Souvent, certaines journées commencent de la même manière. Un réveil ignoble qui vous tire du sommeil, un petit déjeuner qui ne vous donne pas envie de manger et une petite routine qui s'installe de plus en plus. S'enfermer dans la routine est loin d'être une bonne chose. Puisque dans quelques temps, la routine laissera place à l'ennuie si vous ne trouvez pas quelque chose pour tout casser. Dans mon cas, les jours se suivent et se ressemblent sans être totalement semblable. Il y a toujours une petite chose qui rend la journée plus intéressante que la précédente. Hier, c'était un simple animal qui s'est engouffré dans l'appartement, probablement effrayé par je ne sais quoi. Mais c'était suffisant pour me faire rire et m'occuper un peu. Aujourd'hui, un lundi.. J'espérais que quelque chose ne bouge cette journée horrible qu'est le lundi.
Debout devant le miroir, j'inspecte mon visage. Le but étant d'ôter la moindre trace de fatigue. Pas en me maquillant comme une voiture volé mais simplement en camouflant quelques cernes. Pas grand chose étant donné qu'elles se font très rares. « Elya ! Dépêche toi de sortir ! T'es pas la seule à aller bosser ! » J'entends la voix de cette andouille se faire entendre et je frotte lentement mon visage. Je n'étais dans cette salle de bain que depuis dix minutes... Enfin, vingt si on en croit l'heure sur mon portable. « J'arrive! De toute façon, que tu passes dix minutes ou une heure dans la salle de bain, ça ne changera pas ton physique. » Je pouffe de rire en sortant de la salle de bain sous la tête de mon colocataire emplit de jugement. Je tire finalement la langue et rejoins la porte d'entrée pour enfiler mes chaussures et ma veste. Direction, le magasin. Situé à plusieurs rues de chez moi, il m'est impossible d'y aller à pied alors la voiture aide pas mal dans ce genre de cas. A peine entré et attaché que le rituel commence, je glisse les doigts sur la radio pour l'allumer et démarre déjà. « I'm nuts, Baby i'm mad. Craziest friends that you've ever had. You think I'm psycho, you think i'm gone, tell the psychiatrist something is wrong. » Mes doigts tapotent le volant alors que je chantonne Mad Hatter, je l'ai tellement entendu que la plupart des paroles sont inscrites dans mon esprit. En une trentaine de minute, je me gare et entre dans le magasin. « Bonjour ! Je pensais que tu ne devais pas être là, aujourd'hui ? » Dis-je en voyant ma patronne. Je n'étais pas la seule vendeuse dans ce magasin mais j'étais souvent celle qui arrivait en avance. Quand à ma patronne, disons que moins elle est là, mieux elle se porte. Elle n'est pas méchante, juste un peu feignante sur les bords. On l'est tous un peu. « Une des vendeuses s'est décommandé alors, je dois la remplacer. » Je hochais alors la tête et descendait un peu plus le t-shirt avec le logo du magasin. Voilà le moment intéressant de la journée, alors ? Je glisse derrière la caisse pour pouvoir m'identifier au passage puis lève les yeux vers la boutique. Je n'avais et n'aurais pas grand chose à faire tant qu'un client ne sera pas là. Je quitte le poste puis rejoins l'arrière boutique. Je m'installe sur l'une des chaises puis récupère le carton livré plus tôt dans la matinée.

Cartons en main, je m'installe sur le sol et laisse la boite rencontrer lentement celui-ci. Inutile de casser des téléphones qui me mettront trop de temps à rembourser. Je récupère le cutter et ouvre la boite. « Elya ! Après avoir tout rangé, tu pourras venir, cinq minutes ? » Je lève les yeux au ciel en me relevant. Je récupère les boites et les range à leurs emplacement initiale.  « Oui, maître. Qu'est ce que tu n'arrives pas à faire ? Allumer l'ordinateur avec tes doigts boudinés.. » Murmurais-je avant de pousser le carton vide du pied. Je récupère un autre carton mais je me fige simplement en voyant une silhouette dissimulé derrière. Je repose le carton puis contourne la tour téléphonique. « Hm.. Je ne sais pas si je dois me sentir effrayé par vous et si je risque ma peau mais.. qu'est-ce que vous faites là ?» Je glisse les doigts sur l'interrupteur pour nous éclairer. C'était bien la première fois que je voyais quelqu'un dans l'arrière boutique. Les voles, ça arrivait mais pas de là à ce que le voleur en question ne se cache aussi bêtement ici. Je fronce les sourcils, affichant un léger sourire.
« Je me doute que si vous aviez de mauvaises intentions, vous auriez déjà réagit.. » J'entends la voix de ma propriétaire qui me demande à qui je parle. Je repose les yeux sur l'homme avant d'ouvrir la bouche. « A moi-même ! Je réfléchis à haute voix!» S'il se cachait là, c'était que même la propriétaire ne devait pas être au courant de celui-ci. Je lève les yeux vers la porte menant à l'extérieur. Elle n'était pas fermé, celle là ? Je comprenais pourquoi il était entré sans que je ne le vois. Il n'y avait pas de caméra dans l'arrière boutique bizarrement alors que le devant était blindé. « Pourquoi vous vous cachez là ?» A moins d'avoir des ennuies avec les autorités, je ne pensais pas qu'une autre hypothèse ne soit possible. Il pouvait se cacher de sa famille ou de sa petite amie mais rentrer chez lui aurait été bien plus logique. Du moins, de mon point de vu. Si je devais me terrer quelques part. Je me penche vers la porte puis fini par la fermer derrière moi.
Je me détournais un peu et reprenais le carton que j'avais en main pour reprendre ce que je faisais. Après tout, homme bizarre ou pas, si je ne faisais pas ça, la patronne me taperait sur les doigts.

Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il fait peur, loin de là mais il m'avait surpris et je ne m'étais pas attendu à voir un homme caché derrière les cartons alors que j'essaye de ranger la marchandise.
Bon, il souriait et c'était déjà bien mieux. J'avais pris l'initiative de me faire passer pour une folle qui parle toute seule plutôt que de le laisser prendre. S'il se cachait ici, c'était bien pour une raison. « Des mauvaises personnes, j'avais juste besoin d'un coin tranquille ... Bien caché le temps que ça se calme ... Je ne suis pas ici pour voler quoi que se soit ...» Mauvaises personnes. Je vois. Je hochais alors la tête. Bon, il n'avait pas l'air bien méchant. Je bouge les boites et attrape le tabouret pour le lui tendre. J'ignorais s'il était grand ou non mais il en avait bien l'air et la position ne devait pas être très agréable pour le dos. « Je vous crois. Vous auriez déjà pris plusieurs choses et serait déjà parti en me voyant arriver. Logique. » Je récupère plusieurs boites individuelles et me déplaçait dans l'arrière boutique pour les installer sur les étagères. S'il avait vraiment voulu voler quelques chose, il aurait prit la peine de partir aussi vite. La porte derrière lui était encore ouverte alors inutile de rester là sans raison. Au risque de finir par être attrapé par la police ou la garde rouge, tout dépendait de la gravité du délie. « Je peux vous demander ce qu'ils vous veulent ? Sans indiscrétion, bien sûr. » C'était surtout pour faire la conversation. Je me doute qu'il doit déjà être bien stressé à se cacher alors si on reste dans un silence olympiens.. Puis, je n'aimais pas forcément le silence, ça me stressait énormément. Alors autant dire que je voulais l'aider autant que moi-même. Je glisse le carton vide avant d'ajouter. « Je suis désolé, j'ai vraiment pas les silences alors j'ai tendance à être assez bavarde.. Vous vous appelez comment ? » Autant lui dire rapidement que je risque d'être une pipelette. Le pauvre, il va se demander si je n'ai pas un animal ou des amis pour parler. A cette pensée, un léger sourire se pose sur mon visage. Je me redresse quand la porte s'ouvre, porte qui cache la pile de carton et donc le clandestin caché derrière. Je sursaute face à ma patronne. « J'ai une urgence, tu te sens de tenir toute seule ? » Je retiens le profond soupire qui menace mes lèvres, gonflant ma joue droite avant de hocher la tête. « Je vais me débrouiller, t'en fais pas. Tu peux y aller. Laisse la porte ouverte que je vois si un client entre. » J'agite la paume quand elle s'en va et je grogne de mécontentement. « L'urgence, c'est quoi.. Un crise de flemmingite aigu, oui.. »

J'étais très curieuse en général alors savoir que quelqu'un se réfugie d'un groupe de personne peu fréquentable attirait mes questions. Mais il était en droit de ne pas répondre. Je ne pouvais pas l'obliger à se livrer à moi comme si nous étions amis de longues dates. Le but n'est pas d'être sa psychologue mais uniquement de parler pour ne pas rendre tout ça inconfortable. « Ce qu'ils veulent ... C'est difficile à expliquer mais ce que je sais, c'est que lorsque on se retrouve face à eux on passe des sales moments. » Sales moments. Je hoche alors la tête. Ça me faisait penser à la garde rouge. C'était un peu ceux qui était le plus effrayants d'après ce que j'entendais comme rumeur. Entre temps, je pu obtenir son prénom et ma patronne qui s'en allait par la suite. Je soupire brutalement parce que c'est souvent de cette façon. J'aime ma vie mais je hais le fais que ma patronne ne se servent ouvertement de moi comme d'un paillasson. « D'accord. Enchanté Nicholas. Je m'appelle Elya. » Bon, les présentations étaient faites. C'était déjà ça. Un pas après l'autre vers quelques chose de normal malgré une rencontre un peu bizarre. « J'espère que les personnes qui s'en prennent à vous vous laisseront tranquille. J'imagine que ça ne doit pas être facile de sortir si vous devez sans cesse vous cacher, non ? » Je m'arrête quand la cloche de la porte sonne. Je m'excuse auprès de Nicholas et sort de l'arrière boutique pour m'occuper du client présent dans le magasin. J'affiche un sourire et m'occupe de ce que celui-ci me demande. Un téléphone précis, bien entendu. Je reviens dans l'arrière boutique et récupère une boite situé un peu trop haut. Je dois grimper sur le tabouret pour l'attraper et je redescend par la suite. Durant une quinzaine de minute, je m'occupe du client puis rejoint l'arrière boutique à nouveau. « Et vous faites quoi dans la vie ? »

J'ai toujours été curieuse. Et .. Il faut avouer que ça m'a joué pas mal de tour. Bien sûr, je ne vais jamais chez quelqu'un pour fouiller son appartement mais à partir du moment où on répond à mes questions, je me dit que je peux en poser plusieurs. Tout en essayant de ne pas franchir la limite. Mais.. La limite. Elle est différente avec chacun. Alors, c'est toujours compliqué de ne pas la franchir ou la pulvériser. Au choix. Il était sans abri alors. Ca ne doit pas être facile tout les jours. Je n'ai jamais eu de problème de ce genre et j'espère ne pas en avoir. Mais ça me rend un peu triste pour lui et ça, je ne peux pas le cacher. Mais à sa remarque sur la curiosité, je ne peux m'empêcher de rire bêtement. Pour le coup, je m'en mordrais bien les doigts un de ses quatre. Par la suite, c'est avec le client que je reste. Le temps de remplir la paperasse, qu'il choisisse un téléphone. Enfin, la routine de mon coté.
Je reviens par la suite et tire un tabouret pour m'y installer. Il fuit. Je hoche la tête, affichant un sourire compatissant. « Ça doit être difficile pour vous. Vous ne pouvez pas quitter la ville ? Je sais que c'est peut-être un peu radical comme façon de régler les choses mais.. Si vous n'avez pas d'autres choix. » Après, quitter la ville ou on a toujours vécu, il a peut-être une famille. Une femme, des enfants. Ou peut-être juste de la solitude ? Je ne sais pas. Je ne peux pas le voir, tout simplement. Ca ne se lit pas sur son visage. A part la crainte, je ne vois rien. Ce qui est réellement dommage. Je suis persuadé qu'avec un sourire, son visage serait tout de suite illuminé. « Et vous fuyez depuis longtemps ? Pourquoi en on t-il après avous ? » Ne jamais se fier aux apparences que l'on m'a toujours dit. Mais si je me fis à la sienne. A part une apparence un peu bourru et sauvage. Il n'a pas l'air bien méchant. Réellement.
Mais même une personne adorable peut se réveiller être Jack l'éventreur. Aussi, bien que ma question était d'une curiosité presque malsaine, je ne pense pas qu'il y répondra. C'est tout à fait normal s'il refuse. Logique. Je ne lui en voudrait pas. « Si je vous embête avec mes questions. N'hésitez pas à le dire. »

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