Won't see us comin', out the door before you even blink.
Don't look us right in the face, it's like starin' at a burnin' sun.

Les échos de pas martelant le sol s’élevaient alentour, caressant ses tympans à mesure qu’il avançait. Le bruit de ses bottes sur le béton du hangar changeant discrètement tandis qu’il foulait désormais les couloirs carrelés. La lisse surface brillante sous ses pieds faisant couiner ses semelles à chaque pas emprunté. Les sonorités ne dérangeant aucunement l’agent, déjà habitué à ces nouveaux bruits depuis quelques mois. Depuis leur déménagement forcé en ces lieux, il avait finit par se faire à ce QG. Il s’y était tellement habitué qu’il pouvait aisément dire qu’il était familier avec la structure et la disposition des pièces. S’imaginant sans modestie, qu’il pouvait retrouver son chemin même dans l’obscurité. Contrairement aux premiers temps où une panne de courant était vraiment arrivée et qu’il s’était retrouvé presque paumé comme un glandu. Mais surtout coincé pas loin de la réserve, du fait de l’absence d’électricité dans la zone verrouillée. Merci l’intempérie, hein… Tsk. Il soupirait en repensant à ces instants, où il n’avait pas réellement pu briller. Ne pouvant rien faire à part attendre, laissant sa colère couler. La laisser passer. Durant ces longues minutes, qui pouvaient honnêtement avoir été des heures, il avait su se changer les idées avec une autre collègue. La pauvre s’était retrouvée coincée dans la réserve, et il n’y avait aucun moyen de la faire sortir. A ce moment là, Eames s’était juré d’apprendre les raccourcis et les chemins les plus aisés, mais aussi les passages secondaires si jamais quelques difficultés survenaient. Il ne voulait plus revivre le même événement, ou se retrouver impuissant face à un incident pareil. Alors il avait tenu sa promesse à lui-même, promesse personnelle. Et maintenant, il connaissait l’endroit comme sa poche.

Un regard porté à la montre à son poignet lui indiquait qu’il avait encore quelques minutes avant de reprendre du service. Pinçant les lèvres, il changea brusquement d’allure et de direction à un croisement. Empruntant le couloir de gauche au lieu d’aller tout droit, déambulant dans l’aile en saluant les quelques camarades qu’il n’avait pas encore croisé de la journée. S’arrêtant devant une porte où une plaque brillait de manière fluorescente sous le néon du couloir. Toquant deux coups, entendant des échos étouffés à l’intérieur. Une voix s’élevant par après, lui intimant de rentrer. Eames tourna la poignée et poussa la porte, sans expression. Les traits de son visage s’adoucissant tout de même légèrement lorsque son regard se posa sur son collègue. Yo, Paco. Un hochement de tête en sa direction, l’autre le reconnaissant immédiatement. Yo. Qu’est-ce qui t’amènes ici ? Tu t’emmerdes tellement que tu viens voir ce que c’est de vraiment travailler ? Un ricanement de la part de son collègue, pour le taquiner, tandis qu’Eames levait les yeux au ciel. Non sans sourire de son côté, malgré le souffle expiré par le nez. Ah, parce que tu sais bosser toi ? Je croyais que tu branlais rien de la journée et que t’étais juste à ce poste pour faire genre que tu servais à quelque chose. Le ton sarcastique marquant ses mots le faisant lui-même ricaner, et encore plus lorsqu’il vit son camarade prendre un air faussement offusqué. Je ne vous permets pas, agent Lloyd. Comment osez-vous me traiter ainsi ! Eames ria de plus belle et lança un coup de poing léger sur l’épaule de son pote. Arrête ton cirque deux secondes, on pourrait presque croire que tu cherches à te faire passer pour tu sais qui en continuant comme ça. L’inside joke amusant les deux agents permettant à un silence précaire de s’installer. Simplement coupé par les éclats de rires tentant d’être réprimés. Sans grand succès.

Eames soupira doucement, sa bonne humeur extatique glissant sur ses lèvres. Croisant ses bras contre son torse, reprenant une respiration plus contrôlée. Clignant des yeux, il regarda distraitement les écrans de surveillance devant lui, que son collègue contemplait depuis le début de son shift. Il remarqua du mouvement vers un coin bien accessible du bâtiment, les agents allant et venant. Rien d’anormal. Jusqu’à ce qu’une figure inconnue ne s’arrête devant l’entrée principale. Ne bougeant plus pendant plusieurs secondes. Eames commençait à être suspicieux. Plissant les paupières, pointant l’écran du bout du menton. Encore une menace ? Ou juste un civil complètement con ? Ses phalanges se crispaient sur ses bras alors que sa mâchoire se contractait. Il restait sur ses gardes, bien que l’individu ne bougeait pas. Ca doit être un manifestant. Son collègue soupira en se renfonçant dans son siège. Eames leva un sourcil, s’accordant quelques secondes pour le regarder, laissant du temps à son pote pour s’expliquer. Quelques civils sont passés au cours de la semaine, à des horaires différents. Jamais les mêmes personnes et ils ne restaient pas longtemps. Ils ne sont jamais rentrés, ni n’ont fait signe d’une quelconque hostilité. Eames reporta son attention vers les écrans. On pense qu’ils prévoient un sitting devant le QG pour faire pression, mais on ne sait pas encore quand. Suite aux derniers événements, c’est pas étonnant. Juste gavant si c’est bien le cas. Eames pinça les lèvres, comprenant bien la réaction de son camarade. Il était lui aussi dépité par les réactions de la population. Le public ne voyant que le mal réalisé, et non pas le bien qui en découlait. Il soupira, se passant une main sur son visage. Ca commençait à bien faire. Je vais aller le dégager. Il a rien à faire là. Il soupira en se redressant. Tournant le dos à son collègue qui lui souhaitait bonne chance. Eames leva la main sans se retourner, pour signifier qu’il en aurait bien besoin.

Empruntant à nouveau les couloirs, Lloyd déambula au sein du QG jusqu’à arriver à l’entrée principale. Gardée par quelques autres agents, eux-même lançant quelques regards au dehors avec appréhension et suspicion. Eames plissa un peu plus les paupières, daignant jeter un coup d’oeil avant de sortir pour aller confronter le manifestant. Il se figea presque sur place en voyant le spectacle qui se déjouait désormais. D’autres civils avaient rejoints le premier, prenant place à ses côtés. D’autres arrivant encore au compte goutte. Une petite quinzaine se trouvaient déjà présents, et Eames se doutait que plusieurs autres manifestants finiraient par se rajouter au nombre déjà imposant. Putain de merde. Avec un soupir, il fit signe à ses camarades de sortir pour garder la foule sous une certaine supervision. Manquait plus que ça. Un autre signe, et il intima à un autre collègue de prévenir la sécurité, si jamais cela venait à dégénérer. Il inspira un grand coup, et entama les premiers pas pour s’extirper du bâtiment à son tour. Il s’arrêta juste avant de franchir les portes. Oh, envoyez un médiateur sur place. Hochement de tête vif et prononcé, et déjà son attention se reportait au dehors. Franchissant enfin l’obstacle, l’agent se retrouva exposé. A la vue des manifestants qui continuaient de grossir les rangs. Il pesta à voix basse, s’avançant fermement vers eux. Manifestants de mes deux. Bande d’ingrats, put... Se recomposant brusquement alors qu’il approchait, les traits de son visage montrant un sérieux professionnel, malgré un air agacé peignant son expression. Il est interdit de se regrouper devant l’enceinte du bâtiment. Il vous est fortement recommandé de faire demi-tour. Il lâcha de but en blanc. Son regard parcourant les visages des civils mécontents qui scandaient déjà quelques propos à l’encontre de la garde. Mâchoire contractée subitement tel un réflexe, colère réprimée alors que ses dents manquaient de se serrer. L’air sur son visage s’intensifiant plus encore lorsqu’il se reporta sur le premier individu ayant apparu. Franchir les distances de sécurité imposées par la Garde Rouge peut mener à votre arrestation. Veuillez faire demi-tour. Il ne prenait même pas la peine de rajouter un s’il vous plaît. Pas la peine de se montrer sous cet angle, quand l’autre faction ne prendrait même pas sa demande en considération. Il n’avait qu’à leur jeter un regard pour voir leur détermination. Ils ne feraient aucun effort. Alors que lui en faisait beaucoup trop, en se retenant déjà de les repousser à coups de coude. Tout son corps se tendant à chaque seconde écoulée. Sa composure se craquelant sous l’assaut des propos énoncés. Il n’avait vraiment qu’une seule envie en l’instant. C’était de leur agripper le col et de les tej pour leur faire débarrasser le plancher. Mais il ne pouvait décemment pas s’adonner à une telle bassesse en cette situation. Le seul compromis qu’il faisait, étant d’exprimer sa frustration en son esprit. Mais dégagez, bordel !

WRONG KIND OF PUBLIC ENEMIES