And we shall meet again

And we shall meet againLa buée trahissant ton souffle, tu passes une main gantée sur ton visage. Telle une vérification finale avant de procéder à l’action, tu t’assures bêtement que ton masque couvre bien tes traits. Quand bien même ton costume ne tardera pas à trahir ton identité, ou même simplement le son de ta voix. Après tout, tu ne coures pas après n’importe quelle cible, le concerné te connaissant mieux que personne, peut-être mieux que toi-même. Mais tout de même, c’est une sensation assez unique, que de revêtir cet uniforme. De te l’approprier, sans aucune pitié, d’en faire part de ton identité. Il ne t’appartient pas, à l’origine. Tu l’as volé, sans une once de regret. Tu as obligé son prédécesseur à te former, afin que tu puisses porter dignement les habits et surtout accomplir ta vendetta avec tout le talent et la détermination dont tu puisses hériter. Mais bien que tu n’aies aucun scrupule à t’afficher dans cet uniforme, l’impression de mysticisme domine. Parce que c’est probablement la première fois que tu comptes t’annoncer, faire part de ta renaissance, publiquement parlant. T’as déjà envoyé des premiers avertissements, t’as déjà pris le temps de prévenir l’autre de ton futur débarquement. Mais cette fois-là, c’est différent. Parce qu’aujourd’hui, tu comptes accomplir ta tâche jusqu’au bout. Faire payer à l’ennemi toute la douleur que tu as pu rencontrer. Lui envoyer en pleine face toute la haine que tu peux maintenant recracher. Devenir, enfin et pour toujours, le Trickshot que personne n’a jamais su être auparavant. Tu seras plus qu’un successeur d’un mentor oublié, qu’un rival d’un archer méprisé. Tu seras l’unique, le seul à la hauteur. Celui qui a toujours opéré depuis le début, mais que le monde entier a préféré ignorer. Alors oui, tu vas prendre le temps de remémorer ton existence à l’Univers, à cette planète aux gens ingrats, à ces héros que tu appréciais jadis, et que tu détestes plus que tout à ce jour, à ces proches que tu pensais être de ton côté, avant qu’ils ne te tournent lâchement le dos. Tu vas leur faire payer leur égoïsme, leur abandon. Plus encore, tu vas attaquer l’un des leurs, et surtout, raviver au sein de chaque parcelle de son corps la peur. Et tu vas apprécier te venger, tu vas déguster ces intimes moments déjà projetés au sein de ton esprit craquelé. Par delà la mort, que tu as dépassé, et que tu comptes infliger. Au sein de la vie, pour laquelle tu as tant persisté, et que tu vas éteindre auprès d’une âme esseulée. Aujourd’hui, Barney, ta renaissance sera marquée par la fin d’un autre. Par l’assassinat de ton cher frère.

Un léger rictus se dessine sur tes lèvres, quand tu aperçois justement la silhouette familière tant prisée. Tu es contenté de voir que la perche tendue a été saisie par le frangin, alors qu’il doit encore être endeuillé suite à la mort de son ancien mentor. Le premier Trick Shot a été laissé pour mort par tes mains, mais pour Clinton, tu es aussi vivant que les cendres de votre père. Il ne sait donc pas encore ce qui l’attend tandis que tu l’as attiré malicieusement dans le coin, sur les traces finement dispersées par tes soins. Tu te frottes les paumes, te languissant du moment où le petit frère prendra la peine d’investiguer l’entièreté du bâtiment. De loin, tu l’observes entrer dans l’édifice, sûrement désireux de trouver une cause, une raison à l’agression du mentor bafoué, qui a fortement tardé à se racheter une conscience avant sa mort encouragée. Au vu des actions passées de feu Trick Shot, tu n’as effectivement eu aucun mal à le tabasser et à le laisser au pied de la Tour des Avengers, à destination de leur Hawkeye tant apprécié. Qu’importe que le vieil homme soit déjà mourant, rendu faible par son cancer. Il est resté un de ces traîtres que tu as en horreur, qui n’en a eu que pour Clint du temps de son vivant. Accumulé à ses crimes nombreux, ce fut presque un plaisir, pour toi, de mettre un terme à sa merdique vie. Et c’est d’autant plus jouissif de pouvoir voir Hawkeye déconfit, en quête d’une justice que seul toi sera en mesure de lui donner.

Après encore un temps indéterminé à analyser ta proie, tu prends conscience que le frangin s’apprête à quitter le building depuis sa toiture. Tes dents se dévoilent de plus belle, car le moment tant attendu est enfin arrivé. Il est l’heure, Barney, de te ramener. Saisissant une flèche de ton carquois, tu l’armes à ton arc et suis le frangin s’éloigner de la zone. Fidèle à lui-même, Clinton s’échappe de la même manière dont il est entré, en toute discrétion, sautant subtilement sur un train en cours de route pour quitter les lieux. Surprenant sa direction, tu actionnes ton arc, et envoie une flèche siffler à l’oreille du héros masqué. Juste de quoi le prendre par surprise, alors que tu le rejoins sur le dos d’un wagon dans un bruit sourd, un hurlement vengeur appuyant ton débarquement. « Hyaaaaah. » Tu atterris souplement sur la surface métallisée, pliant tes genoux afin de supporter ton bond sur le train en pleine vitesse. Rapidement, tu encoches une autre flèche, retenant celle-ci alors que tu prends un malin plaisir à te présenter à lui : « Salut, p’tit frère. Ça fait un bail. » Et ça le fera encore plus quand tu l’auras tué.

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AND WE SHALL MEET AGAIN

@Charles B. Barton

« AND WE SHALL MEET AGAIN »

T'aimes bien les mystères. Du moins quand ils ont une explication à la fin. T'aimes bien mettre sur ton crâne une casquette d'inspecteur, une image figurative bien évidemment, mais dans une autre vie peut-être que tu aurais pu avoir cette envie d'être là pour aider les autres de cette façon. Mais t'as pas choisi ici, on t'as plus ou moins forcé la condition au fond de la gorge, étouffe toi avec ce que tu es, ce que tu seras toute ta vie. T'aurais aimé oublier le passé, te débarrasser de tout ce que tu traînes. Souvenirs comme des boulets à tes pieds. Il fut un temps tu te réveillais encore la bile au ventre, douleur ou souvenirs, ils étaient inchangeables.

Un long soupir s'échappe de tes lèvres, bile au ventre ou pas, tu n'as pas le choix, tu te dois de continuer et de résoudre ce foutu mystère. Quand t'avais posé les yeux sur la figure abîmée, le visage avait déjà fait le tour de tous les réseaux. Peu de gens connaissaient l'histoire, s'intéressaient vraiment à qui était le corps sans vie au pied de la tour. Toi tu savais, bien évidemment. Quelques instants de recueillement silencieux. Nat avait passé doucement sa main sur ton dos. T'avais retiré tes appareils les heures suivantes. Le silence comme seul compagnon, t'avais niché sur le toit pour regarder la ville mélancoliquement. Ce n'était pas dans le but de ressembler à un vieux héros de film tout pété mais simplement pour diriger l'information. Tu avais appris à pardonner dans ta vie, pardonner à ceux qui t'ont offensés, la Bible te donnerait raison d'ailleurs. T'avais posé ton pardon sur cet homme. T'avais pardonné des torts ancrés au plus profond de toi. T'aurais pu pardonner encore, d'autres démons. Mais certains restent impardonnables. Alors pour avoir faire disparaître celui auquel tu avais laissé une seconde chance?

T'as beau avoir la tête prise de beaucoup de questions, tu n'en restes pas moins alerte sur place, prêt à sauter sur tout ce qui désire t'attaquer. L'arc est un poids totalement rassurant dans ton dos. T'es prêt à faire sauter le visage de quelqu'un. Mais quelque part en toi, tu sais que l'endroit n'est pas normal. Comme un piège tendu sous tes pieds, t'attends à tomber à n'importe quel moment. T'es silencieux quand tu marches dans l'espace de la pièce, aussi vide que le sens de cette situation. Mais le silence t'accueilles toujours comme son enfant préféré. Encore moins sûr de trouver un sens à ce déplacement, tu t'échappes comme tu es venu, une terrible envie de disparaître.

Ton chemin aurait pu continuer dans la paix et le silence. Mais le vent siffle à ton oreille, fait vibrer l'appareil. Un grognement s'échappe de tes lèvres tandis que tu regardes un inconnu s'écraser avec aisance sur le toit de ton wagon. La surprise est peinte sur ton visage, mais la main se tend déjà vers l'arc dans ton dos. La voix résonne encore dans ta tête. La surprise se mélange à la douleur, à la colère et finalement le corps sans vie prend du sens. Mais la vie derrière le masque de la personne en face de toi, elle perd tout son sens. Tes yeux filent entre la flèche encochée et le regard que tu cherches derrière le masque. "T'es mort Barney. Arrête d'essayer de jouer avec ma tête." T'aimes pas qu'on joue avec ta tête. Les services secrets ont essayés non? T'as l'impression que le monde entier a toujours voulu rentrer dans ta tête.

Toi aussi tu le tiens en joue, bien heureux d'avoir des réflexes qui te permettent d'être prêt dans ce genre de situation. "Je me souviens de ne pas être venu à ton enterrement. Ils ont mis quoi en terre, un cercueil vide?" Tu lui sors un sarcasme des plus doux mais au fond de ta gorge, ta salive se bloque. T'as... peur que ce soit bien lui. Peur que le Barney que tu connaisses soit encore en vie. T'aimerai presque que ce soit quelque d'autre, pale copie, un usurpateur sans saveur qui ne connaîtrait pas tous les méandres de ton esprit. Toutes les douleurs et toutes les peines viennent de lui. Enfin, peut-être pas toutes. Mais tu sais qu'elles sont à l'origine de beaucoup d'autres.

"Ce vêtement te va pas, retire le." T'aimerai dire plus mais les mots restent coincés dans ta gorge. T'aimerai lui dire de sauter du train parce que la voix ne va pas non plus. T'aimerai lui dire de reprendre son surnom parce que t'es plus le frère de personne, à part des personnes que tu as choisi. Charles Barton n'as jamais été ton frère. Enfin, peut-être au début de ta vie, mais comme le reste de ta famille, t'as fais une croix dessus. T'as appris à ne plus dépendre de personne à cause de lui. Peut-être que tu aurais pu avoir un avenir, un quelque chose de normal s'il n'avait pas été là, comme ça. Mais Charles Barney Barton a cru faire la bonne chose pour toi. "Sautes du train si t'es vraiment Barney. De toute manière, ça ne serait pas une grosse perte, non?" Tu souris nerveusement à ta propre blague mais tu la connais pour être un méchanisme de défense, t'as presque peur de sa réponse une nouvelle fois.

Le silence vous accueille pendant quelques instants. Si c'était toi qui sautait du train, ça serait pas une mauvaise chose, non?

(c) DΛNDELION

And we shall meet againIl y a un sourire un tantinet mélancolique qui se dessine sur ton visage. La réaction de Clint à ton arrivée inopinée est celle espérée, mais étrangement, elle te laisse un arrière goût amer depuis le fin fond de ta gorge. Tu as la bile qui remonte alors que tu affrontes son regard surpris. Ses iris se posent sur ton visage, mais il n’a pas l’air de te voir. Tu constates l’ahurissement voiler ses prunelles, un air fou s’illustrant derrière son masque. Tu sais qu’il te dévisage mais qu’il ne te reconnaît pas, qu’il ne saisit pas. Tu as beau t’être annoncé, sous ce costume que tu t’es approprié, pour lui tout n’est que mensonge, damnation. Tu ne peux pas vraiment lui en vouloir pour ça. Toi-même, ça t’a pris bien longtemps à comprendre que tu avais été oublié dans une putain de cuve, prisonnier autant de ta mort que de ta vie. Sauf qu’aujourd’hui, t’as bien l’intention de donner un sens à tout ça. Ton sacrifice pour le monde a été vain, tu l’as bien compris. Mais tu fais la promesse silencieuse que celui de ton frère, que tu planifies depuis de longs mois, ne sera pas totalement inutile. Il te permettra de récupérer ta place, de retrouver ta position droite, de bénéficier comme les autres d’une adulation méritée, n’ayant plus rien à convoiter à ces cultes voués à son petit groupe d’Avengers, qui t’es due. D’une manière ou d’une autre, tu comptes bien récupérer ce qui est à toi. Ton héritage, la récompense de ton dur labeur. Et au passage, accomplir ta vengeance et leur montrer à tous leur erreur. Te laisser en arrière, se contenter de t’oublier, cela va être le pire regret de chacun, tu vas t’en assurer. Et quoi de plus normal, alors, que de commencer par ton frangin. Celui qui se ramasse toutes les éloges, quand il n’est même pas capable de sauver son propre mentor. Ah la bonne blague.

Tu te redresses alors un peu plus face à lui, guère impressionné par sa vivacité à te mettre en joue. Flèche contre flèche, archer contre archer, vous êtes presque un reflet durement miroité. A ceci près que tu es son complet opposé. Toi ayant viré d’un côté de la loi tandis que le plus jeune ait adopté l’autre. Pendant longtemps, tu as rêvé de te battre à ses côtés, l’idéalisant presque. Toi-même, tu as fait tes classes sur les bancs de l’armée. Mais maintenant, tu as la tête bien éclaircie par l’expérience et ce que tu considères être autant de la sagesse que de la jugeote. Tu vaux mieux que tout ça, que tout ce mal rapporté par ces soi-disant héros s’appropriant les forfaits des autres. Et maintenant, tu ne réserves plus que du mépris à ton cadet, à qui tu adresses un énième ricanement. « Oh, ne t’en fais pas, Clint, le jeu est bientôt terminé. » Même si tu ne vas pas, pour autant, te retenir de le titiller un peu. Après tout, tu ne t’es pas donné tout ce mal pour rien. Le spectacle doit en valoir la peine, et tu dois bien l’avouer : « Je mourrais d’envie de voir ce regard sur ton visage. » Cette incompréhension, ce choc, cette incrédibilité. Clinton n’est pas encore parvenu à la plus totale réalisation, mais tu ne t’en fais pas pour ça. Tu ne comptes pas le laisser respirer sans qu’il ne prenne mesure de ton retour sur cette terre maudite.

Le train continue sa route, le vent de la vitesse de ce dernier fouettant ton visage. Tes dents sont toujours clairement affichées en un blanc rayonnant, bien que tu te mordilles la lèvre, légèrement énervé. Evidemment que le morveux ne serait même pas venu te payer un dernier hommage. Comment as-tu pu être aveugle aussi longtemps ? Personne n’a jamais éprouvé le moindre respect pour toi, Barney. Pas même ton propre frère, alors que tu as toujours voulu lui montrer la voie. Quelle ironie. « Va savoir. Vous les héros, vous savez maquiller la vérité quand ça vous arrange après tout, pas vrai ? » Tu rétorques, retenant avec difficulté ta main de lâcher la flèche pointée sur ta propre chaire. Tu tournicotes légèrement, calculant le placement de tes talons avec précision. Au moindre faux pas, tu peux jarter du train aussi vite que tu t’es posé sur le wagon. Tu baisses légèrement les bras, atténuant la prise de ton arc pour mieux dévisager cette espèce de crétin qui te fait face. T’as cru l’aimer, mais tu te rends compte qu’il n’y a plus que de la haine qui prédomine. Il préférerait te voir six pieds sous terre que bien en vie, après tout. Cela en dit long sur la teneur de votre relation fraternelle qui n’a, semble t-il, jamais réellement existé. « T’as pas entendu la nouvelle, Clint ? Je suis le nouveau Trickshot. Ce costume est le mien, désormais. » Tu continues quand même, ignorant ses piques, te réjouissant de sa peur. L’appuyant plus encore. « Oh, me dis pas que tu n’as pas reçu mon cadeau ? J’ai pourtant pris le soin de le déposer au pied de ta fameuse tour chérie. » Tu parles bien sûr du mentor laissé pour mort au QG des Avengers. Tu en rigoles, la fureur brillant malgré tout dans tes prunelles.

Tes dents grincent, et tu secoues la tête. Tu assassines du regard le frère qui ose te railler à nouveau. Il te blâme pour son être entier comme tu le maudis pour ton existence ratée. Ah c’est du beau, Barney. « Oh p’tit frère, pourquoi je sauterai du train quand je peux carrément le faire sauter lui ? » T’as un rire machiavélique qui accompagne ta déclaration. T’as absolument planté aucune bombe dans les wagons, ni aucun intérêt à faire exploser le train, mais t’es tellement titillé par la moquerie de Clint, que tu ne peux pas résister. T’as envie de lui faire sentir que la vie de dizaines d’innocents repose sur ses épaules, et qu’au moindre faux pas, tu les éclatera tous juste pour lui faire payer. Quand bien même, quelque part, t’as en vérité une certaine limite en toi, Barney. Ce n’est pas ton genre de tuer des gens gratuitement. Mais d’un autre côté, t’as assez payé le prix d’être le frère de Barton, pas vrai ? A lui de s’en manger une pour une fois. « Tu devrais donc faire attention à ce que tu dis, frérot. Je suis un mec assez sensible, tu sais. Une insulte mal placée et je pourrais bien tout faire péter. » Tu joues donc avec son esprit affolé, t’enorgueillissant de cette réaction purement instinctive en lui. Te complaisant dans cette peur qu’il te renvoie. Qui te blesse aussi, en un sens, parce que tu te demandes bien à quel moment t’a laissé tomber le manteau de grand frère pour qu’il te perçoive comme ça. Comme papa. A cette pensée, tu pousses un grognement de colère, et décoches la flèche que tu retenais jusque là. Invitant Clinton à la contrer par son propre équipement, ou mieux encore, à en saigner comme un porc. Car peu t’importe le déroulement de tout ça, au fond, tu as déjà assuré son résultat. Tu veux le voir clamser, et surtout, tu ne permettras pas qu’il soit ressuscité. « Joue avec moi, Clint. Crève pour moi. »

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AND WE SHALL MEET AGAIN

@Charles B. Barton

« AND WE SHALL MEET AGAIN »

L'atmosphère est si lourde que tu as peur de t'étouffer avec l'air qui s'échappe de ta gorge. C'est à cause de lui, t'aimes plus mettre tes problèmes sur les autres mais tu sais que tout ce qui t'arrives est de sa faute, tout ce qui a pu t'arriver plus jeune. Quelqu'un dirait que tu as tort, un psy dirait que tu te mens à toi même, un du groupe essayerait peut-être de te remonter le moral. Mais pas de moral bien haut ici, juste une sensation de vide à l'intérieur de ta gorge: parce que lorsque tu fuis tes démons, que tu les enterre, alors ils refont surface. Barney appartient au monde d'autrefois, quand tu n'étais pas encore du 'bon' côté de la loi. Barney fait partie des mauvais souvenirs, de la douleur et de la peur. Maintenant si tu vis dans la douleur, tu n'as plus peur d'avancer.

T'avais construit un mur autour de toi, une barrière qu'on ne pouvait pas briser. Alors pourquoi le simple fait de l'avoir devant les yeux fissure ce mur?

Vos deux figures pourraient presque formé un tout. Dans une autre réalité vous auriez pu être complémentaire, un sourire sur le visage lorsque vos regards se croiseraient. Vous pourriez vous aimer et être inséparables. Mais d'autre réalité il n'y en as pas ici. On vit dans une réalité unique, qui prend à la gorge par sa tristesse. La vie a voulue vous cracher au visage à l'un comme à l'autre, il faut savoir vivre avec le sentiment d'impuissance le restant de ses jours. Impuissant à cause des choses que Barney a pu te faire vivre, de toutes ces choses qu'il peut apparemment encore te faire vivre, l'angoisse.

Ton bras ne va pas tarder à fatigué, t'as envie de lâcher la flèche dans son visage mais la curiosité te mord la peau et perce ta conscience. "J'ai pas envie de jouer avec toi." Mais la phrase en elle-même est bancale. Tu n'as pas envie de jouer et pourtant tu n'as pas le choix, tu sais que tu ne peux t'échapper aussi facilement. Un petit ricanement s'échappe de tes lèvres. "Meurs tout court, ça ira très bien." Tu ricanes pour avaler l'amertume qui coule de ton corps, ravale le regard qui a l'air de lui faire tant plaisir. Tu sais bien que tu n'aurais pu cacher celui-ci, beaucoup trop surpris par le visage en face de toi. Un choc sans peur pour l'instant, qui sait, cette dernière pourra peut-être s'installer s'il continue à te regarder de cette manière.

Tu fronces les sourcils, ne sais comment réagir au nom qu'il vient de te donner. Est-ce que tu es un héros à ses yeux? Tu ne l'es pas pour toi même, des actions qui ne sont pas encore rattrapées, tu ne te considère pas comme un héros. Tu te considères parfois dans un échec lorsque tu te zieutes dans le miroir, ironie parfaite que le mot tombe de ses lèvres. Mais tu ne peux pas lui dire ça, que tu ne te considères pas comme un héros, tu sais qu'il l'utiliserais contre toi, toujours à appuyer sur tes faiblesses. "Parfois le monde a besoin de héros contre la misère qu'il possède." Cette misère c'est toi Barney, si tu n'avais pas compris le sous entendu. Si Clint, si t'es un héros, alors Barney doit être le méchant de l'histoire. La perspective est floutée et pourtant elle tombe sous le sens.

T'as pas envie de lui faire ce plaisir, mais t'es pas naïf, tu vois le vêtement qu'il porte, tu vois la façon dont il croit être quelqu'un d'autre, s'affirme comme quelqu'un d'autre. "Tes cadeaux ont toujours été plus nuls les uns que les autres Barney." Énorme blague, pourriture finie qui lui avait laissé en cadeau empoisonné quelqu'un qui appartenait au passé. "Tu ne savais tellement pas quoi faire de toi même que tu t'es fais une autre identité Barney? Tu es ridicule." Parce que à ne pas pouvoir vivre pour soi, on vit par rapport aux autres. Et il semble que c'est ce qu'il faisait actuellement, à mettre le costume d'un autre, à agir comme un autre. T'aurais aimé lui faire comprendre gentiment, mais toute gentillesse a quittée ton corps de toute manière.

Long moment de doute qui germe dans ton esprit. Tu ne peux pas faire confiance à l'homme qui est en face de toi. Il pourrait te mentir simplement pour le plaisir de voir ton visage se décomposé, ce qui est en train d'arriver. Mais comment aurait-il su tous les critères pour arriver jusqu'ici? Soit il dit la vérité, ce qui est aussi une possibilité et alors il est encore plus fou que dans tes souvenirs. Les deux versions semblent plausibles. L'une amèrement, l'autre étrangement. Tu prends une longue respiration. "On pouvait pas régler ça entre nous? T'as été obligé de mettre la vie d'inconnus en jeu Barney?" T'essaie de le titiller, de voir si sa réaction te dira si réellement il y a quelque chose sur ce train ou s'il te ment depuis le début. Tu n'es pas sûr, comment pourrais-tu l'être? Il t'as fait vivre dans le questionnement le plus total. "T'es fragile plus que sentimentalement Barney, faudrait te remettre en question, t'en penses quoi?" Comme s'il allait baisser son arc, se taper le front 'mais c'est bien sûr'.

Le bras commence à fatiguer, tu ne sais pas quels sont les obstacles derrière toi mais tu sais quel est celui qui se trouve devant. Quoiqu'il arrive, derrière sera toujours moins douloureux que si tu tournes la tête une quelconque seconde. Un rire nerveux s'échappe de tes lèvres, il ne peut pas savoir qu'il est nerveux, sinon tu sais qu'il aura des pions sur son plateau. "Je refuse de jouer à ton jeu." Parce que si tu rentres dedans tu n'en sortiras pas indemne. L'un d'entre vous finira sous les rails du train. Tu préférerais que ce ne soit pas toi mais tu n'as pas encore envie de le précipiter à une mort certaine, celle où il aurait du être. "Et si je te lâche une flèche entre les deux yeux, maintenant? Avec la vitesse ton corps dévira." T'es sûr que non mais si tu connais autant le vent, t'espères que ce ne soit pas autant le cas de l'autre homme. T'espères qu'il est bête, ridicule comme un clown triste. T'espères qu'il coule, qu'il se laisse tomber et qu'il ne se relève pas. Mais t'as peur qu'il ne le fasse pas. Alors t'essaies la ruse sans savoir si ça marchera. T'essaie d'être le plus intelligent des deux. Mais vos intelligences se valent, il est intelligent, capable de prévoir quel métro tu prendrais. Enfin, d'après ce qu'il dit.

"Pourquoi tu veux ma mort, Barney?" Comme si la réponse n'était pas évidente, mais t'espères gagner du temps pour te sortir de cette situation, t'as envie qu'il sorte toute sa hargne, que tu vois enfin le personnage sombre et désagréable qu'il est vraiment. Parce que tu sais qu'il est ce personnage, le méchant de votre histoire. T'as la salive qui se coince dans la gorge, pas la peur de tomber, la peur de tomber sans lui, de laisser le personnage en vie, aux yeux des autres d'être trouver. T'as pas envie.

(c) DΛNDELION