Son corps la fait souffrir mais elle ne le montre pas. La tête haute, les cheveux tirés, la mâchoire serrée. Les regards se croisent, se jaugent et se mesurent à l’éternel quête de résultats. Car au fond, ce n’est rien d’autre que ça. Seul le résultat compte, surtout pour Romy. Il n’existe pas de défaite, ni de demi-victoire. Toutes sont soumises à une batterie de tests physiques plus ardus les uns que les autres, toutes ont quelques heures auparavant suivi le rythme d’une mélodie familière. Chaque mouvement est précis, tranchant, rien n’est laissé au hasard. Il y a celles qui se contentent de survivre, d’autres qui se plaisent à faire souffrir. Elle fait partie de la première catégorie; usant de ses capacités avec discrétion. Chaque coup est donné avec l’intention de faire mal, sans oublier le but final. Un coup, deux, avant qu’un craquement vienne signer la fin du combat, que le corps de son adversaire s’écroule et que l’instructeur lui donne la permission de sortir. Une victoire qu’elle se contente d’accepter, souvent c'est la défaite elle qui n'est pas une fille qui utilise ses pings mais ce n’est pas satisfaisant. Le soir venu, elle peut enfin en parler à la seule personne qui a su l’intriguer. Bien qu’elle n’engage pas la conversation, jamais. Romy n'aime pas se battre; elle sait donner des coups mais elle n'aime pas ça du tout, d'ailleurs c'est le seul test qu'elle ne peut réussir. Pourquoi l'as t'on envoyée ici ? Elle ne le sait pas le moins du monde. Sûrement parce que maman et papa ne sont plus là. Parce qu'ils n'étaient pas "normaux", ils étaient capables de plus. Capables de faire des choses. Heureusement pour elle, son don ne se voit pas. Heureusement pour elle personne n'a décelé sa capacité. Pourtant ici les filles ne sont pas normales. Elles ont en elles un gène. LE gène. Celui qui les fascines, celui qui les hantent. Ils les poussent à bout, leur fait vivre un enfer, les bourrent d’électrodes tout ça pour ça. Elle ne sont que des pantins, des expériences, des données. Ce sont des anomalies de la nature, elles ne sont pas normales, elles ne sont pas censées être là. Pourtant elles sont bel et bien des êtres humains. Certaines changent d'apparences certes, une peau rouge ou verte, une queue, une fourrure, mais elles restent des humains. Des personnes qui souffrent. Malheurs à celle qui faiblit, celle qui laisse apparaître le moindre signe d'une aptitude surnaturelle. A vrai dire, il arrive que le don ne se déclenche pas et dans ce cas... Au bout d'un certain temps... Boum.
Romy doit redoubler de vigilance, elle élabore des plans afin de survivre dans cet environnement hostile. En montrer un peu mais pas trop. Avoir de bons résultats; sans montrer le moindre signe de pouvoirs. Pourtant elle sait qu'ils sont déjà là depuis longtemps. Depuis qu'elle les a vu exécuter ses parents à vrai dire. Saletés de mutants, ils ne sont bons qu'a servir de cobaye. Ah ! Qu'ils aillent se faire foutres ! Elle a une grande gueule déjà, assurément, mais elle reste discrète. Rester une ombre et se faire oublier est quelque chose d'important sinon... Elle est fichue. Personne ne la cherche à l'extérieur, on le lui a bien fait comprendre. Ses doigts pianotent sur le divan de cuir où elle s'installe chaque soir devant le docteur Moone. Psychiatre au visage angélique et aux long cheveux blonds. Elle ressemble à sa mère. D'ailleurs Romy l'a dans la poche la doc ! Elle lui parle juste ce qu'il faut pour l'amadouer, un jour elle la fera sortir d'ici ... Un jour. La petite blondinette la travaille depuis quelques années déjà, se faisant passer pour une enfant mutée à l'adolescente forte et séduisante qu'elle est à présent.
" Comment s'est passé ta séance aujourd'hui Romy ?" la belle lève les yeux. Ses doigts cessent de jouer. Un sourire en coin se glisse au coin de ses lèvres gercées.
"Bien docteur, bien. Des coups, des marques, du sang." elle est direct et concise. Elle sait très bien que la femme qui lui fait face est intriguée par elle. Par ses résultat et par le mystère qui l'entoure. Romy est une énigme et le restera. Phase deux de son plan. Le docteur est dans la poche, elle maintient l'intérêt.
"Je suis désolée de te voir subir ça Romy. Comment te sens-tu ?" la main du docteur se pose sur son épaule. Romy ne cil pas; son regard est planté dans celui de la psychiatre.
" Bien. Je me sens bien. Docteur ? Est-ce que vous m'appréciez ?" elle demande en s'approchant un peu plus près. Cette femme n'a que 6 ans de plus qu'elle à tout péter. Elle est beaucoup plus docile que son précédent médecin, assurément.
"Je... Oui. Romy, tu sais très bien que je ne peux pas... Je ne peux..." elle perd ses mots. Romy se délecte. Sa bouche se glisse contre l'oreille de la pauvre ingénue.
" Docteur, je veux sortir. Et vous... Vous allez me faire sortir d'ici." susurre-t-elle doucement. Ce n'est pas comme si Moone avait le choix n'est-ce pas ? Non, parce que le pouvoir de Romy, du moins un de ses pouvoirs. C'est celui de contrôler les gens et c'est ce qu'elle fait le mieux.
Elle a dix-huit ans à présent, le docteur Moone a agit comme elle le souhaitait. Romy doit être transférer dans un nouvel établissement, ce soir c'est le grand soir. Dehors la nuit a enfilé son manteau d'encre, la belle blonde regarde par la fenêtre de sa cellule en attendant qu'on vienne la chercher. Elle est jugée inoffensive la sécurité est donc réduite. Des années de stratégies à monter plans sur plans ; journées sur journées, heures par heures, pour arriver à ce but. Ce soir elle sera libre, elle en est certaine, c'est calculs se révèlent toujours infaillibles. Elle est d'une intelligence éblouissante, elle n'est pas douée pour le combat mais une fois sortie d'ici plus jamais elle n'aura besoin de se battre, elle s'en fait la promesse. Une dernière fois, rien qu'une dernière fois. Pour la liberté. Deux hommes ouvrent la porte d'un coup sec, la demoiselle se tourne vers eux et les suit sans broncher. Au détour d'un couloir elle croise Moone, elle ne manque pas de lui adresser un clin d'oeil. Quelques pas et elle quittera cet endroit à tout jamais. Son coeur bat comme jamais dans sa poitrine, elle a du mal à se contenir mais il le faut. Puis l'air vient chatouiller son doux visage. Depuis combien d'années n'a-t-elle pas respirée d'air aussi frais ? Sept ans. Son sourire sur ses lèvres devient une marque presque indélébile alors qu'elle grimpe dans la fourgonnette. Elle feint la fatigue et fait mine de somnoler durant une bonne heure. Soixante bornes, c'est l'heure. Elle ferme les yeux, son esprit quitte son corps pour rejoindre celui du conducteur et se tient à la paroi. Un coup de frein. Des cris puis un long silence.
" Désolée messieurs mais c'est là que je m'arrête." Que peuvent-ils faire face à elle ? Rien, strictement rien. Elle pourrait le faire tuer si elle en avait l'envie. Son esprit rejoint sa personne, enfin. Elle est libre.
La jeune femme est assise à même le sol, le contact avec la pierre la glace littéralement. La liberté a un goût amer, elle qui s'était tant appliqué à survivre dans cette prison, doit affronter un nouveau monstre. La rue. Voilà bien 3 ans qu'elle y vit et chaque jour est plus dur que le précédent. Malgré cela elle apprend. Elle observe ces personnes dont elle ignore tout. Chaque minutes, chaque heures elle observe. La vie dites normale est quelque chose qui lui est étranger. Ces hommes, ces femmes, ces enfants n'ont aucune idée de ce que subissent les mutants et ça la bouffe. Elle dévore les journaux qu'elle se procure, elle regarde les flashs infos sur les écrans des télévisions. Ce monde est fou, ce monde est malade. Ils sont aveugles, tellement aveugles ! Elle se relève et se traîne d'un pas lourd vers le fastfood du coin. Chaque jour elle vient prendre son dîner là bas, se délecte d'un peu de nourriture bien chaude. On ne peut pas dire que c'est un repas de roi mais ça lui suffit. Elle a des économies sur l'un de ces comptes. Ses parents lui ont laissés une petite somme, elle n'utilise que le stricte minimum. Elle soupire et se pose au bar, accoudée sur le plan de travail
"Salut Romy ! La même chose que d'habitude ?" elle hoche la tête silencieusement. Une dizaine de minutes et voilà qu'on dépose un baggle et des frites devant elle.
" Merci Mindy" elle s'empiffre, enfourne ses frites par deux dans sa bouche puis s'arrête d'un seul coup. Se retourne avec violence, les sourcils froncés
"Qu'est-ce que tu me veux ?" elle s'adresse à l'homme à sa gauche qui la regarde depuis qu'elle est entrée. Il a l'air âgé d'une trentaine d'année, presque quarante ans. Porte un manteau noir et un jean. Sa barbe de trois jour inonde son visage et lui donne un côté mystérieux. Il sourit et s'approche d'elle, la blondinette lui adresse un regard hautain.
"Romy Adler ? Je me présente. Chase Grimme, cela fait un moment que je t'observe..." la belle écarquille les yeux. Qu'il l'observe ? Elle enfourne une nouvelle bouchée de ses frites. Diversion, histoire de repérée où sont les sorties les plus proches.
"Vous êtes un pervers ou quoi ?" dit elle sur un ton léger. La belle n'a pas sa langue dans sa poche et dit ce qu'elle pense sans aucunes gènes. Elle est comme ça Romy, elle ne changerai pour rien au monde ce qu'elle est. Elle en est même fière, elle l'arrogante. Elle, la mutante. Il rit.
"Non Romy pas du tout. A vrai dire j'ai un don... Tu vois de quoi je veux parler n'est-ce pas ? Tu n'es pas seule tu le sais. Nous sommes plusieurs à souffrir de cette situation. Je viens en aide au mutant. Je suis le fondateur de Free M(utant), une organisation pour l'égalité des Sapiens et des mutants. J'aimerais que tu nous rejoignes Romy." la belle se raidit. Free M(utant). Ce mot résonne dans sa tête. Les mutants libres, égaux. Plus de tortures. Plus de peines. Elle se tourne vers Chase le regard plein de convictions.
"J'en suis.".Plusieurs années plus tard Romy est une des têtes pensantes du groupe. Son intelligence incroyable et son habileté à la stratégie l'ont mené au sommet. Elle élabore des plans qui ne rate jamais. On se l'arrache, on baisse les yeux face à elle. C'est une des leaders du groupe, c'est l’impulsive, la sauvage, la grande gueule. Romy est Romy. Mais une chose est sûre elle donne tout pour ses confrères et ils le savent. Elle est drôle et joueuse, croque la vie à pleine dent. Elle fait équipe avec ce garçon qu'elle a enrôlé. Jake, à deux ils sont invincibles, elle est la tête, il est les bras. Leurs pouvoirs se complètes à merveille et la sensation que rien ne leur résiste prend place peu à peu. Leur cause est noble, leur volonté intacte. Ils sont libres. Ils sont des
Free M(utant)