@Amadeus Cho & @Peter Parker

♠ ♣Kill me softly. Close my eyes with your touch. I can’t even reject you anyway. I can’t run away anymore. You’re too sweet, too sweet. Because you’re too sweet. My blood, sweat and tears.♥ ♦

Avoir une mauvaise idée, c’était une chose. Une chose extrêmement simple, voire courante. Avoir une mauvaise idée à plusieurs, là en revanche cela tenait de la catastrophe en prédiction. Si aucune des personnes présentes n’avait réussi à faire changer d’avis les plus téméraires, cela signifiait généralement qu’il était déjà trop tard. Les psychologues et sociologues aimaient à parler d’effet de foule, la pression du groupe, mais il ne faisait aucun doute que la fameuse mauvaise idée venait souvent de la même personne. Un simple mot, une formulation un peu bancale de la part d’un compère et cette personne saisirait le concept au vol, le déformerait et parviendrait à reformuler le tout pour créer la pire idée du siècle. Cette personne-là : c’était Amadeus Cho, petit génie de son état.

Comme souvent, Peter et Amadeus s’étaient retrouvés pour passer une soirée avec leur ami @Kwan Swan. Un moment de tranquillité autour de films à petits budgets, de parties de jeux vidéo endiablées et d’alcool. Un peu trop d’alcool. N’ayant pas à penser à comment ils devraient rentrer chez eux – puisque dormir à même le sol paraissait en soi une bonne option lorsque l’on avait trop bu – les jeunes hommes avaient fini dans un état d’ivresse juste assez conséquent pour délier les langues. Le filtre social tombant à cause de l’alcool dans leur sang, tout paraissait soudain bon à dire haut et fort, sans se soucier des répercussions. Les discussions allaient bon train, et c’était les joues rosées et l’œil brillant que chacun se confiait aux deux autres, riant parfois à gorge déployée sans crainte d’être jugé.

Le photographe était un jeune homme vif et curieux, faisant parfaitement écho au comportement jovial d’Amadeus avec qui il commençait à nouer une certaine amitié, et ceci grâce à leur ami commun : le petit Kwan, doux et innocent petit canard que chacun semblait prêt à protéger avec tout ce qu’il possédait. Un sacré paradoxe lorsque l’on savait dans quel pétrin les deux allaient se fourrer quelques nuits plus tard, à cause de la phrase de trop. Lorsque l’on y revenait un peu sur la situation d’origine, tout aurait très bien pu se passer. Peter avait simplement eu besoin de faire baisser un peu la pression, de s’exprimer et de lâcher une pensée qui devait probablement peser sur son esprit embrumé par la bière et le whisky. Celui-ci démontrait une réelle passion pour son métier, chose qui fascinait Amadeus, toujours heureux de voir les gens de son entourage s’épanouir par les activités qu’ils exerçaient. Il suffisait d’écouter le jeune Parker pour ressentir la fièvre, le désir de savoir, de TOUT savoir… sensation parfois contagieuse et qui tenait à se décupler dangereusement lorsque les esprits s’échauffaient. Ensemble, Amadeus et Peter semblaient oublier certaines restrictions sociales, se reposant sur l’autre pour ne pas subir de la culpabilité et pour pouvoir s’armer de courage… pour ne pas dire, s’armer d’impertinence.

Aussi, le soir fatidique venu, Amadeus ne fut pas surpris lorsque il entendit Peter énoncer l’évidence. « La pire idée du siècle ouais. » avait-il répondu non sans retenir un large sourire malicieux. « Faut avoir confiance en la Force. » ajouta-t-il, tout fier d’avoir pu caser une référence inutile à Star Wars. Se pinçant les lèvres pour retenir un rire qui n’aurait pas été le bienvenue dans une situation qui nécessitait de demeurer silencieux, Amadeus se contenta de plisser les yeux de malice, complètement imperméable au stress de son ami. Stress ou impatience d’ailleurs ? L’étudiant n’était pas sûr de réellement comprendre ce que ressentait Peter dont la main tremblait alors qu’il lui demandait s’il était sûr de lui.

Des questions, toujours des questions. « Tu veux que je te tienne par la main ou ça va aller ? » se moqua gentiment Amadeus, tentant de chuchoter un maximum, non sans trahir un certain stress dans sa propre voix. En cet instant, il se demanda si cette phrase n’était pas destinée à lui-même, pour se rassurer face à des soucis inutiles dont ils étaient les seuls responsables. N’ayant personne d’autres qu’eux-mêmes à blâmer, il n’était donc pas étonnant de les voir ainsi tenter de se rassurer chacun à leur manière. L’un proposant la fuite, l’autre se cachant derrière de l’humour pour occulter ses craintes belles et bien fondées. Mais après tout, le danger avait ce goût délicieux que seuls les plus téméraires pouvaient apprécier. Ce rush d’adrénaline dans les veines, le sang battant dans les tempes, le cœur jouant comme un tambour de guerre et la sensation de fatigue qui s’envolait. Oui, le danger avait ses bons côtés, le transformant en source d’addiction réelle à l’instar de l’alcool, de la drogue et du chocolat. Sauf que l’on avait rarement vu quelqu’un finir en garde-à-vue pour avoir croquer dans une tablette de Milka…

Peter posa une main bienveillante sur l’épaule de celui qui cherchait à jouer les courageux, sans crainte et sans reproche, tel un héros de films d’aventure. Pas d’explosion ni de bande son épique cependant, car seul le calme les accompagnait ce soir-là. Un silence qui pouvait tout aussi bien se révéler être leur ami que leur ennemi malheureusement. Désormais, chaque bruit, chaque son, aurait son importance. Il était temps de montrer qu’ils n’étaient pas que des jeunes hommes impertinents. Après tout, n’étaient-ils pas censés représenter l’élite intellectuel de Genosha d’après certains calculs de QI ? Mais comme beaucoup aimaient à le rappeler : il y avait une différence réelle entre avoir des connaissances incroyables et savoir les utiliser.

A l’instar de son ami, Amadeus répondit la mine grave, le regard porté au loin, « Toujours là pour aider à réparer des injustices... » avant de rajouter avec un sourire en coin, « … et pour fouiner. » Impossible de reculer désormais. Ils étaient allés bien trop loin dans leur réflexion pour s’arrêter en si bon chemin. Aussi, Amadeus prit le parti d’avancer le premier, tentant d’observer chaque recoin pour y déceler quoi que ce fut qui pouvait représenter un danger pour eux. Mieux valait ne pas apparaître sur les caméras ni se faire piéger par un vigile faisant sa ronde. Il fallait être minutieux, calme… et silencieux.

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Sans surprise, Peter ne manqua pas d’enchaîner sa réplique faisant référence à Star Wars, preuve que les deux comparses partageaient la même culture cinématographique mais aussi un certain attrait pour les répliques dramatiques avec peu de contexte. Tout était bon pour prétendre que la situation n’était pas délicate. A eux deux, les jeunes hommes passaient par cette fameuse étape qu’était le déni, préférant penser à l’attrait de l’interdit plutôt qu’aux conséquences qui leur tomberaient bientôt dessus telle une épée de Damoclès. « Je vous suivrai et écouterai votre enseignement pour lutter contre les vils Siths, Maître Parker. » énonça-t-il sur un ton volontairement trop solennel accompagné d’une révérence inutile. Bien que la discussion soit assez ridicule d’un point de vue extérieur, elle était cependant révélatrice d’une réelle camaraderie où confiance et respect semblaient prôner. Le fameux bro code dont parlaient certains hommes pour excuser leurs actes les moins légaux et pour s’ôter toute culpabilité alors que leurs mains étaient toute autant tâchées que l’homme à leurs côtés. Tout n’était qu’une question de point de vue et de responsabilité.

Peter soupirait encore et encore, donnant l’impression d’être un heureux asthmatique, emballé par sa propre excitation de commettre l’interdit. « Okay pour sautiller dans le champ, mais seulement si on chante faux et qu’on tombe après comme des imbéciles. Deal ? » proposa-t-il bêtement avant de sourire, fier de sa bêtise comme l’heureux enfant qu’il demeurait malgré sa vingtaine d’années. Derrière ses paroles enfantines, Amadeus demeurait conscient de ce qu’ils étaient sur le point d’accomplir. Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouverait en danger. Certes. Mais c’était cependant la première fois qu’il le serait volontairement. L’étudiant semblait se chercher depuis le festival, à la quête de son rôle dans cette société qu’il considérait comme décadente, en prise d’un système archaïque et injuste. Lui qui rêvait de briller aux côtés de ses proches, prince heureux d’un monde de découvertes et de rencontres, bien loin de ces problèmes de violence, de corruption, d’argent et de mensonges. Il n’aspirait qu’à une chose désormais : se voir exister et ne plus être un simple fantôme, un individu dans une foule.

Amadeus, orphelin comme beaucoup sur cette île qui semblait attirer les espoirs perdus et les souhaits d’un avenir meilleur, n’était peut-être pas capable d’influencer la société par ses propos comme auraient pu le faire les grands, ceux que l’on regardait et jalousait. Il n’était qu’un étudiant capable de hacker, de trouver n’importe quelle information et de mémoriser tout comme un ordinateur… mais à quoi bon ? Aussi, ce soir-là, le jeune décidait de prendre son futur en mains, mais également son présent. Le passé étant déjà écrit, il ne pouvait le modifier. Mais il pouvait toujours apprendre de ses erreurs. Peut-être ainsi aurait-il quelque chose à écrire sur l’histoire contant sa vie, à la place d’une simple page blanche et abîmée.

« C’est comme une deuxième nature. » répliqua Amadeus lorsque Peter souleva le fait qu’ils étaient effectivement de très bons fouineurs. S’ils ne s’en chargeaient pas, qui le ferait à leur place ? Oh, ça, les curieux ne devaient pas manquer dans cette ville mais combien pouvaient se vanter de le faire avec le cœur encore naïf et plein d’espoir ? Les évènements étranges semblaient se cumuler, s’accélérer comme lancés dans une course semblable à une boucle. Peut-être était-il donc temps d’accélérer à leur tour et d’agir plutôt que de demeurer silencieux et obéissant. Cette idée en soi avait suffit à motiver le jeune brun qui se refusait à se voir comme le méchant de l’histoire malgré ce que la loi en dirait. La justice était dans les mains d’un groupe restreint. Comment pouvaient-elle être adaptée à de tels évènements ? Il n’en savait plus rien, songeant doucement à ceux qui lui fournissaient un travail dans un des grands bureaux d’avocats du coin. S’il ne se faisait pas détruire ce soir-là par la sécurité, Keith et Gabriel s’en chargeraient probablement volontiers pour le rappeler à l’ordre. Il n’était plus à ça près.

Face à eux, un simple mur les séparait de leur première étape, le laissant imaginer un point de sauvegarde de l’autre côté comme dans les jeux devant lesquels il passait probablement bien trop de temps. « Bas. Bas. Haut et X. » murmura-t-il malicieusement avant de s’élancer pour s’assurer une bonne détente et assurer sa prise en haut de ce mur tout juste assez bas pour l’escalader sans trop d’effort. Inutile de le préciser à son comparse mais, si… escalader ce mur n’avait pas été de tout repos pour une personne qui n’était pas habituée à rentrer chez les gens par effraction tous les quatre matins. Bien qu’il soit plutôt sportif et pratiquent divers sports pour contrôler son énergie difficilement gérable, escalader un mur n’avait rien à voir avec une battle de danse urbaine. ‘Faudrait que je me mette au parkour où je vais crever, c’pas possible’. songea-t-il avant de voir une silhouette passer à sa droite et s’écraser en silence, hormis un grognement facilement reconnaissable comme celui de Peter.

Dans un réflexe stupide, Amadeus avait regardé le haut du mur alors qu’il retombait gracieusement sur ses pieds, avant de regarder l’apprenti ninja qui avait fait un atterrissage peu contrôlé. « Tu grimpes vite. J’te savais pas si sportif. » murmura-t-il avant de tendre sa main vers Peter pour l’aider à se relever, non sans oublier de regarder autour de lui pour vérifier que personne ne les avait vu ou entendu.

Rien à signaler, c’était déjà ça.

Une fois que papi Parker eut récupéré la capacité de se mouvoir, les deux hommes se rapprochèrent du bâtiment, bénéficiant des ombres pour se dissimuler au maximum. Un regard rapide à sa montre lui indiqua que la patrouille ne tarderait pas à passer par ici. Il était temps de rentrer dans le bâtiment ou d’au moins changer d’étage en grimpant par quelque moyen. Grimper toujours grimper. Désormais parfaitement silencieux, Amadeus fit signe à Peter de regarder vers le haut, ajustant sa capuche sur sa tête. Au-dessus d’eux, l’escalier de service semblait inoccupé pour l’instant, leur laissant un battement pour quitter au plus vite cette zone ouverte où il aurait été trop facile de se faire remarquer avant même d’avoir pu agir de quelque façon pour leurs idéaux utopistes.

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La pression était à son comble. Ils y étaient et ne pouvaient désormais plus faire demi-tour. Ou du moins, aucun des deux ne semblaient désireux de retourner sur leurs pas pour se réfugier sous une couverture rassurante bien chaude, portable en mains, l’écran bleuté illuminant leurs traits encore juvéniles et innocents. Les deux canailles choisissaient ainsi d’assumer leurs actes, leurs décisions – mauvaises décisions, oui plutôt – jusqu’au bout même si cela impliquait que bientôt leur casier ne serait plus vierge et que divers problèmes leur tomberaient dessus… si les vigiles ne les passaient pas à tabac avant, bien évidemment.

Dans les films, les cambrioleurs avaient souvent cette grâce inégalée. Habillés de noir de la tête aux pieds, ils pouvaient jouer les funambules, portant l’art du larcin au niveau de celui des arts martiaux ou de la beauté des peintures de grands maîtres. Mais visiblement, Peter n’avait pas vraiment décidé de faire honneur à ces voleurs silencieux, préférant rappeler le rôle de la gravité sur son corps qui avait clairement pris un sale coup. Pas la ballerine du siècle. « Tu m’connais. » avait répondu Amadeus lorsque son ami lui avait sommé de n’en parler à personne. Il ne faisait aucun doute que tout ceci devait rester secret mais tout était bon pour se faire offrir à manger ou à boire un de ces quatre en ravivant ce genre de souvenirs.

Mais le temps n’était plus à la taquinerie. Désormais le silence se devait d’être d’or et plus aucune erreur ne pourrait être acceptée. Sans un mot, les deux jeunes hommes se crispaient au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient du bâtiment visé. Synchronisant leur pas comme l’auraient fait des soldats d’un même escadron, Peter et Amadeus travaillaient de concert, mettant leur sens en éveil, afin de faciliter leur intrusion et également prévoir un moyen de s’échapper si la situation le demandait. Attentif aux gestes de l’autre, il était désormais temps d’avancer. S’arrêter n’était plus envisageable. Comme lancés sur une piste de ski avec une avalanche les menaçant dans le dos, tout deux savaient pertinemment ce qui les attendait.

L’aîné du duo de casse-cous décida de prendre les devants, devant ainsi le leader de cette histoire improbable. Mais pourquoi s’étaient-ils fouttu dans une telle situation. aurait pu se demander l’étudiant si toute sa concentration n’avait pas été focalisée sur son environnement et les différents signaux arrivant à son cerveau. Mémorisant chaque détail, Amadeus faisait honneur à ce que les médecins avaient appelés « cerveau de super ordinateur » dès son plus jeune âge. Chaque porte, chaque fenêtre se retrouvaient ancrés dans son esprit analytique. Bientôt le plan total des lieux seraient imprimés dans sa mémoire à cause d’une capacité incontrôlable qui l’empêchait d’oublier.

Oublier les moments heureux, la façon dont sa famille riait autour d’un petit-déjeuner aux odeurs de plats coréens.

Oublier les rencontres qui avaient changé sa vie sur Genosha et avaient fait de lui le jeune homme qu’il était aujourd’hui.

Oublier les moments tragiques, les cris et hurlements alors que la Garde molestait la foule d’innocents. La peur et la tristesse dans les yeux d’un inconnue croisé au coin d’une rue et ces odeurs de déchéance alors qu’il marchait sur les trottoirs de Genosha.

Impossible d’oublier, il fallait donc calculer toutes les options qui s’offraient à eux afin de ne pas remplir encore plus sa mémoire d’obscurité. Ensemble, ils arriveraient à rétablir la vérité et la justice. Amadeus en était convaincu. Mais chaque chose en son temps, il fallait d’abord mettre la main sur les documents recherchés par le jeune photographe.

L’escalier de service grince sous leurs poids, faisant monter encore d’un cran la tension déjà à son comble. Chaque mouvement devait être calculé. Faire le moins de pas possibles. Ne pas chercher à faire le ninja bêtement comme Amadeus aurait tant aimé le faire pour recréer les scènes de ses films d’action préférés. Obéissant aux directives de son aîné, l’étudiant s’était écarté tout en vérifiant que les vigiles n’étaient pas encore arrivés. « Dépêche. Ils vont pas tarder. » murmura-t-il, serrant et desserrant ses poings pour contenir son stress. Presque aussitôt un craquement étouffé indiqua que la porte venait de céder.

S’engouffrant rapidement et en silence cette fois, le duo pénétra dans une salle plongée dans le noir hormis les quelques lumières de l’alarme incendie et d’une large horloge digitale installée sur le mur d’en face. Après avoir refermé la porte derrière lui, Amadeus s’accroupit pour s’assurer de ne pas être remarqué à travers les larges fenêtres menant sur un couloir lui aussi illuminé par ses rares lumières aux teintes rougeâtres. « Normalement, les documents devraient se trouver dans l’aile ouest.. » fit remarquer Amadeus qui avait étudié les plans avec Peter, « Sauf si on a pas la même logique de rangement… » avoua-t-il bêtement, se doutant bien que chaque organisation avait sa propre logique. Il ne restait plus qu’à espérer que Peter avait fait ses propres recherches. Dans le cas contraire, ils se devraient de visiter les pièces les unes après les autres.

Ils n’étaient plus à ça près.

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Première étape : rentrer dans le bâtiment sans se faire remarquer et sans se casser une jambe ou quelques côtes. Check. Deuxième étape : Commencer à explorer les lieux sans, encore une fois, se faire attraper par les vigiles. Actuellement en cours.

Accroupi pour se faire le plus petit possible, Amadeus avançait doucement dans cette salle silencieuse et aux allures dignes d’une introduction de jeux d’infiltration. En un sens, c’était plus ou moins le cas puisqu’il s’agissait effectivement de pénétrer dans des locaux, trouver des informations et partir sans demander son reste : une infiltration pure et simple. Si les enjeux n’avaient pas été aussi importants, les deux hommes auraient peut-être pu comparer cela à de l’urbex, ces fameuses visites de bâtiments abandonnés… sauf qu’ici, les lieux étaient occupés et bien gardés. De l’urbex version premium en somme.

Tandis que Peter s’armait de son arme favorite – à savoir, son appareil – l’étudiant se basait sur son audition pour mieux analyser ce qui les entourait ainsi que les dangers potentiels. Tout était tellement calme. C’était tout juste s’il pouvait entendre le grésillement de cette horloge peu rassurante qui semblait leur demander de faire demi-tour. Mais comment auraient-ils pu rebrousser chemin alors qu’ils venaient à peine d’arriver ? Le jeu en valait la chandelle, songeait Amadeus sombrant doucement dans cet état étrange véhiculé par l’afflux d’adrénaline dans son corps surexcité. Le danger ferait sa force mais peut-être aussi sa chute. Bien qu’il soit parfaitement au courant des dangers qu’ils encouraient en se trouvant actuellement ici sans autorisation, le jeune homme demeurait en partie serein, rassuré par la présence de l’aîné de ce binôme trop curieux, Peter.

Incapables de demeurer longtemps sans échanger quelques mots, les deux comparses se taquinaient tout en décidant de la prochaine étape. Il fallait se fier aux plans du bâtiment et prier pour que ceux-ci les mènent aux documents tant convoités. Galvanisé par une certaine motivation doublée d’une naïveté qui lui était propre, Amadeus se posta derrière le photographe et le suivit en silence - ce dernier étant armé de son appareil bien plus performant que l’œil humain surtout dans une telle pénombre. Et après on ose dire que les machines ne servent à rien de bénéfique. songea Amadeus, bien heureux d’avoir de quoi voir pour se diriger même si pour l’instant, il ne pouvait que se fier à ce que Peter voyait. On aurait dû acheter des lunettes infrarouges, des scanners thermiques, des détecteurs de présence, des… et le voilà qui se perdait dans ses pensées, imaginant tout ce qu’ils auraient pu amener pour se faciliter la tâche, bien que tout ceci soit extrêmement encombrant.

La porte s’ouvrit doucement sous le geste d’un Peter tendu au possible. C’était comme si tout son être hurlait de stress tout en ayant pourtant une envie certaine d’aller plus loin. Ce gars était un véritable paradoxe mais c’était bien pour cela qu’Amadeus avait énormément d’estime envers lui. Peter savait ce qu’il voulait et était capable de tout pour l’obtenir. Un comportement honorable et respectable qui tendait à se perdre ces derniers temps où beaucoup préféraient se rallier aux causes des autres, délaissant leurs propres idéaux.

La marche vers l’ouest commençait dans un silence lourd et pesant, donnant l’impression que chaque pas raisonnait sur ce sol carrelé presque glissant. Après un instant qui lui parut une éternité, le duo parvint à destination. C’est presque trop simple. songea Amadeus, quelque peu perplexe quant au calme des couloirs et l’absence de gardes dans les parages. Les deux comparses étaient de petits génies, certes, mais cela ne les empêchait pas de pouvoir tomber nez à nez avec quelqu’un. Alors pourquoi ce silence ? Pourquoi cette absence de présence humaine ? La pause déjeuner peut-être ? pensa-t-il, songeant aux différents profils de gardes existants dans le milieu. Étaient-ils tombés sur des gardes feignants ? Des gardes appliqués ? Des gardes fous prêts à les poursuivre avec une machette à la main et hurlant « J’VAIS VOUS TUER !!! » ? … Peut-être ? Comme pour répondre à ses craintes, des bruits de semelle couinant sur le carrelage se firent entendre, indiquant l’arrivée imminente d’un garde, son faisceau se faisant bientôt voir à l’autre bout du couloir forme un angle droit. Merde, merde, merde.

« Cours. » fut le seul mot qu’Amadeus prononça, dans un murmure autoritaire, avant de s’élancer dans la direction opposée, priant pour que le garde tourne trop tard vers le couloir où ils se trouvaient. Il leur suffirait de quelques secondes pour trouver une salle où se dissimuler. Quelques secondes pour se cacher et attendre que le garde passe sans les voir. Mais aussi quelques secondes pour que cette petite balade nocturne se transforme en course poursuite.

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Courant à en perdre haleine, le duo cavalait dans les couloirs en espérant échapper à l’homme qui les talonnait. Au moins, tant qu’il nous poursuit, il n’appelle pas de renforts. songeait Amadeus tandis que son comparse lui sommait de ne surtout pas s’arrêter. Oh dommage. Moi qui songeais justement proposer une partie de Scrabble à ce doux individu probablement armé et qui visiblement souhaite nous démolir la tronche. Le sarcasme avait poppé dans sa tête sans jamais franchir ses lèvres. Le temps des moqueries n’était pas encore venu. Il fallait avant tout qu’ils s’échappent… en un seul morceau si possible. Avec un tel fauve à leurs trousses, rien n'était assuré malheureusement.

La semelle de ses chaussures glissant alors qu’il tentait de partir vers la gauche, Amadeus se sentit faire du sur place avant qu’une main autoritaire ne le saisisse par l’épaule et ne le balance dans une salle juste à côté. J’vais mourir, c’est la fin ça y est ! pensa-t-il, persuadé que sa dernière heure était venue. Adieu monde cruel. Face à lui cependant, le visage effrayé de son compagnon de fortune lui indiquait de demeurer au sol tandis que se faisaient alors entendre les pas de celui qui les traquait. L’entendant s’éloigner rapidement, Amadeus prit une position assise un peu plus confortable, s’adossant au mur en fixant le plafond alors qu’il reprenait doucement sa respiration. Les chuchotements de Peter le rassuraient, douce mélodie dans une pièce désormais étrangement calme. « C’était moins une. » répondit-il, sa voix tressautant, partagée entre le rire et l’essoufflement.

Un ange passa, le silence tout juste dérangé par leur souffle saccadé. Faut que je me remette à la cardio moi. J’vais mourir sinon. songea le jeune homme, appuyant doucement sur sa côte droite où un point de côté se faisait sentir. Se tournant à nouveau vers Peter, il demanda d’un ton hésitant, « Du coup, on fait quoi ? On laisse tomber ou on tente le tout pour le tout en revenant pile au même endroit ? » Toujours en murmurant, il prit une voix plus grave, bombant le torse de façon exagérée en rajoutant, « Ouais nanana, ils doivent pas être assez cons pour revenir là et touuut, nanana. » Amusé par sa propre imitation ratée du garde, il continua avec une allure plus naturelle, « Moi je dis : qui ne tente rien n’ a rien. »

Masochiste. Peut-être ? Prêt à tout pour aider quelqu’un ? Très certainement. En train d’utiliser ses compétences intellectuelles ? Pas trop le cas actuellement en fait… mais tout n’était pas encore terminé. « Faudrait faire une diversion en déclenchant une alarme dans une autre zone en fait. » commença-t-il à proposer, observant les traits de son ami parmi la pénombre ambiante, « A nous deux ça se tente non ? » Après tout, pourquoi ne pas essayer ? Ne rien tenter en cet instant aurait été tellement dommage. Il se voyait déjà en train de tout regretter une fois de retour chez lui, en sécurité, mais parfaitement inutile. Non, il était clairement venu le temps de mettre en avant leurs capacités communes et de montrer pourquoi ils n’étaient pas de simples citoyens obéissant au système en place ou acceptant d’être des victimes toute leur vie. Il y avait ceux qui subissaient, et ceux qui agissaient.

Et ce soir, il était venu le temps d’agir.

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Dans certaines situations, le silence pouvait se montrer pesant, presque oppressant. Cependant ce soir-là, le calme environnant avait ce petit quelque chose d’apaisant dont les deux apprentis ninjas avaient bien besoin. Un instant pour réfléchir posément et pour calmer leur cœur battant à tout rompre. Ce n’était clairement ni l’endroit, ni le moment, pour faire une crise cardiaque ou d’asthme. Allez-on se ressaisit et on survit. Y’a pas un shot d’adrénaline ou un pack Phoenix pour remplir les batteries comme dans les jeux là ? songea le jeune homme en comparant leur aventure à un jeu vidéo pour se rassurer au mieux. On peut sauvegarder ou pas ?

Bon. Il fallait se concentrer. On se concentre et on essaie de pas mourir. Au moins Peter arrivait à le rassurer, riant à chacune de ses remarques et même à la suite de sa mauvaise imitation. « Ouais, dans les films, c’est toujours quand ils se séparent qu’ils se font plumer. Mauvaise idée. » Sentant bien que le journaliste tentait de le protéger comme une poule avec ses poussins, Amadeus se contenta de lui lancer un clin d’œil taquin accompagné d’un rire nerveux.

Détourner l’attention… pas question de se la jouer hula-hula tel Timon face aux hyènes. Il fallait se montrer plus malins que ces hommes arpentant les couloirs et, sans trop vouloir s’avancer, Amadeus se doutait que la chose serait plutôt aisée. Avoir un cerveau semblable à un super-ordinateur était un avantage… en avoir deux travaillant ensemble promettait une victoire assurée. Il suffisait donc simplement que le duo demeure silencieux et mène sa mission à bien sans se faire repérer. Tel un renard dans un poulailler, il suffisait désormais de perturber les gardes en utilisant leurs propres techniques contre eux. Ayant évité les caméras de sécurité jusqu’ici, il était maintenant temps de se mettre volontairement sous les projecteurs pour se jouer d’eux. « C’est la pire idée qu’on ait eue jusque-là. J’adore. »

Levant les yeux dans cette pièce sombre pour observer les murs, Amadeus trouva rapidement l’entrée du conduit de ventilation dans lequel il se glissa en tentant de faire le moins de bruit possible. Pas question de trop réfléchir, les minutes étaient comptées et Peter devait très certainement déjà être en train de faire diversion tandis que l’étudiant avançait entre ces parois tout juste assez larges pour ses épaules. Continuant sur sa lancée, Amadeus arriva à l’aile visée, se cachant sous un bureau aussitôt sorti de ce conduit parfait pour éveiller de la claustrophobie. Peter était-il si rapide qu’il le prétendait ? Arriveraient-ils à duper les gardes en les amenant vers une zone loin d’eux ? Rempli de doutes, le jeune homme prit le temps d’observer un plan de secours placardé sur le mur principal de cette salle à la décoration identique à ses voisines.

D’après ce qu’il voyait sur ce plan, leur course poursuite les avait quelque peu éloignés de leur destination de base mais ils demeuraient néanmoins proches de la salle qu’ils désiraient fouiller afin de récupérer des preuves indispensables à Peter. Ce dernier y mettait décidément du sien lorsqu’il s’agissait d’arriver à ses fins. Amadeus ne pouvait le nier, surtout après cette soirée. Entendant des pas arriver rapidement vers lui, l’étudiant sortit de sa réflexion et se plaqua contre le mur, caché par la porte dans l’espoir de surprendre le garde arrivant.

Tandis que la porte s’ouvrait brusquement, un halètement l’accompagnant, le petit génie leva son poing dans l’espoir d’assommer sa cible. Ca y est, j'vais mourir, c'est le game over. On va être obligé de passer par la case kamikaze pour tenter de -- avait-il commencé à penser, avant de se crisper et de sentir son cœur manquer un bêtement.

« Peter ?! » lâcha-t-il, partagé entre murmure et surprise. Abaissant sa main et reprenant son calme, l’étudiant passa une main dans ses cheveux pour se calmer – imitant inconsciemment ce geste que le journaliste répétait encore et encore depuis leur arrivée en ce lieu stressant. « Tu m'as fait trop peur. » se plaint-il, faisant une mine boudeuse convenant peu à la situation délicate dans laquelle ils se trouvaient, « Je visualisais déjà mon épitaphe : 'Tué entouré par ces ordinateurs qu'il chérissait tant'. »

@Amadeus Cho & @Peter Parker

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Se voiler la face était une chose. Se mettre volontairement en danger en était une autre. Au fond de lui, Amadeus savait pertinemment que tout ceci ne pouvait qu’à une seul et unique fin : l’échec. La vie n’avait pas cette possibilité de proposer des fins multiples à débloquer. Non, la vie était dure, la vie était acide. Arriver à une fin empêchait tout bonnement toutes les autres. Les gens avaient tendance à dire que le jeu imitait la vie, mais dans ce cas-là, elle se rapprochait plutôt d’une narration impossible à ignorer. Il y avait un début, un milieu, une conclusion, des personnages et leurs antagonistes… et aucun moyen de contourner le résultat de leurs décisions aussi absurdes qu’immatures. Mais à quoi bon tenter de changer deux jeunes hommes bien trop têtus pour être logiques ?

On récolte ce que l’on sème, disait le proverbe. Alors que se passait-il lorsque l’on semait de la bêtise et du danger ? Rien de bon, indubitablement. Le pire dans tout ça n’était finalement pas leurs simples décisions stupides mais bel et bien le fait que tous deux savaient pertinemment que tout ceci mènerait à un « game over » des plus épiques. Pas étonnant donc qu’une fois dans la tanière de l’ennemi, Amadeus et Peter ne fassent qu’enchaîner mauvais choix sur mauvais choix. Négatif plus négatif, ça fait du positif ou c’est qu’en cours de mathématiques que ça fonctionne ? Comme quoi les profs avaient tort avec leur « oui mais vous verrez, vous en aurez besoin étant adulte. » Ouais et bien pour sauver votre peau, y’a plus personne. Bravo les mathématiques…

Sur les nerfs, stressé comme jamais, Amadeus avait donc manqué de ne pas reconnaître son propre ami alors qu’il le rejoignait dans cette pièce. Echangeant une nouvelle fois quelques phrases loin du sérieux de la scène – car c’était finalement ainsi que les deux curieux géraient la terreur qui semblaient les tenir en alerte, l’adrénaline affluant dans leur système – le duo ne manqua pas de confirmer leur soi-disant succès par un highfive avant que le plus âgé ne réalise où ils se trouvaient.

Ils l’avaient fait. Ils avaient trouvé le lieu tant convoité. Hésitant un instant, presque perplexe face à cette étrange réussite, Amadeus commença lui aussi à inspecter dans la pièce, s’asseyant à un des ordinateurs tandis que le journaliste fouillait les étagères. Bientôt tout serait entre leurs mains. Bientôt ils pourraient s’échapper de là comme si de rien n’était et pourraient même faire un détour pour s’acheter un burrito sauce épicée supplément viande et fromage, le tout accompagné d’un coca taille XXL. Pas besoin de discuter plus que de raisons désormais car les minutes leur étaient comptées. Avec un peu de chance, tout se passerait bien et ils ne recroiseraient même pas les gardes qui les avaient coursés.

Ouais, avec un peu de chance. Précisément ce qu’ils n’avaient pas dans la vie. Ainsi, tel l’arc narratif d’une tragédie bien ficelée, tout s’effondra. Sans même comprendre ce qu’il prenait à Peter, ce dernier avait soudain attrapé le jeune étudiant et le força à se placer dans un placard. ’Il veut se la jouer 7 minutes in Heaven ou quoi ?’ avait bêtement songé Amadeus qui ne pouvait que se fier à l’instinct étrangement précis de son comparse. Se faisant fermer la porte au nez sans plus de discours, Amadeus se contenta d’observer la suite des évènements à travers les minces ouvertures de ce placard froid et poussiéreux. Peter avait tout juste eu le temps de se retourner que quelqu’un les rejoignait désormais dans cette pièce porteuse d’informations essentielles à leur mission.

’Il l’a entendu arriver ?’ pensa Amadeus sans oser bouger, de peur de se faire repérer. ’Waouh, il a l’ouïe fine pour un papi le Peter.’ L’inconnu face à son comparse ne semblait visiblement pas prêt à parler chiffon ou même à lui vendre des cookies. Une matraque électrique grésillant dans sa main gantée, l’homme énonça d’une voix trop calme pour être bon signe, « Je vais te montrer ce qu’il se passe quand on me fait courir et qu’on me prend pour un con. » Terrorisé à l’idée que la situation ne s’envenime et prenne un tournant bien trop violent pour ses yeux innocents, Amadeus se sentit pris de sueurs froides. Son corps tout entier semblait le tirailler, comme sur le moment de s’étirer, de craquer et laisser son âme même s’envoler. Sentant ses muscles se contracter, sa vision commença à être également affectée par ce stress soudain qui lui aurait presque donné le vertige. Des reflets émeraudes s’emparant de son champ de vision, quelque chose semblait vouloir prendre le dessus.

Ne réfléchissant pas un instant, en proie à une phase de terreur totale lui laissant tout juste la possibilité de se mouvoir, Amadeus sortit violemment du placard en poussant la porte d’une force qu’il ne se connaissait pas. Profitant de la surprise que formait cette arrivée improbable, Amadeus tenta d’énoncer, « Y’a quel… quelque chose qui va pas. Faut vite… partir. »

« Ouais ben vous sortirez quand j’en aurai décidé les cocos. » le coupa le garde qui ne voyait en eux que deux jeunes impertinents amateurs de sensations fortes. Le danger, c’était lui, et certainement pas ces deux cambrioleurs du Dimanche. Il en était convaincu.

@Amadeus Cho & @Peter Parker

♠ ♣Kill me softly. Close my eyes with your touch. I can’t even reject you anyway. I can’t run away anymore. You’re too sweet, too sweet. Because you’re too sweet. My blood, sweat and tears.♥ ♦

Désormais sorti de sa prison de fortune censée le protéger de cet ennemi très peu coopératif, Amadeus tentait tant bien que mal de conserver son calme alors que le sang continuait de battre dans ses tempes. Tambourinant avec force, les battements puissants de son cœur – doublés à l’adrénaline qui pulsait dans son corps – lui auraient presque donné le vertige. Etrangement, c’était une toute autre sensation qui fourmillait en lui, comme si une part de lui-même s’éveillait enfin, cherchant à sortir de sa cage. Comme sous l’emprise d’une drogue, la panique se transformait rapidement en sensation de surpuissance, lui donnant l’impression de pouvoir tout accomplir malgré son corps mince et bien chétif comparé à l’armoire à glace qui les menaçait. Bordel mais qu’est-ce qui m’arrive? songeait-il, tentant de respire lentement pendant que Peter essayait de convaincre le garde de leur bonne foi. Ton corps va subir des modifications, qu’il disait. Ouais ben j’espère que c’était pas ça dont il parlait parce que je me passerais bien d’une deuxième puberté. pensait-il, comme pour combattre sa crainte grâce à l’humour.

L’humour, c’était bien là leur seule arme actuellement. Ça… et également un instinct de survie des plus étranges puisque tout semblait désormais possible. Même passer à travers une vitre ou une porte… alors autant faire d’une pierre deux coups en passant par une porte vitrée. Le regard de son comparse était on ne peut plus clair : il fallait le suivre et lui faire aveuglément confiance, quoi qu’il en coûte. Ils étaient entrés ensemble, ils s’en sortiraient donc ensemble. Aucun compromis ne semblait possible pour l’un comme pour l’autre et ce fut donc sans hésitation qu’Amadeus suivit son aîné alors qu’il attrapait sa main pour le tirer dans la bonne direction. Bye bye la mission et la crédibilité, mais bonjour à la survie.

Esquivant de justesse les mains du garde qui menaçaient de l’agripper pour le retenir, le jeune homme avait traversé la porte brisée en courant, son cerveau s’activant soudain tel un ordinateur en plein calcul. Accélérant pour se retrouver à la hauteur de Peter, il héla d’un ton autoritaire et assuré « Suis-moi, je sais où aller. » espérant que le journaliste fasse confiance à sa mémoire sans faille leur permettant peut-être de quitter ce lieu digne d’un labyrinthe. Pas question de passer par la porte d’entrée puisqu’elle devait être déjà bien trop sécurisée et verrouillée. Non, il fallait à tout prix retrouver leur point d’entrée d’origine, revenir sur leur pas et ceci avant que…

Et merde, l’alarme retentissait désormais dans le bâtiment alors que les lumières des couloirs se teintaient d’un rouge effrayant. Pas le temps de traîner car ce n’était finalement pas un garde mais bien l’ensemble des personnes présentes qui les recherchaient afin de les arrêter et… et les faire disparaître ? Les torturer ? Les tuer ?!! Tant de questions qui étaient une sacré source de motivation pour courir comme deux fous furieux sans jamais s’arrêter pour respirer. A quoi bon chercher à respirer si c’était pour la dernière fois ?

Traversant le bâtiment sans même réfléchir à ses actes, Amadeus était semblable à une voiture autonome lancée à pleine vitesse, dirigée par un GPS des plus efficaces. Tant qu’ils arrivaient au bon endroit après tout, c’était là l’essentiel. Revenant ainsi sur leurs pas, le duo ne perdit pas de temps avant de retrouver cette porte ouverte plus tôt par Peter grâce au pied de biche, descendant ce même escalier bruyant sans chercher à rester silencieux cette fois-ci, traverser la cour et finalement bondir tels deux ninjas pour franchir le mur afin de quitter l’infrastructure.

Cependant pas question de s’arrêter avant d’être réellement sains et saufs. Ce n’était pas comme si ces fous furieux de gardes allaient gentiment s’arrêter à l’entrée du bâtiment. La vie n’était pas un jeu vidéo où les ennemis s’arrêtaient dès que vous quittiez un territoire. Tout était malheureusement plus compliqué dans la vraie vie, alors autant s’assurer d’être réellement loin du danger plutôt que d’être trop naïfs et confiants. Passant de ruelles en ruelles, traversant parfois sans vérifier la présence de voitures ou autres véhicules, le duo finit par atteindre un lieu où se trouvaient d’autres personnes – probablement des fêtards allant de bars en bars, ou peut-être pour danser… voire mêmes les deux – leur assurant ainsi un moyen parfait pour se dissimuler au cas où l’un des surveillants du bâtiment les aurait suivis jusqu’ici. Chose peu probable mais tout était possible avec ce genre d’individus, nan ?

S’arrêtant finalement devant un petit magasin ouvert 24h/24, Amadeus lâcha un soupir rocailleux alors qu’il prenait une profonde inspiration faisant souffrir ses poumons autant que son cœur qui semblait prêt à sortir de sa cage thoracique. Le front couvert de sueur et les mains tremblantes, il finit cependant par lâcher un doux rire. Entre chaque inspiration, il énonça « Plus…jamais…on fait…ça… ah… »

@Amadeus Cho & @Peter Parker

♠ ♣Kill me softly. Close my eyes with your touch. I can’t even reject you anyway. I can’t run away anymore. You’re too sweet, too sweet. Because you’re too sweet. My blood, sweat and tears.♥ ♦

Avec le temps, Amadeus avait fini par comprendre que la vie n’était jamais aussi simple qu’il avait pu le croire par le passé. Rien n’était tout blanc ou tout noir. Ce n’était qu’un étrange camaïeu de gris, parfois teinté du rouge, sang versé par les innocents. Il ne suffisait pas d’être un homme bon et humble pour que la vie soit clémente envers vous. Le monde n’était malheureusement pas juste et il arrivait souvent que même les personnes les plus douces souffrent milles maux sans raison valable. Tout le monde finissait par souffrir d’une manière ou une autre. La seule différence résidait dans sa capacité à se relever et à persister. Il fallait parfois savoir être bornés pour survivre et aider les autres.

Inutile de dire que nous avions là la crème de l’obstination. Un entêtement si poussé à l’extrême qu’ils se retrouvaient donc là, sur ce trottoir, entouré d’inconnus les ignorant comme jamais. Dans un sens, et si l’on prenait en compte les récents événements sur l’île, cela n’avait rien d’étonnant. Les gens n’avaient plus cette flamme, cette curiosité maladive habitant autrefois les rues. La population semble lassée de ces petits jeux et des désastres engrangés par les récents incidents en ayant traumatisé plus d’un. Dans un sens, il n’y avait finalement rien de mieux que la foule pour se cacher aux yeux de tous. Tel le secret installé en pleine lumière pour ne point être découvert, Amadeus et Peter étaient enfin en sécurité. En quelque sorte.

Ignorant les passants les contournant, le binôme avait finalement préféré s’asseoir directement par terre, observant les néons de cette enseigne qui ne dormait jamais. Répondant calmement à son aîné, Amadeus expliqua « C’est pas ta faute Peter. T’en fais pas. On pouvait pas savoir que y’aurait de tels chiens de garde et que --- » Une pensée naissant rapidement dans son esprit, il se mit à rire en rajoutant « En fait si, on aurait carrément du y penser. L’appel de l’adrénaline, ça rend bien nul ouais. » Confession honnête teintée de malice, résumant bien le caractère général du jeune étudiant qui fixait la devanture du magasin.
Plaçant une main sur son estomac tout en fronçant les sourcils, il avoua, « Je veux pas casser le mood des ninjas de la loose hein mais… j’ai faim. » Difficile de se concentrer avec un estomac vide, surtout avec des esprits dépassant le sucre aussi vite qu’un chien pouvait dévorer vos chaussures préférées. « J’ai l’impression que j’pourrais bouffer un bœuf entier. Pas toi ? » S’il te plait dis oui. pensait-il, espérant ne pas passer pour le morfale de service – ce qui était malheureusement généralement le cas. Il n’y avait rien de mieux qu’un dîner imprévu avec de la mauvaise bouffe pour se rassurer et oublier les tremblements qui agitaient son corps tant cette course l’avait terrifié… mais aussi électrisé.

Etrangement, et ce malgré le danger auquel ils venaient tout juste d’échapper, l’étudiant continuait de voir le journaliste comme un véritable modèle. Quelque chose au fond de lui semblait lui crier que ce jeune homme maladroit n’était pas qu’un simple photographe talentueux. Une part de lui ne collait pas avec l’image qu’il se collait lui-même. Un détail tellement bien dissimulé que lui-même ne semblait pas percevoir.