Salute your duty, pollute your day

♚ Salute your duty, pollute your day ♚

Les bras croisés devant toi, les jambes quelque peu écartées, tu maintiens une pose un tantinet militarisée devant l’entrée. Tu n’es pas encore bien certain de la posture à adopter, de la manière dont tu devrais te comporter. Après tout, ce n’est que le début d’un renouveau pour toi, ce n’est qu’un job à peine entamé depuis ton retour sur Genosha. Tu agis tel un bambin, tel un débutant dans le milieu alors, malgré tes classes passées dans le domaine de l’autorité. Et tu te rends bien compte, quelque part, que tu en fais un peu trop. Parce que tu veux bien faire, parce que tu veux déclencher quelque chose en toi, qui puisse raviver tes mémoires effacées. Mais tu vis dans l’exagération, et tu le réalises d’autant plus lorsque ton collègue, Connor, te jette un regard curieux. Tu grimaces face à la mimique, recalculant ta position pour paraître moins sur le qui-vive. Après tout, votre nouveau contrat ne devrait pas être bien ardu à accomplir. Un môme, un adolescent encore accro à la playstation, voilà ce qui constitue l’objet de votre mission en ce jour. Et probablement pour toute la semaine à venir. Ce n’est pas encore certain, puisque les détails vous sont divulgués au jour le jour, mais tu sens bien que votre « paquet » à garder, vous risquez de vous le taper sur une certaine durée. C’est ce que tu as pu comprendre quand on vous a appelé, toi et Coleman, pour vous interroger sur votre capacité à garder un gosse de riche le temps que le père, célébrité à priori renommée, règle une dangereuse affaire.

Tu soupires alors que tu fais le point dans ta tête sur la situation, croisant cette fois-ci les bras dans ton dos pendant que tu murmures : « Tu penses qu’il trempe dans des affaires louches, le padre ? » Tu questionnes ton camarade, un rictus au coin des lèvres, alors que ça fait déjà cinq bonnes minutes que vous attendez qu’on daigne vous ouvrir la porte d’entrée. Ce n’est pas qu’on vous a appelé pour réaliser un travail, mais vous n’êtes pas ici par pur plaisir. Alors pour tuer le temps, tu prends les paris avec ton équipier. Avec lui, tu as appris à relativiser sur l’ordre de ton nouveau métier, à ne pas trop t’offusquer des portraits parfois peu recommandables correspondant à ceux qui font appel à vos services. C’est le risque, de partager votre temps entre le freelance et le Mermaid’s Cove. Surtout pour toi, Evan, étant donné que tu n’as pas d’attache particulière à ce jour. Et pour remettre d’aplomb ta situation financière, partie en fumée du fait du prix exorbitants de tes soins hospitaliers, tu ne peux pas vraiment te permettre de faire la fine bouche sur les personnes capables de te payer. Alors tu tentes tant bien que mal de le prendre à la rigolade, forçant peut-être un peu, pour taper aussi bien la discut’ à ton collègue que tu sens légèrement énervé, que pour te mettre toi-même à l’aise en ces situations encore singulières. « Je crois que les collègues ont dit que M. REINHART avait payé ses apparitions au grand écran. S’il s’est endetté auprès des mauvaises personnes, tu m’étonnes que le môme soit dans la ligne de mire. » Tu hausses un sourcil, partageant les suppositions que d’autres agents de sécurité, en apprenant votre contrat, ont eu l’occasion de dévoiler. Forcément, le patriarche en question ne confirmera pas ces rumeurs. Mais pour qu’une star de cinéma se décide d’employer deux agents baraqués afin de couver un môme de 17 ans, il y a forcément une raison sérieuse justifiant une telle dépense. Tu notes quand même l’ironie, qu’un riche puisse devoir de l’argent, alors même qu’il doit passer son temps à en jeter par les fenêtres. Mais là encore, tu n’as pas toutes les infos, et pour ce que tu en sais, le contexte peut très bien être tout autre que ces bruits de couloir, narrés à toutes les sauces.

N’empêche que luxe ou non, tu commences à te lasser d’attendre sur le perron. Et pile au moment où tu allais envisager de te détourner de la villa, voilà que la porte d’entrée en bois lourd s’ouvre, et qu’un majordome vous somme de pénétrer dans les lieux. « Messieurs, je vous prie de me suivre. M.REINHART va devoir s’absenter, comme vous le savez, aussi nous avons très peu de temps devant nous pour faire le point sur les instructions. » Bah voyons. Tu lèves les yeux au ciel, échangeant un coup d’œil discret avec Connor. L’homme vous fait attendre pendant dix plombes, mais bien entendu, il est maintenant bien pressé. Tu t’attends au pire alors qu’on vous guide à travers un immense salon, des cris retentissants depuis l’étage supérieur. L’adolescent rage depuis sa chambre au 1er étage, mais il n’y a pas de questions à poser que voilà l’homme de maison débarqué, prestement vêtu d’un costume taillé sur mesure, le regard vif et les traits fermés. Brièvement, tu te demandes pourquoi le majordome ne peut pas se contenter de babysitter l’ado, comme il a dû sûrement le faire par le passé. Avant de comprendre que l’homme en question doit revêtir plusieurs étiquettes, car sitôt le paternel dévoilé, voilà qu’il s’éclipse à l’extérieur de l’édifice. Voilà qui promet, Evan, pour une garderie improvisée.

Ⓒslytbitch.

Salute your duty, pollute your day

Métier redirigé. Métier posé d'un agent de sécurité. Connor ne regrettait pas son choix. Le choix - oui - de revenir à un métier plus convenable que celle quitté, aujourd'hui détesté, haï par des principes, des idées qu'il ne pouvait pas accepter ni pardonner. Volonté de bien faire son travail. Travail cependant qui s'avérait ennuyeux - aujourd'hui en particulier - à cette prise de contact, ce coup de téléphone, cet entretien, leur indiquant de protéger un enfant aisé et surement mal élevé par cet étendu de richesse accumulé.

Soupir. Position droite et visage neutre malgré cette nouvelle mission imposée. Position digne, carrure imposante malgré également les derniers événements qui ne l'incitait pas vraiment à être de bonne humeur. Ni à être de nature patiente alors qu'il avait encore en tête la confrontation avec ce Garde Rouge - ce connard comme il aimait le désigner - quelques semaines auparavant. Grognement murmuré. Volonté soudaine de ne pas y penser. De faire en sorte - oui - de garder ce mauvais souvenir dans un coin de sa tête et de se focaliser uniquement sur la mission. Mission qui s'avérait longue mais nécessaire à leur réputation, ce qui l'incitait - oui - à garder son calme et ne pas finir par quitter son poste d’emblée.
- Tout va bien?

Regard sur le côté. Sourcils baissés alors que son collègue ne semblait pas non plus à son aise, cherchant en vain sa position. Grimace échangé. Ricanement discret tandis que son regard se posa de nouveau sur la porte d'entrée. Porte d'entrée inlassablement fermée depuis cinq bonnes minutes écoulées. Non. Mission fort peu amusante avant même de commencer. Patience effritée. Risque du métier alors qu'ils ne pouvaient nullement faire la fine bouche, pour mériter le salaire posé. Question formulée lui arrachant cependant un petit sourire étiré.
- Bonne question. Une chose est sûr, il a décidé de nous faire mariner.

Oui. Patience tiraillé. Patience titillée par une humeur déjà bancale, tendue par cet enfoiré malgré la confrontation passé. Bon sang. Il n'arrivait pas encore à passer outre. Il n'arrivait pas à enlever ce qui s'était passé dans sa fierté touchée. Clary avait bien tenté de l'apaiser quand il l'avait appelé mais rien n'y faisait. Il ne supportait pas d'avoir été ainsi autant menacé. Coleman tapa légèrement du pied et se redressa, les deux mains derrière le dos dans cette attente interminable partagée. Attente que son collègue apprécié chercha à alléger partageant des suppositions sur ce nouveau contrat signé et le fait que son fils doit être soudainement protégé.
- Ce n'est pas impossible oui. A espérer tout de même qu'on soit au courant de la possible menace qui pèse sur son nez. Pour qu'on puisse au maximum le protéger. J'ose espérer qu'il ne s'agit pas juste de jouer au baby-sitter pour jeune mal éduqué. Je ne suis pas sûr d'avoir la patience nécessaire pour ça. Surtout en ce moment. Pas toi?

Un nouveau regard sur le côté. Une pensée dirigée vers sa propre fille qu'il espérait voir grandir sans subir une crise d'ado avancée. Puis un soupir. Un léger soupir dans ce manque de ne pas la voir durant cet éloignement choisi et discuté. Il savait qu'il était revenu ici pour de bonnes raisons. Il savait que sa femme et sa fille - un jour - le rejoindrai mais il était vrai que le manque se faisait sentir, surtout en ce moment où les événements n'avaient pas de quoi se réjouir et que son passé lui revenait en pleine figure, pour un choix. Ce choix. Qu'il avait prit sans une seule fois le regretter.

Il n'eut pas le temps néanmoins de partir plus dans ses pensées. La porte d'entrée daigna enfin ouvrir et il se retourna. Il salua le majordome dans un signe de tête courtois et bien préparé. Il pensa également un "enfin" qu'il ne laissa pas échapper. Le chemin leur fut montrer mais il ne put réprimer un froncement de sourcil cependant quand le majordome leur avoua que leur client n'avait que très peu de temps pour leur expliquer la situation dessinée.
- Bien. Nous vous suivons.

Réprimer l'envie de faire une remarque non placée. Réprimer l'envie de lui dire qu'il aurait peut-être mieux fait de leur ouvrir avant - ne serais-ce que pour prendre plus de temps pour leur expliquer. A l'étage, des cris furent lancés, des "DE TOUTE FACON, RIEN A FOUTRE JE FERAI CE QUE JE VEUX" furent hurler et Connor échangea un bref regard vers son collègue, regrettant presque le choix d'avoir accepter.

"Entrez-donc. Je vous attendais. Preston, tu peux y aller."

L'homme fut dressé. Le ton fut donné et Coleman salua ce Monsieur Reinhart qui poursuivit sur sa lancée sans même daigner les regarder.

"Votre mission est simple. Votre tâche sera d'accompagner mon fils où bon lui semble. Suivez-le comme votre ombre et ne le quittez surtout pas des yeux, même s'il vous le demande ou cherche à vous amadouer. Je ne tolérai aucun écart de votre part. Echouez et je ferai en sorte que votre réputation soit entaché. Des questions? Faites-vite. Je n'ai pas toute la journée."

Ⓒslythbitch.