Concurrence déloyale

steve & wade

Aujourd’hui, Steve était de repos. Ces jours étaient rares et, d’ordinaire, il préférait les éluder en évoquant un prétexte bidon afin de rester au SHIELD et de plonger la tête dans ses dossiers. Il n’aimait pas tellement la solitude de son appartement et préférait l’ambiance plus animée qui régnait dans le bâtiment. Du plus loin qu’il s’en souvienne, il s’était toujours senti ainsi : bien que la foule ne soit pas sa tasse de thé, il préférait mille fois la compagnie même désagréable que les murs silencieux de son immeuble. C’était une réminiscence étrange, un sentiment dont il ne parvenait à se défaire ; comme s’il avait déjà passé bien trop de temps seul et qu’il tentait de rattraper les moments perdus. Une vie entière à rattraper, ça ne laissait pas beaucoup de temps libre.

Cette fois, pourtant, il avait choisi de quitter le SHIELD pour un temps. Il avait énormément de travail ces derniers temps et avec tout ce qui lui tombait dessus, aussi bien professionnellement que dans sa vie privée, un changement d’air lui ferait probablement du bien. Steve s’était alors rendu à son club de sport favori, en plein centre-ville. Il n’offrait pas forcément les meilleurs équipements mais il s’y sentait bien ; la salle était conviviale et les machines lui suffisaient pour petit entrainement de routine. Le tapis de course lui avait fait de l’oeil cette fois-ci. Un autre homme le rejoignit quelques minutes plus tard et Steve lui jeta discrètement un regard. Il ne se souvenait pas de l’avoir déjà vu ici… Un nouveau peut-être ? Ou était-ce lui qui ne venait plus assez souvent pour faire parti des habitués ? Lui jetant un bref sourire d’accueil, l’homme retourna rapidement à son entrainement pour ne pas perdre le rythme. Puis, à nouveau, ils furent rejoint par une troisième personne… Une jolie blonde au visage doux et aux yeux pétillants qui attira immédiatement son regard. La jeune femme jeta un coup d’oeil entre eux deux avant de reporter son attention sur Steve qui lui adressa un sourire ravi, quoi que mêlé d’un peu de timidité. Les femmes et lui… Il n’avait jamais vraiment su comment s’y prendre.

Animé d’une nouvelle motivation, Steve s’était redressé inconsciemment sur son tapis de course avant de remarquer que son voisin avait adopté un nouveau rythme. Il haussa un sourcil dans sa direction avant de sourire, amusé, en comprenant ce qu’il tentait de faire. Oh, un défi ? Il était toujours partant ! Steve attendit quelques secondes que le regard de la jeune femme se tourne vers l’autre coureur avant de montrer lui même le rythme de deux niveaux, adaptant sa foulée sans le moindre effort. « Ne vous inquiétez pas, » s’adressa-t-il à la jolie blonde avec un sourire complice, « s’il tombe sur vous, je vous rattraperai. » Cela lui fit gagner un éclat de rire de la jeune femme et son visage s’illumina, offrant une moue d’excuse et de défi à son compagnon.

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Steve n’était pas certain que son camarade ait bien entendu ce qu’il venait de dire à la jeune femme, mais ce n’était pas très grave ; c’était surtout pour elle que Steve avait glissé quelques mots afin de voir son sourire illuminer son visage. C’était une très jolie jeune femme et c’était toujours plus agréable lorsqu’une telle présence s’entrainait avec vous. Le lieutenant n’était pas vraiment du genre dragueur à la base, mais si c’était pour échanger quelques paroles, il pouvait s’en sortir. Les femmes et lui… Elles avaient toujours représenté un mystère. Alors il profitait des quelques instants comme celui-ci où tout semblait couler de source… Ou presque. 

Les deux hommes avaient augmentés le rythme du tapis de course pour impressionner la belle mais, si Steve s’en sortait sans effort, l’homme à ses côtés semblait beaucoup moins à l’aise. Disons qu’il aurait pu s’en sortir si ses écouteurs n’étaient pas venus se mêler de la partie en s’enroulant autour de ses chevilles. Steve pu pratiquement déceler l’instant où son camarade allait tomber fesses par dessus tête, mais il n’eut pas le réflexe ni la distance nécessaires pour l’en arrêter. Un son étouffé retentit de l’autre côté de la jeune femme… et la vision du sportif ramassé par terre le fit pouffer de rire. Il s’était retenu pour ne pas le vexer, mais la jolie blonde, elle, venait d’éclater de rire. Steve sourit et descendit souplement de son tapis pour vérifier que l’homme allait bien. Eh, ils étaient peut-être rivaux, mais ça ne l’empêchait pas de lui porter secours.

« Tout va bien ? » demanda-t-il en s’accroupissant à ses côtés. La jeune femme sécha ses larmes de rire et descendit du tapis elle aussi, incapable de continuer à courir. « Je vais chercher une trousse de secours à l’accueil, » proposa-t-il en continuant de ricaner sous cape. Steve devait se retenir de ne pas rire à nouveau, lui non plus, ce qui lui donnait une sorte de grimace un peu bizarre. « C’était une sacré chute. C’est dangereux ces trucs là, » affirma-t-il en désignant les écouteurs qui pendaient, complètement détruits, à l’un des pieds de la machine. Son regard dévia vers la cheville de l'homme qui, il le savait, avaient du endurées le plus gros choc. Le lieutenant n'en était pas vraiment sur, mais il avait l'impression qu'elles étaient déjà un peu trop gonflées. « Vous pouvez marcher ? »

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Steve ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour l’homme, malgré le rire sous-jacent qu’il avait encore du mal à cacher. Fallait dire que des chutes pareilles, il n’en voyait pas tous les jours, en dehors des vidéos que certains de ses agents lui montraient parfois. Pendant un court instant, l’homme se dit qu’ils auraient surement eu un succès fou s’il avait eu une caméra sous la main… Même si la vidéo ne se serait jamais retrouvée sur la toile. Il se sentait déjà un peu coupable de l’accident de son collègue, il ne tenait pas en plus à lui rajouter une honte supplémentaire. Steve sentait bien qu’il avait été blessé dans son ego. Qui ne l’aurait pas été ? Leur petite bataille amicale pour la jolie jeune femme avait été rapidement écourté pour lui. Un léger sentiment de culpabilité envahit le lieutenant. S’il ne l’avait pas cherché en augmentant le rythme… Il lâcha un petit soupir. Au moins, il n’était pas gravement blessé. Une foulure, ça se réparerait vite. Il avait vu bien d’autres accidents se terminer de manière bien moins agréable. 



Steve haussa un sourcil. « Je ne doute pas que vous pourrez marcher tout de suite, mais si vous faites trop de mouvements, vous risquez d’empirer les choses et de retarder la guérison. Mademoiselle ? » Il se tourna vers la jeune femme qui se tenait toujours prêt d’eux et qui arborait désormais une expression un peu plus inquiète. « Pourriez-vous nous rapporter la trousse de secours ? » demanda-t-il avec un petit sourire. Celle-ci acquiesça et disparu rapidement. Sans doute se sentait-elle un peu responsable, elle aussi. « Je crois que nous l’avons inquiété. Rassurez-la, prenez quelques minutes pour qu’on stabilise un peu tout ça. » Puis il passa sa main dans ses cheveux, légèrement mal à l’aise. « Je suis désolé de ce qui s’est passé. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour les femmes… » ajouta-t-il d’un air amusé. La jeune femme revint rapidement à leurs côtés, une petite trousse rouge et blanche dans ses mains. Elle demanda à l’homme s’il allait bien d’une petite voix inquiète, ses grands cils battant sur ses yeux bleus. Ouaip, elle devait en faire tourner des têtes, et ils n’étaient certainement pas les premiers. Si avec elle, leur blessé ne craquait pas et se laissait soigner, Steve ne savait plus quoi faire pour lui. Il espérait juste qu’il saurait mettre son égo de côté pour quelques instants s’il ne voulait pas finir avec des attelles pour des semaines pour soigner une blessure qui aurait pu se consolider en seulement quelques jours. Il ne pouvait pas lui en vouloir, pourtant… Il n’aurait pas aimé se retrouver dans cette situation à sa place.

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Steve retint un sourire lorsqu’il releva le regard sur l’homme pendant quelques instants. Il était quasiment certain que son camarade était entrain de bouder. C’était étrange à dire pour un mec de son age, mais franchement, comment interpréter autrement l’expression de son visage ? Est-ce que c’était à cause de lui ? C’était clair qu’il avait raté son coup avec la jolie blonde en se ramassant ainsi, et que c’était un peu le lieutenant qui avait joué le jeu et l’avait poussé à accélérer le rythme. M’enfin, il était censé pouvoir tenir sur ses deux jambes… Même si le spectacle avait été plutôt drole. Ne dis-t-on pas, d’ailleurs, que femme qui rit femme à moitié dans son lit ? Steve n’appréciait pas trop cette expression mais  la vérité qui se cachait derrière pourrait peut-être sauver la face de l’inconnu. La jeune femme semblait plutôt concernée par son état d’ailleurs puisqu’elle partit chercher la trousse de secours à toute vitesse. Manquerait plus qu’elle rate une marche et se foule la cheville, elle aussi… peut-être que les deux pourraient se trouver de nouveaux points communs comme ça, pensa-t-il avec un petit sourire.

« Elles seraient capable de nous retourner complètement la tête, » commenta-t-il, amusé par la conversation et par l’air agacé que l’homme portait à son égard. On aurait dit un enfant… dans le bon côté du terme, s’il pouvait le dire ainsi. La jeune blonde revint rapidement à leurs côtés et déposa le matériel près d’eux, l’air un peu moins inquiète vu que l’homme ne se plaignait pas vraiment de sa blessure. Elle posa les yeux sur sa jambe et fit la moue. « Oh vous savez, je m’y connais pas vraiment là-dedans… Mais je pense pas que vous puissiez vous remettre à courir de suite… C’est dommage, » glissa-t-elle avec un petit sourire. Steve secoue doucement la tête de son côté. Et voila : les blessés, ca attire le besoin de réconfort des jolies femmes. Aaah. Son inconnu ne pourrait pas dire qu’il ne l’avait pas aidé. « Ne vous inquiétez pas, on devrait le remettre sur pieds très vite, » fit-il en glissant un regard amusé sur le blessé. Le lieutenant voyait bien qu’il ne désirait la présence que d’une personne ici, et il ne s’agissait certainement pas de lui… Mais sa conscience l’empêchait de s’éclipser avant de vérifier que tout allait bien. Il ne tenait pas à le retrouver au travers d’un trottoir en sortant d’ici parce que sa jambe ne supporterait plus son poids. Il hocha la tête à ses paroles et commença à fouiller dans la trousse pour en ressortir des bandes de gaz qu’il déroula entre ses doigts. « Je suppose qu’on ne pourra pas vous retenir, de toute façon. Un soda glacé, ça marche aussi ? » demanda-t-il en lui tendant les bandes. Il supposait que l’homme ne voudrait pas qu’il s’occupe lui-même de le soigner, vu qu’il boudait déjà simplement parce qu’il lui proposait son aide. Et avec la jolie blonde qui les regardait… son égo d’homme devait être en situation délicate.

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Comme il s'y attendait, l'homme prit les bandes qu'il lui tendait et s'occupa lui-même de sa blessure, sans lui demander d'aide. Ils seraient beaucoup plus efficaces à deux pourtant, ne serait-ce que pour que l'un tienne les bandes pendant que l'autre les enroule, mais il ne pouvait pas en attendre plus d'un inconnu avec qui il avait fait la course pour une jolie demoiselle. Au moins, la jeune femme avait reporté toute son attention sur le grand blessé qu'elle regardait avec de grands yeux inquiets. Comment ne pas craquer devant un minois pareil... A sa place, Steve aurait sans doute sauter sur l'occasion. Ou pas. Il n'était pas vraiment du genre à se mettre en avant, il laissait plutôt les choses se faire à sa place et, en règle générale, elles y parvenaient très bien toutes seules. Le lieutenant se releva en poussant sur ses jambes et acquiesça, les quittant tous deux un instant pour aller chercher un soda à la machine du hall. C'était bien le moins qu'il puisse faire pour se faire pardonner : un peu de froid pour apaiser la douleur et quelques moment en seul à seul avec une jeune femme. A bien y réfléchir, il lui avait carrément arrangé le coup en fait... pensa-t-il avec un demi-sourire. Il devrait même penser à se faire remercier, tiens. Une petite piécette, un son métallique et la bouteille de coca atterrit directement dans ses mains.

Lorsqu'il revint, l'homme faisait déjà la cour à la jeune femme en papillonnant presque des cils devant elle. Décidément, il n'avait pas perdu de temps. L'inconnue lui avait tendue la main et serré la sienne de ses petits doigts délicats, l'air ravie. Il ralentit le pas afin de ne pas les interrompre trop tôt et remit finalement la canette au sportif en arrêt. « De quoi me faire pardonner, » fit-il d'un air faussement moqueur en jetant un coup d'oeil en biais à la jeune femme : se faire pardonner de quoi, eh, il avait quasiment un rencard ! Et puis sa cheville devrait tenir le coup jusqu'au soir, malgré l'attele un peu bancale qu'il s'était fabriqué. « Mea culpa. Enfin, votre soirée n'a pas l'air tout à fait perdue. Je crois que je vais rejoindre ma machine, » annonça-t-il d'un sourire, adressant un dernier signe de tête à la demoiselle à leurs côtés. « Soyez prudent avec votre cheville, » ne put-il s'empêcher de rajouter au dernier moment.