You're not the villain you think you are

☾☾ Le silence assourdissant. Les doutes l’assaillant. L’incompréhension peinte sur des traits depuis longtemps étirés. Des pas qui teintent dans la cellule qui le maintient enfermé. Lieutenant déchu, oublié des siens comme oublié de lui-même. Terroriste vaincu qui ne peut retrouver les siens, ni reconnaître ceux qui ont pris l’habitude de ne faire qu’un. L’équipe de soutien a depuis longtemps disparu, au même titre que le SHIELD l’a sombrement abattu. Ainsi terré dans une prison grisonnante, qui n’a offert comme seul compagnon que son esprit fuyant. La réalité se brisant dans les rouages enclenchés, et désormais rouillés. Une année passée où le temps n’a pas su avoir suffisamment d’emprise sur l’homme qui a, depuis son existence même, été craquelé à maintes reprises. Malgré la présence d’un visage familier en cette autorité qu’on lui a appris à détester, rien ne trouve la voie en le renommé Acrimony. L’esprit enseveli sous des tonnes de mensonges sciemment ingérés. Bourrage de crâne forcé qui, pourtant, a toujours su magnifiquement fonctionner. Et désormais, voilà que tout lui a été enlevé. Son humanité, depuis longtemps brulée. Ses objectifs, maintenant complètement ratés. Un sens à la vie, sa vie, à jamais écrasé. La cellule sombre fait écho à l’âme ténébreuse de l’homme mal rasé. La noirceur de ses iris renvoyant à l’obscurité l’ayant fomenté. Chacune de ses actions passées ont eu le temps d’être retravaillées. Malgré le mutisme volontairement expérimenté, les pensées n’ont cessées de vagabonder. Tourmentant l’être à chaque heure de la journée. Torturant l’homme par des nuits cauchemardées. Les actes manqués se rappelant à lui comme la plus cruelle des marques s’insérant au fer rouge sur sa peau. Le sang coulé, les lèvres ourlées en un sourire délecté, tant de gestes commis qui disparaissent au profit d’un sang à peine retrouvé, d’une grimace relevée et dégoûtée. L’absence d’identité envoie ainsi valdinguer le parfait petit employé, soldat à la botte de monstres qui ont fini par en faire de lui une vaillante monstruosité à son tour. A son insu, toutefois, enferrant ainsi son cerveau dans un cachot psychologiquement parfait. Autant qu’il est, désormais, physiquement emprisonné, son temps compté et fortement surfait.

Soupir qui déchire les lèvres gercées. Bruits minimes qui sont les seuls à indiquer sa capacité à parler. Tant de refus de se soumettre, lui qui a pourtant toujours été dominé. Des forces ennemies et cruelles s’emparant de son âme en une atroce cruauté. Gamin enlevé avant même de connaître son identité recherchée, adulte grandi dans un présent affreusement imposé. L’homme ne peut retenir son regard de se relever, attiré inconsciemment par les caméras qu’il ne sait, bien qu’il le devine, être visionnées. Les iris accrochent la petite lueur rouge qui indique que le système de surveillance tourne sans relâche, filmant la moindre seconde de son existence ridicule et absurde. Il est là, le lieutenant voilé, à retourner un regard éteint, une lueur quelconque absente de ses prunelles depuis longtemps éperdues. Il se fige, cet être complètement absorbé par la dualité infligé, espère revoir le visage de celui qui l’a arrêté. Folie que de vouloir se retrouver en face de lui. Mais inconscience, besoin inné que de se perdre dans ses iris diablement familiers. Des jurons hispaniques partagés malgré des dédales de couloirs séparant les deux êtres divisés. Tout se passe au ralenti dans la tête du lieutenant Acrimony. Chaque flash éprouvé le fait cligner des yeux, ses phalanges serrant par réflexe le drap miteux. Le matelas bas de gamme supportant à peine le poids de l’homme, la froideur du bloc ferrailleux, literie moqueuse, transperçant toutes les pores du prisonnier. Le passé tape à la porte, coffre-fort néanmoins bien trop protégé. Verrous à outrepasser, code secret à connaître comme à retirer. Tant d’informations manquantes mais renseignements nécessaires pour que le rétablissement ne soit pas seulement précaire. L’homme a été détruit puis reconstruit, et voilà qu’il doit à nouveau être effacé pour mieux exister. Ironie de cette sournoise vie qui se moque bien de lui. L’âme fissurée en divers morceaux en quête de plusieurs rattaches, d’une unité qui n’a jamais été.

Sentiments violentés, négatifs, qui remontent à la surface. Ce besoin de haïr parce que c’est la seule chose familière sur laquelle il peut s’appuyer. Des bruits de pas qui résonnent dans le couloir, et ses poings qui se préparent à accueillir son prochain. Pourtant, quand la cellule s’ouvre en un bruit strict, l’homme paré à attaquer l’autorité se fige comme un enfant pris au piège. En attente de la punition à venir pour la bêtise malgré lui commise. Deux gardes se présentent alors à lui, le sommant de tendre ses bras en avant. L’ex membre d’Hydra les regarde en fronçant les sourcils, un instant hébété par la soudaine intrusion dans sa vie ouverte, malgré lui, à autrui. En dépit de son apparente indifférence, l’homme est bien conscient que les interrogatoires ont depuis un moment été suspendus. Le psychologue de service ne parvenant à rien d’autre qu’à pester contre son silence puissant. Souffle ainsi glacial quand, pourtant, il accepte d’obéir aux ordres clamés une unique fois. Les agents du SHIELD patientant qu’il daigne offrir ses si frêles bras. Les poignets finissent rapidement enserrés et la silhouette épuisée est alors furieusement encadrée. Les gardes l’amènent au seuil de sa cellule, et s’écartent, quelques brèves secondes, le laissant plus à nu que jamais. Au moment même où la figure, tant chérie par le passé bien que complètement effacée par une entité entichée de la haine, daigne se manifester. Les iris presque jumelés aux siens, s’ancrant dans son regard vidé de n’importe quel désir bien pensant et humain. Fut un temps l’homme serait encore parvenu à se débattre. Mais l’année écoulée à tout ressasser dans son esprit endommagé a eu raison de sa force à rendre honneur au mantra inculqué à ses mauvaises valeurs. Le chambranle se met alors en route, arrachant une moue bien trop visible malgré le prisonnier, qui ne peut ainsi feindre sa surprise arrachée. L’idée d’un transfert germe dans sa tête, et quelques moments durant, il s’interroge sur sa destination finale. La peine de mort érafle alors doucement son cerveau démoli, et l’ex lieutenant Acrimony s’immobilise, refusant de faire un pas de plus. Des informations manquent, et s’il a toujours fait le mort, physiquement parlant, soudainement l’indécision l’étreint. Flottement intérieur, ses yeux embués par le sort qui promet controverses douloureusement songées. La frayeur l’effleure, l’épiderme de sa peau rongé par le destin inconnu et miroité. La figure d’autorité quémandée à travers des caméras détestées se retourne face à l’affront provoqué, et l’homme en profite. L’échange est subtil mais il l’interroge du regard, cherche à savoir la direction qu’on veut lui faire emprunter. Mais aucun son ne s’échappe de ses lèvres, bien que de nombreuses questions sont posées dans sa tête. Il est alors à nouveau saisi par les gardes précédemment cités, et l’homme accepte tristement la démarche entamée. Comme transi par ce qui s’annonce être la fin d’une, semble t-il, éternité passée à répandre un fléau inconscient, une idéologie qui n’a été, et ne sera jamais, la sienne.

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☾☾ Pas lourd et pressé, neutralité effarée. Poids qui pèse sur les frêles épaules rabaissées, si compliqué à supporter. Tout autant que ce plan insondable, indescriptible, qu’il ne parvient à déchiffrer. Fut un temps, la stratégie était son art, maîtrisé dans une exquise perfection. Les missions, il les achevait en un claquement de doigts, ravissement du vulgaire pion. Mais aujourd’hui, le curriculum vitae n’apporte plus. Néant, triste accroche qui n’a jamais, en vérité, convaincu. Réalité esquivée pendant des années, cœur embroché et esprit enclavé. Mensonge après mensonge, complaisance dans les méfaits et dans la haine. Délit d’exister, qui aujourd’hui ne s’apparente plus qu’à un deuil et à une immense et insurmontable peine. Acrimony n’est plus et n’a jamais été. Erreur difficile, toutefois, à réparer. Il n’a qu’à baisser les yeux sur ses poignets menottés. Caressant du bout du pouce ses propres mains entrecroisées. Peine de mort assimilée, si fortement méritée. Trop de sang écoulé, que seule sa fine membrane peut encore déceler. Mains assombries non point par les origines, mais par ce liquide carmin tant de fois fait couler. Impureté de cet homme qui n’a fait que tuer. Obéir, certes, mais agir également. L’innommé Torres clôt un bref instant les paupières, bute sur une dalle invisible. Manque de s’écrouler alors que les gardes le rattrapent sans douceur. Soupir exprimé, dents serrées. Qu’ils le laissent s’écrouler, qu’ils apprécient de le voir chuter. Mais ils continuent, encore et toujours, de l’emmener. Inlassablement tâche qu’ils comptent si avidement piloter. Destin inévitable, qui le fait pourtant hésiter. Fébrilité à peine reconnaissable, qui secoue malgré tout la silhouette tremblante, quelque peu brinquebalante, du prisonnier. Les lèvres s’entrouvrent, mais aucun son n’en sort. A quoi bon ? En dépit du châtiment qu’il pense devoir être perpétué, l’ex lieutenant se surprend à presque reculer. Forçant les gardiens de chaque côté de le pousser. Un pas en avant, encore et en cœur. Avancée dont il ne peut réchapper, encore moins en dériver. Sentence méritée, qui n’a guère besoin d’être annoncée. Pas par des mots du moins. Soupir las, combativité vaine. Enfin parler lui effleure l’esprit. Mince idée qui pourrait peut-être le garder en vie. Mais il est trop tard pour oser espérer. Le psychologue n’est plus là pour l’écouter. Quant à cette figure... elle n’est guère plus qu’une image déchirée.

Pourtant il se retourne. Le concerné, la vision éhontée. Capte sa peur à peine transmissible. Les pas sont autant saccadés que sa respiration, les menottes cliquettent face à quelques subtils mouvements de contestation. Pour autant, il est là, le commandant. Ralenti doucement pour croiser ses prunelles hébétées, presque encore soumises à une fureur qu’il ne saurait vraiment apprivoiser. Les iris familiers se croisent et s’entrecroisent. Lueur qui danse dans leurs regards, mélange de mensonge et vérité. Affront que cette prison soudainement quittée. Frère oublié qui est le dernier à l’accompagner. Dernier jour du condamné. Victor Hugo. Si véridique dans sa plume infaillible, qui a de quoi vous transpercer. Ricanement qui manque de filtrer tant la fatalité est, dans les moindres détails, planifiée. Comme tout ce qui a fomenté sa propre existence en cette Terre foulée. De sa naissance à sa mort présumée. Rien n’est laissé au hasard, absurdité qu’il se doit d’endosser. Le choix n’a jamais été sien, ni aujourd’hui ni demain. Tout n’est que chemin tout tracé. Aucune possibilité que de s’évader par un quelconque exit laissé de côté. Sortir par les sentiers battus est un trait explicitement abattu. En dépit de cette flamme qui se balade dans le regard de la figure presque suppliée. Ces yeux qui, justement, inspirent à s’y plonger, à s’y noyer. Par désespoir ou par espoir, c’est encore une indécision picotée. Mais les croyances du condamné se fissurent, craquement sourd qui broie son cœur, qui bloque le prisonnier. Palpitant qui bat soudainement bien plus vite, qui cherche la présence du plus âgé. Aîné à jamais absent, qui soudainement, lors de ses derniers instants, est présent. Confiance aveugle que cette envie brutale de le suivre, de s’abandonner. Irréelle scène qui se déroule comme au ralenti. Saugrenu moment très vite effacé, toutefois, par le cheminement repris. Rêve fou alors que cet espoir procuré. Que cette envie d’y croire d’autant plus renforcée. Tête qui se secoue mais qui consent, alors, de continuer. Marcher en avant, embrasser le destin imposé. Aucun autre choix n’est envisagé. Le SHIELD, comme HYDRA, s’en sont assurés, il y a bien longtemps de cela.

Flamme pourtant secouée. Vents violents qui manquent d’éteindre le feu à peine attisé. Le commandant qui s’éloigne, échange des mots imperceptibles. Ses lèvres bougent, capacité, peut-être, de les lire. Tentative toutefois amorcée quand on le colle aux portes encore fermées. Dos qui rencontre la fraîcheur des portières encore verrouillées. Dureté que ce transport qui est censé le déplacer. Fourgon bien trop familier, celui-là même qui l’avait, il y a plus d’une année, transporté. Sarcasme que toute cette mascarade. Le prisonnier souffle, bouge sa tête de gauche à droite. Négativité ressentie par tous les pores de sa peau. Plus puissamment encore quand l’arrière du van est ouvert, quand on le force à intégrer de nouveaux fers. Sans douceur, une marche est grimpée. Banc métallique qui accueille l’homme perplexe, qui ne peut qu’obéir. Les yeux sont froncés tandis que des gardes, à nouveaux, s’assurent de bien le tenir. De ne surtout pas le lâcher. Les prunelles se tournent vers le ciel, des murmures agacés sont retenus, encore ce silence qui est voté. A gauche, un soldat. A droite, un soldat. La main portée sur l’étui qui renferme leur arme qui ne les quitte pas. Parés pour presser la détente, pour ralentir une escapade qui ne pourrait vivre que dans son esprit morcelé. Rire retenu, larmes également poussées au refus. Hors de question de céder alors que son chemin est enfin dévoilé. Nouvelle prison ou bien éternelle libération. Il n’y a pas d’autres possibilités qui effleurent le cerveau abîmé. Les rouages ne tournent plus depuis longtemps, les stratagèmes sont tous indéniablement trucidés. Rien qui ne peut marcher.

Les iris de l’homme cherchent, étonnamment presque, une présence à solliciter. Une réponse à des questions à jamais silencieusement prohibées. Impossibilité de vraiment se livrer. De partager les appréhensions qui ne sont que joyeusement attendues par les gardiens figés. Jouissif que de voir le prisonnier enfin se confier. Enfin se morfondre et supplier. Mais cela n’arrivera pas, point d’honneur stupidement signé. Aucune utilité que d’attenter. Que d’imaginer une échappatoire. Pas plus que dans sa cellule, l’ex lieutenant n’a droit à aucun exutoire. Alors l’homme se contente de se tourner. Légèrement, offrant son profil au reflet miroité. Rétroviseur qui renvoie un regard noirci, bien songeur et concerné. Ces mêmes prunelles familières qui réclament que la clé soit, dans le moteur, enfin tournée. Démarrage alors témoigné, presque pacifié. Silence de mort, adéquat au vu de la sentence bientôt déclarée. Route qu’il ne peut même pas apercevoir, du siège douloureusement désigné. Menottes qui démangent, colère qui gronde. Hurlement sourd, poussé en son intérieur le plus fort. Mais résignation qui plane doucement à la surface, commence, sur ses traits, à se dessiner. Alors que le van cahote et que l’organisation est quittée, il n’y a plus que le noir dans lequel se plonger.

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☾☾ Le moteur démarré, les routes enfin empruntées. Il y a un cahotement qui cogne, indélicatement, les bras de l’être prisonnier contre les parois de fer rapprochées. L’homme se mord l’intérieur des joues, lance un regard noir à ce qui l’entoure. Désagréable sensation qui l’étreint alors, privé à nouveau de ses sens et de ses horizons. L’inconnu, c’est ce qu’on lui offre, encore, ou plutôt ce qu’on lui impose, à nouveau. Les chaînes entravent son être tout entier, physiquement parlant, mais en le maintenant volontairement dans la cécité, il est tout aussi attaché psychologiquement. Il ne sait que penser, que dire, alors même que pendant longtemps, il a demeuré de son plein gré dans le silence le plus complet. Mais il se demande aujourd’hui, en ces conditions particulières, s’il ne devrait pas se repentir de son attitude fermée, et s’interroge sur la cause de ce transfert improvisé. Il y a de quoi le mener à l’échafaud, le dénommé Isaac le sait, et pour la première fois depuis son arrestation forcée, cette idée le fait trembler. Un soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’il se penche en avant, les coudes rabattus sur les genoux pour essuyer son front et ses plis soucieux. Quelque chose le dérange, le turlupine depuis le convoi découvert, depuis, peut-être, qu’il a compris également que le commandant est bien plus qu’un simple ennemi. Le mensonge de sa vie révélé, alors, l’ex-Acrimony ne peut que regretter.


Mais déplorer son existence vouée aux forces du Mal ne peut racheter les péchés accomplis, qu’importe qu’ils aient été provoqués par une quelconque magie ou technologie. Hydra a beau avoir ses torts, l’ancien lieutenant doit bien admettre les siens. A force de tourner comme un lion en cage, à subir les railleries de ses gardiens, il a bien fini par acquérir une conscience, le prisonnier. Et pas simplement parce qu’il n’avait plus à prouver à chaque instant sa loyauté à l’organisation criminelle tant réputée. Au contraire, s’en distancer l’a aidé à réaliser le mensonge qui le couvait, mais la solitude est celle qui a eu raison de son esprit fermé. Laissant alors percer un rayon de lumière qu’il n’aurait jamais cru mériter. Et maintenant ? Pas grand-chose, si ce n’est de devoir se laisser porter. Ironique, n’est-ce pas. Tout ça juste pour ça. N’est-ce pas risible, alors, que d’enfin avoir connaissance du sens même de sa vie, tout ça pour appliquer finalement la sentence du condamné ? Isaac secoue la tête, souffle en maudissant ce monde et cette cruauté propre à cet univers méprisé. Si seulement il avait été suffisamment fort pour lutter et se rendre compte… la folie ambiante, son propre goût du sang, il aurait pu l’éviter. Contrecarrer les plans des estimés vilains siégeant au sommet de l’Hydre, les infiltrer pour mieux nuire à leurs opérations accumulées. Mais non, que nenni. Isaac a aimé se faire appeler Acrimony. Il a apprécié posséder ce pouvoir, posé presque naturellement au creux de ses mains par ceux qu’il se doit, aujourd’hui, de détester. Les armes tenues dans ses paumes, serrées entre ses doigts, maîtrisées à la perfection, il ne peut renier l’agréable sensation ressentie alors à ces multiples occasions. Et il s’en veut, le prisonnier, et il voudrait s’excuser. Tout comme, d’un autre côté, il voudrait blâmer ceux qui lui ont volé son âme, pour mieux la morceler. C’est peut-être à ce moment-là, alors, qu’Isaac s’en rend compte : il est à bout, de tout. Et il a peur, de lui comme des autres, de ce qu’il a fait comme de ce qu’il va falloir commettre. Car une part de lui veut survivre, veut s’émanciper. Une autre est terrorisée à l’idée de s’embarquer sur de nouvelles contrées.


Comme en écho à sa réalisation, le convoi alors, s’arrête. Non sans arracher au prisonnier, avant, des moues contrites alors que son corps s’est secoué dans tous les sens pendant plusieurs minutes. Qu’ont-ils donc traversé ? De sa position, l’homme ne peut rien constater, alors il tente de deviner. Du gravier, des cailloux ayant glissé sous les roues ? Des rues douteuses empruntées, laissant tomber le goudron fièrement limé ? Ah, voilà donc le temps venu de son exécution. Peut-être le commandant du SHIELD, en définitive, ne peut supporter de partager son sang avec un meurtrier. Oh, ce n’est pas comme s’il peut lui en vouloir, après tout, pas vrai ? Les Torres sont faits pour diviser, et non pas pour régner. Du moins, certainement pas dans son cas, alors autant s’en débarrasser. A l’arrêt, profitant du répit inculqué, l’ex-lieutenant joint ses mains et les portent à son menton. De ses lèvres, il baise doucement ses phalanges, en fermant les yeux. « Santa María, Madre de Dios, ruega por nosotros, pecadores, ahora y en la hora de nuestra muerte.* » Mots susurrés si bas qu’ils en sont presque imperceptibles, même pour les geôliers rapprochés. Le frère incompris tremble légèrement, frissonne en attendant son châtiment. Des échanges sont opérés entre les agents convoqués, toutefois, l’homme ne cherche pas à les écouter. Une dernière fois, il espère un pardon quelconque, s’en remet aux mains d’un autre, une entité supérieure, une divinité qui saurait pardonner son chemin fourvoyé. A croire que l’être n’est pas encore bien capable d’embrasser l’indépendance, usant de la facilité pour obtenir une dernière et piètre rédemption. Mais la voie d’une telle gloire est loin de se montrer aisée, et l’homme, quant à lui, est bien éloigné de la réalité. Il ne voit pas l’évidence même, celle de cette liberté, pour laquelle il aurait donné la vie, si seulement il avait su à quel dieu se vouer.


Mais son sauveur, en l’occurrence, porte un nom. Partage son sang également. Ses iris brillent par-delà le rétroviseur, accroche ses prunelles quelques secondes seulement. Mais c’est suffisant pour baigner le cœur du prisonnier d’un nouvel espoir, un peu fou, un peu bienvenu malgré tout. La sensation ne dure pas alors que chacun repart, vaque à ses occupations de gérer un transfert de prisonnier. Les lèvres pincées, l’homme ne peut qu’attendre, encore et toujours, plongé dans la solitude, d’une manière ou d’une autre. Quand on somme des ordres, qu’on le tire par les bras pour le faire descendre de cet énigmatique convoi. Isaac ne s’oppose à aucune action, encore trop occupé à lutter par le biais de ses pensées. Les agents non plus, ils n’ont pas l’air méchant soudainement, au contraire plutôt soulagé. On leur retire un poids des mains, et il y a bien de quoi s’en contenter. Sans douceur néanmoins, ils finissent par accomplir leur vœu le plus cher en le larguant ailleurs, dans ce coffre secondaire. L’ex-Acrimony se laisse faire, mais ne comprend guère. Un camion pour un autre. De nouvelles routes à prendre, qui peuvent s’avérer toutes aussi dangereuses. A quoi bon toute cette mascarade ? L’espoir le galvanise une seconde, la résignation l’abat à une autre. Jusqu’à ce qu’enfin, l’être pendant longtemps soigneusement évité, daigne le gérer. S’enfermant avec lui dans ce refuge improvisé, dans cette espèce de prison aux barres dévissées, qui laisse entrevoir la lumière avant de brutalement la retirer. Des mots, pour finir, sont prononcés, avec une once de scrupules qui plisse les traits du prisonnier. Un rictus en vient à déformer ses traits, quand, pour la première fois, peut-être, depuis qu’il le connaît, il s’autoriser à rétorquer : « On est deux. » La voix est rauque, et l’être gratte presque nerveusement son cou, comme si cela allait changer quelque chose. Il se racle la gorge à répétition, pour mieux reprendre, son pouce démangeant fébrilement sa paume. « J’ai… » Que dire ? Qu’il est désolé aussi, ou qu’il le déteste pour le traitement infligé ? Qu’au contraire, il veut croire à quelque chose, à lui, à son frère ? Isaac est paumé. « Je ne sais pas. Hydra, le SHIELD, tout ça… je ne sais plus ce que ça veut dire. Mais pour ce que ça vaut, je ne suis pas… plus ça. » Il y croit, vraiment. Pour lui, pour eux, pour ce qu’ils ont loupé. « Alors si ça doit être la fin, je comprends. Tout ça doit bien se terminer d’une façon ou d’une autre, n’est-ce pas ? » Après tout, il a du mal à croire qu’on peut arranger son état. Il y a un passif derrière, qu’il faudrait brûler, pour mieux recommencer. Ne serait-ce pas plus simple ? Certainement. Néanmoins, les choses sont toujours compliquées. D’autant plus quand ce qui lui a manqué est enfin arrivé, paré pour le compléter. Le commandant assonant en quelques mots la vérité tant redoutée. Le souffle se coupe chez Isaac, qui tend les bras, comme pour empêcher le Torres de le quitter. A nouveau. « Attends ! » Mi Hermano. Finalmente. Est-ce ainsi qu’il sera sauvé ? « Perdoname, Mi Hermano. Siento haberte heco daño.** » Et il le pense, autant vis-à-vis d’Amaury que de lui-même. Même si, au fond, ça ne change rien.

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☾☾ La conscience de l’homme tantôt incarcéré pèse lourd, alors qu’il se retrouve de nouveau isolé, dans ce convoi militarisé. En dépit de la présence de ses éternels gardiens, Isaac ne s’est jamais autant senti seul. En proie à des remords qui le ronge plus encore, sans savoir s’il marche vers l’échafaud ou s’il a une chance d’entrevoir le ciel bleu à nouveau. Peu importe les mots d’excuses échangés avec le frère perdu de vue, cela ne stoppe pas le véhicule, qui ne cesse d’avancer. Hérissant les poils sur les bras de l’ex-lieutenant, qui continue, peut-être bien inconsciemment, de prier. Quand bien même, à ce stade, il n’y a plus rien qui peut sauver son âme, tant il a péché par le passé. Son regard voilé se baisse justement sur ses mains menottées, qu’il fait tourner pour observer un coup la paume, un coup le dos de celles-ci, comme s’il peut encore apercevoir le sang qui le tâche inlassablement. Le liquide carmin n’est peut-être pas visible d’un point de vue extérieur, mais les yeux avisés du criminel attaché reconnaissent sa présence. Il a bien séché, depuis la dernière fois qu’il en a fait couler, mais il est toujours là. Rongeant le cœur de l’être éraflé, bousillant la peau du tueur possédé. S’insinuant en lui, laissant des marques sous le cartilage des mains habituées à tuer. Alors il a le stupide réflexe de les refermer en des poings durement serrés, ses ongles se plantant dans la peau basanée pour y faire percer ce vermeil tant récrié. Stupide geste, peut-être, que de vouloir payer pour les actes commis, alors même que la sentence lui a, de toute façon, déjà été déclarée. Mais si les autorités veulent le punir en ayant sa tête, lui souhaite d’abord épurer sa conscience, quitte à s’insuffler une dose de douleur supplémentaire. Qu’au moins, avant de quitter ce monde, l’homme prenne une dernière fois le dessus sur le monstre.

Chaque tressautement de la procession s’accompagne de soupir émanant de l’homme brisé. Arc-bouté, le prisonnier n’a plus grand-chose à donner. C’est à peine si, désormais, les gardiens lui prêtent attention, tant la vie semble déjà l’avoir quitté. Le cerveau continue pourtant de fonctionner à toute allure, de raviver des souvenirs douloureux, qu’il a tant cherché à ignorer. Mais alors que la fin du Torres est imminente, des flashs sont tristement remémorés. Il aurait aimé se souvenir en priorité de l’enfance volée, de ces rares moments où il pouvait revoir son frère tant manqué. La réalité est malheureusement toute autre, puisque les images rappelées ne sont rien d’autres que celles issues de ses missions accomplies. Celles où il partageait une idéologie haineuse qui le rend incroyablement honteux aujourd’hui. Abattu par cette vérité qu’il n’est rien de plus qu’un produit formé de toutes pièces par une organisation terroriste, Isaac se laisse plonger. Il coule, il se noie sous les crimes multipliés, sous les vies achevées, sous les objectifs atteints pour un but finalement incompris. Il n’est rien et n’a jamais été. Il n’est pas un être humain, il n’est qu’un produit de fabrication vilement utilisé. Et c’est au bord du gouffre qu’il prend conscience de ce fait, sans pouvoir revenir en arrière. Parce qu’il n’a pas su se libérer de l’emprise de l’Hydre, parce qu’il n’a pas pu admettre ce constat avant qu’il ne soit trop tard. Un an passé entre les murs du SHIELD et c’est soudainement enserré entre deux brigadiers, c’est pendant que son corps amorti les chocs ressentis par le convoi qui sort des sentiers battus, qu’il accepte ce qu’il est. Ce n’est pas comme s’il peut renier, de tout manière, cette identité. Parce qu’il n’en a jamais eu, au bout du compte, parce qu’il n’a jamais été Isaac Torres, pas plus qu’un membre d’Hydra à part entière. Il a juste été Acrimony, qui ne correspond à rien de plus qu’une publicité mensongère. L’être affaissé en est rendu malade, et pour ça, alors, il comprend le besoin de le laisser crever, de tout abandonner. Parce qu’il n’y a plus rien à repêcher de lui, qui n’est rien d’autre qu’une poupée maintenant chiffonnée.

Et puis finalement, tout s’arrête. Non point sa vie, puisqu’il est toujours ainsi maintenu entre les parois métalliques et les gardiens assis près de lui. Mais l’ascension est interrompue, et les portières avant sont claquées, redressant ainsi l’oreille du prisonnier accablé. Il ne cherche pas à interroger les agents à ses côtés. Il sait qu’il n’obtiendrait aucune réponse, comme depuis le début de cette étrange journée. Il est difficile pour l’homme de prendre son mal en patience. Ne sachant s’il doit encore espérer ou aspirer à une fin rapide en guise de simple pénitence. Il oscille toutefois, passe par différentes émotions. Contradictoires, tant il veut en finir et tant il veut encore prolonger l’instant. Il a déjà perdu une année à croupir dans les geôles du SHIELD, qu’est-ce qu’un jour de plus, après tout. Mais l’ex-Acrimony sait aussi qu’il n’est pas en droit de demander un temps supplémentaire. Il n’a aucun intérêt à quémander quelques heures de paix pour lui. Pas après tout ce qu’il a commis. Alors il attend. Comme depuis l’entame de cette aventure imprécise, il reste là, à ce qu’on décide pour lui. A ce qu’on invoque son destin, qu’il soit scellé aujourd’hui ou le lendemain. Ses iris sombres restent plantés sur ses pieds, ses mains jointes complétant la pose décidée. Celle-ci n’est pour autant pas figée éternellement, puisque des coups portés forcent les agents impassibles à ouvrir les portes du fourgon bien trop supporté. Les deux hommes fuient le regard du prisonnier alors qu’ils s’extirpent de l’arrière du véhicule, leurs silhouettes étant bientôt remplacée par une bien trop familière. Le retour du commandant dans le champ de vision d’Isaac lui arrache un discret rictus, qui se demande encore quel symbole le frère est censé incarner. Il n’a pas pu suivre les paroles prononcées à l’extérieur, enfermé dans cette cave véhiculée, aussi est-il surpris quand Amaury l’invite à sortir, la main tendue comme pour lui prouver qu’il est en phase de l’aider. L’étonnement n’est pas caché, bien que les lèvres entrouvertes ne laissent filtrer aucun son. Silencieux comme à son accoutumée, l’être ahuri se contente de suivre les nouvelles directives, sortant du fourgon en des mouvements un tantinet douloureux. Ses articulations sont quelque peu éprouvées alors qu’il étire ses jambes pour la première fois depuis des heures, tenant debout en un déplacement presque miraculeux. Du regard, il souhaite s’assurer qu’il ne se trompe pas, que son frère est en train de vraiment le sortir de là. Mais il n’ose pas s’exprimer quand ses orbes foncés tombent sur des visages étrangers, l’un d’entre eux le frappant par son étrange ressemblance partagée. « Que… » Il n’y a pas vraiment le temps pour l’homme de questionner la vision imposée. Les menottes lui sont prestement retirées pour être reportées sur l’autre inconnu, et s’il aurait dû, peut-être, s’en formaliser, finalement, il n’en est rien. Parce que les bracelets de métal cessent de brûler sa peau pour la première fois depuis ce qui lui semble être des lustres, et il se met à frotter énergiquement ses poignets, soudain libéré d’un poids pourtant bien léger. L’irritation est ressentie, la peau laissant apparaître les marques des cercles de fer retirés, et il a cette réponse ridicule, celle de souffler dessus, comme pour effacer la douleur pointée. Le manège continue derrière lui, auquel il ne prête pas plus attention que ça, bien trop focalisé sur l’air pur qui fouette doucement ses cheveux, qu’il peut même sentir sur son visage. Un discret sourire est dessiné sur ses lèvres, les yeux alors levés vers le ciel. Au moins, avant de mourir, son vœu le plus cher aura pu se réaliser. Voir l’extérieur, une dernière fois, avant d’en être définitivement privé.

Sa contemplation prolongée est brusquement arrêtée quand un ronronnement appuyé survient. Le véhicule, le fourgon qui le gardait enfermé il y a encore quelques minutes, disparaît bientôt de sa position. Isaac est alors abasourdi, incapable de comprendre ce qu’il vient de se produire. Ou tout du moins, incertain de vraiment pouvoir accepter l’extradition subtilement effectuée. Alors il dévisage Amaury, qui se joint enfin à lui. Murmurant des paroles qui semblent destinés à le faire revivre, mais qui ne peuvent l’empêcher de douter. Comme de tout, depuis qu’il a été arrêté. « Mis en lieu sûr ? » Il tourne la tête vers l’arrière, vers cette autre voiture désignée par le commandant. Quand le Torres reporte son regard vers le chef de l’opération, ce dernier pose une main sur son épaule, faisant frissonner le prisonnier. Tel l’idiot du village, l’ancien Acrimony ne cesse d’observer Amaury, l’analysant, lui et ses paroles, lui et ses gestes, lui et son être tout entier. Il a du mal à y croire, malgré la liberté d’abord miroitée, puis clairement signifiée. Le frère se détourne, comme s’il comprenait son besoin d’assimiler tout ce qu’il vient de se passer, et Isaac reste là. Ne bougeant pas, parce qu’il ne sait pas vraiment en quoi ça va l’aider. Sur le moment, il est simplement immobilisé. En proie à un choc bien trop conséquent pour qu’il ne passe si facilement. Quelques secondes durant, il est donc ainsi, debout, les mains le long du corps, les iris perdus dans l’horizon. Avant qu’il ne relève quelques peu les bras, regardant ses mains désormais séparées l’une de l’autre, sans aucune attaque pour les maintenir collées à son propre corps. Il caresse sa barbe mal rasée en un geste nerveux, enfouit ses doigts dans ses longs cheveux. Il tourne sur lui-même, expérimente des étirements et des mouvements imprécis, jusqu’à retrouver une certaine fluidité au niveau du contrôle de son propre corps. Et plus les secondes s’écoulent, plus ses lèvres s’étirent, le fin rictus devant un grand sourire. Jusqu’à, même, devenir un léger rire. Il est rauque, il est difficile à sortir, il va jusqu’à gratter puis brûler sa gorge si peu habituée à émettre un tel son. Mais il est là, et il est en vie. Il est dehors et il est près de lui. Son frère. « No es posible. No es posible. » Il répète, nerveusement, assuré et apeuré à la fois. D’une rapide impulsion, voilà qu’une de ses mains attrape l’épaule du frère écarté. Il se rapproche de lui, l’invite à se retourner pour se plonger dans ses prunelles, identiques aux siennes. « Libertad ? » Liberté, vraiment ? Est-ce ce qu’il vient juste de lui donner ? Une larme perle alors, puis une autre, au coin de ses yeux. Elles demeurent ainsi, jusqu’à ce que l’émotion les autorise à couler, alors que les mains de l’ex-lieutenant remontent sur ses épaules. Encore une fois, il veut être sûr. Que ce soit réel, que l’homme qui se tient devant lui est bien son frère. Qu’il peut enfin le toucher, qu’il peut même serrer dans ses bras. Il se plonge dans son étreinte alors, des pleurs étouffés accompagnant la délicate union. Lui, qui a tout perdu, vient d’acquérir quelque chose de nouveau. La liberté, mais plus encore, la famille si longtemps absentée. « No es posible. » est encore murmuré. Jusqu’à ce qu’un dernier chuchotement daigne résonner : « Mi hermano. » Enfin, ils sont réunis.

Il ne saurait dire combien de temps ils sont restés ainsi. Lui, dans les bras de ce frère qui vient de le sauver. Baignant dans une joie immense, mais qu’il ne dévoile qu’à moitié. L’émotion est trop grande pour tout contenir, mais il n’a pas encore la folie nécessaire pour tout accepter. Au bout d’un moment alors, il se recule. S’écartant du commandant en reniflant doucement, passant à nouveau une main nerveuse sur son visage marqué par les sillons de ses larmes. Il y a encore quelque chose qui subsiste. La douleur et la noirceur sont toujours gravées en Isaac, qui ne peut si facilement y réchapper. Mais il y a ce progrès malgré tout, alors que la seconde chance inespérée lui est accordée. « Je… je ne sais pas quoi dire. J’ai dû mal à tout saisir. » Il confie en déglutissant, essuyant ses traits quelque peu mouillés. Les rires et les pleurs se sont enchaînés, mais il y aussi un certain retour à la réalité qui est là, inévitable et obstiné. « Tu n’aurais pas dû faire ça. » Sans avoir été témoin de toute la mascarade, ni même informé du plan finement mis en place, il a conscience, l’ancien prisonnier. Le commandant a joué un pari risqué, et tout ça pour lui. « Je ne le mérite pas. Et si… et si tu es pris ? Je ne veux pas que tu prennes pour moi. » Ils sont frères, mais ils ne se connaissent pas, en vérité. Alors pourquoi l’aider ? « Je veux dire… j’ai tant rêvé de ce moment. De cette liberté retrouvée. Mais je ne veux pas que tu en payes le prix. » Trop ont déjà souffert du passage d’Acrimony dans leurs vies. Amaury devrait être épargné. Même s’il ne veut plus jamais le quitter. « Tu es sûr de toi ? Il n’est pas trop tard pour revenir en arrière et… et m’amener là où c’était prévu avant. Je ne veux pas te mettre en danger, Mi hermano. Même si je te suis reconnaissant de tout ce que tu as fait pour moi. » Pour eux, pour leur famille brisée. Mais justement. « Je ne veux pas briser une autre vie. Encore moins la tienne, mon frère. Je sais qu'on vient seulement de se retrouver mais ce que tu viens de faire... tu as pris des risques inconsidérés. Tu mérites mieux que ça. Quel que soit ton plan, ne te mets pas en danger pour moi, par pitié. » Même si, d'un autre côté, il ne veut pas non plus être de nouveau abandonné. Parce qu'il ne saurait, cette fois-ci, le supporter.