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I can't believe it's true. It must be a dream. Don't wake me up
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Ven 11 Nov - 12:53
I can't believe it's true. It must be a dream. Don't wake me up


Aie. Je sers les dents et grimace pendant que l’apprenti docteur enroule dans ce qui doit être un bandage. Tu parles, je le soupçonne fortement d’essayer de me transformer en momie. Alors je sais que mes interactions sociales sont encore moins nombreuses que la momie du film momie. Je sais que j’ai souvent une tête de déterré, n’ayant pas encore compris l’intérêt de ce truc que les femmes appellent maquillage et qui est définitivement trop compliqué pour moi. Je suis donc assez poche de la momie. Sauf que jusqu’à lors je n’étais pas encore emmaillotée comme une espèce de mort vivant quoi. Et j’étais pas sure d’avoir envie de ressembler encore plus à un mort vivant. Je grogne et grimace, comme une sorte de zombie tiens, pendant qu’il s’occuper de moi. J’ai vraiment mal. Je serais pas venue à l’hosto si j’avais pas vraiment mal. Ca c’est pas très dur de le savoir. J’ai pas confiance en ces personnes là. J’ai plus confiance en grand monde depuis Ezekiel. J’ai surtout pas confiance en ces personnes qui décident pour nous, qui « jouent » avec nous et qui éventuellement peuvent se tromper ou être mal intentionnées. J’ai pas peur de beaucoup de chose mais ça en fait probablement parti. Attendez ici, je vais vous chercher votre traitement. Je grogne en réponse. Bon d’accord, j’allais pas dire non à quelques anti-douleurs. J’avais vraiment très mal. Je savais que ça passerait. J’en avais discuté plusieurs fois avec Peter et on avait établi la même conclusion. La douleur était beaucoup plus passagère chez nous que chez les autres. On se remettait vite et de toute façon on avait moins mal. Et ça m’aidait pas à être raisonnable. Mais bon, j’avais passé dix années enfermées, j’avais pas envie d’être raisonnable. La raison et moi, je voulais même bien que l’on soit fâchées pour quelques années encore. Je prenais des risques, mesurés. Mais à en juger par l’impact tout à l’heure, j’avais mal fait ma mesure et là j’en payais le prix. J’étais à peu près sure que je m’étais brisé plusieurs côtés dans le truc. Je préfère pas savoir je crois. Comme ça si je sais pas, je peux soit me dire que quand même j’exagère et que ce n’est rien ce qui justifiera les prochaines conneries que je ferais. Ou alors, je pourrais me dire que effectivement c’est parce qu’elles sont cassées que j’ai trop mal. Mais choisissant de faire la première option pour le moment, je redescendais de la table sur laquelle j’étais assise et je repassais mon tee-shirt en grimaçant de douleur. Ca allait passer. C‘était juste une projection de mon esprit. Je croise le jeune homme qui revenait avec les médicaments et avant qu’il est le temps de protester, je récupère le sac et je me casse. J’aime pas les hôpitaux. J’aime pas être ici. Et je compte pas y rester. J’étais encore dans la pièce des urgences, cherchant la sortie, quand j’entendis du bruit. Je me retourne pour voir un jeune homme dire qu’il s’en fout et qu’il se casse. Je reste… stupéfaite. Non par son discours mais par son visage, sa voix… Je… Ca réveille des souvenirs en moi. C’est… bordel de merde, c’est… Albert ? C’est mon frère.

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Ven 11 Nov - 23:48
I can't believe it's true. It must be a dream. Don't wake me up


Première question. Où est-ce que j’étais ? Deuxième question. Qu’est-ce je foutais là ? La première chose qui me vint à l’esprit en voyant les murs blancs ne fut pas très joyeuse. Parce que là d’où je venais, les murs étaient de la même couleur. Retour à la case départ ? Non. Il y avait du bruit. Je me redressai un peu trop brusquement et j’en payai immédiatement le prix. Une vive douleur dans les côtes me donna envie d’hurler. A la place, je lâchai un grognement un peu plus fort que je ne l’aurai voulu. Je fermai les yeux quelques instants, le temps de rassembler assez de courage pour bouger, le temps que la douleur se calme et que je puisse regarder dans quelle pièce je me trouvai. A part la couleur des murs, il n’y avait rien que je ne connaissais. Je n’étais pas pour autant rassuré.
Il me fallut un moment pour rassembler les souvenirs épars qui se bousculaient sous forme de flashs dans ma tête et comprendre comment j’étais arrivé là. J’avais compris. Et je n’allais pas m’attarder là. D’un mouvement sec, je me débarrassai de cette fichu perfusion, avant de regretter instantanément en voyant du sang s’échapper. Putain de boulet.

Mes côtes me faisaient un mal de chien mais je me forçai à bouger. Ce n’était pas conseillé quand on venait de se faire percuter par une voiture; mais je comptais pas rester ici. Hors de question. Pas alors qu’on me cherchait. Je ne savais pas ce qu’on m’avait donné, je ne savais pas depuis combien de temps j’étais là et je ne savais pas dans quelle putain de ville je me trouvais. Je ne savais qu’une chose. C’était que dans mon état ou non, j’allais me tirer de là vite fait bien fait. Mettre un pied devant l’autre pris un temps infini. J’avais tellement peur de tomber et de me cogner au point de m’assommer tout seul que je me montrai d’une prudence que je ne connaissais pas chez moi. Je devais me tenir à tout et n’importe quoi pour accéder au sac qui trônait sur une chaise. J’espérais que j’allais trouver mes vêtements. Me tirer de là dans ces espèces de chemises informes, merci la discrétion, quoi.
Miracle. Mes fringues ! Je n’avais plus qu’à les enfiler et ciao la compagnie ! Enfin, si j’arrivais à les mettre sans me rouler par terre à cause de la douleur. Je serrai les dents. Je n’avais pas d’autres solutions.
J’entendis un bruit derrière moi alors que je terminai d’enfiler mon sweat. Merde. Une infirmière. Ou une interne. Pour ce que ça me foutait, sérieusement. Elle commença par me demander de retourner m’allonger. Non. J’allais me tirer. Si je devais la toucher pour qu’elle me laisse me barrer, j’allais pas hésiter. J’étais plus à ça prêt, maintenant. Je pris quand même la peine de l’avertir. “Reculez.” Qu’elle vienne pas dire que je ne l’avais pas prévenue. Elle insistait. Elle allait faire quoi ? M’enchainer au lit ? M'injecter un truc dans les fesses pour que je me tienne tranquille ? Qu’elle essaye. “J’en ai rien à foutre, je me barre. Et j’vous conseille de me laisser partir.” Je la regardai dans les yeux, en tentant de me tenir le plus droit possible, pour lui montrer que je ne plaisantais pas. Je voulais éviter d’en arriver là, si je le pouvais. Elle ne faisait que son travail. Et elle avait probablement une famille, quelqu’un qui l’attendait à la fin de son service. Elle ne méritait pas ça. Mais dans la situation ou je me trouvais, je n’avais pas le choix. Si elle m’empêchait de partir, j’allais devoir faire ce que je détestais le plus. Me servir de ce cadeau empoisonné, cette expérience ratée d’Ezekiel qui m’avait transformé en bête de foire. Elle fit un pas dans ma direction et j’étais prêt à agir quand quelqu’un prononça mon prénom. Une voix familière que je connaissais très bien. Non… ça ne pouvait pas être… Je tournai la tête, trop surpris pour faire autre chose. “Cindy ?” Bordel de… J’étais en train de délirer ? C’étaient les possibles médocs qu’on m’avait filé ? J’avais pris un coup sur la tête quand j’étais retombé sur le trottoir après m’être fait percuter par cette maudite voiture ? “Cindy… C’est toi ?

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Mer 23 Nov - 22:51
I can't believe it's true. It must be a dream. Don't wake me up


Moi, debout en plein milieu des urgences que j’étais sur le point de quitter en lousedé, paralysée par une simple voix que j’avais entendu. Je suis pétrifiée comme si je m’étais retrouvée face à Méduse la sorcière. J’étais tétanisée, comme morte de peur. J’étais… dans un état second qui ce coup ci n’était pas lié au fait que je souffrais d’une douleur assez importante. J’aurais du le savoir. J’aurais du le comprendre quand mon silk-sense a commencé à s’agiter. J’aurais du comprendre qu’il ne faisait pas ça pour rien. J’étais tellement choquée. Tellement déstabilisée. Je regardais ce jeune homme debout face à une infirmière, l’air assez mécontent et visiblement prêt à tracer son chemin quoiqu’il arrive. Je le regardais et je notais cette coupe de cheveux châtain que je connaissais bien. Je notais ces yeux, que j’avais connu rieurs comme accusateurs mais que je n’avais encore jamais vu en colère. Je notais tous ces petits détails qui ajoutaient à la voix que j’étais sure d’avoir reconnue. Albert ? Ma voix tremblait, était si faible, que je n’étais pas sure qu’il puisse m’entendre. Je n’étais même pas sure d’avoir reconnue ma propre voix à vrai dire. Pourtant…. Pourtant, il devait bien m’avoir entendu vu qu’il venait de se tourner vers moi. Il avait pas l’air en pleine forme. En même temps, il ne devait pas être aux urgences parce qu’il allait bien. Il avait vieilli, ses traits étaient creusés preuve que la vie n’avait pas été facile pour lui non plus. Mais qu’est-ce que je disais ? Je ne savais pas si cette personne en face de moi était bien Albert. Je ne savais pas si cette personne était mon frère. Mon frère que je n’avais pas vu depuis plus de dix ans. Mon frère à qui j’avais à peine dit au revoir quand j’étais partie dans ce putain de bunker. Mon frère, et tout le reste de ma famille, qui avait disparu sans laisser de trace pendant ce temps où je n’étais pas là. Ma famille que je n’arrivais pas à retrouver. Ma famille qui me manquait plus que tout et à cause de qui je commençais à perdre doucement la tête. Il me regardait comme si il venait de se prendre un coup de poing. Il y avait cet air profondément surpris et presque choqué sur son visage. Et c’était plus fort que moi, je sentais mes yeux s’humidifier. Il prononce mon prénom et j’ai l’impression d’entendre des bruits de verre brisés. J’ai l’impression que le temps s’arrête. J’ai l’impression que finalement c’est moi qui vient de me prendre un coup de poing dans le visage. J’ouvre la bouche pour répondre mais mes cordes vocales ne semble pas fonctionner. Je suis immobile encore, incapable de lui répondre. Incapable de hurler que c’est moi, que c’est Cindy, que c’est sa grande sœur. Il prononce à nouveau mon prénom et mon cœur s’emballe. Je hoche la tête, toujours muette pour répondre que oui c’était bien moi. Je sens une impulsion s’emparer de moi et je parcours les quelques mètres qui me sépare de lui. Sans même réaliser ce que je suis en train de faire, je passe mes bras au tour de mn frère et le sert fort contre moi, réveillant sévèrement la douleur de mes côtes. Je dois rêver. Albert est là. C’est Albert. Albert et là je le sers dans mes bras. Combien de fois ai-je rêver de faire ça ces onze dernières années ? Combien de fois me suis-je réveillé déprimée de savoir que ce n’était pas un rêve. Et là tout de suite… c’était en train d’arriver. Si jamais je rêve, ne me réveillez pas, jamais. Ne me sortez pas de ce rêve si doux. Je ressers un pu plus ma prise son mon frère. Je suis là. J’ai murmuré d’une voix cassée. Je finis par céder à la douleur de mes côtes probablement cassées et par lâcher Albert. C’est toi n’est-ce pas ? C’est bien toi ? Cette fois-ci je ne retiens plus les larmes qui coulent sur mes joues comme les chutes de Niagara. Je finis par reprendre conscience de la réalité quand je me sens chanceler. Je jette un regard au tour de nous et capte les regards des gens, tout de suite beaucoup moins à l’aise. Alors, j’attrape la main de Albert, ayant besoin de son contact pour me rassurer. Ayant besoin de savoir qu’il était vraiment là. A travers mes larmes, de douleur mais surtout de joie, je souris. Que dirais-tu d’aller ailleurs ? J’ai faim, tu aimes la pizza ? Bah quoi ? J’ai vraiment faim. Et quelque chose me dit que nous allons avoir beaucoup de choses à nous dire. Enfin j’espérais parce que je savais bien que la dernière fois que l’on s’était vu, ça ne s’était pas bien passé. Mais j’espérais que les choses avaient changé entre nous. Et du coup si on avait beaucoup de choses à se dire, ça serait forcément mieux de le faire quelque part où l’on serait posé, avec un petit quelque chose à manger. Donc pour moi, de la pizza.
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Jeu 24 Nov - 23:23
I can't believe it's true. It must be a dream. Don't wake me up


Non, ça ne pouvait pas être Cindy. C’était les merdes qu’on m’avait injecté qui me faisaient halluciner. Je ne pouvais pas voir Cindy, devant moi. Ce n’était pas possible. Et pourtant. J’entendais sa voix, je la voyais de mes propres yeux. Peut-être que j’étais victime d’une hallucination et que j’étais dans un état bien plus grave que je ne l’avais pensé. Parce que soyons honnêtes cinq minutes. La dernière fois que j’avais vu ma soeur, c’était à travers cet écran de surveillance. Une fois par an, pendant neuf ans. Deux fois, si j’avais été suffisament sage pour mériter l’honneur de voir ma soeur sans pouvoir lui parler. Vous comprenez mieux pourquoi je me suis tiré dès que j’ai pu, hein ? Je savais qu’il ne ferait aucun mal à Cindy parce qu’elle était trop précieuse pour lui. Il me faisait son odieux chantage dès que je montrais des signes de rébellion mais au fond de moi, je savais que ce n’était que du bluff.
J’avais donc plié bagage quand il regardait ailleurs. J’avais du utiliser mes pouvoirs, semant donc quelques cadavres derrière moi pour être sûr qu’on ne me suive pas. Et dès que j’avais pu, j’avais disparu des radars. S’il se servait de Cindy pour que je me tienne tranquille, qui disait qu’il ne faisait pas l’inverse ? Sauf que contrairement à ma soeur, je n’avais pas été mordu par une araignée radioactive. Les “dons” que j’ai reçu, c’était Ezekiel qui me les avaient donné en me transformant en monstre de Frankenstein. Ces foutues expériences. Je n’étais pas aussi précieux que Cindy. Je n’étais qu’un détail, un putain de dommage collatéral. Une erreur, puisque cette expérience avait raté en tout point. Je devais aider Ezekiel à trouver un remède. Et à la place, j’avais quoi ? Ces pouvoirs dont je n’avais jamais voulu. Des pouvoirs dangereux puisque le simple fait de toucher quelqu’un était fatal.

Et pourtant, en la voyant là, devant moi, j’oubliais tout ça. J’oubliais que j’avais en moi quelque chose de destructeur, j’oubliais toutes ces années de calvaires. C’était comme si j’avais à nouveau six ans et que je revoyais ma grande soeur. Comme si nous n’avions jamais été séparés. Elle et moi, à nouveau réuni par le hasard qui avait fait que nous nous retrouvions dans le même hôpital au même moment. J’étais prêt à me tirer de là coûte que coûte pour disparaître à nouveau. Que personne ne retrouve jamais ma trace. Mais entendre sa voix et la voir me coupa dans mon élan.
Elle s’avança vers moi et mon premier réflexe fut de reculer. Non, ne me touches pas. Je ne veux pas te faire de mal. Je ne voulais pas qu’elle me touche, je ne maîtrisais pas mes pouvoirs, je ne savais pas ce que je pourrais lui faire sans le vouloir si jamais elle… Elle se rua à mon cou. Le choc me coupa la respiration, la douleur de mes côtes monopolisa suffisamment mon attention pour que mon pouvoir ne se déclenche pas instantanément. J’éloignai mes mains le plus possible de Cindy pour éviter qu’elle ne subisse le même sort que tous ceux que j’avais touché jusque là. Tant d’émotion au même moment. De la joie, de la stupeur, de la colère mais aussi de la peur. Et si ce n’était pas réel ? Il y avait longtemps que je n’avais plus le moindre espoir. Je ne croyais plus que quelque chose de bénéfique puisse m’arriver.

Elle s’écarta de moi et je pus respirer. Je me retenais de grimacer, la douleur se faisant plus vive.  Elle me demandait si c’était bien moi, comme si elle n’osait pas y croire non plus. Je pouvais la comprendre. J’avais changé depuis ce temps. Je n’étais plus aussi enjoué et maladroit qu’avant. Je n’étais plus qu’un gamin qui s’approchait de la vingtaine et qui était en fuite depuis des années. Albert Moon était devenu James Park, celui qui ne restait jamais très longtemps au même endroit. Et accessoirement, l’imbécile qui avait été heurté par une voiture plus tôt dans la soirée. Ma voix avait baissée et je n’avais pu que murmurer “Oui” alors que je tentais de remettre de l’ordre dans ma tête. J’étais incapable de prononcer autre chose. Cindy pleurait et je n’étais pas loin de faire de même. Si je n’avais pas peur des conséquences que ça engendrerait si je me laissais aller, je me serais bien mis à chouiner aussi, dans ses bras. Mais je ne pouvais pas me le permettre. Je ne pouvais que retenir à l’intérieur toutes ces émotions qui ne demandaient qu’à sortir. Retenir l’envie de la serrer dans mes bras parce que je ne voulais pas la blesser davantage. Tout contenir.

Elle prit ma main et durant quelques secondes, je fus sans voix. Avant de la retirer vivement pendant qu’elle me disait qu’on allait manger une pizza. Ce geste risquait d’attirer son attention et je ne pouvais pas lui dire pourquoi je ne voulais qu’elle me touche. Je poussai alors un gémissement de douleur tout à fait feint. J’y ajoutais une dose de réalisme en me ramenant ma main contre moi. En voyant son regard interrogateur, je lui lançai à la tête le mensonge que je venais de trouver. “Je me suis tordu le poignet” C’était ce que j’avais trouvé de mieux. J’hochai néanmoins la tête, me tenant mon poignet soi-disant blessé et souriant à ma soeur que je n'avais pas vu depuis des années. “Allons-nous en d’ici.” J’entendis l’infirmière derrière nous protester. Mais j’étais déjà en train de m’éloigner, avec une démarche qui se voulait assurée mais qui trahissait mon état. Je préférais souffrir le martyr que de rester cinq minutes de plus dans cet hôpital. Et Cindy allait m’aider. Sans m’arrêter et en devinant qu’elle était derrière moi, je lui murmurai “Il faut que je me tire de là avant qu’ils ne trouvent un moyen de me retenir. Je déteste les hôpitaux, bordel.” C’était l’excuse. La véritable raison, c’était que je ne voulais pas qu’on fasse le lien entre le mec qui s’était fait percuté par une voiture plus tôt dans la soirée et les quelques morts suspectes en ville, qui coïncidaient étrangement avec mon arrivée. Pour ma défense, ces trois types avaient essayé de m’agresser et je n’avais fait que me défendre. J’y étais allé un peu fort parce que j’avais encore une fois perdu le contrôle. Mais me faire chopper par les flics, ce n’était rien comparé à la peur qui me nouait l’estomac si ma soeur apprenait que j’étais responsable de ça.  

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Dim 27 Nov - 0:29
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Il me répond un oui bien timide quand je lui demande si c’est bien lui. Mais je crois que je comprends. Je suis pas très à l’aise non plus. Je ne me sentais pas bien non plus. Enfin si… Je me sentais toute bizarre mais pas forcément mal. Je crois que je me sentais surtout comme dans une autre dimension. C’était tout étrange comme sensation. Je me sentais planée. Je me sentais étrange. Je me sentais anormalement space. Ou alors c’était aussi l’effet des anti douleur que j’avais pris. Peut-être que j’étais un peu shooté. Quoique, s’il était ici, il avait peut-être pris ce genre de médicament également non ? Du coup, il n’était peut-être pas bien pour les mêmes raisons que moi en fait. Oui parce que même sans les médicaments on était shooté un peu quand même. Je sentais mon frère retirer sa main de la mienne. Je suis un peu surprise. Parce que je l’avais pas vu venir celle-ci. Je suis un peu… blessée. Je crois que je supportais pas l’idée qu’il retire sa main comme cela, comme si je l’avais brûlée. L’espace d’un instant j’entends à nouveau sa voix d’enfant me disant que j’étais un monstre et je ne peux empêcher mes yeux de se remplir de larmes, largement alimentées par ma douleur le long des côtes. Puis il gémit de douleur et je sens une putain de culpabilité m’envahir. Je me mords la lèvre, me maudissant d’avoir osé repenser à cet épisode de notre vie. Il plaque sa main contre son corps, me disant qu’il s’est tordu le poignet. Et là, j’ai bien envie de me foutre des baffes. Ca finit de m’achever et une première larme d’écoule de mon visage. Je hausse la tête de haut en bas, signifiant que j’ai compris ce qu’il vient de me dire. Désolé. Ma voix est très faible mais c’est déjà ça. Je suis pas du genre à m’excuser. Pourtant, je suis vaguement une calamité sur pattes alors je devrais y songer plus souvent. Mais est-ce qu’on s’excuse quand on utilise ses pouvoirs pour casser la tronche de quelqu’un ? C’est peut-être mal venu voyez vous. Tentant d’améliorer cette situation, qui bien que tenant du rêve pour ma part reste un petit peu foireuse, je propose à Albert se de caser d’ici. Et il confirme tut de suite qu’il est parfaitement d’accord pour cela. Je souris. Je peux m’empêcher de noter la similitude entre sa réaction et la mienne. Visiblement, ni l’un ni l’autre surkeaf d’être à l’hôpital. Bon d’accord personne n’aime être à l’hôpital mais moi… moi c’est pire. Je déteste ça. C’est une petite de torture d’être simplement présente entre ces murs. Ils ressemblent tellement aux murs que j’avais vus tous les jours, toutes les minutes qu’il fasse jour ou nuit, pendant dix ans dans ce putain de bunker. Alors quand j’entendis l’infirmière protester sur le fait qu’on se casse d’ici, je me retournais d’un bloc avec l’air tout sauf poli. Je ne crois pas vous avoir demander votre avis. Une simple phrase mais avec tellement de mépris dans ma voix que j’en ai presque honte. Je ne lui accorde pas plus d’importance et je suis Albert qui marche d’un pas décidé vers la sortie. Je souris quand il m’explique qu’il doit se tirer d’ici le plus vite possible avant qu’on le force à rester. Et qu’il déteste les hôpitaux bordel. Cette personne est définitivement mon frère. Qu’ils essayent seulement de te retenir. Je n’en dis pas plus. Mais je suis certaine que Albert se souvient de pourquoi on m’a foutu dans ce bunker. Je suis certaine que Albert se souvient que j’ai eu cet accident qui m’a donné des super pouvoirs. Alors je les mets réellement au défi d’essayer de retenir mon frère contre son grès en ma présence. Bon, je doute que Peter ou Jessica approuve si je fais un truc du genre. Et autant je n’ai pas du tout envie de décevoir ces deux-là, autant concernant mon frère je ne suis pas tout à fait sure d’être capable de me retenir à ce sujet-là. Une fois à l’extérieur de l’hôpital, j’écartais les bras et inspirais un grand coût. Huuuum… j’aime pas être enfermée. Logique après dix années dans un bunker, je sais. Une douleur me traversant le flan, je rebaisse mes bras et me tourne vers Albert, un sourire sur les lèvres et des larmes sur mes joues. J’ai faim et je suis pas sure de ce que vont me faire les médocs si je bouffe pas. Viens, y a une bonne pizzeria pas loin. Dans mes souvenirs, Albert a toujours aimé la pizza. Et détester le chocolat blanc. Alors surement qu’il me suivra sans trop de problème. Me retenant de l’attraper dans mes bras et de marcher en le serrant contre moi, je range mes mains dans mes poches et me dirige vers le magasin de pizza.
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Dim 27 Nov - 14:40
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Je me sentais bizarre. Comme si mon esprit était ailleurs. Étais-je bien là, en compagnie de ma soeur, en train de m’arracher de cet hôpital ? Tout avait l’air bien réel. Sa présence, sa voix, les larmes qu’elle tentait de retenir, la texture de ses vêtements sur ma peau. Pourquoi tout avait l’air si faux, alors ? Pourquoi avais-je l’impression que si je bougeais ou parlais, tout ça allait s’envoler ? Je refusais de croire que c’était vrai, par peur de me réveiller et de découvrir que j’étais encore seul, sans personne. J’avais tellement rêvé de pouvoir revoir ma soeur sans qu’il n’y ait ce fichu écran entre nous, pouvoir lui parler et qu’elle m’entende. Qu’elle me réponde. Lui dire que j’étais désolé pour tout ça. Que je n’étais qu’un gamin stupide de six ans, effrayé et qui ne pensait pas un seul des mots sortis de cette bouche enfantine. Si j’avais pu revenir en arrière, j’aurais aimé changer cet instant décisif, le jour où j’avais hurlé à ma soeur qu’elle n’était qu’un monstre. Mais rien ne pouvait changer. En quelque sorte, j’étais celui qui avait envoyé Cindy dans ce fichu bunker. Tout était de ma faute. Et rien de ce que je dirais ou ferais n’effacerait ça.

La seule chose qui me rappelait que tout était bien vrai était la douleur qui me pliait presque en deux.  Mettre un pied devant l’autre me faisait serrer les dents à chaque fois.  Je me forçais à adopter la démarche la plus normale possible. Je ne voulais pas que Cindy m’aide à marcher, avec le risque d’un contact qui pourrait la blesser. J’avais une paire de gants avant. Tant que ma peau était couverte, les gens qui pourraient me heurter dans la rue ne risquaient rien. J’avais besoin de cette paire mais je l’avais perdue, on ne savait comment. Et je n’avais pas eu le temps d’en voler une autre avant de me faire percuter par cette voiture.  Jusqu’à ce que je trouve de quoi la remplacer, je devais éviter de toucher qui que ce soit. A commencer par ma soeur. Et pourtant, j’avais envie de la toucher, de prendre sa main pour m’assurer qu’elle était bien là, bien réelle. Que je n’étais pas en train de rêver ou d’halluciner. J’avais besoin de ce contact. Au point que ma peau me brûlait. C’était ma punition pour ce que j’avais fait, d’une certaine manière. Être condamné à blesser ceux que je touchais. Je ne pouvais pas accepter de l’aide. Je devais me débrouiller seul. Encore une fois.
J’étais à l’extérieur, avec ma soeur. Je me tournai vers elle en l’entendant inspirer et lâcher qu’elle n’aimait pas être enfermée. Malgré moi, un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Rien de plus logique. Elle était sortie du bunker peu de temps après ma fuite. Je l’avais appris de la bouche d’un des types qui bossaient pour Ezekiel et qui me poursuivait. Je ne savais pas trop pourquoi ils avaient encore besoin de moi vu que Cindy n’était plus dans les parages, mais j’avais deviné qu’ils n’avaient pas l’intention de laisser une expérience ratée se balader librement dans la nature.

Cindy me regardait avec un petit sourire, elle aussi. J’écoutai ce qu’elle disait sans dire un mot, simplement en hochant la tête. Je n’avais pas particulièrement envie de manger une pizza. Il y avait bien longtemps que je n’aimais plus ça. J’avais les pizzas et les gâteaux d’anniversaire en horreur, Ezekiel s’en étant trop servi pour tenter de m’amadouer quand j’étais chez lui. Comme si j’allais me faire avoir.  J’avais envie de m’éloigner d’ici. Mais… C’était ma soeur. Et elle aussi, elle avait été blessée, je l’avais bien vu. Elle se remettrait plus vite que moi, grâce à ses pouvoirs. Jouer les super-héroïnes, ça creusait, pas vrai ? Je voulais m’éloigner de cet endroit, mais pas de Cindy. Pas maintenant, alors que je venais juste de la retrouver. Pourtant, je savais que je la blesserais si je restais près d’elle trop longtemps. Je n’arrivais pas à mettre de l’ordre dans mes pensées. J’étais tiraillé, de tous les côtés. D’un part, j’avais envie de prendre mes jambes à mon cou et de tout laisser derrière moi. D’une autre, je ne voulais pas partir. Pas encore une fois. J’étais incapable de choisir. Incapable de décider si je devais fuir ou la suivre. En supposant qu’elle me laisse m’enfuir.

Je baissai la tête, un instant. En avais-je envie ? De retourner à cette solitude qui m’accompagnait depuis des années ? De fuir, encore et encore, sans jamais m’arrêter ? Pourquoi, pour une fois, ne pas rester un peu plus longtemps au même endroit ? Je ne m’attarderais pas indéfiniment. Je repousserai simplement mon départ vers un autre état. Lentement, j’enfilai la capuche de mon sweat, dissimulant une partie de mon visage dessous. Je relevai la tête vers Cindy, fourrai mes mains dans mes poches et lui emboîtai le pas. “Allons-y” Je n’avais pas envie de sourire. Même en y mettant toute la volonté du monde. J’étais heureux de la revoir, pourtant. Je n’avais pas ressenti de joie depuis un moment, à croire que je ne savais plus ce que c’était. Revoir Cindy me rappelait ce que ça faisait. Cette chaleur, ce sentiment que peut-être tout se passerait bien. L’esquisse d’un moment agréable qui se précisait. Cindy me rappelait ce que c’était d’être heureux et d’espérer. Rien que par sa présence.

Plus j’avançai avec elle et mieux je me sentais. J’abandonnai peu à peu ma posture défensive, celle qui ne m’avait pas quitté une seule seconde depuis que j’avais fui. Pour la première fois depuis longtemps, en pleine rue et à l’air libre, je me sentais presque en sécurité. Cindy était là. Pas la super-héroïne, pas la fille que j’avais vu à travers cet écran. Ma soeur. Ma grande soeur.
Celle qui m’emmenait manger une pizza, comme quand on était gosse. Comme s’il n’y avait pas eu ce bunker, ni Ezekiel, ni cette araignée. Comme si rien ne nous avait séparé. Pour un instant, je voulais m’autoriser à rêver. A croire que tout allait bien et que rien n’allait arriver.  
Je voulais être avec elle. Je voulais qu’on soit de nouveau une famille. Je voulais plein de choses, des choses que je n’aurais probablement jamais. Mais le temps d’une soirée, je voulais surtout être un gars normal, qui allait manger une pizza avec sa soeur. J’en avais envie. Pas de la pizza, mais d’un moment avec elle. Juste elle et moi, sans personne entre nous, sans écran, sans rien.

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Sam 3 Déc - 21:41
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Viens, y a une bonne pizzeria pas loin. Je doute que cette phrase surprenne grand monde qui me connaisse. Parce que j’avais toujours aimé la pizza, que j’en avais été privé pendant 10 ans et que depuis je me nourrissais quasiment que de ça. Jessica avait même dit qu’il faudrait peut-être que je songe à penser à m’alimenter avec des vrais aliments. Bon faut dire ce jour-là, j’avais pris une pizza et un chocolat chaud comme repas. Je reconnais que c’était un peu abusé. Surement mon côté enfantin qui ressortait. Et je me disais que Albert devait bien aimer aussi la pizza. Déjà parce que tudieu, qui n’aime pas la pizza ? On est d’accord que c’est juste totalement impossible de ne pas aimer la pizza ? Ensuite ? Je me souvenais de Albert enfant, âgé de cinq ou six ans. Je me souvenais de Albert qui mangeait de la pizza à pleine bouche, s’en mettant partout sur le visage. Et je me souvenais qu’à l’époque ça me faisait beaucoup rire. Mais étrangement, je sens qu’un truc ne va pas. J’ai mis mes mains dans mes poches et commençais à marcher quand mon silk sens s’est agité. Je me suis stoppée en marche, tendant l’oreille et entendant que Albert ne bougeait pas. Je pouvais presque l’entendre trembler. Le sentir même si nous étions légèrement éloignés. Albert… qu’est-ce qui t’arrive ? Qu’est-ce qui s’est passé pendant dix ans ? J’ai envie de poser cette question, qui me brule vaguement les lèvres depuis que j’ai réalisé que oui c’était bien Albert et que je ne devais pas simplement rêver ça. Je me retiens, je me mords la lèvre jusqu’au sang. Pfff, au pire la douleur de ma lèvre me distraira de celle de mes côtes. On va dire ça… J’attends puis j’entends qu’il bouge. Je devine sans mal qu’il met sa capuche. Un besoin de se sentir à l’abri ? Qu’on ne puisse pas le reconnaitre ? J’en sais rien… Après tout, je suis bien tout le temps avec ce bout de soie rouge que m’avait donné Maman. Il peut mettre sa capuche. Peut-être qu’il fait froid et que je suis simplement pas en état de m’en rendre compte. Allons-y… Je ne peux retenir un soupire, douloureux, de soulagement alors que je recommence à marcher comme si rien ne s’était passé. Comme si je n’avais pas cru pendant un moment que mon frère allait partir dans l’autre sens. Comme si je n’avais pas eu peur qu’en me retournant je découvre une rue vide, sans lui. Je le précède seulement de quelques pas, gardant le silence. Parce que je sais qu’une fois que j’aurais commencé à parler, je ne serais peut-être pas capable de m’arrêter. Parce que je sais que ça risque d’être pas forcément un moment agréable pour nous deux. Parce que je trouvais clairement pas les dix dernières années agréables et que mon instinct me criait littéralement que ça n’avait pas du l’être pour eux non plus. Où étaient les parents ? Je n’osais pas poser la question. Ce n’est pas comme si ces derniers mois, j’avais écumé la ville dans le but de retrouver ma famille sans succès. Ce n’était pas comme si j’avais reçu l’aide de Jessica et Peter pour ça. Mais impossible de les localiser. Je gardais tout cela pour moi pour le moment mais je ne savais pas combien de temps je retiendrais mes questions. Je poussais la porte du restaurant de pizza et adressais un salut de la tête au serveur qui me reconnaissait vu le nombre de fois où je mangeais ici ou prenais à emporter. J’allais m’asseoir à une table dans le fond de la pièce, un peu à l’écart et de laquelle je pouvais voir toutes les issues du magasin. Moi, vivant sur la défensive ? Si peu… Je tendis la carte à mon petit frère, faisant bien attention à ne pas le toucher, ayant bien compris qu’il ne voulait pas même si je ne savais pas encore pourquoi. Choisis ce que tu veux, je t’invite. Moi je sais déjà ce que je prends. Pizza peppéroni. J’adore la pizza peppéroni. Je soupire pendant que le serveur nous apporte de l’eau et lui fait signe de repasser plus tard. Mais c’est mort. Je tiens plus. J’arrive plus à garder mes pensées pour moi. Tout se bouscule dans ma tête. J’attrape ma tête entre mes mains pour tenter, sans résultat autant le dire, d’y mettre de l’ordre. On foutra ça sur les dos des anti douleur et de la douleur justement. Parce que j’ai quand même un peu mal même si j’ai pas envie de le dire. Vérifiant que le serveur ne regarde pas vers nous, je soulève mon tee-shirt et pointe deux de mes doigts vers mes côtes blessées. Doucement, la soie sort du bout de mes doigts et vient créer une couche supplémentaire de protection, vaguement rigide pour soutenir mon torse. Huuuumpf. C’est bien mieux comme cela. Tu as choisi ce que tu veux manger ? Ou tu as besoin d’aide pour te décider ? Je souris à mon frangin, simplement heureuse. J’ai mal. J’ai mille et une questions en tête. Mais je suis tout simplement heureuse de le voir. Savoir qu’il est vivant. Savoir qu’il est là. Qu’il ne semble pas aller trop mal, même si je l’avais trouvé à l’hosto et que je ne savais pas ce qu’il lui était arrivé. Comment tu as atterri à l’hôpital ? J’avais prévenu que je tenais plus et que mes questions allaient sortir toutes seules de ma bouche. Je me connais hein.
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Dim 4 Déc - 23:06
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Je suivais ma soeur, à la fois partagé entre l’envie de prendre les jambes à mon cul et l’envie d’être avec elle. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais. C’était le bazar dans ma tête. Je voulais l’éloigner de moi et du danger que je pouvais représenter. Mais je ne voulais pas m’éloigner d’elle parce que tout allait mieux quand elle était là. Depuis que je l’avais retrouvé, je me sentais moins… seul ? J’avais été seul bien trop longtemps. Même si je ne possédais pas la capacité de lire dans les esprits, je me doutais que Cindy mourrait d’envie de me poser un tas de question. Savoir ce qui était arrivé aux parents, ce qui m’était arrivé à moi, comment s’était passé les dix années qu’elle avait passé dans le bunker. Elle ne pouvait pas savoir que j’étais pas très loin d’elle. Seulement à portée d’écran. Que si j’avais pu lui parler, je l’aurais fait. Non, elle ignorait simplement tout. Et en un sens, j’étais en train de me convaincre que c’était mieux comme ça. Je portais ce poids depuis tellement longtemps que le partager avec elle ne me traversait pas l’esprit.

Elle s’arrêta enfin à une pizzeria, entra dedans en saluant quelqu’un. Je la suivais toujours, bien à l’abri sous ma capuche. Je devais donner une drôle d’image. Il ne manquait plus qu’une paire de lunette pour compléter le déguisement, au point où j’en étais. J’emboîtai le pas de ma soeur, mal à l’aise devant les regards que j’attirais. Par réflexe, je baissai la tête et rentrai les épaules. Ayant pris soin de mémoriser toutes les sorties. Cette habitude m’avait sauvé la vie un bon nombre de fois et je ne pouvais plus m’en passer à présent. J’avais besoin d’analyser une pièce dans les moindres détails pour me sentir un peu plus serein. Et Cindy me rendit service en choissisant une place de laquelle je pouvais tout voir. Enfin… Elle pouvait tout voir. Pas moi. Une partie de mon champ de vision était obstrué par ma capuche. Je l’abaissai donc en prenant place face à ma soeur. Elle me tendait la carte, m’invitant à choisir. Je jetai un oeil perplexe dessus. Il y avait des noms que je ne connaissais pas, comportant des ingrédients inconnus. J’étais un peu désempare, parce que je ne pouvais pas prétendre agir normalement si je n’arrivais pas à regarder cette carte sans me demander ce que tel nom voulait dire. Je ne savais pas ce que je voulais alors, je fis le même choix que Cindy. Si elle aimait ça, peut-être que ce n’était pas mauvais ? De ce dont je me souvenais, on avait les mêmes goûts en matière de nourriture. Je levai la tête en la voyant bouger du coin de l’oeil. Sous mon regard surpris, elle positionna deux de ses doigts vers ses côtes blessées. Je ne pus retenir une légère grimace, devant l’état de ses côtes mais aussi devant ce qu’elle faisait. Je savais qu’elle était capable de faire ça, mais il n’empêchait que c’était toujours aussi surprenant de le voir en vrai. Je me demandais comment ça fonctionnait, ces trucs. C’était produit par son corps ? Elle ne me laissa pas le loisir de me poser davantage de question car elle me demandait à présent si j’avais fait mon choix. Je mis un leger instant à comprendre qu’elle parlait des pizzas. Je baissai à nouveau les yeux vers la carte, la reposai et répondit simplement, le plus naturellement du monde « Je vais prendre la même chose que toi. » Je ne prenais pas de risques, de cette manière.

Et enfin, la question que je redoutais, celle que je voulais éviter à tout prix arriva. Enfin, non, pas celle-là, la deuxième. Je n’aimais pas celle-ci non plus, car elle impliquait d’autres questions que Cindy allait me poser et si je répondais franchement, elle aurait droit à tout ce que j’avais fait ces dernières années. Je laissai un silence flotter entre nous, jouant nerveusement avec le bord plastifié de la carte pendant que je cherchais quoi lui répondre. Comme si ça allait me faire gagner du temps. Comme elle allait oublier la question parce que je mettais mon temps à lui répondre. Au bout d’un moment, je cédai enfin. Si je ne parlais pas maintenant, elle continuerait. Elle allait me harceler jusqu’à ce que je lui donne ce qu’elle voulait. Alors, autant commencer ? Je me redressai doucement - à cause de la douleur, je ne pouvais pas faire mieux - avant de lever lentement les yeux vers Cindy. « J’ai été percuté par une voiture. Je n’ai pas fait attention, la voiture est arrivé et… » Pas besoin de terminer ma phrase, parce qu’elle connaissait la suite. Je devais maintenant détourner la conversation. Et je savais comment. En lui retournant la question, bien entendu. « Et toi ? Comment t’as fait ton compte ? » Je ne bougeai plus, fixant Cindy. J’espérais l’occuper assez longtemps pour trouver une version crédible à lui offrir, pour ne pas lui dire la vérité, même si je ressentais de plus en plus le besoin de le faire. Vivre comme ça, ça ne m’avait pas réussi du tout. « C’est souvent que tu te jette ton espèce de toile pour te soigner ou c’est la première fois que tu le fais ? »
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Lun 5 Déc - 22:03
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Après m’être mis de quoi me rafistoler les côtes moi-même, je me tourne vers Albert et je lui demande s’il a réussi à choisir ce qu’il veut manger. Je vois bien à son visage qu’il est perplexe. Il faisait déjà la même moue enfant quand il ne comprenait pas trop quelque chose. Un peu comme quand je tentais de lui expliquer pourquoi moi, l’ado de la maison, me disputaient avec nos parents, vilains adultes à mes yeux d’ado à l’époque. Un sourire attendri vient se poser sur mon visage, alors que je penche un pu la tête sur le côté, attendant qu’il procède l’information tout seul. Quelque chose, l’instinct, me disait qu’il avait besoin d’un peu de temps. Après tout, la situation devait pas être si facile à appréhender. Non, c’était même totalement un bordel. Revoir un membre de sa famille après plus de dix ans ? C’était perturbant, j’étais très bien placée pour le savoir. Je m’en rendais compte simplement en sentant à quel point mes sens étaient en bazar. Plus de sourdine aux sons que pouvaient percevoir mon oreille à commencer par les battements de mon cœur une espèce de boum permanant dans mes oreilles qui me faisait trembler. Je sentais tout trop fort. Mes pensées se bousculaient dans tous les sens. C’était le bordel là-haut. Alors il pouvait bien prendre un peu de temps pour choisir sa pizza. Je hoche la tête quand il finit par me dire qu’il prendra comme moi. Il a raison c’est un super choix comme moi. Doucement, je lui montre sur la carte ma pizza, prenant soin de ne pas le toucher. Il ne veut pas, je le sais, je le sens. Et je ne veux pas essuyer ce genre de refus ou de rejet, pas de la part d’Albert, pas à nouveau. Alors je fais attention à pas le toucher. Je fais rapidement un signe au serveur. Deux Peppéroni s’il te plait. Un joli sourire et hop le tour est dans le sac. Je devrais sourire plus souvent que dit Jessica, qui a bien remarqué que ma tronche naturelle n’est pas au sourire même si je l’entends aussi dire souvent que je souris ou rigole de choses parfaitement enfantines ou inattendues. Mais là mon sourire reste pas très longtemps, cédant la place à mon visage perturbé et inquiet que je n’ai pas le courage ou l’envie de cacher à Albert. Je lui demande comment il a fini à l’hôpital. Et du regard, je le défie d’oser me dire que ce n’est rien. Parce que quand il s’agit de se prendre une madale en disant que c’est rien, j’en tiens une assez bonne couche pour savoir qu’il aura pas atterri aux urgences pour rien. Surtout vu l’envie qu’il avait mis à s’en barrer. Il restait silencieux et je sentais me visage se tendre, mes sourcils se froncer. Il voulait pas répondre. Il pensait peut être que j’allais laisser tomber. Mais c’était mal se souvenir de moi. J’avais toujours été qu’une tête de mule, lui aussi d’ailleurs. Et après dix ans, le retrouver aux urgences n’étaient pas spécialement ce qu’il y avait de plus important. Percuté par une voiture ? Il est sérieux. J’ouvre des grands yeux, retenant à l’envie de me lever pour aller le prendre dans mes bras. Je me retiens aussi de le gronder, pas certaine qu’il ne puisse pas simplement se lever et partir si je fais ça. La prochaine fois, regarde avant de traverser. Quoi ? Je suis sa grande sœur après tout. Il me demande ensuite ce qui m’était arrivé. Je lâchais une grimace et un pseudo gémissement de douleur. J’aurais du m’en douter, je l’avais même cherché. Mais j’avais pas envie de répondre. Parce que je pouvais déjà deviner l’expression de stupeur sur son visage avant celle qui veut dire « tu es folle ma grande ». Je tourne la tête. Tombée d’un immeuble. Faites balancée du dernier étage d’un building serait plus exacte mais bon, minimisons tant que l’on peut.  Surtout qu’il me demande si j’utilise souvent ma toile. Par reflexe, je cache mes mains entre mes jambes. J’ai encore du mal à laisser les gens voir ça. Et puis… Désolé. J’y ai pas pensé. Je sais que tu aimais pas quand je faisais ça avant. Je m’en souviens bien. Il m’avait dit que j’étais un monstre. Une parole d’enfant. Une simple parole d’enfant qui a peur. Ca fait de meilleur bandage que l’hosto. Plus solide. Et puis j’aime pas l’hosto. Et en plus, c’est thermorésistant. Bref, c’est… utile. Désolé si ça te dégoute hein. Je réponds pas à la question sur si c’est la première fois. Comme je lui dis pas non plus que les vêtements que je porte là sont fait de ces mêmes toiles. Je me contente de me pencher en arrière, soupirant et passant une main dans mes cheveux. Désolé. Je sais que ça a l’air… deg ? Mais c’est une partie de moi. Je veux dire, je le produis comme on produit de la salive… Erf, c’est berk dis comme ça désolé. Mais… dix ans c’est long. Je hausse les épaules. J’ai envie de poser d’autres questions. Je… Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Pas pour l’hosto hein, mais de façon général.
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Jeu 29 Déc - 22:36
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La réaction de Cindy ne me surprenait pas. Les yeux écarquillés, en se demandant probablement comment j’en étais arrivé là. Je pouvais voir l’inquiétude de la grande sœur qui se manifestait à travers ses yeux. Elle avait envie de m’engueuler. Ça se voyait.  Comme le nez au milieu de la figure. Dix ans de séparation et je connaissais encore les expressions de ma soeur. Le problème, c'était que la réciproque était probablement vraie. Qui pouvait mieux me connaître qu'elle ? Malgré dix ans ? C'était Cindy. Si elle avait envie de m'enguirlander, elle sut se retenir et me lança simplement un avertissement. Regarder avant de traverser.
J'avais vaguement tenté de détourner le sujet. Après tout, elle n'était pas obligé de savoir tous les détails. Et une question allait en entraîner une autre. Mais j’avais su le faire brillement, car une grimace déforma ses traits et un gémissement s’échappa de ses lèvres. Elle avait autant envie de répondre à ma question que moi à la sienne. Et la phrase qu’elle prononça me laissa bouche bée quelques minutes. Hein ? Tombée d’un immeuble ? C’était à mon tour d’écarquiller les yeux. Je voyais bien qu’elle ne me disait pas tout, comme si elle avait peur de me dire ce qui s’était réellement passé. Et c’était bien tout le problème. Ni l’un, ni l’autre n’osait dire la vérité.  On restait sur nos petits secrets, par peur de la réaction de l’autre.  Et si je ne voulais pas que Cindy sache ce qui m’était arrivé, je ne pouvais pas lui demander de cracher le morceau sans m’attendre à ce qu’elle tente aussi. Rebondir sur ses toiles fut un excellent moyen de détourner à nouveau la conversation. Pour que je garde mes questions bien au fond de ma gorge et qu’elles ne sortent pas, pour ne pas donner d’idée à ma soeur.
Je baissais à nouveau les yeux vers la carte quand elle s’excusa. Ouais, je n’aimais pas ça. Avant. Quand j’étais un gamin idiot. Le gamin idiot qui l’avait traité de sale monstre parce qu’il avait peur. Le gamin stupide qui n’avait pas mesuré la gravité de ses paroles et des conséquences qu’elles auraient. « Tu sais… ça ne me dérange plus, maintenant.» Chose qui était probablement difficile à croire quand j’avais grimacé un peu plus tôt.  Elle m’expliquait que ses toiles faisaient de meilleurs bandages, que ça lui évitait d’aller à l’hôpital. Si elle ne répondit pas vraiment à la question, en prenant soin de ne pas y répondre, elle y répondait en quelque sorte. Ça n’avait pas l’air super clair ainsi, mais ça l’était. Elle devait donc se servir  de ses pouvoirs régulièrement pour ne pas passer par la phase hôpital. Typique. Et vu la douleur qui était en train de me scier en deux, j’étais à deux doigts de lui demander de me faire la même chose. J’étais dans un sale état. Je notais l’usage du mot «désolé» plusieurs fois. Elle s’excusait pour ce qu’elle était. Elle en était là, à devoir répéter qu’elle était désolée devant moi, pour que j’accepte ce qu’elle était. Mais je l’avais déjà accepté depuis longtemps. Elle n’avait pas besoin de faire tout ça. Alors ouais, ce n’était pas très ragoûtant de savoir que c’était un peu comme de la salive, mais c’était un truc d’araignée ça, non ? C’était plutôt logique.
Dix ans, c’est long. Ouais, c’était le cas de le dire. Je baissai à nouveau la tête, espérant passer à travers la question que je sentais arriver.  Mais c’était mal connaître ma soeur. Bien mal. Elle n’allait pas lâcher le morceau. Je n’avais pas envie de lui dire. Je… Je ne pouvais pas lui balancer la vérité. C’était quelque chose de trop dur à avaler, quelque chose qui ne s’annonçait pas comme ça, dans une pizzeria, pas alors que je la revoyais en vrai, bien en face de moi après dix longues putain d’année. « Et bien en fait, Ezekiel m’a gardé avec lui pendant des années et pour trouver un remède à ta condition, j’ai servi de rat de laboratoire parce qu’on m’a dit que ça allait t’aider. Sauf que, ahaha, ça a raté. J’ai des pouvoirs de merde qui tuent toutes les personnes que je touche. Et du coup, ils veulent me récupérer parce que ça se fait pas de laisser le monstre dans la nature, tu sais.  C’est génial, hein ? » Non, clairement pas. Je ne pouvais pas lui dire ça. Mais d’un autre côté, elle le voir que je mentais. J’étais coincé. Je pouvais peut-être lui dire que je ne voulais pas en parler ? Comme si ça allait la dissuader. Pris au piège, voilà ce que j’étais. Je gardai les yeux rivés sur la carte pour échapper à son regard. Pitié. Qu’on ne me demande pas ça. Je ne voulais pas qu’elle sache la vérité.  « Je ne veux pas parler de ça. » Je tournai la tête à mon tour, espérant que ce serait suffisant pour qu’elle n’insiste pas. Elle allait peut-être comprendre que c’était un sujet sensible sur lequel je ne voulais pas m’attarder.  Je commençais à me sentir mal. Entre mal à l’aise parce que j’allais me retrouver au pied du mur dans pas longtemps. Et entre mal parce que je venais de comprendre que les effets des médicaments qu’on m’avait filé commençaient à s’estomper et que la douleur revenait plus forte.  J’ignorais si ça se voyait sur ma gueule mais j’espérais que je n’étais pas devenu blanc comme un linge. « Y'a rien à dire sur le sujet. C'est...Bref. C'est pas important. » J'essayai d'y mettre le maximum de conviction pour qu'elle y croit. C'était difficile dans l'état où j'étais. Mais je devrais y arriver si j'arrivais à me concentrer assez longtemps.
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Sam 25 Fév - 21:55
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Je sais que Albert voit l’horreur à l’idée qu’il se soit blessé dans mes yeux. Comme je capte bien dans son regard qu’il se demande comment sa grande sœur a bien pu tomber d’un immeuble et qu’il a l’air lui aussi d’être inquiète. Les Moon, visiblement assez doué pour se mettre en danger et reprocher aux autres de simplement faire comme eux. C’est probablement pour cette raison que je ne lui ai rien dit de plus que simplement de faire attention à lui, de regarder avant de traverser comme lui aurait dit Maman à ma place. Et que lui, n’a fait simplement aucun commentaire. Parce que l’on sait tous les deux être assez mal placés pour faire la morale à l’autre. Et qu’après dix ans de séparation, dix ans d’absence, c’est probablement pas la chose la mieux à faire. Si je lui faisais la morale et qu’il décidait que je n’avais pas à le faire et qu’il parait ? Je serais… dévastée. La simple idée qu’il puisse partir accélérer mon rythme cardiaque, augmenter le bruit du sang battant dans mes vaisseaux, faisait trembler mes mains. Je détournais ainsi la conversation, pour répondre à sa question sur mes toiles. Je commence d’ailleurs par m’excuser en me souvenant que petit, il était totalement dégouté par ma condition d’araignée et donc par ses toiles de soie que je construisais. Mais bon malgré son dégoût, je profite de ce sujet de conversation avec lequel je suis très à l’aise pour parler un peu. Dégoût ? Il me coupe pour me dire que maintenant ça ne le dégoute plus. Alors je souris. Dix ans c’est long et en dix ans, mon frère a forcément changé. Et ce changement, celui qui fait qu’il ne rejette plus une partie de moi, me réchauffe le cœur. Je sens une douce chaleur se répandre en moi d’ailleurs. Ca ne le dégoute plus. Un sourire se pose sur mes lèvres. Je lui explique que ça fait de bon bandage, que c’est thermorésistant et ce genre de chose. J’oublie de préciser, intentionnellement, que ça fait aussi des vêtements géniaux comme ceux que je porte à cet instant précis. Parce que bon, c’est assez particulier et j’aime pas trop le dire ça. Ni parler du fait qu’il m’arrive d’auto couper mes toiles et de tomber donc comme une merde d’une haute importante. Mais bon, je m’excuse en disant que ouais ça devait être dégueu quand même. J’essaye de le défendre en comparant ça à de la salive. Bien entendu, ça va vraiment lui faire comprendre que c’est pas berk ! C’est juste pas ma faute si c’est un peu vrai. Ca fait partie de moi au même titre que ma salive voilà. Et je ne sais plus trop quoi dire en attendant la pizza pour manger. Mais que dire ? Que dire ? Et bah, j’ai trouvé en lui demandant ce qui lui ai arrivé. Et je vois. Je vois son visage se crisper comme une sorte de réponse à ma question. Il a souffert. C’est pas la douleur de sa main, je le devine facilement. Je le sens. Parce que Silk-sens ou parce que grande sœur mais je le sens. Et la réponse tombe sans surprise. D’accord. Je tente de sourire devant l’air tout pâle de mon frère mais je suis pas sure d’être très crédible. Aussi crédible que son c’est pas important ou il n’y a rien à dire. Je soupire. N’en parle pas si tu veux Albert mais… ça sert à rien de mentir tu sais. Je le sens quand on ment… Je parle pas très fort mais je vois bien à sa légère grimace qu’il a entendu. Toutefois l’arrivée de la pizza nous force à nous taire. Je remercie le serveur et lui demande du coca. Quoi ? J’aime la malbouffe. J’attrape une part que j’enfourne quasiment entière dans ma bouche. Je lâche une sorte de gémissement de bonheur en mangeant. J’aime la bouffe. Je fais une petite pause. Désolé. J’aime beaucoup trop la pizza. Je souris. J’ai très bien compris que tu veux pas en parler et… je suis pas sure d’avoir envie de te raconter les dix dernières années non plus. Je veux juste savoir quelque chose : est-ce que tu sais ce qui est arrivé aux parents ? Ca fait des mois que je tente de savoir ce qui vous est arrivé, où vous êtes mais… rien. Je fais un signe pour montrer mes mains vides dans lesquelles y a enfait une part de pizza.
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Jeu 9 Mar - 20:39
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J’ai envie de lui parler, de briser ce putain de mur entre nous. De lui dire tout ce que j’avais traversé, lui avouer la raison de la distance que je mettais entre nous. Mais était-elle seulement prête à l’entendre ? Pouvait-elle supporter ça ? Je me retrouvais coincé, là, avec ces mots dans ma gorge. J’avais cette envie d’hurler et de tout laisser sortir, d’une traite. C’en était presque douloureux. Si je lui disais la vérité, aussi dure soit elle à entendre, je l’impliquais là-dedans. Combien de fois j’avais rêvé pouvoir m’échapper de la prison dorée dans laquelle on m’avait gardé tout ce temps ? Combien de fois j’avais imaginé ce que je dirais à ma soeur une fois que nous serions dehors tous les deux ? Tous les deux mais ensemble. Trop pour être comptées. Et pourtant, j’étais là, à hésiter. A lutter intérieurement entre ces deux parties de moi qui se livraient conflit. Celle qui voulait tout révéler et celle qui voulait s’enfuir. Et pour ne rien arranger, la douleur de mes côtes qui se réveillait, insidieusement. Elle savait quand les gens mentaient. Ce qui voulait dire qu’elle avait deviné le mensonge derrière ma façon de minimiser la chose. Je baissai la tête. J’avais été stupide trop longtemps. Ce gamin qui accordait trop vite sa confiance, ce gamin qui pensait qu’il suffisait de dire non pour que ça s’arrête. Elle savait que je mentais et peut-être que quelque part, elle s’attendait à ce que je lui livre tous les détails. C’était à en pleurer. Toutes ces années à espérer l’avoir en face de moi pour de vrai et ne pas pouvoir la toucher, ni lui parler. J’avais besoin de ma grand soeur, plus que jamais et je ne pouvais même pas la prendre dans mes bras.

Je me replaçai sur mon siège en grimaçant quand le serveur apporta nos pizzas. J’avais la nausée rien qu’à regarder mon assiette. Impossible de savoir si c’était à cause de la douleur ou de tout ce que je gardais à l’intérieur. Je levai les yeux vers ma soeur en entendant son grognement de satisfaction. Au moins une chose qui n’avait pas changé. Son amour pour la nourriture. J’esquissai l’ombre d’un sourire devant son excuse, secouant la tête pour lui dire que c’était pas grave. Gardant la main sur une de mes côtes, j’avançais l’autre pour tenter d’attraper une part. Mais ce simple geste réveilla quelque chose de pas agréable du tout. Ouais. Les médicaments ne faisaient plus effet. Comme si je n’avais pas assez d’emmerdes comme ça. C’était fou ce que j’aimais ma vie, par moment. La voix de Cindy était la seule chose qui me gardait là, bien ancré sur ce siège peu confortable. Elle comprenait mon manque d’enthousiasme à l’idée de lui dire tout ce qui s’était passé dans ma vie pendant dix ans. Ajoutant qu’elle n’avait pas trop envie d’en parler non plus. Elle ignorait que j’étais au courant. Que je n’étais pas loin d’elle à ce moment. Simplement dans une autre pièce. Et il y a cette question. Celle que je ne pouvais pas esquiver. Celle à laquelle j’étais obligé de répondre. Ce qu’il était arrivé à nos parents. Si seulement je le savais. J’avais bêtement espéré qu’elle avait les réponses, elle aussi. Elle avait plus de moyen que moi pour le savoir. Si elle n’avait rien trouvé, alors personne ne le saurait. J’aurais pourtant aimé connaître la vérité, moi aussi.  Apprendre ce qu’ils étaient devenus pour mieux comprendre pourquoi ils n’étaient pas venus nous chercher. J’avais attendu pendant des années. Caressant chaque jour l’espoir qu’ils seraient là, pour nous reprendre, Cindy et moi. Ce n’était pas les expériences qui avaient été les plus douloureuses, finalement. C’était de voir mes espérances mourir à petit feu. Le remède pour Cindy n’avançait pas. Mes parents ne revenaient pas.  S’ils n’étaient pas revenus pour nous, c’était qu’il leur était arrivé quelque chose de grave. Ce n’était plus une disparation, au bout de dix ans. Ils étaient tout simplement morts. Des orphelins, voilà ce que nous étions, Cindy et moi. Et je voyais la lueur d’espoir dans ses yeux, l’espoir que je lui dise que je savais quelque chose. «  Je ne sais pas, Cindy. Je…»  Je marquai une pause. J’étais à deux doigts de craquer. Putain. « Ils ont disparus peu de temps après ton départ pour le bunker. Ils avaient dit qu’ils reviendraient vite. Mais… Je ne les ai pas revus depuis. » Ils devaient revenir. Ils me l’avaient promis. Je les détestais pour ça. S’ils n’étaient pas partis… S’ils m’avaient pris avec eux, je n’aurais pas vécu ces dix ans d’enfer. Je leur en voulait aussi sûrement que je m’en voulais pour les mots que j’avais lancé à la tête de ma soeur quand j’avais six ans. Et c’était la première fois que la dure réalité me heurtait en pleine face, parce que j’avais toujours refusé d’y penser.

Stephen King, dans Misery, faisait référence à la douleur comme les poteaux décharnées qui se retrouvaient mis à nus lors des marées basses. Quand la marée était haute, ces poteaux disparaissaient un peu. La marée, c’était quand on avait quelque chose à quoi se raccrocher pour repousser les pensées pas marrantes. Quand elle était basse, donc quand on avait plus de repère, plus d’attaches, elle dévoilait l’érosion, le bois gonflé et tous les parasites qui s’y accrochaient. J’avais eu tellement de choses à penser, j’avais mis tellement d’énergie à m’enfuir… Sans cesse craindre le lendemain, ne jamais rester au même endroit trop longtemps, ne pas m’attacher aux gens qui croisaient ma route, vivre dans la peur d’être retrouvé et ramener dans ces laboratoires… Tout ça, ça m’avait empêché d’affronter la réalité. Mes parents étaient morts. Ces quatre mots tournaient maintenant en boucle dans ma tête. Ils étaient morts, putain. Sans m’en rendre compte, j’avais fermé les yeux. Peut-être pour ne pas montrer ce que je ressentais. Mais en sentant les larmes rouler sur mes joues, je compris que c’était pour ne pas éclater en sanglot, tout de suite, maintenant. Je pris une profonde inspiration. Ce n’était pas le moment de craquer. Pas devant elle. Je rouvris les yeux, essuyant mes larmes avec le revers de ma manche, malgré mes côtes douloureuses. Je devais me concentrer sur un seul problème à la fois, si je ne voulais pas faire une crise de nerf. Plantant mon regard dans celui de Cindy, je demandai, le plus calmement possible, comme si je n’avais manqué de fondre en larme devant elle. « Tu ne connais pas quelqu’un qui pourrait me fournir des anti-douleurs ? Les effets des saloperies qu'ils m'ont filé s'estompent et je le sens passer. Mais je ne veux pas retourner à l’hôpital.»
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Lun 13 Mar - 14:57
I can't believe it's true. It must be a dream. Don't wake me up


Je vis sans mal une légère grimace se peindre sur son visage quand je lui disais que ça ne servait à rien de mentir. Après tout, qui appréciait se faire toper ? Mais ce n’était pas ma faute si je remarquais ce genre de chose. Je ne savais pas si c’était juste moi, si c’était mes sens d’araignées ou si c’était une sorte de combot des deux. Et on ne parlait pas de n’importe quelle personne non plus : Albert était mon petit frère. Alors surement que c’était un ensemble de facteurs divers, comme toujours. Je me permets un léger haussement d’épaule pour tenter de lui faire comprendre que je n’en ai rien à faire. Il peut mentir mais cela sert à rien qu’il s’attende à ce que j’y crois dur comme faire, parce que je n’y croirais pas une seule seconde. Je ne sais pas s’il voit mon mouvement d’épaule parce qu’il bouge sa chaise et le serveur arrive. Encore des multiples facteurs… Voilà que je me mets à tourner en boucle sur la notion de facteurs multiples. Preuve que les anti douleurs que j’avais eu de force à l’hôpital ne devaient plus réellement faire effet. Et que mon cerveau cherchait à se concentrer sur autre chose. A moins que ce soit parce que mon cerveau voulait repousser toutes les questions que je mourrais d’envie de poser à Albert. C’était aussi possible que ce soit ça. Très possible. Ou même les deux. Et vous savez ce qui serait un putain de remède contre l’un comme l’autre ? Une part de pizza. Si bien que dès que ma pepperoni se trouve devant moi, je tends la main pour en attraper une part que j’enfourne dans ma bouche sans la moindre classe ou discrétion. Je me sens tout de suite mieux. Je sais pas si c’est physique ou seulement dans ma tête. La seconde possibilité est plus que probable. Mais qui s’en fout ? Moi ! Ca peut n’être que dans ma tête, je me sens mieux maintenant que j’ai mangé un peu alors je continuerais de manger un peu, beaucoup soyons honnête, pour aller mieux. Pourtant, faisant preuve d’un certain sadisme envers moi même, je ramène le sujet de conversation sur quelque chose qui ne va pas aller bien. Je dis à Albert que je comprend qu’il ait pas envie de parler. Comme si j’avais envie de lui raconter dix années dans un bunker. Dix années de torture mental que je m’imposais presque autant que celle que Ezekiel avait mis en place. Je parlais même pas des bruits la nuit qui parvenait jusqu’au bunker malgré l’épaisseur des murs et qui m’empêchaient de dormir, me rendant dingue. Je m’étonnais toujours d’avoir été capable de dormir dans un appartement en centre ville après dix années où je luttais pour trouver le sommeil dans un bunker. Alors je demande juste à Albert s’il a des nouvelles des parents, le coeur gonflé d’espoir. Après tout, j’avais pas trouvé trace de mon frère pendant des mois et voilà que je le croisais de façon tout à fait inattendu à l’hôpital. Peut être juste que les parents étaient aussi bien caché que lui. Ils avaient pu changer d’identité sans que j’arrive à mettre la main sur la nouvelle. Mais je vois bien à son visage que mon coeur bat vite pour rien. Il sait pas. Je peux pas empêcher une petite larme de couler le long de ma joue. La suite va exploser mon pauvre coeur, au sens figuré. Parce qu’ils étaient partis pour moi, j’en étais sure. Et que Albert s’était retrouvé seul. Mon souffle se coupe et je n’arrive pas à respirer. Combien de temps ? Que lui était-il arrivé ? Où ils étaient maintenant ? Trop de questions me passent par la tête. Trop de bruit. Je me mets à entendre chaque sons dans ce foutu commerce. Et l’absence du son de ma respiration alors que celui de mon propre sang manque de me vriller les oreilles. J’entends un bruit de respiration plus fort que les autres et je sors un peu de ma torpeur pour voir Albert s’essuyait les yeux de la manche. Instinctivement je tends la main vers lui pour lui caresse la paume mais je me retiens au dernier moment, ayant vu tout à l’heure qu’il n’aimait pas qu’on le touche. Je décide de reprendre une part de pizza à la place. Il plante ses yeux dans les miens et je tente de décrypter dedans mais je sais bien que je suis trop perturbée pour y arriver. J’analyse sa question. Lui aussi visiblement, il supporte pas les hôpitaux. Je suis bien placée pour comprendre non. Doucement, je glisse une main dans mes poches et lui sors un tube de dérivé de morphine. Pas fort mais plus efficace que ce qu’on trouve sur le marché. Je lui fais glisser sur la table. J’ai piqué ça aux urgences avant de me casser. Je dois avoir plus fort chez moi au besoin. A force de tomber du haut des immeubles j’avais acquis un certain nombre de ce genre de conneries, tout en allant le moins possible à l’hôpital. Et ‘jai pas envie que Albert souffre. Ni qu’il se fournisse auprès de n’importe qui dans la rue. Manquerait plus que Silk, donc moi, vienne à arrêter mon frère dans un deal foireux. Je penche la tête sur le côte. Les hôpitaux, tu aimes pas parce que tu veux pas qu’on te touche c’est ça ? Tu a eu l’air de te prendre une décharge quand j’ai touché ta main valide. Putain Cindy réfléchit avant de causer ok ? mais en même temps je voulais connaitre la réponse. ET je ne voulais pas reparler des parents maintenant que je savais qu’il ne savait pas non plus où ils sont. On aurait bien le temps de tout ça une autre fois.

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Dim 19 Mar - 15:00
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Ça faisait mal. Pas seulement le fait de se prendre une voiture en pleine face. Mais de prendre conscience que mes parents étaient sans doute morts à l’heure qu’il était et que je ne les reverrais plus. J’aurais pourtant aimé leur dire un tas de choses. Leur dire que j’étais désolé. Leur dire que je n’avais pas été à la hauteur de ce qu’ils attendaient de moi. Un tas de choses que je ne leur dirais jamais, parce que je ne les reverrais plus. Je repensais à ma mère, à mon père, à cette maison qu’on avait et à la famille qu’on formait, tous les quatre. Ce n’était pas la meilleure famille, ça non. Il y avait des hauts et des bas comme partout. Mais on était tous ensemble. On était au même endroit, unis malgré les désaccords. S’ils étaient revenus… Cindy serait sortie du bunker plus tôt. Et ils m’auraient récupéré chez Ezekiel. Bien avant tout ce bordel.
J’étais à deux doigts de fondre en larmes, là, tout de suite. C’était la goutte d’eau de trop. Je retenais mon envie de pleurer depuis trop longtemps. Je rationalisais chaque part de ma vie comme avec un certain recul. Et à présent que j’étais en face de la dure réalité, c’était trop. Trop à gérer, trop à supporter. Mon état n’échappa pas à Cindy et pour écarter la séance câlin pour éviter de la blesser, j’avais demandé si elle ne connaissait pas quelqu’un pouvant me fournir des anti-douleurs. Parce que ça aussi, ça devenait insupportable. Cette douleur qui me sciait en deux. J’aurais dû faire gaffe avant de traverser la route. Mais si cette voiture ne m’avait pas heurté, je n’aurais peut-être pas retrouvé ma soeur après toutes ces années. Quand elle me tendit quelque chose, j’aurais pu me jeter à son cou en bénissant je ne savais quoi, juste parce que ça allait faire taire la douleur. Et alors que je prenais son présent pour le ranger dans ma poche avant l’intention de m’éclipser cinq minutes pour l’utiliser, sa question me figea sur place.

J’étais en train de souffrir, mon état émotionnel n’était pas au mieux de sa forme… et il avait fallu qu’elle me pose cette question. Elle ne perdait pas le nord, décidément. Je soupirai en rangeant le tube dans ma poche. Je n’allais pas pouvoir esquiver cette conversation longtemps. Oh que non. Elle allait revenir à la charge, encore et encore jusqu’à ce que je lui réponde. C’était une Moon, après tout. L’obstination, c’était de famille. On pourrait jouer à ce jeu longtemps. Et là, je n’avais pas la force de mentir encore. Elle le saurait, de toute façon. Mon coeur battait assez vite et je me doutais qu’elle l’entendait. Elle voulait la vérité, hein ? Elle l’aurait. Je baissai la voix. Elle pourrait m’entendre, non ? Elle pouvait entendre ce que je disais même si je parlais à voix basse, c’était ça ? «Je…» Ouais. Pas facile à dire, ça aussi. Comment je pouvais bien lui annoncer ça ? Je fermai les yeux en soupirant à nouveau. Levant les deux mains devant moi. « Je ne veux pas qu’on me touche, parce que…Quand tu es partie pour le bunker, Cindy, il s’est passé quelque chose. Ezekiel voulait trouver un remède pour toi. Et il pensait que le fait que nous ayons un ADN en commun aiderait. Enfin, c’est ce qu’il m’a fait croire. Et comme je voulais te revoir, j’ai accepté.» Ouaip. J’étais con. Con d’avoir cru cet enfoiré. Je repris mon souffle, laissant un instant de flottement. Je ne pensais pas que j’’avouerais tout aussi vite. J’étais lassé de me cacher. Cindy était le seul membre de ma famille encore en vie, la seule personne digne de confiance ici. Et j’en avais marre de fuir. Peut-être qu’elle pourrait m’aider ? Peut-être qu’elle pourrait trouver une solution à mon problème ? « Il m’a manipulé pour ce que je sois docile et que j’accepte tout sans broncher.  Il y a eu des expériences et… ça n’a pas été un franc succès, tu vois. Il y a eu un problème quelque part et je me suis retrouvé avec des pouvoirs. Tous ceux que je touche meurent. Enfin… Ils ne sont pas censé mourir. J’aspire leur énergie. Et je ne sais pas m’arrêter. Je ne le contrôle pas.» Bam. C’était dit. Enfin. Depuis tout ce temps, j’avais enfin lâché le truc. Je ne me sentais pas libéré pour autant. Pas le moins du monde. Je ne ressentais qu’une profonde lassitude. J’avais enfin lâché ma bombe. Les mots étaient sortis pour de bons. J’avais besoin de son aide. Plus que jamais, j’avais besoin de ma soeur pour me tirer de cette merde.
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Lun 27 Mar - 15:01
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Je note que Albert ne prend même pas les médicaments que je lui donne. Il a mal mais il préfère sûrement contrôler sa douleur que se shooter. On dirait… moi. Et je dois avouer que même si on est tous les deux dans un pitoyable, cette ressemblance me fait plaisir. C’est stupide mais voir qu’après tant d’années, on fait ce genre de trucs bizarres de la même manière, ça me fait un petit sentiment de chaleur dans la poitrine. Mais je note aussi qu’il range le tube dans sa poche, et mon instinct me dit qu’il va foutre les voiles le Albert Moon. Je le connais suffisamment… du moins je le connaissais suffisamment pour savoir qu’on fait ce genre de chose. Mais c’est mal me connaitre de croire que je vais me faire avoir si facilement. Je me contente de pencher la tête et de lui poser une question. Parce que tant qu’on est entrain de parler et que je suis vigilante, il ne pourra pas se barrer en douce. Mais le truc… c’est que j’étais pas sure que cette question lui fasse cet effet là. Je vois bien à son visage que quelque chose ne va pas et j’hésite presque à lui dire que c’est bon, il n’est pas obligé de me répondre quand justement il prononce un mot. Un seul mais ça suffit à me couper toute envie de lui dire d’attendre. Puis la suite… Chaque mot, chaque phrase est comme un coup de poing dans mon visage. Quand je suis partie dans le bunker. Y a dix putains d’années. Ce qui est arrivé est ma faute. Ezekiel… l’autre espèce de pourriture de mes deux pour rester polie. Un remède ? J’ai envie de ricaner. J’ai toujours su qu’il n’y en avait pas. Je l’ai toujours su dans mes tripes. Et les rares fois où pendant mon enfermement, Ezekiel me donnait des nouvelles et m’en parlait, il m’avait toujours dit qu’il n’y en avait pas. Et depuis ? Jessica et Peter m’avaient aussi dit qu’il n’y en avait pas. Et je n’en voulais pas. J’aimais mes pouvoirs, d’une drôle de manière mais je les aimais. Ils faisaient partie de moi. Mais je reconnaissais que le fait qu’on partage le même ADN faisait un plutôt bon argument pour que Albert puisse croire Ezekiel. Je serrais la mâchoire si fort que je me demandais si elle n’allait pas céder. J’avais reposer ma part de pizza et mes poings étaient fermés. j’avais qu’une envie, les envoyer dans la tronche de Ezekiel. Enfoiré. Espèce de pourriture. J’inspirais fortement difficilement. J’entendais dans la voix de Albert qu’il s’en voulait et je m’en voulais de pas réussir à desserrer les dents pour lui dire qu’il n’avait pas à s’en vouloir. Il n’était qu’un enfant à l’époque. Et j’aurais du être là pour le protéger plutôt que de servire de menace pour le mettre au pas. Attendez trente seconde ? Il avait fait des expériences sur mon petit frère ? SUR MON PETIT FRERE ? Enculé ! Je vais le retrouver et cette fois ci je vais le tuer. Je vais le faire souffrir d’abord. Le frapper jusqu’à ce que mort s’en suive. Et Albert avec des pouvoirs. Huuum… Je me souvenais de mes propres débuts avec mes pouvoirs, de sa réaction de peur face à ces derniers. Ca n’avait pas du être facile. J’inspire à nouveau un grand coup et fais appel au controle que j’ai sur moi pour détendre mes muscles. Je vais le tuer. Je n’ai pas besoin de préciser qui. Je sais très bien que Albert sait de quoi je parle. Inspire un grand coup Cindy. J’attrape ma boisson et la porte à mes lèvres pour finir de me détendre. On trouvera une solution Albert. Promis. Et je ne te promets pas ça pour te rassurer mais parce que je connais des personnes plus à même de trouver ce genre de chose que l’autre connard. Je pense tout de suite à Peter mais aussi à Jessica qui faisait juste parti des Avengers. Ils pourraient nous aider. Nous dire qui voir pour aider Albert à contrôler ses pouvoirs. Doucement, je lève ma main entre nous deux. Je souris et en bougeant doucement les doigts, je la recouvre de toile qui forme un léger voile noir sur ma peau. Puis doucement, je pose ma main sur la joue d’Albert. Je sens mon coeur battre plus fort dans ma poitrine. Je caresse doucement sa joue et replace une mèche de cheveux qui s’est fait la mal. Je vois bien son visage être crispé mais je souris tendrement. Je sens une douce chaleur m’envahir. Mes toiles, elles me permettent de faire une couche de protection entre ma peau et l’extérieur. Elles sont imperméable à la majorité des pouvoirs. Je sens pourtant une sorte de douleur, à moitié un malaise qui pointe le bout de son nez et je comprend que même mes toiles me sont qu’une protection relative face aux pouvoirs de mon frère. Je retire ma main, plus en faisant genre de pas vouloir le gêner que par douleur. Il ne doit pas savoir. Il doit croire que moi il peut me toucher. Mais retire ma main se visage passe l’espèce de moment de douceur que j’ai eu. Et je me retrouve à nouveau avec cette rage et haine sans nom envers Ezekiel. Il m’avait dit que tu étais en sécurité. Je savais bien que je ne devais pas croire tout ce qu’il disait mais…. j’avais tellement envie que ce soit vrai. Je suis désolée. J’aurais su… j’aurais explosé la porte de ce putain de bunker plus tôt je crois. Surtout que Eezkiel n’était pas totalement con. Il me disait que moi dehors, je mettais mes proches en danger. Que je ne pouvais avoir de contact avec eux pour les garder en sécurité. Parce que sinon… sinon j’aurais pu comprendre, j’aurais pu savoir. Et je savais qu’au fond, il avait peur de moi. Tant mieux, parce que si je le retrouvais, rien ne pourrait le sauver.

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Dim 9 Avr - 17:15
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J’avais perdu le contrôle de mes mots. Ils passaient le rempart de mes lèvres, sans que je puisse les arrêter, s’ajoutant au reste pour former une phrase, puis une autre. Une révélation qui était aussi douloureuse à dire qu’à entendre. Je voulais m’arrêter, je voulais me taire mais dès que j’avais prononcé le premier mot, tout avait commencé à se mettre en marche. Comme si, inconsciemment, je n’attendais que ça. De pouvoir enfin raconter à Cindy ce qui m’était arrivé. Mon enlèvement, les expériences, la torture mentale que l’autre crevure m’infligeait et surtout, ces pouvoirs. Ces putain de pouvoirs qui faisaient que j’étais à présent qu’un gamin en fuite avec une traînée de cadavre derrière moi. Dix ans, putain. Dix ans pour en arriver à ça. Dix longues et interminables années au cours desquelles j’avais laissé de côté le gamin que j’étais quand j’étais entré pour la première fois dans cette cage dorée. Je regrettais d’avoir ouvert ma bouche. J’aurais dû prévoir la réaction de ma soeur. Qui aurait bien réagi en apprenant que le type qui était censé aider avait séquestré son frère, fait des expériences sur lui et lui avait fait un odieux chantage pour qu’il se sente bien ? Personne. Et certainement pas Cindy, que je voyais serrer les mâchoires. Je m’en voulais. Baissant la tête comme si ça allait faire partir la boule de culpabilité qui enflait au fil des secondes au creux de mon estomac. J’étais qu’un gamin stupide, une fois de plus. J’aurais pu éviter ça à Cindy. Oui, j’aurais pu l’éviter.

Je pouvais sentir la haine qu’elle ressentait pour Ezekiel dans chacun des quatre mots qu’elle prononça par la suite. Ce n’était pas une menace en l’air.  Et je ne comptais pas empêcher Cindy de le faire. Parce que chacune des personnes que j’avais tué, dont j’avais la mort sur la conscience et le sang sur les mains, c’était de sa faute. Ma faute et la sienne. Ma faute pour avoir cru à ses mensonges. La sienne pour m’avoir donné ces pouvoirs et m’avoir transformé en monstre. Je levai les yeux vers ma soeur. Trouver une solution ? Vrai ? A cet instant, j’avais l’impression d’être de nouveau un gosse. Je voulais la croire. Elle me disait qu’on allait trouver un moyen, alors peut-être que… La petite voix sournoise et insidieuse en moi me disait que non. Que je serais pour toujours le fichu monstre de Frankenstein. Il n’y avait pas de moyen de m’aider, tout comme il n’existait aucun remède pour la condition de Cindy. Je devrais vivre avec.  J’avais pourtant vraiment envie de croire que c’était possible, que j’avais un avenir sans ces maudits pouvoirs à la con. J’étais partagé entre l’espoir qu’il y avait une chance pour moi et la petite voix sournoise.

Je l’observai lever la main, fixant les toiles qui se formaient autour et fermant les yeux avec une légère appréhension en la voyant s’approcher pour me toucher. Les dents serrées, la peur au ventre à l’idée qu’elle se blesse par ce simple contact, j’étais pourtant incapable de me reculer. J’étais juste là, figé, en serrant les mâchoires et en priant je ne savais quel putain de dieu que rien ne se passe. Et rien ne se passa. J’avais sa main contre ma joue et rien ne s’était passé. Cindy ne s’était pas effondrée en hurlant de douleur. Je ne m’étais pas retrouvé avec la capacité de tisser des toiles. Rien. Nada. Je pourrais pleurer de joie. Juste pour ça. Pouvoir toucher ma soeur comme je l’avais tant voulu durant toutes ces années et qu’elle puisse me toucher aussi sans mourir à cause de ce que j’étais. Je gardais les yeux fermés. Savourant ce contact que j’avais tant de fois espéré. La sentant retirer sa main, je repris conscience du monde extérieur, posant mes yeux sur elle. Elle avait eu mal ? Non. Elle avait juste peur que je sois gêné. Les mots qui suivirent firent éclater cette petite bulle de quelques secondes durant lesquelles je m’étais presque senti bien.  Elle s’en voulait. Mais ce n’était pas de sa faute. Juste celle de ma naïveté.

« En sécurité, je l’étais. Enfin, je crois. Tant que je faisais ce qu’il disait. Tu ne pouvais pas savoir, Cindy. J’ai cru ce qu’il me disait pendant des années avant de comprendre. Enfin… J’avais tellement envie de le croire que j’acceptais tout. Jusqu’à ce que je comprenne que c’était… autre chose.» Je rangeais mes mains sous la table. L’arme du crime. Ou plutôt les armes. « J’ai compris trop tard.» Et je m’en voulais pour ça. Si j’avais compris plus tôt, ce garde ne serait pas mort. Difficile d’oublier le regard effrayé qu’il avait eu quand je l’avais touché. Difficile d’oublier l’espèce de froideur scientifique d’Ezekiel qui avait simplement commenté le résultat pendant que j’étais en train de vomir mes tripes devant ce que j’avais fait. Difficile de me sortir tout ça de la tête, parce que c’était ce qui avait motivé mon désir de fuite. Et ce qui m’avait fait comprendre enfin que je n’étais qu’un pion dans son jeu.
Je secouai la tête. « C’est passé tout ça. On ne peut plus revenir en arrière, même si je donnerais tout pour que ce soit possible. » Ouais. Je vendrais mon âme au diable pour que rien de tout ça ne se soit produit.  Timidement, je levais à nouveau la tête vers elle. «Est-ce que… tu pourrais m’héberger quelques temps ? » J’avais peur qu’elle me dise oui. Mais j’avais encore plus peur qu’elle me dise non. Je n’étais absolument pas contre le fait d’arrêter de courir pendant un petit moment. Me reposer, pour de vrai. Pouvoir dormir sur mes deux oreilles, sans craindre de devoir à nouveau bouger en pleine nuit. Dormir dans un vrai lit, ou un vrai canapé et ailleurs que dans des voitures abandonnées dans des décharges ou sous des ponts. Juste… pouvoir enfin me sentir en sécurité. Rien que ça.  
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Dim 9 Avr - 17:54
I can't believe it's true. It must be a dream. Don't wake me up


Je vois très bien que Albert n’a pas vraiment l’air d’y croire quand je lui dis que l’on trouvera une solution. Qu’on trouvera quelque chose pour ses pouvoirs. Et ça je peux comprendre vu que je savais très bien que je n’avais aucun moyen de me débarrasser des miens si je l’avais voulu. Mais on n’a pas les mêmes pouvoirs donc il y a toujours une probabilité non ? Surtout qu’on les avait pas non plus obtenus de la même manière n’est-ce pas ? Et si on ne trouve pas de moyens de les lui retirer, on peut peut-être trouver un moyen de les contrôler ou de les empêcher d’agir. Mais je comprends. C’est dur à entendre et dur à comprendre. Moi j’avais eu dix années dans ce putain de bunker pour comprendre comment fonctionnaient mes pouvoirs et j’avais encore du mal, pas habituée à les utiliser dans le monde réel. Mais bon, je veux rassurer Albert. Je ne veux pas une seule seconde qu’il perde espoir, je sais trop bien l’effet que cela peut avoir. Je ne veux pas qu’il croit être un monstre parce que je le sais au fond de moi qu’il n’est pas un monstre. Je veux juste… l’aider. Alors, je recouvre ma main de mes toiles et je la pose doucement contre son visage, lui caressant la joue comme je rêvais de le faire depuis des années maintenant. Et soudainement, je me sens tellement mieux. Tellement mieux de simplement pouvoir toucher mon petit frère, sentir qu’il est bien ici présent, en chair et en os. Mais quand je retire ma main, sentant bien que mes toiles ne me protègeront pas éternellement, je sens cette colère m’envahir à nouveau. Celle qui me fait dire que si j’avais Ezekiel sous la main maintenant, je le rouerais de coups jusqu’à ce que mort s’en suive. Pas vraiment le genre de chose que je suis censé faire mais j’en ai rien à carrer. Il m’avait dit que ma famille était en sécurité. Il m’avait dit qu’il faisait tout cela pour m’aider. Et il nous avait juste transformer en rat de laboratoire. Je grince des dents. Albert me dit qu’il y était en sécurité mais je ne le crois simplement pas. Surtout qu’il rajoute « tant que je faisais ce qu’il voulait ». Et puis quoi encore ? C’était… tellement… erf, j’avais envie de vomir. J’avais envie de frapper quelqu’un ou quelque chose. J’avais envie de le voir mort. J’aurais du savoir. Je sais bien que je ne pouvais pas savoir mais j’aurais dû. J’aurais dû être là pour mon petit frère. J’aurais dû le protéger. J’aurais dû empêcher ce salopard de faire du mal à ma famille. J’aurais dû… être meilleure. Je déglutis. Oui je comprenais ce que disait Albert. J’avais eu envie d’y croire moi aussi. J’avais fermé ma gueule moi aussi. Mais… Je sais pas. Je voyais rouge. J’entendais mon sang battre dans mes temps. Je sentais mes mains trembler sous la colère. Je m’apaisais en entendant la voix de Albert mais dès qu’il se taisait, je recommençais à rager. Comme un enfant qui ne sait pas se contrôler. Pas comme le superhéros que je suis censée être. Je devais appeler Jessica. Elle comprendrait. Elle m’aiderait. Elle me canaliserait. J’inspire un grand coup. Je souris à Albert qu’il me dit que c’est du passé. Oui il a raison mais c’est du passé qui influence encore notre vie d’aujourd’hui. Je sais… moi aussi. Je ferais tout. Tout pour réparer cette putain de situation dans laquelle on est à cause de moi. Tout pour les aider. Tout pour sauver ma famille. Tout pour ne pas être la cause de toutes ces conséquences merdique. Je rigole ensuite. Bien entendu que je peux t’héberger. Tu crois vraiment que j’allais te laisser partir après ça ? Je lève les yeux au ciel et referme nos cartons de pizza. Je note que Albert a presque pas touché à la sienne et que finalement j’ai pas tant mangé que ça. Aller viens, on va manger chez moi, on sera mieux. Par contre, je te préviens, c’est petit, pas décoré et bien en hauteur. Je hausse les épaules. Comme ça je peux montrer facilement sur le toit de l’immeuble sans faire peur à mes voisins. Comme ça, je m’éloigne du bruit de la circulation. Et après avoir vécu dans le bunker, je faisais plus vraiment gaffe à la décoration. J’avais juste peint les murs pour qu’ils ne ressemblent pas à ceux que j’avais vu pendant dix ans. Je souris à Albert. Je rentre chez moi avec mon frère. Ca tient un peu du rêve.



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I can't believe it's true. It must be a dream. Don't wake me up
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