Doggos & Bestos

Clint & Norrin

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Un soupir qui traverse les lèvres de l’être à la tête un peu penchée, sa main libre venant gratter l’arrière de son crâne en un mouvement lent et presque résigné. L’homme n’est pas bien convaincu par la tournure que prend cette journée, et ça se voit à son air morose largement affiché sur son visage. Les traits plissés, il finit quand même par redresser la tête, laissant ses iris se perdre dans le temps un peu brumeux du moment. Parapluie en main, il est paré à affronter le mauvais temps, mais s’il pleut aujourd’hui, c’est surtout au niveau psychologique. Son rendez-vous ne s’est pas vraiment déroulé comme prévu, et il va bientôt devoir annoncer à ses clients que leur projet ne pourra guère fonctionner. Autant dire qu’il n’est pas franchement pressé d’appeler ces derniers pour leur faire part d’une décision qui va déplaire, et qui risque de provoquer un nouveau tollé sur l’île. Mais ce sont également les risques du métier, comme on dit, et depuis le temps, le Sir Radd est devenu un habitué. Tout ne peut pas marcher à merveille, encore moins avec ce climat de plus en plus dangereux sur l’île, qui divise chaque jour un peu plus ses résidents. Des envies, des exécutions demandées, des lois à faire passer, tout éclate dans tous les sens, à tel point que même Norrin, à force, ne sait plus vraiment où donner de la tête. Rares sont, par ailleurs, ceux qui sont prêts à se liguer contre la Dynastie en place, ce qui complique largement son objectif ultime sur Genosha. A qui s’adresser alors, quand la météo vire aussi drastiquement de bord ? C’est certainement la question à un million.

Perdu dans ses pensées alors, le brun met du temps à réaliser qu’un grognement répété résonne dans ses tympans depuis quelques instants. Et il ne s’agit pas là d’un grondement en vu de l’orage annoncé, mais de quelque chose de bien plus perçant, et physiquement présent. Le parapluie tenu dans sa main gauche est brutalement tiré, son bras partant en avant avec lorsqu’il a le réflexe de lâcher prise. Les yeux écarquillés, le lobbyiste ne cale pas tout de suite qu’une figure familière de sa vie a humé son odeur et tourne tout autour de lui pour jouer. Lorsqu’enfin ses prunelles se posent sur la boule de poils, Lucky ne prend pas la peine d’aboyer pour le saluer qu’il file aussitôt comme un dératé. « Eh, ce n’est pas comme ça qu’on dit bonjour ! » Norrin sourit, la tension quelque peu évacuée à ce retournement de situation. Naturellement, il s’en va suivre le chien qui ne va pas tarder à le mener à son maître, tout du moins il le cherche du regard en tournant celui-ci de tous les côtés. Mais le dresseur en question n’est autre que son meilleur ami depuis de longues années, presque un frère de cœur qui remplace sérieusement l’être partageant son sang malgré lui. Bien qu’il n’ait rien à titre personnel contre Fennan, et que les deux hommes font de leur mieux pour se rapprocher en dépit de leurs différends et passifs familiaux, on ne peut pas dire que ce soit un fort succès. Leur relation est aussi démonstrative qu’un yo-yo, avec des hauts et un certain nombre de bas, le départ de Radd pour son voyage initiatique n’ayant pas amélioré son cas.

Toujours est-il, de toute manière, qu’un sourire vient succéder à l’exaspération passée, lorsque Clint le salue, l’agent du SHIELD toujours aussi fidèle à lui-même. Echangeant poignée de mains et accolade amicale, le philosophe rétorque en rigolant : « Que veux-tu, perdu dans cette contrée sauvage, j’ai été pris au dépourvu par le débarquement de ton pokemon ! » Sous son air sérieux, Norrin regorge de références, preuve que les connaissances, peu importe leurs branches spécifiques, il n’en manque pas. Pour autant, charrier Barton représente tout un aspect de sa vie, qu’il ne manque pas de reprendre sitôt la première plaisanterie fusée : « Mais dis-moi, qu’est-ce que tu viens faire là ? T’as pas peur que la garde rouge te renvoie dans ta pokeball ?  » Derrière la question innocente se cache le sous-entendu, cette blague balancée par la Dynastie Magnus quant à l’attaque du SHIELD envers leur dictature. Et en réalité, c’est aussi là l’inquiétude démontrée de Radd, vis-à-vis de son ami, dont le quotidien a forcément dû changer maintenant.

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Doggos & Bestos

Clint & Norrin

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Un sourire parcourt le visage du brun, qui s’en va rencontrer l’homme apprécié. Rencontre fortuite mais qui, en toute honnêteté, fait clairement du bien. En dépit de l’orage prévu, de cette brume qui entoure les rouages de l’esprit du lobbyiste, voilà qu’il y a une éclaircie, bienvenue, qui vient mettre un peu de baume sur le palpitant du plus âgé. Les tracas du métier disparaissent quelque peu, pas bien longtemps forcément, mais suffisamment pour émettre une accolade méritée envers l’agent du SHIELD croisé. Sa main vient également caresser la tête de Lucky, qui secoue ses babines sans pour autant lâcher le parapluie. Le propriétaire ne s’en offusque pas, plutôt amusé que ce soit une boule de poils qui réunisse les deux amis, que rien ne prédestinait à se rencontrer en cette journée sommes toutes assez banale. Norrin détaille alors le visage de Clint, dont les yeux dévoilent quelques cernes un peu, voire beaucoup, prononcés, dont les traits se montrent également un tantinet tirés. Il ne dit rien sur le moment, toutefois, préfère se prononcer sur l’insouciance de l’instant, riant des petites blagues et références échangées. Le répertoire culturel est impressionnant, pour l’un comme pour l’autre, peu importe qu’ils soient des hommes d’esprit ou d’action. D’une certaine manière, les deux font plutôt bien la paire, et c’est probablement ce qui a rapproché le plus les deux êtres concernés, que tout aurait pu séparer. Mais loin de s’offenser de la prise de position du Barton, l’ancien professeur admire plutôt son ami de choisir son camp et de faire face aux obstacles dressés sans jamais renoncer. Secouant la tête, et plutôt que de citer ses louanges, Norrin se tourne vers Lucky, haussant les sourcils en un mouvement révélateur. « Si tu veux mon avis, le vrai maître dans l’histoire, c’est bien lui. Regarde, il organise même tes rendez-vous maintenant ! » Il sourit de plus belle, le Radd, contenté que Clinton soit toujours suivi de son plus fidèle compagnon. Mieux vaut ça que de faire face à la misère du monde tout seul dans un coin.

Récupérant alors le parapluie, le lobbyiste se retient de le jeter pour jouer au bâton avec la bête, se souvenant sur le tard que c’est tout de même un outil pratique qu’il tient en main. A la place, il s’agenouille et témoigne un peu plus d’affection que nécessaire envers le chien, qui aboie joyeusement à ses grattouilles. « Je vois ça, c’est qu’on ne l’arrête plus lui. Et si ça continue, tu devras nous écrire des chroniques à la ‘Marley & Moi’ ». Radd mentionne le livre – et même le film – en guise de nouvelle référence, comparant Lucky à Marley, un chien si incontrôlable que son maître a fini par en partager ses aventures publiquement. Mais le plus ingérable, dans l’histoire, ce n’est pas l’animal, mais bien l’homme et sa connerie internationale. En prouve ces nouveaux décrets, cette séparation entre le SHIELD et la Red Guard qui aura fini par positionner les deux organisations comme de grandes ennemies. Le philosophe se relève donc et sonde Clint presque malgré lui, se souciant de son état alors que, fidèle à lui-même, son ami s’affirme face à la situation dégradée. « Vraiment ? La Team Rocket représente une sacrée épine dans le pied. » A croire qu’ils se croient sur écoute, à pas dire les choses franchement. Mais en même temps, avec tout ce qui traîne sur l’île, il n’y aurait rien d’étonnant à ce que les murs aient des oreilles. « De toute façon, tant que tu joues dans les règles, t’as rien à craindre, pas vrai ? » Il a cet espoir, Norrin, qu’ils peuvent encore s’en sortir. Que les choses se calmeront, d’une manière ou d’une autre. Mais quand bien même le jeu se passe sans tricherie, il n’y a pas vraiment à douter que la Dynastie fera tout pour faire tomber le SHIELD, et donc son ami. « Tu sais que vous avez des alliés. Si jamais. » Peut-être bien que la Résistance est mentionnée, peut-être bien qu’il parle aussi du peuple qui en a marre de la dictature effroyable actuellement en place. Mais il parle surtout de lui, le Sir Radd, qui fait tout pour changer la donne, à sa façon. Bien qu’à ce jour, ce ne soit pas un grand succès.

Il se gratte l’arrière du crâne alors, le lobbyiste, un rictus pas très convaincu venant déformer son visage à la dernière question de son ami. Sans répondre tout de suite, il invite Clint et Lucky à reprendre leur marche, histoire de pas rester éternellement figés dehors alors que l’orage gronde de plus en plus. « Positives ? » L’homme soupire, secoue la tête tout en glissant son parapluie sur l’épaule. « J’ai bien peur de te décevoir, mon ami. » Depuis la chute du manoir privé des Magnus, rien ne va. Ni ses rendez-vous, ni même ses escapades dans les rues. « C’est de plus en plus difficile de répondre aux demandes des clients, en vérité. A croire que plus personne ne veut s’opposer au règne politique de Magnus. » Alors que l’occasion est idéale pour frapper. Et que dire du reste ? « Et dès que je me rends quelque part, je ne vois que des confrontations partout. Dans les magasins, dans les rues, dans les maisons… Partout, les gardes débarquent pour une raison ou pour une autre et ça part en vrille. » Et c’en est franchement navrant. Mais que peut-il vraiment faire pour lutter contre ça ? « Franchement Clint, des fois, je me demande ce que je fais. Comment suis-je censé mener ce combat sans armes, alors que tout le monde tire à balles réelles ? J’ai l’impression que tout est perdu d’avance. » Oui, décidément, ce n’est pas fort joyeux en ce moment.

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