Margaret Elizabeth Carter.  Mais appelez-la Peggy car elle exècre son vrai prénom. Agent 13. Elle est une des héroïnes de la Seconde Guerre Mondiale alors qu’elle est encore bien jeune pour son âge pour s'engager. Elle sait ce qu’elle veut, sait ce qu’elle vaut, cherche à se battre pour ses idéaux en laissant sa vie facile et tombe amoureuse d’un certain Steve Rogers. Steve le petit gringalet qui voulait lui-aussi se battre et qui, grâce à une modification scientifique, est devenu le Captain America que l'Amérique a aimé et aime aujourd’hui. Celui qu’elle a finalement elle aussi aimé, bien plus que tout le monde, touchée par sa personnalité loin du costume que tout le monde lui connaît, celui qui lui doit une danse et celui qu’elle a dû laisser mourir, pour qu’il sauve la population. Du moins, c’est ce qu’elle croit pendant très longtemps.

La guerre est finie et Peggy doit faire son deuil, une nouvelle fois. Elle avait perdu son frère, ce double qui lui a fait comprendre avant de disparaître qu’elle n’est pas faite pour une vie banale à la maison, comme les autres femmes mariées du coin. Et maintenant elle perd celui qu’elle aime et que l’Amérique aime également sous un autre trait. Seulement elle ne peut rien dire et peu savent qui elle a perdu, faisant en sorte de ne rien dire, de ne rien laisser paraître. Alors Peggy reprend du service à New York, à la SSR, où elle est confrontée à la misogynie de ses supérieurs qui ne seraient pourtant rien sans elle. C’est elle qui résout les affaires de ces messieurs bien trop occupés à la penser secrétaire ou porteuse de tasses à café. Elle qui adore les moucher avec une réflexion bien placée. Elle qui sait ce qu’elle vaut et qui n’a pas besoin de leurs opinions. Elle garde contact avec Howard Stark et son majordome Jarvis, cherche même à innocenter l’inventeur avant de réussir. On lui offre le sang de Steve dans une fiole. Elle la garde en souvenir précieux avant de réussir à verser, non sans larmes, tout son contenu dans l’eau. L’agent fait son deuil, mais elle ne l’oubliera pas.

Les années s’écoulent. Peggy avance et vit sa vie, arrivant à avoir une certaine reconnaissance du sexe opposé. Plusieurs nouveaux amours avant de finalement tomber sur le « bon ». Elle continue son travail à la SSR avant d’être propulsée, grâce à Howard Stark, à la tête d’une agence prenant la place de cette dernière : S.H.I.E.L.D. Bouclier. Elle ne l’a pas oublié et Howard non plus. Peggy est alors dans le contre-espionnage pour faire régner la paix ou pour éviter tout débordement, comme avec cette histoire d’Ant-Man par exemple.
Peggy réussit donc à évoluer dans le domaine du travail et le domaine de l’affectif. Elle est mariée, avec des enfants et ne changerait sa carrière pour rien au monde. Son évolution est logique, passionnante, dangereuse aussi –puisqu’Hydra sont impliqués, entre autres– et lui fait vivre de longues années.

Mais bien après avoir pris sa retraite et eu des petits enfants, la pétillante, directe et courageuse Peggy s’éteint à petit feu en perdant petit à petit ses souvenirs. La maladie d’Alzheimer la rattrape pour ne pas la lâcher. Elle ne s’en rend pas vraiment compte, elle, mais ses proches si. Et quand Steve vient lui rendre visite à l’hôpital avec son corps et visage d’antan, Peggy se souvient et est surprise. Il est vivant mais jeune, comme elle l’avait connu. Comme quand il s’était sacrifié. Et elle rêve de l’aider. Sa vie a été certes remplie mais la donne est différente avec lui. Elle veut l’aider comme avant mais elle ne peut pas. Alors elle le conseille avec cet amour qui remonte à la surface, le sommant de vivre ce qu’il a raté en quelque sorte. Peggy ne regrette en tout cas rien et est heureuse de le savoir en vie.

Peggy se réveille en sueur dans son lit, retenant de justesse un cri. Encore une fois, elle vient de se prendre une balle perdue. Et encore une fois, son rêve n’a aucun sens. L’annonce de la perte d’un être cher tué –un frère ? –, un acronyme qu’elle ne comprend pas et la guerre. Puis également un visage familier qui décide de s’imposer de plus en plus souvent dans ses rêves, sans pour autant en discerner complètement les traits, la faisant hésiter sur son identité. Elle a l’impression qu’il ressemble à son partenaire lieutenant du S.H.I.E.L.D, Steve, mais n’en est pas sûre. Alors ce visage reste familier mais elle n’est pas capable de lui donner un nom ou un vrai visage. Peggy jette un coup d’œil à l’heure, frustrée, avant d’allumer la lumière. Il est trois heures et telle qu’elle se connait, elle ne se rendormira pas de suite. Alors la jeune femme de 28 ans se lève pour aller se prendre un verre d’eau et essayer de faire sens à son rêve. Pourquoi rêve-t-elle de guerre à la fin ? Oui, elle était lieutenant et sa vie était pleine d’action ou d’espionnage mais elle ne comprenait pas le sens cachée de cette guerre récurrente dans ses rêves. Et pourquoi pleure-t-elle ce frère qui n’existe pas ? Pourquoi son cœur se serre à cette idée de frère perdu ? Elle est fille unique, célibataire et bien loin de ses parents, sans réelles attaches en somme. Elle voit également un logo ressemblant à celui de S.H.I.E.L.D. et pourtant si différent. Un logo avec un oiseau et les lettres SSR. Tout semble vieux, dépassé mais familier.
Peggy se pose avec son verre d’eau sur son canapé, ramène ses jambes contre sa poitrine et regarde par la fenêtre. L’île de Genosha est pourtant calme de manière générale. Pas de bombe ou de sirène. Elle secoue la tête pour effacer cette image rêvée. Cela doit être probablement un « effet secondaire » de ce qu’elle fait chaque jour dans son travail. Car Peggy s’implique dans son travail de lieutenant et est fière de ce qu’elle a pu accomplir. Elle est respectée et défend tous les jours des valeurs qu’elle considère justes. Et n’hésite pas à remettre qui que ce soit en place, surtout certains hommes pouvant la penser inférieure à eux. Elle n’a rien à leur prouver, se connaissant et ayant assez confiance en elle pour ne pas se laisser démonter. Elle sait ce qu’elle vaut et cela lui suffit amplement.
Elle soupire car l’heure tourne et le sommeil ne revient toujours pas. Alors elle finit son verre d’un coup et retourne se coucher pour le forcer à venir. Le réveil sera bien difficile sinon. Elle s’allonge et revoit ce fameux visage. Est-ce vraiment Steve ? Ou est-ce un message caché de son cerveau ? Elle ne sait pas mais se triturer l’esprit à trouver un nom l’envoie finalement dans les bras de Morphée.

Le réveil n’a finalement pas été aussi difficile que prévu et elle arrive à l’heure devant les bureaux du S.H.I.E.L.D. Elle y retrouve des têtes familières, qu’elle salue, avant de tomber sur son partenaire. Elle regarde avec étonnement Steve et s’étonne de l’imaginer d’un coup plus petit et bien moins musclé qu’à l’ordinaire. « Tout va bien ? », demande-t-il. Elle sent le regard du concerné sur elle et s’empresse de lui répondre, en fronçant tout de même les sourcils. « Oui, oui, je… L’espace d’un instant j’ai eu une vision étrange mais je vais bien. Le manque de sommeil et le fait que je réfléchis trop me font légèrement divaguer. » Elle balaye l’image de son esprit et étire un sourire sur son visage. « Je suis prête, nous pouvons y aller. » Une nouvelle journée au S.H.I.E.L.D. commence et Peggy ne peut s’empêcher d’observer l’homme qui marche devant elle. Son cœur est bien plus léger et il l’intrigue. Sans pouvoir dire pourquoi. Se trame-t-il quelque chose entre eux ? Ou alors est-ce juste elle ? Seul le temps le dira, elle pense.