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The end has no end + Ezran
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Jeu 13 Juil - 18:31




The end has no end

Dylan & Ezra

Vous avez perdu votre enfant madame Miller, je suis désolée... Les mots tambourinent douloureusement dans ses tympans, venant s’entrechoquer avec éclat dans son esprit encore trop faible. La main qu’elle porte doucement à sa bouche n'a jamais été aussi lourde. La belle à la chevelure de flamme sent quelque chose qui s'échappe de son corps. Quelque chose d'immatériel, une sorte de principe vital. C’est incontrôlable… Beaucoup trop douloureux à supporter. Comme si on pompait son âme. Toute fois elle ne comprend pas encore ce qu’il lui arrive. Ne réalise pas qu’à cet instant son enfant… Leur enfant… N’est déjà plus. Pourtant lorsqu’elle baisse son regard avec difficulté vers son ventre elle l'aperçoit. Cette forme légèrement arrondie sous sa robe d’un rouge carmin. Il est vivant. Il est en train de lui donner des petits coups comme lorsqu’elle prend un bain. Depuis qu’elle est enceinte, la belle a retrouvé la fragilité des gosses. Son visage enfantin rayonne d’une toute autre lumière et son sourire réchauffe les cœurs avec une bienveillance infinie. Votre enfant est mort... Un enfant ne peut pas mourir. Il peut vieillir, perdre avoir des peines de coeur, des tracas d’adolescents qui signifierons beaucoup sur l’instant, même, mais il ne peut pas mourir. On se prépare à l'idée qu'il va partir, on se dit même que le moment venu notre cœur se serrera, que ça signifiera qu’il a bien grandis, mais ce ne sont que des mots. On se dit que ça va durer encore longtemps. Et puis les accidents arrivent....Comment l’annoncer à celui qui devait être père ? Comment lui dire qu’elle a faillis à sa tâche ? Qu’elle n’a pas pu le protéger comme une mère aurait dû le faire… Comment peut-elle encore lui susurrer des je t’aime. Des tout ira bien après ça… Mon amour, c'est fini. Il est mort. J’ai perdu notre enfant. Tout devient irréel. Oui, elle a compris qu'il est mort et elle commence à pleurer. A crier. A frapper de ses petits poings la première personne qui s’approche d’elle. Elle a faillis à sa tâche de maman et ne pourra plus jamais revenir en arrière. La colère gronde mais une force, en elle, résiste et ne veut pas savoir. Elle lui dit que ce n'est pas vrai. Quelque chose s'effondre silencieusement, doucement, douloureusement, dans son intimité, comme si un parasite siphonnait sa force vitale. Peut-être le calmant que l’on vient de lui injecter. Peut-être que la volonté n’est plus là. Peut-être que lutter ne sert plus à rien après tout. Alors que l’émotion bloque sa respiration, les bras la retiennent comme les sangles d’une camisole. Ne sombre pas, chuchotis. Igloo qu’elle ne quittera pas.

Elle secoue la tête comme pour se réveiller de ce mauvais rêve. Regarde autour d’elle et ne voit que les grands murs blanchâtres de son appartement. De leur appartement. Papillonne des yeux avec tristesse alors que ses mains plissent doucement ses vêtements. Elle tâte son ventre, la peur y a élu domicile. Ce n’est pas la même chose de se l’entendre dire que de prononcer soi-même les mots, des preuves accablantes. « Je l’ai perdu… » Dylan voudrait fuir les paroles humaines, la compassion, cette délicatesse que les gens emploie si rarement. Ce n’est pas pour elle. Déjà l’Égarée entend ces femmes de sa génération parler de cet accident comme d’une vieille histoire que l’on se chuchote sur son passage agrémentés de « Pauvre femme » «  elle est si jeune » « elle va si mal » « où est passé son beau sourire ? » « Elle a tout perdu » tandis que pour elle, leur futilités n’est qu’une foutue malédiction supplémentaire, une condamnation au bûcher. Pas envie d’en parler. On devra probablement la tuer pour qu’elle daigne l’envie d’aller mieux un jour. Amputez ça de mon corps.

Ezra est là pour toi. Visualisation fabulée. Idylle sur laquelle elle crache. Elle ne veut même pas évoquer l’idée sordide d’un possible-potentiellement-viable-potentiellement-aimable. Ça n’existe pas, déni total. Pourtant, un plaisir et un décès sont enfouis dans les tréfonds de la voix du père.  Elle secoue la tête, le menton tremble imperceptiblement. Ce n’est pas qu’elle ne veut pas, mais elle ne peut pas. Ça la tuerait sans doute, cette chose… Elle n’écoute plus. Cette fois, elle ne peut pas sourire avec lui. Ces énormités la consternent. Ô femme déchue. Voilà des mois que la vie est monotone… pas de sa faute à lui. Mais elle se sent tellement coupable de le priver d’être père qu’elle ne peut plus croiser son regard sans avoir des hauts le cœur et les yeux rougies par les larmes. Elle s’en veut… tellement. Elle aurait pu faire des efforts. Lui prendre la main. Lui offrir de tendres baisers… Laisser une ouverture et ne pas le rejeter comme elle s’évertue à le faire. Un soupire passe la barrière de ses lèvres et elle passe une main sur son visage aux traits fatigués. Rien ne va plus entre eux depuis ce soir là. Depuis le soir de l’attentat au Pegasus et même si au début Ezra tentait des approches avec sa fiancée, ce n’est aujourd’hui plus le cas. Tout deux bien trop profondément affecté par ce malheur. Elle se relève avec difficulté et se traine jusque dans la cuisine où elle se sert une tasse de thé bien fumante. Elle passe un temps inimaginable à observer la boisson ambrée sans bouger. Les larmes roulants doucement sur ses joues pâles. Alors que les clés raisonnent dans la serrure de l’entrée la belle relève doucement la tête sans prendre la peine de sécher les trainées d’eaux qui dévalent les traits de son visage. A quoi bon n’est-ce pas ? Elle se fige alors qu’elle fait face à celui qu’elle a toujours considéré comme l’homme de sa vie. Serre doucement les poings jusqu’à en planter ses ongles dans ses paumes. « Il faut qu’on parle Ezra… » elle lâche ça de but en blanc. Sans lui laisser le temps de la saluer. Son regard azur glisse sur celui du brun à l’inquiétude visible. « Il faut qu’on parle… »

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Mer 26 Juil - 12:32
Il éteint le moteur de la voiture alors que son regard se pose sur sa propre maison. Il l'a acheté il y a quelques années de cela après une sélection farouche. Il avait besoin d'un endroit à lui, où il se sente bien, où il pourrait tomber les barrières et être enfin en paix. Un lieu comme celui-là, il n'en a jamais eu. Le début de sa vie, il l'a passé dans un grand manoir froid où il a connu la souffrance physique et mentale d'un père tyrannique qui prenait un plaisir malsain à le ruiner. Son corps avait souffert certes, mais lui aussi. Lui. Ezra. Un moins que rien. Un petit con. Un fauteur de trouble. Une honte. Un boulet. Un imbécile. Un enfant non désiré. Une épine dans son pied. Un caprice de sa mère. Un monstre qui ruine sa vie et son mariage. Son père n'avait jamais manqué de mots durs à lui asséner chaque jour à chaque recoins de la maison familiale. Des petits rien qui l'avaient construit et qui faisaient, sur le long terme, bien plus de mal que les coups et les os brisés. Mais ces mots s'étaient tus en même temps que ce père intraitable qui les avait haï du plus profond de son être. L'orphelinat leur avait ouvert ses portes, pour les couver entre ses murs austères où ils n'étaient que trois parmi tant d'autres. Il n'était alors qu'un anonyme dont personne ne voulait entendre parler, ni même voir. Un fantôme. Dès qu'il avait été majeur il avait pris le premier appartement venu. Un endroit assez grand pour eux trois, pour qu'ils puissent enfin commencé leurs vies. Il avait fondé Unknown et tout s'était emballé rapidement. Beaucoup de travail, beaucoup de projets, beaucoup de problèmes et de soucis en majorité à cause d'Archer, son petit frère très complexe. L'appartement n'avait été qu'une zone de transition pour en arriver ici, à cette maison, celle où il avait pensé enfin avoir un chez lui. Avec elle. Mais, ces derniers temps, le simple fait de passer le pas de la porte s'accompagne d'appréhension et de nœuds à l'estomac. Parce qu'il sait qu'il va la voir, se forcer à sourire, feindre un bonheur envolé et ça lui serre le cœur à en vomir.

Les minutes passent et il ne bouge pas, toujours assis à la place du conducteur de sa belle Audi. Ezra serre le cuir du volant et hésite, une nouvelle fois, à enfin se mettre en route pour son chez lui. Son regard a quitté l'extérieur de la villa, pour se concentrer sur l'intérieur de ce cocon qui lui offre quelques instants de répit. Ca fait déjà quelques semaines qu'il ne fait que subir la situation à la maison et il a peu à peu perdu cette conviction qu'ils pourraient affronter cette tempête. Il s'en veut de voir les choses de cette manière mais c'est bien vrai. Il a beau l'aimer plus que tout au monde, Ezra en vient à vouloir la fuir. Il le fait tous les jours de la semaine, prétextant d'énormes projets au travail. Des projets qui lui demandent de rallonger encore et toujours plus ses journées et ses semaines, pour ne lui laisser que peu de temps. Mais il revient toujours ici et voit les minutes défiler dans cette voiture. Le temps de trouver le courage de mettre son faux sourire. Le temps de construire le bouclier qui lui permettra d'affronter tous les rejets. Son regard, ses caresses, ses baisers, il n'en reste plus rien et ca le blesse plus que tout le reste. Même elle, au final, en vient à le détester. Quand il est chez eux, pour éviter tout ca, Ezra passe le plus clair de son temps dans son atelier où s'entassent les toiles, toutes plus médiocres les unes que les autres. Elles sont sinueuses et inintelligibles, chaotiques et torturées. A son image.

Il trouve enfin le courage de sortir de sa bulle sans savoir d'où il tient cet élan. Ezra fait le tour de sa voiture pour en ouvrir le coffre duquel il sort une énorme pochette qui contient les plans d'un nouveau set d'effets spéciaux qu'il compte peaufiner si il en a le temps, plus tard. C'est son excuse pour s'enfermer dans son atelier.  Il se dirige ensuite vers la porte d'entrée dans laquelle il glisse ses clés pour l'ouvrir, tombant ainsi presque directement sur Dylan qui semble l'attendre là. Il lève les yeux et les voit tout de suite, elle, ses yeux rougis et les sillons qu'ont tracé les larmes sur ses joues. Son cœur se serre. Alors qu'il s'occupait au travail pour échapper à tout cela, elle a été seule avec son ogresse de tristesse qui la dévore un peu plus chaque jour, jusqu'à ce qu'il ne reste rien de son soleil. Il a envie de laisser tomber sa pochette et ses clés pour aller la prendre dans ses bras. Pour lui montrer qu'il est là pour elle, toujours. Mais quelque chose le retient. C'est le souvenir de toutes les fois où elle a eu ce mouvement de recul, comme si il était le mal en personne, comme si il était ce monstre que son père à tant de fois dépeint à la simple vue de son fils. Ezra remonte ses lunettes de soleil sur le haut de sa tête. Il ne cédera pas à ce besoin impérieux de la protéger du monde en l'entourant de ses bras. Parce qu'elle ne veut plus de lui. « Il faut qu’on parle Ezra… » Son cœur rate un battement, puis deux, puis trois, et se serre à nouveau. Son ventre se retourne. Ses poumons ne se remplissent plus. Ses jambes se font molles. Ses muscles se contractent. Il se sent mal. Ils ont longtemps joué les autruches. Depuis ce jour-là, depuis qu'ils ont perdu ce fils qu'ils n'ont jamais pu voir. Ezra n'a jamais voulu y croire. Il pensait qu'il arriverait à lui redonner le sourire sans trop savoir comment mais il aurait dû savoir que c'était couru d'avance. Il n'est pas de ces êtres lumineux qui font fuir les nuages de la vie. Il est cet oiseau de mauvais augure qui provoque les orages d'un seul battement d'ailes. « Il faut qu’on parle… » Ezra sait très bien ce que cela veut dire. N'importe qui l'aurait deviné. Ces quelques mots signent toujours la fin. Leur fin. Il aurait pu prévoir que les choses finiraient comme ca, mais n'a jamais voulu y croire. Elle est son soleil.

Ezra déglutit. Il n'est pas du tout prêt à affronter ça. Il a la sensation que son monde s'écroule autour de lui et qu'il le regarde s’effriter de loin. C'est à lui que tout cela arrive ? Lui qui, il y a quelques mois de cela n'avait à se soucier que de son petit frère un peu particulier ? Ils étaient fiancés. Ils étaient heureux. Lui, il n'a jamais connu ça auparavant et il lui semble qu'un tel état de grâce n'est possible qu'avec elle dans sa vie. Son cœur s'emballe maintenant alors qu'il voit les ténèbres se rapprocher de lui. Il n'est pas prêt à affronter ça et pourtant, il n'a pas le choix. « On se met dehors ? » Il a besoin d'un cigarette. Il pose sa pochette dans l'entrée et se dirige vers la belle terrasse sur laquelle donne l'espace à vivre. Ezra cherche machinalement son paquet de clopes dans l'une de ses poches. Il tourne de plus en plus à la nicotine. C'est la seule drogue qu'il se permet et il en use et abuse. Il fait glisser la baie vitrée et retrouve l'air d'hiver de Prenova. Le temps est pourtant chaud et clément, comme sur toutes les îles paradisiaques du genre et c'est agréable. Pourtant Ezra ne pense pas qu'il va apprécier ce qu'il va se passer sur cette terrasse. Il allume sa cigarette avant même d'avoir poser le pied dehors et une fois que c'est chose faite il peine à trouver un endroit où se fixer. Il s'avance vers le mobilier de jardin mais reste debout. Il pose ses yeux sur elle est a quelque chose de misérable. Depuis des mois, ses traits se tirent, son air se fatigue et il y a comme un voile funeste sur son visage, un voile qui ne le quitte plus depuis le Pegasus. Mais maintenant, ajouté à tout cela, l'appréhension le tourmente et ca se voit comme un nez au milieu de la figure. Il n'est pas prêt à affronter ça.
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Ven 8 Sep - 22:23




The end has no end

Dylan & Ezra

L'amour est comme un bon disque. D'abord, tout n'est que découverte. On a envie de passer son temps à l'écouter. On saisit d'ailleurs toutes les occasions de le faire. On se sent envoûté par ses différentes mélodies dont on pressent déjà qu'elles vont nous plaire. Après quelques écoutes, on se met à l'aimer plus fort, ce disque. On chante avec lui, on y découvre des notes que nous n'avions jamais entendues, des mots dont nous n'avions jamais saisi le sens nous apparaissent clairs. Puis il faut dire ce qui est : on finit par s'en lasser. À force de l'entendre, on ne le supporte plus. La musique reste toujours aussi savoureuse au fond, mais on s'en est trop gavé. On est écœuré. Et finalement, ce disque que l'on connaît par cœur n'apparaît plus qu'en bruit de fond. Et il tourne, il tourne en rond. La vérité, c’est que ce disque dont elle essayait de se rappeler le moindre petit écho ne raisonnait plus à ses oreilles. Elle ne s’était aucunement lassée de lui, de son amour, de ses bras, de ses baisers, de sa présence, car au fond il n’y avait toujours eut que cette même mélodie vibrant continuellement pour lui, pour elle, pour eux. Mais il s’était rayé, fissuré, brisé, le soir où elle avait perdu une partie d’elle, une partie d’eux. Le soir où elle avait perdu leur enfant. Et à présent elle savait. Elle savait avec une absolue certitude qu'à l'instant où ils se sépareraient, elle ne connaîtrait plus jamais la chaleur. Pourtant c’est tremblante qu’elle avait pris son courage à deux mains, qu’elle avait prit la décision de se dresser là, face à lui et de prononcer ces mots qui allait tout changer. Son quotidien. Sa vie certes brisée, mais bien présente. Elle allait tout foutre en l’air, laisser le chagrin l’engloutir là, maintenant et avoir raison d’elle. Elle allait céder sans se battre. Elle allait faire preuve de faiblesse sans même lutter pour cet amour qui l’avait fait vibrer durant des années. Plus de mariage, aux oubliettes les fiançailles. Elle était épuisée, déprimée, rongée par un mal qu’Ezra ne pouvait pas combattre et elle refusait. Oui elle refusait d’embarquer cet homme qui avait tant fait pour elle dans ses tréfonds les plus sombres. C'était étrange.. Dans le vocabulaire courant, quand on perdait son père, sa mère ou ses deux parents, on disait bien que l'on est " orphelin ". Quand on perdait sa femme, on disait qu'on est " veuf ". Ou " veuve ", quand c'était son époux. En revanche, elle qui était une experte des mots et de la littérature, elle qui avait travaillé au milieu de livres et de mots des années durant avait remarqué une chose au long de ces mois de silences et de pleurs. Que disait-on ? Quand on perd ses enfants on ne dit rien. Il n'y a pas de mot pour désigner cet état. Alors elle ne dit rien. Elle ne dit rien, tout simplement. Ravalant ses sanglots, seules dans cet appartement trop grand, trop vide pour elle.

Elle se laisse trainer avec ses pensées mélancoliques, des heures durant se demandant de quelle manière aborder le sujet. Comment faire pour ne pas blesser l’homme qu’elle aime toujours au fond, tout au fond d’elle. Elle se demande si il rentrera cette fois à l’heure où si il se défilera comme tous les soirs depuis des semaines, n’assumant pas de la voir ainsi. De voir ce qu’ils sont devenus. De voir que celle qui illuminait sa vie n’est plus que l’ombre d’elle-même. Fini la rayonnante Dylan, il n’y a qu’un sombre orage qui s’annonce à l’horizon. Le premier et sûrement le dernier. Alors elle attend, le temps passe, les minutes défilent et elle ne se rend pas compte que les aiguilles ont déjà bien avancées sur le cadrant de l’horloge de la cuisine. Jusqu’à ce bruit. Celui de la serrure, celui de son cœur qui lâche. Elle relève la tête vers lui, le visage recouvert des sillons qu’on tracés ses larmes quelques instants plus tôt. Elle ne prend même plus la peine de le cacher, elle ne prend même plus la peine de sourire. Son cœur est bien trop lourd, son esprit bien trop ravagé, pour ça et c’est la tempête qui fait à présent place à l’orage. Elle prononce ces mots qui veulent tout dire sans même aborder le sujet qui fâche. La jeune femme à la chevelure de feu se lance. Il faut qu’on parle. Il faut qu’ils parlent. Et elle attend la réaction du grand brun qui lui fait face avec un air désemparé. Elle l’observe le regard brumeux se décomposer sous ses yeux. C’est elle qui lui fait ça. C’est elle qui lui fait mal. C’est elle la cause de la tristesse qu’elle lit dans son regard. Elle qui lui apportait tant de bonheur quelques mois plus tôt, était sur le point de le détruire. La belle ne dit mot. Reste là, statique. « On se met dehors ? » elle hoche la tête comme un petit pantin. La petite poupée à la crinière flamboyante s’articule tel un objet trop longtemps oublié, aux rouages cassés. Elle le suit non sans mal après qu’il ai déposé sa pochette dans l’entrée. Pas de baiser pour elle ce soir, pas plus que les précédents. Il se dirige d’un pas pressé vers la baie vitrée, la fait glisser et allume une cigarette. L’odeur vient chatouiller les narines de Dylan qui ne bronche pas, elle est bien trop amorphe pour faire une remarque. Ezra fonce vers le mobilier de jardin qui orne la terrasse et s’appuie sur un meuble en la dévisageant. Ses traits affichent une fatigue marquée ainsi que de l’inquiétude. Il sait pertinemment qu’une épée de Damoclès git au dessus de leurs têtes et attend simplement la sentence à travers les mots de Dylan. Elle se racle doucement la gorge, cherche les mots sans le quitter des yeux. Les larmes refont surface en un torrent incontrôlé alors qu’elle se mord la lèvre pour la meurtrir une fois de plus. « Ezra je… » première tentative inachevé. Sa voix d’ordinaire douce est à présent rauque. Elle sonde le moindre geste de sa part, la moindre angoisse, la moindre cerne. L’homme qu’elle aimait n’a plus rien de ce qu’il était. Il n’est plus, comme elle, qu’une sombre copie de lui-même… Elle porte à sa bouche une main tremblante alors que les mots lui brûlent la gorge comme une coulée d’acide. Elle s’approche de la table et s’empare du paquet de cigarette d’Ezra et en allume une. Elle ne fume pas… Jamais. Alors quand la fumée vient couler le long de sa trachée elle est prise d’une petite quinte de toux. Mais elle porte à nouveau le tube de papier à ses lèvres et inspire à nouveau en grimaçant légèrement. « Je ne peux plus… Toi… Moi… Nous… Est-ce qu’il y a encore un nous ?... » souffle-t-elle plus pour elle que pour lui. Elle relève la tête vers lui. « Depuis… Je… Je sais que je n’ai pas fait ce qu’il fallait… On en a parlé… Tu dis que ce n’est pas de ma faute, mais si. C’est de ma faute et… Je vois bien… Je vois bien que je te tire vers le bas. » dit-elle l’esprit embrouillée. « Je… J’ai perdu notre bébé et… Je suis en train de te perdre toi… Ezra… Je t’aime… Je t’aime mais je vais… Je vais partir, pour te laisser vivre… » sa voix se brise en prononçant ces mots. Son cœur se casse et cette mélodie qu’elle aimait tant s’arrête de jouer.


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Sam 30 Sep - 16:52
The end has no end

Dylan
&
Ezra


Dylan ne lui laisse aucun répit. Elle ne leur laisse même pas quelques secondes, quelques minutes. Elle a peut-être besoin de tout expédier en quatrième vitesse. De larguer le boulet qu'est devenu leur amour, celui qui les empêche de retrouver la surface dans cette mer de tristesse, celui qui les empêche de respirer. Étouffante. Leur relation est devenue étouffante. Tous deux le savent et pourtant. Pourtant Ezra préfère de loin mourir d'asphyxie avec elle que de sentir seul l'oxygène gonfler ses poumons. À croire que pour elle, ce n'est pas le cas. Il pose le regard sur sa fiancée. Elle a perdu cet aura, celui qui la rendait rayonnante. Dylan n'est plus qu'une fleur fanée, qui a perdu ses pétales. Elle reste pourtant la plus magnifique des femmes à ses yeux. Il aurait voulu l'entourer de ses bras, la protéger de tout. Il aurait voulu la voir sourire à nouveau. Mais lui n'était pas cet être de lumière capable de semer le bonheur autour de lui. Au contraire, Il a même réussi à la ternir elle, le plus lumineux de tous les soleils. Entre ses mains, elle est devenue tristesse, mélancolie, deuil. Si elle n'avait pas été avec lui, si il ne l'avait pas aimé de cet amour fou, Dylan serait en train de rire, elle vivrait, heureuse, réellement. Il en est convaincu.

« Ezra je… » Ses mots meurent avant même d'avoir fait naître une idée. Il comprend que ce que s'apprête à dire Dylan est encore plus difficile pour elle à dire que pour lui à entendre. Lui, on ne lui demande rien, rien à part de rester là à fumer sa cigarette en un record de vitesse. Il ne la lâche pourtant pas des yeux et la suit du regard quand elle s'avance vers la table de la terrasse pour attraper le paquet de blondes. Ezra fronce imperceptiblement des sourcils, un peu choqué, il est vrai, de la voir s'allumer une cigarette. En des années de relation, il ne l'a vue fumer que de rares fois et à toujours trouver que ça ne lui allait pas. Il semble qu'aujourd’hui elle en ait bien besoin même si une petite quinte de toux la prend soudainement. La rouquine se reprend pourtant vite, trouvant le courage nécessaire pour reprendre le fil de cette fin qui lui semble, à lui, complètement surréaliste. Il a beau l'avoir senti venir, il ne s'attendait pas à ça. « Je ne peux plus… » Ca. Les mots durs de réalisme d'une femme qui a perdu ses illusions. Lui... elle... eux... est ce qu'il y a encore un eux ? « Toi… Moi… Nous… Est-ce qu’il y a encore un nous ?... » Il y a lui, d'un côté de cette table, et elle de l'autre. Tout deux se faisant face dans cette maison qu'ils ont partagé pendant des années. Il y a eu des danses, des jeux, des sourires, des rires. Il y a ces bagues qu'ils portent chacun à leurs annulaires. Il y a cet amour froid, meurtri, taillé à vif. Il y a lui, qui finit sa cigarette d'une traitre. Il y a elle qui a pris la décision pour eux. Eux. Ils n'existent plus.

« Dylan... » Il aimerait trouver les mots. Des mots qui pourraient arrêter tout ça, qui pourraient lui faire comprendre à quel point il l'aime, à quel point il a besoin d'elle. Il aimerait avoir des putains de mots magiques, ceux qu'il n'a pas su trouver depuis tous ces mots où ils s'éloignent inévitablement loin de l'autre. Mais il a beau lui dire. Rien n'est de sa faute. Il l'aime. Il sera toujours là pour elle. Elle peut compter sur lui. Elle peut tout lui dire. Il l'aime. Il a beau lui dire tout cela, elle reste murée dans sa tristesse. Dans le domaine des murmures. « Depuis… Je… Je sais que je n’ai pas fait ce qu’il fallait… On en a parlé… Tu dis que ce n’est pas de ma faute, mais si. C’est de ma faute et… Je vois bien… Je vois bien que je te tire vers le bas. » Il balance sa tête de droite à gauche, lentement et plusieurs fois, baissant le regard. Il sent que le couperet va bientôt tomber, il le sait. Il aimerait avoir cet âge où l'on peut encore se boucher les oreilles. Poser ses mains sur celles-ci et hurler à plein poumons. Il aimerait avoir cet âge où l'on peut choisir si oui ou non on veut écouter la vérité des autres. Son cœur s'emballe. C'est vraiment ça leur fin ? Il ne se l'était jamais imaginé mais réalise subitement que le moment est bien arrivé. Bizarrement, son sang pulse plus rapidement dans ses veines mais lui se sent mourir à petit feu. « Je… J’ai perdu notre bébé et… Je suis en train de te perdre toi… Ezra… Je t’aime… Je t’aime mais je vais… Je vais partir, pour te laisser vivre… » Sa respiration s'est faite plus lourde alors qu'il a l'impression qu'un poids pèse sur sa poitrine. Il n'arrive pas à y croire. C'est impossible.

Il est comme sous le choc. Portant une dernière fois sa cigarette à sa bouche et respire l'épaisse fumée qui n'aide décidément pas à rentre ce moment plus facile à vivre. Ezra ne sait plus quoi penser. Il ne sait plus quoi dire. Elle l'aime, elle l’a dit elle-même. Lui aussi. Et pourtant... « C'est ridicule. » Il porte sa main à son front, le massant comme si cela allait l'aider à y voir plus clair. Elle l'aime, mais elle le quitte. C'est fini. Tout est fini. À cause de quoi ? De qui ? Est ce qu'il peut encore faire quelque chose pour empêcher tout cela ? Pourquoi n'arrivaient ils pas à reprendre le cours de leur vie ? Ils sont où ces putains de mots magiques ? Il est pris d’un petit rire, nerveusement. Ca le rend fou. « C'est complètement ridicule. » Ezra est perdu totalement, assommé par le coup que lui porte Dylan sans même s'en rendre compte. Cette fois encore il a envie de hurler, il a envie de tout envoyé balader, dans l'un de ces excès de rage qui le prend parfois. Il se maîtrise pourtant mais ses mains tremblent. Il serre les dents, maîtrise sa respiration avec difficulté. Les mots de Dylan résonnent dans sa tête pendant quelques secondes durant lesquelles son regard se perd sur les traits tourmentés de la jeune femme. Il ne peut pas la laisser faire. Il ne peut pas la laisser partir.

Il s'avance vers elle, détruisant pour la première fois depuis bien longtemps le mur qui les sépare. Bizarrement, ça lui semble d'une facilité déconcertante, lui qui s’était fait tout un monde de la barrière protectrice qui entourait Dylan. Plus il s'approche, plus il ralentit, comme si il n'était pas sûr de ce qu'il allait faire, comme si, aujourd'hui encore, elle était un objet fragile, qu'on pourrait briser d'un geste trop brusque. Il n'arrive pas à la regarder sans même savoir pourquoi.

Sa main attrape la cigarette que la jeune femme tient dans sa main et il l'écrase dans le cendrier qui gît au milieu de la table. Lentement, il prend ensuite ses mains et les serre dans les siennes avec douceur et assurance. Il veut la retenir à ses côtés, il veut se battre pour elle, parce que, sans elle, il n'est rien. « Tu peux pas faire ça. » Il relève les yeux vers elle et clairement, il fait pitié. Il ne s'imagine pas une seule seconde la vie sans elle. Qu'est ce qu'il deviendrait exactement ? Il se transformait définitivement en ce fantôme sans nom. Qui est il sans elle ? « Tu peux pas. » Ses mains viennent se poser sur le visage de la rousse. Il la toujours trouver magnifique, depuis qu'il est tout petit, quand déjà, il lui avait dit qu'un jour il l'épouserait. Le contact de sa peau sous ses doigts lui a cruellement manqué, il s'en rend compte à présent et ça ne rend cette séparation que plus dure. Il plante son regard dans le sien et tente une nouvelle fois, après tant d'autres tentatives du genre, de lui redonner confiance en eux. « On... on peut surmonter ça. » S’il voulait être honnête avec lui-même, il n'y croit plus. Ses paroles sont du vent. Ils ont déjà essayé et il le sait très bien. Mais il voit son monde s'écrouler. Le sol bouge sous ses pieds. Les fondations de son bonheur tombent, une à une.

Il la regarde et ce sans aucun espoir. « Tout peut être comme avant, j'en suis sûr. » Avant le bébé. Quand ils étaient deux jeunes fiancés qui s'aimaient plus que tout. Quand elle n'avait pas encore fanée, quand elle était lumineuse et heureuse. Quand elle n'avait pas encore subi la vie à ses côtés. Quand il ne l'avait pas encore maudit de son destin sombre, douloureux et dévastateur. Il est égoïste. Tout bonnement égoïste, mais pourquoi n'aurait-il pas droit au bonheur ? Pourquoi devrait-il être privé d'elle. Il pose son front contre le sien et murmure d'une voix tremblotante. « Laisse-moi juste t'aider. » Peut-être qu'il le peut. Il aime croire à cette idée. Il aime croire qu'il peut protéger tous ceux qui sont cher à ses yeux même si il ne fait que faillir à cette tâche, jour après jour, encore et toujours. Et lui d’ailleurs ? Il est tellement obnubilé par cette idée qu’il ne sait même pas où il en est vraiment. Ca fait déjà des mois que leur enfant est mort, et pourtant, il ne sait toujours pas mettre les mots sur cette perte. Est-ce qu’il souffre vraiment ? Est-ce qu’il a de la peine ? Qu’est-ce que ca représente vraiment pour lui ? Il sait juste qu’il est maudit et que tout est de sa faute.

La vérité, celle qu'il entraperçoit maintenant, c'est qu'il a peur. Peur d'être seul. Peur de perdre celle qui est, au final, sa seule raison de vivre. « Dylan, sans toi je suis rien. » Sa voix se brise. Cette dernière phrase est cruellement vraie. Sans elle, il n'y a pas d'Ezra Andrews. Il n'y a que ce grand frère dédié, que cet ami protecteur, que ce patron perfectionniste, ce mécène bienpensant, ce riche intellectuel. Lui, Ezra Andrews, n'est fait que de quelques facettes sans saveur, sans personnalité. Sans elle, il n'est rien.


camo©️015
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Mer 13 Déc - 15:10




The end has no end

Dylan & Ezra

Une des choses que la petite femme aux cheveux de feux adorait dans les romans, c'était le fait de pouvoir définir et condenser certains pans de la vie d'un personnage. Ça la fascinait parce que dans la réalité, c'était impossible. On ne pouvait pas se contenter de clore un chapitre et de sauter les étapes qu'on n'avait pas envie de vivre pour rouvrir le livre plus loin, à un passage plus adapté à notre état d'esprit. L'existence ne pouvait se diviser en chapitres... seulement en minutes. Les événements de la vie s'entassaient les uns à la suite des autres, minute par minute, sans aucun intervalle ni page vierge ni saut de page car quoi qu'il arrivait, la Terre continuait de tourner, les pages de s'écrire et les vérités d'éclater, que ça nous plaise ou non, et la vie ne nous accordait pas le moindre répit pour qu'on reprenne notre putain de souffle. Elle n'avait pas pu reprendre son souffle, pas depuis l'incident. Elle était restée là, à broyer du noir pendant des mois et des mois se complaisant dans son mal. Peut-être qu'au final elle voulait aller mal. Peut-être qu'elle ne voulait plus, tout simplement.

Les événements qui vous mettent à genoux sont des épreuves qui vous poussent à choisir entre renoncer, et rester à terre,ou bien frotter les genoux, et vous relever, la tête encore plus haute qu'avant la chute. Elle était restée à terre faible, elle n'avait pas gérée la situation aussi bien que celui qui partageait sa vie. Partageait. Ce mot elle l'employait maintenant au passé et ça lui faisait diablement mal. Voilà ce qui arrivait quand deux personnes s'unissaient : elles ne partageaient plus seulement de l'amour, mais aussi toutes les souffrances, les chagrins et les tourments de l'autre. Et ça, ça Dylan ne le supportait plus. C'est pourquoi elle avait prit la décision de se séparer de l'homme qui pourtant faisait encore battre son coeur. Ezra était tout pour elle et pourtant, elle allait le quitter ce soir. La journée avait été un véritable tourment. Torrent de larmes qui avaient roulées coup après coup sur ses joues porcelaines pour en laisser des sillons et des yeux rougies par la peine. Maintenant qu'elle lui faisait face les mots n'avaient plus rien de fluides. Ils lui brulaient la gorge l'un après l'autre faisant de ses paroles un amas de phrases pré-faites.

Portant sa cigarette à ses lèvres rosées elle inspirait des bouffées toxiques avec nervosité. Elle lui avait dit ce qu'il en était. Elle lui avait dit qu'elle voulait tout stopper et attendait la sentence. Avalant avec difficulté sa salive, gênée par le goût de la nicotine. Elle n'avait plus l'habitude de fumer et cela ne lui avait pas manqué. Pourtant elle était entrain de le faire, là, maintenant ses traits se tordant de dégout à chaque aspiration qu’elle prenait. « C'est ridicule. » elle relève la tête alors que son fiancé se frotte le front avec anxiété. Elle ne le connait que trop bien. Il réfléchit à toute vitesse et il a raison de le faire. Pourtant elle ne s’attend pas à l’entendre rire et c’est ce qui se produit à l’instant même. La belle écarquille les yeux. C’est de la folie. Elle observe Ezra sans ciller ne sachant pas comment réagir à ce rire nerveux. « C'est complètement ridicule. » son cœur loupe un battement à présent et ses dents viennent meurtrir sa lèvre inférieure sans ménagement. La belle détourne le regard, ne veut pas être le témoin de ce spectacle. Elle est entrain de tout foutre en l’air, ruiner son bonheur, mettre sa vie à l’écart, mourir. Car oui, sans Ezra… Sans ses bras, sans ses mots, sans ses baisers, elle n’est plus. Mais ça lui fait trop mal. Beaucoup trop mal de se dire que si aujourd’hui ils ne sont plus là, tous les deux, à danser dans le salon l’un contre l’autre sur une musique qu’eux seuls sont capables d’entendre c’est de sa faute à elle. Alors elle sent les mains de l’homme de sa vie saisir les siennes. Ecraser la cigarette dans le cendrier pour venir l’envelopper, la retenir, pourtant elle n’ose même plus le regarder en face. Ferme les yeux et se maudit de l’intérieur. Pourquoi n’es-tu pas capable de te battre pour lui ? Pour vous ? Pourquoi es-tu devenu aussi lâche Dylan ? Pourquoi ? « Tu peux pas faire ça. » Elle détourne le visage vers lui et plonge son regard émeraude dans le sien. Ce qu’elle y lit lui brise le cœur et pourtant elle est déterminée à le laisser, car c’est ce qu’il y a de mieux à faire. « Tu peux pas. » Ses mains remontent sur ses joues et la lèvre de la rouquine se met à trembler doucement. Elle va à nouveau se laisser aller à un nouveau flot de tristesse. Elle détaille chaque trait de son visage pour marquer son cœur à jamais de cette image. Du jour où elle a perdu l’amour de sa vie, du jour où elle s’est perdue elle. « On... on peut surmonter ça. » Cette fois c’est ses jambes qui flanchent. Ils ne peuvent pas. Elle le sait, il le sait. Ces mots ce n’est que du vent, une façon de retarder l’inévitable.

« Tout peut être comme avant, j'en suis sûr. » Comme avant. Comme avant le bébé. Comme lorsque leur seul soucis était l’organisation de leur mariage. L’ouverture du Pegasus. Leurs moments doux moments rien qu’à eux. Et ils en avaient eut des moments tous plus magnifiques les uns que les autres. Ils s’étaient toujours aimés et s’aimeraient probablement toujours, elle en était certaine car pour elle il n’y avait pas d’amour possible sans Ezra. Il était son tout, il était celui qu’elle avait toujours voulu, jour après jour. Nuit après nuit. Il n’y avait eut que lui. Ce garçon taciturne aux côtés sombres et au regard perdu. Il n’y aurait que lui. « Laisse-moi juste t'aider. » C’est à son tour de lever sa main faiblarde pour venir caresser sa joue pâlotte. Elle la laisse doucement glisser avec toute la tendresse dont elle sait faire preuve. « Je ne peux plus Ezra… C’est à toi que tu dois penser à présent. Rien qu’à toi mon amour… » sa voix est à peine audible. Ça la tue à petit feu. Son cœur ne cesse de s’oppresser dans sa poitrine, pourtant elle ne lâche rien. « Dylan, sans toi je suis rien. » sa voix retentit comme un lointain écho. Dylan ne sait plus, car elle le sait, cette phrase est une vérité absolue. Elle le condamne, elle est le bourreau qui condamne Ezra Andrews. Elle inspire une bouffée d’air qui a trop de mal à pénétrer dans ses poumons. Relève le visage du grand brun pour plonger son regard dans le sien un instant. Puis dans un dernier geste, sans efforts se penche pour sceller ses lèvres aux siennes avec tout l’amour qu’elle a à son égard. Goûtant à celle-ci comme si c’était la dernière fois. Ne les quittant que pour reprendre son souffle, elle se détache de lui dans un geste beaucoup trop long. « Ezra, je m’en vais… » si les mots avaient le pouvoir de briser une âme, les siens auraient fait voler la sienne en éclats sur le champ.  

by tris
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Dim 7 Jan - 16:12
The end has no end

Dylan
&
Ezra


Ses lèvres viennent à la rencontre des siennes. Elles sont douces et salées, tendre et triste. Ce baiser n’a rien à voir avec les centaines d’autres qu’ils ont partagé. Il n’a rien de ce petit feu d’artifice qui colorie sa vie pourtant noire de mélancolie. Il n’a rien de cette osmose qui les a uni. Il n’a pas de foutu papillon dans le ventre. Ce baiser est à l’image de la jeune femme qu’elle est devenue. Elle n’est plus la Dylan qu’il a toujours connu. A cause de qui ? A cause de quoi ? Du Pegasus ? De lui ? D’elle ? D’eux ? De la fatalité ? Du destin ? De sa malédiction à lui ? De sa peine à elle ? Tout ça à la foi peut-être. Sans cela, elle ne l’aurait jamais quitté. Elle ne l’aurait jamais blessé comme elle le fait aujourd’hui. Elle n’est plus celle qu’il a promis d’épouser au jardin d’enfant, celle devant laquelle il a mis un genou à terre, celle qui se réjouissait d’être la mère de ses enfants, celle avec qui il voulait tant vieillir. Ils n’ont pas résisté aux misères de la vie. Ils n’ont pas su faire face. Mais c’est peut-être ça le sort réservé à ceux qui doivent affronter la perte d’un enfant. Malgré leur belle maison, malgré les souvenirs, malgré l’amour, ils sont seuls à vivre leur deuil, chacun a sa manière, trop différentes l’un de l’autre. Elle se noie dans la tristesse, lui dans le déni. Leur chemin se sépare ce jour-là et ils prennent tous deux des directions différentes. Parce qu’elle ne veut plus de lui, peu importent les mots qu’il trouve, peu importe ce regard désespéré. Ce baiser est leur dernier, et il est à l’image de Dylan. Doux aux larmes salées. Tendre et infiniment triste. Ezra voudrait que ce contact dure éternellement, parce que bien qu’il soit amer, il les unie tout de même. Mais maintenant que leurs lèvres se séparent, il lui reste quoi ?

« Ezra, je m’en vais… »

Il la voit s’éloigner de lui et, sans savoir pourquoi, cela le blesse plus que tout le reste. Le jeune homme détourne le visage alors que ses mains se détachent d’elle sans qu’il ne l’ait voulu. Si tout lui semble nébuleux depuis le début de cette conversation, ce n’est maintenant plus le cas. Il a cru la retenir ou, plutôt, il voulait y croire. Le fait est qu’il n’avait aucun espoir. Il suffisait de la voir pour s’en rendre compte. Elle a pris sa décision, elle s’en va.

C’est une drôle de sensation. Cela fait des mois qu’il vivote. Qu’il nie la réalité en n’y mettant qu’un pied. Qu’il fait semblant. Semblant d’aller bien. Semblant d’être fort. Semblant que rien n’a vraiment changé. Et il a vraiment été comme ça. Avant, il aurait pris le taureau par les cornes et il aurait trouvé comment l’aider à aller mieux. Avec le Ezra d’avant, ils n’en seraient jamais arrivé là. Mais c’était plus facile comme ça, de laisser faire, de ne rien affronter. Il avait peut-être peur d’embrasser cette souffrance, de la confronter, de la surpasser. Le fait est que les conséquences de ce choix sont mille fois plus douloureuses encore. Lui qui a mis des œillères depuis ce jour-là se sent subitement coupable, parce qu’il sait que c’est de sa faute. Il a été assez bête pour provoquer son propre malheur et cette révélation lui fait serrer les poings et les dents de colère. Il ne peut pas lui en vouloir. Dylan est la gentillesse incarnée, l’innocence même, une poupée fragile. Il est sûrement mieux qu’elle s’en aille, mais pas pour les raisons qu’elle donne. Peut-être que, sans lui, elle aura une chance d’être heureuse. Quand elle l’aura oublié, quand il ne sera qu’un souvenir auquel on pense avec un sourire triste. Elle croit qu’elle le libère lui en faisant ça, mais comment pourrait-il être heureux sans elle ? Il ne sait tout bonnement pas si c’est possible. Après tout, avant elle, il n’y avait que cette tempête de mélancolie et de responsabilités, cet orage de souffrance. Sans elle, il n’a jamais été heureux. Mais Dylan, elle, peut peut-être retrouver un peu d’elle-même. Sans lui pour lui remémorer ce qu’elle a perdu, sans lui pour l’entraîner dans sa malédiction. C’est peut être mieux oui, c’est sûrement mieux. Elle a raison, C’est mieux ainsi.

Il se retourne lentement et s’éloigne d’elle. A quoi bon rester face à elle ? A quoi bon lutter ? A quoi bon chercher les mots pour clore leur histoire qui, malgré tout, aura été belle ? Elle l’a dit elle-même, elle s’en va, sa décision est prise, peut-être pour son bien à lui mais définitivement pour son bien à elle. La solitude, déjà, pèse sur les épaules d’Ezra. Lui qui a déjà tant vécu n’a pourtant jamais connu une pire épreuve. Mais il y a quelque chose de léger à penser que l’agonie de leur amour se termine enfin. Il attrape son paquet de cigarette et part s’asseoir en haut de l’escalier qui relie la terrasse au jardin. L’hiver à Genosha n’enlève rien au charme de l’île et la vue est magnifique depuis cet endroit où il a toujours aimé se poser. Son regard se perd sur l’horizon où on entraperçoit l’océan. Le vent joue avec les feuilles des arbres, il fait naître de petites vaguelettes éphémères qui décorent la surface de la piscine. Des oiseaux attirent son regard vers le ciel parsemé de nuages qui se colorent déjà des teintes du crépuscule. Il n’a plus envie de penser, il n’a plus envie de ressentir tout cela. Il veut seulement se perdre dans ce grand tout. Fantomatique, déjà, il allume sa cigarette et la porte à ses lèvres. Le goût de la nicotine, goudronné et enfumé vient alors remplacer celui des lèvres de Dylan. Il en est fini de la douceur. Il en est finit de la tendresse. Elle s’en va. Mais ce goût salé et cette tristesse seront siens à jamais.



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