordures à cette heure de la nuit. Remy récupéra son casque dans le coffre, l’enfila et grimpa sur l’engin. Bien, il lui fallait maintenant un plan des égouts et un projet d’action. Contrairement à ce qu’il avait laissé entendre à Scott, il ne comptait pas lâcher le morceau de sitôt : il voulait des réponses à tout ça. Rester sur des interrogations obsédantes, c’était le meilleur moyen de le frustrer. Il ne comptait pas virer insomniaque à cause de toute cette histoire. Quant à replonger Scott dans le danger, même s’il appréciait l’aide indiscutable que lui apportait son ami, c’était hors de question. Le moteur de la BMW vrombit comme un gros chat lorsqu’il mit le contact. Remy jeta un dernier regard à la ronde. Il aurait bien replongé tout de suite dans le réseau souterrain, mais ça n’aurait vraiment pas été prudent. Qu’importe ! Il ne comptait pas lâcher l’affaire si vite. Un mouvement vers l’avant pour retirer la béquille, une pression sur l’accélérateur, et le détective prit la route à son tour.