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Your skin is thin [Pv Kayleen et Simon]
✦ Welcome to the panic room where all your darkest fears are gonna come for you ✦
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Mer 4 Avr - 10:18


Simon


ft. Kayleen

Your skin is thin
"Quand je te vois passer, ô ma chère indolente, Au chant des instruments qui se brise au plafond Suspendant ton allure harmonieuse et lente, Et promenant l'ennui de ton regard profond ;"

Tout en glissant sa cigarette entre ses lèvres, Simon remet le col de sa veste. Il regarde le ciel. Ce ciel si bleu et en même temps, si brumeux. Tout autour de lui n'est que silence. Un doux silence qu'il apprécie et dont il s’enivre sans compter.

Aujourd'hui fut une bien belle journée. Non pas parce qu'il a manipulé une femme. Oh non. Même s'il le fait régulièrement. Non pas parce qu'il se noie dans la jouissance d'un corps tremblant au détour d'une ruelle. Non plus. Même si la perspective de planter son venin est toujours aussi alléchante, transcendante. Mais parce qu'il aime l'autorité qu'il peut asseoir sur son gang. Ce gang qui, dans son malheur, est devenu le sien.

N'allez pas croire qu'il remercie ce Bowman. Ni ce dieu démon qui est venu lui offrir la pire des souffrance et des humiliations. Mais disons que ça lui a enlevé tout de même une bonne épine dans le pied. Sa fierté en a été brisé. Son égo en a été brûlé. Il a jouit du malheur de Marc et a hurlé sous les coups de Morgan. Fin de l'histoire, la page est tourné mais ne s'oubliera pas. Elle sera juste ancré à jamais dans son esprit torturé, dans son esprit fourbe, psychotique et pervers à souhait. Il a comprit ses erreurs, il est prêt à les accepter, à en tirer des leçons et devenir plus fort. Plus puissant encore.

"Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore, Ton front pâle, embelli par un morbide attrait, Où les torches du soir allument une aurore, Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,"

Perdu dans ses songes, sa bouche entoure à nouveau le filtre orangé et il laisse, lentement, la fumée s'en échapper. Il entend soudain à ses côtés le bruit d'un corps qui traine, qui vacille sur le bitume dont les dalles sont imbibés de rouge. Il quitte alors sa contemplation et observe en silence ses acolytes qui trainent cette forme diffuse sur le sol. Ce cadavre encore chaud qui n'est autre que celui d'un jeune individu paumé, dont sa seule erreur a été de mettre son nez où il ne fallait pas.

Il a vu leur trafic. Il a tenté de jouer avec le feu en les menaçant de tout dire à la police et a finit par s'y brûler. Dommage pour lui. Tandis que le serpent inhale une nouvelle bouffée de son poison bienfaiteur, un rictus déforme son visage angélique. Ses iris percent les blessures que sa proie a sur le corps comme des tatouages indélébiles. Des brûlures de cigarette sur ses traits bouffi par les coups. De ses entailles, tantôt factices, tantôt profondes sur chaque centimètre de sa peau livide. Et cette gorge tranchée. Ce liquide vermeille qui s'en échappe pour couler lentement sur sa chemise entrouverte.

"Je me dis : Qu'elle est belle ! et bizarrement fraîche ! Le souvenir massif, royale et lourde tour, La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche, Est mûr, comme son corps, pour le savant amour."

"Hey Simon ! On en fait quoi maintenant?" sort l'un des dealers qui n'est autre que son bras droit, depuis que ce dernier l'avait sauvé de la mort.

- Brûlez-le et tâchez de balancer son corps dans un endroit improbable. Il ne faudrait pas que cet imbécile éveille la curiosité des autorités. Je te fais confiance Gaël. Et tâche de ne pas me décevoir. Ok? A mon retour, je veux que tout soit fait.

Ses pensées s'effritent, se fondent. Tout en roulant des épaules et craquant sa nuque endolorie, Simon porte une dernière fois sa cigarette à ses lèvres avant de la jeter à terre. Il s'en serait bien occupé personnellement mais un rendez-vous l'attend. Il doit s'en aller.

Car aujourd'hui, c'est le grand jour. Le jour où enfin, il va pouvoir se faire tatouer cette emblème, ce symbole qu'il aime tant sur toute la surface de son dos. Il a fait appel à une tatoueuse : Kayleen. Avec son sourire et sa gueule d'ange, il est allé la trouvé, au salon Skin&InK et ils ont planifié ensemble le dessin, l'heure et la date du fameux rendez-vous pour qu'il soit prêt le jour J. Et il est prêt. Prêt à accueillir ce serpent sur sa peau. Prêt à le graver sur son corps comme un message clair, précis, où réside tout l'étendue de sa marque venimeuse.

"Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines ? Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs, Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines, Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs ?"

Sans plus de cérémonie, le jeune littéraire se détourne de la scène. Il prend une grande inspiration et ne laisse pas le temps à Gaël de lui répondre. Il a dit ce qu'il avait à dire. Il a fait claquer ses ordres et elles restent sans appel. Ses pas frôlent alors le chemin et prennent la direction d'Emman, laissant son gang, ce corps, ce cadavre encore frais de côté.

"Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques Qui ne recèlent point de secrets précieux ; Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques, Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux !"

Une heure plus tard, il est dans le salon, à observer autour de lui en attendant que Kayleen le rejoigne. Il a revêtu son plus beau visage, son plus beau sourire. Celui qui ne laisse rien présager sur son âme si bien aiguisée. Pour une fois, aucune perversion ne le traverse. Il est simplement impatient de sentir les aiguilles pénétrer sa peau pour graver ce tatouage symbolique. Ses yeux se posent enfin sur la jeune femme et il sourit, passant une main fébrile sur sa nuque puis dans ses cheveux quand elle arrive vers lui, lui indiquant que tout est prêt.
- Salut ! lance-t-il d'un ton aimable, en étroite opposition avec sa voix habituelle. Comme promis, j'arrive à l'heure. Tu peux même constater que je n'ai pas pris mes jambes à mon cou. Alors? Tout est bon de ton côté? On va pouvoir commencer?

"Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence, Pour réjouir un coeur qui fuit la vérité ? Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence ? Masque ou décor, salut ! J'adore ta beauté."
selena gomezthe heart wants what it wants
(c) ANAPHORE
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Lun 9 Avr - 19:18



Your skin is thin

We undefeated. We in
the game. We hold the
light. Way up we will
rise. Never back down.
The legend never die.

Le soleil éclaire la pièce, tandis que les rayons lumineux traversent la fenêtre. Tu souris, sentant la chaleur picoter ta peau hâlée, et tu fermes les paupières. Savourant le contact fébrile contre ton épiderme, alors qu'un frisson dévale le long de ta colonne vertébrale. Tu réprimes un soupir et te redresses de ton tabouret, délaissant le croquis sur lequel tu t'es investie depuis quelques minutes. Tes mains s'élèvent, attrapant ta veste d'un geste habile avant que tu ne l'enfiles. Dans un mouvement fluide, tu récupères ton paquet de cigarettes et ton briquet, que tu enfournes dans tes poches. Ainsi que ton téléphone. Tu t'élances en dehors de la pièce, un sourire dessiné sur tes lèvres carmines. Tu rencontres le propriétaire du salon en chemin, et lui annonce que tu prends une pause avant ton rendez-vous. Histoire de t'en griller quelques-unes en attendant ta prochaine œuvre d'art. Il hoche la tête et te sourit, ricanant en te disant de ne pas trop traîner. L'euphorie te prends, et tu le suis en riant, avant de passer le battant des portes. Une fois à l'extérieur, à l'arrière du salon, et dans une ruelle plutôt étroite et pas vraiment fréquentée, tu sors ton paquet de ta poche. Attrapant une cigarette entre tes doigts fins, avant de la glisser sur tes lèvres. Rangeant rapidement ton paquet, tu récupères alors le briquet et l'allume sans plus tarder, concentrée sur la flamme et ta pulpe qui fait rouler la pierre. Étincelle ardente qui consume ce poison, tes iris s'accrochent à ce tableau que tu connais par cœur. Les nuances de couleurs sont toujours un plaisir à tes yeux, et la fumée un baume à ton cœur, qui encombre tes poumons. Les cendres, fragments grisés teintent la toile de la réalité en dansant sous ton nez, s'envolant dans les airs. Ils finissent étouffés par l'atmosphère, au même titre que la fumée que tu expires. Elle est lourde contre ta langue, chatouille ta gorge et apaise tes bronches. Le poison est ton seul remède, et tu le savoures, sans t'en lasser. Scrutant avec attention les arabesques enflammées des cendres qui s'épanchent.

Tes pensées se perdent en chemin tandis que tu sens ton téléphone vibrer dans ta poche. Clignant des paupières, tu l'attrapes d'une main et le déverrouilles, regardant qui donc peut bien t'envoyer un message sur tes horaires de travail. Enfin, tu ne t'en plains pas, au contraire, surtout lorsque tu vois le nom affiché sur l'écran. Jessica. La belle et fougueuse brune qui fait vibrer ton cœur. Ton sourire se fait plus tendre, alors que tu te mordilles les lèvres. La jeune femme te demande de la rejoindre ce soir, pour que vous passiez la soirée ensemble. Cela te plaît, cette forme d'initiative et cette audace que tu retrouves en elle. Après tout, elle n'est pas celle qui a fait chavirer ton cœur pour rien.  Et puis, tu le lui rends bien. En un sens, vous vous complétez, et tu apprécies énormément sa compagnie. Sa présence réveille quelque chose de particulier en toi, et tu te sens transcendée par ses baisers volés, son toucher assuré. Jessica t'a magnétisée, et possède ton cœur au creux de ses mains, ainsi que ton âme, qui lui est toute entièrement dédiée. Tu soupires d'aise, répondant à son message, que tu viendras avec plaisir. Suivi d'un petit smiley aguicheur et d'un émoji bisou. Tu ricanes devant ton choix assez douteux, mais finis par ranger ton téléphone dans ta poche, terminant ta cigarette. Tu en enchaînes une deuxième, en profitant du silence et du soleil qui caresse ta peau. Tu es bien là, et tu aimes traîner parfois à l'arrière de la boutique. Ce n'est pas professionnel, mais au moins tu sais qu'ici tu es tranquille et que personne ne viendra t'emmerder. Mais le devoir t'appelle, et bien que tu adores rester ici, tu aimes encore plus ton travail. Apposer ta marque sur un cadenas, l'encre sur la peau, c'est ton petit plaisir et tu apprécies encore plus quand le client est satisfait. Après tout, tu as du talent, et tu aimes qu'on te le fasse remarquer. Tu es douée, et tu sais te débrouiller. De plus, les personnes que tu as marquées sortent toujours le sourire aux lèvres. C'est le plus beau cadeau qu'ils puissent te faire. Le meilleur paiement que tu reçois, la joie et le bonheur imprégné sur les visages. Une réaction authentique, et pas juste un air fermé comme ceux inscrit sur les billets de dollars. Un soupir glisse sur tes lèvres alors que tu jettes ton mégot à terre, l'écrasant par ailleurs. Il faut que tu y retournes, et que tu prépares le dermographe, ainsi que le champ stérile pour ton prochain rendez-vous.

Rebroussant chemin, tu t'élances en une impulsion, rentrant à nouveau à l'intérieur. Ta langue claque contre ton palais, tandis que tu déambules dans le salon, retournant dans ta pièce fétiche. Ton pseudo bureau, ainsi que ton quartier général. L'endroit que le boss t'a laissé rien que pour toi, afin que tu t'exerces, et que tu pratiques en même temps. Il est vraiment gentil avec toi, patient et tu l'adores. Tu déconnes bien avec lui, et aussi avec les autres artistes. Mais avec lui, tu sens une connexion particulière. Tu le vois comme un membre de ta famille, ta seconde famille. Celle qu'on ne choisit pas et qui est constituée de proches et d'amis qui ne partagent pas le même sang que le tiens. Tu es heureuse de pouvoir compter sur lui dans les moments difficiles, et tu es encore plus ravie qu'il soit là pour toi et qu'il t'ait donné ta chance. Tu fais tout pour qu'il ne regrette pas ce choix, et le sourire qu'il te lance chaque jour ferait bien fondre ton cœur si tu n'étais pas aussi récalcitrante parfois. Mais tu apprécies quand même, ses gestes, son professionnalisme et sa façon d'être. Tu l'aimes bien et tu le lui rends bien. Sifflotant un air, tu mets en route la musique, réglant les dispositifs mis en place pour la sono. Tu as le droit de mettre tes propres sons pour te concentrer, et parfois, tu proposes même aux clients de choisir la musique ou la playlist. Après tout, ils passent un bon bout de temps ici, alors autant les apaiser, et faire en sorte qu'ils soient à l'aise. Chantonnant doucement, tu commences à tout préparer, nettoyant le siège, préparant le plateau avec le dermographe, l'encre et tout ce qu'il fallait pour la séance. Pour créer ta propre toile. Tu mets une bonne dizaine de minutes et tu vérifies que tout soit prêt avant de quitter la pièce, déposant quand même ton portable sur le plan de travail afin de ne pas t'encombrer plus que de raison. Tu en profites aussi pour accrocher ta veste au porte-manteau, et ranger dans ton sac ton paquet et ton briquet. A présent en dehors de la pièce, tu rejoins le hall d'entrée. Une crinière argentée accroche ton regard et tu souris doucement. Ton rendez-vous est là. Tu dois bien dire que son air jeunot t'as interpellé au début, mais maintenant, après avoir passé du temps avec lui, tu commences à vraiment l'apprécier. Son style est plaisant, tu adores même ses cheveux et sa façon de s'habiller, de parler. Si tu te découvrais un penchant pour les hommes, surtout plus jeunes, tu aurais sans doute tenté quelque chose, mais tu aimes bien trop les femmes pour ce genre de conneries à deux balles. Et puis, il y a déjà quelqu'un dans ta vie, que tu n'as pas envie de quitter.

Tu t'approches, d'un démarche rapide et le salue avec un sourire. Tes mains bougent devant toi, alors que tu lui expliques que tout est en place. Il est agréable, plaisant et tu ris doucement devant sa remarque comme quoi il arrive à l'heure. Sa petite blague qui suit te fait ricaner plus franchement et ta voix grave et amusée résonne alors alentour. Je vois ça oui ! C'est une bonne nouvelle. Tu l'invites à te suivre, levant la main devant toi en bougeant les doigts, tandis qu'il te demande si tout est bon de ton côté, et si vous allez pouvoir commencer. Ouep, tout est en place. Tu hoches la tête, l'entraînant avec toi dans ta pièce favorite. Ton sanctuaire, comme tu aimes parfois l'appeler. C'est ici que tu te sens le plus libérée et que ta créativité est à son apogée. Que tu frôles le paroxysme de l'essence de l'art, de la passion. Où toutes ces choses se mélangent et créent des instants parfaits que tu n'oublies jamais. Je vais incliner le siège pour que ça soit plus confortable attends. Réglant alors ce détail, tu fais en sorte que le siège soit assez droit et à l'horizontal. De sorte qu'il ressemble plus à une table qu'à un siège. Tu peux déjà retirer ton haut et t'installer. Lui offrant un sourire, tu te détournes vers le plan de travail. Attrapant un paquet de chewing-gum dans l'un des tiroirs, tu en extirpes un et le glisse entre tes lèvres, refermant derrière toi. Te lavant ensuite les mains avec précaution, tu enfiles une paire de gants en latex. La musique change radicalement quand tu as terminé et que tu vas pour récupérer le stencil. Le papier sur lequel le croquis du tatouage est imprégné. Tu souris doucement, lançant un regard à Simon. J'espère que la musique te dérange pas. Je peux la changer si tu veux. D'ailleurs, si tu as une playlist, vas-y, fais-toi plaisir. Te raclant la gorge, tu récupères rapidement le stencil et l'apposes sur le plateau préparé spécialement pour l'occasion. Tu attends que le blond cendré s'installe et stérilise le champ d'application. Passant un coton imbibé d'une lotion, ainsi qu'un coup de rasoir pour éviter que les poils ne rentrent à l'intérieur des trous laissés par les aiguilles. Une fois que tu as préparé le terrain, tu reprends le stencil et le déposes délicatement sur son dos. Entre le haut, et le milieu. Pile sur la colonne vertébrale. Les délimitations sont bien marquées et le croquis assez grand. Tu vas en avoir pour bien deux heures, et encore. Mais tu aimes ça et tu ne t'en plains pas. Ainsi, tu laisses l'encre s'imprégner, marquer sa peau, alors que tu appuies dessus. Réchauffant le papier pour un meilleur transfert. Tu patientes quelque peu, et retires enfin le stencil, avec précaution, vérifiant bien que tous les détails sont encore présents et visibles. De toute façon, tu as le dessin mémorisé, et une esquisse accrochée en l'air, pour t'en rappeler, au cas-où. Voilà, on va pouvoir passer aux choses sérieuses maintenant. C'est bon pour toi ? Tu souffles en t'installant sur le tabouret, récupérant déjà le dermographe avec les aiguilles stérilisées. Tu es sûr ? Un silence, le temps qu'il réponde. Prêt alors ? Allumant l'appareil, le grésillement résonne déjà douceureusement à tes oreilles, signe manifeste de ce qui va suivre. Tu espères qu'il se sent bien, et qu'il ne va pas regretter. Tu vas tout faire pour qu'il passe un moment aussi agréable que toi. Et qu'il ressorte avec le sourire, comme quand il est arrivé.


by tris
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Dim 21 Oct - 19:11

Simon


ft. Kayleen



Your skin is thin
"Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !"

Le serpent est docile. Il dort derrière ce sourire angélique, cette joie et cette innocence de vivre. En toute conscience, il met son masque blanc. Ce masque blanc qu'il use sans détour chez certaines personnes, à certain moment. Il ne se montre pas perfide. Non, pas cette fois car il n'en a pas l'utilité. Il ne crache pas son venin et son impatience est sincère tant il rêve de sentir les aiguilles le traverser.

Il sait ce qu'il fait. Il sait ce qu'il veux et c'est pour cette raison qu'il aborde ces yeux où reflète tout son enthousiasme. Il suit la jeune femme, observe les alentours. Silencieux, il marche sur ses traces et se laisse enivrer par la beauté de ce sanctuaire. C'est beau. C'est artistique. Les couleurs et la décoration se mélangent dans une peinture parfaite, l’entraînant dans une douce symphonie. Il se laisse guider. Un même sourire éclaire ses traits et il hoche la tête, lorsque Kayleen l'invite doucement à s'installer.

"Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers :"

Il retire son haut, sans pudeur, aucune. Sa main vient doucement se fondre dans ses cheveux platine. Ses doigts glissent à l'intérieur, les rejettent légèrement en arrière et il écoute, observe toujours plus les gestuels de la rouquine qui se prépare au doux art du tatouage. Elle sait ce qu'elle fait. Il le pressent, le voit à sa manière de se laver les mains. Au ton cristallin qu'elle emploie au cours de leur conversation. Il n'a pas peur. Jamais. Il ne ressent aucune appréhension et il s'installe, sentant juste son coeur battre un peu plus fort contre sa poitrine.

"Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d'une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums."

Tandis qu'il se met à l'aise, s'allonge, prend place sur le siège, le serpent se fond dans le décor. Il détend ses muscles, ses jambes, craque sa nuque de droite à gauche. Il a tellement attendu ce moment depuis des semaines qu'il sent délicieusement l'adrénaline l'envahir. Il la sent pulser dans ses veines ressorties. Doucement, lentement, sa langue vient humidifier ses lèvres pulpeuses et il redresse légèrement la tête lorsque Kayleen lui murmure que s'il a une playlist, il peut se faire plaisir.

Un silence tombe. Léger, à peine perceptible. Sourire aux lèvres, Simon écoute cette musique qui s'échappe, englobe la pièce en arrière fond. C'est du Rock/métal. Il l'entend au son brut de la guitare, au ton rauque du chanteur. Cela ne le dérange pas. Au contraire. Il apprécie ce genre de registre même si par moment, il se laisse aller au son plus mélodieux de Mozart. Mozart... Comme Baudelaire, le serpent porte cet artiste précieusement dans son coeur. Il aime ce qu'il dégage. Ce qu'il cherche à émettre. Cela déclenche en lui un plaisir infini. Un plaisir dangereux aussi alors que son imagination perfide se mélange délicieusement à sa mélodie. Tuer n'en devient que plus exquis, plus intense. La dernière fois qu'il s'est adonné à son art mortel, aux symphonies lentes et puissantes du Requiem In D Mirror, c'était il y a une semaine environ. Quand il avait traqué cette jeune gazelle dans les rues sombres de Genosha. Quand il avait joué avec elle jusqu'à ce qu'elle s'épuise. Quand il l'avait assommé et entraîné ensuite dans sa planque pour s'adonner à sa poésie morbide.
- Non. Ne t'inquiète pas, ça ne me dérange pas. J'aime plutôt bien. C'est sur quelle fréquence?

"Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent D'espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers."

Malgré ses pensées, ses souvenirs au goût de jouissance et de sang, Simon demeure l'ange et non le démon. Il laisse toujours plus ses muscles se détendre, en gardant l'allure calme d'une colombe. Il sent alors le stencil se poser sur son dos, entre les omoplates. La où il souhaite déposé sa marque. A son toucher presque symbolique, il frissonne, sourit, se laisse enivrer toujours plus profondément par l'adrénaline de voir ce serpent s'ancrer à même la peau. Il donne toute sa confiance à la jeune rouquine. Il lui laisse son corps à son art somptueux et il pose son menton entre ses mains liées.

"Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! "

C'est le moment. Le moment de passer sous son aiguille. La hâte le prend aux tripes. Son cœur continue sa longue et puissante tirade dans sa poitrine. Se mélangeant à la chanson qui prend en ampleur dans le sanctuaire, la voix de la tatoueuse claque doucement à ses oreilles. Est-il prêt? Prêt à faire le grand saut? A laisser cette aiguille marquer sa chair à jamais? Bien sûr. Aucun doute possible. Il le souhaite, le désir de toute son âme lacérée. Alors il chuchote, susurre d'une voix rauque en ancrant ses iris pétillants au loin :
- Vas-y ! Je suis même carrément prêt. Fais de mon corps, ton champ d'art. Ta muse.

"Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom !"
selena gomezthe heart wants what it wants

(c) ANAPHORE
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