This fire burns and I won't surrender

Elle n'aurait jamais pensé le voir dans cet état un jour. Connor représente à ses yeux la force et la stabilité. Elle le pense inébranlable. Invincible. Il est ce grand frère qui a fait face à leur père pour la protéger. Il est cet homme courageux parti à la guerre pour sauver des innocents de despotes sans noms. Il est un héros. Elle se sent bête à présent. Parce que les héros n'existent pas. Connor est un homme avant tout et, comme tous les autres, il a des hauts mais aussi des bas. Poppy s'en veut de ne pas avoir vu les signes qui lui paraissent maintenant évidents. Cet air fatigué et ce voile de mélancolie dans le regard. Elle n’a fait que de parler d'elle, de l'émission qui l'obnubile sûrement trop, de sa petite vie tranquille avec ses copines, de Kurt qu'elle a rencontré il y a peu, de toutes ces petites choses de rien du tout, le tout sans jamais avoir tenté de comprendre réellement la vie de son frère. Naïvement, elle l'a toujours cru quand il lui disait que tout allait bien. Mais c'est faux. Elle se demande depuis combien de temps il est dans ce désarroi. Elle le regarde et ne peut cacher son inquiétude. Il donne l'impression que le poids sur ses épaules a eue raison de lui et a finalement réussi à lui faire plier les genoux pour finir par le mettre à terre, ici dans son salon qui semble maintenant presque lugubre. Elle meurt d'envie de le prendre dans ses bras pour le réconforter, comme si, avec ses petits bras, elle pouvait prendre une partie de la charge qui l'assomme de sa lourdeur. Pourtant elle n'en fait rien, attendant que le grand blond soit prêt.

Il parle enfin mais ne semble pas trouver les mots. Il semble complètement perdu sans que Poppy ne sache le pourquoi du comment. « Je... » Connor baisse la tête comme si il était coupable de quoi que ce soit et ça brise le cœur de Poppy. Il ne peut que relever légèrement les yeux vers elle avant de se lancer enfin. « Je suis désolé. » Elle ne comprend pas pourquoi il lui dit ça mais devine que c'est surement à cause de la bouteille qui, à quelques secondes et centimètres près, aurait très bien pu lui atterrir en plein dessus... C'est sûr que si c'était arrivé ça aurait été un peu dérangeant (si peu han) mais la destruction de cette bouteille n'aura été au final qu'un éclat - surement libérateur - pour le garde. Rien de grave, et pourtant son frère semble vraiment s'en vouloir. Poppy voit que ses mains tremblent ou plutôt, il tremble, lui, tout entier. Comme si c'était possible son inquiétude grimpe encore en flèche et pourtant elle ne dit rien, se mordant les lèvres pour se retenir et ne pas le brusquer. « Je... Je suis tellement désolé. » La danseuse ne sait pas pourquoi mais elle a l'impression qu'elle ne voit que la partie visible de l'iceberg de mal-être qui dérive en lui. À vrai dire, elle a du mal à rester silencieuse à ce moment-là. Elle voudrait tout savoir, pour mieux l'aider, parce que clairement Connor ne peut pas rester dans cette situation. Il est sûr qu'elle l'aidera. Elle prendra soin de lui. Parce qu'elle le lui doit, mais surtout parce qu'il est la personne la plus importante à ses yeux. Elle ne supporterait pas de le voir sombrer.

Et pourtant elle a l'impression que c'est ce qu'il arrive. Les larmes le submergent laissant apparaître à quel point il est meurtri à l'intérieur. C'en est trop pour elle et elle ouvre la bouche pour tenter de le réconforter mais elle est prise de court par le mouvement de son frère qui la prend dans ses bras. Elle le sent trembler contre elle, hoquetant presque de ces pleurs qui le malmènent. La jeune femme entoure Connor de ses bras à son tour avec la douceur qui la caractérise si bien. L'une de ses mains vient se poser dans son dos, tandis que l'autre se pose sur l'arrière de sa tête. Pour une fois c'est elle qui a le rôle de la protectrice et s'en acquitte volontiers si ça peut mettre un peu de baume au cœur à Connor. Elle qui voulait faire ce simple geste depuis qu'elle l'avait vu s'effondrer au sol, ouvre enfin la bouche pour tenter de le rassurer. « C'est pas grave Connor. » Elle resserre un peu son étreinte, comme pour lui montrer qu'elle est là et que, pour une fois, il peut compter sur elle. Elle le berce presque alors qu'elle ajoute un nouveau rien. « Ne t'inquiète pas. » Elle lui laisse le temps nécessaire pour se calmer, ne serait-ce qu'un peu.

Le silence s'impose quelques bonnes secondes durant lesquelles elle fait son possible pour ne pas paniquer. Il est dur pour elle de garder son calme en voyant la détresse de son frère. Elle s'imagine déjà le pire, allant de la maladie incurable à un drame chez ses proches en passant par n'importe quel autre scénario qui aboutirait à un Connor aussi abattu que celui qu'elle a dans ses bras à ce moment-là. Elle est loin d'avoir deviné la vraie raison de cette crise et fait surement bien de rompre le silence après un certain temps. « Connor... » Elle hésite un peu ne sachant pas trop si elle est dans son droit pour lui demander cela. Poppy s'éloigne légèrement de lui et le regarde avec toute l'inquiétude qui la tiraille depuis qu'elle est arrivée chez lui. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu as des soucis au travail ? » Elle demande ça à demi-mot, comme si même les décibels de sa voix pourtant douce pouvaient venir le brusquer. Elle qui voulait, à la base, le réconforter lutte pour ne pas inverser les rôles par maladresse. Elle s'inquiète pour lui, c'est sûr, mais il n'a pas à la rassurer en quoique ce soit. La brunette se sent donc obligée d'ajouter, comme pour lui donner confiance en elle. Il peut tout lui dire. « Si tu as besoin, tu sais que tu peux compter sur moi pour t'écouter... » Elle aurait d'ailleurs voulu qu'il le fasse avant, ce qui n'enlève rien au fait qu'elle s'en veuille de ne rien avoir remarqué toute seule. Elle sait pourtant que Connor fait le fort mais à force elle a fini par le croire, tout simplement. C'est à son tour de baisser les yeux à cause de cette culpabilité toute nouvelle chez elle. Pourtant elle se reprend rapidement. Le plus important pour le moment est Connor et juste Connor.

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Elle n’a aucune idée de ce qui a pu le mettre dans cet état. Elle s’imagine des choses banales. Des problèmes au travail, des déboires dans sa vie sentimentale, au pire un ami décédé. Poppy est pourtant loin du compte et c’est d’autant plus navrant qu’elle pense vraiment être proche de son frère. Ce n’est pas qu’ils se voient non plus tous les jours, ni qu’ils partagent beaucoup de choses dans la vie. Ils sont aussi contraires que le jour et la nuit après tout. En fait, à bien y réfléchir, ils ne sont peut-être pas si proches que ça d’ailleurs. Ce constat l’attriste un peu mais c’est pourtant bien vrai. Après tout, elle ne s’est jamais doutée du mal qui le ronge et c’est encore le cas à ce moment-là. Poppy le regarde sans oser dire un mot, lui laissant le temps de trouver les siens. Elle espère qu’il ne fera pas comme souvent, comme toujours même : faire comme si de rien n’était. Cette fois ça ne risquera pas de marcher de toutes manières. Il est trop tard, elle en a trop vu, beaucoup trop. Il semble presque douter pourtant avant de finalement se lancer. La suite, elle ne se la serait jamais imaginé. Poppy est naïve, trop, mais Connor ne peut plus maintenir l’illusion. Quelque part c’est mieux, même si c’est dur pour lui à dire, comme pour elle a entendre. « Non je... » Il s’est redressé et la regarde avec un je ne sais quoi dans le regard. Quelque juste de fondamentalement triste, presque de hanté. Un quelque chose qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Elle comprend alors qu’elle ne peut pas comprendre ce qui malmène son frère, parce que ça elle ne l’a jamais vécu. Il détourne les yeux, peut-être qu’il a besoin de ça pour tout lâcher. « Elle avait ton âge.... Cette jeune fille. Elle avait ton âge et elle est morte sans que je n'ai pas pu la protéger. Je suis fatigué. Tellement fatigué... Je. » Non, elle ne se serait jamais imaginé ça.

Elle se sent bête. Elle se sent stupide. Superficielle. Ignorante. Naïve. Cruellement naïve. Comment avait-elle pu le côtoyer tout ce temps sans se douter de ces souvenirs qui pourrissaient en lui ? Elle reste là, à le regarder, séchée. Totalement séchée. Oui elle se sent bête, mais choquée aussi, parce que, pour elle, tout ça n’est qu’une idée mais elle se rend subitement compte que, pour lui, c’est réel. Ce n’est pas simplement un cauchemar. Ou plutôt des cauchemars, parce que, encore une fois, elle a la naïveté de croire que c’est simplement ça. Simplement. Non, tout ça n’a rien de simple. Tout ça est horrible. « Je veux juste que ça s'arrête. Tout ça. Tous ces morts. Toutes ces images qui ne veulent pas me foutre la paix. Je veux juste dormir et ne plus avoir à me réveiller. Je n'en peux plus de subir ça Poppy... Je veux juste. Je veux juste que ça s'arrête. » Poppy le regarde s’effondrer devant elle et ça lui glace le sang. Une main tremblotante est venue couvrir sa bouche sans qu’elle ne sache pourquoi. Elle ne risque pas de crier, elle est bouche bée. Lui par contre, a besoin d’évacuer, au point de hurler à la lune. « Je veux juste que ça s'arrête ! » Elle sursaute malgré elle, parce qu’elle ne s’était pas attendue à cette réaction. Elle est déconcertée par ce qu’il se passe, totalement. Poppy a l’impression que ce monde auquel elle croyait n’a plus aucun sens. Elle voudrait juste pouvoir l’aider, juste apaiser un peu son mal, mais elle ne sait pas comment. Le pauvre s’est recroquevillé sur lui-même et elle est là, à le regarder sans même savoir quoi faire. Dans une autre vie, elle aurait usé de son pouvoir mais là ils sont sur Genosha et elle n’a rien d’autres que ses mots pour l’aider. Mots qu’elle peine malheureusement à trouver. « Connor... » Qu’est-ce qu’elle peut bien dire d’ailleurs ? Elle n’a pas même un début d’idée de ce qu’il peut vivre. « Je... » Elle est désolée. Désolée de ne rien avoir remarqué, désolée de ne pas s’être mieux occuper de lui, désolée de ne pas avoir su reconnaître les signes, désolée de ne pas savoir quoi faire à cet instant précis. Elle est bête, stupide, naïve. Beaucoup trop. « Je pensais pas... » Allez savoir pourquoi elle poursuit par ce qui ressemble de loin à un reproche, pourtant ce n’est pas méchamment dit, mais elle ne réfléchit qu’à moitié. « Pourquoi tu ne m’as rien dit avant ? » Pourquoi a-t-il fallu attendre qu’il soit sous le joug de l’alcool pour ça ? Il ne lui fait peut-être pas confiance, peut-être qu’il la croit trop fragile, peut-être qu’il n’en a parlé à personne auparavant. Cette simple idée l’attriste encore plus que le reste.

Mais maintenant elle sait, et ça change tout. Du moins elle l’espère. Poppy n’a pas le moindre début d’idée de ce qu’elle peut faire mais elle est pleine de bonnes intentions. Elle attrape les mains de son frère et chercher son regard sans savoir si elle va le trouver. « Je peux peut être t’aider, tu n’as pas à affronter ça tout seul... » Elle n’est pas psychologue mais Poppy a toujours eu ce don d’apaiser les cœurs, alors elle pense qu’elle peut vraiment l’aider. Elle est naïve et le croit. Sincèrement.

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C'est bien la première fois qu'elle ne sait pas quoi faire pour aider quelqu'un et il a fallu que ça tombe sur la personne qu'elle aime le plus au monde. Pourtant ça lui tient à cœur de savoir les gens qu’elle aime heureux et surtout Connor. Poppy donne trop dans l'empathie et ça a toujours été le cas. Ce n'est pas pour rien quelle est parfois volontaire dans des évènements humanitaires, ou encore qu’elle est bénévole dans une association centrée sur les animaux. Elle ne supporte pas la tristesse des autres et voudrait qu'ils voient tous le monde comme elle le voit elle. C’est un domaine des possibles, où le bonheur est une finalité que l'on peut atteindre à force de courage et d'enthousiasme. Qu'elle est naïve. La guerre, ses horreurs et les cauchemars qui vous poursuivent, c'est quelque chose qu'elle ne peut pas comprendre. Elle ne peut même pas toucher du doigt cette vérité-là. Il ne faut pas croire que tout a été rose pour elle, mais la violence n'a jamais pris ces traits-là dans sa vie, et puis, surtout, elle a toujours eu Connor pour la protéger. Ce grand frère parfait, inébranlable. Il se tourne vers elle et une larme glisse sur sa joue. Ça lui brise le cœur de le voir comme ça si bien quelle aussi sent des larmes venir embrumer ses yeux.

Elle le lui dit, elle veut l'aider, sans savoir comment mais elle trouvera forcément, parce qu'il est hors de question qu'elle le laisse tomber. Poppy est de nature tendre et douce mais elle fait parfois preuve d'une détermination acharnée. La danse en est un exemple flagrant, c'est une passion à laquelle elle se donne corps et âme, sans céder à la fatigue, malgré les maux du corps éreinté. Oui, parfois, elle peut se montrer combative, quand elle fait ça pour quelque chose ou quelqu'un qu’elle aime. Pour Connor, elle soulèverait même des montagnes avec ses petits bras. « Poppy... » Il essuie une larme et s'approche d'elle pour la prendre une nouvelle fois dans ses bras. Poppy s'y love par automatisme, que voulez-vous, elle adore les câlins, même dans cette situation. On se demande d'ailleurs qui ce simple geste aide le plus à ce moment-là, lui ou bien elle. « Merci. Mais tu m'aides déjà. Tu m'as toujours aidé. Tu sais, tu étais avec moi là-bas. Pour ne pas sombrer, je me rappelais de ton sourire. De celui de maman aussi. Vous n'avez jamais cessé de m'aider. Même si vous n'en aviez pas conscience. » Elle relève la tête vers lui et le regarde de son regard de chat potté. Elle ne sait pas trop si ce que lui dit son frère la rassure ou pas. Peut-être pas d'ailleurs. Elle a du mal à s'imaginer la guerre et ses horreurs, et encore plus comment un simple souvenir peut aider à affronter la vision de tant de morts. Elle ne le comprendra jamais, mais veut bien le croire, c'est plus facile de sa raccrocher à ces dires là qu'à lutter contre le reste.

Il se détache d'elle et poursuit, comme si il avait quelque chose à se reprocher. Certes, à quelques centimètres près, elle se serait retrouvée à l'hôpital, assommée à coup de bouteille, mais Connor est déjà tout pardonné. Quant au reste, Poppy préfère de loin savoir qu'il ne va pas bien plutôt qu'il le lui cache à nouveau. Non, clairement, c'est un moment dur, mais c'est pour le meilleur. « Je suis désolé. Que tu es eu à assisté à ça. Je ne voulais pas t'en parler pour la simple et bonne raison que je ne voulais pas t’inquiéter... ça va aller Poppy.... Je te le promets. Je vais me reprendre. Je... Je le dois pour toi. Pour te protéger. » Il n'a rien compris, rien du tout même. L’une de main de Poppy vient se poser avec douceur sur l’une des joues de l'ancien militaire. Elle le regarde avec un petit sourire qui a quelque chose de triste mais de réconfortant aussi, un fin mélange qu’elle seule sait exprimer. « Tu te le dois à toi, Connor. » Il peut continuer de faire comme si ça allait bien pour éviter de l'inquiéter mais qu'est-ce que ça changerait au final ? Ça continuerait de pourrir en lui, de le ronger de l'intérieur. Ça le dévorerait tout cru. Et ça ne changerait rien. Il mérite tellement mieux que cette vie sombre et pleine de tourments. Il mérite d'être heureux, vraiment, non pas en oubliant son passé mais en apprenant à vivre avec parce que sinon, il est perdu d'avance. « Pas à maman, et encore moins à moi. Mais à toi. » Elle en est convaincue.

Son sourire se fait un peu plus solaire alors qu'elle s'éloigne de lui. Elle devrait déjà être au studio mais ne pourra clairement pas se résoudre à aller préparer sa choré tant qu'elle ne se sera pas un occupée de lui. Le pauvre a un taux d'alcool trop élevé et vient de lui faire la peur de sa vie, et c'est impensable qu'elle le laisse tout seul dans cet état-là. Oui, il faut le dire, elle ne le croit qu'à moitié quand il dit qu'il va se reprendre, surtout que ce n'est pas le genre de résolution à effet immédiat. Ce n'est pas grave, Poppy est là. « Je te fais un petit déjeuner ? Accompagné d'un grand verre d'eau... Ou plusieurs. » Pour le gueule de bois qui promet de piquer gravement. Mais avant tout, Poppy se dirige vers les fenêtres qu’elle ouvre ainsi que leurs volets. « Et d'un peu de lumière, pour chasser les mauvais rêves ! » Oui, c'est pas grand chose, mais c'est déjà un bon début. Voir la vie en couleur, c'est le secret du bonheur.

Rêve que tu as des aiiiiiles, hirondelles ou tourterelles, et là-haut dans le cieeeeeeelllll. Tu t'envoles ! Tu t'envoles ! Tu t'envooooooooles !

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