Samedi matin. Pour certain c’est le début du week-end, une occasion de faire une grasse matinée. Pour d’autre c’est une matinée comme les autres. Métro, boulot, dodo. C’est le cas de Crystalia. Un choix qu’elle a fait il y a de ça bien des années, quand l’argent manquait et qu’il fallait bien qu’elle paie son loyer en parallèle de ses études. Si la semaine elle passe la plupart de son temps à l’université, les samedis et quand elle a du temps libre elle le passe à la clinique vétérinaire qui l’a embauché en tant qu’assistante. Crystalia gère les petits animaux blessés en les nourrissant, nettoyant leurs cages, les promenant pour qu’ils fassent leurs besoins. C’est un peu la petite main, mais elle aime son métier. Parce qu’il lui permet quelques fois d’assister aux opérations du vétérinaire qui tient le cabinet. De voir l’envers du décor. Ce qui sera, très bientôt, son métier.

Alors qu’elle s’occupe de nettoyer les vitres, Crystalia surprend une conversation entre deux petites mamies venues pour une visite annuelle pour leurs chiens. Elles parlent de l’incendie d’un immeuble pas très loin d’ici. Elles disent qu’il n’y a apparemment aucune victime, ce qui serait presque un miracle aux vues de l’heure. Les habitants ont pu sortir à temps. En catastrophe, mais à temps. Elles parlent ensuite des raisons de cette incendie. L’une soupçonne une défaillance électrique, aux vues du mauvais état général de l’immeuble et de son aménagement précaire. L’autre parle d’un acte terroriste. Après tout n’est-ce pas ce qui fait trembler la population ? Ces hommes et ces femmes qui font des dégâts matériels et humains, et qui sont recherchés par la garde rouge. À ces paroles Crystalia frémit. Qui pourrait vouloir détruite un immeuble habité ? Quel serait son objectif, mis à part tuer le plus de monde possible et mettre les survivants à la rue sans un sous ?

La conversation est coupée court par un homme en uniforme de pompier qui pénètre dans la clinique. Avec sa tenue teintée de charbon, il ne ressemble en rien aux clients habituels. Crystalia croise son regard, et ne tarde pas à reconnaitre Jonathan. Elle lui offre un petit sourire, avant de voir qu’il tient entre ses bras un petit chiot. Crystalia lâche sa brosse et se dirige vers le comptoir d’accueil, en même temps que Jonathan arrive à sa hauteur. « Je l’ai trouvé dans un immeuble qui vient à peine de s’effondrer. J’ai dû soulever une poutre pour le récupérer, mais je pense qu’il a soit l’arrière-train brisé ou les pattes arrière… » Le chiot gémit sans cesse, preuve qu’il souffre. Entre l’état de choc et la douleur d’une éventuelle fracture, il a de quoi être mal en point. « Viens. » qu’elle se contente de dire, l’invitant à la suivre. Dépassant la salle d’attente, elle ouvre une porte venant vers une salle d’examen. « Pose-le là. » qu’elle lui propose en pointant la table en inox. Il n’y a pas de doute, entre la conversation des deux mamies, et les dires de Jonathan, il devait être dans l’incendie, à la merci des flammes. « Je peux faire quelques choses sinon ? » Crystalia reporte son attention vers Jonathan, tandis qu’elle fouille dans les tiroirs de la pièce pour sortir un masque à oxygène qu’elle connecte à l’obus. Elle tend ensuite le masque à son ami. « Tu peux lui coller le masque contre la truffe ? Ses poumons ont surement souffert de la fumée il doit avoir des difficultés à respirer. » Elle s’éclipse ensuite quelques minutes, juste le temps d’aller prévenir le vétérinaire qui est en pleine opération, et donc ne peut pas voir le petit chiot pour le moment. « Le vétérinaire est occupé, on va donc commencer par faire les premiers soins tous les deux. » Le chiot, même s’il respire mieux, est toujours en état de choc, et apeuré. Il gémit et bouge dans tous les sens. D’où l’importance que Jonathan soit là pour le maintenir et éviter qu’il n’aggrave ses blessures. « C’était un incendie, n’est-ce pas ? Tu n’as rien ? » Parce qu’il ne l’a pas précisé, mais que ça parait évident. Ce n’était pas qu’un immeuble qui venait à peine de s’effondre. Il y avait des flammes. « C'est courageux d’y être allé pour sauver ce chiot. Et très imprudent. » qu’elle murmure, passant son regard du chiot à l’humain.