Gamora n'avait pas lâché la petite silhouette blonde depuis qu'elles avaient quitté la fête foraine. Elle avait laissé derrière elle les cris et les pleurs pour se concentrer sur la seule personne qu'elle tenait dans ses bras, et la seule qui comptait à cet instant. D'un coup de coude, la jeune femme avait brisé la vitre d'une voiture abandonnée sur le parking et l'avait emprunté pour rejoindre l'hôpital à toute allure - sa moto aurait été bien trop dangereuse avec Raven qui n'était plus qu'à moitié consciente. Elle n'aurait jamais pris le risque de la voir tomber sur la route. Sa collègue n'avait certainement pas grand chose - un bras cassé, pour un agent de la garde, c'était presque la routine - mais les événements de la fête foraine l'avait totalement chamboulé et, surtout, elle craignait que cette foutu seringue qu'on lui ait injecté ne provoque des effets secondaires sur son organisme.
Les pneus crissèrent sur le bitume lorsqu'elle se gara à l'arrache devant l'entrée du bâtiment. D'autres voitures étaient, comme elle, en travers de la route et des blessés étaient acheminés sans relâche dans le hall. Elle claqua la porte, laissant les fils coupés glisser sur le siège et récupéra Raven de l'autre côté. Gamora passa son bras autour de sa taille pour la conduire à l'intérieur. L'organisation y était encore pire que d'habitude : les patients comme les docteurs couraient dans tous les sens, les brancards étaient déjà pleins et les infirmières faisaient de leur mieux pour rassurer et consoler les victimes aux blessures les plus diverses. Elle n'y vit que des cas superficiels, supposant que les plus graves avaient déjà été ramené aux urgences... Ou qu'ils gisaient encore entre deux carrousels. Gamora secoua la tête. Peu importe, le plus important c'était ici et maintenant. Renonçant à héler qui que ce soit dans la cacophonie ambiante, la brune choppa le premier médecin à col blanc qui passa à ses côtés et lui colla le visage près du sien. "Elle a le bras cassé, peut-être d'autres contusions et un virus chelou qui doit gigoter dans ses veines, vous allez l’ausculter et l'opérer tout de suite avant que je ne crée la panique parmi vos patients," gronda-t-elle en désignant les parents éplorés qui déversaient leurs larmes sur les bras d'un infirmier. L'homme n'hésite que quelques secondes - le temps de percevoir sa conviction et son badge de garde qu'elle sortit de sa poche - puis fit un signe à l'un de ses collègues. "Installe-les dans une chambre libre, je prépare le bloc 4."
Gamora raffermit sa prise sur la jolie blonde et l'embarqua à la suite de l'interne. La chambre était déjà occupée par deux autres patients, manque de place, mais elle ne broncha pas : elles avaient déjà de la chance d'être prises en priorité. Elle n'avait pas mentionné la seringue, espérant que la présence d'un soit-disant virus suffirait pour faire les quelques examens de base et vérifier qu'elle ne risquait rien. Pour le reste... La garde préférait que ce genre d'affaire ne se règle pas en public. Ils seraient peut-être obligé de contacter le SHIELD. Aidé de l'infirmier, Raven fut installée sur l'un des lits et on lui laissa une blouse ainsi qu'un produit avec lequel elle devrait se laver avant de passer au bloc. "Dans combien de temps ?" avait-elle demandé en choppant le bras de l'homme avant qu'il ne passe la porte. "Une heure, grand maximum. Nous viendrons vous chercher. Sonnez si vous avez besoin d'une infirmière," avait-il déclaré d'un air nerveux. Elle avait acquiescé et consentit à la laisser partir. Puis, une fois relativement seules, la jeune femme s'était retournée vers celle en piteux état qu'elle avait porté jusqu'ici. Son bras formait un angle douloureux et chacun de ses mouvements, même les plus infimes, semblaient la faire souffrir. Gamora lâcha un petit soupir et déposa la blouse et le savon au pied du lit. "Je vais te laisser. Tu n'as pas besoin de moi pour la suite. Soit pas trop désagréable avec le personnel." Ouaih, parce qu'elle avait été un modèle parfait, bien sur. La garde ne voulait pas partir - elle avait encore un peu peur pour Raven bien que l'environnement de l'hôpital l'apaisait un peu. Mais c'était surtout ce produit étrange qui l'inquiétait. Peut-être que le coup qu'elle avait donné à son agresseur avait été suffisant pour que le liquide ne pénètre pas dans son corps ? Gamora en doutait, franchement... Mais elle n'avait plus sa place ici. Raven pouvait s'occuper d'elle toute seule.
La jolie brune s'apprêtait à se détourner lorsqu'une main valide attrapa son poignet. "Reste... S'il te plait, reste avec moi." Un souffle à peine qui la fige. Le coeur de Gamora rate un battement. Elle se retient de lui demander ce qu'elle a dit, de la faire répéter pour être bien certaine que c'est la Raven qu'elle connait qui la supplie de rester. Mais ses yeux lui suffisent comme réponse. Elle inspire brusquement, ne cachant pas sa surprise ni son trouble. Durant quelques secondes, son regard l'évite, jugeant le pour et le contre. Puis elle acquiesce du bout des lèvres. "D'accord."
Elle lui tendit ses affaires et lui désigna la douche du menton. "Alors à la douche. T'as besoin de mon aide, peut-être ?" demanda-t-elle d'un ton malicieux pour tenter de cacher le rythme trop rapide de sa respiration. Elle ne s'attendait pas à ce que Raven dise oui et pourtant, elle accepte. Ouh. Trop de coups au coeur, d'un seul coup. La jeune femme la laisse passer devant, profitant d'une courte accalmie pour remettre ses pensée en place. Lorsqu'elle la rejoint enfin, pieds nus et cheveux relevés, Raven s'était découverte, ne portant plus que sa brassière et sa culotte. Cette fois-ci, Gamora ose à peine poser le regard sur elle... Assimilant encore avec peine le besoin qu'elle avait décelé dans la voix de la jolie blonde, quelques instants plus tôt. "N'en profite pas," lui glisse-t-elle, amusé. Gamora lui répond d'un sourire narquois et enduit ses mains de bétadine avant de la faire se retourner.
Ses doigts glissèrent doucement sur la peau nue de la jeune femme, épousant presque religieusement les courbes de son corps. Elle s'attarda longuement sur son ventre et la naissance de son cou pour profiter de ses rares instants où elle pouvait, en toute innocence, l'effleurer. Son souffle glissa lui aussi le long de sa nuque, possessif. Gamora prolongea cet instant aussi longtemps qu'elle le put jusqu'à ce qu'elle finisse de laver son bras brisé avec précaution. Puis elle la sécha de bas en haut, effaçant toute trace d'eau de sa peau blanche avant de finir avec son visage qu'elle entoura de sa serviette, comme une douce caresse. "Prête pour le bloc," glissa-t-elle dans un murmure lorsqu'elle quitta finalement la cabine de douche, couverte d'humidité et de l'odeur de Raven.
Lorsqu'ils emmenèrent la jeune femme en salle d'opération, Gamora se laissa tomber dans le siège à côté du lit. Elle se sentait vidée. Trop de choses s'étaient passées en si peu de temps et elle ressentait le besoin de faire un peu le tri dans son esprit. Fermant les yeux, la brune se laissa happer par le sommeil par quelques heures - deux ou trois peut-être, le temps que sa compagne ne revienne de la salle de réveil. Elle se réveilla en sursaut lorsque les infirmiers poussèrent à nouveau la porte de la chambre et que la blonde refit son apparition, le bras plâtré jusqu'à l'épaule. "La revoilà, votre survivante !" s'exclama l'interne qui les avait guidé tout à l'heure, l'air beaucoup plus assuré et un peu trop goguenard à son goût. "Elle n'avait pas grand chose, pas la peine de se mettre dans tout ces états. Oh, nous avons fait quelques analyses également, mais nous n'avons rien trouvé de suspect dans son métabolisme. Vous êtes certaine de ce que vous nous aviez annoncé tout à l'heure ?" Gamora haussa les épaules avec un faux air de prise sur le fait. "Peut-être. Me souviens plus, dans l'instant, on confond beaucoup de choses, vous savez ?" L'homme la fixa un instant, le sourcil haut, avant de soupirer. Il devait certainement croire à une mauvaise déclaration pour les faire passer en premier ce qui, en soit, n'était pas complètement faux. Mais le bilan positif de Raven ne la rassurait pas complètement. D'un côté, elle ne semblait pas risquer sa vie. De l'autre... S'ils n'avaient rien décelés, de quoi pouvait-il s'agir ? "En forme, chérie ?" demanda-t-elle d'un ton plus léger à Raven quand elle rejoignit son lit. Elle s'enquit quelques minutes de son état avant qu'un détail ne lui saute soudain au visage. "Oh mon dieu ! J'avais complètement oublié, je n'ai pas pris de nouvelles des autres." En fait des autres, elle parlait surtout de sa meilleure amie. La jeune femme sortit précipitamment son portable de son sac et composa le numéro de Jean qu'elle avait appris par coeur. Gamora était venu avec elle à la fête et ne l'avait pas revu depuis. D'ailleurs, maintenant qu'elle y pensait, la rouquine devait se tenir juste à côté de la roue quand elle s'était effondrée... Comment avait-elle bien pu oublier un truc pareil ?! La peur au ventre, sa main se crispa sur le combiné. La sonnerie sonna d'abord dans le vide ; 1, 2, 3 fois avant qu'on ne décroche. "Jean ! Enfin ! J'étais morte de trouille. Où est-ce que tu es ? Désolé de pas avoir appelé plus tôt, je-" elle s'arrête. Une autre voix la coupe. Pas celle de Jean. "Quoi ?..." Son estomac se retourne soudain. Non, c'est pas possible... "J'arrive," répond-elle précipitamment en coupant son portable. Elle le jette dans son sac et attrape soudain Raven par son bras valide, l'obligeant à se lever. "Désolé princesse, tu vas pas te reposer tout de suite. Faut que j'aille voir quelqu'un et tu viens avec moi." Ce n'était pas une demande, mais un ordre. Raven avait voulu qu'elle reste près d'elle alors elle le ferait jusqu'à ce qu'elle quitte cet hôpital mais, pour l'instant, elle devait absolument rejoindre son amie. "C'est Jean," avait-elle lâché face aux interrogations de la blonde, n'osant - ou ne pouvant - en dire plus. Les deux jeunes femmes traversèrent quelques couloirs avant de rejoindre la chambre que Scott leur avait indiqué, ouvrant la porte en trombe. Là, dans un autre lit, Jean était allongée, l'air plus détruite qu'elle ne l'avait jamais vu. "Jean..." souffla-t-elle, la panique presque palpable. Elle lâcha le bras de Raven et se précipita aux côtés de sa meilleure amie sans oser la toucher, de peur de lui faire mal. "Qu'est-ce qui s'est passé ?? Comment tu te sens ?" Ces mots tremblaient presque mais, en cet instant, elle s'en fichait de son image ou de son égo : rien ne comptait plus que sa meilleure amie. Elle lève une main hésitante pour caresser son front et se mord la lèvre pour s'empêcher de pleurer. Jean ne semble même plus en état de lui répondre et c'est avec une colère soudaine, dirigée contre elle-même, qu'elle chercher ses réponses dans le regard de Scott. Pourquoi n'était-elle pas venu plus tôt ? Si elle l'avait rejoint en début de soirée, elle aurait peut-être pu faire quelque chose... "Scott ? Tu étais là lorsque ca s'est passé ? Est-ce que... Elle s'est pris la roue, ou... ? Les médecins ont dit quelque chose ? Elle... Elle va s'en sortir, pas vrai ?" demanda-t-elle à toute allure, sa main descendant prendre celle de Jean dans la sienne pour lui caresser doucement la paume - comme si ce simple contact pourrait parvenir à la réveiller.
Pouvoirs : Mystique est une métamorphe. Elle a donc la capacité de prendre les traits physiques, la voix et les attitudes de n'importe quel humain. Elle ne peut pas copier les pouvoirs des autres mutants, cela dit, même en prenant leur apparence. Cette faculté de métamorphose est en réalité une modification cellulaire qu'elle effectue de son propre chef : elle peut donc également régénérer ses cellules, et se soigner plus vite d'une blessure parfois mortelle, pour n'importe qui d'autre. C'est aussi pour cette raison que son vieillissement naturel est ralenti. Elle est immunisée contre les toxines, et ne peut donc pas être empoisonnée.
Alors que l’émotion bloque ta respiration, des bras de retiennent comme si les sangles d’une camisole s’était entourées autour de ton corps fébrile. Ne sombre pas, chuchotis. Tu n’es plus sûre de ce que tu viens de vivre ; est-ce un rêve ? Non plutôt un cauchemar. La réalité se bouscule et s’entrechoque dans ta tête te faisant revivre incessamment les derniers instants. Horreurs ; malheurs, pleurs, cris. Puis ses bras; sa chaleur; ce cocon si rassurant. Igloo que tu ne quitteras pas. Tu tâtes nerveusement ton ventre, la peur y a élu domicile. Elle s’empare de toi, te ronges les entrailles et te tords les boyaux. Tu as peur Raven ; peur. Tu entrouvres doucement les lèvres ; cette question te brûle les lèvres c’est insoutenable. Résignation. Tu ne peux pas t’y résoudre ; ce n’est pas la même chose de se l’entendre dire que de prononcer soi-même les mots, des preuves accablantes. Tes paupières sont lourdes et ton esprit brumeux ; la sensation de quitter ton corps s’empare de toi. Pourtant tu reprends conscience de ce qu’il se passe autour de toi petit à petit. Ton corps est balloté dans tous les sens et soudain une vive douleur s’empare de ton bras ; l’impression que de l’acide sulfurique se déverse dans tes veines te fais pousser un gémissement. Tu serres les dents pour ne pas hurler, ton visage se crispe en un rictus douloureux et ta respiration s’accélère. Un dernier coup te fait ouvrir les yeux alors que tu entends distinctement le bruit d’une vitre qui se brise. Tu dévisage Gamora l’air plus perdue que jamais ; ton nez se retrousse comme le museau d’un petit renard effrayé ; perdu. Elle te dépose sur le siège d’une voiture tu te détends ne serait-ce qu’un petit peu. Ton regard se tourne vers la fête foraine ; tes yeux s’écarquillent devant le spectacle qui s’offre à toi. Ta main valide vient se déposer sur ta bouche tandis que tu essaies de te souvenir de ce qu’il vient de se passer. Les images défilent tel un mauvais diaporama ; tu n’en comprends pas le sens puis retient ta respiration. Tes enfants ; Maria. Tu tâtes les poches de ton pantalon complétement paniquée ; tu t’affoles et fait un mauvais mouvement ce qui t’arrache un petit cri de douleur. La voiture démarre en trombe tu te saisis de ton portable et compose le numéro de ton bébé. Décroche… Kurt décroche ! 1 sonnerie ; puis deux et trois. La voiture fonce à travers la ville ; tu as la nausée ; les larmes aux yeux ; puis la voix de ton fils retentit au bout du fil. « Kurt ! Kurt ! Bébé ! Mon dieu… Est-ce que tu vas bien ? Et Anna ? Ta sœur est avec toi ? … Rentrez à la maison … De suite ! Les forains ? Quoi ? … Ce n’est pas grave Kurt rentre avec ta sœur ; je t’en prie. Je vais bien je suis avec Whoberi… Je rentre le plus vite possible… Oui…Appelle ta marraine s’il te plaît… A tout à l’heure ; embrasse ta sœur. Je t’aime aussi. » Ton regard se pose sur la garde qui se trouve à tes côtés plus concentrée que jamais sur la route. Tes yeux se ferment à nouveau sur cette vision ; ton téléphone tombe à terre. Tu chute encore une fois en sentant tes forces t’abandonner.
Les crissements des pneus sur le bitume t’éveillent à nouveau. Les yeux mi-clos ; les lumières des ambulances ambiantes t’aveugles des que tu essaies de faire l’effort de rester éveiller. Les bras de la belle Gamora viennent de nouveaux t’entourer et tu la suis docilement. Lorsque vous franchissez les portes coulissantes de l’hôpital l’odeur du désinfectant t’agressent les narines ; tu retiens un éternuement. C’est ironique mais tu détestes cette odeur ; c’est en partie pour ça que tu as choisi le terrain pour exercer ton métier. "Elle a le bras cassé, peut-être d'autres contusions et un virus chelou qui doit gigoter dans ses veines, vous allez l’ausculter et l'opérer tout de suite avant que je ne crée la panique parmi vos patients," gronde la voix de la belle garde aux cheveux de jais. Si tu en avais été capable tu aurais souri en te moquant de son petit air autoritaire mais tu n’en a vraiment pas la force. Tu retiens un élan de nausée qui te prend à la gorge en maudissant le monde entier. Tu as beau être médecin tu ne comprends pas l’origine de tes symptômes… Sûrement le virus chelou dont parle Gamora. Cette seringue qui a pénétré ta peau quelques minutes plus tôt. Un léger frisson te parcours de part en part. "Installe-les dans une chambre libre, je prépare le bloc 4." Tu te retiens presque d’applaudir la garde et sa force de persuasion mais l’heure n’est pas à la fête. Tu te laisses trainer par ta compagne et l’interne qui vous amène à une chambre non loin de là. Les quelques pas qui te sépares du lit te sembles insurmontables ; un soupir passe la barrière de tes lèvres à présent gercées. Avec l’aide de l’infirmier et de Whoberi tu te hisses sur le couchage en ne prêtant pas attention aux deux autres personnes dans la chambre. Après tout tu t’en fiches pas mal ; ce n’est pas méchant mais tes pensées sont déjà assez en désordre comme ça. On te laisse une blouse sur le rebord du lit ; vraiment sexy. Tu t’imagines déjà avoir l’air d’un sac poubelle géant. "Dans combien de temps ?"Tu détournes la tête vers l’infirmier un sourcil arqué. Du temps tu en as à foison apparemment. "Une heure, grand maximum. Nous viendrons vous chercher. Sonnez si vous avez besoin d'une infirmière," déclare l’homme d’un air relativement nerveux. Elle hoche la tête ; tu fais de même. Et te voilà planté là pour une heure de plus ; tes jambes se balancent nerveusement dans le vide ; tes yeux restent figés sur le sol blanc de la chambre et ton cœur ne cesse de s’agiter. "Je vais te laisser. Tu n'as pas besoin de moi pour la suite. Soit pas trop désagréable avec le personnel."Oh parce qu’elle l’avait été peut être ? Non bien sûr que non ! Pourtant ce n’est pas ça qui te traverses l’esprit. Ton regard reste figé sur le dos de la brune qui prend la direction de la porte et tu te lèves d’un bond. Peut-être un peu trop vite ; tu attrapes son poignet de ton bras valide. Tu ne peux pas la laisser partir. Tout en toi cri que tu as besoin d’elle ; encore et encore. "Reste... S'il te plait, reste avec moi."dis-tu en un murmure. Ta main ne lâche pourtant pas son étreinte de peur qu’elle te glisse entre les doigts et t’abandonnes à ton sort. Pourtant tu brises le contact à contre cœur ; tes doigts glisse sur sa peau jusqu’à la quitter et tes yeux trahissent la détresse à laquelle tu es empreinte. Elle te fuit du regard porte son attention sur une chose imaginaire puis lâche un "D'accord." Du bout des lèvres. Tu respires à nouveau.
Elle s’empare de tes affaires et te désigne la douche d’un coup de menton. "Alors à la douche. T'as besoin de mon aide, peut-être ?" tu hoches la tête. Tu ne plaisante pas tu as vraiment besoin de son aide ; premièrement parce que tu es invalide d’un bras pour le moment et deuxièmement parce que tu n’as pas envie de rester seule sous peur de craquer. Tu entres dans la salle de bain et te débarrasses de tes vêtements. Tu ne te déshabilles pas entièrement ; tu tiens à garder une part d’intimité… Gamora a beau te faire fondre par moment tu n’es pas prête à te dévoiler entièrement à elle. [color:cb0c=#darkcyan]"N'en profite pas, " glisse-tu avec un léger amusement. Te voilà alors sous le jet de la douche ; l’eau coule doucement sur ton corps et faire les yeux un instant. Laver la nuit qui incruste l’épiderme si fragile. Un mouvement et tout part, ça brûle au début puis le mal s’évapore. Les larmes, les agonies, ces terribles rougeurs. Faire peau neuve prend tout son sens à présent. Une mince pellicule de mousse se forme sur le sol carreler de la douche alors que les mains de Gamora passe sur ton corps délicatement ; te masses la nuque et détendent tes muscles. Un court instant qui suffit à t’apaiser ; de simples gestes qui pansent ton cœur meurtrit par cette nuit. Les mains laissent place à la serviette de bain cotonneuse qui t’enveloppe doucement et laisse un sourire sur ton visage angélique. "Prête pour le bloc,"
Les infirmiers ne tardèrent pas à venir te chercher et tu jeta un dernier regard à la brunette installée sur un des fauteuils de la pièce avant de lui sourire. Tu eu le temps de discuter avec les médecins avant que l’anesthésiant fasse effet et te laissa sombrer dans un sommeil des plus lourds que tu n’aies jamais connu. Lorsque tu t’éveillas on t’emmena faire une prise de sang pour examen. Pour tout avouer tu ne te souvenais pas de grand-chose trop assommée pour réfléchir à quoi que ce soit lorsqu’on te descendit dans ta chambre. A ton plus grand soulagement Gamora était toujours là et tu la gratifias d’un sourire fatigué. "La revoilà, votre survivante !" s'exclama l'interne un peu timbré qui les avaient redirigées vers la chambre quelques heures plus tôt "Elle n'avait pas grand chose, pas la peine de se mettre dans tout ces états. Oh, nous avons fait quelques analyses également, mais nous n'avons rien trouvé de suspect dans son métabolisme. Vous êtes certaine de ce que vous nous aviez annoncé tout à l'heure ?" Tu lèves les yeux au ciel espérant qu’il partira le plus vite possible. "Peut-être. Me souviens plus, dans l'instant, on confond beaucoup de choses, vous savez ?" il soupira et décampa en pensant sûrement à une mauvaise excuse pour passer plus vite. C’était peut-être vrai après tout tu avais les idées trop embrouillées pour y réfléchir. Tes yeux glissèrent sur ton bras entièrement plâtré et trouva ça un peu excessif. "En forme, chérie ?" Tu allais lui répondre avant d’apercevoir les gros yeux de Gamora et son air horrifié que tu ne compris pas sur le moment. Tu entrouvris la bouche mais fut bien vite coupé par la femme à la peau dorée. "Oh mon dieu ! J'avais complètement oublié, je n'ai pas pris de nouvelles des autres." Tes lèvres virent former un léger « o » alors que Gamora s’agitée à tes côtés. Tu l’observa se saisir d’un téléphone l’air de plus en plus affolée. Tu ne bougea cependant pas ; qu’aurais-tu pu faire dans cet état de toutes façons ? "Jean ! Enfin ! J'étais morte de trouille. Où est-ce que tu es ? Désolé de pas avoir appelé plus tôt, je-" Elle s’arrête net. Tu pinces légèrement tes lèvres et détourne le regard. Jean. Ton estomac se noue et tu te sens coupable de lui avoir arrachée son … sa … Petite amie ? Tu ne sais pas trop à vrai dire … "Quoi ?..." Tu n’entends rien et pourtant tu devines qu’une mauvaise nouvelle est contée à l’autre bout du fil. "J'arrive," répond-elle avant de balancer son portable dans son sac et de t’attraper par ton bras valide. "Désolé princesse, tu vas pas te reposer tout de suite. Faut que j'aille voir quelqu'un et tu viens avec moi." Tu n’opposes pas de résistance. Après tout son ton laisse penser que tu n’as pas vraiment le choix. Te voilà cavalant à ses côtés vers une chambre quelques couloirs plus loin. "C'est Jean,"à vrai dire tu avais compris. Tu n’oses cependant rien dire face à sa détresse. Vous voilà enfin arrivées, sa main se détache de la tienne alors qu’elle se précipite vers le lit dans lequel git la rouquine en répétant son nom. Scott se tient lui aussi dans la chambre ; tu lui jettes un coup d’œil il a l’air en mauvais état ; tu remarques une tâche de sang sur son Tshirt alors que Gamora continue de s’adresser à Jean. "Scott ? Tu étais là lorsque ca s'est passé ? Est-ce que... Elle s'est pris la roue, ou... ? Les médecins ont dit quelque chose ? Elle... Elle va s'en sortir, pas vrai ?" Tu t’approches de Scott et soulève doucement son Tshirt et te positionne discrètement devant lui pour ne rien montrer à Gamora qui est trop concentrer sur Jean. Tu observes sa légère blessure et lui lance un regard entendu. « Il faudra recoudre… mais ça peut attendre » lui chuchotes-tu sérieusement. Tu es son médecin et tu sais qu’il te fait confiance ; puis tu te diriges vers le bloc note au bout du lit de Grey et en lit quelques lignes. Tu ne laisses pas transparaître ton inquiétude face à ses blessures. Tu relèves la tête « Des médecins sont venu te voir ? J’aurai besoin de leur parler plus tard ; ils n’ont pas accès à vos dossiers je suis la seule habilité pour ça. Je veux qu’on s’occupe au mieux de vous… Tu sais si d’autres personnes ont été touchées ? » dis-tu en te positionnant de l’autre côté du lit et en pensant doucement ta main sur le front de Jean.
“ When we came alive at the moment we met This is still worth fighting Still worth fighting for „
Il n’est pas certain de quoi penser de la situation, il y a tant d’émotions et de sentiments qui se mêlent en lui. De la douleur. De la douleur pour son frère entre les mains des médecins, pour tous ces gens qu’il entend passer en sanglotant apprenant la mort d’un proche, la blessure d’un autre. De l’incompréhension quant aux évènements qui se sont déroulés sous leurs yeux. Les cris de la foule, le tremblement de terre, l’effondrement de la roue… Cette jeune fille qui courrait à toute vitesse se mêlant aux corps, les bousculant sans ménagement, comme une semeuse de mauvais sorts. Il sert les dents en se rappelant de la malédiction qui s’est abattue sur lui quand elle l’a effleuré. Incapable d’ouvrir les yeux sans blesser des gens. Il ressent également de la tristesse pour ces personnes qui avaient tant d’espoir en cette soirée, soirée qui avait virée au cauchemar ; pour la jeune femme dans le lit en face de lui qui ne se croyait coupable d’un tel drame. Mais c’est justement cette jeune femme qui lui permet de garder un peu d’espoir, de garder du courage. Parce que malgré la douleur, l’incompréhension et la tristesse, Jean est l’écho de quelques bonnes nouvelles. Peut-être… Il n’ose jamais s’aventurer sur le champ du bonheur parce que certaines personnes ne sont tout simplement pas destinées à être heureuses. Il n’est pas destiné à l’être. Et pourtant il espère toujours, il garde toujours espoir pour que ça soit différent.
Un bruissement faible le sort de sa réflexion, le ramenant sur terre. Etendue sur la table en plastique de la chambre, quelque chose dans la poche de la veste de Jean vibre. Il devine un téléphone, apprend que sa déduction est bonne quand il l’a dans les mains. Gamora attend une réponse. Elle s’attend à Jean à sa voix, elle tente peut-être d’obtenir de bonnes nouvelles, de se rassurer. Mais la jeune femme qui sourit en grand et rayonne sur la photo d’appel est absente pour le moment. Scott décroche, tâchant de parler d’une voix structurée. Tout de suite, la voix affolée de Gamora résonne dans le combiné. « Jean ! Enfin ! J'étais morte de trouille. Où est-ce que tu es ? Désolé de pas avoir appelé plus tôt, je ─ » Scott tente de placer un mot à travers le déversement de mots. Quand finalement il parvient à placer son prénom, la voix s’arrête. Il en déduit qu’il peut continuer. « Je suis à l’hôpital. C’est Jean, elle était à la fête foraine et… » Un regard au lit devant lui et il semble perdre contrôle de son timbre de voix. Il se racle la gorge doucement, inspire tandis que la voix s’impatiente. « Quoi ? » Elle a l’air aussi inquiet que lui. « … Il y a eu un accident. ». Scott rajoute d’une voix sourde le numéro de la chambre et se tait. Il n’en faut pas plus pour la voix dans le combiné. « J’arrive ». Puis plus rien.
Dans la chambre, Scott repose le téléphone là où il l’avait trouvé et se tient debout. Son visage est tendu, frustré et ne se détourne jamais de celui du lit, scrute les machines et tente de déceler les irrégularités dans la respiration de Jean. Il entend arriver les pas de Gamora dans le couloir et son apparition sans douceur dans la chambre. Immédiatement elle est à ses côtés. Scott recule d’un pas, ne voulant pas envahir l’espace. Il remarque que Gamora est entrée accompagnée de Raven qu’il salut d’un signe de tête, remarquant au passage le bras dans le plâtre. La fête foraine… Il reporte son regard sur la jeune femme à la peau ambrée, la voyant murmurer quelques questions. « Elle… Elle s’est rendormie il y a quelques minutes. » Prenant conscience de Scott pour la première fois depuis leur arrivée, Gamora lui jette un regard. Elle a perdu un peu de sa fierté et Scott y découvre même des yeux brillants. Il ne lui en tient pas rigueur ; il est dans le même état. "Scott ? Tu étais là lorsque ça s'est passé ? Est-ce que... Elle s'est pris la roue, ou... ? Les médecins ont dit quelque chose ? Elle... Elle va s'en sortir, pas vrai ?" La profusion de questions ne s’arrête pas. Il fronce un peu les sourcils pour ne pas craquer. « Je ne sais pas… Elle est juste passée dans les couloirs de l’hôpital et je l’ai reconnu. J'ignore si elle était avec quelqu’un ou pas quand s’est tombé, combien de temps il a fallut avant qu'elle débarque ici... » Il hausse les épaules, ne préfère pas s’aventurer sur le terrain de la dernière question. Il n’a pas été informé, il ignore ce qu’elle a, ignore son état, la gravité de la situation. Il n’aime juste pas la vision de la voir allongée dans ce lit, dans cet endroit qui n’est qu’un cimetière déguisé d’un drap blanc et pavé de bonnes intentions.
Raven s’approche de Scott, intriguée par le sang sur le tee-shirt. La quantité est impressionnante mais elle ignore sans doute sa provenance. Ce n’est majoritairement pas le sien. « Je vais bien, ce n’est rien » Mais Raven n’en a que faire de ses paroles. D’un coup d’œil professionnel, elle évalue l’ouverture sur le flanc droit et finit par en tirer une rapide conclusion. « Il faudra recoudre… mais ça peut attendre » Scott hoche la tête, acquiesce, lui assure qu’il le fera comme un enfant à qui on demande de faire un devoir. Un devoir qu’il remettra au lendemain. Il a plus intéressant, plus important à faire pour l’instant. Il observe ensuite les gestes méthodiques et parfaitement à l’aise de Raven. Elle se saisit d’un papier qui se trouve au bout du lit de Jean, s’y plonge quelques instants. Scott n’a pas pensé à y jeter un coup d’œil trop obsédé par le corps qu’il avait devant lui. « Des médecins sont venu te voir ? » Il hausse les épaules. Les infirmiers lui avaient fait les premiers soins dans l’ambulance en l’amenant ici, Alex avait disparu en bloc avec quelques personnes avant qu’il n’ait eu le temps de se poser des questions, une infirmière avait accepté de prélever son sang pour le donner à Alex… A part cela… les docteurs devaient être surmenés avec les autres victimes de la fête foraine. « Pas personnellement. Je n’ai vu personne venir pour Jean. » « J’aurai besoin de leur parler plus tard ; ils n’ont pas accès à vos dossiers, je suis la seule habilité pour ça. Je veux qu’on s’occupe au mieux de vous… Tu sais si d’autres personnes ont été touchées ? » Alors personne n’était au courant pour personne ? Il devait sans doute être trop tôt pour cela. Pas de liste de victimes, pas de visages placardés. Scott ferme les yeux pour absorber la vision du corps brisé d’Alex. Puis ses pensées s’éloignent et s’abandonnent sur les sorts de Kurt, de Jackson, d’Anna, de Logan et des toutes ces personnes qu’il côtoyait au quotidien et dont il ne connaissait pas le sort. Avaient-ils été sur les lieux ? Faisaient-ils partis des victimes ? « Alex est… Alex est au bloc opératoire. Ororo aussi. » Scott omet de leur préciser leurs situations, la détresse sur son visage est un signe suffisant. « Est-ce que vous savez si d’autres personnes de la Garde étaient à la Fête foraine ? S’il leur est arrivé quelque chose ? Kurt ? Anna ? », il demande à Raven dont il sait qu'elle est la mère. Il désigne ensuite le dossier de Jean qu’elle a toujours dans les mains. « Alors ? Ton verdict ? » il lui demande, pas certain qu’elle répondra à sa question. Il a envie de savoir, de se rassurer ou au contraire, de donner une raison à son inquiétude.
C’était étrange, cette sensation qui t’englobait. Tu te pensais perdu dans les songes mais tu ne l’étais pas. Tu n’étais pas tout à fait là, mais pas non plus disparu entièrement. Ton corps était allé au bout de ses dernières forces mais tu n’avais pas voulu lâcher prise. Pas après ce qui venait de se passer. Pas tant que tes lèvres semblaient te brûler encore. Seulement, tu ne pouvais encore rien faire. Tu dérivais, dominée par les flots de l’inconscient. Le poids de ton coeur s’allégeait, tout comme celui de ton corps. Tu te protégeais, tu devais le faire sinon tu n’allais jamais surpasser ce qui t’arrivait. Tu avais besoin d’oublier ce qui s’était produit, ce que tu avais fait. C’était le seul moyen si tu voulais réussir à reprendre des forces, à aller au-dessus de tout ça. À vivre à nouveau. Tu ne devais pas abandonner même si ça te semblait facile. Ici ton coeur battait à un rythme régulier et ta respiration était constante. Aucun poids ne t’entravait. Tu es plus légère et libre dans cet endroit que dans la réalité.
Tu te focalises sur les battements dans ta poitrine. Ils t’aident à maintenir un semblant de vérité. Une preuve que tu fais toujours partie de ce monde. Que tout n’est pas encore perdu et que la vie parcourt toujours tes membres. C’est à ça que tu dois te raccrocher. Tu te concentres sur ça, t’appuie dessus pour essayer d’émerger de ce coma qui t’engourdit. L’allure se répète, encore et encore. Tu comptes chaque coup au creux de ta poitrine et attends attentivement le prochain. Ce schéma semble des heures, des jours peut-être, tu n’en as même pas conscience. La seule certitude que tu as, c’est que tu es en vie. Soudain le rythme se brise, se casse. Tu l’as reconnu, tu le ferais parmi mile. Elle est là. Gamora. Sa voix résonne à nouveau mais tu ne comprends pas ses mots. Tu n’es pas présente, comme dans une autre dimension. La tête plongée sous l’eau, ne discernant qu’un faible reflet du timbre de sa voix. C’est là, maintenant que tu dois te battre Jean. Gamora est là, vivante elle aussi. Tu veux la voir, tu le désires plus que tout. Tu veux la prendre dans tes bras pour être sûre que tout vas bien, tu as besoin de ça.
Sa main s'agrippe à la tienne et tu veux la serrer. Tu sens le contact chaud dans ta paume et tes lèvres se seraient étirés si tu en avais été capable. Tu tentes de bouger tes doigts, même d’un millimètre. Tu veux lui montrer que tu es là toi aussi. Que tu es près d’elle. La jeune femme n’est pas du genre émotif, mais si la situation avait été inversée, tu serais morte de trouille. C’était sûrement son cas aussi. Scott. Tu l’entends lui aussi. Il est là. Il est resté pour toi. Cette pensée te remplit de joie et te terrifie à la fois. Cela t’encourage à te réveiller, à sortir de cet entre-deux. Des échanges se font et les mots t’échappent toujours. Tu captes la tension et la peur qui vibrent dans leurs voix. Tu veux les rassurer. Tu recommences, tu te réveilles à nouveau. Tu revis la même lutte que la précédente. Ne pas dégringoler à nouveau, ne pas rechuter. Tu as fait tout ce chemin et tu ne veux pas repartir en arrière. Elle est ici, à ce moment précis et tu as peur qu’elle s’en aille. Qu’elle parte ailleurs et ne soit plus là à ton retour. Tes oreilles te jouent un tour, ou non. Une troisième voix semble s'élever à son tour. Familière celle-ci aussi. Rassurante. Raven. Une autre main se pose sur ton front et tu reconnais ce toucher maternel comme étant celui de la blonde. Elle a toujours été là en tant que médecin à vous couver et à faire en sorte qu’ils ne vous arrive rien. Prête à tout pour vous, les agents de la garde. Une pensée fugace se faufile dans ton esprit. Tu es rassurée apprenant sa présence ici. Tu es persuadée qu’elle veillerait correctement sur toi. Les sons se font plus clairs, tu entends mieux et tu enregistres certains mots. Tu crois comprendre les noms d’Alex et d’Ororo. D’autres questions sont formulées. L’étendue des victimes n’est peut être pas encore établie. Tes victimes….
Aie. Tu le savais. La douleur revient, puissante, elle se déferle à nouveau sur toi. Tu serres les dents et ne bouges pas encaissant son premier assaut. Le tambourinement dans ta tête prend de l’ampleur et remplace tout le reste. Les yeux clos, immobile, tu viens de te réveiller. Tu cherches à faire le tri dans tes pensées, à ne pas te laisser dominer par la panique et surtout pas par la culpabilité. Tu as besoin de rester consciente assez longtemps pour pouvoir te renseigner sur ce qui s’est passé après la chute de la grande roue. Après toi. Ton coeur émet un léger raté, fébrile, à peine perceptible. C’est alors que tu te décides à ouvrir les yeux. Ta vision n’est pas très nette et involontairement tu fronces les sourcils. Raven se trouve près de ton lit, Scott à ses côtés. Gamora se trouve de l’autre côté, sa main toujours dans la tienne, fixant la blonde. Tous attendent une réponse à la dernière question de Scott et ne semblent pas avoir remarqué que tu venais de te réveiller. Tes paupières lourdes se referment mais tu t’obliges à les ouvrir à nouveau. « C’est grave docteur ? » Ta voix faible perce dans le lourd silence qui s’était installé. Leurs mouvements s’accompagnent d’un nouveau battement de cils. Ouvre encore une fois les yeux ! Tu te l’ordonnes. Tu serres la main de ton amie, toujours dans la tienne. Cela te réveille un peu. « J’ai mal à la tête » Et encore, le mot est faible. Tes yeux se posent sur le visage de ton amie aux cheveux de jais. Tu tentes un sourire qui doit sembler bien pathétique « Ca fait… très mal. Tu n’as pas... un verre pour moi ? » Un rire cherche à franchir tes lèvres mais il se transforme en toux. Ton corps se crispe réveillant d’autres douleurs, éloignant les dernières traces de fatigue qui s’accrochaient à toi.
Soulagée de la présence de ta meilleure amie tu ne peux t’empêcher de lui dire « C’était l’idée.. de qui déjà, ..cette fête foraine ? » Ta voix se fait un peu moins rauque à force de parler. Tu déglutis avant de te tourner vers Raven et Scott. « Raven.. dit moi la vérité.. Ca craint ?» Tes yeux se posent sur le dossier qu’elle tient toujours en main et tu remarques un détail, aussi violent qu’une gifle en pleine figure. Tu fronces les sourcils, inquiète. « Qu’est-ce qui t‘es arrivé ? C’était là-bas ? T’étais aussi à la fête foraine ? ». De nouveau ta respiration à quelques ratés et tes yeux te brûlent. « Je… Je suis désolé. » Ta voix se brise. Ce n’est pas le moment pour craquer. Pas encore, pas tout de suite. Tu retiens ta colère et ta culpabilité. Tu ouvriras les vannes quand tu seras seule, quand tu pourras te laisser te noyer par ce chagrin. Quelques larmes s’écoulent toute de même sur tes joues. « Raven, » tu tends une main vers elle. « Kurt était avec moi. Je l’ai vu…» Tu ne savais pas ce qu’il était arrivé au petit jeunot mais l’idée qu’il soit lui aussi dans ta situation t’écrase le coeur. « Logan aussi. Ils étaient à côté de moi quand… » Quand tu as fait ça. Quand tu as lâché la roue sur la fête tout entière. Tu fermes les yeux une seconde et prends une profonde inspiration. « Tu as des nouvelles ? » Tes yeux se tournent alors vers Scott, puis vers Gamora. « Ils vont bien ? Vous avez des nouvelles ? »
« Je ne sais pas… Elle est juste passée dans les couloirs de l’hôpital et je l’ai reconnu. J'ignore si elle était avec quelqu’un ou pas quand s’est tombé, combien de temps il a fallut avant qu'elle débarque ici... » Des réponses qui ne lui servent à rien. Gamora serra les dents. Elle avait envie de crier, de hurler, de briser tout ce qui tombait sous ses mains, mais elle garda le silence. Elle n'aimait jamais se montrer, Gamora. Les sentiments, c'était une faiblesse. Voila ce que la jeune femme répétait à tous ceux qui lui osaient lui faire la morale parce qu'elle était trop dure, trop franche, trop résistante. Pourtant, à ce moment précis, Gamora ne se sentait pas forte du tout : elle était prête à ployer, submergée par la douleur qui venait insidieusement se loger dans son coeur. Peur. Colère. Regret. Elle n'avait jamais aussi craint pour la vie de qui que ce soit. La plupart de ses collègues n'étaient que des miettes de passage destinés à se volatiliser sans qu'elle n'y porte la moindre importance. Mais Jean... Jean, c'était différent. Jean, couchée dans un lit beaucoup trop grand pour elle, Jean au corps couvert d'ecchymoses, Jean au souffle qui tremble et qui refuse d'ouvrir à nouveau les yeux. Gamora serre sa main dans la sienne, mais l'absence de réponse de sa part lui donne envie de chialer. La rouquine avait toujours été plus forte qu'elle. Elle ne le lui aurait jamais avoué mais elle enviait son courage et sa bonté qui lui conféraient une aura n'appartenant qu'à elle. Le simple fait de la regarder lui faisait mal, désormais.
De l'autre côté du lit, Raven se déplace et ses mains remontent le t-shirt de Scott, lui bloquant la vue. Il est blessé ? Elle s'en fout. Honnêtement. Lui est assis, éveillé, conscient, alors elle s'en fout de savoir s'il a un trou dans le bide tant qu'il peut lui répondre. Gamora n'aurait pas été aussi cruelle en temps normal. Sauf qu'il ne s'agissait pas d'un temps normal. Raven se déplace à nouveau et cette fois, c'est de Jean qu'elle s'occupe. Elle s'empare du bloc-note au bout du lit et le lit rapidement. Stupide. Pourquoi n'avait-elle pas pensé à regarder ça en premier ? Elle se laissait avoir par ses sentiments. Sa faiblesse. De nouveau, la blonde revint près de Jean et pose sur son front - elle reste silencieuse. Gamora avait envie de lui arracher les mots de la bouche. « Pas personnellement. Je n’ai vu personne venir pour Jean. » « Mais qu'est-ce qu'ils foutent, putain ? » ne peut-elle s'empêcher d'aboyer. Son chien de garde. « J’aurai besoin de leur parler plus tard ; ils n’ont pas accès à vos dossiers, je suis la seule habilité pour ça. Je veux qu’on s’occupe au mieux de vous… Tu sais si d’autres personnes ont été touchées ? » Pendant un court instant, Gamora vacille. Les autres... Les autres, elle s'en fout non ? ...non... « Alex est… Alex est au bloc opératoire. Ororo aussi. » La détresse qui peint son visage ne laisse aucun doute sur leur chance de survie et la garde se demanda s'il ne serait pas le premier à craquer. Jax, Illy, Logan... Où étaient-ils ? Elle n'avait vu personne. Elle aurait préféré savoir. Ca lui aurait au moins permis de s'accrocher à quelque chose dans cette attente interminable.
Elle détestait ça. L'immobilité. L'impression d'être inutile, de n'avoir plus qu'à attendre pour que le destin se décide enfin à leur place. Gamora maîtrisait tout - tout, sauf ça. « Alors ? Ton verdict ? » La métisse retourna ses pupilles glacées sur Raven, attendant sa réponse. Réponds putain, pensa-t-il en priant silencieusement pour qu'elle ne les épargne pas ; qu'elle leur dise la vérité, même si elle devait se montrer cruelle. Et dans le lourd silence qui les enveloppe, une voix s'élève. « C’est grave docteur ? » Gamora sursauta et resserra sa prise sur sa main, se retournant soudain pour faire face à une rouquine aux yeux qui s'éveillent. « JEAN !! » hurla-t-elle, les yeux écarquillés de surprise. Elle veut lui sauter au cou mais se retient de peur de lui faire plus de mal. A la place, elle entremêle ses doigts aux siens et effleure faiblement sa joue et les quelques cheveux qui s'éparpillent sur son front, tremblante. « Ca fait… très mal. Tu n’as pas... un verre pour moi ? » Sa voix est rauque, abîmée par l'effort, et le rire qu'elle tente de transmettre finit en une violente quinte de toux. Gamora se mordit la lèvre et souffla doucement pour la rassurer. « Ssh, ca va aller. On se tapera autant de verres que tu voudras quand tu seras sortie d'ici. » Pas vrai ? Fais moi une promesse. Jure moi que tu reviendras. Qu'on pourra à nouveau se bourrer la tronche et que tu m'oublieras sur ton balcon. Promets moi de ne pas me laisser. « C’était l’idée.. de qui déjà, ..cette fête foraine ? » Gamora tenta de sourire mais son expression se fane et s'évanouit. Jean tentait de faire de l'humour et c'était encore pire. Comme si tout allait bien. Comme si elle était certaine de s'en sortir, que ce n'était qu'une broutille. Mais ça ne l'était pas du tout. Les mots qui parviennent à son oreille se précipitent et, bientôt, Gamora ne distingue pratiquement plus les conversations qu'ils s'échangent. « Je… Je suis désolé. » Désolé de t'avoir abandonné. Désolé de n'être pas arrivée à l'heure. Désolé de t'avoir traîné dans cette putain de fête de merde. Gamora se brise et déverse ses sanglots sur les draps du lit.
Pouvoirs : Mystique est une métamorphe. Elle a donc la capacité de prendre les traits physiques, la voix et les attitudes de n'importe quel humain. Elle ne peut pas copier les pouvoirs des autres mutants, cela dit, même en prenant leur apparence. Cette faculté de métamorphose est en réalité une modification cellulaire qu'elle effectue de son propre chef : elle peut donc également régénérer ses cellules, et se soigner plus vite d'une blessure parfois mortelle, pour n'importe qui d'autre. C'est aussi pour cette raison que son vieillissement naturel est ralenti. Elle est immunisée contre les toxines, et ne peut donc pas être empoisonnée.
Ton regard scanne la piéce d’un blanc immaculé alors que Gamora se précipite au chevet de Jean. Tu observes ses doigts quitter les tiens rompant le contact presque trop abruptement. Ton souffle se coupe l’espace d’une demi seconde ; la sensation qui t’envahis est désagréable. Vos moments sont éphémères ; à chaque fois et tu commences à douter de ton importance à ses yeux ; n’es-tu qu’un jeu ? Tu dévies le regard, ce n’est pas le moment ; non. Une urgence plus grande s’emparre de toi lorsque le rouge carmin du Tshirt de Scott t’appel. « Je ne sais pas… Elle est juste passée dans les couloirs de l’hôpital et je l’ai reconnu. J'ignore si elle était avec quelqu’un ou pas quand s’est tombé, combien de temps il a fallut avant qu'elle débarque ici... » Drôle de coïncidence. Alors que Gamora s’agite au chevet de la raison de leur venu ; tu te diriges vers le Tshirt du garde pour inspecter la plaie. Personne ne semble s’inquiéter pour lui ; même si à cet instant Scott et Gamora te penses sûrement folle de t’attarder sur lui plutôt que sur lui tu n’as pas les mêmes priorités qu’eux. Lorsque le regard de la femme aux cheveux de jais se posent sur ta nuque tu as envie de lui balancer que son amie a déjà été prise en main ; pas Scott mais elle ne comprendrait pas. Tu as l’habitude de ce genre de scène ; tu as appris à faire abstraction de ce qui t’entoure. S’inquiéter ou se laisser subjuguer par les sentiments des patients et de leur entourage t’affaiblirai. Tu lui donne des conseils à lui de voir quand est-ce qu’il voudra les appliquer ; puis te diriges vers le bout du lit pour te saisir des indications médicales porté à l’intention de l’équipe médicale. Tu lis le dossier ; visage fermé ; tu ne souhaites pas alerter tes collègues sur son état de santé. Tu enchaînes les questions pour te faire une idée de la situation. « Pas personnellement. Je n’ai vu personne venir pour Jean. » « Mais qu'est-ce qu'ils foutent, putain ? » Tu détournes les yeux vers Gamora ; tes lèvres se pince face à sa colère et à son manque de tenue. Tu devrais l’ignorer et ne pas te soucier de son état à elle. Fait chier. Tu contournes le lit et vient poser une main sur le front de ta camarade. On pourrait penser que c’est pour juger de son état mais c’est une réaction purement maternelle ; de celle qu’elle a l’habitude de faire lorsque Kurt et Anna sont malades. Ce simple geste réconfortant qui réchauffe un peu le cœur. Elle en a besoin. Si Scott et Gamora n’avait pas été là elle l’aurait peut-être agrémenté d’un baiser sur le front. Elle sait que Jean n’a pas profité de tels gestes étant enfants ; tout comme elle d’ailleurs. Voilà la raison pour laquelle sa main glisse affectueusement sur sa joue en prenant soin d’être délicate afin de ne pas lui faire mal.
Le bloc note qui se trouve posé négligemment sur ton bras porte le lourd fardeau de l’état de santé de la rousse étendue sur le lit devant toi. Tu demandes à Scott si d’autres personnes sont hospitalisées en ce moment. Il va falloir que tu agisses rapidement pour que leur séjour ici se passe pour le mieux. Pour le moment tu devrais t’occuper de la patiente qui se trouve devant toi mais tu ne peux t’empêcher de penser aux autres. « Alex est… Alex est au bloc opératoire. Ororo aussi. » Ton cœur loupe un battement à la mention de leurs prénoms. Merde ; merde ; merde ; merde ! Une envie de tout laisser et fuir au bloc s’empare subitement de toi mais que pourrais-tu faire avec ce bras plâtrer ? Rien bordel ! Tu entrouvres tes lèvres qui commencent à reprendre leur teinte rosée. Rien ne sort ; le choc te prend à la gorge. « Alors ? Ton verdict ? » Tu détaches tes yeux glacés de la rouquine pour relever la tête vers les deux personnes qui sont dans la pièce. Comment leur annoncer qu’elle ne va pas vraiment bien ? De toute façon ce n’est pas comme si tu pouvais leur cacher hein ? Ce n’est pas ton genre de prendre les gens avec des pincettes ; il n’y a que la vérité qui peut les fixer. Le regard empli de je ne sais quoi de Gamora te foudroie. Ne m’agresse pas. Ce regard ce n’est pas celui de défis qu’elle te jette habituellement ; non. C’est violent presque haineux. Tes boyaux se tordent dans ton ventre et tu fronce légèrement les sourcils. Non Gamora ce n’est certainement pas à moi que tu feras peur aussi coléreuse sois-tu. Alors que tu t’apprête à faire un bilan de son état Jean se manifeste et toute la pièce se mure dans un silence de plombs. « JEAN !! » Elle hurle et tu sursaute doucement. La douleur dans ton bras s’élance et tu sers les dents. « Ca fait… très mal. Tu n’as pas... un verre pour moi ? » Tu observes les deux jeunes femmes s’adonner à un jeu dont tu ne comprends pas vraiment le sens, mais tout ce qui t’importe c’est que la rouquine soit éveiller et d’autant plus sans séquelles au niveau cérébrale. Sa commotion ne doit pas être si violente… Ça te rassures. « Ssh, ca va aller. On se tapera autant de verres que tu voudras quand tu seras sortie d'ici. » Ton regard se tourne vers Scott et tu hausses les épaules. Ils sont tous si proches que tu te sens de trop et l’idée de les laisser entres eux te passes par la tête. C’est ce que tu aurais fait si elle n’avait pas prononcé ton nom « Raven.. dit moi la vérité.. Ca craint ?» Tes lèvres se pincent à nouveau et un soupir s’en envole. Pas besoin de garder le silence plus longtemps. « Disons que tu ne vas pas retourner sur le terrain avant un bon mois ; peut-être un peu plus… Ça craint ouais, avec qui serais-je corvée maintenant ? » dis-tu avec un léger sourire. Ses yeux verts se posent sur son bras et l’air abassourdie qu’elle affiche te frappe. « Qu’est-ce qui t‘es arrivé ? C’était là-bas ? T’étais aussi à la fête foraine ? ». Sa respiration devient saccadée et ses yeux semblent s’emplirent de larmes. Tu ne sais pas vraiment comment réagir ; tu ne comprends pas ce qu’il se passe dans cette chambre « Je… Je suis désolé. » ce désolée semble t’être adressée mais tu es perdue. Désolée de quoi ? Pourquoi est-elle désolée ? Ce n’est pas de sa faute. Ta main se pose sur la sienne alors que ton regard se pose sur ses doigts entrecroisés avec ceux de Gamora. Tu avales difficilement ta salive. « Raven, » sa main se tend alors vers toi. « Kurt était avec moi. Je l’ai vu…» Pauvre Kurt ; il doit être rentrée à présent et t’attend sûrement. Ton cœur se presse ; tu ne peux pas le rejoindre pas maintenant. « Logan aussi. Ils étaient à côté de moi quand… » Logan… Tu n’as même pas pris de ses nouvelles. Ta main glisse sur ta poche tu voudrais l’appeler ; être sûr qu’il se porte bien mais … Tu sais qu’il va bien. Tu sais ce qu’il est. « Tu as des nouvelles ? » Elle lance des regards inquiets à ses amis. Tu n’imagines pas dans quel état tu serais à sa place « Ils vont bien ? Vous avez des nouvelles ? » Alors que tes lèvres s’entrouvres pour lui répondre Gamora s’effondre pour venir pleurer dans les draps de Jean. Tu ne bouges plus. Tu aimerais aller la réconforter mais … ce n’est apparemment pas ton rôle. « Ils vont bien… Ils vont bien tout les deux… On attend des nouvelles des autres. » Tu donnes un coup de menton en direction de Gamora « Je pense que tu devrais t’occuper d’elle… On appellera Kurt et Logan plus tard je te le promet. » Tu poses tant bien que mal le blocnote sur le lit. Tu fais tâche au milieu de tout ces gens. Ton regard fond sur Gamora qui ne relève pas la tête ; ton visage se crispe et tu te diriges vers la fenêtre leur faisant dos. On a pas besoin de toi ici ; tu colles ton front sur la vitre épuisée. Une boule douloureuse s’emparant de ta gorge.
“ You can break my soul, take my life away, beat me, hurt me, kill me, but for the love of God don't touch her. „
L’inquiétude se lit sur ton visage. Tes yeux scrutent ceux de Raven à la recherche d’une réponse, d’un espoir, d’une explication. Elle s’enferme dans le silence tandis que tes pensées enchaînent à la folie. Tu aimerais des réponses, tu voudrais les exiger, prendre le dossier et les trouver toi-même. Mais toujours c’est le silence qui gagne la chambre. Le silence, l’inquiétude, la peur de perdre un être cher. Celle qui compte. Celle à qui tu accepterais de tout donner, celle qui te pousse hors de tes limites, celle qui fait de toi quelqu’un de nouveau, qui te surprend et qui abaisse tes défenses. Celle avec qui tu n’es plus tout à fait inquiet ou coupable. Celle avec qui le mot vivre prend tout son sens.
Tes yeux chantent la mélodie de l’inquiétude. Elle a pris l’avantage sur tes sentiments, sur tes réactions. Vous êtes réunis autour d’elle comme autour d’une mourante. Elle ne l’est pas. Tu sais qu’elle ne l’est pas, les sons de son cardiogramme sont réguliers, le souffle dans sa poitrine l’est aussi. Elle semble dormir… Ses yeux te manque, son sourire te manque, la chaleur de ses joues, la douceur de sa peau, son souffle sur tes lèvres.
Gamora et toi fixaient Raven comme le Messie, celle qui annoncera la bonne ou la moins bonne nouvelle. Celle qui détient le secret, celle qui vous permettra de ressortir de la salle la tête haute ou les épaules affaissées. Elle ne se rend pas compte de son pouvoir sur vous, ne se rend pas compte de cette torture non plus qu’elle vous fait subir. Mais la chanson qui réchauffe ton corps retentit. « C’est grave docteur ? » Aussitôt Gamora à ses côtés prend le dessus, réagit. Si les fils autour de Jean ne lui rappelait pas la douleur qui circuler entre ses veines, elle l’aurait sans doute fait disparaître sous une étreinte. Mais le mouvement est restreint.
Tu souris à son essai de parler et de blaguer. Tu t’inquiètes de son état, de sa volonté de rester éveiller, de rassurer Gamora. Elle a besoin de sommeil, de dormir, de calme. Elle a besoin de ses forces. Si le sommeil est un lancer de dé qui pourrait la séparer définitivement de vous, il y a également la chance beaucoup plus probable qu’elle s’endorme et récupère de ses forces. Son corps fatigué a besoin d’énergie pour la tirer le plus rapidement possible hors de ce lit. Théorie que te confirme Raven. « Disons que tu ne vas pas retourner sur le terrain avant un bon mois ; peut-être un peu plus… » La jeune femme blonde fait également monter le ton de l’ironie.
La voix de Jean est râpeuse mais ne perd pas de son tact. Les deux amies se promettent des plans pour le futur ce qui a le don de te faire sourire. Puis Jean s’excuse de ces mots que tu ne voulais pas entendre. Essaye-t-elle encore de s’excuser pour ce qu’elle pense être sa faute ? Pour cet inconvénient lieu de rencontre ? Tu refuses ses mots dans tous les cas. Elle n’a pas à se faire pardonner. De rien… Et si quelques instants auparavant ces mots étaient prononcés, baignées de ses larmes, c’est désormais Gamora qui éclate en sanglot.
Sur le coup, tu ne sais pas quoi faire. Tu fais ce que tu fais toujours, tu restes stoïque, indifférent. Tu te doutes que n’importe quelle remarque serait mal prise et de toute manière, tu n’as pas le cœur à en faire. Tu ne sais même pas quoi dire, ton vocabulaire s’est asséché. Tu détournes la tête légèrement, fait comme si l’activité dans le couloir t’intéresse plus que la jeune femme devant toi. Tu n’es pas sûr qu’il y ait une autre personne dans cette pièce qui comprenne exactement ce que ressens Gamora mais tu te doutes que ses sentiments se rapprochent des tiens.
Les noms des sains et saufs continuent de s’ajouter à la liste. Logan, Kurt, Anna… Il y a encore tant de monde sous les décombres par rapport à votre effectif, l’appel est piètre, insuffisant. Raven quitte sa place à côté de Jean et cache son visage en jetant un coup d’œil à travers la vitre. Dehors, il fait encore nuit noir. Les bras croisés, tu réfléchis, silencieusement, écoutant toujours les sanglots de Gamora. Elle n’est pas en état de parler, toi à peine, mais tu veux l’avis de Raven sur quelque chose. Tu t’approches tranquillement de Jean, effleure à peine ses doigts timidement. « Ne t’exténues pas trop. On a besoin de toi. » Pas exactement les mots que tu avais eu envie de prononce mais les seuls auxquels tu avais le droit pour l’instant en la présence des autres jeunes femmes. Puis, tu te tournes vers Raven en l’approchant. « Je peux te parler une minute ? » D’un pas lent mais décidé, tu quittes la petite chambre ayant de toute manière pour objectif d’y revenir rapidement. Une fois dans le couloir, tu poses finalement les questions qui te tracassent. Tu commences doucement, jetant un coup d’œil à l’intérieur de la pièce pour faire comprendre à ton interlocutrice de qui tu parles exactement. « Deux mois alors ? » Tu fronces les sourcils. « Mais ça ira, n’est-ce pas ? » Tu mets tes mains sur tes hanches, te supportant un peu de ce poids sur tes épaules, de cette fatigue, de cette inquiétude… Tu reprends un air sérieux. Tu fais ce que tu as toujours fait ; tu enterres la souffrance sous une douce couche de professionnalisme. « A la fête foraine, il y avait cette petite fille qui… » Soudain la conversation est coupée par l’arrivée d’un monsieur d’une quarantaine d’année en blouse blanche portant un dossier. « Des proches de… ─ il regarde dans son dossier ─ Jean Grey, je présume ? » Gestes de confirmation. « Je suis le docteur John Smith. Je me suis occupé de la procédure faîte sur Miss Grey. »
Ce qui te frappes le plus c’est l’expression de Gamora. Elle crieton nom et il résonne en écho dans ta tête, te renvoyant une vague de douleur. Ses doigts se serrent sur ta main et tu réponds à son geste du mieux que tu peux, seulement tu arrives à peine à t'accrocher à ses doigts. Sa main glisse le long de ton visage et ce geste te réconforte, te cajole et te réchauffe le coeur, même s’il reste hésitant, certainement de peur que son toucher ne soit douloureux. Elle est là, elle veille sur toi. Tu tousses bruyamment et ton mouvement t’arrache des grimaces. Elle souffle, te rassure, tente de te calmer. Tout te semble moins dur, moins insupportable tant qu’elle sera là, prête à t’aider dans cette épreuve. Elle te parle d’une multitude de verres que tu pourras prendre quand tu seras sortie. C'est ça, la question. Quand. Quand seras-tu capable de te lever de ce lit, de quitter cette chambre et surtout de reprendre une vie normale ? En seras-tu seulement capable... Ton corps ne semble pas avoir subi de lourds dégâts, tes os ne sont pas brisés, tu as encore tes deux bras et des jambes. Hélas, cette souffrance lancinante dans ta tête, cette migraine. Cette horrible sensation qui secoue ton crâne à chaque mouvement, va-t-il disparaître complètement ? Tu ne veux pas continuer à lire la peine qui se dessine sur le visage de la jeune femme près de toi. Tu cherches à plaisanter mais ton état de semi-éveil ne t’aide pas vraiment. Tu ne réfléchis pas trop et tes prochains mots ferment davantage le visage de ton amie. Tu vois la lueur de ses yeux s’éteindre et ton coeur s’accélère. C’était si moche que ça ce qui t’arrive ? Pourquoi Gamora était-elle dans cet état.. ? Tes doigts se referment sur leurs prises et tes yeux se tournent vers Raven, c’est elle qui peut te donner les réponses que tu cherches. Seulement, quand tu l’observes la culpabilité reprend le dessus. Tu paniques encore et c’est seulement quand elle s’approche de toi et dépose sa main sur la tienne que tu te forces à nouveau à mettre tes émotions de côté. A te focaliser sur les choses importantes. Tu dois savoir ce qui est arrivé à tes collègues, savoir s’ils font partie des gens blessés ou si leur sort est bien pire que cela…
Les pleurs de Gamora s’élève dans la chambre, répandant une vague de froid autour d’elle. Tu ne t’y attendais pas, surtout pas venant d’elle. Tu connais la jeune femme mieux que quiconque. Même si elle garde le rôle de quelqu’un d’hostile, tu sais qu’au fond d’elle, elle n’est pas aussi indifférente qu’elle aime le montrer. C’est une femme forte mais elle vient de se briser sous tes yeux et avec elle ton coeur. Tu écoutes d’une oreille ce que te dit Raven par la suite. Tu as seulement compris que Logan et Kurt allaient bien, qu’ils s’en étaient sortis tous les deux. Ton esprit reste paralysé par les sanglots qui s’échappent de Gamora. Ton coeur se brise de la voir ainsi. Tu lui caresses la main, le bras, les cheveux. C’est à ton tour de la rassurer, de la consoler et de t’assurer qu’elle va se relever. Tu veux voir son visage, ou plutôt tu veux qu’elle voit le tien. Qu’elle te regarde et constate par elle même que tu es en vie. « Gamora… Je suis là » Ta voix est faible, mais tu sais qu’elle t’a entendu malgré ses pleurs. Tu lui tires le bras, tu essayes de l’attirer vers toi mais elle ne bouge pas d’un millimètre. Même si elle vient de craquer, tu penses savoir qu’elle n’osera pas faire un mouvement. Pas ici, pas avec tout ce monde autour de vous. Tu t’en fiches que vous ayez un public, tu veux la rassurer maintenant, mais elle se mure dans son univers, se servant de ses bras comme barrière. « Gamora, regarde moi. » Ta voix se brise, les larmes te brûlent les yeux. C’est ta faute. Toute cette histoire, toute cette peine que tu lui causes. Tu n’as fait que blesser les gens autour de toi.
Les doigts de Scott viennent légèrement effleurer ta peau et tu lèves les tiens pour faire durer ce contact. Tu détaches ton regard de la jeune femme à la chevelure de jais et tu croises celui de Scott. Tes pensées s’égarent une fraction de seconde au moment où vos lèvres se sont touchées. Tu sens la chaleur se loger sur tes joues et tu détournes le regard. Ses mots te touchent, te redonnent espoir. Tu te contentes de lui répondre par un faible hochement de tête. C’est seulement quand il se retourne que tu reposes tes yeux sur lui. Tu constates seulement maintenant que Raven s’est éloignée et observe la nuit à travers la fenêtre. Il la rejoint, lui glisse quelques mots et ils sortent ensemble sous ton regard. La porte claque et l'atmosphère s'alourdit davantage. Le corps de Gamora est secouée par ses sanglots et c’est maintenant, dans l’intimité de ta seule famille, que tu craques. Ta respiration reprend un rythme saccadée et tes larmes se déversent sur tes joues. La peine que ressent ta meilleure amie est bien trop grande pour toi. Regarde moi, Gamora, regarde moi. Tu as envie de lui hurler mais tu n’y arrives pas. Chaque inspiration t’est nécessaire. Tu serres son bras plus fort. « Gam... » Tu la supplies. Même si moins d’un mètre vous sépare tu as l’impression qu’elle se trouve à des dizaines de kilomètres de là. Cette distance te tue, te crève le coeur.
Tu veux la voir, lui parler. Tu veux mémoriser ses traits et ses expressions. Tu veux voir son visage de dur même si tu sais qu’elle te sourit derrière. Tu veux te rassurer, être sûre qu’elle ira bien quoi qu’il arrive. Quoi qu’il t’arrive. Tu as besoin de ta meilleure amie. Tu veux pouvoir lui dire tout ce que tu n’as pas encore réussi à faire, tu veux rattraper le temps que tu as perdu à l’éviter. Tu veux lui crier que tu es désolée. Désolée d’être aussi bête. Tu veux lui raconter tes peines et tes joies… Tu veux revenir en arrière et recommencer ce que tu as raté. Tu veux une deuxième chance. Une nouvelle chance de pouvoir la faire participer davantage à ta vie et ne plus avoir peur de lui parler. Sans réfléchir ta voix s’élève entre vous: « Scott m’a embrassé. » Tu veux lui raconter ce qui se passe avec ton collègue depuis plusieurs semaines. Lui avouer que ton coeur s’affole quand il est dans les parages et que tu ne sais plus quoi faire. Finalement, après de nombreux efforts elle relève la tête et tu découvres son visage marqué par la peine. Ses yeux sont rouges, gonflés et toujours baignés de larmes. Ses traits se tirent dans une grimace de chagrin. La découvrant ainsi accablée tes pleurs reprennent de plus belle. Malgré une respiration hésitante et une vision floue tes mots se déversent dans la pièce. « Ne pleure pas… Je vais bien. Je suis là. Gamora. J’ai eu si peur pour toi, qu’il te soit arrivée quelque chose… »
Tu essuies les larmes de tes joues de ta main libre pour mieux la voir. Tu lâches sa main pour finalement venir essuyer les siennes de tes doigts tremblants. « Ne pleure pas, s’il te plaît. Ne pleure plus. Je ne veux pas te voir comme ça. Jamais. Jamais plus. » Tu reprends le contrôle de toi-même. Tu as besoin de te délivrer, de libérer les mots coincés dans ta gorge. « Je mérite mon sort.. » Tu détournes le regard ne voulant pas voir le sien. « J’en suis une. » Tu te confesses et les mots sortent à une vitesse folle. Tu te libères de ce poids qui t'oppresse toujours. « C’était moi la grande roue. Je l’ai… » À vrai dire tu ne sais même pas ce que tu as fait et comment tu l’as fait. Ton unique certitude c’est que c’était ta faute et que tu étais une émergée. « J’ai fait ça. Je suis une calomnie, un monstre. Je mérite mon sort. » Même pire. Tu aurais mieux fait de mourir sous les décombres. Tu ne veux pas faire face à ce que cela implique, tu n’es pas prête, tu n’en pas la force. Les mots sont lourds, difficiles à prononcer. Tu ouvres la bouche mais rien ne sort. Tu te caches les yeux de ta main, cherchant une protection qui n’est qu’illusoire. « J’aurais mieux fait de mourir là-bas… » A peine tes mots se sont formés sur tes lèvres qu’une nouvelle toux te prend. Le goût du sang s’empare de ta bouche. Ta main se loge sur tes lèvres mais il n’est pas là où tu l’attends. Un filet carmin commence à s’écouler de ton nez et la pièce se met à tourner. Les bips de la machine à tes côtés s’emballent et chaque écho te transpercent le crâne. Ta gorge se serre et l’air t’abandonne. Tu ne respires plus, tu n’y arrives plus. Tes membres s'engourdissent et tu es prête à accepter ton châtiment.
« Ses cheveux sombres retombaient en cascades sur ses bras comme pour se cacher aux yeux du monde. Et la vérité n'en était pas très loin : Gamora faisait désormais tout pour éviter le regard des autres et celui de Jean en particulier. Elle ne trouvait plus la force de l'affronter, d'apercevoir les traces et les marques qui parsemaient sa peau, signes de la douleur contre laquelle elle se battait. La jeune femme avait peur, peur que son amie d'ordinaire si forte ne succombe face à trop d'efforts et que ses tentatives restent vaines... Trop peur que ce soit la dernière fois qu'elle la voit et elle ne voulait pas retenir de la rouquine cette image faible et abîmée. Elle voulait se souvenir d'elle dans ces soirs d'été où elles passaient la soirée autour du barbecue à se raconter les ragots de la garde, comme toutes ces fois où elles partaient faire du shopping et que Gamora lui choisissait les tenues les plus folles juste pour pouvoir rigoler d'elle. Cette Jean là, étendue sur le lit avec la gorge sèche et les yeux qui pleurent, elle n'en voulait pas. Ce n'était pas la sienne. Et ça lui faisait beaucoup trop mal de croire que c'était peut-être la seule qu'elle aurait désormais, que sa Jean à elle avait déjà trop perdu là-bas, à la fête.
Soudain, une main douce se pose dans ses cheveux puis sur son bras, effleurant sa peau refroidie par les larmes. Elle sursaute, mais ne bouge pas. Elle n'ose pas. Gamora ne supporterait pas les regards de pitié que l'on poserait sur elles et, pire que tout, elle ne voulait pas arborer cette expression face à celle désolée de sa meilleure amie. Gamora ne pleurait pas, jamais. « Gamora… Je suis là » Elle pouvait entendre la douleur dans chacune de ses syllabes, la difficulté qu'elle avait à prononcer ces quelques mots. La jeune femme aurait voulu se lever et lui ordonner de se taire. De garder ses dernières forces pour elle. Mais même ça, elle ne s'en sentait plus capable. D'un geste, Jean tente de l'attirer à elle, mais Gamora reste de marbre ; un bloc qui ne se déplace pas d'un centimètre. Non, laisse-moi. Je ne veux pas que tu me vois comme ça. Ce n'était pas de ça que son amie avait besoin. Elle aurait du se montrer forte, la réconforter, lui assurer que tout irait bien et qu'elle pourrait compter sur elle - mais tout ce qu'elle parvenait à faire, c'était de pleurer comme une enfant et la rage lui vint au coeur. « Gamora, regarde moi. » Sa voix se brise et son coeur avec. Elle secoue la tête doucement comme pour lui dire de la laisser, qu'elle n'est pas en état. « Gam... » Elle croit entendre les larmes couler sur les joues de Jean et enserre un peu plus sa tête dans son étau. Elle ne peut pas. C'est trop dur. Trop dur de la voir comme ça. Pourtant elle finit par briser un peu sa coquille, par lui souffler des mots qui lui coupent le souffle et cessent soudainement ses sanglots. « Scott m’a embrassé. » Quoi...? Il lui faut quelques secondes pour analyser l'information et comprendre ce que cela implique. Summers ? Jean ? Summers et Jean ? Non, non, ça collait pas du tout. Le Summers qui lui avait foutu un oeil au beurre noir ? Ce souvenir lui semble soudain bien risible face au sort de sa meilleure amie aujourd'hui. Finalement, au prix de quelques efforts et une fois ses battements de coeur suffisant pour lui permettre de respirer, Gamora releva la tête. Son expression de surprise et de peine mêlée lui déformait le visage et elle fit la grimace pour tenter de le cacher. « Quoi ? » répéta-t-elle dans un croassement horrible, comme si cela pouvait l'aider à accepter l'évidence. Mais les larmes qui redoublent sur les joues de la rousse lui coupe toute envie de l'interroger et, tandis que les siennes se tarissent, Gamora tend sa main pour essuyer le coin de ses yeux. Jean fit de même auprès d'elle avant de continuer. « Ne pleure pas… Je vais bien. Je suis là. Gamora. J’ai eu si peur pour toi, qu’il te soit arrivée quelque chose… Ne pleure pas, s’il te plaît. Ne pleure plus. Je ne veux pas te voir comme ça. Jamais. Jamais plus. » Elle hocha doucement la tête, esquissant le début d'un sourire. « Promis, » répond-elle simplement en serrant sa petite main dans la sienne. Elle ne veut plus la voir pleurer non plus. Pourtant son regard s'anime d'une lueur nouvelle. « Je mérite mon sort.. » Ses poils se hérissent et de suite, elle se redresse et la fusille du regard. « Ne dis pas ça ! » Jean détourna le regard et ce geste lui fit bien plus de mal que ce qu'elle n'aurait voulu admettre. « C’était moi la grande roue. Je l’ai… » Une inspiration, un choc. « Qu'est-ce que... » « J’ai fait ça. Je suis une calomnie, un monstre. Je mérite mon sort. » Gamora secoue la tête mais, au fond d'elle, elle ne sait plus comment réagir. Comment aurait-elle pu... ...Une émergée ? Elle se souvient de l'éclat bleuté qui avait recouvert Raven quelques heures plus tôt. Se pourrait-il qu'elle ne soit pas la seule ? Mais Jean... Sa douce Jean... Elle se souvenait aussi du grincement terrible de la roue et du tremblement de la terre lorsque celle-ci s'était effondrée. Les pleurs et les cris... Et toute cette douleur... « C'est faux, et tu le sais... Tu ne pouvais pas savoir... Ce n'est pas ta faute... » murmure-t-elle malgré ses mots qui tremblent et ses doigts qui remontent tendrement quelques mèches sur son front. Elle ne veut pas y croire et pourtant tout fait sens. De sa main, Jean se cache à nouveau. « J’aurais mieux fait de mourir là-bas… » « Tais-toi !! » Sa paume se lève soudain, prête à la frapper pour la faire taire et animée d'une colère sourde mais une violente toux la coupe. Sa main se porte à ses lèvres mais c'est de son nez qu'un filez de sang s'écoule. Puis les bips de sa machine s'emballent. Jean s'étouffe. « A L'AIDE !! » hurle-t-elle en se précipitant à ses côtés, impuissante, mais incapable de rester en arrière. La porte s'ouvre en trombe pour laisser entrer un docteur, Raven et Scott sur ses talons. L'homme la repousse sans ménagement et elle recule sans broncher, ses yeux terrorisés ne quittant pas la silhouette qui convulse sur les draps. Par réflexe, elle attrape la main qu'elle croit être celle de Raven ; mais les doigts qu'elle sent contre les siens sont trop rugueux et trop secs et, lorsqu'elle remonte les yeux, elle croise ceux de Scott. Avec une grimace de dégoût et un cri d'horreur qu'elle retient, Gamora le relâche et le fusille du regard. L'homme en blouse blanche sortit un attirail de sa poche tout en dégageant la gorge de Jean. Elle n'arrivait plus à respirer et, s'ils ne faisaient pas quelque chose très vite, elle risquait vraiment d'y passer. L'adrénaline avait pris le pas sur sa peur cette fois-ci mais Gamora ne tenait pas en place, plantant ses dents dans son poing pour se retenir de hurler sur ce foutu docteur qui ne bougeait pas son cul. La médecin de la garde, elle, s'était approchée du lit et la métisse lui jeta un regard suppliant. Fais quelque chose. « Me fais pas ça, Jean... » articule-t-elle avec difficulté, la gorge nouée.
Pouvoirs : Mystique est une métamorphe. Elle a donc la capacité de prendre les traits physiques, la voix et les attitudes de n'importe quel humain. Elle ne peut pas copier les pouvoirs des autres mutants, cela dit, même en prenant leur apparence. Cette faculté de métamorphose est en réalité une modification cellulaire qu'elle effectue de son propre chef : elle peut donc également régénérer ses cellules, et se soigner plus vite d'une blessure parfois mortelle, pour n'importe qui d'autre. C'est aussi pour cette raison que son vieillissement naturel est ralenti. Elle est immunisée contre les toxines, et ne peut donc pas être empoisonnée.
Ton front se colle contre la vitre glacée de la chambre aux murs blancs. Dehors la nuit te plonges dans un état second. Tu voudrais appuyer sur pause; juste un instant; le temps de reprendre ton souffle. Tes yeux se ferment douloureusement; ça fait mal à l'intérieur; cette fatigue qui t'attaque, s'empare de toi; ronge, aspire, te vide de tes forces. Tu voudrais lâcher prise là; maintenant. Tu te fiches bien de ce qui peut arriver; d'ailleurs pourquoi tu l'as suivie ici hein ? Oh parce que c'est elle. Plus maintenant. La faiblesse s'est emparée de son corps. Petit pantin démantelé; la tête enfouie entre ses bras. Non très peu pour toi, tu n'es pas du genre sentimentale hein ? Ta bouche se déforme vulgairement laissant apparaître une grimace de dégoût sur tes si jolies lèvres. Foutue Gamora; foutue Jean; foutu Scott. Tu serres les poings ne souhaitant pas jouer de rôle dans la comédie... Non la tragédie qui se passe derrière toi. Aimez vous. Pleurez vous. Embrassez vous. Embrasez vous. Mais faite quelque chose bon dieu. Tu n'écoute même plus; tu n'as qu'une envie. Celle de rejoindre tes enfants, bordel. Tu es tiraillée entre ton devoir envers eux et ton instinct maternel qui te dictes de rentrer auprès de ton fils. Merde; le pauvre quoi. Il a vidé son estomac sur le camion d'un forain mécontent et tu n'es même pas là pour donner une leçon à l'abrutit qui s'en est prit à lui. Une douleur vive dans ton bras te rappelle que finalement tu ne serais pas allée bien loin. Tu soupire; un nuage de buée s'échoue sur la vitre contre laquelle ta tête est appuyée. Ils continuent de parler; la voix de Scott est grave, reposante; il parle à la rouquine relié à toutes ces machines. Il s'approche de toi. « Je peux te parler une minute ? » Non. Laisse moi. Tu n’as pas vraiment envie de passer vingt minutes à lui expliquer les termes médicaux qui ornent le dossier de Grey. Tu ouvres doucement les yeux. Détourne le regard vers le grand brun qui semble beaucoup trop sérieux. Ton front se décolle de la vitre si apaisante, nouveau soupir. Tu traines des pieds en te dirigeant vers la porte. Ça fait du bruit, tu t’en fiche. Mauvaise volonté quand tu nous tiens. Tu passes la porte de la chambre, referme la porte derrière toi à ton plus grand regret. « Deux mois alors ? » Il fronce les sourcils ; tu hoche la tête laissant tes cheveux blonds descendre en cascade sur tes épaules. « C’est ça deux mois sûrement pas plus » dis-tu doucement « Mais ça ira, n’est-ce pas ? » Il met ses mains sur ses hanches, un éclat d’inquiétude traverse son visage, tu lèves un sourcil interrogateur… A vrai dire tu ne le savais pas si proche d’elle. Il reprend un air sérieux. Revoilà son air de scout qui débarque. Tu as envie de rire à chaque fois qu’il affiche cet air. Après tout voilà bien longtemps que tu le connais et tu le considère maintenant comme un ami ; quelque chose comme ça « A la fête foraine, il y avait cette petite fille qui… » Tu hoches la tête. La blondinette. Assurément une émergente. Tu sursaute en te rappelant le bleu vif qui parcourait ta peau il y a une heure à peine . « Des proches de Jean Grey, je présume ? » Gestes de confirmation. Tu le regarde d’un air supérieur « Je suis le docteur John Smith. Je me suis occupé de la procédure faîte sur Miss Grey. » Mhmh. Tu te saisis du dossier du médecin sans même lui laisser le temps de faire quoique soit. Tu n’as pas confiance en ces médecins. Tes yeux parcours les lignes. « Je suis Raven Darkhölme ; le médecin de la garde rouge. » dis-tu en faisant un léger mouvement de la main comme pour li dire que tu te fiche de ses questions.
Le petit quarantenaire te regarde de travers alors qu’un sourire inonde tes lèvres. Ces gardes rouges alors ! Tu jubiles intérieurement. Tu t’apprête à lui faire une remarque quand un bruit sourd t’interpelle. Non, pas ça. « A L'AIDE !! »Le cri de Gamora te glace le sang ; t’arrache des frissons. Le médecin dont tu ne te rappel déjà plus le nom se précipite à l’intérieur ; Scott et toi sur ses tâlons. Summers et Whoberi ; reculent tandis que tu avances à côté du docteur. Tu contourne le lit pour avoir une meilleure visibilité. Sous tes yeux Jean convulse, tu te mords la lèvre à t’en faire saigner la bouche. Le docteur Smith sort son attirail et tente de dégager la gorge de Jean sous tes yeux effarés. Le regard de la métisse t’interpelle ; te supplie. Elle articule quelque chose à l’encontre de la rouquine. C’est la mort qui l’attend si Smith ne se bouge pas. Tes yeux glissent sur Jean ; tu te saisis d’un tube fin stérile sur la table de travail. Il n’y arrivera pas, c’est risque avec ton bras mais tu es entrainée pour ça. Logan a insisté sur ton entrainement plus que sur n’importe quel autre. Tu souffle le temps d’une seconde et pousse Smith. « BOUGEZ DE LA BORDEL ! » dis-tu un brin énervée par sa lenteur. Tu te saisis du scalpel de ta main valide et pose tes doigts sur sa trachée haute. Tu incises de manière nette le coup de la rouquine en faisant abstraction des pleurs de Gamora derrière toi. Tu te retournes vers le set du médecin et attrape la canule trachéale ; un léger filet de sang s’échappe du tube et vient éclabousser les draps. Tu maintiens le mandrin entre tes doigts le surélevant un peu en faisant obstruction de la douleur infâme dans ton bras en attendant que la gorge de Jean se désencombre. Tu respires à nouveau alors qu’elle semble reprendre son souffle. « C’est fini Jean… » lui souffle tu alors qu’elle papillonne à nouveau des yeux. Tu te tournes vers Gamora et Scott en hochant la tête « Ça ira. » finis-tu le visage blanchâtre à cause de tes efforts.
“ You can break my soul, take my life away, beat me, hurt me, kill me, but for the love of God don't touch her. „
L’hôpital a revêtu un voile blanc. Les blouses, les murs, les draps… même la lumière donne des allures blafardes à tous les êtres debouts qui circulent dans les couloirs. La vie dans l’immeuble de soin a perdu de sa couleur. Les tâches de sangs qui coulent des blessés sont effacées aussitôt faites. Pas le temps pour le rouge. C’est ce blanc qui t’agaces, t’obscènes, qui brouille tous les diagnostics possibles et donnés. Ce blanc qui ne livre rien, qui ne rassure pas, ne couvre pas, n’effraie pas. Ce blanc que tu retrouves partout. Et dans ce champs de néant chromatique, tu reconnais ce liquide sombre et carminé qui est venu tâcher les draps dans lesquels est enveloppée Jean. C’est le cri de Gamora qui a donné l’alerte ; cri qui écho les halètements de la machine, les rythmes paniqués et désordonnés qui ont pris d’assaut les signes vitaux de la rouquine.
Autour d’elle s’affairent Raven et une Blouse Blanche. Les deux corps forment une barrière vous empêchant de t’approcher. L’homme a même réussi à repousser Gamora qui, sous le choc, n’a pas bronché. Les yeux rivés sur le corps de Jean qui convulse sur les draps blancs, les cris des machines dans les oreilles, tu ne te rends pas compte immédiatement qu’une main a attrapé la tienne. C’est la pression qui écrase tes doigts les uns contre les autres qui finalement te fait lâcher un petit « He ! » à l’intention de … Gamora. Prenant elle-même conscience de son geste, elle lâche son étreinte instantanément, ses yeux sombres tuant six fois les tiens en un seul regard. Levant les yeux au ciel et trop peu intéressé par cette soudaine haine à ce moment, tu ne pipas pas un mot à son encontre.
Les gestes de l’homme continuent de se multiplier mais les conséquences restent nulles. Le corps de Jean s’agite devant toi, en proie à la maladie ; impuissante, inconsciente. Ta main qui glisse dans tes cheveux de plusieurs gestes nerveux avant de cacher ta mâchoire. Ton autre poing se serre, tes ongles marquant sûrement ta paume d’un tracé rose. Tu entends brièvement les suppliques de Gamora à côté de toi et elles sont assez pour te faire réagir à ton tour. « Bon sang mais faites quelque chose !! Vous n’allez pas la laisser comme ça !! », tu pousses d’une voix forte à l’intention de la blouse blanche, toute trace de calme et de retenu envolée. Tu ne peux plus tenir plus longtemps comme cela à ne rien faire et à voir les choses stagner. Finalement, Raven se joint au mouvement, poussant à son tour l’auto-proclamé docteur du chemin. « BOUGEZ DE LA BORDEL ! », gronda-t-elle en s’appropriant la place occupée par l’homme. Contrairement aux démonstrations précédentes, Raven se saisit d’une lame et incise la peau de Jean. Tu grimaces à la vision, priant pour que les gestes de ta collègue soient les bons et que les effets consolent le cauchemar dans lequel le corps de Jean a sombré.
La blonde termine sa manipulation et soudainement le rythme des machines reprend un flot plus confortable. La poitrine de Jean semble se libérer du poids qui l’agitait précédemment. Tu laisses échapper un soupir, visiblement soulagé de la tournure des évènements après ce moment de panique. « Ça ira » conclu Raven en alternant son regard entre celui de Gamora et le tien. Tu te laisses retomber sur une des chaises de la chambre, reprenant ton souffle ; comme si le tien avait disparu au moment même où Jean avait été dépossédée du sien. « Merci » tu murmures ne sachant pas vraiment s’il s’agit là d’une grâce générale ou destinée spécifiquement à ta collègue. Finalement, tu te relèves t’approchant pour la première fois du chevet depuis que les deux gardes étaient entrées dans la pièce. Tu grimaces, fronces les sourcils à la vision avant de changer d'expression presque aussi vite ton regard qui s’attarde sur le visage de jean. Tu ne veux pas l’alarmer plus qu’elle ne l'est déjà. Ne pas l’inquiéter, lui montrer que tu as confiance en sa guérison, que tu ne l’abandonneras pas même à travers les temps les plus difficiles. Tu souris même doucement. Tes doigts restent le long de ton corps, serrés en un poing, conscient du public de la chambre. Ton regard se pose finalement sur le docteur toujours présent, béat et inutile de la pièce. T'approchant de lui, tu lui glisses dans un chuchotement : « Je ne veux plus vous voir dans cette chambre. Vous n'avez plus rien à y faire. Comme vous avez pu le remarquer, elle est entre de bonnes mains... » Tu regardes les siennes qui n'ont pas su accomplir leur mission avant de lui jeter un regard de dédain.
La voix de Gamora s’élève. Elle tente à son tour de nier l’évidence. Elle nie ce que tu sais et ce que t’a percuté de plein fouet. Tu es un monstre. Tu as causé ce carnage. Combien de personnes se retrouvent à présent dans un lit d’hôpital comme toi ? Ou en train de se faire opérer, entre la vie et la mort ? Et combien ne se relèveront jamais ? Et toi, tu es là, dans ce lit au drap blanc, luttant pour quelque chose qui te semble impossible à refaire. Vivre. Comment pourrais-tu te regarder à nouveau dans une glace ? Comment pourrais tu te réveiller chaque matin sachant que des vies ont été fauchées par ta faute? Tu as même failli blesser les gens que tu aimes. Raven se retrouve un bras dans le plâtre par ta faute et qui sait si tu ne connais pas d’autres des victimes. Cette idée t’est insupportable. « Tais-toi !! », hurle la brune à tes côtés. Tu reconnais le ton de sa voix et tu sais que sa colère est réelle. Tu n’avais pas peur de lui dire la vérité. Tu savais qu’elle pourrait l’encaisser, la supporter. Peut-être même t’aider. Cependant elle n’était pas prête à y faire face, comme Scott précédemment. Les conséquences étaient déjà claires dans ton esprit. Tes collègues allaient devenir tes bourreaux. Au fond de toi il y avait cette petite étincelle qui savait que Gamora te protègerait. Du moins tu l’espérais. Tu aurais donné ta vie pour elle et c’était certainement réciproque. Mais ta vie semblait vouloir te filer entre les doigts. Du sang s’échappe de ton nez, ta respiration se saccade et finit par s’arrêter complètement. Ta vision change, elle se trouble et les contours de la chambre disparaissent. Tu entends vaguement les cris de ton amie qui s’est relevée au bord du lit. D’autres sons viennent se mêler au brouhaha qui résonne à tes oreilles. Des pas, des mots, les draps qui se froissent. Tu perds conscience, tu ne sais pas ce qui se passe mais une anesthésie au goût amer s’empare de ton corps. Tu t’agites rapidement mais tout disparaît dans la même seconde. Les sons s’étoffent autour de toi, ta vue disparaît. Tu retrouves l’immensité blanche et douce qui t’avait jadis accueilli. Tu la caresses des doigts, la remercie de t’envelopper à nouveau. La douleur physique disparaît, se noie dans cet endroit. Ta peine aussi diminue. Tu ne sens toujours pas ton coeur battre dans ta poitrine et ne ressens plus l’air qui traversait tes poumons avant. Es-tu morte ? Inconsciente ou est-ce juste un rêve ?
Une fine douleur au niveau de ta gorge te ramène à la réalité. Par réflexe tu lèves un bras qui percute une personne. Que se passe t-il ? D’un coup l’air s’engouffre dans tes poumons te permettant de respirer à nouveau. Ta vue te revient doucement, apparaissant au fur et à mesure que les petits points blancs de ta vision s'effacent. Raven se trouve au dessus de toi et tu la fixes à ton tour. Tes paupières se lèvent et s’abaissent. Tu cherches à comprendre ce qui vient de se dérouler. Tu ne respirais plus et là c’est de nouveau le cas. C’était grâce à Raven ? Tu balayes la pièce des yeux, cherche des réponses. Tu rencontres rapidement le regard de ta meilleure amie, celui de Scott et même celui d’un homme en blouse blanche que tu devines être un médecin. Tes lèvres s'entrouvrent mais aucun son ne semble être en mesure de les franchir. L’air ne semble pas gagner le fond de ta bouche et tu ne comprends pas tout de suite pourquoi. Tu réessayes mais c’est de nouveau un échec. Tes mots ne s’élèvent pas et tu restes muette. Ta main se porte automatiquement à ta gorge et trouve un tube en plastique, mêler à du sang qui tache ton cou. Ton coeur se remet à battre un peu plus vite tandis que tes doigts dessinent le contour de l’objet qui semble traverser ta trachée. Rapidement tu réalises que tu as un tube dans la gorge. Tu as un putain de tube dans la gorge ! Ta poitrine se soulève plus rapidement même si l’air qui s’engouffre dans tes poumons ne franchit pas ta bouche. La panique s’empare de toi et tu poses tes yeux sur ceux de Raven. Pourquoi j’ai un tube dans la gorge ? Tu as envie de hurler. Pourquoi ? Comment ça se fait ? Ta deuxième main se porte à ta gorge et l’envie d’arracher le tube te traverse. C’est le murmure de Raven qui t’empêche de le faire. « C’est fini Jean… », t’adresse la blonde, le teint subitement bien pâle.
Ok. Tu n’arrivais pas à respirer, c’est vrai. Elle a fait ça pour t'aider. Elle t’a peut être même sauvé la vie. Etrangement son regard te calme et t’apaise assez rapidement. Elle s’écarte de toi et tes yeux se fixent sur le plafond. Tu as un tube dans la gorge et ta meilleure amie voit ça. Scott aussi. Tous. Tu clignes des yeux et laisses échapper une larme sur le coin de ton oeil. Ton doigt vient rapidement l'essuyer. Quelqu’un s’affale dans une chaise présente dans la pièce. Le silence s’installe et te semble insupportable. Tu aimerais former des mots mais tu en es incapable . Tu voudrais combler ce silence trop lourd pour toi. Une deuxième larme vient rouler sur le côté de ton visage. Tu l’essuies aussi rapidement qu’elle est apparue. Finalement quelqu’un s’approche de toi et tes yeux se posent sur cette personne. Son visage est barré par ses sourcils froncés mais rapidement son expression change. Un fin sourire se dresse sur ses lèvres mais n'atteint pas ses lèvres. Quand il se détourne tu poses l’une de tes mains sur tes yeux. Tu ne veux pas les voir. Tu ne veux plus les voir. Tu ne veux pas qu’ils te voient comme ça, sur le lit d’hôpital, un tube dans la gorge. Tu retiens un autre sanglot. Tu aimerais disparaître dans un trou, n’importe quoi pourquoi qu’ils ne soient plus là quand tes yeux se poseront à nouveau sur la chambre. Tu entends des voix. Le ton est sec mais le volume trop bas pour que tu puisses distinguer correctement la conversation. En tout cas des bruits de pas se font à nouveau entendre puis c’est au tour de la porte de claquer. Sont-ils partis ? Tu laisses ta main sur tes yeux et te contentes d’écarter les doigts. Tes trois collègues se dressent toujours là. Gamora est à côté du lit et les deux autres se trouvent in peu plus loin. Si tu aurais pu, un soupir aurait franchi ta bouche. A la place tu te contentes de leur adresser un geste vague. Ta main libre vient fouetter l’air, essayant de leur faire comprendre une chose : partez. Tu devrais être heureuse et reconnaissante qu’ils soient là. Mais immédiatement, un tube enfoncé dans ta chair pour te permettre de respirer tu n’avais qu’une envie : te retrouver seule.
Jean : #F19E34
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