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Farewell ? God knows when we shall meet again or not
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Mer 23 Jan - 23:00
Elle avait eu du mal à le reconnaître en le récupérant à la sortie de l’avion. Neena avait été obligé de le regarder, plusieurs fois, avant de saisir qu’il s’agissait bien de son petit frère. Ce dernier avait grandi, ses traits avaient muri, son air poupon d’autres fois augurait désormais l’homme qu’il devenait progressivement. Et le choc était violent pour elle, car elle avait raté tout ça. En près de cinq ans, c’était la première fois qu’elle sentait les larmes lui grimper aux yeux, sur le point de déborder. Et sans doute par fierté, elle se retint du mieux qu’elle le put en récupérant l’un des sacs que portaient son frère à bout de bras. Le fourrant sur l’épaule, elle crut de bon ton de faire « comme si » ça ne faisait pas cinq ans qu’elle avait mis les voiles.

Le coup de fil de son père l’avait d’ailleurs surpris, l’avant-veille. Tout s’était précipité depuis, sans qu’elle ne comprenne trop comment, sans savoir si elle avait les épaules pour gérer ce qu’il se passait. Ses parents, en tout cas, n’en étaient pas aptes. Pas après tout ce qu’il se passait. Parce qu’ils craignaient de ne pas pouvoir le mettre à l’abri assez vite si les choses dégénéraient encore. Son père s’était montré diffus, confus, au téléphone, incapable de mettre des mots concrets sur ce qui arrivaient à son fils. Pour lui, le seul biais qu’il avait pour le mettre en sécurité, c’était de compter sur sa fille aînée.

Et Lazarus était arrivé. Quittant sa vie, ses amis, sa scolarité, pour se faire oublier au passage. Le fixant toujours avec une inquiétude qu’elle ne se connaissait pas, Neena eut l’impression d’être soudainement débordé par ce que représentait cette relation.

Elle avait tellement de questions à lui poser, et tellement peu de temps pour tout mettre en place. En premier lieu, elle se devait de comprendre sa déviance, avant de voir vers qui se tournait. Une chose était sûre : Hydra était recallée d’entrée de jeu, notamment à cause de tout ce qu’elle avait vu faire chez eux, qu’elle ne supporterait jamais d’infliger à sa propre chaire.

Je te laisse ici deux secondes, il faut juste que j’aille payer le parking pour qu’on parte, ok ? Fit-elle à son frère.

Le regard soucieux de celui-ci se posa sur elle, mais d’une main rassurante, elle relâcha son bras. D’un geste du doigt, elle lui indiqua que ça ne prendrait que deux secondes. Deux fichues secondes. La voiture n’était pas très loin, il suffirait de tenir le coup jusqu’à la maison, où il gagnerait une chambre d’ami qu’elle se devrait d’aménager pour lui. Le temps d’organiser ce qu’il fallait pour qu’une discussion s’impose dans la foulée.

Je fais vite, promis ! Jura-t-elle à son frère en pressant le pas.

Pourtant, la queue devant les machines pour payer lui renvoya en pleine figure qu’elle venait de lui mentir pour la première fois en cinq ans. Neena sentit ses organes fondre en elle, et la nervosité la prit dans la foulée. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour trouver une voie plus rapide, mais rien à faire. En se retournant, Lazarus n’était plus visible. Perdue dans cette foule qu’elle ne parvenait pas à suivre. Et à partir de là, il ne manquait qu’une allumette pour mettre le feu aux poudres.
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Moran Correll

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Sam 26 Jan - 1:17

When we shall meet again

Too much regret made its way into my head and now I only see what the worst of me believes.
I never thought that I would see the truth. Confusion, seclusion, I am left in an empty room. Open up these wounds, I'm lost in my atrophy. I'm divided by that but I'm all I wanted to be. 

T'expires un bon coup, exhalant cette fumée lourde contre ton palais. Le poison picote doucement ta gorge tandis qu'il imprègne tes poumons. Les yeux fermés, tu laisses ton esprit divaguer, ressassant des images passées, oubliées. Les détails s'inscrivant à l'arrière de tes paupières plissées, aux couleurs vives, mais parfois estompées. Comme un mirage fracturé, défaillant, ou des éclats d'un miroir brisé. Les fragments éparpillés s'épanchant encore et toujours en ton esprit déstructuré. La déchirure sous tes côtes, ne cessant de se rouvrir, dès lors que tu repenses à ton bien aimé. A celui avec qui tu aurais voulu construire ta vie, et fonder ton foyer. Mais ce n'est qu'un rêve oublié. Une illusion à laquelle tu ne peux que te raccrocher, mais que tu dois pourtant laisser partir. Evan est mort, et toi tu es encore là. Encore en vie, après la tragédie. Tu avances, les yeux fermés, le regard vide. Mais tu dois continuer. Ne serait-ce que pour lui payer tes respects, et lui rendre honneur. Sa mémoire ne sera pas oubliée, et ça tu te le promets.

T'entends un bruit derrière toi, l'écho venant caresser tes tympans, t'arrachant de ta misérable contemplation. Évincée ta léthargie, tu raffermis ta prise sur la réalité, et rouvre les paupières. Tes iris s'ancrant sur le visage de ton ami. Un type que t'as connu au commissariat, et qui a appris la nouvelle, pour Evan. Il a réussi à te redonner le sourire, et à te remonter le moral, les temps d'après. Tu le remercieras jamais assez. Même si tu n'es pas encore totalement remis, de cette perte qui t'a endeuillé à tout jamais. Perdre l'être le plus cher, a laissé pour toujours une marque profonde sur ton cœur déjà bien marqué par les cicatrices. Et parfois, une présence rassurante et réconfortante comme la sienne, est tel un baume qui recouvre les plaies de ta peine. En l’occurrence, cet ami, a été ton remède. Pour quelques temps seulement, mais il n'en a pas moins été réel. Son aide t'a été précieuse. Et ce soir, tu vas l'aider à ton tour. Pour lui rendre la pareille.

Lui offrant un faible sourire, tu remarques le sac qu'il tient par dessus son épaule. Le désignant d'un mouvement du menton, tu lui demandes s'il est prêt à partir. Sa voix tremble légèrement mais reste ferme et rassurée. « Ouais, j'suis prêt. » Et toi, tu hoches la tête, terminant ta cigarette avant de l'écraser par terre. Sale habitude que tu as pris depuis. Depuis que tu es tout seul dans cette grande maison qui appartenait à Evan, avant d'être devenue la tienne par extension. « Okay, alors on y va. » Un soupir franchit la barrière de tes lèvres et tu récupères les clefs de ta voiture dans ta poche, te dirigeant déjà vers elle. La déverrouillant pour ouvrir le coffre, afin que ton ami y dépose son sac. Tu prends place derrière le volant, et vérifie que tout est en règle avant de t'élancer sur le bitume. Roulant dans un silence paisible et agréable, le temps d'arriver à l'aéroport. T'es en avance mais ton ami préfère qu'il en soit ainsi. Au moins, il aura le temps de s'occuper des finalités. Tu le suis jusqu'au hall et l'enlaces rapidement. Lui souhaitant un bon voyage, jusqu'à sa destination. « Prend soin de toi. »

Ce n'est que lorsqu'il s'éloigne pour de bon et qu'il disparaît de ton champ de vision, que tu te mets à faire demi-tour. Retournant au parking pour régler ton ticket et espérer rentrer au plus vite, sans trop de problèmes. Tu penses déjà au plaid dans lequel t’emmitoufler, celui qui avant, portait encore la fragrance d'Evan. Et qui maintenant, ne sent plus que l'odeur du désespoir et de l'amertume. Mais il t'apporte réconfort et douceur, dans ces moments où tu es imprégné par la torpeur. T'imagines ta soirée, avachi sur le canapé, avec un film choisi au hasard sur Netflix. T'aimerais bien mater l'un des derniers sortis d'ailleurs, mais tu te rappelles plus du nom. T'as même pas le temps de chercher à t'en souvenir, que quelqu'un te percute en chemin. Bafouillant des excuses, d'une voix hachurée, dans un souffle erratique, d'un ton perturbé. Perdu dans tes réflexions, tu clignes des yeux pour te tirer de ta contemplation, et perçois à peine la silhouette d'un gamin d'une quinzaine d'années, qui s'extirpe de l'impact, pour s'éloigner. Haussant un sourcil, tu le regardes partir sans rien dire. Et la foule se met à t'englober tandis que lui la fend précipitamment. C'est qu'un autre gamin, perdu parmi tant d'autres et tu n'y peux rien. Mais justement, c'est aussi ça le problème. Parce que c'est un gamin. Et qu'il a l'air perdu. Comme celui que tu as sauvé le jour de la mort de ton compagnon. Et le souvenir est bien trop suffocant pour que tu y fasses abstraction. Alors tu rebrousses chemin, et t'engages sur les traces invisibles laissées par le jeune homme. Tentant de le retrouver, pour l'aider. Ou pour au moins te rassurer que ça va aller.

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Sam 26 Jan - 11:00
Neena…

Elle se raidit, sentant une sueur froide lui remonter brutalement l’échine. Se retournant vivement, la brune chercha du regard cette voix qu’elle reconnut, persuadée de l’avoir entendu, sans en trouver la source. Lazarus toujours introuvable parmi la foule, elle ferma profondément les yeux pour essayer de calmer cette paranoïa qui la rongeait davantage maintenant qu’il était arrivé. Ses mains triturèrent son ticket, avant que la personne devant elle s’éclipse enfin et qu’elle ait accès à la machine. Nerveuse, elle s’activa pour payer son dû et partir, sans cacher cette impatience qui déformait ses traits. Appuyant fort sur l’un des boutons, quand l’écran se figea, elle sentit son cœur s’emballer et ses entrailles se faire la malle. D’ici trois secondes, grand maximum, elle allait soulever le tout et l’envoyer à la casse.

Mais le ticket s’imprima, et le soulagement l’envahit. Le temps de le récupérer, elle se retourna vivement, prête à remettre la main sur son frère et repartir dans le bon sens, loin de cette foule oppressante.

Neena !

Une seconde fois, la brune se figea en cherchant à travers les gens en face d’elle, d’où elle ne le discerna pas. Ses cheveux trop longs lui retombant sur le visage, comme s’il tentait de se cacher du monde, alors qu’il était déjà trop grand, trop atypique pour passer inaperçu. Son cœur s’emballa, elle éprouva alors toute l’urgence de la situation, et une angoisse sourde s’emparant d’elle :

Lazarus ?! Appela-t-elle avant de s’activer brutalement en bousculant ceux qui étaient sur son passage.

Elle ne sut déterminer combien de temps elle mit à le retrouver. A appeler à en perdre la voix, à envoyer bouler ceux inquiets pour elle, à traverser le hall pour se rendre jusqu’au parking. Ce fut-là qu’elle saisit que quelque chose n’allait vraiment pas. Cinq personnes attendaient, comme totalement figées, devant les portes pour accéder à l’escalator qu’elle avait dévalé comme une dingue. Devant elle, son frère, prostré entre deux voitures, et devant lui, un type penché, sans doute inquiet, même si ça, Neena n’en sut rien et ne s’y intéressa pas.

Dégage de là, toi ! Grogna-t-elle en le bousculant à moitié, prête à l’envoyer par-dessus l’un des véhicules si ça avait pu le faire disparaitre de sa vue. Rustre ? Oui. Mais il s’agissait de la vie de son petit frère, on lui avait confié cette responsabilité, et les premières minutes viraient déjà en enfer. Hey gamin, j’suis là, j’ai fait au plus vite… Souffla-t-elle avec plus de douceur en s’agenouillant en face de lui. Par réflexe, ses mains attrapèrent ceux de Lazarus, et elle fut surprise de toute la force avec laquelle il s’agrippa à elle : Il t’a fait du mal, il…
Elles sont dans ma tête… Les voix… Constamment, elles sont dans ma tête et j’arrive pas à les faire sortir… Ses yeux sombres se relevèrent vers elle, débordant de larmes qu’il ne contrôlait pas. C’était comme une douleur intime, si profonde, qui restait une énigme pour lui. Je leur demande de se taire, toutes, d’arrêter, je veux pas les entendre mais après… Après…

Les pupilles sombres de Lazarus se posèrent sur les cinq individus inertes à quelques pas d’eux. Toujours immobiles, comme dans l’attente d’autre chose. Neena suivit le mouvement avant de revenir vers Lazarus, puis de se poser sur le sixième homme en présence. Il avait tout entendu, suffisamment pour suspendre l’instant et définir les prochains jours de la fratrie.
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Dim 3 Fév - 0:52

When we shall meet again

Too much regret made its way into my head and now I only see what the worst of me believes.
I never thought that I would see the truth. Confusion, seclusion, I am left in an empty room. Open up these wounds, I'm lost in my atrophy. I'm divided by that but I'm all I wanted to be. 

Tu cours tellement vite que t'en es à bout de souffle. Tu perds presque tes repères dans ce hall bien trop grand. T'y étais y à quelques minutes à peine, pour laisser ton pote partir et c'est pourtant déjà le chaos. La blinde de personnes qui se pressent, sans s'intéresser aux autres le moins du monde. Tu comprends, dans un sens, mais t'es tellement focalisé sur autre chose que cette fois, tu pardonnes pas. T'es obligé d'en bousculer plus d'un pour te frayer un chemin, et tu grognes sans t'excuser devant les airs semi-offusqués et faussement outrées de la plèbe. La foule s'amasse sur ton chemin quand t'es pressé, et elle s'écarte quand tu peines à seulement vouloir avancer. Décidément, cette Île c'est l'esprit de contradiction incarné.

Tu contiens ta rage bien qu'elle menace d'exploser à même ce hall encore trop bondé à ton goût. Tu percutes une vieille dame en chemin, et la pauvre en fait tomber sa valise. Tu soupires et t'abaisses rapidement pour la lui rendre. Après tout, t'es pas trop un connard sur les bords, et la dame âgée n'est pas plus en faute que toi. Elle t'offre un sourire crispé en récupérant son dû et se barre en contre-sens. Tu la regardes, interloqué, en clignant des yeux plusieurs fois. Pour être sûr que tu n'as pas rêvé, tu te pinces même la peau fine et tendre du poignet. C'est pas une illusion, tu rêves pas. Elle t'a bien ignoré, la vilaine. Quelle c... Putain. T'évites de terminer ton insulte parce que c'est pas poli et en plus, ça va pas t'avancer.

Reprenant tes esprits, tu t'élances à nouveau dans la foule en direction du parking. T'entends des murmures parmi les éclats de voix. Des échos ça et là, qui te guident inconsciemment jusqu'à une destination seulement estimée. Tu plisses les paupières en arrivant devant les escalators et discernes des silhouettes amassées en contrebas. Certaines des formes semblant même se concerter et pointer en une direction. T'es interpellé par ce spectacle inopiné, mais tu penses que ça peut être le gamin en détresse qui a amené l'attention sur lui. T'hésites pas une seule seconde et empruntes alors les escaliers mécaniques, dépassant même certaines marches pour aller plus vite.

Une fois en bas, tu suis les directions désignées par les index dressés des civils présents. Et enfin, tu finis par retrouver la trace du gosse, après quelques minutes acharnées passées à le chercher. Il s'est bien terré dans le parking, et s'est coincé entre deux voitures. Ses mains sont crispées sur sa tête, qu'il enserre comme un dément agonisant. Il souffre, tu le remarques à sa posture, à ses épaules affaissées et les sanglots qui l'empoignent. T'entends bien la peine qui émane de lui et tu la reconnais en un sens. Ça te fige sur place, te renvoyant à tes propres problèmes. Mais tu secoues la tête, et t'avances doucement vers lui. Tes soucis, ça peut attendre. Lui, c'est plus urgent.

« Eh, petit... » Tu l'appelles d'un ton concerné. T'essaies d'être doux dans ta manière de parler, et de pas trop le brusquer en avançant lentement. Tu t'accroupis, te mettant à sa hauteur, mais à l'autre extrémité des voitures. Tu veux pas qu'il se sente piégé. Tes traits sont tirés, marqués par l'inquiétude qui s'épanche en toi. « Ça va aller ? Qu'est-ce qui s'est passé ? » Penchant ta tête sur le côté, tu plisses les paupières pour le scruter. T'essayes de voir s'il n'est pas blessé, si quelqu'un ne lui aurait pas sciemment fait du mal. Il te répond pas, reste silencieux, muet comme une tombe. Un poids comprime tes poumons et ta gorge s'enserre tandis que tu déglutis difficilement. Lèvres entrouvertes, tu laisses ton souffle glisser sur ta langue avant de reprendre, sans pourtant bouger de ta position. « T'es perdu ? T'as... T'as besoin que j'appelle quelqu'un pour toi ? » Il ne te répond toujours pas, et ses sanglots continuent de te déchirer le cœur.

Tu pinces les lèvres et baisses la tête, t'es prêt à appeler la sécurité pour qu'il soit pris en charge, mais t'as pas le temps de réagir que déjà quelqu'un est derrière toi. Bousculé, t'es projeté en arrière, et tu te rattrapes à la dernière seconde à la voiture la plus proche, manquant de t'écrouler par terre. T'entends les grognements dans la voix de cette femme qui t'a percuté, et tu fronces les sourcils devant sa rage à peine dissimulée. T'es sur le point de grogner à ton tour quand tu la vois s'agenouiller près du gamin, et lui prendre les mains. Sa voix s'est instantanément adoucie alors qu'elle se met à lui parler, avec une pointe de tendresse masquée par son inquiétude. Tu réalises que ça doit être sa mère, ou peut-être sa sœur, t'en sais rien. Les remarques salées meurent sur ta langue alors que tu baisses les yeux. Tu ferais mieux de les laisser tranquilles.

T'es en train de te relever, et tu commences à tourner les talons pour partir quand la voix du gosse retentit. Et ses propos te font tiquer. Oh nan... Tu te tournes presque inconsciemment vers lui, yeux écarquillés, respiration bloquée à même ta gorge, au point d'en brûler tes poumons. C'est pas vrai... T'y crois pas toi-même, alors que pourtant, ses sanglots étouffés sont autant de preuves qu'il t'en faut. C'est un émergé. Le gosse est un émergé. Et le pauvre en souffre atrocement, aux vues de ses tremblements, et à l'entente de ses pleurs. Tu te sens mal pour lui, parce que ça te rappelle la fois où t'as vu Evan émerger. Et le jour de sa... le jour fatidique, où t'as pourtant sauvé un autre gamin, un peu plus jeune que lui.

Voir ce tableau devant toi, ça te prend aux tripes. Tu trembles subrepticement, tes muscles se crispent et t'es tendu comme jamais. Du coin de l’œil tu perçois la femme regarder vers l'attroupement qui s'est formé. Tu peux pourtant pas te détacher de cette vision inespérée. Les iris de cette femme s'ancrent aux tiens et c'est à cet instant précis que tu remarques son expression. Quelque part, t'as l'impression que t'es imploré à agir, même si ce n'est pas ta vie qui se joue à l'heure actuelle. Mais c'est ce que tu fais tous les jours pourtant, avec ton métier. L'existence et la sûreté des autres passe avant la tienne. Maintenant ne fait pas exception. Tu dois faire quelque chose.

Clignant des yeux, tu te mords doucement les lèvres avant de lever les deux mains devant toi, en signe de reddition. « Okay, okay... » Tu expires longuement, reprenant plus lentement. « Je vais aller évacuer ces personnes là-bas. Profitez-en pour emmener le gamin un peu plus loin. Un peu d'espace lui fera du bien. Je crois... » T'es pas très sûr de toi en disant ça, mais c'est la seule chose qui te vient à l'esprit, dans ton état troublé. Tu fais demi-tour et presse le pas vers les cinq personnes qui scrutent le pauvre jeune comme si c'était une bête de foire. Tu les interpelles et les sommes de s'en aller, qu'il n'y a rien à voir et que ce ne sont pas leurs affaires. Ils sont réticents et prétendent qu'ils doivent rester, estimant même que t'as aucune autorité sur eux pour les faire avancer. Tu ricanes jaune avant de lever les yeux au ciel. Tu réponds avec un ton teinté d'agacement, que l'autorité, ils peuvent se la foutre là où le soleil ne se lève jamais. A présent outrés, ils te regardent stupidement, alors que tes paupières se plissent et que tes sourcils se froncent. Tu les chasses à nouveau, cette fois avec plus d'empressement, les effleurant pour les inciter à se bouger. Ils râlent mais se mettent enfin à partir en direction de la sortie, non sans jeter des regards indignés en direction du gosse, et des insultes à ton égard. Mais tu t'en fiches, au moins ils ne sont plus là.

Quand tu te tournes vers la femme et le gamin, tu remarques qu'ils se sont éloignés. T'hésites un peu à les rejoindre, parce qu'après tout, c'est pas tes affaires non plus. Mais tu peux pas t'empêcher de te rappeler de ce qu'Evan a dit. Qu'il y a un endroit pour les gens comme lui. Pour les émergés. T'as que peu recherché sur le sujet, tu dois avouer. Tu sais juste qu'il y a un endroit où ils se sont regroupés à un moment. Une église, à Emmann, et qu'ensuite, ils ont migrés à Krölik. T'en sais pas plus. Mais dans l'instant présent, c'est ta seule piste. Et peut-être que ça peut servir à ces deux-là. Dans le doute, tu préfères quand même les informer. Dans un pas précipité, tu t'avances vers eux pour les rattraper, mais ralenti ton allure une fois à proximité. Tu t'arrêtes même, pour leur montrer que tu leur veux pas de mal. « Eh... » Tu les vois te scruter et tu te tends instinctivement. Quand tu reprends, ta voix tremble légèrement à cause de ta respiration erratique. « Désolé si je vous ai fait peur, avant. Je voulais juste m'assurer qu'il n'y avait rien de trop grave. » Pinçant tes lèvres, tu montes doucement tes mains à hauteur de tes côtes. « J'voulais pas vous faire de frayeur, vraiment. J'en suis navré. » Un petit sourire compatissant, presque gêné, avant que tu ne t'éclaircisses la gorge. « Ecoutez, j'ai... J'ai une information qui pourrait vous être utile. C'est peut-être rien mais c'est toujours ça. » Hochant la tête, tu fais un petit pas vers eux, pour éviter de les brusquer encore une fois. T'abaisses tes mains quand tu perçois qu'ils ne sentent plus trop de danger en ta présence. « Il y a une sorte de... de planque ? De refuge ? Qui sert aux... aux... » T'arrives pas à finir ta phrase, alors tu désignes du menton le gamin. Tu veux pas non plus imposer ta présence, ni à mettre des mots sur ça, surtout si tu te trompes. Même si tu penses pas être à côté de la plaque, mais tu sais jamais, eh. « Tout ce que je sais, c'est que c'est à Krölik. Et que si le besoin s'en fait, vous y serez en sécurité. »

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Dim 3 Fév - 16:11
v
C’était à s’en faire mal à la tête, vraiment. Neena tenta bon gré mal gré de retrouver ses esprits, de rassurer son frère, mais la pression qui s’exerçait sur les épaules de l’adolescent était immense. Trop pour lui. Elle aurait voulu pouvoir le soulager de ça, lui prendre cette douleur, ce qui le terrifiait et l’empêchait d’être normal mais elle n’en avait pas les capacités. Lèvres pincées, l’intervention de l’homme l’obligea à se détourner brièvement de son frère, en plongeant son regard clair dans celui de son vis-à-vis.

S’éloigner, aller plus en retrait, c’était une bonne idée. Elle hocha la tête à sa remarque, et attrapa les flancs de Lazarus pour le remettre sur ses jambes. Un bras entourant ses épaules, elle l’invita à avancer, à ne pas rester sur place. Son sac sur l’épaule, son autre main tenant sa valise qu’elle fit rouler derrière lui, elle l’invita à s’avancer et à sortir de la vue de ces gens. Neena n’entendit que quelques éclats de voix, rien de trop concret, jusqu’à parvenir à la voiture. Ouvrant celle-ci, elle chargea les affaires de son frère, et fit s’asseoir l’adolescent sur le siège arrière.

Ok, ok… Souffla-t-elle en se plaçant à quelques pas, commençant à marcher. Bras croisés sur sa poitrine, elle mordillait sa lèvre en réfléchissant à toute vitesse : C’est à cause de ça qu’ils t’ont envoyé avec moi, hein ? Demanda-t-elle sans attendre vraiment de réponse : J’ai aucune putain d’idées de comment t’aider, mais j’vais pas te laisser tomber, ok ?

Elle s’agenouilla devant lui, se saisit à nouveau de ses mains et lui adressa un sourire bienveillant. Il était sa famille, celle qu’elle ne pouvait jamais voir, celle de qui elle avait dû se détacher, plus par nécessité que par véritable envie. Ses parents lui manquaient, mais ne pas avoir pu le voir grandir était pire encore que le reste. Neena était sans doute naïve : mais elle n’avait pas peur. Elle était pleine d’idées, de détermination, d’imagination et d’espoir pour la suite. Elle s’occuperait de lui, malgré ça.

Pa’ pense que je suis dangereux… Lui répondit-il en épongeant maladroitement ses larmes. Rouge, de honte, à l’idée d’avoir craqué si facilement, il ravala un autre sanglot en se cachant derrière ses longs cheveux bouclés.
Mais non, il le pense pas vraiment… Rassura-t-elle.
Je l’ai entendu, Nee’… Je l’ai entendu le penser, je sais que je leurs fais peur… Trancha l’adolescent, plus fermement.

Prêt à la repousser, mais s’éloignant juste d’elle en croisant les bras sur sa poitrine. Son cœur se serra devant cette vision, et elle baissa le regard. Leur père lui avait dit qu’ils avaient longtemps cru à une forme de schizophrénie chez lui, sans rien lui dire, avant de comprendre qu’il s’agissait d’autre chose, d’incompréhensible. Mais Neena n’eut pas le temps d’en discuter avec lui, l’autre homme revint pour s’excuser platement :

C’est bon, y’a pas d’souci… Fit-elle pour abréger la discussion, loin d’avoir envie de s’éterniser.

Cet homme était un risque pour lui, rester davantage les mettrait encore plus en danger. De ce fait, la brune fut prête à s’en aller, tout simplement, même si les mots de ce dernier la figèrent un instant. Les yeux sombres de Lazarus se relevèrent soudainement vers l’homme, de concert avec ceux de sa sœur :

Et tu sais où elle se trouve, cette planque ? Demanda-t-elle vivement, peut-être même trop sèchement pour qu’il ait envie de lui répondre. Putain, Krolik se résume pas à trois rues qui s’battent en duel, t’es au courant ? Fit-elle sans cacher son agressivité : Et c’est quoi ? Un groupe de soutien, ou ils s’parlent pendant des heures de leur sentiment là-dessus ?

Elle ironisait oui. C’était bien sa seule arme désormais, si on omettait le fait qu’elle était tout à fait capable de lui éclater le crâne sur la carrosserie de sa voiture pour qu’il lui rende le temps qu’il lui faisait perdre.

Et t’es quoi, toi ? Un bobo hyper tolérant qui va pas nous la faire à l’envers ? Elle lâcha un rire nerveux, sans joie : C’est bon, on a pas b’soin de ça… On va se débrouiller, merci pour ça, et merci d’le dire à personne.
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Moran Correll

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Jeu 4 Avr - 16:50

When we shall meet again

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I never thought that I would see the truth. Confusion, seclusion, I am left in an empty room. Open up these wounds, I'm lost in my atrophy. I'm divided by that but I'm all I wanted to be. 

T'as l'impression de gêner, de déranger la réunion précipitée entre cette femme et ce gamin. D'imposer ta présence, alors qu'ils peuvent bien se passer de toi. Tu le sais, tu le ressens. L'empressement est présent dans la voix de la femme, qui te répond plus pour se débarrasser de toi que par politesse ou courtoisie. Tu te mords les lèvres, soupire doucement. Au fond de toi tu le sais, tu vas pas t'éterniser. Mais tu te dois quand même de les prévenir, de leur refiler cette piste. De les aider même, dans le pire des cas, si le besoin s'en fait. Après tout, c'est peut-être la seule solution viable et valable pour le gamin, s'il est bien un émergé. Rester cloîtré dans une baraque quelconque n'allait pas vraiment être le mieux pour lui. Pas forcément plus que le refuge des résistants, mais au moins là-bas, il serait protégé. Aidé, et soutenu, bien plus écouté que par de pseudos alliés masquant un faux intérêt. En un sens, t'espères qu'il va s'en sortir, peu importe ce qu'ils décident de faire pour lui.

Alors tu lui expliques rapidement ce que tu sais, avec bien trop d'empressement que de précaution. Même si t'essayes de faire attention, de rester à ta place pour pas les brusquer. Ta langue est lourde contre son palais tandis que tu t'épanches dans ce flux d'informations. Partageant ce que tu savais, malgré la maigre quantité exploitable de données. Très peu d'utilité en réalité, mais c'était toujours ça de pris. Du moins tu le pensais, avant que la femme ne te questionne, un ton sec au coin des lèvres. Un timbre de voix bien trop brusque en sa gorge et qui te surprend, même si tu comprends. T'as rien à faire là, tu débarques en prétextant savoir quelque chose, en leur promettant une info utile. Et au final, t'en es réduit à te figer sur place, un vide glacial empoignant tes entrailles.

L'acharnement de la femme est si intense que tu te tends. Tes muscles se crispent et tes poings se contractent instinctivement. Respiration bloquée à même ta gorge, brûlant tes poumons sous la pression exercée. L'agressivité teintant la voix de la demoiselle s'écrase à tes tympans, te montrant à quel point t'as dépassé les bornes. Sous couvert d'une bonne âme charitable, t'as eue la prise de conscience tardive. Jamais t'aurais dû t'approcher. T'aurais juste dû te barrer une fois qu'elle est arrivée vers le gamin. Malgré le poids qui te ronge, et l'angoisse qui t'assaille. Malgré les réticences à lâcher l'affaire, parce que cette situation te rappelle bien trop de souvenirs. Ce visage, d'un gamin sauvé il y a à peine une année. Bien trop de similarités pour que tu t'en détournes seulement, en traçant ta route. Sans jamais regarder en arrière.

Je sais bien que ce ne sont que de maigres informations. Ca semblait utile sur l'instant mais plus maintenant. Tu souffles doucement, secouant la tête avec un certain ménagement. Pinçant les lèvres, tu fermes momentanément les yeux alors qu'elle continue à te bercer de sarcasme. Tu soupires silencieusement, longuement, chassant l'embarras et la frustration qui crépite contre ta peau. T'as pas besoin de remontrances maintenant, ni de te laisser aller à t'épancher dans les tourments. T'as déjà tant perdu auparavant. Pas la peine de sombrer plus encore. Non, c'est pas du tout comme ça. Ce n'est pas un organisme à but thérapeutique. Tu expires longuement, avant de te décider à lui expliquer ce qu'Evan a pu te raconter. Ta voix s'abaisse de quelques octets, un ton qui se fait plus discret. De ce que j'ai compris, il s'agit d'un regroupement de rebelles qui sont tous émergés. Ils se font aussi appeler les résistants. Ils se terrent là-bas, quelque part en périphérie du centre-ville. Ce qui en soi est plus logique, éviter de se cacher en un endroit à la vue de tous, bien plus pertinent tout de même. Ils n'y sont certainement pas par plaisir. Mais au moins ils sont entre eux pour se soutenir. Tu soupires tristement, désignant le gamin d'un mouvement du menton. J'suis mal placé pour savoir ce qui est le mieux pour lui, et je m'excuse si c'est l'impression qui ressort de mes paroles. Je voulais juste vous dire que ça existait. Que ça pouvait peut-être servir, si jamais. Et si ce n'est pas le cas, tant pis. Tant qu'il est en sécurité et à l'abri, c'est le plus important. Qu'il soit mis en sûreté, même si cela signifie qu'ils continuent seuls et que tu doives t'en aller pour les laisser. C'est sans doute le mieux à faire pour eux.

Sans vouloir plus les déranger, tu commences à aller pour reculer. Te penchant légèrement en arrière, prêt à te détourner. Mais la voix cinglante de la demoiselle te rappelle à nouveau à l'ordre. Frappant aux portes de ta conscience, cognant les bordures de ton esprit. Les contours de ton être se tendent et tu te crispes brusquement. Te montrant à nouveau à quel point tu as abusé, et que tu aurais dû rester à ta place. Comme un parfait soldat. Chose que tu savais faire jadis. Bien que t'en sois pas un. Ton regard se perd droit devant toi, entre le mur et elle. Bloqué quelque part dans le néant, alors qu'un écho statique résonne en ton esprit. T'as l'impression qu'on gratte ton âme, qu'on l'effleure, comme une présence étrangère. Mais la sensation s'estompe aussi rapidement qu'elle n'est arrivée, ne laissant que des picotements subtils sur son passage. T'es perplexe, tu ouvres la bouche, cherches tes mots. Rien ne sort, rien ne te vient. Seuls tes iris se meuvent dans l'immobilité ambiante. Se portent à nouveau vers les deux qui se tiennent près de la voiture au moment où tu entends la voix du gamin s'élever. Un timbre de voix trop léger, mais qui s'imprègne tout de même dans l'atmosphère. S'épanche en ce peu d'espace entre vous. Il va rien dire Nee'... Ta respiration se bloque à même ta gorge et tu prends un pas de recul, perdu. Les lèvres tremblantes alors que ton souffle se meurt. Il voulait juste aider. Il pensait pas à mal. Un autre pas en arrière, tandis que tu ne peux faire autrement que de scruter la scène se jouant sous tes yeux. T'interromps déjà depuis trop longtemps ce qui s'apparente à des retrouvailles. Et le constater ne fait qu'alourdir le poids en ta gorge enserrée. Déglutissant avec difficulté, te raclant la gorge en même temps. Désolé pour le dérangement. Tu lances un micro-sourire résigné et peiné à ces deux individus. Hochant doucement la tête, en reculant lentement. Te tournant ensuite prestement pour commencer à partir et les laisser entre eux. Les laisser à deux.

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Ven 12 Avr - 16:40
Neena était une louve.

Pour sa meute, lorsqu’elle en avait une, elle était capable de tout et surtout du pire. Mordre à la gorge, saigner jusqu’à la mort, son but était évident. Jusqu’ici solitaire, elle avait eu le temps de se faire à l’idée qu’elle ne pourrait plus compter que sur elle désormais. Elle devrait faire avec son petit frère. Pour lui. Des gestes qu’elle avait accomplis cent fois avant pour sa pomme, qu’elle rendrait cette fois pour un autre avec la hargne de celle qui veut préserver. Si Lazarus pouvait avoir accès à ses pensées, sporadiquement, sur quoi pourrait-il tomber ?

Elle eut peur, l’espace d’une seconde, peur en comprenant que ce qu’elle prenait la peine de verrouiller dans son esprit ne lui serait pas toujours exclusif. Il y avait des gens dehors, plus entraînés, plus violents, plus intéressés qu’elle. Il y en avait, qui, comme Lazarus, pourrait obtenir un laisser-passer express vers son crâne pour lui dérober tout ce qu’elle avait encore pour elle. Des secrets, des doutes, des torts, des sentiments. Son petit frère, la chaire de sa chaire, ne devrait pas devenir comme ça, jamais.

Est-ce que tu peux en obtenir plus, des infos ? Demanda-t-elle avant le départ de l’homme, l’interrompant dans sa fuite.

Elle le fixa, il pouvait bien faire une tête de plus qu’elle, elle se moquait de l’insolence, de l’agressivité, de tout le reste. Ce qui importait, c’était la sécurité de Lazarus, rien d’autre. Il en penserait ce qu’il voulait, en réalité, il n’y avait en elle qu’un pragmatisme d’une violence extrême, comme ce monde dans lequel ils survivaient ; dès lors que le voile était levé, ne restait que les évidences.

En voiture, maintenant. Fit-elle en désignant le siège passager à l’homme. Tu nous suis. Lui ordonna-t-elle.

Il était venu ici en voiture ? Est-ce que c’était son problème ?

Elle ne pouvait pas prendre le risque de le laisser partir pour l’instant. Pas avec des infos dont elle pourrait avoir besoin. L’intérêt était de bien traiter une source, mais elle ne pourrait pas faire montre de patience éternellement. Aussi, elle tenta d’avoir l’air moins crispé, s’avançant vers lui. Si Lazarus disait que ça aller, s’il lui certifiait qu’il ne dirait rien, alors elle ferait un effort inespéré pour ne pas avoir l’air de vouloir le fusiller tout de suite.

Neena. On ne s’est pas presenté. Fit-elle en tendant une main, méfiante certes, mais décidé.
Lazarus, se présenta-t-il d’une voix presque timide. Son nom avait déjà été donné.
T’as un nom ou faut que j’t’en trouve un ? Demanda-t-elle. Elle était douée pour les surnoms, mais pas dit qu’il apprécie ça. D’où tu tiens ces informations, toi ?

Le fait de devoir partir dans l’immédiat tenait toujours, elle comptait mettre de la distance. Mais elle partirait avec lui, quitte à le redéposer plus tard, une fois son frère en sécurité, à l’aéroport.

Tu vas bien ? Demanda-t-elle à ce dernier, avec une mine soucieuse déjà.
J’suis… J’suis juste un peu fatigué… Concéda-t-il.
Ok, bah accroche-toi parce que j’ai pas une conduite douce, avertit-elle en prenant déjà le volant. Bouge-toi, on a pas toute la vie devant nous, lança-t-elle à l’homme.

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Moran Correll

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Ven 17 Mai - 0:09

When we shall meet again

Too much regret made its way into my head and now I only see what the worst of me believes.
I never thought that I would see the truth. Confusion, seclusion, I am left in an empty room. Open up these wounds, I'm lost in my atrophy. I'm divided by that but I'm all I wanted to be. 

Les épaules affaissées, la tête baissée, le regard perdu sur le bitume du parking, tu mets un certain temps à réagir. A comprendre que ton départ précipité est interrompu par une question qui t'es destinée. Tu t'arrêtes précipitamment, te figes sur l'instant, te perds en ce moment suspendu dans le temps. Les mots résonnent à tes tympans, caressent ton esprit, alors qu'un infime espoir semble vibrer dans la tonalité employée. Une percussion que tu as presque oublié depuis un an. Et qui pourtant t'appelle inlassablement. Te rappelle à te souvenir, à te battre, à ne pas lâcher prise pour tes propres rêves. Tes objectifs partis en fumée depuis bien longtemps. Depuis une perte qui n'a fait que s'acharner sur ton être déchiré, et ton cœur brisé. Ton esprit, rongé par le désespoir, s'anime brusquement à l'entente de ces mots. Les volutes opaques se retirent un moment, retournent en cette antre éthérée, alors que l'espoir s'imprègne, et que tu le laisses s'ancrer. Depuis longtemps, t'es plongé dans l'obscurité de tes pensées sombres, entouré par les ténèbres qui envahissent ton âme. Et à présent, une lueur s'abat abstraitement sur toi, un projecteur dirigé sur tes contours crispés. Un éclat lumineux, qui perce le voile opacifié, et qui t'attires vers la toile de la réalité.

Tu te retournes lentement, ton visage se relevant doucement. Iris embrasant le décor épuré du parking sous-terrain. Tu clignes des yeux, ton regard accrochant le visage de la dame qui te fixe presque intensément. T'inspires longuement, déglutissant avec difficulté. Tes lèvres se meuvent alors que ta langue roule sous ton palais. Claquant à l'arrière de la barrière de tes dents. Je pourrai en obtenir d'avantage, en suivant les bonnes pistes, oui. Tu ne lui mens pas. De ça, tu en es certain. Tu sais que tu peux trouver des informations supplémentaires en parlant aux bonnes personnes, ou en étudiant les données spécifiques pouvant mener à la rébellion. Suivre le fil, intégrer un réseau pour remonter à la source, le territoire des résistants. Ces choses font partie du travail, tu connais les ficelles du métier, t'as plus qu'à t'y mettre. A peine l'image en tête, tu as déjà tes pensées qui défilent en ton esprit. Tes méninges vrombissant presque en une cacophonie indiscernable par autrui. Tu envisages déjà d'aller te renseigner en appelant des contacts une fois rentré, de fouiller des dossiers au poste directement le lendemain. T'es déjà tout prêt, paré.

Mais t'es interrompu brusquement, alors que la voix de la femme résonne à nouveau. T'appelant à te joindre à eux. T'ordonnant même, de déposer ton séant dans sa voiture, pour les suivre jusqu'à une destination inconnue. Tu bugues légèrement, clignes des yeux. T'es légèrement perturbé par la vivacité dont elle fait preuve. Mais du peu que tu as pu voir d'elle, tu imagines sans mal que cela doit être normal. Alors tu pinces les lèvres, te redressant d'un coup avant de jeter un regard vers le gamin qui l'accompagne. Sa posture est loin d'être détendue et tu penses bien qu'il voudrait être ailleurs qu'ici en cet instant. C'est sans doute pour le mieux après tout, que vous partez sans laisser de traces. T'es sur le point d'accepter, entamant les prémices d'un hochement de tête, pour le bien de tout le monde. Mais t'as à peine le temps de relever la tête, que la dame se présente à toi, t'offrant son prénom, ou du moins un alias si jamais elle est plus précautionneuse. L'un dans l'autre, tu le retiens et te conformes à la nommer ainsi, pour faciliter vos échanges. Le gamin se présente lui aussi, au moment où tu tends la main, prenant celle de Neena pour la serrer doucement. T'insistes pas plus longtemps, la retirant au moment où elle te demande le tiens d'une manière assez particulière. Pas la peine. Moi, c'est Moran.

Tu te présentes avec une certaine douceur, pour ne pas les brusquer. Et esquisses un léger sourire du coin des lèvres pour rassurer Neena et Lazarus. Avant de te racler la gorge, ta voix légèrement plus basse qu'à l'accoutumée, pour répondre à la question qui t'a été posée. D'une source sûre, en qui j'ai une totale confiance. C'est tout ce qui importe pour l'instant. Tu restes évasif, t'as pas vraiment le cœur ni l'envie de lui raconter que tu tiens ces données d'Evan. Tu préfères occulter tes souvenirs de lui pour le moment, pour ne pas succomber à nouveau à une humeur des plus sombres. Tu tiens pas particulièrement à tirer la gueule brusquement, ou à chouiner d'un coup devant Neena, surtout quand il y a quelque chose de plus important en jeu. La sécurité d'un gamin, au détriment du reste. Tu inspires longuement, prenant sur toi pour te recomposer un visage imprégné de neutralité. Tu espères qu'elle ne va pas pousser la question ou chercher à voir plus loin que ce que tu ne veux partager. Si tu lui en parles, cela se fera en tes termes. C'est le moins que tu puisses envisager en retour. Neena a l'air de comprendre que tu n'en diras pas plus mais tu imagines bien que le sujet va revenir sur le tapis à un moment donné. Sans doute durant un instant où elle sera seule avec toi, sans oreilles indiscrètes alentour pour espionner tes dires ou analyser tes propos.

Neena se détourne vers Lazarus, et toi t'en profite pour sortir ton téléphone de la poche. T'essaies de capter un peu de réseau, mais la position du parking en sous-sol t'empêche d'accéder à internet. Tu pinces les lèvres, te les mordillant doucement en relevant le regard vers les deux que tu vas accompagner. Le gamin est fatigué et cela t'arrache un faible sourire. Tu le connais à peine, en fait, tu le connais même pas vraiment. Tu viens juste de le rencontrer et pourtant t'as cet espoir qu'il puisse être apaisé et se reposer, sans qu'il ne soit embêté par les vautours de l'Île, ou la Garde Rouge. Ce gamin mérite pas de se faire pourchasser ou enfermer, comme beaucoup d'autres l'ont été avant lui. Tu grimaces en pensant à cela, les images revenant s'imprimer en ton esprit. Tu les chasses pourtant, en secouant la tête, et en rangeant ton portable dans ta poche lorsque Neena t'interpelle encore une fois. T'intimant de te bouger et de la suivre. En une impulsion, tu grimpes dans sa voiture, sans te poser la moindre question. Ce n'est qu'une fois installé sur le siège et attaché, que tu te rends compte de ce que tu es en train de faire. Suivre une inconnue dont tu connais seulement le prénom, vers les tréfonds d'une Île au bord de la guerre civile. Et quelque part, cela te fait te sentir vivant, autant que cela te glace le sang. L'adrénaline pulsant en tes veines gonflées, le sang cognant à tes tempes, tandis que ton corps se tend en cette appréhension. Cette attente du déroulement de la situation, d'un dénouement qui va bouleverser le reste des concessions. La soirée, en cette instant, ne fait que réellement commencer.

Tu nous emmènes où exactement ? Tu la questionnes avec intérêt, alors qu'elle quitte le parking en trombe après avoir fait avaler le ticket à la machine. Tu t'accroches au siège, tes yeux focalisés sur la route, sans pour autant refréner ton envie de reprendre ton portable pour commencer à chercher des informations. Si t'as l'adresse d'une planque ça pourrait être utile, le temps qu'on trouve des informations supplémentaires sur les résistants. T'essayes de pas être trop pressant en lui disant cela. Tu partages juste la tactique que tu emploies en général lorsque t'es sur le terrain. Ce n'est qu'une mesure de sécurité en somme. Comme un quartier général, un point tactique à respecter. Rien qui ne sorte de l'ordinaire. Neena pense peut-être comme toi sur cet aspect-là. Ou peut-être pas, tu n'en sais rien. T'es sur le point d'enchaîner mais la vitesse à laquelle la conductrice s'adonne te fais presque lâcher ton portable. Et tu grinces des dents lorsqu'elle prend un tournant plutôt sec à ton goût. Par contre si tu veux aller directement à Krölik ça serait pas vraiment le moment. Je pense pas qu'on trouvera quoique ce soit là-bas, cette nuit du moins. Se rendre à Krölik directement sans renforts ou sans données plus pertinentes relève d'une incompétence sans précédent. Mais parfois, en de rares cas, faire preuve d'inconscience ou d'arrogance envers le hasard peut encenser un karma des plus favorables en sa propre direction. Après tout, peu importe où vous allez vous rendre, tu sais d'avance que tes recherches vont devoir commencer prochainement. Peut-être bien plus tôt que prévu. Peut-être même dès maintenant.

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Jeu 27 Juin - 12:47

On va pas chez toi ? S’enquit Lazarus de sa petite voix étonnée, essayant bon gré mal gré de savoir ce que tout ça signifiait.

Que pouvait-elle lui dire ? Je ne prendrais pas le risque qu’on nous suive jusqu’à un endroit qui devrait être ton abri. Elle n’avait pas besoin de lire dans sa tête pour comprendre son étonnement. Pour essayer de saisir ce que sa sœur était devenue. Tous deux avaient changés. Et tous deux étaient devenus dangereux. Neena pinça les lèvres, tentant de rassembler sa contenance et ses esprits :

Peut-être une prochaine fois… Souffla-t-elle à son frère, qui ne rajouta rien. La route ne serait pas longue, mais elle prendrait des détours exprès. Comme le disait Moran, se rendre immédiatement à Krolik n’aurait aucun intérêt, il fallait plus d’informations, plus de précisions, plus de tout finalement. Je te donnerais l’adresse en arrivant, et je vérifierais ton portable.

Avait-il le choix ? Non.

___________________


Et elle avait été obligé de lui faire confiance. Ça n’était pas vraiment ça, mais il y avait de l’amélioration entre eux, et tous deux pouvaient voir qu’ils parvenaient à fonctionner correctement l’un avec l’autre. Le métier de Moran lui permettait d’obtenir des informations précieuses, celui de Neena de les mettre à l’épreuve. Hydra avait une belle source de données, pas toujours exploitables ni compréhensibles, mais pertinentes tout de même.

Ceci étant, tout son intérêt restait sur son petit frère, qui prenait doucement ses marques. Moran avait obtenu l’adresse de la planque, dans laquelle il revenait de lui-même, sans qu’elle n’ait besoin de l’appeler. Le pire dans tout ça, fut que sa loyauté dépassait tout de même la fouille minutieuse de son portable qu’elle avait faite. Ordinateur en main, la brune se tourna vers Moran, et lui montra une photo de Lorna Lensherr.

Qu’est-ce que tu penses d’elle ? S’enquit-elle. Elle peut avoir des infos, non ? Demanda-t-elle soudainement.

Sur l’instant, Neena n’en savait rien, mais sa rencontre avec Lorna, expéditive mais efficace, lui permettrait d’obtenir finalement ce qu’elle cherchait. Elle voyait juste. Sauf que le temps n’en était pas là, qu’il passait effroyablement lentement, qu’il devenait difficile de garder patience. C’était pourtant son métier, ce qui la mettait à rude épreuve, mais ce qui lui permettait de réussir aussi, finalement.

Pourquoi tu fais tout ça ? Demanda-t-elle de but en blanc, en scrutant le regard de Moran. Il était tard, minuit passé. Ils se trouvaient tous les deux autour d’une table, dans un appartement si impersonnel que ça en était dérangeant. Pourtant, ni lui ni elle ne faisaient l’effort de le changer. Lazarus, lui, dormait dans sa chambre à poings fermés. Finalement en sécurité : La majorité des gens de notre genre, avec nos capacités, sont plutôt à traquer les gens de son genre. Pour les mettre… Hors d’état de nuire peut-être, va savoir ce qu’on veut vraiment en faire.

Elle commençait à peine à comprendre le bénéfice qu’Hydra en tirait. Il n’était pas question que son frère tombe entre les mains de ces gens.

Alors je veux comprendre. Fit-elle, un brin comme une exigence. Raconte-moi.
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Moran Correll

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Mer 31 Juil - 17:43

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Tu sembles avoir fait tes preuves auprès de Neena. La fouille complète de ton portable, qui n'a rien donné parce que tu n'as rien à cacher, l'a sans doute rassurée sur tes intentions. Ou du moins ta sincérité. Elle n'a plus l'air de vouloir te menacer ou de t'éclater la tronche contre la carrosserie de sa bagnole. La planque au cœur de laquelle elle vous a emmenés, elle t'a suffisamment fait confiance pour te laisser entrer. Tu as pu en avoir accès ainsi qu'à l'adresse si précieusement gardée. Ton regard s'est attardé sur les recoins épurés, afin d'analyser ce nouvel environnement. Tu y as passé quelques minutes cette nuit-là, et des heures les autres fois. Afin que tu puisses prendre tes marques et t'y habituer. Et aussi pour voir comment Lazarus s'y sent au fil du temps. Tu retournes à la planque de plus en plus souvent, sans même attendre un seul appel de la part de cette nouvelle partenaire. Cette alliée qui a le même objectif que toi, et qui s'est retrouvée sur ta route par un hasard infortuné. A moins que ce ne soit toi qui te sois retrouvé sur la sienne, sur un instant destiné.

Tu n'as pas eu trop l'occasion d'y réfléchir, ou de penser plus longuement à cette situation. Tout ce qui t'importe c'est de pouvoir regagner un contact avec les résistants afin d'aider à la fois les rebelles, mais aussi par la même, Neena et son petit frère émergé. Celui-ci se repose en ce moment même dans l'une des chambres à côté. Alors que vous ne cessez de vous plonger plus encore dans vos recherches loin d'être désespérées. La détermination embrase ton regard, pourtant bien fatigué par l'heure tardive. Minuit passées. Selon l'horloge accrochée au mur. Tes traits étirés témoignant bien de tes heures de sommeil manquantes, et de cette longue journée où tu n'as eu aucun répit. Aucune pause, depuis que tu es parti du poste, et que tu es arrivé ici. Acharné, jusque dans ces activités qui ne sont pas payées. Mais qui apportent pourtant beaucoup. D'informations, et de données. Leur utilité pas toujours perçue au premier abord, mais bien gardées à proximité. Sait-on jamais.

Tu relèves le visage vers Neena lorsque tu l'entends demander ton avis. Son ordinateur légèrement tourné en ta direction, pour que tu puisses discerner ce qu'elle veut te montrer. Tu dardes tes iris sur l'écran en délaissant le tas de documents imprimés que tu lisais encore juste avant. Te concentrant sur l'image ainsi affichée pour découvrir une photographie d'une des héritières. Lorna Lehnsherr. Sourcils froncés et paupières plissées, tu entrouvres les lèvres et penches la tête sur le côté. Indécis quant à ce que Neena cherche à savoir, à apprendre d'elle. Tu t'apprêtes à lui poser la question, lorsque la brune enchaîne pour expliciter sa demande. Reconsidérant le questionnement, tu soupires distraitement en pinçant les lèvres, soucieux. Une réflexion qui s'étend en ton esprit saturé par toutes les recherches déjà effectuées. L'une de tes mains passe sur ton menton, frottant ta courte barbe que tu n'as pu entretenir et encore moins raser depuis plusieurs jours. Tu expires avec empressement, un certain intérêt dans ta voix lorsqu'enfin tu réponds. On dirait Lorna Lehnsherr. Curieux, tu laisses glisser ton regard sur le visage de Neena qui a l'air aussi perplexe que toi en l'instant. C'est la plus jeune de la dynastie, si je me souviens bien. Une pause, alors que tu analyses les possibilités qu'elle puisse avoir des informations sur la Résistance, ou du moins contre la Garde Rouge. Tu n'es pas encore réellement au courant de ses faits, et ne peux donc prendre assez de recul pour juger si c'est une bonne idée de la rencontrer. Honnêtement je n'en sais rien. Mais vu son appartenance, je pense que si elle n'a pas d'infos concernant la Résistance, elle pourrait par contre en avoir sur ceux qui cherchent à les coincer. Des renseignements utiles sur la Garde Rouge, qui pourraient nous permettre de les éviter, au moins, si ce n'est pas plus. Tu déballes tes pensées sans toujours savoir si c'est la meilleure piste à suivre. Mais c'est pas dit qu'elle accepte de parler et de tout dévoiler. Mais bon, dans le doute.

Inspirant longuement, tu te détournes pour te reconcentrer sur les documents que tu as ramenés. Scrutant les divers clichés pris depuis les hauteurs, des paysages de Krölik que tu as dégotés dans la base de données du commissariat. Ce ne sont pas les mêmes que ceux gardés en mairie mais ils sont relativement précis pour ce que tu veux en faire. Tu cherches à pouvoir indiquer sur une carte de la zone, les différents points de repères qui peuvent vous aider à localiser la planque des émergés. Scrutant les photographies en essayant de discerner ça et là, quelques recoins qui auraient pu servir de bivouacs ou faire office d'abris. C'est un travail de longue haleine, que de tout analyser. Mais tu t'y fais, parce que tu penses que ça va finir par payer. Tu y mets d'ailleurs tellement d'attention, que tu remarques à peine le temps défiler, et ne captes qu'à la dernière seconde, quand Neena se met à te parler. Ou plutôt, te questionner, sur ton intérêt dans toute cette situation. Sur la raison qui t'a poussé à te tourner en cette direction. Ses propos loin de sembler à des divagations sont d'autant plus véridiques et troublants, que tu réprimes un frisson en y pensant. Tiraillé et déchiré par l'idée que des émergés puissent être ainsi utilisés, rien que pour nuire à autrui, et à ceux qui sont comme eux. Comme Lazarus, et Neena. Comme toi. Comme Evan. Un poids enserre ta gorge et tu as des difficultés à déglutir, à ravaler ta salive sur l'instant. Ton organe vital, empoigné par des griffes glacées, au souvenir de ce qui t'a permis de parvenir jusqu'ici. En te remémorant le visage de l'être aimé et de ce qui lui est arrivé, tu esquisses un sourire peiné, ton regard se voilant quelque peu de perles salées. Embrumé et légèrement terni, alors que tu prends le temps de lui expliquer. De te dévoiler, à cette femme qui a ta confiance absolue, et qui te la rends également. Instinctivement. Naturellement. Comme si vous étiez des amis qui se sont recroisés. Des connaissances de longue date. Des complices perdus de vue, s'étant retrouvés.

Ça peut sembler absurde, mais au départ, je n'avais pas réellement d'intérêt pour les émergés. Et encore moins les résistants. Tu commences, en te calant plus confortablement sur cette chaise. Tes doigts pianotant sur la table un instant. Je n'étais clairement pas assez renseigné sur le sujet. Je ne savais pas ce qui leur arrivait. Seulement qu'ils se faisaient embarquer par la Gestapo de Magnus. Tu soupires tristement en y repensant. Te disant que peut-être, tu aurais pu déjà aider auparavant. Si tu avais eu les connaissances nécessaires à cette époque révolue. En soi, je faisais ma vie, sans m'en préoccuper. Jusqu'au jour où j'ai découvert qu'une personne qui m'est chère, s'est avérée être lui aussi un émergé. Tu pinces les lèvres pour éviter qu'elles ne se mettent à trembler. Tu peux sentir un crépitement glacial s'épancher en tes entrailles, aux souvenirs remontés. Il était la personne la plus proche de qui j'ai jamais été. La seule relation la plus sincère et intime qui ait pu exister. Passant ta langue sur tes lèvres tu te racles la gorge avant de te redresser quelque peu. Ancrant ton regard dans celui de Neena, croisant les poignets sur la table, liant tes mains. Il a... utilisé ses pouvoirs devant moi. Sans le vouloir et sans le réaliser. Je l'ai vu, avec son bras devenu d'un blanc opaque à t'en brûler la rétine. A t'en cramer les yeux. Un ricanement nostalgique caresse le bout de ta langue. Cette époque te manque presque. Ça a été un choc. Autant pour lui que pour moi. Mais dans le fond, ça n'avait pas d'importance. Et avec le temps, j'ai réalisé que ça ne changeait rien à ce qu'il se passait. Qu'on s'évitait pour rien.

Tu souffles distraitement en évitant le regard de Neena, te perdant dans les limbes abyssales de tes souvenirs. Alors un soir je suis allé le voir chez lui, pour mettre les choses au clair, et lui expliquer que je m'en foutais. Que le fait qu'il soit un émergé ne changerait pas ma vision de lui. Que je l'... l'aimais... Tu ne peux terminer tant ta gorge s'enserre sous le poids des regrets, et des remords combinés. Inspirant un bon coup, après une légère pause silencieuse, tu reprends avec amertume. Bref, ça s'est arrangé. Et on a gardé cet incident entre nous. Tel un secret qu'on partageait. Tout allait pour le mieux, durant un bon moment. C'était quasiment redevenu comme avant. Hochant la tête à tes dires, comme pour approuver ton propre souvenir, tes ressentis passés. Evan a pris un peu plus confiance également, au fil du temps et a rencontré des gens comme lui. Il a connu la Résistance, celle-la même qu'on cherche en ce moment. Il m'en a parlé quelque peu. De brèves informations, juste le strict nécessaire, pour que je sois tenu au courant. Parce que ça m'intéressait également. Mais il n'y avait aucun noms. Jamais de noms. Avec un soupir, tu te renfonces dans ton siège de fortune, scrutant le plafond. Décroisant les mains, un bras désormais contre ta jambe, l'autre passé derrière le dossier de la chaise. C'était au cas-où il lui arriverait quelque chose, en dehors de son métier. Un ricanement amer, dépité, alors que ta voix se fanait presque. Au final, c'est son métier qui a eu raison de lui. Il a sauvé un gamin de l'emprise d'un teneur d'otage. Et ce même gosse, était lui aussi un émergé. Alors Evan lui a montré qu'il n'était pas seul. Qu'il y avait des gens comme eux, et qu'il n'avait pas à avoir peur. Un sourire triste orne tes lèvres un court moment, la nostalgie s'imprimant au creux de tes iris. On a fait équipe avec un groupe de Gardes Rouge ce jour-là. Il s'est fait capter par l'un d'eux, qui l'a vu émerger en arrivant sur les lieux. Ce... Cet enfoiré lui a tiré dessus, et Evan a utilisé ses capacités pour se protéger. Ça a tué le garde sur le coup, mais lui...

Le chagrin et la peine s'emmêlent en un poids trop lourd à porter, pesant sur tes épaules affaissées, et comprimant ta gorge déjà enserrée. Il s'est pris une balle dans la tête, et est tombé dans le coma. Il a été transporté à un hôpital en dehors de Genosha et je n'ai plus jamais eu de nouvelles de lui. Je ne sais même pas s'il a survécu ou s'il est mort. Un silence pensant et lourd de sens s'étend dans la pièce, refroidie quelque peu, par l'ambiance créée suite à tes aveux confessés. Depuis lors, j'essaye d'aider les émergés comme je le peux, pour reprendre le flambeau, et honorer tout ce qu'il a pu faire pour eux. Malgré l'atmosphère alourdie, tu te permets d'esquisser un léger sourire, un simple pli, en replongeant ton regard dans celui de ton alliée. Je pensais que je faisais tout ça pour lui. Pour me souvenir de qui il était, pour ne pas oublier tout le bien qu'il a fait. Mais j'ai ouvert les yeux et découvert que je le faisais pour moi, également. Tu secoues ta main devant toi, comme pour stopper un enchaînement de pensées. Je cherche pas de reconnaissance ou autre. Je le fais pas pour être remercié ou être bien vu. Je le fais parce que je pense que c'est la meilleure chose à faire. Et parce que les résistants tentent de survivre dans un monde qui ne veut que leur nuire. Alors qu'ils méritent tout autant que nous et que les autres, de vivre. Tu termines ta tirade en posant ta main sur la table, doucement. Faisant claquer ta langue contre ton palais par après pour marquer le temps de silence. Soufflant lourdement pour te remettre d'aplomb. Réordonnant tes pensées, et te recomposant un air plus approprié. Mais la curiosité titille tout de même ton esprit, et tu ne peux réprimer la question qui t'échappe juste après. Ton intérêt, piqué au vif. Et toi du coup ? En dehors de Lazarus, c'est quoi ton histoire ?

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Sam 28 Sep - 11:40
Elle-même. Répondit Neena avec assurance, en posant un regard amusé sur son voisin.

Moran soulevait un point cependant : rien ne disait qu’elle parlerait. Et avec la garde personnelle des Lehnsherr dans le lot, leur petite gestapo maison, ça allait s’avérer plus compliqué. Mais elle ne se formalisait pas de ça. Approcher des gens compliqués à approcher, c’était son métier, elle en faisait son affaire. Et la Garde Rouge, elle avait eu l’habitude de s’y confronter, c’était sans parler de Shield et de sa relation particulière avec l’un de ses meneurs.

Il n’y a pas que la Garde Rouge qui en a après eux, c’est une course avec Hydra désormais. La brune pouvait aisément affirmer ça quant à sa position privilégier dans l’organisation.

Est-ce que ça faisait d’elle aujourd’hui un agent double ? Difficile de statuer pour l’instant, mais elle savait que son développement allait la mener dans une direction bien différente d’aujourd’hui. Peut-être pourrait-elle mettre un terme à des années dissolues qui ne lui ressemblaient pas.

Je m’occupe de ce point, en espérant ne pas avoir besoin de la kidnapper pour ça ou de la torturer. Elle haussa les épaules, relevant un regard vers Moran. Devant l’air troublé de ce dernier, elle esquissa un sourire : Me regarde pas comme ça, je plaisante.

Elle se montrait moqueuse, taquine. C’était suffisamment rare pour être noté. D’ordinaire, Neena était surtout sèche, ou mesquine, à faire en sorte de piquer pour faire mal. Elle n’avait jamais pu voir l’humour comme autre chose qu’une attaque personnelle qui méritait son retour. De fait, ne pas s’en prendre verbalement à Moran, c’était un effort qu’elle faisait, incroyable.

Alors, elle l’écouta simplement lui expliquer ses raisons ; l’histoire n’était pas banale, et elle s’en imprégna. Elle ne pouvait pas s’imaginer cet Evan dont il parlait, mais la relation qu’il décrivait avec ce quelque chose d’universel qu’ils avaient tous connu d’une manière ou d’une autre. Une faille, dans les faits. Evan avait été la faille de Moran, une faille qu’il chérissait avec patience et amour. Une faille dans laquelle on s’était engouffré finalement pour en faire une plaie béante. Neena ne quitta pas l’homme du regard, le scrutant avec attention, comme si elle lisait en lui.

Lorsqu’il se tut, elle le fixait toujours.

Désolée pour Evan. Articula-t-elle.

C’était de bon ton de le dire. Ça l’avait fait souffrir. Du reste, Moran lui expliqua qu’aujourd’hui, il prêtait son aide pas seulement parce qu’il le devait à son amant, mais parce qu’il pensait que c’était la meilleure chose à faire. Pouvait-elle être d’accord avec lui ? Son état d’esprit n’en était pas là. Tout était personnel, dans son cas. Elle se fichait de savoir ce qui était bon pour le commun des mortels. Elle faisait ce qui était nécessaire pour son frère.

Hm… Le retour de question, donc. Elle pinça les lèvres. Avait-elle besoin de tout dire ? J’étais pas promis à cette vie. Du tout.

Dissolue, criminelle.

Je vivais sur le continent avec ma famille, j’étais danseuse étoile. J’ai rencontré mon mari… Mon ex-mari, et j’en suis tombée folle amoureuse. Aujourd’hui, j’suis surtout persuadée qu’il a fait en sorte que j’dépende de lui. Est-ce que ça avait été de l’amour ? Elle n’en était plus persuadée. Lorsque c’était à sens unique, pouvait-on vraiment en parler en ce terme ? Ce qu’il faut savoir, c’est que quand tu fais parti d’une troupe nationale, ou d’un ballet national, tu rencontres des gens très importants. Des pontes, des ministres, des présidents… C’est une… Une porte ouverte vers l’information.

Ils savaient, l’un comme l’autre vu leur situation respective, que le savoir était à l’évidence le pouvoir. Et son époux l’avait très bien compris.

Mon ex était un agent secret. Et il m’a entrainé dans son merdier sans me demander mon avis. Une chose en amenant une autre, j’ai fini par être découverte, et il m’a « mise à l’abri » comme il se plait à me le rappeler aujourd’hui. Un soupir méprisant lui échappa. Je suis devenue quelqu’un d’autre dont je ne suis pas très fière. J’ai fait des choses dont je ne suis pas très fière. Elle haussa les épaules. Mais la fierté n’a pas sa place dans mon « travail ». Ce n’est qu’un biais pour échouer. L’égo, la considération, tout ça. Rien ne peut être personnel.

Ses yeux clairs tournèrent vers la chambre où dormait son cadet :

Sauf quand il s’agit de mon frère. C’est le seul pour qui ça a de l’importance. Un sourire prit place sur ses lèvres : Et pour l’anecdote, mon seul véritable plaisir aujourd’hui est de porter mon alliance en collier pour faire croire à tout le monde que mon ex est mort. Un jour, ça sera la vérité.

Et elle le ferait de ses propres mains. Puisqu’on lui avait appris à tuer, elle se servirait de ce savoir sur celui qui l’avait entrainé.

J’me dis que ça doit te faire chier d’avoir les gardes dans tes pattes, surtout pour faire un travail qui ne devrait pas leur revenir. La dynastie Magnus tape sur le système de beaucoup d’gens, pas vrai ? Changement de sujet brutal, n’est-ce pas ? Mais qu’importait. Neena n’en était plus à une surprise près.
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Moran Correll

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Dim 8 Déc - 1:20

When we shall meet again

Too much regret made its way into my head and now I only see what the worst of me believes.
I never thought that I would see the truth. Confusion, seclusion, I am left in an empty room. Open up these wounds, I'm lost in my atrophy. I'm divided by that but I'm all I wanted to be.


Le silence imprègne l’atmosphère un court instant, alors que Neena t’offre une sorte de consolation. Un pardon qu’elle laisse glisser à ta seule attention. Pour l’être aimé que tu as perdu depuis bien quelques moments maintenant. Trop longtemps pour ton cœur, qui se meurt sans lui à tes côtés. Tu ne peux t’empêcher de penser au pire, d’imaginer qu’il s’agit de condoléances, plus que de soutien inespéré. Tu ne préfères pas pousser plus que cela la réflexion quand à la sincérité. Tu sais qu’elle peut déchiffrer ta détresse, ta tristesse. C’est suffisant pour l’instant. Alors tu hoches la tête, prenant en compte ce qu’elle vient de partager.

Un léger soupir glisse sur tes lèvres tandis que tu te cales un peu plus confortablement sur ta chaise. Laisse tes mots se réverbérer à mesure que tu racontes ta vérité. Celle qui marque ta vie à chaque seconde passée. Celle qui désormais rythme ton existence et tes pas saccadés. Tu n’as pu sauver Evan, mais quelque part, tu as pu te sauver toi-même. Mais également la vie de quelques résistants, en prenant leur parti, en voulant t’allier à leur camp. Tu peux pas cracher sur les petites victoires, même si la guerre n’est pas terminée et est loin d’être gagnée.

Neena entame son propre récit à la suite de ta demande quelque peu teintée par la curiosité. Tu n’as pas posé la question au hasard, loin de là. Par formalité quelque part, pour oublier le chagrin qui te ronge encore, de l’autre. Mais aussi parce que tu aimerais pouvoir savoir ce qui l’a poussée à se ranger de ce côté. Connaître un peu sa vie, avant d’en arriver ici. Après tout, tu t’es confié, et tu penses qu’elle en ferait de même, si elle en a l’envie. Si elle ne s’y sent pas forcée. Tu vas pour lui dire qu’elle n’a pas à se dévoiler si elle ne le souhaite point. Tu as bien le souvenir de ses réactions lors de votre première rencontre. La manière dont elle s’est braquée, s’est méfiée, au point de presque cracher sa haine sur toi. Tu ne lui en veux pas. Au contraire, tu peux même comprendre pourquoi elle a fait ça. Pourquoi elle aurait très bien pu ne pas t’adresser la parole et juste te laisser là. Vous laissant en froid, creusant la distance. Sans que plus jamais vous ne vous retrouviez. Sans même que votre duo infortuné ne prenne forme et ne voit le jour.

Mais elle n’en démord pas, ne semble pas se laisser abattre ou rebuter par ta question audacieuse. Elle ne s’est même pas braquée cette fois. Elle se confie, sur un pan de sa vie. Sur des aspects qu’elle a sans doute dû garder secrets. Des choses qui ne sont que rarement partagées. Et à mesure qu’elle conte ses aventures, ou plutôt ses mésaventures avec son ex-mari, tu ne peux t’empêcher de compatir. Ah l’enflure. De réaliser que parfois ce n’est pas que la vie qui est dure avec autrui. Que les êtres humains sont tout autant capables de nuire à une personne censée être chérie. Tu l’as bien constaté, dans ton métier. Avec tout ce que tu as pu voir passer, ça ne t’étonne qu’à peine. Mais t’as quand même la haine d’apprendre tout ça, que des individus s’en prennent sciemment à leurs proches pour les manipuler. Tu n’en dis rien mais t’en penses pas moins. Tu ne coupes pas Neena alors qu’elle passe aux aveux. Tu imagines sans mal qu’elle a plus de haine à revendre contre lui. Et à la manière dont elle parle de son alliance accrochée au cou, la symbolique qu’elle y attribue, et la véracité qu’elle y apporte, tu n’en as plus aucun doute désormais. Tu sais que c’en est terminé pour lui, et que c’est sûrement mieux ainsi.

En dehors de cela, tu te reconnais quelque peu dans ses paroles. Notamment sur la fierté, sur le fait d’être devenu quelqu’un d’autre. Façonnés tous deux par la vie menée, et ceux qui en ont fait partie. Il est vrai qu’avec ta ligne de métier, il est difficile de ne pas rester stoïque. T’es obligé de t’endurcir si tu veux t’en sortir. Parfois ça passe, parfois ça casse. Tu hoches seulement la tête en inspirant doucement. Signe simpliste mais bien présent, montrant que tu comprends ce qu’elle a pu ressentir et traverser. T’as pas vraiment eu le même parcours mais ça au moins tu sais ce que c’est. Alors tu t’en contentes pour l’instant, parce que c’est tout ce qui compte maintenant. Ça et la raison principale pour laquelle elle s’est lancée dans une quête de réponses avec toi. Lazarus, qui se repose dans la pièce d’à côté. Tu esquisses un léger sourire en y repensant. Les liens de la famille sont sacrés pour certains. Et les leurs rendent leur petit comité encore plus fortifié. Leurs recherches bien plus authentiques et légitimes, désormais. Et malgré l’amertume qui embaume contre ton palais, tu ne peux t’empêcher d’être tout de même quelque part, satisfait. Reconnaissant de l’avoir croisée, pour en être finalement arrivés à cette sorte d’entraide. C’était carrément parti du mauvais pied mais à présent que l’entente règne, tu ne peux songer à une autre manière de procéder. Tu ne parviens pas à envisager de faire ça autrement qu’avec elle. Qu’avec eux deux. Vous en avez bavés tous les trois, maintenant c’est comme si vous vouliez barrer la route au destin. Vous étiez trouvés sur le même chemin, pour un plus grand dessein.

Neena coupe le silence et tranche en plein milieu pour changer de sujet. Sa remarque sur la Garde Rouge a le don de te faire ricaner. L’ambiance s’allégeant quelque peu par après. Passant ta langue sur tes lèvres, tu secoues doucement la tête, avant de t’exprimer. Oh, t’as pas idée. Un rire imprègne l’atmosphère, alors que tu te redresses sur ta chaise. Croisant tes deux bras contre ton torse, te penchant en avant. Les coudes sur la table, tu finis par ancrer tes iris dans ceux de Neena. Un éclat déterminé y brillant soudainement. Non seulement la milice du dictateur va empiéter sur nos platebandes alors qu’on est en droit d’exercer ce que l’on fait. Mais en plus elle s’attaque aux mauvaises personnes en s’en prenant directement à nous et à la population. Le bordel. Tu mordilles tes lèvres, contemples la réflexion qui se fait en ton esprit. Le problème c’est que la Garde Rouge va toujours se croire tout permis. Tant que Magnus est au pouvoir et que sa Gestapo n’est pas dissoute, elle va continuer d’instiguer la peur et la crainte plus qu’autre chose. Tu prends une pause, dénoues tes bras. Ton index se posant sur la table, comme si tu conspirais. Les chiens en rouge qui grognent sous ses ordres sont la réelle menace. Magnus en est une également, mais s’il est privé de son armée, même momentanément ça le bloquera déjà certainement. Tu pousses un soupir en t’adossant à nouveau contre ta chaise, t’y reculant presque jusqu’à buter contre la surface. J’espère que t’auras de la chance avec Lehnsherr. Parce que j’ai pas trop envie d’aller me frotter à Hydra pour avoir des réponses. Et encore moins quémander à la Garde Rouge pour les infos dont on manque cruellement. Même si ce n’est pas l’envie qui te manque d’aller te venger des agents présents ce jour fatidique, cela ne va déjà aucunement vous aider, et nullement vous rapprocher de votre objectif. Mais t’as bien quelques pistes à remonter, le temps que ton alliée s’occupe de vérifier la sienne. Avec un peu de chance, vos sources vont se recroiser et enfin vous permettre d’avancer.

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