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are you kidding me ? {Cindy&Al}
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Mar 20 Sep - 0:57

are you kidding me ?

Elle m’énerve. C’est la phrase que je me répète en boucle. Cindy Moon m’énerve. « Attends-moi, ce soir » qu’elle me disait tout à l’heure. « Je ne rentrerais pas trop tard » qu’elle disait. Tu parles ! Un regard vers l’horloge sur le mur du salon m’indique qu’une fois de plus, madame est encore en retard.  Je sais bien que son boulot est prenant mais quand même. J’allume la télévision sans grande conviction, passant d’une chaine à l’autre. Un DVD et une pile de carton de pizza attendent sagement que je m’intéresse à eux. Mais si je commence à regarder le film et à manger sans Cindy, elle va me traiter d’impatient ET de goinfre. C’est juste un crime de laisser refroidir une pizza.
Je finis par lâcher la télécommande et croiser les bras sur le canapé en soupirant pour la énième fois. J’ai faim. Combien de temps vais-je encore devoir l’attendre ? Une éternité, probablement. Le temps paraît plus long quand on a l’estomac dans les talons, une pizza qui n’attend plus qu’à être mangée et qu’on ne peut pas y toucher.

L’heure tourne. J’ai fini par continuer à passer d’une chaine à l’autre en attendant Cindy. C’est moi ou ce canapé n’est pas si confortable que ça quand on reste longtemps dessus ? Je me replace plus confortablement. Qu’est-ce qu’elle fabrique, je me le demande. Je déteste quand ça arrive. Pour la simple et bonne raison que je me retrouve tout seul comme un imbécile à attendre son retour. Quand je pense que j’ai annulé une sortie juste pour passer la soirée avec elle et qu’elle me fait un coup pareil. Elle va m’entendre. Si j’étais un gros vicieux, je serais déjà en train de manger les pizzas sans lui en laisser une seule part. Mais malheureusement, je suis une personne bien élevée qui attend que tout le monde soit là avant de commencer à manger. Les bonnes manières sont mises à mal par mon estomac qui proteste devant mes résolutions. Attendre Cindy et ne pas toucher les pizzas. Attendre Cindy et ne pas toucher les pizzas. Mais punaise, elle va me faire attendre encore longtemps ? Attendre Cindy et ne pas toucher les pizzas. Attendre Cindy et… Je me redresse et fait les cent pas dans l’appartement histoire d’oublier mon envie de tout manger. Je vais la tuer. Ça, c’est certain.

Le bruit de la porte qui se referme me tire de mon sommeil. Pendant un instant, je tente de rassembler mes pensées. Où suis-je, quelle heure est-il, quel est le sens de la vie ? Les courbatures se font nombreuses quand je me redresse en retenant un grognement. Je me suis endormi comme le dernier des déchets. Réajustant mes lunettes sur mon nez, je jette un regard vers le seuil du salon. Erf, je déteste me réveiller avec le ventre vide.  Ça me rend encore plus grognon que d’habitude. C’est donc avec un œil mauvais que je fixe Cindy qui vient d’arriver comme une fleur. Je ne vais pas lui faire de remarques, elle n’a qu’à voir ma tête pour savoir ce que j’en penses. La télévision continue de résonner en fond sonore. « La pizza est froide » je dis simplement en me penchant vers l’un des cartons. J’ai attendu qu’elle rentre, maintenant, il ne faut plus compter sur moi pour attendre qu’elle s’installe pour bouffer. J’ai faim, bordel. Cela devrait être interdit par la convention de Genève de me laisser seul avec des pizzas et interdiction d’y toucher avant son retour.
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Mar 20 Sep - 23:35

are you kidding me ?

Je ne rentrerais pas trop tard. Je raccroche à peine le téléphone que Logan débarque dans la salle pour me dire que l'on décolle en mission. Je grimace et regarde ma montre. Oh je sais bien que si Logan dit que je vais en mission, je vais en mission même si j'ai pas envie d'aller en mission. Au pire, si j'ai un truc de casser éventuellement... non bref, je vais en mission. Surtout que bon, on a de plus en plus de boulot. Bref, relaçant mes bottes, je me décide à bouger mon cul avant qu'on attend pour moi et que je me fasse un peu remonter les bretelles. J'attrape mon arme, la range à ma ceinture avant de quitter la pièce. Je rejoins en trottinant le garage où se trouve nos véhicules qu'on utilise quand on circule en tant que membre de la garde. Je repère mon équipe sans mal et grimpe d'une impulsion dans le camion. Salut la compagnie. J'obtiens plus de grognements que de réponses polies. Je dois pas être la seule à avoir remarqué l'heure qu'il est quand cette mission commence et que donc notre journée allait probablement durer un peu plus longtemps que prévue. Je me retiens de sourire pour me moquer parce que ça vient surement de foutre en l'air ma soirée télé avec Albert qui allait peut être pas apprécier. Alors, je me mure dans mon doux silence habituel auquel ils sont tous habitués. Je suis capable d'être un moulin à parole comme de ne pas leur décrocher un mot pendant plusieurs heurs. Tout le monde le sait à force et personne ne me tient rigueur en général. Je pose à peine le cul sur le banc à l'arrière que le camion démarre, manquant de me faire perdre l'équilibre. Non je rigole, ça aurait peut être déséquilibrer quelqu'un d'autre mais moi, je me laisse juste tomber un peu plus vite que prévu sur le siège, tout en m'accrochant à la prise la plus proche de moi. L'habitude d'être toujours la dernière à grimper dans ce fichu véhicule de service.

Quelques heures plus tard, j'étire mes muscles en soupirant alors que l'on descend tous du camion. Fatiguée peut être? Je grogne quand quelqu'un me donne une tape sur l'épaule. Je pris un mauvais coup en mission, quelqu'un qui se débattait un peu trop et un peu trop costaud et depuis j'avais un peu trop mal pour ne rien du tout avoir. Oh ça devait pas être bien grave mais pour le moment, ça faisait mal. Et puis fatiguée ? Non mais ils se moquent de moi, il est plus de une heure du matin... Il est plus de une heure du matin. Et y a Albert qui m'attendait à la maison. Bordel! Je cours presque jusqu'au vestiaire et retire mon uniforme aussi bite que possible pour passer un legging et une tunique rouge avant de partir chez moi. J'avais même pas pensé à me doucher sur place. Heureusement que je n'habitais pas trop loin de la garde, ça me permettait de rentrer rapidos dans ce genre de situation particulièrement merdique. Une dizaine de minute et je suis devant la porte. Je déverrouille la porte et je pousse la porte en tentant de faire le moins de bruit possible pour ne pas risquer de réveiller Albert s'il s'est endormi. Je retire mon arme et la planque dans le faux fond du placard de l'entrée. Super planque. Pas de flingue en évidence. Genre les gens qui l'accroche au porte manteau, c'est con. Histoire que le braqueur rentre chez vous et paf votre arme juste là pour l'aider. Mais pas trop compliqué à atteindre non plus donc je vais pas avoir trente fois le temps de mourir avant de le prendre. Je le garderais bien sur moi mais... Bref, j'étais à la maison, j'aurais le temps de penser à tout ça quand mon estomac arrêtera de se prendre pour l'orchestre philharmonique du coin. Je déchausse mes bottes d'un coup de pieds dans chaque talon. Doucement, je marche en m'étirant vers le salon. Je souris en voyant que Albert allongé sur le canapé. Malheureusement, il se réveille quand j'arrive dans la pièce et me lance un regard du genre qui veut dire qu'il m'en veut d'avoir oublié de le prévenir que je rentrais pas ou d'être pas rentrer. Comme si j'avais eu le choix. D'un grognement, il m'annonce que la pizza est froide. Je lève les yeux au ciel. C'est comme ça que j'ai l'habitude de la manger. Je me laisse tomber dans le canapé à côté de Albert, retenant une grimace à cause des coups que j'ai pris. File moi une part, je crève la dalle. On a pas pu manger pendant le service. Je m'imagine bien aller expliquer à quelqu'un qu'on a pas pu intervenir parce qu'on était en pause bouffe. Mouuuuuef ! Mais Albert m'ignore royalement, trop occupé à manger sa propre part. C'est ton sadisme pour me faire regretter d'être en retard? Je n'attend pas de réponse de sa part et tend le bras pour me servir moi même ce qui m'oblige à faire une accrobatie et ce coup ci, je me retiens pas de grimacer et grogner de mécontentement parce que flute, zut,... crutte ? Bref j'ai mal. Grognement qui se transforme en grognement de plaisir quand j'enfourne la pizza dans ma bouche. Bordel, j'avais faim!
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Mer 21 Sep - 21:58

are you kidding me ?

Oui, je fais la gueule. Je pense avoir le droit. S’il y a bien une chose que je déteste, c’est de poireauter inutilement. J’ai quand même attendu comme un idiot toute la soirée. Moi, des pizzas et une télévision qui repasse en boucle les mêmes rediffusions. Mais quelque part, je m’en veux un peu d’en tenir rigueur à Cindy. Je sais qu’elle n’a probablement pas voulu terminer aussi tard. Enfin, mon cerveau le sait. Mon estomac, lui, en a clairement rien à battre.  Et comme je suis typiquement le genre de personne qui se laisse diriger par son estomac et non par son cerveau, je lui en veux. Elle aurait au moins pu m’envoyer un message. Peut-être pendant une de ses missions, mais avant, quoi. Hey, frérot, commence à manger sans moi, je vais me mettre sur la tronche avec des gens du coup, je rentrerais plus tard que prévu. Bon, d’accord, j’exagère. Elle n’aurait pas pu me prévenir, même si elle l’avait voulu. Mais je m’en fiche. J’ai trop faim pour penser clairement.
Je m’écarte légèrement pour qu’elle puisse se laisser tomber avec toute la non-élégance et la non-grâce dont elle peut faire preuve dans ces moments-là. Manquerait plus qu’elle me tombe dessus, tiens.
Elle me demande de lui passer une part. Je l’ignore complètement. Elle est assez grande pour se servir et puis, je n’ai pas forcément envie d’être gentil. Il ne faut rien me demander quand j’ai le ventre vide.   J’attrape la première part qui s’offre à moi et je mords dedans. Bon sang, si le paradis existe, il est probablement fait de pizza.  Je l’entends me demander si c’est une façon de lui faire payer son retard. Et… Ouais. Totalement. Je lui offre un demi-sourire forcé qu’elle va tout de suite comprendre. Ce même sourire qui m’a déjà valu plusieurs « petit con », venant d’elle ou non.

Je vais être honnête, si je lui en veux autant, c’est parce que je n’aime pas le fait qu’on se voit de moins en moins. Entre mes cours et son boulot, on en vient qu’à n’être plus que des simples colocataires. J’ai déjà vécu ça avec elle avant, quand nos parents sont morts. Et je n’ai pas envie que ça recommence. Je suis peut-être suffisamment grand pour ne plus dépendre de ma grande sœur, mais ça ne veut pas dire que j’apprécie le fait qu’on s’éloigne à nouveau. Cindy est la seule personne qu’il me reste et je n’ai pas envie qu’on devienne des inconnus l’un pour l’autre. Et puis, ce n’est pas la première fois ce mois-ci qu’elle me fait le coup de rentrer tard alors que je l’ai attendu toute la soirée. Je pense donc avoir le droit de bouder un peu et de lui faire payer en refusant de lui passer une part de pizza froide.
Mais lorsque je l’entends grogner après l’avoir vu se pencher, j’arque un sourcil. Elle s’est blessé au travail ? Encore une fois ? Avec ce qu’il s’est passé il y a quelques mois, je ne vois pas d’un très bon œil qu’elle continue de travailler pour la Garde Rouge et encore moins quand elle revient couverte de bleu. « Qui t’a fait ça ? » Je sais très bien qu’elle ne va pas me dire expressément qui est le responsable mais je ne peux pas m’empêcher de lui demander. Je serre les dents pour retenir une remarque sur son job. Elle sait très bien ce que j’en pense, on s’est déjà engueulé sur le sujet un bon nombre de fois. Je dépose ma part de pizza, me tourne vers elle et la fixe. « Putain, Cindy, ça va durer jusqu’à quand ? » Ma voix est basse, mais mon intonation veut tout dire. Je n’ai pas envie de me disputer avec elle ce soir. Je n’ai pas envie que ça se termine en cri et en portes qui claquent. Mais pourtant, c’est plus fort que moi. Les mots traversent mes lèvres avant même que j’y songe. Et la phrase est lancée, flottant dans l’air quelques instants avant de retomber. Je regrette instantanément d’avoir dit ça.  

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Sam 24 Sep - 22:24

are you kidding me ?

Je connais trop bien mon frère. Je sais avant même de passer la porte de la maison qu'il allait être énervé, boudeur si ce n'est carrément en colère par ma faute. Et j'ai confirmation maintenant que je suis dans le salon avec lui. J'avoue ne pas trop savoir quoi faire pour me faire pardonner. Je peux pas rentrer quad on me réclame au travail. Difficilement, trop difficilement. Alors je suis obligée de l'abandonner dans ces cas là. Et ça me plait pas plus qu'à lui. De le laisser seul. Parce que si non j'adore mon travail. La garde représente beaucoup plus pour moi que ce que tout le monde a l'air de penser et c'est assez dur d'en parler, de l'expliquer, de me confier à propos de tout cela. J'hésite à lui proposer de se mater le film que l'on avait prévu de voir si j'avais pas été retenue. Mais encore une fois, je ne dis rien. Parce que j'ai pas envie de l'amadouer pour qu'il arrête de bouder même si j'aimerais qu'il ne boude pas. Je sais que l'amadouer sert à rien et je trouve ça pas très sain comme façon de procéder avec mon propre petit frère. Et puis, je devrais plutôt lui dire d'aller se coucher mais je suis trop fatiguée pour qu'on se prenne la tête sur ses heures de sommeil comme ça arrive à chaque fois que je fais ce genre de remarque alors que je rentre très tard du taff. Alors je me contente de me pencher, grimaçant et grognant, pour attraper une part de pizza alors que mon ventre grogne qu'il crève la dalle. Je devrais penser à emmener de quoi bouffer sur le terrain mais c'est particulièrement pas pro. Bonjour, je vous arrête... oui bah j'ai des miettes de cookie sur le bord des lèvres, ça vous choque ? J'imagine mal le tableau. En fat, non je me fais facilement l'image dans ma tête. Puis j'étais sure qu'ils me piqueraient tous ma bouffe les morfales. Il faudrait plutôt que je garde à manger dans mon casier au vestiaire pour grignoter avant de partir en mission. Mais bon... tout ça pour dire que j'attrape ma part de pizza et que Albert remarque bien que pour le moment j'ai trop mal au flan. Il me pose une question mais j'enfourne ma part de pizza dans ma bouche pour éviter de répondre. Je peux pas lui répondre de toute manière, je n'ai pas le choix. Je peux que difficilement lui parler de mon travail et surtout je peux jamais vraiment lui dire qui, où quand ou encore comment. Du coup, je préfère mâcher en soupirant de bien être maintenant que je mangeais. J'aime la pizza. J'aime carrément trop la pizza oui. Mais je peux m'empêcher d'entendre la question de mon frère, son ton inquiet pour moi... une sorte de bruit de verre se fait dans ma tête et cette noirceur solitude ressort toute seule, sans mon avis, alors que je sens mon ventre se tordre et se retourner en l'entendant me dire ça. Doucement, j'attrape sa main et je la sers aussi fort que je peux dans la mienne. C'est pas grand chose mais ça me permet de communiquer. Ca me permet de lui dire que je suis là, qu'il doit pas s'inquiéter. C'est rien, Albert. Je murmure, je souffle à peine. Quoi dire ? Que je sais pas combien de temps encore ça durera ? Parce que ça durera tant que la garde aura des missions où je risque de prendre des coups. Je quitterais pas la garde. Peut être qu'Albert y croit encore mais moi, je suis rendue à l'évidence et même que ça me plaît. Tu sais c'est rien. Un mauvais coup mais ça ira mieux demain. Après une bonne nuit et si ça passe pas quelques anti douleurs. J'aime pas les anti douleurs. Ca embrume le cerveau. Ca diminue les réflexes. Mais je suis pas super sure d'avoir envie d'avoir mal. J'attrape une seconde part. Je meurs de faim. Je reste dans le vide quelques seconde avant de me tourner. Mais je meurs pas hein. J'ai juste faim. Tout va bien. Ramenant mes pieds sur moi, je tente de réfléchir à un moyen de rassurer mon frère. Mais je n'en ai pas. Parce que ça serait lui mentir que de dire que tout ira bien et que je me ferais plus jamais casser la tronche. Et je vais pas lui mentir. Je peux pas te dire que je prendrais plus de coups au boulot. Mais... ne t'inquiète pas. Je suis solides, mes collègues sont solides. On veille les un sur les autres. Il n'y a pas de raison que je rentre avec pire que des hématomes et éventuellement quelques os cassés. Ceci est très rassurant Cindy. Je suis vraiment pas douée à ce jeu. Je ne suis pas douée pour les relations humaines. Je ne suis pas douée pour rassurée. Je suis définitivement pas douée pour être une grande sœur. T'inquiète pas pour moi, d'accord ? Je te promets d'essayer que ça arrive le moins possible mais il n'y a pas de raisns de s'inquiéter.
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Dim 25 Sep - 17:32

are you kidding me ?

Ce n’est pas mon rôle de m’inquiéter pour elle. Ce n’est pas à moi de le faire. Je sais qu’elle est assez grande pour le faire, que le premier imbécile qui l’agressera se fera allonger en deux temps trois mouvements sans même le voir venir. Ma sœur est une combattante et s’il y a bien une personne de nous deux qui est capable de se débrouiller, c’est elle. Mais c’est plus fort que moi. En mon fort intérieur, je ne peux pas m’empêcher d’être inquiet pour elle, de craindre le jour où je la verrais rentrer dans un sale état. Ou le jour où elle ne rentrera pas du tout. Son travail comporte des risques et j’en suis pleinement conscient. J’ai peur de ça. J’ai peur de perdre la seule personne qu’il me reste. Vous me direz sans doute « Mais Al, et tes parents ? Ils sont portés disparus, ils ne sont pas morts ». Aha, pour moi, c’est pareil. Depuis toutes ces années, si on a aucune trace d’eux, ce n’est pas pour rien. Cindy espère trouver ce qui leur est arrivé, mais pour moi, ils sont morts et enterrés.  Qu’est-ce que vous voulez que je dise de plus ? Cindy demeure donc la seule personne qu’il me reste et je pense que je deviendrais fou s’il lui arrivait quoi que ce soit. Je serre les dents en refrénant mes envies de lui demander de démissionner.  Déjà, elle va me rire au nez en m’invitant à aller me faire mettre chez les grecs. On a déjà eu cette discussion et à chaque fois, ça s’est terminé par une engueulade et deux semaines à bouder. J’étais celui qui boudait, au passage. Oui, je suis une personne très mâture. Il y a un problème ?

« C’est rien, Albert » Sa main qui serre la mienne, son ton bas mais qui se veut rassurant… En temps normal, j’aurais sauté dedans à pieds joints. J’aurais hoché la tête et j’aurais souri en disant « D’accord, Cindy » Mais là, je ne peux pas. Pas lorsque je sais qu’un bon nombre de ses collègues ont pris chers lors de la fête foraine. Pas lorsque j’entends les rumeurs. Je ne peux pas. Je ferme les yeux serrant davantage les mâchoires. Elle me demande de ne pas m’inquiéter pour elle. La bonne blague. Comment je suis censé ne pas m’inquiéter au juste ? Avec toutes les rumeurs qui courent sur la Garde Rouge, tous les événements qui ont lieu ces derniers temps, comment je suis censé ne pas m’inquiéter. Il suffit d’un rien pour que ça prenne de l’ampleur. Je sais que Cindy est prudente mais c’est plus fort que moi. Je finis par soupirer et secouer la tête en ouvrant les yeux. « Y’a intérêt » C’est tout ce que je peux dire.

Je me replace sur le canapé. Je ne suis pas détendu pour autant. Si elle a voulu me rassurer, c’est raté. Je ne sais pas si elle se rend compte que tout ce qu’elle vient de me balancer dans la tête est tout, sauf rassurant. Et ça m’énerve. Ça m’énerve de voir qu’elle aime son job malgré le danger qui plane sur sa tête. Ça m’énerve de ne pas savoir ce qu’elle fait exactement à son job parce qu’elle n’a pas le droit de me le dire. Jusque-là, ça m’allait. C’est comme quand tu es juré. Tu ne dois pas parler de l’affaire sur laquelle tu es censé travailler. Je dois me retenir de lui demander ce qu’il se passe lors de ces rafles, de ces gens qui se réveillent avec des soi-disant superpouvoirs. Qu’on soit clair, je n’y crois pas une seule seconde. Les pouvoirs, ça n’existe pas. On n’est pas dans un film. Je pense surtout que ces gens ont abusés de drogues et se sont laissés entraîner par un délire collectif. A la fac, il ne se passe pas un jour sans que je n’entende parler de ça au détour d’une machine à café. Généralement, je m’en vais avant qu’on me demande mon avis sur la question. Je suis quelqu’un de rationnel, je ne vais pas me mettre à croire à des racontars.  De nos jours, les gens voient du complot partout. C’est toujours plus facile de croire que tout est un coup monté que d’accepter la vérité.

Pour notre bien à tous les deux, je décide de changer de sujet. « Il s’est passé un truc marrant à la fac, aujourd’hui » Je me penche pour attraper une part, parce que j’ai la dalle, mine de rien. « Il y avait un gars et on s’est rentré dedans. Il m’a proposé un café en dédommagement » Je ne dis pas que ce mec est carrément canon et que j’ai eu un instant de flottement avant de comprendre que c’était à moi qu’il parlait. Cindy va très vite le comprendre. Je lance avec un rire « Je crois que je lui ai tapé dans l’œil »

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Dim 25 Sep - 18:07

are you kidding me ?

Je vous ai déjà dit que je suis vraiment pas douée quand je dois rassurer quelqu'un ? Enfin non le pire c'est qu'en mission pour ça je suis pas trop pourrie mais vraiment que quand c'est dans le cadre du boulot si non je suis une catastrophe. Je suis pas très très douée dans les relatons humaines mais de façon général j'arrive à m'en sortir en faisant des efforts, des pirouettes exceptionnelles pour me sortir des situations dans lesquels je me colle. Mais tout ça n'a jamais marché avec ma propre famille. Ils me connaissaient trop bien pour que ça fonctionne. Et je n'ai jamais réellement essayé avec eux, sachant que ça échouerait totalement et me sentant mal quand j'essayais de dissimuler quelque chose. Et là tout de suite ? Je vois bien que la main de mon frère dans la mienne est raide, ce qui prouve qu'il n'est pas totalement détendu. Sans parler de ses mâchoires qu'il sert de plus en plus. En temps normal j'aurais blagué en lui disant que s'il sert plus, il va se casser un os. Mais quelque chose me dit que ça risque d'être mal pris si je le fais maintenant alors je m'en dispense. Sauf qu'on est pas totalement en temps anormal. On se prend la tête sur mon boulot et mes horaires beaucoup plus qu'à une époque. Albert a grandit, maintenant il se sent plus de critiquer ouvertement mon taff. Moi, je supporte de moins en moins qu'il me fasse toujours les mêmes remarques. Et puis, mon travail a changé depuis que je suis arrivée à la garde y a 4 ans, je le sais. Je le sais parce qu'on intervient de plus en plus souvent. Je le sais parce qu'il y a quatre ans de ça, ce qui s'était passé à la fête foraine ne serait jamais arrivé. Je le sens dans mes tripes que ça a changé. Je le sais quand je n'arrive pas à dormir, trop inquiète de ce qui arrivera demain. Je le sais quand y a ce malaise qui balaye notre QG après une remarque délicate. Je le sais tout simplement. J'entends mon frère dire que y a intérêt quand je dis qu'il m'arrivera rien et je peux m'empêcher malgré la gravité de la discussion de sourire. De sourire en voyant qu'il tient à moi. De sourire en sachant que mon frère est là peu importe ce qu'il arrive. Ca a pas toujours été facile depuis la disparition des parents mais Albert était là, Albert est là, Albert sera là. Je me répète cette phrase en boucle la nuit quand un cauchemar me réveille. Je me répète cette phrase en boucle quand je suis dévorée par la peur de ne pas le trouver à la maison en rentrant. Albert est là. Et là tout de suite, il est affalé dans le canapé, laissant mes dernières phrases flotter dans l'air de manière inquiétante. J'hésite à me lever. J'ai soif. Je le regarde silencieux, visiblement inquiet même s'il se retient de me faire une remarque sachant comme moi trop bien comment ça se finit. Je soupire et me lève, faisant bien attention à ne pas forcer sur mon flan. Je me dirige vers le frigo et nous sort deux bières. Je reviens sur le canapé quand il recommence à parler, changeant de conversation, me disant qu'un truc rigolo est arrivé à la fac aujourd'hui. De la tête je lui fais signe de continuer et de me raconter alors que je décapsule nos bières et lui en tend une. Oui, il a pas 21 ans mais on s'en fout non ? Et au pire, s'il est trop fatigué demain, il ira pas à la fac c'est loin d'être la fin du monde. Ah moins qu'on soit samedi demain non ? J'ai encore perdu le compte des jours. Je lève les yeux au ciel quand il me dit qu'il est rentré dans quelqu'un. Enfin il dit pas que c'est lui mais je le connais le Albert Moon et je sais que c'est lui. Et la suite ? J'explose de rire, manquant de recracher ma gorgée de rire. Mon frère qui bouscule un type visiblement homo, ou bi, et intéressé. Je lui donne un coup de coude, riant encore, même si ça me fait mal aux côtes. Mais c'est qu'il a du succès le petit ! Et alors ? Tu as accepté le café j'espère ? Question de politesse. On dit jamais non quand quelqu'un propose un café ou de la bouffe. Une règle chez les Moon. Sauf si c'est du chocolat blanc, c'est deg ce truc là. Et il est comment le garçon ? Mignon ? Sympa ? Qui pourrait te plaire? Cindy Moon, un peu trop intéressée par les histoires de cœur de son frère. Mais c'est parce que c'est une preuve qu'il est un jeune homme comme les autres, qu'il ne se gâche pas la vie avec nos histoires de famille relou, qu'il profite de sa jeunesse. Et c'est ce que je veux pour lui.
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Dim 25 Sep - 19:52

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Je me force à changer de sujet. Parce que je sais où ça va nous mener. Et que ça va me faire aussi mal qu’à elle. Je suis en colère contre elle parce qu’elle m’a fait poireauter toute la soirée et qu’en prime, je découvre qu’elle s’est fait tabassé à son boulot. Pour ce dernier point, ce n’est pas de sa faute, d’accord. Mais je lui en veux quand même. Je ne suis qu’un petit frère inquiet pour sa grande sœur, mais ça frôle le ridicule. C’est juste que… parfois, j’ai peur de la perdre. Je ne sais pas pourquoi, mais des fois, il m’arrive de paniquer en me disant que Cindy n’est plus là. C’est stupide, parce qu’elle est là, on vit ensemble, on se bagarre pour la dernière part de pizza, on se chamaille pour avoir la télécommande et il ne passe pas une journée sans qu’on se parle si jamais on ne se voit pas à cause de son travail ou de mes sorties entre amis. Mais sans crier gare, je me retrouve à paniquer, tout seul, comme un idiot en songeant que Cindy n’est plus là et que je suis tout seul. C’est un sentiment qui s’empare de moi et qui me paralyse de l’intérieur. Comme une brise glaciale qui arrache un frisson dans une journée de canicule.  A cet instant, je ne sais plus ce qui est réel ou non. Il me faut alors quelques secondes pour reprendre mes esprits et revenir à la réalité. Il se passe un truc pas net dans ma caboche. Je crois que je suis bien plus marqué par la disparition de mes parents que je ne veux l’avouer. Je suis ridicule. Cindy est à côté de moi. Elle a un hématome sur le flanc mais elle est là, bien vivante et se gave de pizza avec moi. Rien de plus normal.

Voilà. Il suffit que je parle d’un gus – charmant au passage – que j’ai bousculé pour l’atmosphère se détende. J’accepte la bière d’un signe de tête. Le jour où on me verra refuser une boisson alcoolisée n’est pas encore arrivé. Je parle donc de ce type, que je ne connais ni d’Eve, ni d’Adam. Je ne me rappelle pas l’avoir vu avant aujourd’hui. Bon, je ne fais particulièrement attention à mon environnement en général. Surtout quand je suis sur le campus et que j’ai mes écouteurs vissés dans mes oreilles. J’ai tendance à laisser mon esprit vagabonder en écoutant de la musique et le reste du monde n’existe plus. Il n’y a plus que moi et les paroles d’une chanson que je connais par cœur. Ainsi que le café que je tiens dans les mains, parce que c’est important, le café. Evidemment, toutes les conditions sont requises pour que je percute quelqu’un. J’aurais pu tomber sur plus moche que celui-là, ceci dit.

Je ris avec Cindy. « Bien sûr que j’ai accepté. Tu me vois cracher sur l’occasion de boire du café à l’œil ? » Pour refuser un café, il me faut des raisons en bétons. Or, là, je n’en avais aucune. Jamais je ne raterais l’occasion de manger ou de boire. Je suis un estomac sur patte. Un puits sans fond, peut-être. A la seconde question de Cindy, je réfléchis à une façon de le décrire. « Hum. Il est mignon, ouais. Je ne sais pas si on se reverra après, parce que c’était la première que je le voyais. Mais ouais, on peut dire qu’il est mignon, sympa et qu’il aime le café » Cela fait trois qualités importantes, pour moi. On ne sera sans doute plus amené à se revoir mais ce n’est pas si grave. J’ai suffisamment de truc à gérer dans ma vie pour me laisser distraire par de beaux spécimens. C’est assez difficile quand je vois tous ces gens qui ont la chance d’avoir un super ADN qui les rend canon à souhait. J’ai des études à terminer, un avenir à me construire, je ne peux pas me permettre de me laisser distraire par tous ces gens magnifiques que je vois. Avec ma capacité de concentration de poisson rouge, il vaut mieux que je reste focalisé sur mon avenir. Parce que je suis mal barré, sinon. Mais j’aime bien parler de ça avec Cindy. On garde ainsi une conversation normale et ça permet d’éloigner mes inquiétudes, le temps d’une discussion.

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Mar 27 Sep - 13:07

are you kidding me ?

Je ne sais pas si l'orage est passé chez les Moon... Oui je parle de ma famille comme si je n'en faisais pas partie. Mais bon, j'étais pas totalement sure que j'étais à l'abri réellement de la mauvaise humeur de mon frère. Peut être parce que j'avais été absente toute la soirée. On pourrait poser un lapin à son propre frère je viendrais de le faire. Quoique un retard compte comme un lapin ou pas ? Et puis, techniquement je lui aurais posé un lapin il aurait eu le lapin pour lui tenir compagnie. Que là, il avait passé la soirée seul. Au moins, j'étais sûre qu'il avait pas eu de la visite d'une compagne à huit pattes ou je l'aurais retrouvé en hurlant perché sur une table. Du coup... voilà. Non mais il commençait à me parler de la fac ce qui voulait dire que ça devait aller pas trop mal. Après tout, il parlait pas de la fac si ça allait pas bien non ? De toute façon quand ça va pas y a que deux solutions : soit un boude soit il gueule. Et vu qu'il ne fait ni bouder ni gueuler là j'en déduis qu'il ne doit finalement pas tellement être en colère ou avoir décidé de laisser tomber pour le moment. Surement la seconde option vu le nombre de fois où on s'était pris la tête sur mon taff. Mais ça nous convenait à tous les deux de laisser tomber temporairement. D'arrêter de se prendre la tête et simplement se laisser aller. De dire qu'on se prendra la tête plus tard et que là, on voudrait juste être le frère et la sœur comme si rien de tous les problèmes qu'on avait connu n'existaient. Je voudrais juste oublier que je prenais soin de mon frère à la place de mes parents. Il voudrait juste oublier qu'il était l'adulte qui s'occupait de moi. Mais on n'était pas une famille normale et même si on faisait semblant pour quelques heures. Alors je sortais la bière et il continuait de piquer de la pizza. Une sorte de commun accord tacite.

Jusqu'à ce que je manque de recracher ma bière en rigolant. Je sens la douleur sur le côté quand je ris. Je sens les larmes qui me monte aux yeux sans savoir si elles sont dues au fou rire ou à la douleur. Sûrement qu’elles sont un peu liées au deux et cela m’évite d’avoir à réfléchir au pourquoi ou d’avoir à la justifier auprès de mon frère ce qui est une particulièrement bonne nouvelle. Enfin beaucoup moins une bonne nouvelle à mes yeux que de savoir que mon frère attire l’attention de jeunes gens à la fac, ici un jeune homme. De ce côté là, je suis bien une grande soeur comme les autres : heureuse de savoir que mon frère a du succès et particulièrement heureuse de pouvoir le charrier sur le sujet. C’est pas comme s’il se gênait pour le faire dans le sens inverse quand il en avait l’occasion après tout. Je souris, retenant un nouvel éclat de rire pour le bien être de mes côtes, quand il me confirma qu’il av ait accepté l’offre du jeune homme qu’il avait bousculé d’aller boire un café. Je connaissais trop bien Albert et je n’avais pas douté une seule seconde qu’il dirait oui. Enfin sauf s’il a vraiment quelque chose contre la personne en face. Ton addiction à la bouffe te tuera. Un jour quelqu’un utilisera ça pour te tendre un piège. Je tente de prendre un air tout à fait sérieux mais je suis bien trop hilare pour y arriver. Peut être parce que je sais parfaitement que je souffre du même mal et que putain qu’il est doux de se faire mal de cette manière-ci. Albert me dit que oui il est mignon. Bon au moins il ne se fait pas draguer par un thon ou plutôt par quelqu’un qu’il trouve repoussant. Y a donc moyen que je le charrie bien avec cette histoire, toujours contente de le savoir. Mignon, sympa et qui aime le café. L’homme parfait pour toi ! Qu’on se le dise : la sexualité de mon frère n’avait jamais été un secret pour moi. Je l’avais toujours su, parce que c’était mon frère et que à mes yeux c’était évident. Et que ça changeait rien. Mais je me demandais si ces camarades de fac en savaient quelque chose, ou tous ces amis. Bwah, c’était pas mes oignons de toute manière. Sauf si quelqu’un lui faisait une remarque désobligeante sur le sujet où là je risquais de leur coller mon poing dans la tronche. Je suis sa grande soeur, n’oublions pas. Bah, il te reste plus qu’à aller boire le café et on sait jamais non ? Après tout s’il est sympa, vous pourriez devenir ami et plus si affinité non ? Il y a une légère moquerie dans la question mais je suis en même temps tout à fait sérieuse. Parce que je veux bien savoir si mon frère a une raison de pas devenir ami avec parce que pour le moment je n’en vois pas. Faut bien que tu aie une vie sociale pour deux ! Mon boulot me laissait pas beaucoup de temps pour une grande vie sociale et j’avais coupé les ponts avant beaucoup de monde quand j’avais remonté la pente. Mais ce serait exagéré de dire que je voyais personne. Surtout quand j’allais voir jusqu’à plusieurs fois la semaine Lydia, Leo et mon petit filleul Aidan. C’est fou comment ça grandit vite à cet âge là et j’avais l’impression de rater tant entre deux visites. Portant ma bière à mes lèvres, je finis par me souvenir que je suis la soeur aînée. Tu as cours demain ? Et puis en fait, non. Je suis l'aînée mais il est assez grand pour se surveiller seul. Roh puis fais comme tu veux. Tu me passes de la pizza par contre ?

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Sam 1 Oct - 23:46

are you kidding me ?

Ma sexualité n’était pas un secret. Je ne m’en cachais absolument pas. Je n’ai jamais eu de problèmes avec ça et je n’en aurais probablement jamais. Je considérais que ce n’était qu’un détail, que ça ne changeait pas qui j’étais. N’en déplaise à ceux qui voyaient une personne différemment à partir du moment où ils savaient sa préférence. Moi, je m’en fichais. Ça ne m’empêchait pas de dormir la nuit. Je considérais qu’à partir du moment où une personne était majeure et vaccinée, ce qu’elle faisait de son cul ne regardait qu’elle. Je n’ai jamais aimé qu’on me fasse la leçon sur qui je devais aimer ou pas, avec qui je devais coucher ou non alors ce n’était pas moi qui allait m’y mettre. Je n’avais pas à me plaindre. Je connaissais des gens qui avait été reniés par leur propre famille pour des conneries comme ça. Alors que moi, je pouvais en parler sans le moindre tabou. Je parlais donc à Cindy d’Aris sans cacher qu’il m’attirait.  Je ne le disais pas ouvertement, mais il n’y avait qu’à me regarder pour le savoir. Je n’avais jamais effleuré la possibilité que ça aille plus loin qu’un simple café. Peut-être parce que je n’avais pas envie d’imaginer des choses. J’avais déjà eu pas mal de déceptions amoureuses par le passé, rien de bien grave, mais suffisamment marquantes pour que je finisse par jurer qu’on ne m’y reprendrait plus.  Et la première des choses à faire pour éviter de se prendre un mur en pleine face était de ne pas se faire des films. Surtout des films déconseillés aux moins de dix-huit ans.

La réponse de Cindy me déclencha un nouveau rire. Mon addiction à la bouffe ? Elle pouvait parler. Il n’y avait qu’à voir la tête qu’elle faisait quand on lui parlait de manger équilibré. J’étais un morfale de compétition, mais Cindy était hors concours. Heureusement qu’on avait un bon métabolisme, dans cette famille. Sans quoi, on serait les candidats idéals pour ces émissions de boot camps qu’on voit à la télé. Il faudrait quand même qu’on fasse attention à notre alimentation. Je ne pense pas que ce soit très conseillé de manger des pizzas aussi souvent. Mais Cindy avait raison sur un point. Quand il s’agissait de bouffe, j’étais prêt à tout. Et j’étais la personne la plus facile à piéger quand il y avait de la nourriture à la clé. Je me suis déjà retrouvé à aider quelqu’un à déménager comme ça. Cette personne m’avait attiré en prétextant qu’il y avait un truc bon à manger. Deux heures après, j’étais en train de porter des cartons. Avec d’autres qui avaient été piégés de la même manière que moi. Dans le genre fourbe… « C’est déjà arrivé et ça arrivera encore, y’a pas de doute dessus. Il suffit de parler à mon estomac pour m’avoir de ton côté » Je disais ça sur le ton de la plaisanterie mais c’était tristement vrai. On avait un problème avec la bouffe, chez les Moon. On aimait un peu trop ça.
Je bus une nouvelle gorgée de ma bière, pendant que Cindy qualifiait Aris d’homme parfait quand je lui décris les trois qualités qu’il avait. Tellement vrai. J’avais des goûts simples, finalement.
En effet, il ne me restait plus qu’à aller boire ce café avec lui. Un café, ça engageait à quoi ? A rien. Techniquement, ce n’était qu’un dédommagement pour celui que j’avais perdu en le percutant malencontreusement. Ce n’était pas un rendez-vous galant ou quelque chose dans le genre. Juste deux personnes qui allaient boire un café. Rien de plus. Alors… pourquoi je stressais d’avance ? Ah oui, je savais pourquoi. Parce qu’Aris était canon et que je connaissais ma capacité à ouvrir la bouche pour dire n’importe quoi quand j’étais en face de quelqu’un de beau. La beauté, ça me rendait con. Je devais prendre garde à ne pas enchaîner les maladresses ou dire des conneries plus grosses que moi. Etre moi-même ? Cela aurait plus tendance à faire fuir les gens qu’autre chose. J’hochai la tête en prenant un air réfléchi. « Je verrais bien, ouais. C’est qu’un café »
Avoir une vie sociale pour deux ? Ouais, fallait bien qu’un de nous deux le fasse. Après, Cindy n’avait pas forcément le choix. Et rebondir dessus reviendrait à parler de son job donc mènerait à une dispute. Et puis, elle avait des amis, aussi. Elle était marraine, elle avait ses collègues, bref, elle était non plus asociale. Je lui lançai un clin d’œil taquin « Si tu veux, je t’inviterais à une soirée à la fac. Tu rencontreras des gens et tu trouverais peut-être l’homme de tes rêves parmi les étudiants fauchés » Si je ne me prenais pas un coussin dans la tronche, c’était un miracle. Je lâchai un grognement en l’entendant me demander si j’avais cours le lendemain. Non. On était samedi depuis environ une heure et trente minutes et je n’avais pas cours le samedi matin. Par contre, j’avais un projet à rendre dans deux semaines, ce qui voulait dire que j’avais tout intérêt à ne pas procrastiner. Mais à la limite, ce n’était pas la question. Cindy abandonna aussi vite qu’elle avait commencé en me disant de faire comme je voulais. De toute manière, je n’avais pas cours le samedi, donc bon. Je me penchai pour lui tendre le carton, piochant une autre part au passage.  « Faudrait qu’on fasse gaffe, avec ça. On va vraiment finir par devenir obèses. »

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Mer 12 Oct - 14:59

are you kidding me ?

Je me paye largement la tête de mon frère en lui disant que son addiction pour la bouffe lui causera des problèmes. Et le pire c'est que je en cause même pas de problème de poids vu que dans cette famille on peut à peu près manger ce que l'on veut sans ne jamais grossir. Si si, je vous jure. Après tout, on mange pizza deux à trois soirs par semaines. On a tendance à s’empiffrer comme des tas avec Albert. A manger tout court. A aller prendre un très long goûter et bien copieux chez Lydia. Bref, manger, m-a-n-g-e-r. L'histoire de ma vie. J'espère que ça va durer d'ailleurs cette géniale capacité à bouffer sans grossier parce que je compte pas le moins du monde me mettre au régime un jour dans ma vie. Ni manger moins souvent de la pizza. Ni manger moins chez Lydia. … Un jour Lydia me tendra un piège avec de la bouffe. Ou Jax, je suis sure que Jax a noté que je bouffe trop souvent. Ou … tout le monde. Même Logan doit lavoir remarqué. Mais du coup, sûrement que quelqu'un a du se faire un jour le même genre de remarque à propos de Albert. Ce qui veut dire que quelqu'un pourrait avoir eu l'idée de s'en prendre à mon frère en utilisant la bouffe... Cette simple idée suffit à me faire froncer les sourcils, tout de suite beaucoup moins jouasse à l'idée que quelqu'un ait invité mon frère. Et si... Et si tu vas te calmer Cindy Moon. Albert est un grand garçon. Il ne tombera pas dans ce genre de piège. COMMENT CA C'EST DEJA ARRIVE ? Non ! Mais c'est quoi ça ! J'ai envie de hurler, de protester. Mais je me retiens. Je me retiens parce que je sais qu'il va bien. Je me retiens parce que je sais qu'il ira bien parce que je serais là pour veiller sur lui. Je me retiens parce que si je ne le sais pas déjà c'est que ça doit pas être grand chose. Je me retiens parce que mon frère a le droit de vivre sa propre vie. Mais c'est compliqué pour moi de faire ça. J'espère qu'il s'en rend compte que j'ai du mal à me contenir là. De toute façon, soyons raisonnable ce n'est pas du tout le moment de sortir casser la gueule de quelqu'un. Pas du tout et trop mal aux côtes. Puis il avait pas apprécié que je rentre tard alors je vais pas repartir... Opte pour reprendre une gorgée de bière Cindy. Oui voilà c'est une meilleure solution.

Je préfère charrier Albert en lui disant d'aller prendre ce café et plus si affinité. Autant dire que j'aurais sur qui était la personne avec qui il allait prendre ce café, j'aurais très probablement changé d'avis. Mais je ne le savais pas. Du coup je l'encourageais. Et puis qu'il profite de sa jeunesse. Qu'il évite de le faire comme moi je l'ai fait mais voilà. Profiter en restant raisonnable. Mais je savais que normalement un café avec Albert en devrait pas entraîner trop de truc nawak. Et je faisais tout à fait confiance à mon frère à vrai dire. Il m'avait déjà démontrer qu'il était sérieux et que je pouvais lui faire confiance. Par contre, même si je connais mon frère, il arrive qu’il me surprenne. Comme tout de suite quand ma mâchoire est en train de se décrochée. Parce que je m’attendais pas à ce qu’il me propose d’aller à une soirée à la fac avec lui. J’avais passé l’âge de la fac… ok je n’étais jamais allée à la fac. Mais voilà, j’étais pas trop vieille pour ce genre de chose ? T’aurais pas trop la honte de ramener ta sœur à une soirée ? Quant à faire des rencontres ou trouver l’homme de ma vie. Je manquais pas d’amis hein. Entre les personnes de la garde, Peter, Lydia et Leo, j’avais finalement une vie assez remplie on va dire. Et l’homme de ma vie, j’étais pas sure d’avoir le temps ou l’envie. Quand ça viendra ça viendra, si ça vient. C’était plus l’idée d’aller en soirée qui me surprenait. J’allais plus tellement en soirée. Je savais très bien pourquoi. Albert le savait moins, ou pas même mais moi je savais. Moi je me souvenais de mes années les moins bien, les plus troubles. Enfin mes souvenirs de l’époque étaient assez flous pour certains, à cause de l’alcool et d’autres choses. Je me retiens de me moquer plus de Albert pour le moment. Reprenant mon pseudo rôle de grande sœur, je lui demande s’il a cours demain avant de lui dire de laisser tomber et qu’il se démerde. C’est bon, il est majeur le mome, il prend ses responsabilités. Et j’ai pas envie de me disputer avec lui. Je lâche un rire quand, ignorant donc ma question sur ses horaires, il reprend une part de pizza en disant qu’on devrait faire plus attention à pas devenir obèse. Mon rire se transforme en couinement sous l’effet de la douleur et je porte une main à mes côtes en grimaçant. Grrr… Je me calme sur le fou rire mais je continue de sourire. T’as qu’à te mettre au sport si tu as peur de grossir. Ca te ferai pas de mal de toute manière de bouger un peu plus. Je me ressers à mon tour une part de pizza et croque dedans avec envie. J’aime la pizza… Moi, avec ce que nous fait subir Logan à l’entrainement, je m’inquiète pas le moins du monde de l’obésité. On verra quand j’aurais fini par me faire virer. Je hausse les épaules, blagueuse. Je ne m’inquiète pas particulièrement de me faire virer hein. J’ose croire que Jax me l’aurait dit si j’étais sur le point de me faire dégager… sauf s’il le sait pas. Bref, je m’inquiète pas pour mon poste mais j’ai bien ce genre de blagues reloues.

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Jeu 13 Oct - 17:32

are you kidding me ?

En voyant l’expression sur le visage de Cindy, je me maudis assez violemment. Ce n’était qu’une simple plaisanterie, pas de quoi s’affoler. J’aurais dû réfléchir à deux fois avant de sortir ça. Cindy avait tendance à flipper pour moi, même quand il n’y avait aucune raison de flipper. La grande soeur protectrice par excellence. Je savais me débrouiller tout seul. Je n’étais pas un grand fan de la violence physique mais quand il s’agissait de me défendre, je savais très bien le faire. J’évitais juste d’en arriver là, la plupart du temps. Et je voyais les efforts de Cindy pour ne pas me materner en permanence. Je savais qu’elle devait se faire violence pour ne pas me harceler de message toutes les heures pour savoir si j’étais vivant. J’ignorais d’où venait ce besoin quasi-vital chez elle de se rassurer à propos de moi. Je mettais ça sur le compte de la disparition de nos parents. J’étais la seule personne qui lui restait, donc quelque chose à protéger à tout prix. C’était Cindy, pas besoin de chercher plus loin. Je la connaissais mieux que je me connaissais moi-même. Je connaissais sa façon de penser, ses paradoxes, ses péchés mignons. C’était ma soeur, la personne la plus importante de ma vie. Celle qui ne me jugerait jamais, qui serait toujours là si j’en avais besoin. Et l’inverse était vrai. Alors oui, on braillait l’un sur l’autre, parfois. Et on se battait pour la dernière part de pizza comme si on participait aux Hunger Games. Et on se re-disputait pour des motifs tous aussi futiles les uns que les autres. Mais pour rien au monde je ne souhaiterais changer ça. Cindy était mon ancre quand j’étais parfois saisi de cette impression glaciale d’être tout seul et de ne pouvoir compter que sur moi-même pour survivre. Cette sensation déroutante qui me faisait l’effet d’avoir un trou béant à la place de la poitrine et qui me donnait envie d’hurler. D’aussi loin que je me souvienne, je n’avais rien vécu de tel. J’veux dire. A la mort de nos parents - excusez-moi, “disparition” - nous nous étions éloignés mais les choses avaient changées. Et même dans ces instants, je ne me sentais pas aussi seul que certains instants. J’avais maintenant tendance à ne plus écouter cette impression sournoise qui débarquait à la manière d’un Témoin de Jehovah quand tu étais peinard chez toi, à manger tes céréales préférées, en pyjama devant la télévision. “C’était pour un déménagement, Cindy, rien de grave, hein ?” Je posai ma main sur la sienne pour la rassurer, ignorant ce qui me poussait à faire ça. Les choses devenaient étranges, ces temps-ci. Il y avait cette ombre qui planait sur nous et qui jetait un froid dans une conversation qui était pourtant joyeuse. Plus pour moi que pour elle, je me surpris à lâcher “Je vais bien, Cindy.” J’allais bien. J’étais vivant. Je n’avais aucun problème. J’étais ici, avec elle et je n’avais pas l’intention de partir. Et si, seulement si, quelqu’un avait la merveilleuse idée de s’en prendre à moi, je plaignais cette personne d’avance. Avoir Cindy Moon comme assurance vie, c’était le moyen le plus sûr d’avoir la paix.

Je lâchai sa main quand elle me demanda si je n’aurais pas honte de ramener ma soeur à une soirée. Absolument pas. Je secouais la tête en souriant. Puis en ignorant sa question sur mes cours, parce qu’on était samedi depuis peu et que donc, j’avais pas à me lever le lendemain pour prendre ces fichus bus bondés, je me permis de lui faire une remarque sur notre alimentation. Et pris un air faussement offusqué quand elle me parla de faire du sport. “Moi ? Faire du spooort ? Jamais.” Je n’étais pas non plus une grosse larve. Mais je ne pratiquais pas autant de sport que Cindy. Des fois, cependant, il me prenait l’envie d’aller courir. Ce n’était pas aussi régulier que les commandes de pizza trois soirs par semaine, mais ça m’arrivait. J’avais la chance de ne pas fumer et d’avoir, malgré mon alimentation déplorable et ma tendance à consommer trop de café, une santé à peu près correcte. Courir me permettait d’avoir bonne conscience après un abus de pizza. Et ça m’aidait à faire le tri dans ma tête. J’en avais parfois besoin. La plupart du temps, ça me prenait quand j’avais ce fichu trou dans la poitrine et l’impression d’avoir pris une douche froide. Je prenais alors mes écouteurs et je partais pendant une demi-heure. Pour être honnête, je passais plus de temps à marcher qu’à courir, mais même comme ça, c’était d’une aide précieuse. Je fronçai un sourcil à la dernière phrase de Cindy. Se faire virer ? Pourquoi ? Ah oui, c’était une blague. Je soupirai en levant les yeux au ciel. Elle faisait partie de la Garde Rouge. C’était une unité d’élite. Ce n’était pas rien. Après, j’ignorais ce qu’il se passait vraiment là-bas, Cindy étant tenue au secret. Puis j’avais pas tout à fait envie de le savoir, parce que parfois, ignorer des choses vaut mieux. Tant que Cindy rentrait en parfait état, ça m’allait. Tant qu’elle rentrait vivante, en fait. “Tu devrais aller voir un médecin pour ça.” Je désignai ses côtes avec une légère grimace. Je me faisais violence pour ne pas laisser transparaître mon inquiétude, mais c’était raté. Je n’étais pas très doué pour cacher ce que je ressentais, sauf quand il le fallait absolument.  Mais ça, c’était encore une autre histoire.  Je n’aimais pas la voir dans cet état. Ce n’était pas la première fois qu’elle rentrait avec des bleus. Et ce ne serait pas la dernière. Je devrais probablement m’estimer heureux que ce ne soit que des hématomes et pas quelque chose de plus grave. Et à nouveau, des pensées peu joyeuses commençaient à m’assaillir de toutes part. Je désignai la dernière part d’un mouvement de tête “Prends-la, je te la laisse” Je me mordis la lèvre en regrettant d’avoir dit ça. Moi, laisser la dernière part ? Merde. Cindy allait se mettre à flipper parce que c’était pas habituel. Alors que non, j’avais juste envie de lui laisser, pour une fois. J’haussai donc les épaules en me ramenant mes jambes contre moi sur le canapé “Mais que ça devienne pas une habitude. La prochaine fois, pour l’avoir, faudra me passer sur le corps

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Dim 16 Oct - 20:03

are you kidding me ?

Albert tente de calmer mes craintes. Il prend ma main dans la sienne, m’affirme que ce n’est rien, que ce n’était que pour un déménagement. Enfin, il faudra plus que cela pour me rassurer réellement mais je me force à sourire pour lui faire croire que c’est bon. Il faut que je me résonne un peu. Que je calme cette voix intérieure qui hurle quand la simple idée que Albert pourrait être en danger germe dans mon esprit. Mais c’est plus fort que moi. J’arrive pas à faire autrement. Là je sens une espèce de froid dans ma poitrine. Quelque chose qui me compresse, qui me gêne pour respirer. Une peur inconsidérée. J’inspire un grand coup et je tente de me calmer. Changeons de conversation. Et surtout je ne veux pas que Albert se rende compte que je suis inquiète. Parce qu’il n’a pas à savoir ça. Je suis le leader de famille depuis la disparition des parents, ou la mort selon les points de vue. Et je ne veux pas lui montrer mes inquiétudes. Déjà qu’il avait pu largement remarqué à l’époque que je tenais pas vraiment la route comme grande sœur, proche, leadeuse ou tout ce que vous voulez parce que franchement même en être humain j’étais pas au top du top à ce moment-là. J’avais rattrapé le tir, enfin c’était l’impression que j’avais mais rien n’effacerait tout ce là et je le savais bien. Disons que j’avais encore l’occasion d’écrire un meilleur futur. Et cela commençait par laisser à Albert l’innocence qu’il pouvait encore avoir par rapport à la vie d’adulte.

Alors le sujet change. Il dit qu’on devrait songer à devenir plus raisonnable mais je lui fais savoir que c’est pas du tout mon envie quoi. Parce que jamais je mangerais moins. Du moins jamais tant que je pouvais me permettre de faire autrement voilà. Mais je me gênais pas pour lui glisser qu’il n’avait qu’à se mettre au sport dans ce cas. Après tout, ça permettrait de compenser tout ce qu’on consommait en mal bouffe ou même en bouffe tout court. C’était un peu vache de ma part parce que je savais qu’il arrivait à mon frère d’aller courir. Bon, surement pas très très souvent mais c’était déjà ça. D’ailleurs, il rentra bien dans ma moquerie puisqu’il affirma que jamais il irait faire du sport quoi. Ce qui m’étonnait tellement pas de lui. Si bien que j’explosais de rire en même temps qu’il parlait. Si il n’y avait pas tout le reste dans notre vie, je pourrais douter de notre lien familiale à cause de la flemmardise de ce garçon. Je vois bien ces sourcils se froncer quand je blague à propos de fait de me faire virer. Surement qu’il n’a pas tout de suite choper le second degré, celui disant que je savais bien que mon poste n’était pas le moins du monde en danger à la garde rouge. Je soupçonnais la drague de plutôt recruter que de virer du monde tant qu’on en faisait pas de faute grave. Je me sentais bien à mon poste aussi et je n’avais pas envie de partir. Alors tout ça m’arrangeait. Je grimace à cause de mes ôtes et non de mon boulot et que Albert me dit d’aller voir un médecin. Ce qui me fait encore plus grimacer à vrai dire. Parce que je m’en passerais très bien d’aller voir un docteur. Grrr, saleté de gosse Albert. Je peux pas dire que j’irais pas ou il me fera chier jusqu’à ce que je change d’avis. Or je n’ai pas non plus envie de mentir à mon frère. On verra. C’est une bonne réponse ? Parce que comme ça je m’engage pas à y aller et je ne dis pas non plus que je n’irais pas. Je verrais réellement. Si j’avais trop mal, je ne pourrais pas travailler de toute manière comme ça. Je me ferais dégommer par Scott et Jax si je venais bosser blessée et sans avoir eu l’accord du médecin d’abord. Du coup voilà… Mais j’avais aussi espoir que ce ne soit que quelques hématomes qui feront que je n’aurais presque plus mal demain. Je hausse un sourcil surpris quand Albert me dit de prendre la dernière part. Tu te sens bien ? Non parce que je voyais pas de raison crédible pour qu’il me laisse prendre la dernière part alors qu’il se sent bien. D’habitude on se battait presque pour l’avoir cette part. D’ailleurs, on pouvait même dire qu’on se battait littéralement pour la dernière part. Le nombre de fois où des coussins avaient volés dans la pièce ou qu’on s’était poussé pour attraper la dernière part. Je rigole quand il me dit que c’est pour cette fois. Je me disais aussi que c’était pas habituel. Par contre, tu sais que je peux te passer sur le corps ? Genre, c’est mon métier tu vois. Au moins aujourd’hui, tu avais une chance de gagner. Mais tout en disant cela, j’enfourne la part de pizza dans ma bouche, m’assurant ainsi que même s’il change d’avis c’est moi qui a la dernière part. Et dieu, elle est encore meilleure que les précédentes et ce même si elle est froide ! Mais pour te remercier de cette gentillesse, tu peux retourner nous chercher de la bière ? Et doit y avoir des cookies dans le placard, j’ai fait les courses hier. Je lui décroche un clin d’œil.

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Dim 16 Oct - 23:13

are you kidding me ?

Elle n’irait pas voir un médecin. Je le savais. Je la connaissais, la Moon. A moins d’y être obligée, elle ne foutrait pas les pieds chez un toubib comme ça. Je levai les yeux au ciel. Elle était grande, elle faisait ce qu’elle voulait, mais quand même. Bon, je disais ça mais j’étais pareil. Quand j’étais mal, fallait me trainer pour que j’aille voir un médecin. Sauf que moi, je ne faisais pas un mêtier dangereux où je risquais de prendre des coups toutes les cinq minutes. Je soupirai. Elle m’énervait quand elle faisait ça. Tant pis, qu’elle vienne pas dire que je ne l’avais pas prévenu. Cela m’embêtait mais je n’allais pas la harceler avec ça, ce soir. Par contre, si elle avait encore mal le lendemain, je la traînerais moi-même chez un docteur tiens. Et je m’en fichais qu’elle soit capable de me mettre une raclée. Elle avait mal aux côtes, ce qui me laissait un avantage non négligeable sur elle.

J’en étais sûr qu’elle allait se demander si j’allais bien. Quoi ? On pouvait plus laisser la dernière part à sa soeur sans subir l’Inquisition Espagnole, maintenant ? “Roh ça va, j’avais juste pitié, quoi !” Non mais j’vous jure. Je râlai pour la forme. Et Cindy ne se priva pas pour me rappeler qu’elle pouvait me rétamer en un tour de main si elle le voulait. Je le savais, on s’était suffisamment battu pour de la bouffe pour que je le sache. Ouais, quand il s’agissait de la dernière part, tous les coups étaient permis. Je soupirai d’un air faussement blasé. Ouais, aujourd’hui, j’avais une chance de gagner. Mais ce n’était pas ma façon de faire. “Bon, tu la manges cette part ou bien ?” A peine ma phrase fut-elle prononcée que la part en question avait déjà disparu dans la bouche de Cindy, des fois que je change d’avis. Je secouai la tête. La bouffe, dans cette famille.

Je me levai à la demande de sa majesté pour nous ramener à boire. Je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais déjà fini la mienne. Ça partait vite, ces trucs-là. En marchant jusqu’à la cuisine, quelque chose attira mon attention. Quelque chose de noir et recroquevillé dans un angle de la pièce. Fronçant les sourcils, je me penchai pour y voir de plus près. Et en découvrant que ce truc avait huit pattes poilues, je fis un bond en arrière.  Bordel de merde ! “CINDY !

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