Parler du beau temps serait mal regarder le ciel
Ft Francis
Combien de semaine étaient passé depuis que Stanislav avait trouvé refuge chez son meilleur ami, Erik, après avoir été torturé pendant des jours? Deux, trois, quatre peut-être en vu de son état pitoyable. Toujours est-il que le russe avait fini par rentrer chez lui. Son état physique et psychologique étaient encore instable, précaire mais il ne tenait plus à rester inactif, immobile, alité sur ce lit qui mettait ses nerfs, sa patience à rude épreuve. Il ne tenait plus à se planquer, à rester allongé en pensant sans cesse à ce qui s'était passé au point d'en devenir fou, très irritable. Il ne tenait plus... Ouai, il ne tenait plus à se cacher même si ce qu'il avait subi lui avait laissé des séquelles irréversibles, irréparables.
Il sentait encore la morsure du couteau aiguisé dans sa cuisse. Il sentait encore les coups intempestives sur son visage. Sur sa mâchoire, revivant chaque coup porté pénétrer sa chair. Pire, il entendait encore le ricanement de ce Graham tinter désagréablement à ses oreilles.
- Bordel.
Dans un grognement rageur, le barman secoua vivement la tête et essaya de chasser ses sombres pensées qui tournaient en boucle dans son esprit. Il avait besoin de sortir d'ici, au plus vite. Par chance, il avait réussi à convaincre Kris, sa sœur, de s'enfuir de Genosha. Il avait réussi, à force de persévérance et de grognement rageur, de la contraindre à s'en aller pour plus de sécurité. Mais il se retrouvait à présent seul, solitaire dans cette grande maison silencieuse avec pour unique compagnie ses souvenirs, ses blessures qui le tiraillaient encore à même la peau, le rendant plus grincheux, plus grognon, plus froid que d'habitude.
C'est pourquoi, il se retrouva, quelques minutes plus tard, dehors à marcher. Ou plutôt, à tituber, dans la rue en direction du Jarvis. Le Jarvis... Le russe n'avait prévenu personne de ce qui s'était passé. Pas même à Mai, sa patronne, son amie, qui lui avait pourtant laissé de nombreux messages. Il n'y avait pas répondu. Pas tout de suite du moins. Les menaces du garde étaient toujours présent dans sa mémoire et bon sang, il savait à quel point il ne devait pas les prendre à la légère. Il devait protéger ses proches. Coûte que coûte. Il devait se taire même si la rage vrillait au plus profond de ses entrailles.
Il n'avait même pas prévenu Ororo, sa belle qui, une fois mise au courant de son état, avait bravé le danger pour venir le voir. Il lui avait simplement répondu qu'il était tombé dans un guet-apens, la nuit, par des jeunes délinquants du quartier. Il lui avait menti, à contre cœur mais il n'avait pas le choix, tant les raisons de sa capture, de sa torture était entièrement lié à elle. Il ne voulait pas l'inquiéter. Il ne voulait pas la mettre d'avantage en danger. A nouveau, ses pensées se bousculèrent et il ancra ses iris sur le bâtiment qui se profilait enfin à l'horizon.
Il était tard. Le Jarvis allait fermé mais Stanislav savait, se doutait que l'un de ses collègues : Francis, était toujours présent à l'intérieur. Pour cette raison, il ne fit pas demi-tour. Dans un mouvement brusque, il tambourina à la porte et attendit, ancrant ses iris dans ceux du jeune homme qui apparut enfin dans l’entrebâillement.
- C'est moi, grogna-t-il d'une voix rauque lorsque celui-ci s'apprêta à dire que c'était fermé.
Pas d'autre mot. Pas d'autre geste. Pas un sourire. Déjà que le russe n'était pas réputé pour sa joie de vivre et son enthousiaste au quotidien. Expression fermée, bouclée dans une allure droite, tendue, crispée, Stan se contenta de hocher le menton pour le saluer, entrant à l'intérieur. Ses blessures étaient encore nettement visible. De nombreux bleus parsemaient son visage légèrement bouffi par les multitudes de coups qu'il avait subi. Une profonde coupure zébrait son sourcil droit et son œil gauche était toujours partiellement fermé.
Sans une parole, Francis l'invita à se diriger vers le comptoir. Reconnaissant de ne pas avoir à subir des multitudes de question en tout genre, le russe s'assit sur l'un des tabourets, ronchonnant dès lors que sa douleur à la cuisse se réveilla.
- Merci, finit-il tout de même par murmurer, toujours de cette voix rauque, grave, peu avenante qui le caractérisait. Désolé pour la longue absence. J'ai eu un... contretemps. Alors? Du nouveau?